vendredi 22 juin 2018

N’est pas Beaumarchais l’insolent qui veut : ou le président doit il en droit ou en fait encaisser n’importe quelle remarque ou interpellation désobligeantes ?



Par Christian FREMAUX avocat honoraire et élu local.
L’actualité nous réserve parfois de bonnes surprises à l’occasion de ce qui n’était pas prévu.
Ce fut le cas  lundi 18 juin date historique pour ceux qui ont de la mémoire et de la reconnaissance dans ce  prétendu nouveau monde qui va vite, qui réconcilie d’un seul coup le coréen Kim et l’américain Donald, qui crée la polémique sur l’Aquarius bateau d’une ONG  qui estime détenir la vérité sur ce qu’il faut faire avec les migrants, et j’en passe.  Mais il ne faut pas donner plus d’importance que cela n’en vaut à des faits divers quotidiens qui sur le moment irritent, mais ne changent pas la face du monde  ni le nez de Beppe Grillo et de ses alliés, ou autre dirigeant atypique  dans le monde ou chez nous, et il y a le choix . Ces épiphénomènes  témoignent cependant d’un état d’esprit  qui dérive et qui pourrait devenir inquiétant, où tout se vaut, où le respect est rangé au magasin des périmés ou des hors service,  et où les rapports humains n’ont plus de sens . Pierre Desproges disait que l’on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui. Notre Président de la République peut- il être un homme comme un autre ? Ce n’est pas une question du bac. Mais une interrogation qui répond  à la péripétie du jour.  Qui a pris une tournure juridique voire judiciaire, on n’est plus à une incohérence potentielle.
Nous étions donc lundi 18 juin 2018 au mont Valérien haut lieu de la résistance. Le Président Macron venait de rendre hommage à ceux qui se sont sacrifiés et ont souffert dans leur chair pour que nous puissions vivre libres, tout contester en faisant la grève même quand la loi est votée, vouloir rejouer mai-68 mais exiger  en même temps de  pouvoir passer les épreuves du bac , car il ne faut pas insulter l’avenir, et le président venait de promouvoir grand-croix de la légion d’honneur M.Daniel Cordier -97 ans-alias Caracalla dans la résistance, secrétaire du Préfet jean Moulin dit Max  chargé d’unifier les réseaux français pendant la guerre à la demande du général de Gaulle (aurait il supporté que l’on l’apostrophe par un « salut charlot comment vas-tu » ? alors qu’à son époque existait le délit d’offense au chef de l’Etat), Jean moulin   héros et symbole du résistant aux nazis, à la barbarie, au racisme, qui fut trahi à Caluire, torturé par la gestapo et qui est mort  pour la France. Je n’y insiste pas, avec les camps de concentration, et la barbarie qui  continue à exister actuellement dans certaines parties du monde. Je me souviens c’est tout.  Avec la Marseillaise et le chant des partisans qui ont retenti c’est dire que le moment était au recueillement et au sérieux, et qu’il ne s’agissait pas de se moquer ou d’ironiser ou de vouloir faire le malin.  Beaucoup de jeunes de 15-20 ans environ  assistaient à la cérémonie et l’un d’entre eux, bon chic bon genre  élève de 3ème  je crois, s’est distingué en saluant le président d’un désinvolte « ça va manu ? ». L’insolent a été surpris car le chef de l’Etat a répondu sèchement et l’interpellateur qui devait être fier de son « courage » ne devait pas s’attendre à une reprise de volée (nous sommes après Roland-Garros et pendant le mondial de foot qui intéresse les jeunes comme les ainés) , et il a pris une tôle (ce qui vaut mieux que d’aller en taule). Aux yeux de ses amis il est devenu un bouffon et il parait qu’il le vit mal : mais  il doit aujourd’hui réfléchir à son audace ce qui pourra lui servir s’il obtient le brevet avec mention comme lui a conseillé le président, et si plus tard il est  un de nos brillants étudiants qui choisissent le service public et celui de l’Etat. S’il devient haut fonctionnaire il pourra être quasi insolent  avec impunité, passer du public au privé et inversement, être mauvais  ce qui se voit, voire prêcher sans risque la révolution ; c’est ce que je pense bien sûr , et peut être aussi  M.Macron qui s’y connait en la matière ? Mais ne soyons pas provocateur.  Même si ce n’est pas le cas la leçon  sera utile.  Sur le moment j’ai été énervé et scandalisé par la quasi « insulte »    et je me suis dit que le respect dont se gargarisent des jeunes qui l’exigent des autres, tout en étant prêt à se battre pour un regard dit de travers, avait disparu comme la tolérance, le sens commun, l’intérêt général et autres valeurs. Est-ce le cas et qui est responsable ? Ou ne suis-je qu’un vieux ringard dépassé par l’air du temps  ce qui est acquis pour d’aucuns? Le président de la République est- il un citoyen comme un autre ?  un copain que l’on peut tutoyer, ou le considérer comme un égal ? Le président devait- il être sévère ou faire semblant de n’avoir pas entendu  et rire de la proximité revendiquée?
Puis une polémique a immédiatement démarré en droit sur la liberté d’expression et  le rapport de force entre le jeune et le président . Les intellectuels ont voulu se distinguer. Etait-ce bien utile ?
Venons aux faits : au jeune impertinent qui se croyait son pote le président Macron a répondu en se figeant et apparemment en colère : « non ,tu m’appelles monsieur ou monsieur le président de la République…tu es là dans une cérémonie officielle… quand tu auras ton diplôme et te nourriras par toi même tu pourras donner des leçons… ». Puis il lui a donné d’une voix radoucie quelques conseils pour son avenir. Fermez le ban et circulez il n’y a plus rien à voir. J’ai applaudi. Le jeune fut « scotché » et d’ailleurs s’excusa ce qui prouve qu’il avait de la réflexion et qu’il avait été insolent de son plein gré mais à son insu en mélangeant les valeurs et les fonctions. Il est sur le chemin de l’apprentissage de la vie. Ne l’accablons pas car la faute est vénielle et tout le monde a commis des erreurs de jeunesse, ou adulte s’est laissé aller à un faux pas. Mais cet incident qui n’est pas le premier de la part du président  a une signification et a déclenché une querelle de juristes.
