mardi 30 mai 2017

UN DÉPUTÉ POUR QUOI FAIRE ?

Un député pour quoi faire ?
Par Christian FREMAUX avocat honoraire et élu local .

Plutôt que de discuter sans fin et sans pouvoir conclure puisqu’il suffit d’attendre le 18 juin et le résultat des élections réelles  pour savoir si le président Macron aura une majorité absolue de députés ce qui lui permettra de faire voter vite les réformes qu’il a promises, dont certaines par voie d’ordonnances ce qui est prévu dans notre Constitution et qui n’est donc pas un passage en force ; ou d’espérer que  les républicains l’emporteront ce qui obligera à une cohabitation constructive avec plus de personnalités de droite ce que le président semble vouloir et qu’il faut donc satisfaire ? ; ou d’imaginer que le front national ou les insoumis-qui veulent entrer au parlement pour faire la loi, des règles, des normes ce qui me parait être un oxymore-  auront un score qui leur permettra de s’opposer à tout, il me parait plus important de s’interroger pour savoir à quoi sert un député alors même que l’on proclame qu’il va falloir réformer son statut et ses attributions, que leur nombre va être drastiquement réduit de 577 à 300 ou 400 ? ce qui laissera des circonscriptions donc des territoires vides, alors même que l’on dénonce la désertification administrative ; l’absence de services publics dans les zones rurales ; le regroupement déjà fait des anciens  cantons dans une entité administrative départementale plus large et que le citoyen se plaint d’être seul  sans personne neutre de l’Etat  à qui se confier, sans commerces de proximité, de médecins, avec des forces de l’ordre et de secours disséminées et lointaines, et qu’à part son voisin -si on le fréquente - le citoyen qui n’est pas urbain n’a pas d’interlocuteur humain  représentant le pouvoir sauf son maire et les conseillers municipaux, bénévoles donc pas toujours disponibles. La région s’est éloignée, le sous-préfet aux champs a disparu  et on en vient à implorer un dialogue pour avoir un minimum de contacts avec les membres de la poste ou du trésor public s’ils n’ont pas été supprimés. Les députés ne vont pas échapper au vent de réformes qui va souffler et masochisme compris ce sont eux qui vont voter leur nouveau statut moins avantageux que le précédent, pour l’avenir. M. Bayrou Garde des sceaux  revenu du diable –vauvert de son exil  politique qui aurait pu disparaitre  définitivement par un choix  un peu inattendu et un salto arrière de toute beauté s’est rétabli sur les principes qu’il prônait dans le désert depuis des années,  concocte le projet de loi de moralisation de la vie publique que nos nouveaux députés vont voter comme un seul homme : ils vont devenir des cadres je l’espère supérieurs pour leurs indemnités fiscalisées, et n’auront plus aucun avantage même pas de retraite ou celui d’avoir l’esprit familial en embauchant un proche ou en acceptant du  bout d’un costume , un cadeau d’un ami désintéressé. Ils accepteront un C.D.D. de 5 ans  renouvelable deux fois puis retourneront à leurs chères études ou passeront des qualifications comme pour toute activité manuelle de base et éviter ainsi pole emploi, car être député est parait- il  tout, sauf un métier ? . L’urgence est à la pureté des comportements  et des habitudes sur le plan moral qui se confondra désormais avec ce qui est légal tendance 2017 bien sûr car l’éthique est personnelle, à géométrie variable et  l’homme a sa part d’ombre que l’on ne peut gommer. Pour ma part je n’ai pas aimé la période  Robespierre qui voyait des suspects partout  surtout chez Mirabeau et Danton  assez proches de l’argent qui corrompt . On sait comment l’histoire se finit d’autant plus qu’avec big brother on  apprend  