mardi 23 mai 2023

cauchemar ou réalité la loi pour quoi faire?

 

                         Cauchemar ou réalité : la loi pour quoi faire ?

                 Par Christian Fremaux avocat honoraire et citoyen 

On aime quand Guignol rosse le gendarme. C’est bon enfant dit-on. Moins quand les manifestations dégénèrent, que des excités cassent tout et s’affrontent aux forces de l’ordre. Là on rit jaune. C’est François Mitterrand qui avait parlé de la force injuste de la loi. M. Mélenchon le surpasse dans ses déclarations qui n’hésite pas à considérer que la légalité est secondaire et que la loi ne vaut que si elle l’arrange. Quand c’est lui ou ses amis qui bien que présumés innocents sont accusés de quelques turpitudes c’est un complot raciste de préférence, ou inventé ou monté en épingles même si les intéressés sont pris la main dans le pot de confiture et avouent en se justifiant. Quand ce sont des adversaires la loi doit s’appliquer dans toute sa rigueur. En urgence. C’est un républicain aux convictions légales zigzagantes. La morale des autres ne l’encombre pas.

J’ai ouï pendant ce week- end de l’ascension vers le ciel qui est surtout un pont de 4 jours pour les non croyants, des propos qui n’ont pas été lancés en l’air pour rien et qui reflètent notre situation du désordre selon une minorité que l’on entend bien. Le teknival avec des milliers d’adorateurs des dieux matériels et planants n’ont pas été une casserolade géante contre les 64 ans et pour la semaine de 4 jours, mais plutôt un hymne à la liberté sans limites, ce qui dans la société policée et responsable que l’on essaie de préserver peut prêter à confusion dans les esprits. Mes interrogations sont simplistes sinon ridicules : faut-il encore faire des lois, des décrets, des règlements, des arrêtés et je mets de côté la jurisprudence y compris européenne enfin toute la panoplie légale quand des individus les ignorent volontairement ou les contournent ou les récusent ou s’en dispensent, ou considèrent que toute loi est liberticide. Peut-on vivre dans la paix et la sérénité sans contraintes ? La démocratie peut- elle vivre sans valeurs, sans références, sans que le citoyen s’empêche comme l’a écrit A. Camus ? La république est- elle un terrain vague sans fins ? Qui pose les interdictions, par quels moyens et qui arbitre ?    

Le préfet de l’Indre a été baladé par les organisateurs du teknival du 20 mai 2023 sur un champ dont le propriétaire a salué la courtoisie et la gentillesse des teufeurs. Bravo à cet admirateur de la propriété privée qui sait partager. Le préfet n’a eu ni à autoriser ni à interdire puisque le festival n’a pas été annoncé. Pas de règles bonne règle. Les voisins ou ceux qui ont subi ont été ignorés voire moqués s’ils émettaient une petite objection. Après tout ils n’avaient qu’à construire et vivre ailleurs. Et c’est quoi dans une vie 3 ou 4 jours de beuveries et de bruits : on s’en remet. La tolérance c’est fait pour cela. La fraternité s’impose. La loi ne peut juguler le plaisir, la joie. La liberté de quelques danseurs vaut bien une messe.  Sinon c’est la dictature, la répression, les fascistes. On l’a échappé belle on n’a eu à envoyer ni les chars et les canons Caesar - destinés à l’Ukraine - ni les rafales en réserve si un conflit de haute intensité démarrait sur notre sol ou chez un allié. Les blessés l’ont été par eux -mêmes. Il n’y avait même pas d’adversaires. J’exagère bien sûr et tout ce qui est excessif est insignifiant. Mais les jeunes sont innocents par nature. Aux adultes d’y veiller. C’est d’ailleurs le sens de notre société actuelle. 

