Considérations banales sur l’air du
temps plutôt orageux.
Par Christian Fremaux avocat
honoraire et élu local.
Il pleut
beaucoup et les orages non désirés comme n’aurait pas dit Chateaubriand font des dégâts. Il n’y a pas que les
conditions climatiques qui sont dérèglées, car l’on s’aperçoit aussi que
l’homme parfois raisonne curieusement et que l’on est à la merci de tout.
Ainsi en est- il dans les relations
internationales avec les deux présidents qui ont comme différences d’être pour l’un le
symbole de la démocratie et du
libéralisme et pour l’autre la caricature de la dictature communiste, et comme
points de comparaison une coupe de cheveux improbable -mais tout le monde ne
peut pas avoir celle de zidane ou d’yvette horner l’accordéoniste flamboyante
qui a joué sa dernière note-, et des prénoms issus de disney et de kipling , Donald (comme duck ) et kim (comme dans la jungle ) avec
tous deux des méthodes similaires
ressemblant au poker menteur et consistant à faire monter les enchères,
se fâcher, se reconcilier, montrer qui on est, puis venir discuter, qui se sont
rencontrés dans une mise en scène
exceptionnelle à Singapour (qui paiera le prix de l’hôtel de la délégation nord
coréenne qui n’a pas les moyens de payer les frais ce qui n’est pas banal )
pour deviser nucléaire alors que les USA
boycottent l’Iran pour que cette
puissance respecte le traité de démantèlement
des armes signé , que Donald
estime insuffisant et dangereux par manque de garanties données par les
ayatollahs qu’il accuse de menacer la
paix et déstabiliser la région. Mais il ne fallait pas sous estimer ces deux dirigeants qui se sont reniflés, se sont
choisis ce qui est vexant pour d’autres et qui finalement ont trouvé un accord
sur la dénucléarisation de la péninsule
coréenne ce qui est un évènement historique. Qui l’eût cru ?:
chapeau les artistes et pourvu que cela dure et soit mis en application. La
situation des Corées , de la Chine et de cette partie du monde va enfin bouger,
on l’espère, voire donner l’exemple pour d’autres endroits très chauds. Comme
quoi tout est possible si on sort des postures et des idéologies et parfois des
médias. Mais attendons de voir…
Heureusement que Donald n’a pas envoyé un tweet à Kim en revenant dans son avion air
force one comme il l’a fait pour la réunion au canada du G7 ,moins un à la fin à savoir lui, après avoir réfléchi dans les
airs et s’être désolidarisé du communiqué final ,transformant ainsi un succès
diplomatique très relatif en échec avéré. Notre président préféré E.Macron ne peut plus dire avec l’accent
inimitable de Céline Dion que
son « aaaamiiii » Donald l’écoute
et qu’il est sérieux. Notre président a dit le contraire pour le G7 car il s’est
un peu senti roulé et il est en colère mais pas au point de rompre les relations -
car comment se brouiller avec l’Amérique notre ami allié historique (Lafayette
nous voilà !) qui a sur son territoire des milliers d’entreprises
françaises et qui reste la première puissance du monde. Mais avouons- le :
celui qui est un maquignon de haute volée (le maquignon est un intermédiaire
qui fait des affaires parfois douteuses), et qui a fait ses armes dans
l’immobilier pour devenir
milliardaire son diplôme le plus élevé,
ne ménage personne et renvoie la diplomatie de papa faite de respect et de
parole donnée - je ne parle pas de ce qui est écrit qu’il ne l’oblige pas non
plus - au rayon des périmés et de la
naïveté. Ce qui compte c’est lui d’abord, les USA ensuite, et les autres
éventuellement s’ils peuvent lui apporter un peu de plus. Il préfère
l’unilatéralisme au multilatéralisme on l’a compris. Il va falloir s’y habituer et je ne crois pas que c’est l’oeuvre d’un « fou »
comme on le catalogue rapidement et en désespoir de cause : il a ses
habitudes, celle de « dealer » pour tout y compris ce qui est
essentiel pour le monde, de prendre son interlocuteur de haut en le choquant,
de faire du cinéma ce qui plaît à hollywood mais pas à certains acteurs, de le manipuler et de pouvoir mentir si c’est
utile. La morale ne lui monte pas au cerveau, le droit international public ou
celui de l’OMC ne le concernent pas, s’il les connait ?, et le pragmatisme
lui tient lieu de doctrine. On devra s’adapter tant qu’il sera élu voire réélu
car les boys du fin fond de l’Amérique aiment cela : la persuasion de la démonstration de force et du colt , une justice expéditive et la
pendaison haut et court quelques soient les conséquences , ne sont pas que dans
les westerns : elles vivent dans l’américain moyen. Le président Trump est
le reflet d’une grande partie de l’électorat qui aime ceux qui font ce qu’ils
disent et s’y tiennent, même s’ils ont tort. Je ne doute pas que notre
Président E. Macron qui lit dans le texte et écoute Donald sans traducteur, a
compris la problématique et qu’il fera
mieux la prochaine fois qu’il y aura un G, à 6 ou à 7 ou plus ? je ne sais pas, mais je préfèrerai avec la
Russie , car pour Vladimir c’est son caractère autoritaire qui ne nous plait
pas et sa propension à agir sans rien demander et à récupérer ce qu’il croit
être à lui –à tort ou à raison, l’histoire le guidant ou permettant la discussion-, sans que les
populations concernées ne s’expriment. La démocratie c’est avant tout
l’adhésion à sa certitude. Mais comme je crois qu’il faut parler à tous,
surtout à ceux qui n’ont pas nos valeurs et nos principes (devenus moins universels que nous le souhaiterions
c’est un malheureux constat) , invitons Vladimir quand Donald ou Kim, ou le
grand Ayatollah sont là, et nous verrons qui a les plus grands muscles, un
véritable pouvoir et qui est capable de faire prendre des décisions dans
l’intérêt de la communauté internationale.
