lundi 2 mai 2016

UN 1-ER MAI A OUBLIER

                         UN 1ER MAI  A OUBLIER

Par Christian FREMAUX avocat honoraire et élu local .
Les défilés du 1er mai cette année, surtout à PARIS, ont engendré des violences. Pour être la fête ce fut la fête mais pas celle que l’on souhaitait, le muguet ayant poussé tardivement  et n’étant pas non plus en plein épanouissement .C’est vrai qu’il n’y avait pas de quoi être surpris le climat-social- étant dégradé depuis des mois, et les manifestations contre la loi dite travail  –ou plutôt anti-emploi selon moi- portée  ou « ramassée » par Mme EL KHOMRI (que je plains à titre personnel) ne cessent pas. On peut à ce propos s’étonner que certains députés de la majorité (socialiste) au parlement attendent le texte de pied ferme pour le torpiller et faire plaisir à la rue, alors qu’ils sont censés  soutenir un gouvernement de gauche,  tandis que l’opposition (de droite) est plus ouverte et pragmatique , respectueuse des principes républicains  et des intérêts contradictoires des salariés et du patronat .Notre parlement n’a pas besoin de cela  pour être critiqué ouvertement sans que, naturellement ,on propose une alternative aussi démocratique et légitime. Qui doit faire la loi ? Des agités dans la rue qui ont la vérité révélée ou les parlementaires élus et qui représentent le peuple ?, même s’ils ne sont pas parfaits-mais qui l’est ?- et doivent se réinventer dans leur pouvoir  pour ouvrir un dialogue  plus constructif. Il ne suffit pas de vouloir tout changer : il faut dire par quoi, comment et avec qui.
La journée du 1er Mai 2016 n’a pas été exemplaire et est inquiétante pour l’avenir, car la violence sociale s’aggrave et l’on ne voit pas à court terme d’union sur les objectifs, d’accord sur les moyens à mettre en place, et de réconciliation entre les divers groupes d’intérêts .Avec le terrorisme récurrent qui crée un climat anxiogène malgré les efforts  et les déclarations du 1er ministre et de son ministre de l’intérieur ; avec les difficultés de toute nature qui sapent l’optimisme même si la France va mieux en macro-économie ,donc globalement mais ce qui n’a pas encore atteint l’individu ;avec la nouvelle querelle religieuse avec l’islam radical qui entraîne des répercussions dans certaines de nos villes, voire dans nos villages ; avec une sorte de burn-out généralisé et une exaspération  qui monte par capillarité, l’avenir n’est pas réjouissant. Et on gâche la fête  qui aurait du être un moment de fraternité et de solidarité.
Les rues de PARIS notamment appartenaient aux salariés (plus ou moins nombreux selon les chiffres de la préfecture ou ceux des organisateurs) au sens large le 1er mai. Désormais ce sont tous ceux qui protestent  pour n’importe quel motif même éloigné du droit du travail !, qui marchent. Naturellement les patrons  notamment petits et moyens pas ceux du CAC 40 qui travaillent autant que leurs salariés, la responsabilité de l’entreprise et le devoir de maintenir ou de créer de l’emploi en plus, sont absents voire écartés des cortèges, car ils sont par définition  des « exploiteurs » : MARX tendance Karl et non Groucho, n’est pas mort. Les syndicats qui représentent environ 8% des salariés avec une grosse majorité dans la fonction publique, tiennent le haut du pavé   comme si le pouvoir leur appartenait et qu’ils avaient la légitimité pour représenter le peuple tout entier, y compris la majorité silencieuse qui exècre  les excès, le désordre, les revendications démagogiques, et qui fait tout pour s’en sortir en respectant les lois,  et les autres. En ce 1er mai les slogans furent divers mais très dirigés et vindicatifs-rien ne va et c’est la faute  aux  méchants(chacun mettant qui il veut dans cette catégorie), et souvent outranciers en dénonçant les « violences policières »-faudrait-il que policiers et gendarmes  fraternisent avec les casseurs ou les manifestants ?-  Le tract de la CGT accusant la police républicaine  d’être des provocateurs et de faire des victimes est particulièrement odieux. Il y a eu de nombreux policiers et gendarmes blessés parfois grièvement  pour avoir  obéi  aux ordres de leur ministre et avoir fait leur travail, avec discernement et responsabilité , faut-il le préciser ? Imagine – t- on que le gouvernement décide de ne pas encadrer les manifestations pour ne pas intervenir s’il y a des débordements, qu’il n’y ait ni CRS ni gendarmes pour protéger les biens et les personnes ? Pour que ceux qui défilent ne crient pas à la provocation dans leurs rangs ? Qu’ainsi les casseurs puissent agir librement ? Que n’entendrait-on comme critiques ou comme cri « où est la police » face aux dégâts matériels et physiques ! Cette police que l’on a décriée le 1er mai, alors qu’on l’avait acclamée et embrassée après les attentats de CHARLIE HEBDO début 2015, puis remerciée après les attentats du 13 novembre 2015.Esprit versatile et mauvaise foi, quand tu nous tiens !
En 1970 à propos du printemps de PRAGUE, Jean FERRAT chantait : « c’est un joli nom camarade, c’est un joli nom tu sais ; qui marie cerise et grenades aux cents fleurs du mois de Mai ». Le poète devait penser aux fruits, et non aux grenades lacrymogènes qui ont été lancées pour repousser les casseurs, très agressifs, et faire évacuer la place de la NATION.