 Personnellement je n’aimerai pas que l’on vienne camper sur le gazon que je viens de tondre, boire mon vin qui est au frais alors que je n’ai invité personne, et mettre de la musique à fond alors que je suis en train de me reposer. Mais je suis égoïste, fermé d’esprit, ringard et sûrement anti -jeunes car je ne prends pas de drogue avec mon whisky : je préfère les glaçons. Ce doit être le signe manifeste d’un discriminateur et conservateur qui choisit le travail à la fête sauvage, qui veut conserver ses points de permis de conduire, et qui ne demande pas à la collectivité de le soigner s’il absorbe n’importe quoi. J’ai conscience d’être un citoyen qui n’est plus dans le coup, un méchant qui nie la solidarité car en plus je respecte la loi mais pour quoi faire ? Pourquoi brimer des jeunes qui veulent s’amuser ? Pourquoi ne pas leur mettre à disposition gratuite un terrain adéquat, l’Etat étant un propriétaire foncier avec eau et plus si affinités ou besoins divers, drogues quasi licites qui sont inoffensives, avec ravitaillements contrôlés, médecins, secouristes, gendarmes et policiers pour éviter les débordements et les incidents ? Et des chauffeurs pour les raccompagner car il faut prévenir tout accident. L’Etat providence est devenu nounou. Le préfet est l’éducateur en chef et distribue les doudous. L’Etat donc les contribuables paieront les factures de nettoyage et de sécurité car les G.O. ont disparu.  

Il faut être sans cœur et au moins extrémiste pour ne pas approuver les pacifiques rassemblements. Les maires et les autorités en général n’ont qu’à accueillir avec fierté les communautés qui s’installent avec des exigences ou non et usent des biens communaux. Ou ceux qui utilisent les routes pour faire du rodéo sauvage puisqu’on a le culot de ne pas construire des circuits dédiés. Les simples intermédiaires mineurs qui rentrent chez papa et maman le soir sont contraints de s’exercer à la mitraillette dans la rue faute de stands de tirs municipaux pour eux, et les petits commerçants qui vendent leurs produits à ciel ouvert n’ont même pas un marché couvert avec des lumières publiques pour s’abriter de la pluie, du soleil ou du gel. C’est insupportable.  Mais que font les élus, la maréchaussée et l’Etat pour que tout le monde soit heureux ? Faut-il une loi pour les minorités illégales ? 

Je ne reviens pas sur la désobéissance civile qui touche jusque des parlementaires dont certains pensent que l’assemblée est une ZAD. Je n’insiste pas sur le déni démocratique soulevé par des jusqu’aux boutistes alors même que le conseil constitutionnel a considéré que pour le projet de réforme des retraites tout avait été légal y compris l’article 49. 3. Je ne commente pas l’arrêt rendu concernant un ancien président de la république, son avocat et un éminent magistrat. Ne connaissant pas le dossier sauf à travers la presse qui est insoupçonnable et objective absolument pas partisane on le sait, je déplore simplement que l’on puisse écouter un avocat et son client et en tirer des conclusions coupables de ce qui fut peut-être une idée sans effet. La justice indépendante (de qui c’est l’éternelle question ?) c’est- à -dire la cour de cassation appréciera en droit bien sûr, pas pour faire un exemple ou donner une leçon de vertu.  

Et puis je me suis réveillé car je m’étais endormi devant les nouvelles. Je ne sais plus qui faisait un discours forcément essentiel pour l’avenir et si j’ai fait un cauchemar ou non. Je crois qu’une démocratie c’est le respect des institutions fussent- elles à rénover et de la loi. La justice c’est aussi le glaive au nom du peuple français. On a besoin de confiance et de vigueur. A chacun d’entre nous de jouer son rôle. La République nous attend.               

mardi 16 mai 2023

L’être humain et le néant

 