Ne
raisonnons pas pour les autres avec nos critères. Essayons d’abord de réussir
chez nous et en Europe avant de donner des leçons. Le progrès c’est aussi de
sortir de nos schémas de pensée, de s’appuyer sur l’adversaire pour le clouer
au sol, et d’utiliser nos faiblesses en autant d’atouts, dans des domaines que
les autres négligent ou ne maîtrisent pas.
Abordons donc des considérations internes.
La notion de
progressisme qui a accompagné les 19ème et 20ème
siècle et qui permettait de distinguer
les politiquement fréquentables et ceux
qu’il fallait rejeter, n’a plus de sens. Qui est contre le progrès entendu
comme l’amélioration économique et sociale, la solidarité, la lutte contre
toutes les inégalités, et le bien commun pour tout citoyen qui participe par
son mérite personnel et ses sacrifices à accroître la richesse de tous ?.
Personne n’oserait dire le contraire
même si certains pensent in petto
et sans l’exprimer même implicitement de peur de passer pour un
méchant ou un égoïste ennemi du genre humain, que d’autres sont privilégiés, qu’il y a des injustices,
mais qu’après tout c’est la loi de la
nature que les meilleurs en profitent. [sic]. Mais encore faut-il s’entendre sur ce que l’on veut dire en parlant de
progressisme qui s’opposerait à
conservatisme surtout en matière de valeurs humanistes et des libertés. Ne pas
être progressiste en ce qui concerne les mœurs, les minorités , les migrants ou
la redistribution des richesses sans se préoccuper au passage par qui et comment elles sont produites n’est pas
concevable pour les bien pensants qui sont des verbaux surtout et qui renvoient leurs adversaires à la catégorie de ceux qui n’ont pas de cœur ,
préfèrent l’identité à la diversité qui serait une chance pour la France -
slogan creux , postulat indémontrable et
qui véhicule de la repentance et de la
honte -sans prouver quoi que ce soit sur
le plan du travail ou du respect des humains et de l’idéal républicain-, et
montrent du doigt non pas une certaine catégorie de personnel comme on dit pour
les grèves, mais des citoyens comme eux qui
n’ont pas l’heur d’accepter les idées prétendues dominantes mais émanant d’ une minorité, surtout si elles sont inapplicables et
peuvent nuire à la cohésion sociale. L’écrire
ainsi peut entrainer des représailles
notamment celles d’être traité de raciste ou fasciste surtout par ceux
qui ne l’ont pas connu, l’imaginent et le voient partout rampant y compris dans l’appareil d’Etat. Au
mieux on est ringard, adepte de l’ancien monde et on doit être dégagé sans
considération pour les services rendus.