Le président Macron est un coutumier du fait semble -t -il sans que l’on sache si c’est spontané ou si c’est une stratégie l’occasion faisant le larron ? . Il va au contact, a du courage car d’autres serraient les mains … de loin ,et ne se laisse pas faire, ce que j’approuve à titre personnel.  Prenons quelques exemples non exhaustifs car je ne suis qu’un simple individu et je ne suis pas dans le secret des dieux malheureusement :  à propos de la loi El khomri il avait dit à un jeune manifestant : « vous n’allez pas me faire peur avec votre tee- shirt. La meilleure façon de se payer un costard c’est de travailler ». Lorsqu’il a visité l’Algérie un jeune de 25 ans lui avait reproché le passé colonial de la France. Il répondit : «mais vous n’avez jamais connu la colonisation ! Qu’est- ce que vous venez m’embrouiller avec ça ? ».
Les enseignants   notamment, qui vivent des heures difficiles  avec leurs élèves ont du se réjouir que le président recadre un jeune de la génération « j’ai le droit »[auteur Mme Barbara Lefebvre. Albin Michel 2018], et la plupart des parents, en tous les cas ceux qui ne sont pas des nostalgiques de Mai-68 ont  probablement  apprécié. Notre société conteste toute hiérarchie ou autorité, même si elles sont dans l’intérêt général ; chacun vaut l’autre sans distinction  de qualité et de mérite ; les minorités surtout se font plus entendre que la majorité (silencieuse) ; les valeurs républicaines  sont contestées dans leur contenu et portée ;  il ne faut toucher à aucun pote surtout s’il a commis une faute voire une infraction sous peine d’être traité de raciste, ou  fasciste  (par ceux qui ne l’ont pas connu et qui se l’imaginent) ;  et au nom de l’égalitarisme tout se vaut  dans la confusion intellectuelle  et donc dans l’échec. Ce sont les prétendus bons sentiments qui doivent prévaloir au lieu de la raison humaniste, on victimise tout et on culpabilise ceux qui ne veulent pas partager cette analyse auto proclamée par les bien- pensants. Le président de la République aurait pu passer, faire semblant de n’avoir rien entendu, et on aurait glorifié le jeune insolent. Il a au contraire réagi, fait passer un message, rassuré ceux qui pensent comme lui, et prouvé que le président de la République mérite respect et considération, même si on n’a pas voté pour lui et que l’on conteste sa politique. C’est la démocratie.
Il faut dire que l’on revient de loin et que tout dépend de qui est le président , sa personnalité, son caractère, de quel camp politique il vient et quelle politique il porte. L’approbation ou non est à géométrie variable. Rappelons- nous le « casse- toi pauvre con » de N .Sarkozy et sa volonté de débarrasser au karcher la dalle d’Argenteuil de ses voyous . Il a trainé ces expressions comme un boulet. Pourtant avait-il  vraiment tort ?
Le Président Hollande affublé du surnom de flamby par ses proches amis, avait fait le buzz dans le dialogue surréaliste avec Léonarda qui lui donnait des conseils et des leçons de gouvernance et de morale. Il fut transparent  et l’autorité de l’Etat et de son chef fut abimée.
Le président Macron excelle dans les dialogues en direct fussent -ils tendus, et pour affirmer la préséance du président de la République sur toute autre considération, comme de ne pas répondre quand il est en visite à l’étranger sur des thèmes qui concernent le débat interne. Et de remettre aussi à leur place les médias qui se croient tout permis comme MM.Plenel et Bourdin dernièrement qui l’appelaient effrontément quasiment Emmanuel  ou monsieur Macron alors qu’ils interrogeaient le président. Ce qui démontre qu’il n’y a pas que les jeunes qui ne se « sentent » plus, qui ont la grosse tête  et qui confondent ce qu’ils sont avec celui qui a été élu par le suffrage universel. Chacun doit retrouver son rang réel, en toute humilité.
 Le président de la République pour faire moderne, modeste  et branché n’a pas à se laisser entrainer sur le terrain de la familiarité, qui ne donne pas plus de valeur à ses réponses et explications, et se mettre au niveau de ceux qui l’interpellent, même des journalistes  ce qui ne grandit pas la fonction. Le vocabulaire jupitérien me parait préférable car au moins il émane de celui qui a la responsabilité suprême. Tout le reste n’est qu’égo insupportable. Les réparties du président me plaisent car elles renvoient au fond du court ou dans ses buts celui ou celle qui a cru marquer un point imparable, un ace ou un coup franc direct. Et elles assurent la prééminence du président qui n’est pas un citoyen comme un autre qui est sommé de  rendre des comptes à n’importe qui fût- il un  professionnel de l’information , souvent partial car partisan. Merci donc à ce jeune élève qui a demandé à « Manu  »comment il allait ? ce qui a permis de mettre les points sur les i.
Et ne donnons pas plus de relief à cet incident que le président a décidé de diffuser en vidéo.  Ce n’est pas discutable il en a le droit puisqu’il s’agit d’un évènement public. Un avocat pénaliste réputé et spécialiste de cyber -harcèlement a considéré dans le journal 20 minutes  que le jeune pourrait éventuellement  se plaindre pénalement (à mon avis juridiquement non )  par la diffusion mondiale  de l’image et du dialogue émanant de l’Elysée, même si sur le plan civil il n’y a rien à dire, ce qui est exact. Imagine- t -on le jeune en question déposer plainte pénale  pour harcèlement contre le président de la République (qui bénéficie de l’immunité  pénale liée à son mandat d’ailleurs) pour lui avoir causé préjudice en le « taxant » aux yeux du monde entier, et parce que le débat n’est pas égal entre un quidam et le président de la République qui ne combattent pas  à armes égales , et dont la proportion de la défense  à l’attaque (ça va manu)  est  déséquilibrée  (non , tu m’appelles monsieur le président… ).On n’est pas dans un cas de légitime défense soyons sérieux.  
Le ridicule heureusement ne tue pas ni en droit ni en fait. Que le jeune vive sa vie et médite sur ce qu’il lui est arrivé. S’il y a une prochaine fois, ou avec d’autres responsables qu’il rencontrera,il mesurera ses paroles, et il peut dire : merci Manu, mais dans son for intérieur.



mardi 12 juin 2018

Considérations banales sur l’air du temps plutôt orageux.


Considérations banales sur l’air du temps plutôt orageux.
Par Christian Fremaux avocat honoraire et élu local.
Il pleut beaucoup et les orages non désirés comme n’aurait pas dit Chateaubriand  font des dégâts. Il n’y a pas que les conditions climatiques qui sont dérèglées, car l’on s’aperçoit aussi que l’homme parfois raisonne curieusement et que l’on est à la merci de tout.
