Le syndrome de Pinocchio
Par Christian Fremaux avocat
honoraire
Est-
il nécessaire de mentir ou de raconter n’importe quoi pour faire avancer
la société ? Le progrès se construit- il sur du faux ? Le citoyen se
laisse -t -il prendre par les billevesées qui annoncent
l’apocalypse ? Tout ce qui est excessif est insignifiant disait le prince
de Talleyrand.
Nous sortons
d’une belle semaine. Nous avons accueilli avec ferveur le Roi Charles III qui
règne mais ne gouverne pas. Cela nous plait, nous qui vivons dans une monarchie
républicaine selon la formule de l’illustre professeur de droit Maurice
Duverger. Les bleus ont passé un carton en rugby à la Namibie. L’équipe
exprime la cohésion avec ses diverses personnalités talentueuses, sa force et
sa discipline en mêlée, l’attaque incessante, sa résilience quand il le faut,
donc l’image que l’on souhaite de notre nation. Surtout quand les joueurs
chantent vraiment la Marseillaise et qu’on ne parle pas de mercato à
plusieurs millions d’euros. Le spirituel faisant défaut dans notre vie
quotidienne on s’est réjoui que le pape vienne à Marseille, en France
a-t-il précisé. Certes depuis la loi de 1905 la laïcité a remplacé à juste
titre l’organisation civique de la fille ainée de l’église, mais dans les communes
les églises restent au centre du village. Il a indiqué que nous n’étions
pas envahis mais qu’on nous demandait l’hospitalité et qu’il fallait
ouvrir les bras. La France est fière de son droit d’asile à condition
qu’il ne soit pas dévoyé et en pouvant choisir ceux qui deviendront des
citoyens. Et qu’on ne nous accuse pas des pires sentiments négatifs. Mais sa
sainteté n’a pas proposé que les migrants surtout réellement mineurs se
réunissent place saint -pierre et que l’Etat du Vatican prenne sa part concrète
dans la situation de migration actuelle. Jamais Dieu ne remplace César.
Personne n’a le monopole de l’humanisme.
C’est le
samedi 23 septembre que tout s’est gâté avec les manifestations contre les
violences policières ce qui serait une priorité absolue. Avant même
la lutte contre les délinquants de toute nature et l’insécurité en
général. Deux tentatives d’attentats sont déjouées chaque mois ! Était-
ce pour rappeler aussi que la république est supérieure à une monarchie même
constitutionnelle, ou que le pape n’a qu’un pouvoir intemporel et que les êtres
humains souffrent partout dans le monde y compris dans notre cher et vieux
pays ? On ne le saura pas car les
gentils organisateurs pacifiques et tolérants à géométrie variable par choix,
n’avoueront rien. Ils n’ont qu’une cible : la police qui tue, soyons nuancés !
Dans tout le
pays il y aurait eu une vingtaine de mille manifestants. C’est peu au
regard des millions de citoyens dont la majorité reconnait le rôle
essentiel de protection et de secours des forces de l’ordre, et qui
préfère les innocents aux voyous. Mais la minorité qui hurle est agissante
et hétéroclite et use de son droit de manifester non discuté sous
l’œil vigilant des policiers qui s’exposent à être pris à partie ou
malmenés et qui disposent de la violence légitime parfaitement légale. Paradoxe
quand tu nous tiens.
Les cortèges
étaient composés de tous ceux et celles qui sont mécontents, mais pour eux leur
haine vient de la faute des autres, de tous les pouvoirs, de ceux qui ne leur
donnent pas raison à première revendication, et notamment des élus dont le
président de la république et plus généralement de l’Etat sachant que l’Etat
c’est nous tous, donc moi aussi. Le mieux serait de supprimer toutes les
élections et les institutions démocratiques, puisque ce serait la rue qui dirigerait.
Enfoncés la république, la monarchie, le pape, des citoyens venant de nulle
part mais éclairés par leurs bougies ont la science infuse. Pour arriver
à leurs fins politiques, ils sont prêts à raconter n’importe quoi,
à mentir s’il le faut car leurs ambitions seraient justes, à
extrapoler, à affirmer sans élément incontestable et à exacerber les tensions.
L’état de droit ne les concerne que quand il est à leur avantage. La
justice est partiale avec certains notamment les soi -disant racisés ou
discriminés systémiques, sauf si les juges partagent leurs convictions. Ce fut
le cas samedi et c’est ce qui me désole.
Dans le
cortège il y avait des gilets jaunes se disant martyrs de tirs de l.b.d.et
des comités de soutien à des prétendues victimes de la police qui serait
le bras armé du racisme institutionnel , quelles que soient les décisions de
justice rendues ; des membres de la Cgt qui sont pour la justice sociale ce
qui est loin du domaine de la police ; des mécontents de tout, de
l’inflation à la réforme des retraites en passant par le réchauffement
climatique ou la théorie du genre ;
et enfin des membres du syndicat de la magistrature ce qui m’a choqué.
Il y a
eu des heurts comme d’habitude et une voiture de police attaquée par ce qui
serait une bande de black -blocs toujours présents au rendez- vous. On n’a pas
vu un manifestant ou des centaines de manifestants sur place tenter de venir
aux secours des policiers ! Il y a eu des interpellations et la justice va
être saisie, je l’espère. Mais peut -on être partie au défilé, témoin de
la scène et … juger ceux qui sont déférés ? Il va y avoir pour les parties
civiles de la récusation dans l’air. Avec la présence du syndicat de la
magistrature à la fête de l’humanité puis qui défile aux côtés de
délinquants attendus en validant au moins implicitement les slogans anti flics,
c’est le devoir d’impartialité et de réserve qui disparait. Et la distinction
entre je n’ai rien contre la police mais je combats les violences policières qui
sont d’ailleurs condamnées avec rigueur quand elles sont avérées est un
argument byzantin et trop subtil pour moi. Je ne crois pas que la
confiance dans la justice s’accroit avec ces comportements.
Immédiatement
des politiques ont accusé le ministre de l’intérieur d’être responsable des débordements
et exigé la suppression de l’I.g.p.n voire la police elle -même pour la
remplacer par je ne sais quoi de proximité ,un peuple sélectionné ou l’opinion
publique ? Des médias objectifs vérifient la réalité des images et des
paroles pour savoir s’il s’agit d’intox, de fake- news ou de montages. On
s’aperçoit que le mensonge ou les demi-suppositions sans preuves sinon les
approximations orientées sont à tous les étages. On n‘attend pas la fin des
enquêtes judiciaires pour accuser et condamner. Si le supposé et utile coupable
ne l’est pas, tant pis pour lui. La cause d’abord.
Mentez,
dissimulez, tronquez il en restera toujours quelque chose. La société
libéro/étatique serait forcément responsable de tout ce qui ne va pas. La
responsabilité individuelle se dissout dans la foule indignée et l’absence de
devoirs collectifs ! A tout dramatiser on amplifie à tort les
problèmes et on empêche les solutions d’émerger.
Geppetto a
perdu la maitrise de sa marionnette le pantin Pinocchio dont le nez s’allonge
quand il ne dit pas la vérité. Elle est entre les mains d’une poignée
d’individus qui veulent imposer leurs certitudes croyant qu’elles sont bonnes
pour l’intérêt général. Ils sont dangereux et sans panache. N’a pas le nez de Cyrano
de Bergerac qui veut.