vendredi 30 septembre 2022

justice privée ou privation de justice

 

              Justice privée ou privation de justice ?

               Par Christian Fremaux avocat honoraire

On apprend à l’occasion de règlement de comptes dans les couples people politiques qui divorcent ou se séparent où les insultes et les violences volent bas ou à l’occasion de diverses agressions d’ordre sexuel ou non commises par des militants, qu’il y a loin entre les discours donneurs de leçons et les attitudes personnelles y compris chez des députés dont la hauteur de vues et le comportement devraient être exemplaires. L’homme politique est-il un homme comme un autre ? Des partis politiques sans crier gare ont créé un organisme interne ad hoc, un vague comité, un ovni pour régler les litiges. Il y a désormais en plus du médiatique le tribunal sous-marin que l’on ne voit pas, sans règles publiées précises ou copiées sur ce qui existe voire une déontologie politique ce qui est un oxymore. Pourquoi ne pas faire de signalements avec l’article 40 du C.P.C.? Pourquoi les politiques qui ont un métier public s’enferment -ils dans une instance privée pour régler les différends personnels qui dégénèrent et pourraient éclabousser le parti ? Comme si l’électeur bouseux ne connaissait pas la vie. Une société de délation et de cachotteries ne peut exister.

On ne peut avoir la bouche en cœur en exigeant la rigueur et la tolérance avec le respect de la femme chez les autres,  vouloir la Justice - le juste est difficile à trouver on y ajoute l’équité et la protection de la loi - qui est une organisation publique, démocratique et légale et se revendiquer d’un bidule canada dry , obscur, au fonctionnement cloisonné et muet uniquement politique et qui décide sur des querelles voire sur des faits très graves, nuitamment sûrement, sans journalistes ou auditeurs  indiscrets, en priorité dans l’intérêt du parti  puis ensuite de ses membres s’il le faut alors que la victime remue encore et n’est pas interrogée. On ne sait même pas si une décision écrite et motivée est rédigée avec recours possible. Les pires régimes totalitaires y avaient pensé mais pas osé le faire : il y avait un semblant de débats en quelques minutes où l’accusé avouait. C’était son seul choix. Son avocat plaidait ou bredouillait que la loi de la nation forcément juste devait être ferme.  En est-on encore là en France au XXIème siècle alors qu’on se gargarise de séparation des pouvoirs, de justice irréprochable et impartiale pour tous, des droits humains, de l’égalité hommes-femmes et en droits, et de la nécessité du débat public et de la transparence, enfin de démocratie en dénonçant toute violence ?

Nos progressistes affichés font un grand bond en arrière. Bien sûr ils invoquent les grands principes humanistes, la bonne foi et la volonté de ne pas pénaliser en les dévoilant les victimes d’agressions sexuelles en particulier qui doivent être crues sur parole. Le féminisme n’est pourtant pas un postulat. C’est la tendance de ces années dans le cadre des libertés et de la reconnaissance de la femme. Sans aucune vérification matérielle, confrontation, preuves… ce qui est du domaine de l’enquête d’un juge professionnel qui est neutre, s’appuie sur les textes notamment sur les garanties de procédure, et se prononce dans l’intérêt général de la société. Mais selon le parti politique financé sur fonds publics qui d’après la constitution (article 4) participe à l’expression du suffrage donc à la démocratie, le militant doit en même temps être protégé d’accusations simplement méchantes et calomnieuses et surtout qu’il puisse conserver ses mandats publics et la rémunération qui va avec, le mouvement en ayant besoin pour faire passer ses idées merveilleuses qui vont conduire au bonheur et à la prospérité des petits, la plèbe. La justice du peuple n’est donc pas pour lui. Une petite querelle « mesquine » accompagnée de « violences légères » sur fond d’énervement surtout entre un homme et une femme ne doit pas ternir la philosophie stratosphérique globale dudit parti. Et sa réputation de probité. Cela ne mérite qu’un sous- débat, au sous- sol, sans témoins, sans public, entre gens qui devinent où est l’intérêt supérieur, au- delà du fait concret. Les victimes aussi, même non militantes.