tout ce que la presse un peu orientée, pour la bonne cause bien sûr, relaie innocemment. La justice civile en faillite attendra, ainsi que la justice pénale qui participe à la chaine sécuritaire dans l’état de droit, alors même que les menaces terroristes sont critiques et que l’état d’urgence doit être prolongé. Le ministre de la justice a d’autres priorités : ni les justiciables, ni les magistrats qui ont besoin  d’être réconfortés, ni les forces de l’ordre ne menacent la république. Les députés, si. Est –il  insolent de s’interroger sur le rôle du député à l’heure du numérique, de la justice prédictive, des start-up de la loi et du droit, et des nouvelles technologies de l’information. Un robot parlementaire pourrait tourner la clé électronique sur instructions de son  député sans que celui –ci doive être physiquement présent le mardi ou le mercredi pour participer  devant  la télévision aux questions au gouvernement, faire savoir de la tête ou par une mimique qu’il est d’accord ou pas avec la réponse excédée d’un ministre ou du premier ministre, et faire claquer son pupitre pour manifester sa mauvaise humeur. Les jeux du cirque  ou de la cour de récréation   ou des bavardages aux journalistes ,des députés, qui ont tant énervés les citoyens doivent cesser. De la dignité et de hauteur s’imposent. Le Président Macron  veut  donner l’exemple. Il parait  que l’on souhaite consacrer le travail du député surtout  à la fabrication de la loi, ce qui n’est pas donné à tout le monde. N’est pas Cambacères, Portalis ou Tronchet, outre Michel Debré, ou Robert Badinter, qui veut. M.Delevoye autrefois de droite ? Quand il a exercé les plus hautes fonctions de la république, lui-même expérimenté,  humaniste et compétent a sélectionné les futurs députés 2.o  de la république en marche qui sont souvent des néophytes bien qu’enthousiastes ce qui est une qualité puisqu’ils croient  à l’intérêt général. Sauront -ils ces jeunes parlementaires-quelques soient leur date de naissance- avoir suffisamment de recul , de profondeur liée aux coups de la vie, de réflexion sur les autres sans parti pris ou croyance  qui réduisent,   et d’épaisseur, pour écrire des lois générales, courtes, pas bavardes, compréhensibles par le citoyen, durables, efficaces, et qui ne clivent pas ou sont faites pour une minorité,  sans que l’on ait besoin  de décrets qui les expliquent longuement, de circulaires qui les précisent et de tribunaux qui les interprètent ? Ou faudra- t -il que l’élaboration de la loi soit confiée à un petit nombre de parlementaires en respectant la parité et les diverses opinions mais  qui ont les compétences, ont été blanchis sous les fourches caudines du parlement, ont exercé des fonctions publiques et privées et sont une garantie  face à la censure du conseil constitutionnel et de la haute administration. D’autant plus que celle-ci va devoir prendre ses responsabilités puisque il y a peu de ministres et de secrétaires d’Etat et que les directeurs d’administration centrale vont devoir faire travailler leurs services dans le sens des réformes quitte à se saborder quelque peu. Le « spoil system » n’est pas loin .L ‘ENA qui était vouée aux gémonies a repris le pouvoir et va devoir montrer ce qu’elle sait faire, à la condition que le politique commande vraiment. Tout ceci ne milite pas en faveur du député dont le rôle ne doit pas se cantonner à principalement faire la loi  au détriment  de son autre devoir qui est d’être sur un territoire proche des citoyens et des élus locaux sinon il devient hors sol.    Le député doit être en même temps pour reprendre l’expression du président à la ville et dans les centres urbains,  et à la campagne, ou dans les banlieues et en province.
