mardi 12 juin 2018

Considérations banales sur l’air du temps plutôt orageux.


Considérations banales sur l’air du temps plutôt orageux.
Par Christian Fremaux avocat honoraire et élu local.
Il pleut beaucoup et les orages non désirés comme n’aurait pas dit Chateaubriand  font des dégâts. Il n’y a pas que les conditions climatiques qui sont dérèglées, car l’on s’aperçoit aussi que l’homme parfois raisonne curieusement et que l’on est à la merci de tout.
 Ainsi en est- il dans les relations internationales avec  les deux présidents  qui ont comme différences d’être pour l’un le symbole  de la démocratie et du libéralisme et pour l’autre la caricature de la dictature communiste, et comme points de comparaison une coupe de cheveux improbable -mais tout le monde ne peut pas avoir celle de zidane ou d’yvette horner l’accordéoniste flamboyante qui a joué sa dernière note-, et des prénoms issus de disney  et de kipling , Donald (comme duck ) et kim  (comme dans la jungle  )  avec tous deux des méthodes similaires  ressemblant au poker menteur et consistant à faire monter les enchères, se fâcher, se reconcilier, montrer qui on est, puis venir discuter,  qui  se sont rencontrés  dans une mise en scène exceptionnelle à Singapour (qui paiera le prix de l’hôtel de la délégation nord coréenne qui n’a pas les moyens de payer les frais ce qui n’est pas banal ) pour deviser nucléaire  alors que les USA boycottent l’Iran  pour que cette puissance respecte le traité de démantèlement  des armes  signé , que Donald estime insuffisant et dangereux par manque de garanties données par les ayatollahs  qu’il accuse de menacer la paix et déstabiliser la région. Mais il ne fallait pas sous estimer ces deux  dirigeants qui se sont reniflés, se sont choisis ce qui est vexant pour d’autres et qui finalement ont trouvé un accord sur la dénucléarisation de la péninsule  coréenne ce qui est un évènement historique. Qui l’eût cru ?: chapeau les artistes et pourvu que cela dure et soit mis en application. La situation des Corées , de la Chine et de cette partie du monde va enfin bouger, on l’espère, voire donner l’exemple pour d’autres endroits très chauds. Comme quoi tout est possible si on sort des postures et des idéologies et parfois des médias. Mais attendons de voir…
 Heureusement que Donald  n’a pas envoyé  un tweet à Kim en revenant dans son avion air force one comme il l’a fait pour la réunion au canada  du G7 ,moins un à la fin  à savoir lui, après avoir réfléchi dans les airs et s’être désolidarisé du communiqué final ,transformant ainsi un succès diplomatique très relatif en échec avéré. Notre président préféré  E.Macron ne peut plus dire avec l’accent inimitable de Céline Dion  que son «  aaaamiiii  » Donald   l’écoute et qu’il est sérieux. Notre président a dit le contraire pour le G7 car il  s’est  un peu senti roulé et il est en colère  mais pas au point de rompre les relations - car comment se brouiller avec l’Amérique notre ami allié historique (Lafayette nous voilà !) qui a sur son territoire des milliers d’entreprises françaises et qui reste la première puissance du monde. Mais avouons- le : celui qui est un maquignon de haute volée (le maquignon est un intermédiaire qui fait des affaires parfois douteuses), et qui a fait ses armes dans l’immobilier  pour devenir milliardaire  son diplôme le plus élevé, ne ménage personne et renvoie la diplomatie de papa faite de respect et de parole donnée - je ne parle pas de ce qui est écrit qu’il ne l’oblige pas non plus  - au rayon des périmés et de la naïveté. Ce qui compte c’est lui d’abord, les USA ensuite, et les autres éventuellement s’ils peuvent lui apporter un peu de plus. Il préfère l’unilatéralisme au multilatéralisme on l’a compris.  