Le garde des Sceaux ancien prestigieux avocat pénaliste et qui connait de près les conséquences d’accusations hâtives, a poussé un utile coup de gueule contre les machins créés par des partis politiques qui feraient office de justice privée. Il a raison. Il y a la justice (publique) pilier de l’état de droit et le code pénal pour les nuls. C’est tout et déjà beaucoup car la justice est décriée pour ses manques de moyens et ses longs délais. Quand elle n’est pas soupçonnée de protéger les puissants (l’actualité dément cette croyance) ou d’être parfois politisée ce qui tient à des convictions personnelles de juges, et ce qui n’est pas vrai dans l’immense majorité des cas. On n’est pas naïf on connait un peu la nature humaine. Dura lex Sed lex. Il est fondamental qu’un cadre légal contrôlé existe qui apporte des garanties contre l’arbitraire et la partialité, et que la loi votée démocratiquement soit interprétée ou discutée devant tous. Les quidams comprennent autant que les prétendues élites. Il faut que les droits immuables et sacrés de la défense s’exercent en plein jour. Les politiques n’ont pas à bénéficier comme dans l’ancien régime d’un prétendu privilège de juridiction pour des faits de droit commun, et d’un filtre interne et secret qui les déclarerait innocent car il le faut voire coupable mais « jugé » excusable dans l’intérêt dit suprême du parti intouchable qui permet quasi tout pour lui en étant intraitable avec les autres! Ses électeurs sont -ils d’accord avec les dirigeants ? Les copains et les coquins sont haïssables. Faites ce que je ne dis pas ce que je fais.   

Il faut que cesse immédiatement ce genre de méthodes. Que l’on revienne aux principes républicains sous l’égide de la place vendôme et des tribunaux partout en France rien que la justice pour tous, je le jure. La vérité étant à plusieurs faces. On n’a pas besoin de justice privée. Voire privatisée avec quels juges, quelles procédures, quelles sanctions forcément politiques : « Tu es coupable mais on ne te condamne pas car le parti va être déshonoré… Ou dégage on te retire tes mandats et va t’expliquer devant les juges… avec ta victime ».

Que l’on soit puissant ou misérable seule la justice doit se prononcer. On attendra un peu pour savoir quelle est la vérité. L’intéressé(e) prendra ou non ses responsabilités et chacun appréciera. La présomption d’innocence est la base de la justice pénale avec le respect du contradictoire, la production de preuves, les confrontations, l’audience publique. Tout le reste n’est que faux semblants, parodies et a plus d’effets négatifs que de profits. L’image de la justice en est dégradée. Les politiques apprentis sorciers hypocrites et peu démocrates doivent le savoir. Ils annoncent par leurs attitudes des jours dangereux. Qu’ils ne jouent pas avec le feu. N’ont-ils pas compris que l’entre -soi conduit aux pires dérives. Et que la confiance dans une institution fondamentale est en jeu. La justice est aussi une vertu.

Ne pas saisir la justice de la République et elle seule c’est se priver de justice. La morale est atteinte car il ne peut y avoir de plus égaux que d’autres. Politiques ou simples mortels.   

vendredi 16 septembre 2022

Le droit européen au secours des djihadistes français(es)?

 

            Le droit européen au secours des djihadistes français(es)?

               Par Christian Fremaux avocat honoraire

Le conseil de l’Europe qui siège à Strasbourg a été créé le 5 mai 1949. C’est une organisation intergouvernementale qui réunit désormais 46 Etats puisque la Russie en a été exclue le 16 mars 2022 en raison du conflit avec l’Ukraine. Et qui s’appuie sur la convention des droits de l’homme selon la déclaration universelle de l’Onu du 10 décembre 1948. La cour européenne des droits de l’homme (C.E.D.H) est une juridiction internationale basée aussi à Strasbourg. Elle a été saisie par les familles de femmes djihadistes et leurs enfants retenus en Syrie puisque l’exécutif français continue à refuser de les rapatrier en France.