Même quand il sera élu à la proportionnelle, voire parachuté ,  ce qui permettra à toutes les tendances y compris extrêmes d’être représentées, sur des listes ce qui favoriseraient les manœuvriers ou les apparatchiks alors que la mort des partis est programmée puisqu’ils  ne produisent plus d’idées mais des candidats ou des cabales, donc pas forcément les meilleurs, le député doit être dédié à un territoire,  attaché à la  terre  avec de la boue,  où vivent les électeurs, ceux qui s’abstiennent, votent blanc ou contre. Le député a un mandat national, il incarne la France. Mais il doit avoir la vocation du sacrifice car  il est aussi l‘avocat de ceux qui ne font pas retentir  leur voix, travaillent, paient leurs impôts, et supportent  ce qui ne leur plait pas, tout en restant et vivant là où ils habitent par filiation ou choix plus ou moins imposés en espérant avoir un emploi digne pour leur famille , et des conditions environnementales agréables au nom de l’égalité,  même si le portable ne passe pas et qu’ils sont des intermittents d’internet !. Il doit leur parler,  leur répondre, nouer des liens amicaux, le tutoiement réciproque rapproche  mais n’est pas obligatoire, leur manifester de la compassion et de la compréhension,  les entendre, les défendre, les aider à titre personnel s’il le peut, puis transmettre ce qu’on lui a dit et faire remonter la réalité du terrain  au pouvoir qui isole à paris  et  que le microcosme parisien ne représente pas. La Rotonde, le Fouquet’s et Saint germain-des-prés ne sont pas le centre de la France. Le député doit le savoir et faire la part des choses. Il doit donc arpenter les communes surtout les petites, discuter des dossiers avec le maire et les conseillers municipaux ; les conseiller en droit et les tenir informés des évolutions législatives, des normes y compris européennes ; être un facilitateur  auprès du préfet de et l’administration locale, s’y retrouver dans les arcanes de la région et de l’assemblée départementale. ; être un conseil financier pour boucler les budgets et aider à trouver des financements. On doit le voir dans les manifestations locales, les brocantes, les fêtes, les commémorations. Il doit user de sa réserve parlementaire -qu’il ne faut pas jeter avec l’eau du bain, et que l’on peut contrôler pour répondre au souci de transparence et de non favoritisme- car sans aide des projets n’aboutissent pas malgré la bonne volonté des responsables. Le député est donc vital sur un territoire et il ne peut se contenter d’être un homme d’appareil ou qui fait carrière. Il doit mouiller sa chemise ou son chemisier, et il est tel Janus un homme ou une femme à double face. Avec un regard tourné vers paris  pour faire de la politique et soutenir sa majorité sans être un godillot qui marche au son du canon ( oserais-je écrire au son du Macron ?) car il est un homme ou une femme libre d’abord et exemplaire. Il écrit la loi donc engage sa responsabilité et le sort des citoyens. Et un autre regard que scrute sa circonscription pour être utile, le trait d’union avec le citoyen le plus humble qui a besoin de confiance, qu’on s’occupe de lui, enfin  que l’on privilégie l’humain. Pour la plupart c’est loin paris et dangereux ! Amis nouveaux députés de la nouvelle génération, les B. to B., les modernes, ne raillez pas  les plus anciens qui  seront  réélus et ont de l’expérience  car ils ont servis et sont encore dévoués, même s’ils n’ont pas la même approche que vous ou une autre philosophie.  Nous avons besoin de cohésion et de sérénité par ces temps troublés. Nous devons être solidaires. Un député ça doit servir en chair et en os à incarner l’union, le dévouement, la règle commune, l’intérêt général et la république. Progressistes, autre nom plus «  in  »   des réformateurs qui allez voter la loi, ne réduisez pas le député à un hologramme.
























mercredi 10 mai 2017

Une ordonnance M. le président ?

Une ordonnance M. le président ?
Par Christian FREMAUX avocat honoraire et élu local.
Chaque français  qui est un bien  portant en mauvaise santé qui s’ignore sait ce qu’est une ordonnance délivrée par son médecin ce qui lui permet ensuite de se faire rembourser par la sécurité sociale et sa mutuelle. Ce sujet a été à l’ordre du jour de la campagne présidentielle. Les électeurs n’ont pas aimé notamment  la potion amère que le docteur Fillon voulait imposer pour  purger et  guérir le malade ou l’huile de foie de morue typiquement française que le front national voulait lui faire boire et ils ont finalement préféré faire confiance à un jeune thérapeute qui a prétendu avoir  des solutions homéopathiques, celles qui ne tuent pas immédiatement  et sont efficaces dans la durée,  plus dans l’air du temps  et plus douces à avaler . M.Macron , triomphalement élu président de la république,  a proposé de gouverner par ordonnances, car le cas de la France est grave,  pour porter remèdes  au plus vite compte tenu de l’urgence , avant de devoir opérer à chaud. Qui est donc mal portant et que signifie gouverner par ordonnances ? .C’est le texte de la constitution de 1958 celui de la Vème république que d’aucuns veulent jeter aux orties (autre ponction qui soigne) qui permet de répondre.