Il va falloir s’y habituer et je ne crois  pas que c’est l’oeuvre d’un «  fou » comme on le  catalogue rapidement  et en désespoir de cause : il a ses habitudes, celle de « dealer  » pour tout y compris ce qui est essentiel pour le monde, de prendre son interlocuteur de haut en le choquant, de faire du cinéma ce qui plaît à hollywood mais pas à certains acteurs,   de le manipuler et de pouvoir mentir si c’est utile. La morale ne lui monte pas au cerveau, le droit international public ou celui de l’OMC ne le concernent pas, s’il les connait ?, et le pragmatisme lui tient lieu de doctrine. On devra s’adapter tant qu’il sera élu voire réélu car les boys du fin fond de l’Amérique aiment cela : la persuasion  de la démonstration de force et  du colt , une justice expéditive et la pendaison haut et court quelques soient les conséquences , ne sont pas que dans les westerns : elles vivent dans l’américain moyen. Le président Trump est le reflet d’une grande partie de l’électorat qui aime ceux qui font ce qu’ils disent et s’y tiennent, même s’ils ont tort. Je ne doute pas que notre Président E. Macron qui lit dans le texte et écoute Donald sans traducteur, a compris  la problématique et qu’il fera mieux la prochaine fois qu’il y aura un G, à 6 ou à 7 ou plus ?  je ne sais pas, mais je préfèrerai avec la Russie , car pour Vladimir c’est son caractère autoritaire qui ne nous plait pas et sa propension à agir sans rien demander et à récupérer ce qu’il croit être à lui –à tort ou à raison, l’histoire le guidant  ou permettant la discussion-, sans que les populations concernées ne s’expriment. La démocratie c’est avant tout l’adhésion à sa certitude. Mais comme je crois qu’il faut parler à tous, surtout à ceux qui n’ont pas nos valeurs et nos principes (devenus  moins universels que nous le souhaiterions c’est un malheureux constat) , invitons Vladimir quand Donald ou Kim, ou le grand Ayatollah sont là, et nous verrons qui a les plus grands muscles, un véritable pouvoir et qui est capable de faire prendre des décisions dans l’intérêt de la communauté internationale.
Ne raisonnons pas pour les autres avec nos critères. Essayons d’abord de réussir chez nous et en Europe avant de donner des leçons. Le progrès c’est aussi de sortir de nos schémas de pensée, de s’appuyer sur l’adversaire pour le clouer au sol, et d’utiliser nos faiblesses en autant d’atouts, dans des domaines que les autres négligent ou ne maîtrisent pas.  Abordons donc des considérations internes.
La notion de progressisme qui a accompagné les 19ème et 20ème siècle  et qui permettait de distinguer les politiquement  fréquentables et ceux qu’il fallait rejeter, n’a plus de sens. Qui est contre le progrès entendu comme l’amélioration économique et sociale, la solidarité, la lutte contre toutes les inégalités, et le bien commun pour tout citoyen qui participe par son mérite personnel et ses sacrifices à accroître la richesse de tous ?. Personne n’oserait dire le contraire  même si certains pensent  in petto  et sans l’exprimer  même implicitement de peur de passer pour un méchant ou un égoïste ennemi du genre humain,  que d’autres sont privilégiés, qu’il y a des injustices, mais  qu’après tout c’est la loi de la nature que les meilleurs en profitent. [sic].  Mais encore faut-il s’entendre  sur ce que l’on veut dire en parlant de progressisme qui s’opposerait  à conservatisme surtout en matière de valeurs humanistes et des libertés. Ne pas être progressiste en ce qui concerne les mœurs, les minorités , les migrants ou la redistribution des richesses sans se préoccuper au passage par  qui et comment elles sont produites n’est pas concevable pour les bien pensants qui sont des verbaux surtout et qui  renvoient leurs adversaires  à la catégorie de ceux qui n’ont pas de cœur , préfèrent l’identité à la diversité qui serait une chance pour la France - slogan creux , postulat indémontrable  et qui véhicule  de la repentance et de la honte -sans prouver quoi que ce soit  sur le plan du travail ou du respect des humains et de l’idéal républicain-, et montrent du doigt non pas une certaine catégorie de personnel comme on dit pour les grèves, mais des citoyens comme eux  qui  n’ont pas l’heur d’accepter les idées prétendues dominantes  mais émanant d’ une minorité,  surtout si elles sont inapplicables et peuvent nuire à la cohésion sociale.  L’écrire ainsi peut entrainer des représailles  notamment celles d’être traité de raciste ou fasciste surtout par ceux qui ne l’ont pas connu, l’imaginent et le voient partout  rampant y compris dans l’appareil d’Etat. Au mieux on est ringard, adepte de l’ancien monde et on doit être dégagé sans considération pour les services rendus.