Mercredi 14 septembre 2022 la cour européenne des droits de l’homme (C.E.D.H) a rendu une décision innovante voire historique concernant le rapatriement de familles de djihadistes actuellement parquées dans des conditions déplorables dans des camps kurdes de la Syrie [arrêt du 14 septembre 2022. N° 2438419.H.et F et a contre la France]. D’autres pays européens concernés par la même problématique sont des observateurs attentifs et sont intervenus à la procédure. Jusqu’à présent la France s’est hâtée lentement pour faire revenir femmes et enfants, examinant les demandes au cas par cas et sans motiver particulièrement les refus. Ce qui priverait lesdits français de toute possibilité de recours judiciaire et de la protection de l‘Etat qui est due à chacun de ses ressortissants à l’extérieur quelles que soient leurs activités criminelles ou non ou de complicité ? 

L’arrêt de la cour a électrisé le débat. La cour n’a pas reconnu un droit général au rapatriement dans n’importe quelles conditions et automatiquement. Elle n’a pas condamné sur le fond du sujet la France. Elle lui a demandé de revoir sa copie car un citoyen français malgré son comportement anti-France ne peut être privé unilatéralement du droit d’entrer sur son territoire (article 3.2 du protocole n°4). Les concernés doivent pouvoir examiner la décision du pouvoir, les motifs et les contester devant une juridiction et désormais plutôt devant une autorité indépendante de l’exécutif. C’est nouveau et pas prévu dans notre organisation diplomatique et juridictionnelle que l’on doit définir seul. La cour semble l’exiger ? Le gouvernement va y songer. 

 Certains pensent qu’ainsi la France a perdu sa souveraineté juridique et judiciaire au profit d’un gouvernement des juges internationaux qui imposent leurs visions du monde et des textes légaux y compris en matière de terrorisme. Les grands principes universels et l’humain l’emporteraient sur le droit positif actuel et le sentiment national avec les victimes françaises des attentats. Les autres se réjouissent qu’il y ait un contrôle sur les choix de l’exécutif de ne pas rapatrier des femmes et enfants de djihadistes, sans dire pourquoi, sans verser aux débats des preuves des craintes que l’on a et que l’on doit discuter contradictoirement. Ils mettent en avant le sort désastreux des présumées coupables et l’intérêt supérieur des enfants qui sont innocents et que l’on ne peut priver d’une vie et d’une éducation en France comme tous les autres. Ils savent qu’à leurs retours les mères seront incarcérées, on examinera leurs responsabilités et elles seront jugées par un tribunal français. On verra si des remords sont formulés, si l’engagement militant est abandonné ou s’il y a un risque de récidive. Ou de propagande négative insidieuse. Si le coran reste leur bible, et si la loi islamique est la règle. Enfin si la laïcité est comprise. On ne se fait aucune illusion sur l’amour retrouvé de la nation, mais pourquoi pas ! Le juridisme a dominé le bon sens et l’émotion.  

L’opinion publique - qui ne doit jamais entrer dans le prétoire et se transformer en tribunal médiatique pour toute polémique ou un fait divers - est archi défavorable. Ces dames qui vivent sans eau et électricité, qui sont méprisées et ont peur de la justice Syrienne ou Irakienne sont parties volontairement combattre auprès de Daesch. Il parait un peu facile voire scandaleux de réclamer de meilleures conditions de vie et l’application de textes légaux fondés sur les droits de l’homme comme le droit à une vie privée et familiale ou l’application des garanties de l’Etat qui l’on combattait et haïssait. Mais ce raisonnement serait subjectif et tout individu aurait droit à une deuxième chance même si on est dans le terrorisme ! Chacun appréciera. La veuve de Samy Amimour l’un des principaux acteurs du massacre du Bataclan a été rapatriée récemment.  

Les victimes des attentats n’aiment pas ces revendications, et les français qui craignent d’autres actes sanglants y compris par des actes individuels ne souhaitent pas que l’on soit laxiste sinon compassionnel dans le cadre de notre état de droit. Certes celui- ci prévoit des textes que l’on a ratifiés et la France doit respecter ses engagements dans la protection des français qui sont à l’étranger.  On ne peut cependant périr de nos propres principes. La loi protège mais il y a des circonstances exceptionnelles (ordre public, respect des victimes, défense préventive, menaces …) qui doivent permettre au pouvoir de dire non. Il faut simplement les expliciter noir sur blanc. Et à défaut saisir le parlement pour qu’une loi compatible avec la convention européenne fixe les conditions.  Nous devons avoir la maitrise de notre destin et le devoir de nous défendre collectivement. Notre droit national doit être déterminant quand nos intérêts vitaux sont en jeu, ce qui est une composante de notre souveraineté. La sécurité globale en fait un impératif.