Tout le monde connait la loi  qui est âprement discutée par nos éminents parlementaires, qui s’invectivent au parlement, ergotent sur les détails , y passent des heures jusqu’à ce qu’un premier ministre excédé utilise l’article 49-3 de la constitution qui permet de faire adopter le texte à l’arraché. Circulez ,  il n’y a plus rien à voir. La loi travail dite El khomry  a ainsi amusé la galerie pendant des mois. Mais  « dura lex sed lex ». La loi est la base de notre démocratie et la justification du salaire de nos députés et sénateurs, car ce n’est pas un  emploi fictif  que de fabriquer un texte qui va régir les rapports entre les citoyens, fixer les règles, même s’il  faut ensuite écrire des décrets d’application, des circulaires  explicatives, et attendre que les tribunaux l’interprètent avec leur jurisprudence.  La mise en œuvre effective de la loi prend donc un temps certain.
L’article 34 de la constitution dispose : « la loi fixe les règles  concernant … les droits civiques, les libertés publiques et fondamentales…détermine les principes fondamentaux notamment pour la défense nationale, la libre administration des collectivités territoriales, le régime de la propriété,  le droit du travail et syndical, la sécurité sociale… », enfin tout ce qui est essentiel au fonctionnement du pays. Ce sont les parlementaires qui proposent un sujet (proposition de loi) ou c’est le gouvernement pour appliquer son programme et faire valider ses promesses (projet de loi).La loi doit faire l’objet d’une navette entre l’assemblée nationale et le sénat qui dure plus ou moins longtemps, l’assemblée nationale ayant le dernier mot, puis peut être soumise à la censure du conseil constitutionnel saisi par au moins 60 parlementaires et enfin être promulguée au journal officiel. C’est donc un parcours du combattant et on se rappelle l’année dernière les manifestations, grèves, débats à dormir la nuit debout, négociations sans fin et surtout sans accord final, polémiques aussi diverses  que stériles , pour aboutir à une loi vidée de sa substance. On n’avance ainsi pas quand la politique catégorielle  des partis fait de l’obstruction au parlement, aidée par la rue,  aux dépens de l’intérêt général. M.Macron qui est jeune donc pressé comme l’a écrit Paul Morand, qui s’est usé au parlement quand il était ministre et essayait avec constance de  convaincre et ses amis et ses frondeurs, outre l’opposition qui était dans son rôle tout en partageant certains arguments du ministre ! ne veut pas retomber dans ces travers qui alimentent surtout les médias et ceux qui n’exercent pas de responsabilités,  mais nous rendent ridicules devant le monde entier qui regarde médusé nos débats et nuisent aux français,  a donc décidé de faire vite voter les mesures qu’il a préconisées pendant la campagne électorale, celles qui doivent débloquer le pays et lui permettre de redémarrer selon lui , tout en restant attaché aux prérogatives du  parlement qu’il entend recadrer  cependant un peu, car la démocratie l’exige. S’il passe par la loi classique il lui faut une majorité absolue et que le mouvement la république en marche gagne les élections avec ses candidats triés sur le volet d'internet-ce qui est inédit-, ce qui n’est écrit nulle part pour l’instant, les républicains espérant être majoritaires pour prétendre à  une cohabitation avec un premier ministre issu de leur rang ou pour au moins imposer leurs idées.  M.Macron a donc décidé de passer par une autre méthode de droit , celle des ordonnances, ce qui est parfaitement légal, et a déjà été utilisé par d’autres présidents. Même si on entend déjà la voix outrée de certains- les mêmes qu’avant le 7 mai d’autant plus qu’ils ont été battus- et le silence vigilant de tous ceux qui  veillent à l’état de droit et au respect des libertés publiques et de la démocratie. De quoi s’agit-il ?