 Ainsi en est- il dans les relations internationales avec  les deux présidents  qui ont comme différences d’être pour l’un le symbole  de la démocratie et du libéralisme et pour l’autre la caricature de la dictature communiste, et comme points de comparaison une coupe de cheveux improbable -mais tout le monde ne peut pas avoir celle de zidane ou d’yvette horner l’accordéoniste flamboyante qui a joué sa dernière note-, et des prénoms issus de disney  et de kipling , Donald (comme duck ) et kim  (comme dans la jungle  )  avec tous deux des méthodes similaires  ressemblant au poker menteur et consistant à faire monter les enchères, se fâcher, se reconcilier, montrer qui on est, puis venir discuter,  qui  se sont rencontrés  dans une mise en scène exceptionnelle à Singapour (qui paiera le prix de l’hôtel de la délégation nord coréenne qui n’a pas les moyens de payer les frais ce qui n’est pas banal ) pour deviser nucléaire  alors que les USA boycottent l’Iran  pour que cette puissance respecte le traité de démantèlement  des armes  signé , que Donald estime insuffisant et dangereux par manque de garanties données par les ayatollahs  qu’il accuse de menacer la paix et déstabiliser la région. Mais il ne fallait pas sous estimer ces deux  dirigeants qui se sont reniflés, se sont choisis ce qui est vexant pour d’autres et qui finalement ont trouvé un accord sur la dénucléarisation de la péninsule  coréenne ce qui est un évènement historique. Qui l’eût cru ?: chapeau les artistes et pourvu que cela dure et soit mis en application. La situation des Corées , de la Chine et de cette partie du monde va enfin bouger, on l’espère, voire donner l’exemple pour d’autres endroits très chauds. Comme quoi tout est possible si on sort des postures et des idéologies et parfois des médias. Mais attendons de voir…
 Heureusement que Donald  n’a pas envoyé  un tweet à Kim en revenant dans son avion air force one comme il l’a fait pour la réunion au canada  du G7 ,moins un à la fin  à savoir lui, après avoir réfléchi dans les airs et s’être désolidarisé du communiqué final ,transformant ainsi un succès diplomatique très relatif en échec avéré. Notre président préféré  E.Macron ne peut plus dire avec l’accent inimitable de Céline Dion  que son «  aaaamiiii  » Donald   l’écoute et qu’il est sérieux. Notre président a dit le contraire pour le G7 car il  s’est  un peu senti roulé et il est en colère  mais pas au point de rompre les relations - car comment se brouiller avec l’Amérique notre ami allié historique (Lafayette nous voilà !) qui a sur son territoire des milliers d’entreprises françaises et qui reste la première puissance du monde. Mais avouons- le : celui qui est un maquignon de haute volée (le maquignon est un intermédiaire qui fait des affaires parfois douteuses), et qui a fait ses armes dans l’immobilier  pour devenir milliardaire  son diplôme le plus élevé, ne ménage personne et renvoie la diplomatie de papa faite de respect et de parole donnée - je ne parle pas de ce qui est écrit qu’il ne l’oblige pas non plus  - au rayon des périmés et de la naïveté. Ce qui compte c’est lui d’abord, les USA ensuite, et les autres éventuellement s’ils peuvent lui apporter un peu de plus. Il préfère l’unilatéralisme au multilatéralisme on l’a compris.  Il va falloir s’y habituer et je ne crois  pas que c’est l’oeuvre d’un «  fou » comme on le  catalogue rapidement  et en désespoir de cause : il a ses habitudes, celle de « dealer  » pour tout y compris ce qui est essentiel pour le monde, de prendre son interlocuteur de haut en le choquant, de faire du cinéma ce qui plaît à hollywood mais pas à certains acteurs,   de le manipuler et de pouvoir mentir si c’est utile. La morale ne lui monte pas au cerveau, le droit international public ou celui de l’OMC ne le concernent pas, s’il les connait ?, et le pragmatisme lui tient lieu de doctrine. On devra s’adapter tant qu’il sera élu voire réélu car les boys du fin fond de l’Amérique aiment cela : la persuasion  de la démonstration de force et  du colt , une justice expéditive et la pendaison haut et court quelques soient les conséquences , ne sont pas que dans les westerns : elles vivent dans l’américain moyen. Le président Trump est le reflet d’une grande partie de l’électorat qui aime ceux qui font ce qu’ils disent et s’y tiennent, même s’ils ont tort. Je ne doute pas que notre Président E. Macron qui lit dans le texte et écoute Donald sans traducteur, a compris  la problématique et qu’il fera mieux la prochaine fois qu’il y aura un G, à 6 ou à 7 ou plus ?  je ne sais pas, mais je préfèrerai avec la Russie , car pour Vladimir c’est son caractère autoritaire qui ne nous plait pas et sa propension à agir sans rien demander et à récupérer ce qu’il croit être à lui –à tort ou à raison, l’histoire le guidant  ou permettant la discussion-, sans que les populations concernées ne s’expriment. La démocratie c’est avant tout l’adhésion à sa certitude. Mais comme je crois qu’il faut parler à tous, surtout à ceux qui n’ont pas nos valeurs et nos principes (devenus  moins universels que nous le souhaiterions c’est un malheureux constat) , invitons Vladimir quand Donald ou Kim, ou le grand Ayatollah sont là, et nous verrons qui a les plus grands muscles, un véritable pouvoir et qui est capable de faire prendre des décisions dans l’intérêt de la communauté internationale.
Ne raisonnons pas pour les autres avec nos critères. Essayons d’abord de réussir chez nous et en Europe avant de donner des leçons. Le progrès c’est aussi de sortir de nos schémas de pensée, de s’appuyer sur l’adversaire pour le clouer au sol, et d’utiliser nos faiblesses en autant d’atouts, dans des domaines que les autres négligent ou ne maîtrisent pas.  Abordons donc des considérations internes.