 S’il faut créer une autorité administrative indépendante de plus allons- y on n’est pas à un machin près : elle sera dédiée notamment au rapatriement des terroristes. Il en resterait plus de 100. Qui ne sont pas en odeur de sainteté.  Les citoyens qui paient l’impôt et font des économies comme on leur demande seront ravis. Il faudra faire preuve d’humanisme pour les enfants qui ne sont pas comptables des actes de leurs parents.

 La justice du conseil de l’Europe ne nous a pas sanctionnés pour décision « arbitraire » contre de pauvres familles innocentes parties faire le djihad en Syrie. Elle demande que l’on démontre que les refus de rapatriement sont motivés, qu’il ne s’agit pas de positions de principe injustes. Pour complaire aux électeurs. Le gouvernement a annoncé qu’il continuait sa politique actuelle de rapatriement et qu’il allait examiner comment donner des garanties. Les autres pays européens concernés par les mêmes difficultés vont réfléchir. En attendant les requérants ont obtenu 18.000,00 euros et 13.000,00 euros au titre des frais de procédure. C’est le contribuable qui paie. Merci les djihadistes. 

mercredi 14 septembre 2022

God save the république

 

                                    God save the république

                           Par Christian Fremaux avocat honoraire

 Comme républicain ou individu modérément attiré par des dirigeants publics appartenant à l’aristocratie ou désignés par l’hérédité on peut ne pas aimer la royauté, ses fastes, et trouver désuet et un tantinet longuet le cérémonial des funérailles d’Elizabeth II. Les chaines en continu en France ne parlent que de cela : c’est beaucoup. Mais on ne peut oublier l’Histoire qui dépasse le décès d’une simple mortelle en considérant qu’il s’agit d’un évènement suivi sur la terre entière qui aura peut- être des conséquences. Au moins pour le royaume uni - qui le semble de moins en moins -ce qui peut avoir des effets sur l’Europe et le reste des continents. Le soleil qui ne se couchait jamais sur le Commonwealth a pâli.

Je m’associe donc à l’hommage rendu à sa majesté Elizabeth II aussi protectrice suprême de l’église anglicane qui régna 70 ans sans dévier de sa ligne publique élaborée à la sortie du 2 -ème conflit mondial malgré les tourments qu’elle a connus. En y ajoutant un zeste de transcendance. La reine a traversé aux 20ème et 21ème siècles les guerres d’indépendance, l’affrontement est-ouest, la menace nucléaire, le terrorisme et les guerres en cours, outre le Brexit et la mondialisation pas toujours heureuse. Elle a traversé des difficultés familiales, mais est restée digne. Elle s’est haussée à un niveau exceptionnel de devoirs qui sera peut- être inégalé dans le cadre institutionnel qui est celui de l’Angleterre berceau de la gouvernance moderne.

 Elle a incarné ce que sont les démocraties dans leurs spécificités diverses, leurs survies et la monarchie dans sa grandeur parfois surannée et aussi ses servitudes sinon son incongruité dans le siècle. Fait de bruits et de fureur, matérialiste et individualiste. N’étant pas anglais notre meilleur ennemi bien que j’aime beaucoup le thé, je ne suis pas au jour le jour les étapes de l'enterrement ni heure par heure sur les étranges lucarnes qui répètent régulièrement les mêmes informations y compris la nuit ! N’étant pas non plus journaliste à la revue « Point de vue » ou « Gala » je regarderai d’un œil distrait si je suis disponible la cérémonie finale. J’essaie de comprendre la ferveur des sujets britanniques et de ceux de l’ex-empire dont certains sont plus réservés outre ceux qui veulent devenir des citoyens totalement libres.