L’article 38 de la constitution dispose : « le gouvernement peut pour l’exécution de son programme  demander au parlement l’autorisation de prendre par ordonnances , pendant un délai limité, des mesures qui sont normalement du domaine de la loi ». Il faut donc réunir une majorité au parlement qui va voter ladite autorisation qui n’est pas éternelle, rassurons les plus craintifs . D’où l’obligation pour le président d’avoir une majorité à lui, ou d’en trouver une  d’idées ou de conjonction d’intérêts. Les élections législatives de juin sont donc déterminantes  et les extrêmes ne devront pas perturber le jeu : c’est de la responsabilité des électeurs qui devront faire preuve de raison et pragmatisme en votant pour les candidats  les plus susceptibles de participer à un redressement et une politique utile,  et pas se faire plaisir en éparpillant leurs votes s’ils sont cohérents avec l’élection de M.Macron et  de ses principes ,s’ils veulent la réussite de la France .Les ordonnances sont  ensuite prises par le gouvernement en conseil des ministres après avis du Conseil d’Etat ( plus haute juridiction administrative faut –il le rappeler). Selon l’article 13 de la constitution elles sont signées par le président de la république puis publiées et non promulguées. Elles entrent immédiatement en vigueur.
Gouverner par ordonnances c’est vouloir que les maux ou obstacles liés à nos mauvaises habitudes , à nos traditions surannées syndicales ou politiques -tout ce qu’a fait le gouvernement précédent doit être défait par exemple- qui affaiblissent le pays, disparaissent au plus vite, et qu’un élan soit propulsé, qu’un signal  soit donné à tous : retroussons nos manches, bousculons les conservatismes, réformons le plus possible en dépensant moins, car il y a toujours quelqu’un qui paie, et redevenons sérieux sans se disperser dans des combats minoritaires, des sujets de société qui montent les uns contre les autres, et retrouvons notre identité et nos valeurs républicaines. Quittons l’ancien régime , faisons du neuf et «  sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques»  comme l’écrivait le poète révolutionnaire André Chenier, avant qu’il  ne passe à la guillotine. Notre pays est confronté à des menaces très graves extérieures comme intérieures, notre sécurité doit être la priorité, dans un cadre européen qui protège mais qui doit être lui aussi réformé. Notre marché du travail doit être  dépoussiéré et le mot est faible et la valeur travail même modernisée, confirmée. Les droits  dits acquis devenus obsolètes, voire inégalitaires  doivent  être rénovés dans l’avenir si ce n’est supprimés  tout en préservant les garanties de ceux qui en profitent puisque c’est le contrat qu’ils ont passé avec la nation. L’Etat doit se recentrer , gérer l’essentiel , créer le cadre qui permet de libérer les initiatives, faciliter la solidarité et la redistribution et ne plus se mêler de tout. La fonction publique d'Etat comme territoriale doit être revue dans ses missions et sa dimension. Enfin car tout commence par l’éducation , il convient de se ressaisir et transmettre les valeurs de base, celles qui parlent du récit national dont nous devons être fiers, celui qui a permis d’assimiler tous ceux qui avaient le même but, et se reconnaissaient dans une communauté de destin…..Et la liste des priorités n’est pas exhaustive !
Jules Romains l’inoubliable auteur du docteur Knock posait un regard critique sur la médecine et l’Etat  et  lui faisait interroger son patient : «  est-ce que ça vous chatouille ou ça vous grattouille ? » , ce qui lui permettait de critiquer les charlatans et les vendeurs d’espoirs.
Les ordonnances que souhaite prendre le président de la république lui permettront  , je l’espère, d’être un  moyen moderne de gouverner , car on ne peut plus attendre. La guérison doit se faire immédiatement sinon nous mourons tous  guéris, mais ce sera trop tard.



  

lundi 1 mai 2017

N’est pas pythonisse qui veut.

N’est pas pythonisse qui veut.
Par Christian FREMAUX avocat honoraire et élu local.