La notion de progressisme qui a accompagné les 19ème et 20ème siècle  et qui permettait de distinguer les politiquement  fréquentables et ceux qu’il fallait rejeter, n’a plus de sens. Qui est contre le progrès entendu comme l’amélioration économique et sociale, la solidarité, la lutte contre toutes les inégalités, et le bien commun pour tout citoyen qui participe par son mérite personnel et ses sacrifices à accroître la richesse de tous ?. Personne n’oserait dire le contraire  même si certains pensent  in petto  et sans l’exprimer  même implicitement de peur de passer pour un méchant ou un égoïste ennemi du genre humain,  que d’autres sont privilégiés, qu’il y a des injustices, mais  qu’après tout c’est la loi de la nature que les meilleurs en profitent. [sic].  Mais encore faut-il s’entendre  sur ce que l’on veut dire en parlant de progressisme qui s’opposerait  à conservatisme surtout en matière de valeurs humanistes et des libertés. Ne pas être progressiste en ce qui concerne les mœurs, les minorités , les migrants ou la redistribution des richesses sans se préoccuper au passage par  qui et comment elles sont produites n’est pas concevable pour les bien pensants qui sont des verbaux surtout et qui  renvoient leurs adversaires  à la catégorie de ceux qui n’ont pas de cœur , préfèrent l’identité à la diversité qui serait une chance pour la France - slogan creux , postulat indémontrable  et qui véhicule  de la repentance et de la honte -sans prouver quoi que ce soit  sur le plan du travail ou du respect des humains et de l’idéal républicain-, et montrent du doigt non pas une certaine catégorie de personnel comme on dit pour les grèves, mais des citoyens comme eux  qui  n’ont pas l’heur d’accepter les idées prétendues dominantes  mais émanant d’ une minorité,  surtout si elles sont inapplicables et peuvent nuire à la cohésion sociale.  L’écrire ainsi peut entrainer des représailles  notamment celles d’être traité de raciste ou fasciste surtout par ceux qui ne l’ont pas connu, l’imaginent et le voient partout  rampant y compris dans l’appareil d’Etat. Au mieux on est ringard, adepte de l’ancien monde et on doit être dégagé sans considération pour les services rendus.
La mode est ce qui se démode on le sait, et les pétitions de principe ou l’utopie  qui veulent soumettre la majorité silencieuse à  l’opinion d’une infime minorité qui veut bruyamment changer la vie et veut réformer le monde selon ses croyances ne servent à rien sauf à créer le désordre et faire douter de tout, ce qui devient du relativisme, puisque tout se vaut et que seul l’homme encensé selon certaines conditions , selon son origine sociale, d’où il vient et ce qu’il représente, mériterait  d’être entendu. Cependant tout n’est pas à jeter de l’ancien monde qui a bâti des institutions solides, a permis les trente glorieuses, a évité la guerre sur son territoire ou en Europe ce qui n’est pas un mince exploit,  a maintenu la France au 5ème rang des puissances mondiales, avec un état de droit, des élections libres où  ceux qui sont contre tout peuvent se faire élire et prétendre à gouverner. Que le nouveau monde fasse au moins aussi bien. D’ailleurs opposer les anciens et les modernes a déjà existé, et n’apporte rien : c’est l’addition des réussites diverses qui est utile et non  l’opposition des générations ou des méthodes dans une technologie qui évolue. Car l’être humain reste pareil  avec ses défauts et qualités immémoriales et l’intelligence artificielle avec le robot ne le remplacera pas  dans ce qui est immatériel. Certes tout n’est pas parfait. Il y a des excès et des abus, des inégalités, des territoires abandonnés et j’y inclus ceux que je fréquente en zones rurales, et de la violence beaucoup de violence  qui ne diminue pas malgré les messages de fraternité, l’éducation , les colloques où on détaille  ce qu’il ne faut pas faire, le respect de l’autre, la solidarité…Mais rien n’y fait chacun le vit dans son domaine et parfois en famille, et les pouvoirs publics de toutes tendances politiques échouent de ce point de vue  surtout quand des partis mettent un  peu d’huile sur le feu en prétendant que les braves gens sont manipulés et plus misérables  ou damnés de la terre (surtout à air France ou à la Sncf !)qu’ils ne le croient, ou que c’est la faute des étrangers qui mangent le pain  de nos concitoyens.  Comment faire ?
La vie en société n’est pas de dresser les uns contre les autres, de voir un bouc- émissaire dans le prochain. Le mot essentiel devrait être considération au-delà de l’aspect matériel  fondamental cela va de soi, et respect de ce qu’il croit on non tant en matière religieuse que politique , puisque la laïcité est le ciment de notre société. Les valeurs républicaines qui sont un repère, un socle avec des fondations solides n’ont pas à se substituer à une transcendance quelconque et devenir un nouveau  bréviaire à suivre. La république nous donne le cadre, protège les principes universels  et nous permet de vivre  en toute  liberté. Rien ne justifie la violence , jamais. Le progrès ce n’est pas  de céder à toute revendication prononcée d’une voix agressive, exigeante et menaçante, et quelque peu méprisante pour ceux qui ne sont pas d’accord. On a le droit, et souvent le devoir , de dire non en expliquant pourquoi. Le collectif doit l’emporter sur les droits individuels, ou ceux de la communauté ou des intérêts corporatistes : par exemple je ne vois pas en quoi le service public -très malmené depuis des années  par les grèves  par exemple ou ayant disparu de nos campagnes - serait atteint par la fin du statut des cheminots, ou par la privatisation d’air France  ou autres entreprises, ou par des fonctionnaires recrutés en CDI sauf dans les domaines régaliens ou essentiels pour la santé et l’éducation ou vitaux pour le pays , tous les personnels n’étant pas concernés directement  par ces missions. Et je m’insurge contre l’idée que seuls ceux qui travaillent dans le secteur public sont utiles à la nation.  Le secteur privé produit la plupart des richesses, et sert aussi l’intérêt général.( par exemple et au hasard un avocat est commis d’office et défend gratuitement, ou doit accepter l’aide juridictionnelle pour que chacun ait une chance égale en justice). Un travailleur est un travailleur où il exerce.  Que l’égalité dont on nous rebat les oreilles commence  dans le domaine public qui doit s’aligner sur les devoirs du privé. La nécessité d’après 1945 pour reconstruire la France et attirer des talents en les fidélisant , n’a plus lieu d’être et se revendiquer du programme  du conseil national de la résistance doit faire rire les derniers compagnons de la libération. Nos actuels  hauts fonctionnaires l’ont bien compris eux qui pantouflent après avoir constitué un carnet d’adresses et font des allers-retours public-privé dans les deux sens désormais ,au gré de leurs intérêts. Il suffit de suivre l’actualité et les plaintes de l’association anti cor pour comprendre l’enjeu.
