Parler pour ne rien dire ?
Par
Christian Fremaux avocat honoraire
Au café du
commerce dans ma commune rurale de 600 habitants à moins de 100 kms de la capitale
il y avait les habitués plutôt remontés qui discutaient en rigolant. Extraits.
-« Vous
avez vu ce 1er mai. C’était Beyrouth ou Marioupol. Maintenant on se
bat entre français. Comment se fait-il qu’on n’arrive pas à arrêter la
violence ? Que fait la police ? Il faudrait casser la gueule aux
casseurs. Sinon ça va mal finir, il va falloir serrer la vis.
-On ne se
bat pas on débat de façon musclée avec des grenades et en jetant des cocktails
molotov certes mais on veut un accord, le calme. On ne peut empêcher les gens
de manifester car on en a marre de tout.
-marre de
tout mais de quoi en particulier surtout du travail ! J’ai commencé à
travailler dans la ferme de mon père à 14 ans et je continue à plus de 75
balais. J’en suis pas mort. Je n’étais pas usé à 50 ans comme je l’entends
malgré des travaux durs en plein air. Je ne suis ni de la première ni de la
deuxième ligne comme on dit maintenant. C’est une plaisanterie toutes ces
simagrées. La ligne Maginot n’a rien empêché.
-oui mais
toi tu aimes ton travail comme Christian qui tourne les pages de ses codes au
chaud à son bureau et qui est payé pour aller bavasser et défendre les voyous,
ceux qui cassent ou trafiquent de la drogue jusque chez nous. Ce n’est pas fatiguant.
-ce n’est
pas une raison pour tout casser. Tous au trou. Et qu’ils réparent les
dégâts. Je paie des impôts et je
règlerai la facture. J’en ai assez.
-c’est la
faute à Macron. Il n’avait qu’à pas toucher aux retraites. Tant pis s’il y
a des privilégiés qui partent jeunes en touchant les 2/3 de leur salaire des 6
derniers mois. Ou qu’on ne passera pas à 1200 euros par mois pour certains que
nous fréquentons ici. Sans réforme on recule et on perd mais au moins on a
la paix.
-Ah non pour
moi dans le privé ce sont les meilleures 25 années. Il n’y a pas de raison nous
sommes tous égaux. La réforme parfois a du bon. Et le travail confère la
dignité. On n’est pas assisté. Sauf pour les malades ou handicapés qu’il
faut aider. Ou des cas particuliers.
Patron une
autre tournée j’ai soif.
-oui mais la
violence comment est -ce acceptable ? Plus on fait d’efforts collectifs
plus elle augmente. Où est l’erreur ? Il doit y avoir des excités qui
poussent à la roue on n’est pas naïfs. On est parait -il une puissance nucléaire
et on ne peut maitriser quelques milliers d’individus ? Sommes-nous
devenus mous, à la traine de l’Europe qui dit non à tout, pourquoi ne pas sévir ?
On n’a pas à tendre la joue.
-Tu as
raison la presse dit que l’on connait les black- blocs. On sait qui ils sont, où
ils habitent, ce qu’ils font. Mais il parait que nos lois interdisent
d’agir à titre préventif puis de les faire condamner sans preuves formelles. Moi si je me fais arrêter en sortant du bistrot
j’ai beau contester je passe au tribunal et je perds mon permis de
conduire.
- espèce de
bois sans soif tu n’as qu’à pas picoler mais le bistrotier va mal
le prendre.
-c’est la
faute des avocats et des amis de Paris de Me Christian. Ils ne cessent de nous
faire la morale comme si on ne comprenait rien. Ils nous prennent pour des
ploucs. Les droits de l’homme sont devenus les droits des délinquants, des illégaux.
Malgré les règlements de comptes à la mitraillette, et les vols y compris
dans la commune ce qui m’exaspère.
-et tu
oublies les rave parties sur nos terrains. On n’est plus chez nous. Le
préfet recule à chaque fois. Mais pour les règles européennes tu ne les
repousses pas quand la PAC te dédommage d’une mauvaise moisson. La Russie fait
du blé en monnaie trébuchante en ce moment grâce à nos sanctions - bien joué - et
l’Ukraine exporte le sien. A toi de faire mieux.
-On va
manquer d’eau pour nos maïs et nos betteraves. Je stresse. Vive la pluie.
Patron une
autre tournée car j’ai aussi besoin d’eau dans mon Ricard.
-et la
chasse cette année. Les écologistes nous font la guerre. Pourtant je suis
écologiste puisque je détruis les nuisibles. Et les terres que j’entretiens
sont ma propriété. Je ferai l’ouverture comme depuis au moins 50 ans. Je
suis un résistant moi aussi !
-tout cela
c’est la faute des syndicats qui détestent les patrons. J’en suis un petit je
le sais. On n’accepte plus aucun ordre, on ne peut plus critiquer un
travail mal fait. On nous accuse de harcèlement ! Tout fout le
camp.
-tu te trompes
moi je suis content des 35 heures et des salaires cependant insuffisants. Mon
comité d’entreprise me permet de belles et pas chères visites. Le travail c’est
la santé.
-tiens voilà
notre maire. Il est en arrêt-maladie pour son collège et ne boit plus que
de l’eau mais il continue à gérer la commune. Lui aussi en a assez de se faire
engueuler pour tout et rien, pour la décharge publique, pour des querelles
entre voisins. Pourvu qu’il se représente sinon qui va vouloir se dévouer.
Moi j’ai donné.
Je paie la
partante.
-finalement
c’est la faute au gouvernement. Je ne connais pas la plupart des ministres qui
sont en fait des hauts fonctionnaires irresponsables. Avant on commençait dans
une commune puis on devenait conseiller général et député, puis ministre. Ils
revenaient nous voir, buvaient un coup, participaient aux banquets. On leur parlait.
Maintenant c’est le vide ou un mail quand il passe puisque la fibre chez
nous est intermittente comme l’électricité.
-un
référendum il n’y a que cela de vrai. Comme avec le général qui avait du
coffre. C’est mieux qu’un sondage. Oui ou non et c’est réglé et nous on vote à
chaque fois qu’on nous le demande. Mais pas comme pour Maastrich ou le non
s’est transformé en oui.
-je ferme
les gars. A demain. Nous continuerons notre conversation ».
Et si
c’était une partie des vrais soucis des français ? Pas une convention
citoyenne avec quelques quidams tirés au sort. Une consultation populaire
à l’échelle nationale. On interrogerait les citoyens qui se sentiraient
écoutés. Peut- être que la colère s’éteindrait ?
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