Je me suis trompé  sur le résultat du  premier tour de l’élection présidentielle ce qui n’étonnera pas ceux qui me connaissent  mais me stupéfie car j’ai une haute opinion de moi  surtout pour parier sur ce qui est avéré  et pour penser comme la majorité de ceux qui donnent leur avis alors qu’on ne leur a rien demandé. C’est fou le nombre de spécialistes de la science politique  qui croient détenir la vérité et pouvoir faire des pronostics  qui se révèlent  inexacts   sur la comète et qui concluent  sérieusement que tout est possible ! . Tout cela pour ça .J’aurai pu parvenir à cette brillante solution  tout seul. J’espère que nos éminents savants  descendront de leur piédestal et seront désormais plus modestes. J’avais  écouté  pendant des mois tous les commentateurs qui pullulaient sur les ondes et les écrans, regardé les débats, réfléchi aux discussions sans fin sur des sujets souvent futiles n’abordant pas les arguments de fond de l’économie avec le marché du travail,  la sécurité, la laïcité , la nation, notre identité, l’Europe, le contexte international…,  pesé les arguments filandreux  ou flous  des uns et des autres, et finalement j’avais fait un choix partisan celui qui conforte dans ses certitudes. J’ai toujours exécré les extrêmes qui me paraissent démagogiques et qui flattent l’électeur dans ce qu’il veut entendre-dégagez par exemple- Je pensais que le programme de la droite républicaine, celle qui a déjà gouverné, globalement car je ne partage pas toutes les mesures proposées,  était le plus raisonnable  , le plus structuré, nourri de ses échecs précédents, de ce qui n’avait pas été fait sous le président Sarkozy , le plus près de la vérité et donc le meilleur. Les français, y compris des gens de droite,  ont  sèchement dit non  pour des raisons certes liées aux problèmes personnels du candidat qui a déçu voire outré à titre personnel sur le plan moral mais aussi sur les réformes à mettre en œuvre qui semblaient nécessaires mais qui  ont paru sévères , et peu humaines. Et «  la tendresse bordel » où était- elle ? On ne saura jamais si M. Fillon  aurait gagné  sans ses casseroles. Mais on a la certitude qu’il aurait du un peu infléchir son programme et ne pas rester droit dans ses bottes. Il faut savoir  naviguer à vue.  La raison conduit parfois à l’échec. L’homme est imprévisible et il a besoin de croire et d’espérer même s’il devine que le succès n’est inscrit nulle part, et que chacun détient une part de la réussite. Cependant il faut choisir, faire un pari sur l’avenir et ne pas recommencer la guerre si ses idées n’ont pas triomphé. M.Macron a tenu le choc et ce que je croyais être une bulle m’a explosé au visage. Salut l’artiste. Il a le profil du gendre idéal bien que l’on ne tarisse pas d’éloges sur son épouse, mais surtout celui de l’énarque – que l’on dénonce dans tous les cercles comme responsable de nos malheurs- qui a du culot, du talent et a fait la bonne analyse politique et de droite et de gauche,  et du banquier alors que la finance a été montrée  comme l’ennemi et que le mondialisation est haïe par de nombreux citoyens qui en sont exclus. Il a eu aussi l’effronterie de nous dire que l’Europe n’était pas coupable de tous nos maux, et qu’il fallait cependant en rediscuter les grandes lignes pour avoir plus de bénéfices et d’efficacité. Que l’Etat est nécessaire, redéfini dans son périmètre et qu’il doit d’abord assurer la protection. Qu’enfin un peu moins de fonctionnaires et une diminution des dépenses publiques ne pourraient qu’améliorer la situation. Ce libéralisme  est prometteur. J’ai donc eu tout faux dans mon vote , bien que mes électeurs et amis de la petite commune rurale de l’Oise où je suis élu m’aient averti qu’ils voteraient front national ou Mélenchon pour en finir avec cette quasi chienlit selon eux ,qu’ils ne voulaient plus ni écologistes ni socialistes mais que la droite républicaine  au pouvoir avec l’alternance depuis des dizaines d’années avait aussi échoué, qu’elle ne se renouvelait pas ni dans son programme ni dans ses candidats,  que la division des chefs au sommet était lamentable et qu’elle avait  laissé bâtir  une société qu’ils ne comprenaient plus et qui les isolait, et qu’après  tout  le jeune Macron paraissait bien sur lui (ils ne parlaient pas de son costume !), avait certes soutenu le président Hollande, mais qu’un péché de jeunesse se corrige. Ils ont eu raison. Je suis leur «  chef » donc j’aurai du les suivre, et faire mon mea culpa sur la société qui existe et que je n’ai pas su –même si j’avais de petites responsabilités- rendre attractive et plus juste.

