jeudi 21 décembre 2017

BONNE ANNÉE 2018

Bonne année 2018,année magique ?
Par Christian FREMAUX AVOCAT HONORAIRE ET ELU LOCAL .
Cessons les hostilités car le nouvel an arrive avec ses espoirs et noël est devenu une fête quelconque puisque  les croix et les crèches ne sont plus en odeur de sainteté devant les tribunaux  qui se prononcent en droit, et même si la mairie de paris célèbre la fin du ramadan dans ses locaux, oeucuménisme oblige. La laïcité  ne se divise pas , elle n’est ni ouverte ni fermée. A défaut  c’est  l’opportunité pour tout ce que l’on ne veut pas voir comme les prières dans les rues ou la remise en cause de pratiques à l’école ou dans la vie publique, et de ce qui fait notre tradition historique et le ciment de notre république. Mais la laïcité n’empêche pas la paix entre tous, la compréhension des autres, la cohabitation non conflictuelle et la volonté d’avoir un destin commun ce qui caractérise la nation. On ne peut effacer le passé tout  en reconnaissant les autres cultures qui s’ajoutent et ne remplacent pas: construisons un présent et un futur neufs, débarrassés de méfiances réciproques . C’est possible il faut y croire.
Halte au feu aussi sur ce qui sépare, ce qui clive, à savoir l’affrontement d’un groupe avec un autre. Tous les jours sur des sujets a priori sérieux ou plus futiles des polémiques éclatent qui ne durent  que ce que durent les roses : l’espace d’un matin, comme écrivait F .de Malherbe. L’écume cache la vague de fond qui peut causer des drames. Soyons donc prudents dans nos réactions. Le ton monte, on s’invective, on croit que c’est la fin du monde mais le lendemain on n’y pense plus ou moins, et on passe à un autre sujet tout aussi fondamental !, aussi scandaleux, aussi insupportable. Et ainsi  de suite. Jamais on ne prend le temps de hiérarchiser les priorités et les gravités, de creuser un sujet, d’y consacrer un vrai débat avec des interlocuteurs prêts à entendre et tenir compte des arguments adverses, sans camper sur leur dogmatisme ou avoir la vérité révélée et vouloir discréditer l’autre . Quand on n’est pas aux responsabilités il est facile de critiquer et de dire ce n’est pas cela qu’il fallait faire, sans pour autant donner la solution . Et quand on arrive ensuite au pouvoir on doit s’incliner devant la réalité, ses contraintes et les contradictions, voire les exagérations de ses amis, et faire au mieux . On connait tout ceci ce qui devrait conduire à la modestie et à la modération .Tel n’est pas le cas : on pérore, on affirme, on exige, on disqualifie et l’on pense être génial . Si on représente une minorité on crie au racisme, y compris de l’Etat !, à la discrimination ou au harcèlement. L’excès ne fait pas peur il est même indispensable - croit-on -pour être crédible. Basta, comme nous le disent les autonomismes et indépendantistes corses qui viennent d’avoir une élection triomphale et qui ont déjà posé leurs conditions à l’Etat . Plus rien n’est pris avec distance car tout est prétendument hyper grave. L’humour -même celui qui n’est pas drôle voire douteux- n’est plus toléré et on ne peut plus rire de tout. Un ayatollah de la pensée veille et la justice est aussitôt saisie comme si les juges qui sont des professionnels du droit avant tout étaient tous des «  pic de la mirandole », l’érudit qui avait une culture universelle sur la dignité de l’homme et la quasi réponse à tout ? Tout en dénigrant par ailleurs lesdits juges quand ils rendent des jugements qui ne conviennent pas ou sont soupçonnés d’être aux ordres des puissants .L’esprit français qu’incarnait Jean d’Ormesson a disparu avec lui :il avait l’art d’être sérieux en feignant d’être léger. Nous avons à sa place  des imprécateurs toujours mécontents de tout et son contraire .Désormais noir c’est noir comme le chantait Johnny, et les méchants pullulent. Les médias en continu qui répètent  le vrai comme le faux ou le non vérifié sont devenus des nouveaux magistrats  faisant leurs propres enquêtes dans des conditions souvent partiales et non contradictoires, partielles bien sûr  et donnent leurs conclusions comme si c’était la vérité. En cas d’erreurs ils ne peuvent pas être sanctionnés et ne s’excusent pas car ils sont présumés  de bonne foi, ont un devoir d’information  exigeant la transparence absolue pour les autres et sont neutres ,selon eux !. L’opinion publique est devenue la reine des élégances, l’arbitre suprême puisque les sondages font office de lettres de cachet,  et on lui sacrifie tout, vie privée comme présomption d’innocence, séparation des genres en devenant une autorité judiciaire bis qui se prononce à chaud sur l’émotion, et mise au ban de la société de ceux qui ne sont pas dans les normes édictées par une minorité  agissante décrétant quel est le camp du bien.
