N’est pas
pythonisse qui veut.
Par
Christian FREMAUX avocat honoraire et élu local.
Je me suis
trompé sur le résultat du premier tour de l’élection présidentielle ce
qui n’étonnera pas ceux qui me connaissent
mais me stupéfie car j’ai une haute opinion de moi surtout pour parier sur ce qui est avéré et pour penser comme la majorité de ceux qui
donnent leur avis alors qu’on ne leur a rien demandé. C’est fou le nombre de
spécialistes de la science politique qui
croient détenir la vérité et pouvoir faire des pronostics qui se révèlent inexacts sur la
comète et qui concluent sérieusement que
tout est possible ! . Tout cela pour ça .J’aurai pu parvenir à cette
brillante solution tout seul. J’espère
que nos éminents savants descendront de
leur piédestal et seront désormais plus modestes. J’avais écouté
pendant des mois tous les commentateurs qui pullulaient sur les ondes et
les écrans, regardé les débats, réfléchi aux discussions sans fin sur des
sujets souvent futiles n’abordant pas les arguments de fond de l’économie avec
le marché du travail, la sécurité, la
laïcité , la nation, notre identité, l’Europe, le contexte international…, pesé les arguments filandreux ou flous
des uns et des autres, et finalement j’avais fait un choix partisan
celui qui conforte dans ses certitudes. J’ai toujours exécré les extrêmes qui
me paraissent démagogiques et qui flattent l’électeur dans ce qu’il veut
entendre-dégagez par exemple- Je pensais que le programme de la droite
républicaine, celle qui a déjà gouverné, globalement car je ne partage pas
toutes les mesures proposées, était le
plus raisonnable , le plus structuré,
nourri de ses échecs précédents, de ce qui n’avait pas été fait sous le
président Sarkozy , le plus près de la vérité et donc le meilleur. Les français,
y compris des gens de droite, ont sèchement dit non pour des raisons certes liées aux problèmes
personnels du candidat qui a déçu voire outré à titre personnel sur le plan
moral mais aussi sur les réformes à mettre en œuvre qui semblaient nécessaires
mais qui ont paru sévères , et peu humaines.
Et « la tendresse bordel » où était- elle ? On ne saura
jamais si M. Fillon aurait gagné sans ses casseroles. Mais on a la certitude
qu’il aurait du un peu infléchir son programme et ne pas rester droit dans ses
bottes. Il faut savoir naviguer à vue. La raison conduit parfois à l’échec. L’homme
est imprévisible et il a besoin de croire et d’espérer même s’il devine que le
succès n’est inscrit nulle part, et que chacun détient une part de la réussite.
Cependant il faut choisir, faire un pari sur l’avenir et ne pas recommencer la
guerre si ses idées n’ont pas triomphé. M.Macron a tenu le choc et ce que je
croyais être une bulle m’a explosé au visage. Salut l’artiste. Il a le profil
du gendre idéal bien que l’on ne tarisse pas d’éloges sur son épouse, mais
surtout celui de l’énarque – que l’on dénonce dans tous les cercles comme
responsable de nos malheurs- qui a du culot, du talent et a fait la bonne
analyse politique et de droite et de gauche, et du banquier alors que la finance a été
montrée comme l’ennemi et que le
mondialisation est haïe par de nombreux citoyens qui en sont exclus. Il a eu
aussi l’effronterie de nous dire que l’Europe n’était pas coupable de tous nos
maux, et qu’il fallait cependant en rediscuter les grandes lignes pour avoir plus
de bénéfices et d’efficacité. Que l’Etat est nécessaire, redéfini dans son
périmètre et qu’il doit d’abord assurer la protection. Qu’enfin un peu moins de
fonctionnaires et une diminution des dépenses publiques ne pourraient
qu’améliorer la situation. Ce libéralisme
est prometteur. J’ai donc eu tout faux dans mon vote , bien que mes
électeurs et amis de la petite commune rurale de l’Oise où je suis élu m’aient
averti qu’ils voteraient front national ou Mélenchon pour en finir avec
cette quasi chienlit selon eux ,qu’ils ne voulaient plus ni écologistes ni
socialistes mais que la droite républicaine
au pouvoir avec l’alternance depuis des dizaines d’années avait aussi échoué,
qu’elle ne se renouvelait pas ni dans son programme ni dans ses candidats, que la division des chefs au sommet était
lamentable et qu’elle avait laissé
bâtir une société qu’ils ne comprenaient
plus et qui les isolait, et qu’après
tout le jeune Macron paraissait bien
sur lui (ils ne parlaient pas de son costume !), avait certes soutenu le
président Hollande, mais qu’un péché de jeunesse se corrige. Ils ont eu raison.