La mode est
ce qui se démode on le sait, et les pétitions de principe ou l’utopie qui veulent soumettre la majorité silencieuse
à l’opinion d’une infime minorité qui
veut bruyamment changer la vie et veut réformer le monde selon ses croyances ne
servent à rien sauf à créer le désordre et faire douter de tout, ce qui devient
du relativisme, puisque tout se vaut et que seul l’homme encensé selon
certaines conditions , selon son origine sociale, d’où il vient et ce qu’il
représente, mériterait d’être entendu. Cependant
tout n’est pas à jeter de l’ancien monde qui a bâti des institutions solides, a
permis les trente glorieuses, a évité la guerre sur son territoire ou en Europe
ce qui n’est pas un mince exploit, a
maintenu la France au 5ème rang des puissances mondiales, avec un
état de droit, des élections libres où
ceux qui sont contre tout peuvent se faire élire et prétendre à
gouverner. Que le nouveau monde fasse au moins aussi bien. D’ailleurs opposer
les anciens et les modernes a déjà existé, et n’apporte rien : c’est l’addition
des réussites diverses qui est utile et non
l’opposition des générations ou des méthodes dans une technologie qui
évolue. Car l’être humain reste pareil
avec ses défauts et qualités immémoriales et l’intelligence artificielle
avec le robot ne le remplacera pas dans
ce qui est immatériel. Certes tout n’est pas parfait. Il y a des excès et des
abus, des inégalités, des territoires abandonnés et j’y inclus ceux que je
fréquente en zones rurales, et de la violence beaucoup de violence qui ne diminue pas malgré les messages de
fraternité, l’éducation , les colloques où on détaille ce qu’il ne faut pas faire, le respect de
l’autre, la solidarité…Mais rien n’y fait chacun le vit dans son domaine et
parfois en famille, et les pouvoirs publics de toutes tendances politiques
échouent de ce point de vue surtout
quand des partis mettent un peu d’huile
sur le feu en prétendant que les braves gens sont manipulés et plus misérables ou damnés de la terre (surtout à air France
ou à la Sncf !)qu’ils ne le croient, ou que c’est la faute des étrangers
qui mangent le pain de nos
concitoyens. Comment faire ?
La vie en
société n’est pas de dresser les uns contre les autres, de voir un bouc-
émissaire dans le prochain. Le mot essentiel devrait être considération au-delà
de l’aspect matériel fondamental cela va
de soi, et respect de ce qu’il croit on non tant en matière religieuse que
politique , puisque la laïcité est le ciment de notre société. Les valeurs
républicaines qui sont un repère, un socle avec des fondations solides n’ont
pas à se substituer à une transcendance quelconque et devenir un nouveau bréviaire à suivre. La république nous donne
le cadre, protège les principes universels
et nous permet de vivre en
toute liberté. Rien ne justifie la violence
, jamais. Le progrès ce n’est pas de
céder à toute revendication prononcée d’une voix agressive, exigeante et
menaçante, et quelque peu méprisante pour ceux qui ne sont pas d’accord. On a
le droit, et souvent le devoir , de dire non en expliquant pourquoi. Le
collectif doit l’emporter sur les droits individuels, ou ceux de la communauté
ou des intérêts corporatistes : par exemple je ne vois pas en quoi le
service public -très malmené depuis des années
par les grèves par exemple ou
ayant disparu de nos campagnes - serait atteint par la fin du statut des
cheminots, ou par la privatisation d’air France
ou autres entreprises, ou par des fonctionnaires recrutés en CDI sauf
dans les domaines régaliens ou essentiels pour la santé et l’éducation ou
vitaux pour le pays , tous les personnels n’étant pas concernés
directement par ces missions. Et je
m’insurge contre l’idée que seuls ceux qui travaillent dans le secteur public
sont utiles à la nation. Le secteur
privé produit la plupart des richesses, et sert aussi l’intérêt général.( par
exemple et au hasard un avocat est commis d’office et défend gratuitement, ou
doit accepter l’aide juridictionnelle pour que chacun ait une chance égale en
justice). Un travailleur est un travailleur où il exerce. Que l’égalité dont on nous rebat les oreilles
commence dans le domaine public qui doit
s’aligner sur les devoirs du privé. La nécessité d’après 1945 pour reconstruire
la France et attirer des talents en les fidélisant , n’a plus lieu d’être et se
revendiquer du programme du conseil
national de la résistance doit faire rire les derniers compagnons de la
libération. Nos actuels hauts
fonctionnaires l’ont bien compris eux qui pantouflent après avoir constitué un
carnet d’adresses et font des allers-retours public-privé dans les deux sens
désormais ,au gré de leurs intérêts. Il suffit de suivre l’actualité et les
plaintes de l’association anti cor pour comprendre l’enjeu.
Ce que
je n’aime pas actuellement c’est la
contradiction permanente : faites
ce que je dis, et pas ce que je fais. Je choisis volontairement et
arbitrairement une star des médias, M.Coquerel député de la France insoumise qui a été entartré . Le parti a hurlé à une
atteinte à la démocratie : halte à l’enflure ,un peu de modestie SVP et
d’humour surtout de la part d’un parti
qui ne ménage pas les autres et a le verbe fielleux. D’autant plus que M. Coquerel a défilé ce qui
doit être progressiste pour un élu de toute la nation, écharpe tricolore au vent ,avec les
manifestants unis de la SNCF, des fonctionnaires et d’autres catégories
sociales, en compagnie des blacks blocs et autres gentils casseurs. M.Coquerel
a été gazé, et il en a pleuré en
protestant qu’on attentait à un élu de la république, et en disant peut
être que la police était répressive ( je
ne sais pas s’il aurait osé dire
fasciste ?) et que ses violences étaient inacceptables. Fermez le ban , le
ridicule ne tue pas… M.Coquerel n’est naturellement pas le seul à gérer ses
contradictions (comme moi ou quiconque) : le peuple politique se
distingue parfois par des sorties verbales curieuses, surtout quand il
travaille trop et approche le burn-out ,
être député semblant être un métier
impossible, harassant , mal payé : que la CGT s’en mêle avec le soutien de
la France insoumise !. Une bonne grève du zèle nous permettrait d’avoir moins de
lois ce que tout le monde approuvera.