                         L’être humain et le néant

         Par Christian Fremaux avocat honoraire et ancien élu local

 Toutes proportions gardées notre pays est en prise avec un conflit interne intense pour des raisons bonnes ou mauvaises avec ses polémiques violentes qui touchent à l’essentiel. Globalement le peuple ou une minorité agissante qui casserolade ne suit pas la loi votée concernant la réforme des retraites, n’accepte pas la validation par le conseil constitutionnel en raison de sa colère et le fait que le processus selon certains n’a pas été démocratique. C’est le retrait ou une guerre larvée et permanente. L’indignation devient la valeur républicaine par excellence. Et suffisante ? On parle de sondages « contre » qui sont donc supérieurs aux décisions du parlement et aux arrêts des juges suprêmes. Mais quand ils sont favorables que fait- on, par exemple pour l’immigration qui est le prochain sujet qui va mettre le feu aux poudres alors qu’il s’impose chacun le voit. Et qu’il semble que le peuple soit « pour » des décisions fortes ? Ce curieux comportement civique est valable pour tous sujets. Un coup le sondage permet la loi. Un coup il l’interdit. Est-ce cela la démocratie participative qui est à géométrie variable selon l’opinion. La décentralisation l’illustre.

Le maire de Saint-Brevin a été menacé dans ses biens et physiquement. Il aurait pu mourir. Les larmes qu’on verse sur son geste sont de crocrodiles. Elles mouillent ceux qui auraient dû prendre leurs responsabilités. Il a à juste titre démissionné car il n’allait pas en plus acheter la corde pour se faire pendre. Un élu local surtout bénévole n’est pas mandaté pour prendre des risques et pour mettre sa vie en danger ou se faire engueuler à longueur de journée. Que les plus malins donneurs de leçons assument la démocratie de proximité tant recherchée. En 2026 les candidats aux élections municipales se feront rares. A la place de l’écharpe tricolore il faudra leur payer un gilet pare-balles ! L’homme et la femme ont leurs convictions parfois peu humaines on le sait. Chacun a sa part d’ombre. On a le droit de tendre les bras, on a aussi parfois des raisons de s’inquiéter. La peur est mauvaise conseillère mais qui peut soutenir qu’il n’a la frousse de rien y compris de ce qu’il ne connait pas ou qu’il ne fréquente pas ? Que rien ne le touche dans ce qu’il croie ou possède. On ne peut être binaire. Mais les institutions qui sont nos remparts doivent fonctionner. S’attaquer à ceux et celles qui nous représentent est dangereux pour aujourd’hui comme pour l’avenir. La force ne peut gagner nulle part quelle que soit la décision publique. Le maire a dû affronter un évènement criminel. On a immédiatement pointé les auteurs supposés -des extrêmes évidemment de droite puisque des migrants ou des demandeurs d’asile sont concernés - avant même que l’enquête ne commence.

Le maire s’est plaint que l’Etat ne l’avait pas soutenu. C’est exact souvent et fréquent. Les maires qui baissent les bras et qui rendent leurs tabliers régulièrement ou promettent qu’on ne les reprendra plus à se faire élire sont légion. Il y a des raisons parfaitement identifiées. Faites au mieux dit -on à celui qui a la responsabilité sur place. Sans moyens financiers supplémentaires, sans personnel car il coûte trop cher, sans liaisons véritables avec les services de l’Etat. Sans oublier que le préfet impose telle ou telle mesure ou un projet qui divise comme les éoliennes, ou une construction que le maire ne voulait pas sur son territoire et que l’éminent fonctionnaire cède parfois pour des raves parties ou autres illégalités dites citoyennes. Ce qui enrage le quidam. Notre décentralisation dont on se gargarise comme panacée est un leurre et les maires s’en rendent compte. Sans vraie réforme de l’Etat, sans disparition des strates administratives donc avec moins de bureaucratie mais avec de vrais pouvoirs aux élus sous le contrôle des juges pour que de nouveaux seigneurs ne surgissent pas, rien ne se fera.  

On veut de la proximité. Un Etat jacobin pour le régalien bien sûr mais il faut un peu de partage girondin. Le citoyen ne voit pas jusque Paris ou la capitale régionale très éloignée. Qu’on confie le quotidien à ceux qui labourent le terrain. On prend cela de haut ou pour des exigences mesquines car les élus locaux ne sont pas dangereux politiquement quelles que soient leurs étiquettes, les maires sont des légalistes. Ils obéissent à la loi, ils essaient de la faire respecter, ils économisent autant qu’ils peuvent. Ils ne vont rien casser, ils ne défilent pas avec le drapeau tricolore qui serait l’étendard de leur révolte !  Ils ne crient pas à bas l’Etat. On peut donc les ignorer sans crainte.