 Humainement je peux partager l’émotion car la perte est gigantesque sur le plan symbolique mais institutionnellement je choisis ce qui se fait en France. La reine régnait mais ne gouvernait pas sauf sûrement implicitement sans jamais exprimer son opinion publiquement. Le silence est aussi une arme redoutable. Ce qui ne veut pas dire que nous avons raison de tout annoncer avec un haut -parleur. Et que notre démocratie dite participative est meilleure où tout quidam peut s’exprimer sur ce qu’il ne connait pas. Nous avons fait perdre la tête à Louis XVI. Nous ne le regrettons pas car nous avons conservé la nôtre celle du peuple souverain. Représenté par une personnalité élue qui doit expliquer ce qu’elle décide et ce qu’elle va tenter en rendant des comptes. Je réfléchis un peu sur notre avenir. Dans les soubresauts actuels, comment diriger et convaincre ? Faut-il une clef de voûte immuable et neutre ? L’élection au suffrage universel avec la laïcité est-elle suffisante ? Cet épisode planétaire nous change du conflit Ukraine -Tsar de Russie.

Après 1792 et 1848, depuis 1870 notre république s’est installée. Nous en sommes à la 5ème c’est dire si on l’aime. Si M. Mélenchon avait été élu on serait passé à la 6ème ! Des nostalgiques rêvent à un roi /une reine car ils veulent admirer quelqu’un qui est oint par dieu, sans savoir quel dieu dans le contexte communautaire qui fait débat. Voire sans dieu.  Tout en restant en démocratie où l’on critique le responsable à peine légitimement installé où on trouve toute décision normale plutôt que de se féliciter de la politique d’un humain. On n’ose pas aimer notre élu car la nation est au -dessus de tout et tous et la rationalité est préférable. Est-ce vrai ?

Il ne s’agit pas de comparer les mérites ou les inconvénients d’un régime avec majesté ou sans. Chaque peuple a son passé et ses traditions. Avec la Constitution de 1958 nous sommes dans une monarchie républicaine comme la qualifiait le professeur de droit Maurice Duverger. Et dans un régime semi-présidentiel. Mais depuis les élections de juin 2022 Jupiter est redescendu des cieux : il doit composer avec l’opposition.  Et non content d’écarter la royauté et son aura - sauf pour les roturiers - nous y avons adjoint l’église dont la France était la fille ainée. La laïcité a permis de construire durablement la nation car la main de dieu ou de son représentant vivant parmi la plèbe n’intervient plus et la religion est du domaine privé. Même si actuellement des dévots actifs voudraient qu’ils n’en soient pas ainsi.

Notre credo est la loi votée après débats publics qui exprime la volonté générale de la majorité au pouvoir qui doit respecter les minorités. Pour éviter que Montesquieu ne se retourne dans sa tombe. Notre république est caractérisée par l’état de droit qui applique notamment les principes issus de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de notre révolution celle de 1789 certes sanglante mais fondatrice de ce que nous sommes, ce qui correspond pour le moins à l’habeas corpus anglo-saxon de 1679.

 Les citoyens sont contre un pouvoir absolu viendrait- il du ciel, et pour une république qui garantit les mêmes droits à tous, avec un contrôle des puissant(e)s qui ne sont pas décoré(e)s de l’ordre de la jarretière ou équivalent et qu’on n’ennoblit pas. Le collectif avant la parole sacrée. Ou pourquoi votre fille n’est pas muette.

La république est le bien commun du peuple qui est le souverain. On peut corriger les défauts de la démocratie ou ses effets délétères. Mais on ne peut pas se passer du cadre républicain qui ne confie pas l’avenir de tous à une autorité ex-cathedra par héritage. Même silencieuse.   

God save the king Charles III ! Nous sommes nés la même année : après un très long apprentissage il devient roi. Je reste retraité. Winston Churchill qui a formé Elizabeth II disait que la démocratie était le pire des régimes à l’exception de tous les autres. Vive la république qui fait vivre le gouvernement du peuple par et pour lui. 

mardi 6 septembre 2022

Ne nous privez pas de vie privée.

 

                     Ne nous privez pas de vie privée.

                       Par Christian FREMAUX avocat honoraire.