Enfin pour
moi le progressisme ce serait de rétablir l’ordre républicain, d’appliquer la
loi qui protège (si elle est bien pensée
et écrite) et faire preuve d’autorité
qui n’est ni l’autoritarisme ni la violence de l’Etat ou autres pouvoirs en
action. L’autorité c’est faire respecter les décisions de justice -y compris
quand l’Etat est condamné- qui sont rendues au nom du peuple français
c’est-à-dire de la majorité qui ne s’exprime pas, subit parfois, et ne doit pas
se laisser aller à ne voir que ses intérêts même s’il est recommandé de les
défendre. Les médias pourraient
participer à créer un climat plus positif, en parlant de ce qui marche, sans
négliger ce qui est l’horreur qui existe,
les meurtres ou assassinats, la violence, la barbarie des terroristes,
le chômage ou les délocalisations, les menaces diverses, leur rôle étant d’informer c’est-à-dire rapporter des éléments vérifiés
et objectifs mais pas de prendre position ou de penser pour influencer les
autres ceux qui sont des présumés
ignorants, ou de refaire le match
à leur manière ou de juger à la place de ceux dont c’est le métier. La France
ne peut être un gigantesque forum permanent qui décide à main levée de telle ou
telle décision que l’exécutif n’a plus qu’à mettre en place, voire en ligne. Le
débat démocratique oui, la dictature des bien pensants ou qui se croient
modernes, non.
Le
progressisme ce serait d’évoquer l’avenir de nous dire ce vers quoi nous
tendons et ce que nous serons collectivement plus tard, quelles valeurs nous
défendrons, quel idéal ou objectif pourront nous enthousiasmer, et comment y parvenir. Sera -ce le paradis
des droits individuels mais dans quel
cadre, et qui paiera et protégera
le collectif ? Ou au contraire
faudra- t- il limiter nos ambitions personnelles pour que l’unité globale se développe, qu’il y ait plus d’égalité et de
solidarité, dans un monde apaisé ou plus
dangereux ? Nous avons le nez sur le guidon et nous ne réfléchissons pas à
ce qui est notre destin qui d’ailleurs ne dépend pas uniquement de nous puisque nous sommes indépendants dans
l’interdépendance selon la formule ancienne d’Edgar Faure. La démocratie comme
nous la vivons perdurera – t -elle ou d’autres formes de gouvernement s’imposeront-
t -elles sous la poussée des populistes par exemple ou plus grave des
mouvements qui prônent des régimes plus « forts » ? Il faut y réfléchir si nous ne voulons pas
de réveils douloureux ou devoir agir à chaud. Et il faut être pragmatique seule
« idéologie » qui vaille la peine de s’y arrêter, sinon on est hors
sol.
Le
philosophe Pierre Manent ancien disciple de Raymond Aron explique que la
doctrine des droits de l’homme seul principe de légitimité encore accepté en
Europe, rend impossible la délibération publique et l’art de gouverner [ la loi
naturelle et les droits de l’homme Ed.PUF 2018]. Il ajoute que l’on ne croit
plus en un ordre collectif et on réduit la nature à l’individualité.
Voilà à quoi
je pensais tandis qu’il pleuvait à
torrents, que les inondations détruisaient tout et que des habitants dans le
malheur pleuraient en direct victimes
par le coup du sort et la force impitoyable de la nature (au secours
M.Hulot le spécialiste du climat, le lanceur d’alerte en chef!) ; que
la grève à la Sncf se poursuivait, qu’un
répit pour reprendre son souffle était programmé sur la ZAD de notre dame des
landes avant l’évacuation définitive, on y croit ; pendant que Donald et Kim rayonnaient ( pas par l’effet
des émissions nucléaires je pense) ,
sachant que le mondial de football allait débuter en Russie (merci Vladimir et allez les bleus)
et être suivi du tour de France cycliste qui permet de faire des efforts sans
bouger de son fauteuil, avec les vacances
sous le soleil on l’espère et avec des
trains pour que les cheminots en grève puissent voyager, ou des avions pour que
les commandants de bord valident leurs acquis .Le progressisme a encore de bons aspects conservateurs qui sont éternels donc modernes, tout n’est pas encore perdu.
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