L’Etat avait demandé à l’édile de la commune de Saint- Brevin de créer un CADA (centre d’accueil des demandeurs d’asile). Il l’a fait avec son conseil municipal. Quand récemment il a fallu déplacer ledit centre près d’une école la fureur s’est déclenchée. Par des racistes peut- être ? Parce qu’on fait un lien discuté entre délinquance et certains migrants ? Mais surtout parce que chacun voit que depuis des années les problèmes liés à l’immigration ne sont pas résolus ni même abordés sérieusement. On fait du tango. L’Etat n’a pas l’oreille absolue. La démographie en Afrique et ailleurs, les guerres, la nature imprévisible vont entrainer des arrivées massives vers les pays qui présentent le plus de facilités où les droits sont quasi inconditionnels. Personne au niveau étatique n’est capable de proposer une solution concrète et on préfère accuser le voisin européen de ne rien faire.  Et il y a des oppositions farouches entre les citoyens entre l’être et le néant. Les bons contre les méchants ce qui est grotesque avec l’éthique de responsabilité et celle de conviction.

 Avec ceux qui ont le cœur sur la main, pour qui il n’y a pas d’étrangers sur terre et qui estiment que venir quand on veut et s’installer sur n’importe quel territoire est un droit naturel puisque l’être humain est la valeur suprême. C’est de l’humanisme low cost. Je ne suis pas responsable si mes lointains ancêtres ont participé à la colonisation ou non d’ailleurs. Je ne soutiens aucun dictateur et le changement climatique n’est pas de mon fait.  Personne ne discute que l’être humain est la valeur suprême bien que les révolutionnaires ne l’aient pas inscrit ainsi dans les droits de l’homme. Comme le disait Michel Rocard la misère du monde ne peut se retrouver dans les mêmes lieux. En les déstabilisant pour des motifs aussi irrationnels que réels.

Et ceux qui ont les yeux ouverts. J’ai le droit de défendre les valeurs de ma nation et de vivre selon ce que je pense. La République est du réalisme avec contrepartie. Il faut aussi apporter.  De quoi le maire de Saint- Brevin est- il responsable ? De rien il y a erreur sur la personne.  Halte au feu et stop à l’immigration selon Manuel Valls qui n’a pu l’arrêter mais qui s’en préoccupe alors qu’il n’est plus aux affaires. Il est toujours temps pour les responsables dont l’admirateur avec raison de Clemenceau. Et de l’ordre public.       

mercredi 3 mai 2023

Parler pour ne rien dire ?

 

                                       Parler pour ne rien dire ?

                    Par Christian Fremaux avocat honoraire

Au café du commerce dans ma commune rurale de 600 habitants à moins de 100 kms de la capitale il y avait les habitués plutôt remontés qui discutaient en rigolant. Extraits.

-« Vous avez vu ce 1er mai. C’était Beyrouth ou Marioupol. Maintenant on se bat entre français. Comment se fait-il qu’on n’arrive pas à arrêter la violence ? Que fait la police ? Il faudrait casser la gueule aux casseurs. Sinon ça va mal finir, il va falloir serrer la vis.  

-On ne se bat pas on débat de façon musclée avec des grenades et en jetant des cocktails molotov certes mais on veut un accord, le calme. On ne peut empêcher les gens de manifester car on en a marre de tout.

-marre de tout mais de quoi en particulier surtout du travail ! J’ai commencé à travailler dans la ferme de mon père à 14 ans et je continue à plus de 75 balais. J’en suis pas mort. Je n’étais pas usé à 50 ans comme je l’entends malgré des travaux durs en plein air. Je ne suis ni de la première ni de la deuxième ligne comme on dit maintenant. C’est une plaisanterie toutes ces simagrées. La ligne Maginot n’a rien empêché.