 J’ai l’impression mais j’espère que je me trompe que l’on va insidieusement vers un contrôle de la vie privée. Au nom de l’intérêt commun naturellement. Et de la sécurité globale contre la délinquance bien sûr y compris familiale mais aussi désormais pour des motifs liés à l’énergie ou autres et à la guerre en Ukraine qui a bon dos. Sans oublier la transition énergétique et la nature à l’agonie. Le mieux serait de supprimer les hommes et les femmes baby-boomers accusés d’être responsables de la catastrophe et qui se seraient gobergés pendant les 30 glorieuses. Et de refaire la copie pour les générations futures.    

Déjà il y avait un débat sur les restrictions de liberté imposées par exemple pour la covid ou la lutte nécessaire contre le terrorisme avec des lois d’exception entrées progressivement dans le droit commun. Outre les menaces extérieures. Certains criant aux mesures liberticides en faisant prévaloir les libertés individuelles face aux devoirs et aux contraintes de sûreté collectives. Sans proposer de solutions concrètes car la défense ne s’improvise pas. La difficulté étant de savoir où placer le curseur entre la liberté et les obligations, entre la prévention et la répression, entre la morale ou les grands principes humanistes et l’amour de l ’homme et la réalité qui est cruelle. Voire pour la protection de la patrie.  

On n ‘a jamais trouvé la bonne formule car la perfection est comme l’horizon : on ne peut la saisir. Si tel avait été le cas on aurait moins de polémiques. Tout le monde serait heureux. D’autant plus que la société évolue constamment et que ce que l’on acceptait hier n’est plus toléré aujourd’hui et sera banni demain. Le terme progrès n’est pas entendu de la même manière par tous. L’homme libre décide pour lui et la collectivité mais n’est pas celui qui a choisi de se placer sous la volonté divine ou idéologique qui lui dicte son comportement où qu’il vive et quel que soit son environnement sociétal.       

Je n’ai jamais hurlé avec les prétendus éclairés qui ne veulent rien accepter, voient le mal à travers des discriminations, du racisme, des inégalités partout et savent tout. Ils crient au « fascisme » sans savoir ce qu’il fut avec d’autres doctrines totalitaires qui voulaient faire le bonheur du peuple malgré lui et qui ont conduit des millions de personnes à la mort. Ou au malheur. Mais en même temps exigent de l’Etat une protection absolue et qu’il pallie ce qui fait défaut, est dangereux, ou devient rare donc cher. Ils souhaitent que les problèmes n’arrivent qu’aux autres ce qui permet de critiquer sans risque. Et qu’ils ne subissent pas les effets secondaires des décisions prises après débats publics et parlementaires. La sécurité dans tout domaine est pourtant l’affaire de tous les citoyens qui doivent participer à leurs niveaux et moyens à sa réussite qui dépend aussi d’eux. Notre état de droit est notre bouclier : il ne faut pas qu’en dévoyant les principes républicains nos protections s’effondrent. L’intérêt général doit se confondre avec l’intérêt privé. On l’envisage.

J’essaie d’adapter ma vie privée aux préoccupations du moment : je n’allume pas de barbecue car je suis maladroit et ma femme se résigne à le faire : ouh le macho ! J’ai engagé à titre préventif un avocat pour me défendre pour le cas où le délit de non -partage des tâches ménagères serait voté. On ne résiste pas à une absurdité de plus. Mais je confirme être un garçon. Et d’être responsable tout en refusant de changer de genre et de me déconstruire. J’ai peur que l’on crée une police domestique, des inspecteurs qui viendront contrôler chez moi et me punir si j’utilise du fuel alors que l’électricité verte est la panacée, parait-il ? ; si j’ai baissé d’au moins 1 ou 2 degrés la température de ma chambre pour mieux greloter dans mon lit, cela endurcit ; et  si le soir en douce je ne mange pas un bon gros steak avec des frites, avec comme hors d’œuvre du maïs qui ne pousse qu’avec des quantités importantes d’eau ; et que je ne déguste pas des fruits qui viennent de loin en avion qui pollue ; si  enfin j’ai bien acheté ma trottinette pour aller dans ma mairie de l’Oise ce qui n’est qu’un trajet de 24 heures !…Mais si je m’éclaire à la bougie, sans prendre de bains, bravo. Cela me rappelle la Chine actuelle qui connait tout de ses citoyens au travail ou dans la rue, comme chez eux ! Si vous vivez ou traversez-en dehors des clous la sanction tombe :  X. points sociaux de moins.