Le procès qui a eu lieu début décembre 2017 de M .Georges Tron maire de Draveil devant la cour d’assises de Bobigny  pour viols et agressions sexuelles est une illustration de ce que je dis. N’ayant pas lu le dossier et n’ayant pas assisté aux audiences , mon avis n’a qu’une valeur relative puisque je m’appuie sur les compte-rendus de la presse dont je viens de dénoncer les défauts. Mais après 42 ans de barreau et de plaidoirie y compris devant les juridictions pénales dont la cour d’assises j’estime pouvoir formuler quelques explications crédibles sur ce qui s’est passé. Je ne soutiens ni ne défends M.Tron qui a d’excellents avocats. L’ordre moral et le puritanisme ne doivent pas s’installer .Mais comme petit  élu moi-même  je m’étonne que M.Tron « prenne  son pied » par l’exercice de la réflexologie plantaire  pratique médicale alternative, ce qui est son droit sauf qu’il exerçait dans son bureau de la mairie, ce qui est peu usité et me parait déplacé puisque un élu  surtout ancien ministre et député doit donner l’exemple en toutes les matières y  compris pour sa vie personnelle.  On tombe certes  dans la subjectivité . Jacques Chirac flattait le cul des vaches mais c’était au vu de tous au salon agricole notamment . Revenons donc à nos moutons .
La procédure d’instruction a duré plusieurs années et M.Tron a bénéficié de non -lieux, le parquet ne s’y opposant pas . Le parquet est composé de procureurs en correctionnelle et d’avocats généraux devant la cour d’assises. On sait que le parquet est indivisible et que ses réquisitions s’imposent à tous ses membres. Bien sûr cette règle de droit connait une exception qui s’exprime ainsi : « la plume est serve mais la parole est libre ». Autrement dit l’avocat général qui porte l’accusation contre M.Tron doit suivre les réquisitions d’acquittement s’il y en a, mais rien ne lui interdit de dire le contraire oralement ! C’est ce qui est arrivé pour M.Tron si j’ai bien compris. L’avocat général à l’audience a eu l’air de considérer que M.Tron pouvait être coupable .Divine surprise pour les plaignantes et grosse colère de la défense .Après quatre jours d’audiences chaotiques  le procès a du être arrêté et renvoyé à une date ultérieure sans précision .On ne sait pas s’il reprendra ce que j’espère car soit M.Tron est innocent et il doit être lavé des soupçons, soit il ne l’est pas et les plaignantes doivent être reconnues comme victimes.Ce sont les motifs du renvoi qui m’ont chagriné :
-une émission de télévision plutôt à charge de M.Tron a été diffusée pendant  que le procès se tenait, alors que l’avocat de M.Tron avait écrit au CSA pour demander la non- diffusion. Il avait raison : la cour aurait du appuyer cette demande ;
- mais le plus scandaleux pour forcer les mots est que les réseaux sociaux ont mis en cause le président (un homme) de la cour pour lui reprocher les questions incisives et indiscrètes qu’il posait aux plaignantes ce qui serait un manque de respect .Les bras m’en tombent et cela me rappelle un procès célèbre d’il y a longtemps devant une juridiction d’exception où le président répondait systématiquement à la  défense : « la question ne sera pas posée » ce qui permettait de ne pas mettre en cause le pouvoir d’alors.