-oui mais toi tu aimes ton travail comme Christian qui tourne les pages de ses codes au chaud à son bureau et qui est payé pour aller bavasser et défendre les voyous, ceux qui cassent ou trafiquent de la drogue jusque chez nous. Ce n’est pas fatiguant.

-ce n’est pas une raison pour tout casser. Tous au trou. Et qu’ils réparent les dégâts.  Je paie des impôts et je règlerai la facture. J’en ai assez.

-c’est la faute à Macron. Il n’avait qu’à pas toucher aux retraites. Tant pis s’il y a des privilégiés qui partent jeunes en touchant les 2/3 de leur salaire des 6 derniers mois. Ou qu’on ne passera pas à 1200 euros par mois pour certains que nous fréquentons ici. Sans réforme on recule et on perd mais au moins on a la paix. 

-Ah non pour moi dans le privé ce sont les meilleures 25 années. Il n’y a pas de raison nous sommes tous égaux. La réforme parfois a du bon. Et le travail confère la dignité. On n’est pas assisté. Sauf pour les malades ou handicapés qu’il faut aider. Ou des cas particuliers.    

Patron une autre tournée j’ai soif.

-oui mais la violence comment est -ce acceptable ? Plus on fait d’efforts collectifs plus elle augmente. Où est l’erreur ? Il doit y avoir des excités qui poussent à la roue on n’est pas naïfs. On est parait -il une puissance nucléaire et on ne peut maitriser quelques milliers d’individus ? Sommes-nous devenus mous, à la traine de l’Europe qui dit non à tout, pourquoi ne pas sévir ? On n’a pas à tendre la joue.

-Tu as raison la presse dit que l’on connait les black- blocs. On sait qui ils sont, où ils habitent, ce qu’ils font. Mais il parait que nos lois interdisent d’agir à titre préventif puis de les faire condamner sans preuves formelles.  Moi si je me fais arrêter en sortant du bistrot j’ai beau contester je passe au tribunal et je perds mon permis de conduire.

- espèce de bois sans soif tu n’as qu’à pas picoler mais le bistrotier va mal le prendre. 

-c’est la faute des avocats et des amis de Paris de Me Christian. Ils ne cessent de nous faire la morale comme si on ne comprenait rien. Ils nous prennent pour des ploucs. Les droits de l’homme sont devenus les droits des délinquants, des illégaux. Malgré les règlements de comptes à la mitraillette, et les vols y compris dans la commune ce qui m’exaspère.

-et tu oublies les rave parties sur nos terrains. On n’est plus chez nous. Le préfet recule à chaque fois. Mais pour les règles européennes tu ne les repousses pas quand la PAC te dédommage d’une mauvaise moisson. La Russie fait du blé en monnaie trébuchante en ce moment grâce à nos sanctions - bien joué - et l’Ukraine exporte le sien. A toi de faire mieux.

-On va manquer d’eau pour nos maïs et nos betteraves. Je stresse. Vive la pluie.  

Patron une autre tournée car j’ai aussi besoin d’eau dans mon Ricard. 

-et la chasse cette année. Les écologistes nous font la guerre. Pourtant je suis écologiste puisque je détruis les nuisibles. Et les terres que j’entretiens sont ma propriété. Je ferai l’ouverture comme depuis au moins 50 ans. Je suis un résistant moi aussi !

-tout cela c’est la faute des syndicats qui détestent les patrons. J’en suis un petit je le sais. On n’accepte plus aucun ordre, on ne peut plus critiquer un travail mal fait. On nous accuse de harcèlement ! Tout fout le camp. 

-tu te trompes moi je suis content des 35 heures et des salaires cependant insuffisants. Mon comité d’entreprise me permet de belles et pas chères visites. Le travail c’est la santé.

-tiens voilà notre maire. Il est en arrêt-maladie pour son collège et ne boit plus que de l’eau mais il continue à gérer la commune. Lui aussi en a assez de se faire engueuler pour tout et rien, pour la décharge publique, pour des querelles entre voisins. Pourvu qu’il se représente sinon qui va vouloir se dévouer. Moi j’ai donné.