Ma vie privée est à la merci de nouveaux inquisiteurs au nom de la fin de l’abondance ce que personnellement je n’ai jamais ressenti. Je n’ai pas été insouciant mais en payant largement j’ai gâché, j’ai honte. Je ne fais pas mon auto-critique publique comme du temps de Mao Tsé    Tung sur ce que j’ai consommé y compris avec des herbes aromatiques (mais pas celle des beatniks devenus bobos). Je mange, bois, me chauffe et je roule au diesel encore : est- ce être un bon citoyen ? Il y avait le contrôle fiscal. Et médiatique. On veut y ajouter la vérification sociétale.  Ma vie privée va donc être épluchée au nom de mon devoir énergétique car quand il y a pénurie le partage est d’autant plus important. Faire maigre s’impose et est une exigence civique !

Finalement la crise qui résulte d’évènements dont on n’est en rien responsable et sur lesquels on n’a pas de prise vraiment avec des sanctions qui reviennent comme un boomerang, m’oblige à modifier ma vie privée. Mais je souhaiterai que les pouvoirs publics n’en rajoutent pas et ne fassent pas peser sur moi une présomption de culpabilité.   

Je suis content : libertés individuelles martyrisées mais préservées ; égalité dans la solidarité ; fraternité avec ceux qui en ont besoin. La guerre en Ukraine et ses conséquences avec l’énergie qu’il va falloir économiser sont en fait simplement l’application de notre devise républicaine. J’offre ma vie privée un peu forcé comme gage de mon combat pour la démocratie qui serait attaquée en Europe notamment. Ma vie privée est le seul bien immatériel que l’on n’a pas taxé en tant que tel. Il m’arrive d’être sobre.

Puissants qui nous gouvernez laissez- la moi en l’état, j’en fais bon usage. Dans « 1984 » George Orwell avait décrit les méfaits de Big Brother. Il ne s’est trompé que de quelques années, je le crains. Avec le prétexte qu’on agit pour le bien de l’humanité et de la planète. Sauf sursaut de lucidité. Et de bon sens car la vie privée n’est pas une variable d’ajustement.    

vendredi 2 septembre 2022

Abondance verbale versus sobriété de se taire.

 

         Abondance verbale versus sobriété de se taire.

            Par Christian FREMAUX avocat honoraire.

Parler pour ne rien dire d’utile ou provoquer des querelles est un art. On connait la langue de bois surtout chez les responsables politiques. S’y ajoute désormais l’insignifiance des propos que ceux qui les prononcent estiment essentiels voire déterminants pour le progrès social. Les moulins à parole brassent surtout du vent et leur abondance verbale négative devrait les conduire à la sobriété de se taire. Pour éviter le ridicule et pour garder un niveau  acceptable de réflexion collective.  On ne donnera aucun nom : ils/elles sont trop nombreux.

Ne jamais douter est une force qui consiste à affirmer n’importe quoi sous couvert de la liberté d’expression. Accepter la critique mais seulement pour les autres est une curieuse ouverture d’esprit. L’humour ne peut « discriminer » certains : on ne rigole pas avec la police de la pensée. On interdit au nom de la nature qui est la priorité. L’homme serait un prédateur. Le tout crée de la confusion chez les citoyens déjà inquiets par la situation globale et sommés de choisir leurs camps, et n’apporte rien de positif. On a fait le buzz c’est l’objectif. On croit avoir un rôle majeur dans le débat public. C’est de l’illusion.

Il faut vraiment avoir du temps à perdre pour prendre au sérieux des idées lancées à la cantonade venant souvent de l’extérieur du pays comme le wokisme ou portées par quelques intellectuel(le)s dans le cadre d’une obscure recherche universitaire, en y introduisant un prétendu fondement philosophique ou sociologique sur l’homme /la femme et notre société. Par exemple actuellement : le barbecue est -il un signe de virilité ? L’homme et la femme ont -ils le même rapport à la viande ?  Le réchauffement climatique est-il de la faute des garçons ?  Mesurer ou maintenir les inégalités est -ce réprimer ? puisque tout aurait été pensé et décidé dans le cadre d’une société patriarcale et capitaliste pour maintenir la domination du mâle !...