Il est du devoir du président de mener les débats à charge et à décharge envers toutes les parties . L’avocat de la défense comme celui des parties civiles s‘il l’estime utile doit pouvoir aussi aller aussi loin qu’il le souhaite dans son interrogatoire, avec délicatesse mais tout dépend de l’interrogateur,  sans insulter ou rabaisser  celui ou celle qui est concerné. Une audience n’est pas un lynchage en direct mais le moment où l’on essaie de faire émerger une vérité qui sera judiciaire. On doit pouvoir poser des questions qui dérangent, qui touchent à l’intimité en matière de viols ou agressions sexuelles, car les enjeux sont graves pour toutes les parties. On n’envoie pas une personne en prison pour de longues années sous le coup de l’émotion, ou pour faire un exemple. L’intime conviction des jurés d’assises doit être étayée par des faits avérés, une convergence tendant à la culpabilité ou mieux des preuves quand elles existent. Le climat extérieur comme «  balancetonporc » ou l’affaire «  Weinstein » ne sont pas des éléments à charge.
-« la foi du palais »  qui est un élément structurant pour un avocat comme le secret professionnel. Qu’est ce que c’est ? C’est une réunion informelle ou une discussion  entre avocats, ou entre avocats et magistrats pour faire le point d’une difficulté et essayer de trouver une solution qui satisfait tous les participants . Elle est confidentielle par nature et tout ce qui s’y dit ne doit pas être répété ou utilisé contre quiconque .Chacun peut exprimer ses interrogations, faire part de ses états d’âme, émettre des hypothèses, proposer un compromis sans que cela n’aboutisse d’ailleurs . C’est comme cela qu’on arrive à des accords ou à apaiser des contentieux.  Si l’on prend une comparaison, en matière diplomatique on essaie de rapprocher les points de vue  de façon discrète voire secrète avant d’organiser la réunion officielle et de signer un traité .La foi du palais est une  pierre angulaire de la justice et la trahir est grave. Dans le procès Tron il semble que le président ait laissé perçer son amertume d’avoir été mis en cause, et s’est demandé si une femme président  n’aurait pas fait mieux que lui. De ce point de vue je ne partage pas son avis ; une femme aurait pu être tout aussi intrusive, voire plus féroce.
Toujours est-il qu’à la reprise de l’audience l’avocat de M.Tron a parlé publiquement de ce qui s’était dit sous la foi du palais  pour justifier une demande de renvoi qui lui avait été précédemment refusée, et ce fut un tollé des autres avocats et certainement des magistrats. Ledit avocat a justifié la violation de la foi du palais par l’intérêt supérieur de son client . Cela se discute et ne doit pas se renouveler selon moi car une brêche -une de plus- s’est ouverte dans les relations de confiance entre le barreau et les magistrats qui ont déjà tendance à malmener le secret professionnel des avocats pour diverses raisons avec des motifs alambiqués et peu crédibles souvent, ce qui est très très grave. La défense a le droit et le devoir si c’est son intérêt d’être en rupture mais pas au point de menacer l’ensemble des avocats  qui croient encore naïvement ou  bêtement en  la foi du palais  qui a fait ses preuves et permet de résoudre des difficultés. A ce sujet le public a du être surpris et se méfiera désormais de ce que peuvent dire ou non  des avocats, pas tous heureusement. Finalement le renvoi a été ordonné. Twitter a gagné contre la foi du palais. La fin justifie- t -elle tous les moyens ?
En réalité ce qui est en jeu c’est le poids de l’opinion publique. C ‘est elle qui justifie les informations en continu inlassablement répétées jusqu’à satiété en fonction  du principe de transparence qui se moque de la vie privée ou de la présomption d’innocence, qui oblige chacun à répondre au moindre soupçon ou rumeur dans l’heure sur tous sujets, tout étant égal, les valeurs étant confondues, sous peine d’être déclaré immédiatement coupable ou suspect. Robespierre n’avait pas fait mieux mais il avait au moins l’excuse de vouloir la vertu dans l’intérêt du peuple tout entier, et non pas de ceux qui braillent le plus en criant au scandale pour tout et rien même si leur cause peut être juste . Le procès Tron est  un échec terrible pour la justice et ce n’est pas une satisfaction pour la cause des femmes . C’est une victoire à la Pyrrhus  pour la défense de M .Tron car il n’a pas été innocenté et le doute persiste.