Je paie la partante. 

-finalement c’est la faute au gouvernement. Je ne connais pas la plupart des ministres qui sont en fait des hauts fonctionnaires irresponsables. Avant on commençait dans une commune puis on devenait conseiller général et député, puis ministre. Ils revenaient nous voir, buvaient un coup, participaient aux banquets. On leur parlait. Maintenant c’est le vide ou un mail quand il passe puisque la fibre chez nous est intermittente comme l’électricité. 

-un référendum il n’y a que cela de vrai. Comme avec le général qui avait du coffre. C’est mieux qu’un sondage. Oui ou non et c’est réglé et nous on vote à chaque fois qu’on nous le demande. Mais pas comme pour Maastrich ou le non s’est transformé en oui. 

-je ferme les gars. A demain. Nous continuerons notre conversation ». 

Et si c’était une partie des vrais soucis des français ? Pas une convention citoyenne avec quelques quidams tirés au sort. Une consultation populaire à l’échelle nationale. On interrogerait les citoyens qui se sentiraient écoutés. Peut- être que la colère s’éteindrait ?

     

les vengeurs démasqués

 

                                          Les vengeurs démasqués 

                          Par Christian Fremaux avocat honoraire

On connait tous les héros récurrents que l’on admire dans la bonne humeur de Zorro le vengeur masqué à Batman qui combattent l’injustice et rendent leurs biens aux pauvres ou aux humiliés. Ou de la reconnaissance. On dirait ceux qui sont en première ligne actuellement. Ils sont bons enfants comme nos revendicateurs au départ avant l’explosion souvent du final et utilisent la force tout en étant pacifistes. La comparaison avec ceux qui défilent s’arrête là. Il y a une hypocrisie évidente avec nos syndicalistes qui estiment n’avoir aucune responsabilité dans les violences tout en organisant ce qui est attendu sinon espéré pour faire pression et en rejetant la faute sur l’Etat titulaire de la violence légitime et qui protège ceux qui protestent. Dans la hiérarchie des droits celui de manifester n’est pas supérieur aux autres et il n’est pas un permis de tuer ou de blesser ou de casser. C’est un peu facile de dire on n’y est pour rien si des voyous agissent quand on a créé les conditions de l’affrontement voire y avoir appelé au moins implicitement. Le prétendu déni démocratique se partage pour le moins.

La CGT qui en tout voit du tragique et ne regarde pas à l’extérieur, la France selon elle étant le pays des damnés de la terre, avait décidé d’agir car la partie n’est pas terminée malgré la promulgation de la loi. Elle le sera d’après nos justiciers quand la réforme des retraites sera retirée. On verra. C’est la conception de la démocratie selon nos élites travailleuses. Je ne sais pas ce qu’en pense le contribuable car je n’ai pas l’oreille du quidam. Je vais me faire brancher un sonotone.

S’y est ajouté le fait que 9 joueurs non sélectionnés par le peuple mais titulaires pendant 9 ans ont confirmé le score d’autant plus facilement qu’ils sont en même temps les arbitres suprêmes. Il n’y a pas de n° 64 parmi les sages constitutionnels. Mais une loi se revoit ou s’abroge c’est vrai. L’état de droit est acceptable quand il vous donne raison.

En politique l’adversaire c’est l’Etat qui incarne le peuple donc moi. Tout le monde paie pour la décision publique qu’elle soit bonne ou mauvaise. Et des nulles idéologiques on en a connu depuis des dizaines d’années. On ne citera personne.

Les spectateurs sont ravis quand le match a été vif, indécis sinon tendu. On félicite le vainqueur et les déçus se disent que la prochaine fois ils feront mieux. On ne réclame pas un pénalty sur le tapis vert de la rue pour crier « on a gagné ». Les finalistes ne sont pas les mêmes chaque année. C’est le fair-play. Cela s’appelle aussi la démocratie.