Ce que je  n’aime pas actuellement c’est la contradiction permanente :  faites ce que je dis, et pas ce que je fais. Je choisis volontairement et arbitrairement  une star des médias,  M.Coquerel député de la France insoumise qui  a été entartré . Le parti a hurlé à une atteinte à la démocratie : halte à l’enflure ,un peu de modestie SVP et d’humour surtout de la part  d’un parti qui ne ménage pas les autres et a le verbe fielleux.  D’autant plus que M. Coquerel a défilé ce qui doit être progressiste pour un élu de toute la nation,  écharpe tricolore au vent ,avec les manifestants unis de la SNCF, des fonctionnaires et d’autres catégories sociales, en compagnie des blacks blocs et autres gentils casseurs. M.Coquerel a été gazé, et il en a  pleuré en protestant qu’on attentait à un élu de la république, et en disant peut être  que la police était répressive ( je ne sais pas s’il aurait  osé dire fasciste ?) et que ses violences étaient inacceptables. Fermez le ban , le ridicule ne tue pas… M.Coquerel n’est naturellement pas le seul à gérer ses contradictions (comme moi ou quiconque)  : le peuple politique se distingue parfois par des sorties verbales curieuses, surtout quand il travaille trop et approche le burn-out  , être député semblant  être un métier impossible, harassant , mal payé : que la CGT s’en mêle avec le soutien de la France insoumise !. Une bonne  grève  du zèle nous permettrait d’avoir moins de lois ce que tout le monde approuvera.
Enfin pour moi le progressisme ce serait de rétablir l’ordre républicain, d’appliquer la loi qui protège  (si elle est bien pensée et écrite) et  faire preuve d’autorité qui n’est ni l’autoritarisme ni la violence de l’Etat ou autres pouvoirs en action. L’autorité c’est faire respecter les décisions de justice -y compris quand l’Etat est condamné- qui sont rendues au nom du peuple français c’est-à-dire de la majorité qui ne s’exprime pas, subit parfois, et ne doit pas se laisser aller à ne voir que ses intérêts même s’il est recommandé de les défendre.  Les médias pourraient participer à créer un climat plus positif, en parlant de ce qui marche, sans négliger ce qui est l’horreur qui existe,  les meurtres ou assassinats, la violence, la barbarie des terroristes, le chômage ou les délocalisations, les menaces diverses,  leur rôle étant d’informer  c’est-à-dire rapporter des éléments vérifiés et objectifs mais pas de prendre position ou de penser pour influencer les autres ceux qui sont des présumés  ignorants,  ou de refaire le match à leur manière ou de juger à la place de ceux dont c’est le métier. La France ne peut être un gigantesque forum permanent qui décide à main levée de telle ou telle décision que l’exécutif n’a plus qu’à mettre en place, voire en ligne. Le débat démocratique oui, la dictature des bien pensants ou qui se croient modernes, non.
Le progressisme ce serait d’évoquer l’avenir de nous dire ce vers quoi nous tendons et ce que nous serons collectivement plus tard, quelles valeurs nous défendrons, quel idéal ou objectif pourront nous enthousiasmer,  et comment y parvenir. Sera -ce le paradis des droits individuels mais dans quel  cadre, et qui paiera et protégera  le collectif ? Ou au contraire  faudra- t- il limiter nos ambitions personnelles  pour que l’unité globale  se développe, qu’il y ait plus d’égalité et de solidarité, dans un monde apaisé ou  plus dangereux ? Nous avons le nez sur le guidon et nous ne réfléchissons pas à ce qui est notre destin qui d’ailleurs ne dépend pas uniquement de nous  puisque nous sommes indépendants dans l’interdépendance selon la formule ancienne d’Edgar Faure. La démocratie comme nous la vivons perdurera – t -elle ou d’autres formes de gouvernement s’imposeront- t -elles sous la poussée des populistes par exemple ou plus grave des mouvements qui prônent des régimes plus « forts » ?   Il faut y réfléchir si nous ne voulons pas de réveils douloureux ou devoir agir à chaud. Et il faut être pragmatique seule « idéologie » qui vaille la peine de s’y arrêter, sinon on est hors sol.
Le philosophe Pierre Manent ancien disciple de Raymond Aron explique que la doctrine des droits de l’homme seul principe de légitimité encore accepté en Europe, rend impossible la délibération publique et l’art de gouverner [ la loi naturelle et les droits de l’homme Ed.PUF 2018]. Il ajoute que l’on ne croit plus en un ordre collectif et on réduit la nature à l’individualité.  
Voilà à quoi je pensais  tandis qu’il pleuvait à torrents, que les inondations détruisaient tout et que des habitants dans le malheur pleuraient en direct victimes  par le coup du sort et la force impitoyable de la nature (au secours M.Hulot  le spécialiste du climat, le lanceur d’alerte en chef!) ; que la grève à la Sncf se poursuivait,  qu’un répit pour reprendre son souffle était programmé sur la ZAD de notre dame des landes avant l’évacuation définitive, on y croit ; pendant  que Donald et Kim rayonnaient ( pas par l’effet des émissions nucléaires je pense) ,   sachant que le mondial de football allait débuter  en Russie (merci Vladimir et allez les bleus) et être suivi du tour de France cycliste qui permet de faire des efforts sans bouger de son fauteuil,  avec les vacances sous le soleil on l’espère  et avec des trains pour que les cheminots en grève puissent voyager, ou des avions pour que les commandants de bord valident leurs acquis .Le progressisme a encore de bons aspects conservateurs  qui sont éternels donc modernes, tout n’est pas  encore perdu.



vendredi 8 juin 2018

Voter en 2019 pour l’Europe oui, mais pas pour des « hologrammistes »


Voter en 2019 pour l’Europe oui, mais pas pour des « hologrammistes ».
Par Christian FREMAUX avocat honoraire et élu local.
 Avertissement. Je n’ai pas écrit en avril et mai car il y a eu trop de week-end, de jours fériés, de ponts et viaducs et cela incite à la paresse. N’est- ce pas les patrons ? Certains se réjouiront de ma carence, merci beaucoup. En fait je n’avais rien à dire, je n’avais pas de vraies idées et il y a trop de sujets ou de commentaires à faire sur ce qui se passe et disparait aussitôt l’information chassant la nouvelle, entre les faits divers ou la réalité atroce des guerres, de l’escalade nucléaire, les meurtres ou assassinats qui révèlent la violence et le côté très très sombre de l’être humain et je n’ai aucune compétence pour disserter sur cet aspect de la vie.  Je n’en ai d’ailleurs pas plus sur d’autres sujets que je choisis arbitrairement selon mon humeur  mais au moins je me fais plaisir. Et puis revoilà bientôt l’été , les grandes vacances,  et j’ai un sursaut de regain comme retraité actif, profession difficile car on peut se laisser aller à regarder Roland-Garros, puis la coupe du monde de football en Russie, et enfin le tour de France cycliste. On arrive gaillardement à fin juillet avec ce programme qui ne gêne personne. Pendant ce temps le gouvernement fait ce qu’il doit ou peut, les syndicats continuent leurs grèves jusqu’au moment où leurs adhérents partiront en train ou en avion  en congés payés, harassés de n’avoir pas travaillé et ennuyé les usagers et clients ,  et on préparera dans l’invective et la furie  les élections européennes dès la rentrée d’octobre. Tout est donc en ordre. Mais j’ai décidé de m’y remettre, je m’y suis mis : j’ai réécris sur le populisme et l’Europe. Tant pis pour ceux qui ne m’aiment pas, ils ne sont pas obligés de me lire.  