Il n’y a cependant rien de nouveau. Mon illustre confrère Me Moro-Giafferi (1878-1956) avait déclaré lors d’un fameux procès d’assises : « l’opinion publique ,chassez la [du prétoire] cette prostituée qui tire le juge par la manche ».Comme ailleurs, dans  le combat judiciaire n’est pas Me yoda ou jedi de star wars   qui veut et croire que tout est permis en vertu d’une notoriété ou de la grosse tête que donne le talent. Il faut savoir utiliser la force pour arriver au bien. Mais si la justice sans la force est impuissante,  la force sans la justice est tyrannique a écrit blaise Pascal. Un procès est un affrontement entre deux logiques , entre deux vérités humaines. La stratégie judiciaire existe mais ni la haine ou le mépris ni la manipulation  n’y ont  leur  place  car elles sont  contradictoires avec ce qui est juste. Notre société cloue au pilori médiatique [lire Vincent Trémolet de Villers le figaro du 19 décembre 2017 page 19 ]ceux qui ne partagent pas le délire collectif. Sans rapport ou peu avec tout ce qui précède cela me rappelle le bateau ivre d’Arthur Rimbaud :
« comme je descendais les fleuves impassibles,
Je ne me senti plus guidé par les hâleurs ;
Des peaux rouges criards nous  avaient pris pour cibles ,
Nous ayant cloués nus aux poteaux de couleurs ».
C’est « un grand  tort d’avoir toujours raison » a écrit Edgar Faure, célèbre personnalité politique et avocat. La lumière ne brille pas à tous les étages des hurleurs et indignés professionnels et souvent leurs cris entrainent l’effet contraire à ce qu’ils recherchaient . j’ai sûrement tort car je ne suis jamais dans le camp majoritaire. Mais je vous ai compris comme avait dit un général idolâtré y compris par ceux qui ne l’ont pas soutenu et leurs héritiers .En 2018 je vais me rattraper et faire mon coming out. Je n’essaierai plus de comprendre, de douter, de vérifier les faits, d’essayer de réfléchir par moi-même et de choisir la raison. J’adhérerai au prêt à penser et au premier coup de sifflet je me mettrai au garde à vous . Je ne veux plus être traité de conservateur c’est ringard, ni encore moins de réactionnaire c’est dépassé .Je verrai une atteinte aux droits de l’homme dans tout, du racisme y compris d’Etat  avéré, et de la discrimination avec du harcèlement dans  les rapports humains. Le faible ou le minoritaire  aura raison sans discussion et le puissant ou le riche sera coupable par principe. Je serai pour tous les anti, anti-sémite, anti-musulman, anti -religieux ou capitaliste en général, anti- bourgeois, anti – propriétaire, et la liste n’est pas exhaustive.Sans oublier l'anti-virus, l'anti-rouille et l'anti-connerie mais je m'avance pour elle  car c'est un vaste programme.
En 2018 je signerai toutes les pétitions depuis pour  les bébés phoques jusqu’à l’éradication du paupérisme  après 18 heures surtout en hiver ; je serai pour l’accueil de tous les migrants chez les autres car chez moi c’est trop petit ; j’hurlerai avec les loups ce qui ne fera pas plaisir à nos bergers ; je soutiendrai les battu(e)s car il faut être inclusif ;  je haïrai les coupables désignés car les entendre est une perte de temps ; et j’enfoncerai les portes ouvertes .Je ferai repentance pour les croisades;  pour Clovis qui a cassé le vase de Soissons ; pour la saint- Barthélémy ; et pour Charles Martel qui a osé arrêter les arabes à Poitiers ; je n’oublie pas Jules Ferry et son passé colonial, ni la terreur ou l’empire autoritaire. Et pas de liberté pour les ennemis de la liberté ou de la croyance du jour les maoïstes sont de retour. C’est déjà une longue liste pour ce qui n’est pas contemporain et je risque de manquer de temps pour expier.