La NATION c’est aussi un  joli nom camarades syndiqués, lycéens impatients d’affronter le monde du travail, étudiants prolongés qui s’inquiètent avant –pour quelques uns –de faire carrière en … politique, et citoyens qui rêvent d’un autre monde (comme jadis le groupe TELEPHONE le chantait ); ou particuliers de bonne foi qui croient que l’utopie changera tout (son inventeur en 1516  le chancelier d’Angleterre THOMAS MORE «  l’utopie ou le traité de la meilleure forme  de gouvernement »  a mal fini).La nation soude tous les citoyens au sein d’un communauté qui partage le même destin, qui est au-delà des contingences partisanes, et qui a permis au peuple de se surpasser dans des crises majeures qui menaçaient son existence .Beaucoup sont morts pour la nation,  comme les soldats –citoyens de VALMY. Transformer la place de la nation en un affrontement franco-français est un contresens historique et une honte.
D’autant plus que les arpenteurs du bitume venaient de la place de la République où le mouvement  NUIT DEBOUT auto-inorganisé, très sectaire puisque n’admettant pas d’autre opinion que ceux qui y squattent et anarchique,  fournit des troupes, là où l’autorité de l’ETAT ne s’exerce plus, au nom de la liberté d’expression et du droit de manifester. « Ô liberté que de crimes on commet en ton nom » s’écriait Mme ROLAND  , femme des lumières, âme du pari girondin avant d’être décapitée .Mais il y des limites à tout, les tribunaux le rappellent, et quand on sait qu’après le couvre-feu les casseurs envahissent la place de la république, on essaie d’anticiper et d’agir. La République, res-publica la chose de tous, ne peut tolérer qu’on la provoque, qu’on la bafoue, que l’on teste sa résistance. La république c’est certes le droit de s’exprimer, de ne pas être d’accord et de le faire savoir, mais c’est aussi le devoir de respecter les autres, et la loi votée démocratiquement dans le cadre de l’état de droit (d’ailleurs accentué par l’état d’urgence actuel), et d’acquérir une éventuelle légitimité par l’élection et non par une auto-proclamation   en niant toute valeur aux institutions ou aux représentants légaux. Le nihilisme conduit à l’impasse  et pour la révolution, on a déjà donné, surtout avec les exemples  contemporains qui devraient nous faire réfléchir .Ainsi  le mouvement PODEMOS en Espagne qui a eu des députés , barre la route à la droite qui a quelque peu redressé l’économie de pays, mais refuse de participer à une coalition de gauche ou à un pouvoir quelconque,  et l’Espagne ne peut trouver un gouvernement. Peut-on dire que tout ceci est responsable ? Mais ce terme doit être étranger à nos revendiquants. Les indignés n’ont pas de débouchés. Le peuple n’est pas bien parti !
Nation, République,  ces mots furent dévoyés ce 1er Mai. Les casseurs ont cassé la fête. Soyons francs, on le pressentait. A force de ne pas dénoncer clairement et fermement la violence quelque soit la raison ( prétendue bonne ou non)-sauf quelques politiques  courageux-à force de comprendre l’exaspération  grandissante justifiée ou non,  de critiquer élus et responsables divers,  et d’appeler à un quasi grand soir, certains y ont cru. La faiblesse  engendre toujours des tentatives, même s’il faut un dialogue et qu’il ne s’agit pas  d’interdire au profit d’un ordre qui n’aurait aucun sens. Certes tout ne va pas bien, et il faut réfléchir pour créer une société de confiance plus juste et plus égalitaire. Mais pour réformer encore faut-il l’appui d’une majorité, un consensus des citoyens et un pouvoir qui propose , met en place,  et réussit. Espérons que pour la future élection présidentielle, des programmes  qui rassemblent, cohérents, réalistes, chiffrés et détaillés permettront d’élire un président qui pourra agir avec une majorité qui le soutient.
Le soir de ce 1er Mai j’ai regardé BFM TV.J’y ai vu et entendu M.BESANCENOT celui qui est un révolutionnaire permanent mais qui a choisi d’être postier car la poste c’est stable,  qui revenait du défilé, se refuser à désavouer les violences, dénoncer la provocation policière,  et s’offusquer que le gouvernement n’écoute pas la rue en maintenant sa loi dite travail. Bien sûr il n’a prononcé aucune parole de réconfort à l’égard des policiers et gendarmes blessés dans l’accomplissement de leur mission. Quand on en est  à ce niveau  de déclaration, on reste confondu. Heureusement BFM m’a arraché un sourire en rappelant que M.J.M. LE PEN avait fêté JEANNE D’ARC avec une poignée de fidèles place des pyramides (qui sont des tombeaux)  sans sa fille, tandis que celle-ci célébrait la même JEANNE avec ses partisans place SAINT-AUGUSTIN ( l’un des pères de l’église des 4ème et 5ème siècle qui eut une jeunesse agitée avant de trouver un sens à sa vie avec DIEU). Un FN ça va, mais deux bonjour les dégâts si je puis me permettre cette formule,  en respectant ceux qui choisissent cette voie, déçus par les autres.
Oublions ce 1er Mai 2016 et espérons en des jours meilleurs.