 Si c’est l’équipe de France on ne lui tire pas une balle dans le pied en affaiblissant l’exécutif en le paralysant et en hurlant à la vengeance, sinon tous les citoyens sont victimes. Les sondages ne font pas le résultat même s’ils donnent de l’espoir aux supporters.

Pour la coupe de France de football la CGT avait annoncé vouloir mettre un feu vengeur à la 49 -ème minute et 3 secondes. Quelle imagination, quel talent !   C’est elle qui a pris un carton rouge pour avoir confondu sport - donc la joie, la fraternité dans l’effort, la compétition d’égaux - et défense d’intérêts corporatistes comme si elle détenait la vérité et était soutenue par les 78.000 sportifs présents. Ce fut un bide mais le match retour était prévu pour le 1er mai.

 Des millions ou des centaines de milliers protestants pour un motif ou un autre dans la rue selon la CGT contre 12.000 policiers et gendarmes, l’issue était connue, le match plié surtout devant les caméras où tout est filmé. Tout étant considéré comme des bavures institutionnelles. La vengeance est un plat qui se mange froid, en l’occurrence ce fut brûlant. Je plains toutes les victimes et surtout les forces de l’ordre qui n’agissent que sur ordres et ne sont pas volontaires pour se faire démolir par des participants décrits comme forcément doux ! Mais aussi badauds admirant la représentation sans broncher ou empêcher quoique ce soit. Toujours avec les mêmes acteurs en noir au milieu des drapeaux. Sans que l’on entende des cris de soutien ou de compassion pour ceux qui font leurs métiers. L’émotion va toujours dans le même sens. L’être humain est reconnu comme tel selon une géométrie variable.

Il ne peut y avoir de vengeurs ni masqués ni à visages découverts qui veulent faire payer un affront et obtenir réparations. De qui ? De l’Etat donc de moi, mais quelle faute ai-je commise ? Sinon aucune réforme n’est possible et il faudra agir dans l’urgence car les agences de notation et les faits sont têtus. Dans une société civilisée l’apaisement est la règle. Le rapport au travail s’est modifié il faut en tenir compte. Que l’on propose ce qui est possible et non démagogique. Sans bouder ni menacer.  La Nation a besoin d’union. Les mécontents sont légion on ne les ignore pas mais la cause n’est-elle pas répartie entre l’Etat providence dans lequel nous vivons et le toujours plus des consommateurs que nous sommes devenus à la place d’être des citoyens avec des devoirs dont celui de modération ? Outre des évènements de toute nature que nous ne maitrisons pas. La démocratie qui doit faire coexister les antagonismes c’est discuter publiquement, prendre une décision légale contradictoirement, et s’y tenir. Négocier n’est pas trahir.

La violence physique, morale ou psychologique est intolérable quelles qu’en soient les raisons. Il n’y a que la vie qui vaille. La démocratie est fragile le monde nous l’apprend, et voir la vie en sombre et tout contester est dangereux et contraire à un progrès nécessaire. Il me parait contreproductif de vouloir un arc dit républicain qui arrangerait tout. Pour ne parler qu’entre soi, en initiés humanistes ou prétendus tels ? Ce qui est peu civique. Et le serait encore moins avec un scrutin à la proportionnelle intégrale comme exigé. Que fait-on de ceux qui n’en feraient pas partie et qui sont néanmoins des citoyens comme les autres que l’on l’admette ou non et qui jouent le jeu républicain ? Qui décide et au nom de quelles valeurs ? A -t-on le droit de poser la question ?

Il faut démasquer les vengeurs qui portent des faux nez et des fausses barbes. Ce sont des vrais anti -démocrates, des semeurs de haine qui excluent. Notre société a besoin de plus de calme et de retour à la tolérance et au respect de l ’autre. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas batailler verbalement pour trouver les solutions les plus consensuelles qui corrigent les inégalités et qui favorisent la redistribution. Mais l’autorité et l’ordre public doivent l’emporter. Car sans lois les libertés sombrent. Sans sanction tout s’aggrave.

Ce fut la fête au travail le 1er mai. Tout dépend bien sûr de ce qu’on entend par fête !