Je suis leur « chef » donc j’aurai du les suivre, et faire mon
mea culpa sur la société qui existe et que je n’ai pas su –même si j’avais de
petites responsabilités- rendre attractive et plus juste.
J’ai été élu
pour la première fois à un peu moins de 23 ans en … 1971 .Bonjour le
renouvellement même si c’est vrai les jeunes ne se précipitent pas pour prendre
actuellement les rênes pour des raisons liées à la famille, le temps, le
travail et le mauvais exemple des élus qui se chamaillent dans les médias et au
parlement sur n’importe quoi et
dramatisent tout désaccord. J’avais écris dans ma presse locale vers 1980 un
article intitulé « place aux jeunes ».Je suis toujours conseiller
municipal !. Je crois avoir été entendu en 2017, mais je suis devenu un
peu sourd de l’oreille droite celle qui enregistrait bien le programme des républicains. Une
nouvelle génération , encadrée par des anciens et notre
administration solide et remarquable doit prendre les commandes et c’est plutôt rassurant pour les jeunes qui
malgré leurs diplômes ne trouvent pas de CDI car ils n’ont pas d’expérience,
leur dit-on. En politique l’inexpérience
conduit parfois droit dans le mur, quand la crédulité et les bons
sentiments se conjuguent avec une idéologie basée sur des vies d’apparatchik.
Mais la jeunesse peut être un atout formidable si l’on reste dans le concret et
la volonté de rassembler . Il ne faut pas non plus écarter par principe ceux qui se sont dévoués pendant des années au service des citoyens et qui ont toutes les
qualités outre la connaissance des rouages et du fonctionnement des
institutions qu’il ne faut pas changer d’un trait de plume : la Vème
république a fait ses preuves. On a évité le pire de peu à savoir que l’insoumis en chef beau parleur talentueux ne soit qualifié voire élu. Comment
aurait il gouverné avec ses amis qui refusent tout , sont contre tout et son
contraire et débattent en permanence avec la vocation de désobéir pour ne se soumettre à rien et à personne ? Je me demande comment on
peut être en 2017 en France mère des arts, des armes et des lois, pays des
droits de l’homme, trotskistes ou émules de Gramcsi, révolutionnaires de droite
ou de gauche , ou nihilistes qui veulent casser la baraque ( mais pas comme
M.Fillon le proposait) en hurlant au fascisme et au racisme permanents de
surcroît. Notre démocratie peut et doit être améliorée ; il faut combattre
les injustices et les inégalités les plus criantes. Mais il faut d’abord
réformer sans retour à la lutte des classes car on ne peut redistribuer les
richesses que si on en a créées, et il faut le dire en demandant à chacun un
effort proportionné à ses moyens ne serait ce que pour ceux qui bénéficient
d’avantages d’une autre époque. Il faut aussi continuer à s’ouvrir car se
replier dans un pré-carré n’a jamais été la panacée. La France n’est prospère
que si elle produit, échange, accueille les autres tout en préservant ce qu’elle est et ses propres intérêts
matériels , humains et culturels et en ayant des valeurs universelles
.Pour reprendre une expression à la mode « en même temps » que nous
sommes de gauche ou de droite, et surtout républicains attachés à la
démocratie, soyons certes forts mais surtout fraternels. Je félicite le
vainqueur de l’élection présidentielle que je n’ai pas choisi dans un premier
vote, et j’espère qu’il sera à la hauteur de la situation et de ses promesses.
Mais par prudence et parce qu’ il me semble que les français adhèrent à une
autre philosophie plus de droite, je
souhaite que les élections législatives donnent une majorité solide et
cohérente, avec des députés blanchis sous le harnais à coté de plus novices car
comme le préconisait Montesquieu les
contre-pouvoirs sont nécessaires et le
président de la république a besoin d’être aiguillonné par une opposition de
qualité compatible avec son propre projet pour redresser le pays .Je ne me risque
pas à pronostiquer le résultat car j’ai été mauvais dans ce domaine. N’est pas
pythonisse qui veut.
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