Je n’ai jamais voté pour un parti dit populiste-le populisme est à l’ordre du jour comme vous l’avez remarqué  mais on ne sait pas précisément ce qu’il contient -qu’il soit de droite , de gauche ou de nulle part ,voire consumériste. J’étais trop jeune pour voter pour pierre Poujade  papetier de métier à la tête d’un mouvement anti fiscal transformé politiquement pour sortir les sortants et qui a réussi  à avoir de très nombreux députés en 1956, pour laisser ensuite la place à Monsieur (je précise car les héritières se font concurrence )Jean -marie Le Pen, et à mon excellent patron  et maitre de stage Jean-Louis Tixier-Vignancour qui recueillit plus de 5% des voix à l’élection présidentielle de 1965,- ce qui mit en fureur et en ballotage le général de Gaulle-  et qui était un extraordinaire avocat( défenseur  notamment du général Salan et de  l’écrivain controversé mais de talent Louis-Ferdinand Destouches dit Céline), un ténor du barreau lui,  avec des valeurs de droite ancrées. Mais c’est une autre histoire. Comme avocat j’ai défendu des commerçants et artisans qui se battaient contre l’Etat déjà, la paperasse, l’administration tatillonne,  avec Gérard Nicoud fondateur du Cid unati, qui fit un petit séjour en prison puis disparut de la scène politique . C’était dans les années 1975-1980, je venais de prêter le serment d’avocat. L’Europe n’était pas encore devenue l’union européenne telle qu’on la connait. Je n’ai jamais non plus partagé les idées des admirateurs de Trotski ou Mao,  ni celles des idolâtres de l’Urss avant de se repentir. Mais le mal était fait. Toutes ces lumières ou plutôt ces bougies vacillantes ont cependant fait une belle carrière politique pour la plupart,  se sont allégrement trompées de leur plein gré à leur insu ,mais donnent encore des leçons, et critiquent le populisme qui est pour eux soit du racisme soit du fascisme n’ayons pas peur des mots, et affublent ceux qui votent pour de tels partis d’ignorants, de moins que rien, qu’il faut redresser - intellectuellement parlant car les camps n’existent plus -   et guider vers de vertes prairies et des matins radieux. Les élites ne peuvent avoir tort selon elles, et elles affirment que  l’Europe libérale est  globalement une réussite (Georges Marchais le très ancien et très mort secrétaire général du PCF français qui a connu son heure de gloire  après 1981 voyait dans l’Urss un bilan globalement positif ), et tous ceux qui disent le contraire  n’y comprennent rien sauf si ce sont des fausses nouvelles  que le parlement a tenté de définir avec la vérité, bon courage. On voit le résultat à travers les élections qui ont lieu depuis quelques années : les citoyens enropéens doivent être  aveugles et sourds car soit ils veulent quitter l’Europe, soit ils se replient vers leurs traditions et us et coutumes, soit ils rejettent tous ceux  qui abordent leurs côtes et pénètrent leurs territoires, soit ils veulent du changement en mettant au pouvoir des coalitions improbables. Faut-il ne rien faire , feindre de ne rien comprendre ?.
Quand le peuple ne suit plus , les élites auto-proclamées celles qui ont souvent la garantie de l’emploi, la considération des autres,  et un statut plutôt de privilégiés sans responsabilité autre que celle qu’ils s’attribuent dans la théorie, ont tendance à reprendre la formule de Berthold Brecht : «  puisque le peuple vote contre le gouvernement, il faut dissoudre le peuple ». On a n’a jamais autant parlé de populisme  qui veut dire dans la bouche  des commentateurs qui se croient éclairés , la négation de l’Europe libérale et du marché, du bonheur grâce à l’austérité (relative d’ailleurs ) avec la baisse nécessaire des dépenses publiques (réduction  que j’approuve ) , l’accueil à bras ouverts  de tous les migrants ou clandestins ce qui serait une chance ? ( à voir, l’affirmation se discute ne serait ce que pour la culture, la religion , le vivre-ensemble dans un pays laïque comme la France par exemple) , et la non fréquentation de dirigeants soit décrétés  fou (D.Trump) soit  réputés autoritaire (V.Poutine) et donc infréquentables  selon les consciences dites  supérieures. Pendant ce temps , les populistes réclament avec effronterie du pouvoir d’achat , le respect de la loi, la protection des frontières, et le maintien de nos usages.   Les guides du peuple  ne peuvent  tolérer de telles demandes et admettre ce dévoiement de leur idéal de vie, mœurs comprises, et n’ont de cesse de critiquer ceux qui veulent du changement. Et pourtant  le peuple a aussi du bon sens, a le droit d’exiger ce qui lui parait bien et de rejeter toutes les extravagances et les idéologies qui ont échoué. Il a le devoir de critiquer car c’est lui qui subit. Dire cela n’est pas être extrême,  inconscient, ou irresponsable, et n’est pas incompatible avec une démocratie et un état de droit.  Certes les argumentations radicales -il faut faire, y a qu’à- ne mènent généralement pas loin, et décider sous le coup de l’émotion aboutit parfois à les remèdes pire que le mal . Si les solutions étaient toutes faites et faciles à mettre en œuvre - par exemple non limitatif, on prend tout aux riches  on renvoie à la mer ceux que l’on ne veut pas ; on rétablit la peine de mort pour les barbares ;  on taxe untel ; on interdit le chômage et autres idées  encore plus décoiffantes… -  la vie serait un long fleuve tranquille. On serait content de nos hommes et femmes politiques – les députés du mouvement  en marche se plaignent de trop travailler, les pauvres exploités !- alors que les chômeurs cherchent en vain du travail pour vivre dignement : cela c’est de la réflexion populiste mais je me l’approprie. Nos syndicats au nombre rabougri d’adhérents réels  qui ont le culte de la grève, ce qui est d’un moderne ! n’auraient plus à défiler et à déplorer hypocritement les exactions des blacks blocs, puisqu’ils obtiendraient tout ce qu’ils demandent…Mais  cessons de rêver et abordons les rivages quotidiens, car sous les pavés il y a  la plage mais aussi des galets en surface.