J’ai été élu pour la première fois à un peu moins de 23 ans en … 1971 .Bonjour le renouvellement même si c’est vrai les jeunes ne se précipitent pas pour prendre actuellement les rênes pour des raisons liées à la famille, le temps, le travail et le mauvais exemple des élus qui se chamaillent dans les médias et au parlement sur n’importe quoi  et dramatisent tout désaccord. J’avais écris dans ma presse locale vers 1980 un article intitulé « place aux jeunes ».Je suis toujours conseiller municipal !. Je crois avoir été entendu en 2017, mais je suis devenu un peu sourd de l’oreille droite celle qui enregistrait  bien le programme des républicains. Une nouvelle génération   , encadrée par des anciens et notre administration solide et remarquable doit prendre les commandes  et c’est plutôt rassurant pour les jeunes qui malgré leurs diplômes ne trouvent pas de CDI car ils n’ont pas d’expérience, leur dit-on. En politique l’inexpérience  conduit parfois droit dans le mur, quand la crédulité et les bons sentiments se conjuguent avec une idéologie basée sur des vies d’apparatchik. Mais la jeunesse peut être un atout formidable si l’on reste dans le concret et la volonté de rassembler . Il ne faut pas non plus écarter par principe  ceux qui se sont dévoués pendant des années  au service des citoyens et qui ont toutes les qualités outre la connaissance des rouages et du fonctionnement des institutions qu’il ne faut pas changer d’un trait de plume : la Vème république a fait ses preuves. On a évité le pire  de peu à savoir que l’insoumis en chef  beau parleur  talentueux ne soit qualifié voire élu. Comment aurait il gouverné avec ses amis qui refusent tout , sont contre tout et son contraire  et débattent en permanence  avec la vocation de désobéir  pour ne se soumettre à rien  et à personne ? Je me demande comment on peut être en 2017 en France mère des arts, des armes et des lois, pays des droits de l’homme, trotskistes ou émules de Gramcsi, révolutionnaires de droite ou de gauche , ou nihilistes qui veulent casser la baraque ( mais pas comme M.Fillon le proposait) en hurlant au fascisme et au racisme permanents de surcroît. Notre démocratie peut et doit être améliorée ; il faut combattre les injustices et les inégalités les plus criantes. Mais il faut d’abord réformer sans retour à la lutte des classes car on ne peut redistribuer les richesses que si on en a créées, et il faut le dire en demandant à chacun un effort proportionné à ses moyens ne serait ce que pour ceux qui bénéficient d’avantages d’une autre époque. Il faut aussi continuer à s’ouvrir car se replier dans un pré-carré n’a jamais été la panacée. La France n’est prospère que si elle produit, échange, accueille les autres tout en préservant  ce qu’elle est et ses propres intérêts matériels , humains et culturels et en ayant des valeurs universelles .Pour reprendre une expression à la mode « en même temps » que nous sommes de gauche ou de droite, et surtout républicains attachés à la démocratie, soyons certes forts mais surtout fraternels. Je félicite le vainqueur de l’élection présidentielle que je n’ai pas choisi dans un premier vote, et j’espère qu’il sera à la hauteur de la situation et de ses promesses. Mais par prudence et parce qu’ il me semble que les français adhèrent à une autre philosophie plus de droite,  je souhaite que les élections législatives donnent une majorité solide et cohérente, avec des députés blanchis sous le harnais à coté de plus novices car comme le préconisait Montesquieu  les contre-pouvoirs sont nécessaires  et le président de la république a besoin d’être aiguillonné par une opposition de qualité compatible avec son propre projet pour redresser le pays .Je ne me risque pas à pronostiquer le résultat car j’ai été mauvais dans ce domaine. N’est pas pythonisse qui veut.