En 2018 j’aurai enfin bonne conscience  et j’aurai atteint le but ultime : être un progressiste c’est-à-dire être contre ce qui est pour et inversement , ceci sans responsabilité, sans légitimité, sans qu’on ne m’ait rien demandé. Le pied quoi, comme le dirait M.Tron. Espérons que l’année 2018 sera réussie car il n’y a pas d’élections sauf la préparation des européennes de 2019 pour tous les battus de 2017 qui espèrent ressusciter. On croit en plus de croissance et moins de chômage ; en plus de fraternité et moins de polémiques subalternes ; en plus de sécurité et moins de fous de dieu ; en plus de sérénité et moins de violences…
Comme on n’est pas à l’abri d’un succès,   l’année 2018 devrait être magique, mais pas à la façon de l’illustre illusionniste Harry Houdini [1874-1926] qui avait l’art de faire croire ce qui n’est pas et de faire prendre les vessies pour les lanternes.
Bonne année à toutes et à tous , selon la syntaxe présidentielle .







jeudi 7 décembre 2017

« Retiens la nuit » car « c’était bien ».

« Retiens la nuit » car «  c’était bien ».
Par Christian FREMAUX avocat honoraire et élu local.
Pierre Desproges avait ironisé : « quand Coluche est mort j’ai pleuré alors que quand Tino Rossi est mort j’ai repris deux fois des moules ». Nous n’aurons l’occasion que d’être triste à la suite du décès à quelques heures d’intervalle de Jean d’Ormesson et de Johnny Hallyday : deux voix se sont éteintes mais on les entendra encore longtemps car elles sont gravées dans notre mémoire.  
L’un était la gloire, incarnait les anciens, la connaissance, la littérature, la philosophie, le bonheur et l’art de vivre. L’autre était l’idole qui représentait les jeunes  et leurs espoirs quelques soient leurs âges, la musique, l’artiste,  l’amour , ce qui fait la vie avec ses joies.
L’âge ne comptait plus et ils étaient tous deux très modernes chacun dans son  domaine ayant passé les époques, les modes, les polémiques, l’histoire. On le lisait ou on l’écoutait en l’aimant ou non, mais ils faisaient rêver et on aurait voulu être comme eux. Jean d’Ormesson  avait eu tous les honneurs de la république et de l’élite intellectuelle ou de celle qui se prétendait telle,  et populaire car les livres ouvrent l’esprit de ceux qui n’ont pas eu la chance de naître au bon endroit ou qui veulent approcher le savoir qui libère. Johnny avait eu tous les honneurs du peuple  qui aime ceux qui viennent de loin et se sont hissés au sommet,  ce qui vaut toutes les médailles et l’académie. Ils auront tous deux à juste titre des funérailles nationales, le président de la république sera présent et pour l’un et pour l’autre.
J’ai beaucoup lu Jean d’Ormesson mais avec ses derniers livres surtout je ne l’ai pas entièrement compris. Il volait trop haut pour moi.  J’ai aimé en revanche son sens de la conversation, son humour, ses citations, comme André Malraux qui m’avait fasciné quand j’étais adolescent pour son personnage et sa culture.  Je n’ai pas apprécié certaines périodes et inspirations des chansons de Johnny tout en reconnaissant son immense talent sur scène, alors que j’avais été subjugué quand j’étais jeune par les textes de Georges Brassens. 
Je ne sais de jean d’Ormesson ou de Johnny celui qui m’a le plus formé et donné envie de m’investir en me créant un destin, petit certes, mais le mien.
Jean était un raconteur d’histoires, de grandeur , de sublime  même parfois dans le trivial .  Johnny donnait des leçons de vie pratique et d’espoirs, de désespoir qui se terminait bien.  Comme Corneille écrivait des vers pour montrer ce qu’il faudrait faire dans la vie, tandis que Racine nous disait ce qu’il en est dans la réalité. Les hommes tels qu’ils devraient être face aux hommes tels qu’ils sont.
Il n’y a pas d’art mineur : il y a du talent ou non, et le public sait le reconnaitre.
Tous les deux étaient le symbole de l ‘amour : courtois et parfois badin pour l’un, plus heurté  pour celui qui chantait le rock-and-roll.  Ils ont partagé les difficultés de la vie chacun à sa manière car la réussite n’exclut pas les épreuves, comme pour tous les hommes. Ils nous ont appris à vivre et c’est une leçon extraordinaire.
« Je dirai malgré tout que cette vie fut belle » a conclu Jean d’Ormesson. Johnny a cherché à « retenir la nuit ». Ils ont réussi leur pari : nous rendre heureux.

Au revoir et merci.