Je suis franc : je crois surtout en la nation, ce qui fait le rassemblement, la cohésion sociale, notre force, faite de valeurs anciennes ou nouvelles, d’éthique, d’efforts et de mérite, de réussite collective.  Mais elle doit s’inclure dans l’union européenne, non fédérale ou confédérale , qui aide et protège les nations, doit être  à leur disposition , ne se substitue pas à elles, les défend et les aide. Il faut revenir à l’ambition des fondateurs, l’italien Alcide De Gasperi, les français Robert Schuman et Jean Monnet, l’allemand Konrad Adenauer.   On a intégré des Etats qui n’en avaient ni les moyens ni les fins, trop vite, et c’est désormais pour assister à une fuite, ou à un repli. La technostructure de la commission à Bruxelles a pris le pouvoir sur les politiques et impose ce qui lui parait essentiel y compris dans la longueur de ceci, la largeur de cela, et la couleur du tout. Elle décrète le bien.
Populiste c’est aussi un joli nom camarade, aurait pu chanter Jean Ferrat.
Le populisme c’est un type de discours  et de courants politiques qui fait appel aux intérêts du peuple et prône son recours. Héritier d’Alexandre Herzen philosophe russe  et essayiste  politique, mort à Paris en 1870, et de Nicolaï Tchernychevski écrivain et révolutionnaire russe  mais surtout nihiliste mort en 1889 , le populisme cherchait à instaurer un socialisme agraire en Russie par la transformation des communautés rurales. C’était une bonne idée en Russie ,à l’époque, mais je ne sais pas si le tsar et les grands propriétaires approuvaient ! La révolution d’octobre 1917 gela le mot puis congela toute espérance… Le temps a passé  et dans les années 1980 /1990 après la chute du mur de Berlin, le populisme réapparut en changeant de nature et de contenu pour combattre les élites, les dirigeants politiques  quel qu’ils fussent en particulier, et pour dénoncer l’Europe devenue  libérale et vaguement libertaire mais  asservie au marché et au grand capital avec des entreprises mondiales dictant leurs lois y compris aux élus nationaux.
Désormais le populisme se confond avec des partis plutôt  qualifiés de droite, ou extrême, voire anti système venant aussi de la gauche ( mais la gauche ne peut jamais avoir tort pour ses militants,  même dans ses erreurs), mouvements qui sont contre tout ce qui existe mais qui se battent pour arriver au pouvoir et gouverner. Ainsi en Italie inspiratrice du traité de Rome  de 1957 créant la communauté économique  européenne préfigurant l’union européenne ,  la ligue (ex. du nord) et le mouvement 5 étoiles de l’humoriste désormais écarté  Beppe Grillo par un fringant jeune moins drôle ,  se sont  récemment associés pour appliquer leurs solutions , et notamment  remettre l’Europe à sa place, qui doit cependant  lui donner les moyens de combattre tous les illégaux et migrants sauvages. Nous allons voir ce que nous allons voir. Les pays du groupe de Visegrad sont sur cette pente qui conduit à l’illibéralisme c’est-à-dire le marché contrôlé dans un Etat fort et pragmatique qui écoute ses citoyens. L’idéologie n’a plus sa place et les grandes théories politiques ou économiques, voires morales des 19ème et 20 ème siècle, ne sont plus en cour, ni en odeur de sainteté (surtout dans les pays laïcs) si je puis dire, une religion en particulier étant  cependant  l’ennemie. Suivez mon regard vers l’orient compliqué.  Tandis que les extrémistes ou nationalistes ou insoumis de tout poil engrangent les voix en France, Autriche, Allemagne et ailleurs, dirigent des collectivités publiques donc recherchent la respectabilité et la banalité , pèsent au niveau national et se disent prêtes à prendre et exercer le pouvoir. Les peuples ne crient pas vraiment au loup : ils ont tout essayé et sont fatigués. Pourquoi ne pas revenir à nos habitudes, nos us et coutumes séculaires, nos spécificités  qui ont fait leurs preuves, disent ceux que l’on appelle des populistes ? Le Brexit a frappé les esprits même si le vieux pays  doute et  les anglais ont toujours un pied dedans et un pied derrière ou à celui des autres  si j’ose cette image, et les « exit » font leur chemin  de tentation  dans les réflexions un peu partout, tandis que l’Espagne celle de don Quichotte et des conquistadors se déchire. Attention Europe, il y a danger. Il faut qu’elle se ressaisisse, qu’elle devienne plus forte en écoutant les peuples  dirigés par les nations, et que de technocratique elle redevienne aux services des citoyens qui expriment des besoins et des désirs, en admettant qu’il y a une réalité incontournable, et une puissance à construire dans l’intérêt général européen , et pas mondial  c’est-à-dire pour la planète entière. Il n’est pas interdit de penser aussi à soi.
Les donneurs d’ordre sont les citoyens à travers leurs représentants élus qui doivent accepter que leurs mandants  ne partagent pas leurs conseils avisés  et désintéressés, cela va sans dire. Mais  l’épisode du référendum de 2005 sur l’Europe qui a fait l’objet d’un non  franc et massif en France notamment et qui s’est transformé en  fait et en droit  en oui en 2008 n’a pas arrangé la réputation des élites. Celles-ci devraient se regarder dans la glace car elles sont à l’origine du populisme actuel. La confiance se mérite .
Le populisme est-il conciliable avec la démocratie qui est le gouvernement du peuple pour et par le peuple ? C’est la grande question. J’écarte la démocratie directe que certains prônent, avec les débats permanents, les votes collaboratifs sur tout sujet à main levée, des discussions sans fin, et aucune responsabilité puisque les élus n’ont pas à exister, et qu’il  ne faut plus d’intermédiaires. Utopie quand tu nous tiens ! La philosophe Madame Chantal Delsol  a répondu dans le Figaro du 1er juin 2018 page16 débats : « une partie de nos élites ne croient plus à la démocratie en raison précisément des préférences à leurs yeux inacceptables des peuples ». Fermez le ban et sonnez le tocsin car c’est grave docteur. C’est le retour de la « trahison des élites » comme l’a écrit en 1927 julien Benda  figure de la gauche anti fasciste qui reprochait aux intellectuels  d’adopter des passions politiques, ce qui ne nous rajeunit pas .Antoine Compagnon membre du collège de France  s’est demandé  en 2013 s’il fallait ressusciter Julien Benda ? Et ce n’est pas une «  fake news », pour parler le langage à la mode. Mme Delsol poursuit : «  il apparait clairement que l’euroscepticisme est la conséquence de l’illibéralisme : l’Europe est fustigée parce que trop libérale. D’où la surprise : les peuples refusent- ils  donc d’être libres ? D’où la question angoissée des  élites de nos pays : faudra-t-il donc les forcer à être libres ? , selon le mot d’ordre de Lénine effaçant ainsi la démocratie ? ».