 Mes ami(e)s de ma petite commune rurale de l’Oise se sont dit estomaqués à la fin des moissons tandis que nous prenions l’apéro selon la tradition bien française. Comme le chantait Gilbert Bécaud dans Nathalie où il évoque Moscou et les plaines d’Ukraine, on a ri, beaucoup parlé, ils voulaient tout savoir. Comme si j’étais initié et connaissais l’envers du décor ! Ils m’ont demandé à moi qui vit aussi dans la capitale comment des parlementaires- l’élite donc - peuvent se lancer dans ce genre de débats. J’ignore tout. On les a plaints de se pressurer ainsi la tête et de vivre dans l’angoisse et la méfiance envers les autres.  Je leur ai expliqué immédiatement à propos de « genre » que c’était un problème délicat mais je n’ai pas insisté je ne veux pas d’ennuis ! On ne peut ni rire ni parler de tout sauf les auto- autorisés.

 On a fêté le blé de Picardie, moins les betteraves et le maïs en manque d’eau. Ce furent des sujets de fond traités avec distance et tolérance. Délayés avec des liquides la sécheresse ayant des limites, et épongés par la charcuterie et les chips. Du classique même pas du bio.  

Pour nous les parlementaires servent à « parlementer » c’est-à-dire à discuter des sujets de fond qui existent, et de l’avenir qu’il faut préparer. A venir sur le terrain rencontrer leurs électeurs au lieu de se pavaner en donnant des leçons de vivre dans les médias qui intensifient les querelles et les réduisent à un pour ou contre néfaste. Et à fabriquer des lois courtes, bien pensées, exprimées clairement et efficaces qui vont s’imposer à tous les citoyens. Dont ceux qui n’aiment pas la France mais y vivent.  Nous avons du mal à saisir pourquoi des hommes et femmes politiques ne s’occupent pas de la réalité et à quoi cela sert de lancer des polémiques futiles qui divisent l ’opinion ? Mes amis agriculteurs depuis des décennies en famille s’étonnent que des amateurs leur disent comment cultiver la terre et protéger la nature ; les éleveurs et bouchers ou nourrisseurs de la population s’inquiètent pour leur avenir ; les concessionnaires automobiles ne savent pas comment ils vont pouvoir vendre très chers des véhicules électriques, alors que dans ma campagne il faut faire des tas de kilomètres pour trouver une borne de rechargement. Sachant qu’en raison du conflit en Ukraine qui est responsable de tout ! le gaz et l’électricité vont peut -être faire défaut. Doivent-ils raser leurs maisons héritées de leurs parents et grands- parents chauffées au fuel et qui ne sont pas aux normes obligatoires dont le nombre ne cesse d’augmenter ?...  Alors les discussions byzantines sur le sexe des anges, cela nous dépasse.

On préfèrerait que nos chères têtes pensantes des assemblées et du pouvoir exécutif entouré par des conseiller(e)s bardés de diplômes et a priori à l’abri de la nécessité ou des aléas de la vie communiquent sur des solutions pertinentes qui changent le quotidien des quidams au plus vite et leur redonnent de l’espoir.  Mais il appartient aussi aux électeurs de faire les bons choix au moment venu et ne pas voter pour des marchands de rêves qui veulent se faire plaisir en ayant raison et qui pensent avoir de nouveau découvert l’eau tiède et la roue pour imposer le bonheur du monde. On est responsable on avait compris depuis longtemps les problématiques. Ce constat un rien désenchanté n’a pas changé nos volontés personnelles d’engager des actions sans attendre la béquille ou la manne de l’Etat. Et de continuer à nous prendre en mains. Dans mon café d’initiative citoyenne et amicale qui n’est pas du commerce (quoique !) nous avons repris l’ultime tournée partante en mettant de l’eau dans notre pastis pour rester sobres. A la santé de ceux qui décident pour le peuple souverain. Et nous nous sommes tus.    

En nous disant qu’il y avait d’autres chats à fouetter même si le parti animaliste collé à Lfi est contre toute « torture » ou violence. Qu’elle soit physique ou mentale. Ce qu’on approuve y compris dans le domaine public.