mardi 23 mai 2023

cauchemar ou réalité la loi pour quoi faire?

 

                         Cauchemar ou réalité : la loi pour quoi faire ?

                 Par Christian Fremaux avocat honoraire et citoyen 

On aime quand Guignol rosse le gendarme. C’est bon enfant dit-on. Moins quand les manifestations dégénèrent, que des excités cassent tout et s’affrontent aux forces de l’ordre. Là on rit jaune. C’est François Mitterrand qui avait parlé de la force injuste de la loi. M. Mélenchon le surpasse dans ses déclarations qui n’hésite pas à considérer que la légalité est secondaire et que la loi ne vaut que si elle l’arrange. Quand c’est lui ou ses amis qui bien que présumés innocents sont accusés de quelques turpitudes c’est un complot raciste de préférence, ou inventé ou monté en épingles même si les intéressés sont pris la main dans le pot de confiture et avouent en se justifiant. Quand ce sont des adversaires la loi doit s’appliquer dans toute sa rigueur. En urgence. C’est un républicain aux convictions légales zigzagantes. La morale des autres ne l’encombre pas.

J’ai ouï pendant ce week- end de l’ascension vers le ciel qui est surtout un pont de 4 jours pour les non croyants, des propos qui n’ont pas été lancés en l’air pour rien et qui reflètent notre situation du désordre selon une minorité que l’on entend bien. Le teknival avec des milliers d’adorateurs des dieux matériels et planants n’ont pas été une casserolade géante contre les 64 ans et pour la semaine de 4 jours, mais plutôt un hymne à la liberté sans limites, ce qui dans la société policée et responsable que l’on essaie de préserver peut prêter à confusion dans les esprits. Mes interrogations sont simplistes sinon ridicules : faut-il encore faire des lois, des décrets, des règlements, des arrêtés et je mets de côté la jurisprudence y compris européenne enfin toute la panoplie légale quand des individus les ignorent volontairement ou les contournent ou les récusent ou s’en dispensent, ou considèrent que toute loi est liberticide. Peut-on vivre dans la paix et la sérénité sans contraintes ? La démocratie peut- elle vivre sans valeurs, sans références, sans que le citoyen s’empêche comme l’a écrit A. Camus ? La république est- elle un terrain vague sans fins ? Qui pose les interdictions, par quels moyens et qui arbitre ?    

Le préfet de l’Indre a été baladé par les organisateurs du teknival du 20 mai 2023 sur un champ dont le propriétaire a salué la courtoisie et la gentillesse des teufeurs. Bravo à cet admirateur de la propriété privée qui sait partager. Le préfet n’a eu ni à autoriser ni à interdire puisque le festival n’a pas été annoncé. Pas de règles bonne règle. Les voisins ou ceux qui ont subi ont été ignorés voire moqués s’ils émettaient une petite objection. Après tout ils n’avaient qu’à construire et vivre ailleurs. Et c’est quoi dans une vie 3 ou 4 jours de beuveries et de bruits : on s’en remet. La tolérance c’est fait pour cela. La fraternité s’impose. La loi ne peut juguler le plaisir, la joie. La liberté de quelques danseurs vaut bien une messe.  Sinon c’est la dictature, la répression, les fascistes. On l’a échappé belle on n’a eu à envoyer ni les chars et les canons Caesar - destinés à l’Ukraine - ni les rafales en réserve si un conflit de haute intensité démarrait sur notre sol ou chez un allié. Les blessés l’ont été par eux -mêmes. Il n’y avait même pas d’adversaires. J’exagère bien sûr et tout ce qui est excessif est insignifiant. Mais les jeunes sont innocents par nature. Aux adultes d’y veiller. C’est d’ailleurs le sens de notre société actuelle. 

 Personnellement je n’aimerai pas que l’on vienne camper sur le gazon que je viens de tondre, boire mon vin qui est au frais alors que je n’ai invité personne, et mettre de la musique à fond alors que je suis en train de me reposer. Mais je suis égoïste, fermé d’esprit, ringard et sûrement anti -jeunes car je ne prends pas de drogue avec mon whisky : je préfère les glaçons. Ce doit être le signe manifeste d’un discriminateur et conservateur qui choisit le travail à la fête sauvage, qui veut conserver ses points de permis de conduire, et qui ne demande pas à la collectivité de le soigner s’il absorbe n’importe quoi. J’ai conscience d’être un citoyen qui n’est plus dans le coup, un méchant qui nie la solidarité car en plus je respecte la loi mais pour quoi faire ? Pourquoi brimer des jeunes qui veulent s’amuser ? Pourquoi ne pas leur mettre à disposition gratuite un terrain adéquat, l’Etat étant un propriétaire foncier avec eau et plus si affinités ou besoins divers, drogues quasi licites qui sont inoffensives, avec ravitaillements contrôlés, médecins, secouristes, gendarmes et policiers pour éviter les débordements et les incidents ? Et des chauffeurs pour les raccompagner car il faut prévenir tout accident. L’Etat providence est devenu nounou. Le préfet est l’éducateur en chef et distribue les doudous. L’Etat donc les contribuables paieront les factures de nettoyage et de sécurité car les G.O. ont disparu.  

Il faut être sans cœur et au moins extrémiste pour ne pas approuver les pacifiques rassemblements. Les maires et les autorités en général n’ont qu’à accueillir avec fierté les communautés qui s’installent avec des exigences ou non et usent des biens communaux. Ou ceux qui utilisent les routes pour faire du rodéo sauvage puisqu’on a le culot de ne pas construire des circuits dédiés. Les simples intermédiaires mineurs qui rentrent chez papa et maman le soir sont contraints de s’exercer à la mitraillette dans la rue faute de stands de tirs municipaux pour eux, et les petits commerçants qui vendent leurs produits à ciel ouvert n’ont même pas un marché couvert avec des lumières publiques pour s’abriter de la pluie, du soleil ou du gel. C’est insupportable.  Mais que font les élus, la maréchaussée et l’Etat pour que tout le monde soit heureux ? Faut-il une loi pour les minorités illégales ? 

Je ne reviens pas sur la désobéissance civile qui touche jusque des parlementaires dont certains pensent que l’assemblée est une ZAD. Je n’insiste pas sur le déni démocratique soulevé par des jusqu’aux boutistes alors même que le conseil constitutionnel a considéré que pour le projet de réforme des retraites tout avait été légal y compris l’article 49. 3. Je ne commente pas l’arrêt rendu concernant un ancien président de la république, son avocat et un éminent magistrat. Ne connaissant pas le dossier sauf à travers la presse qui est insoupçonnable et objective absolument pas partisane on le sait, je déplore simplement que l’on puisse écouter un avocat et son client et en tirer des conclusions coupables de ce qui fut peut-être une idée sans effet. La justice indépendante (de qui c’est l’éternelle question ?) c’est- à -dire la cour de cassation appréciera en droit bien sûr, pas pour faire un exemple ou donner une leçon de vertu.  

Et puis je me suis réveillé car je m’étais endormi devant les nouvelles. Je ne sais plus qui faisait un discours forcément essentiel pour l’avenir et si j’ai fait un cauchemar ou non. Je crois qu’une démocratie c’est le respect des institutions fussent- elles à rénover et de la loi. La justice c’est aussi le glaive au nom du peuple français. On a besoin de confiance et de vigueur. A chacun d’entre nous de jouer son rôle. La République nous attend.               

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