L’autorité de l’Etat,  le périmètre de celui-ci et ses interventions, la sécurité au sens large,  la liberté de croire ou non, l’exemplarité dans tous les domaines, du travail et moins d’assistanat, une justice à rénover,  l’identité des peuples face à l’immigration…sont aussi au centre du débat pour les populistes. Si la démocratie est remise en question que propose t- on pour la remplacer : un régime autoritaire ? des textes liberticides dans l’intérêt de tous ? big brother (qui existe déjà, voir la protection des données personnelles) ?,  un régime sui generis qui n’a pas de précédent ? rien de précis dans le cadre cependant d’élections libres, de contre pouvoirs,dans un état de droit ? En conservant la tolérance, la solidarité, sans crier sans arrêt au fascisme, au racisme et à la discrimination ce qui commence à lasser.  Ce que semble vouloir les populistes c’est que l’on tienne compte de la réalité, de leur avis, de leurs préférences et de ne pas poser comme principe que le progrès implique des solutions basées sur l’argent, désincarnées, uniformes, lointaines et prétendues universelles.  Le progressisme n’est pas de céder à toutes les minorités, d’accabler ceux qui ne pensent pas comme les élites et  ne sont pas hyper branchés, qui vivent aussi dans les zones rurales comme leur père et grand père ce qui n’est pas honteux, qui croient au travail et se méfient quelque peu des technologies avancées qui veulent remplacer l’homme,  qui ont besoin de services publics et être égaux des autres en matière de santé, transport, téléphonie, loisirs, et droits sociaux en général… et qui veulent vivre comme des citoyens libres de leurs choix sans se sentir visés à longueur de temps par des reproches implicites. Le progrès reste donc à réinventer et le progressisme n’a pas de signification, pour eux. En revanche ils adhèrent au bon sens car ils ont constaté qu’à peu près toutes les idéologies ont coulé  et qu’on ne pourra pas faire plus mal. Changeons donc de discours et surtout de pratique. Certes cela ne plait pas à l’infime minorité qui se croit le sel de la terre et le guide suprême.  Mais force est de conclure en regardant le monde  que rien n’est parfait et qu’il y a des remises en cause qui doivent être faites d’urgence.   
Si les peuples n’existaient pas il faudrait les inventer. On peut être moderne tout en appartenant à l’ancien monde qui a lancé des starts- up après 1945 qui ont plutôt donné de la croissance .
En 2019 il y aura donc des élections européennes et les populistes et ceux qui ne savent pas qu’ils le sont , voteront. A bas la politique politicienne, continuons à dégager  ceux qui cherchent à se recaser après avoir été battus par des candidats venus de nulle part, ou ceux qui se souhaitent  une retraite heureuse et lucrative  dans les palais dorés, sans expérience particulière ou non attachés à un territoire ,une commune ou une région,  sans  ou avec compétences avérées. Car  on peut être bardé de diplômes, être connu et échouer, ce n’est pas incompatible on l’a vu, mais on ne donnera aucun nom. N’élisons pas non plus des jeunes dont les dents rayent le parquet  et qui n’ont qu’une qualité : être du nouveau monde Un élu doit rendre compte et être près de l’électeur : c’est le minimum. Mais il faudra bien voter pour quelques uns car l’abstention c’est un piège à « cons  »pour reprendre une formule peu élégante.  En 2019 il est prévu un scrutin de liste nationale et déjà chaque parti est à la recherche de la perle rare qui assurera le succès. Mais on connait la pratique : les têtes de liste se font élire puis démissionnent  pour mieux car aller voter à main levée à Bruxelles ou Strasbourg n’est pas très attrayant -pensent ils à tort- et on risque la tendinite. C’est le suivant de liste ,obscur  inconnu qui prend la place, et l’électeur est non seulement floué, mais privé d’un contact qui aurait pu lui servir. La politique européenne est une chose trop sérieuse et déterminante pour notre avenir pour qu’on puisse la confier à des élus  blasés issus  de tractations et de renvoi d’ascenseur. C’est ce que devraient penser les populistes, ceux que je rencontre  dans ma petite campagne rurale me le disent. Eux qui connaissent la politique de la PAC notamment, ou qui reçoivent des subventions de l’union européenne pour divers projets, notamment dans les collectivités locales.
Continuons à protéger les espèces rares, ce qui fera plaisir à M.Hulot,et n’envoyons pas au parlement européen des hommes et des femmes qui seront fatigués par des déplacements en première classe pour aller fabriquer les directives qui nous accablent, et les règlements qui nous entravent.  L’Europe a besoin d’élus convaincus de l’utilité d’une action collective des 28 pays moins celui ou ceux qui vont sortir. Elle ne peut être faite de gruyère avec des trous (d’ailleurs la Suisse n’y est pas) ni d’une caserne entourée de barbelés qui s’oppose à tout conquérant  par définition barbare.   L’union européenne doit être forte sur ses valeurs  éthiques, son histoire et sa vision collective, outre son système économique et social, et doit pouvoir faire front quand un pays même ami ,les USA par exemple , sanctionne nos entreprises  qui commercent dans des pays boycottés par l’oncle sam.  L’Amérique d’abord dit  le président Trump. Répondons  oui, comme l’Europe d’abord qui ne doit pas épouser les a priori et les querelles des autres, seraient ils nos alliés et nos amis. 
En 2019 votons pour l’Europe en écartant ceux qui n’en veulent pas mais se battent pour s’y faire élire (contradiction quand tu nous tiens) ! Le populisme doit se confondre avec la démocratie, qui est ancrée dans le réel et l’intérêt général. Le reste n’est qu’ambitions personnelles et on peut en dispenser ceux qui comme M.Mélenchon pratiquent l’hologramme – je les appelle des hologrammistes- et qui ne seront que des élus virtuels, donc sans consistance ou vraies convictions,  ni intérêt.