La mode est ce qui se démode on le sait, et les pétitions de principe ou l’utopie  qui veulent soumettre la majorité silencieuse à  l’opinion d’une infime minorité qui veut bruyamment changer la vie et veut réformer le monde selon ses croyances ne servent à rien sauf à créer le désordre et faire douter de tout, ce qui devient du relativisme, puisque tout se vaut et que seul l’homme encensé selon certaines conditions , selon son origine sociale, d’où il vient et ce qu’il représente, mériterait  d’être entendu. Cependant tout n’est pas à jeter de l’ancien monde qui a bâti des institutions solides, a permis les trente glorieuses, a évité la guerre sur son territoire ou en Europe ce qui n’est pas un mince exploit,  a maintenu la France au 5ème rang des puissances mondiales, avec un état de droit, des élections libres où  ceux qui sont contre tout peuvent se faire élire et prétendre à gouverner. Que le nouveau monde fasse au moins aussi bien. D’ailleurs opposer les anciens et les modernes a déjà existé, et n’apporte rien : c’est l’addition des réussites diverses qui est utile et non  l’opposition des générations ou des méthodes dans une technologie qui évolue. Car l’être humain reste pareil  avec ses défauts et qualités immémoriales et l’intelligence artificielle avec le robot ne le remplacera pas  dans ce qui est immatériel. Certes tout n’est pas parfait. Il y a des excès et des abus, des inégalités, des territoires abandonnés et j’y inclus ceux que je fréquente en zones rurales, et de la violence beaucoup de violence  qui ne diminue pas malgré les messages de fraternité, l’éducation , les colloques où on détaille  ce qu’il ne faut pas faire, le respect de l’autre, la solidarité…Mais rien n’y fait chacun le vit dans son domaine et parfois en famille, et les pouvoirs publics de toutes tendances politiques échouent de ce point de vue  surtout quand des partis mettent un  peu d’huile sur le feu en prétendant que les braves gens sont manipulés et plus misérables  ou damnés de la terre (surtout à air France ou à la Sncf !)qu’ils ne le croient, ou que c’est la faute des étrangers qui mangent le pain  de nos concitoyens.  Comment faire ?
La vie en société n’est pas de dresser les uns contre les autres, de voir un bouc- émissaire dans le prochain. Le mot essentiel devrait être considération au-delà de l’aspect matériel  fondamental cela va de soi, et respect de ce qu’il croit on non tant en matière religieuse que politique , puisque la laïcité est le ciment de notre société. Les valeurs républicaines qui sont un repère, un socle avec des fondations solides n’ont pas à se substituer à une transcendance quelconque et devenir un nouveau  bréviaire à suivre. La république nous donne le cadre, protège les principes universels  et nous permet de vivre  en toute  liberté. Rien ne justifie la violence , jamais. Le progrès ce n’est pas  de céder à toute revendication prononcée d’une voix agressive, exigeante et menaçante, et quelque peu méprisante pour ceux qui ne sont pas d’accord. On a le droit, et souvent le devoir , de dire non en expliquant pourquoi. Le collectif doit l’emporter sur les droits individuels, ou ceux de la communauté ou des intérêts corporatistes : par exemple je ne vois pas en quoi le service public -très malmené depuis des années  par les grèves  par exemple ou ayant disparu de nos campagnes - serait atteint par la fin du statut des cheminots, ou par la privatisation d’air France  ou autres entreprises, ou par des fonctionnaires recrutés en CDI sauf dans les domaines régaliens ou essentiels pour la santé et l’éducation ou vitaux pour le pays , tous les personnels n’étant pas concernés directement  par ces missions. Et je m’insurge contre l’idée que seuls ceux qui travaillent dans le secteur public sont utiles à la nation.  Le secteur privé produit la plupart des richesses, et sert aussi l’intérêt général.( par exemple et au hasard un avocat est commis d’office et défend gratuitement, ou doit accepter l’aide juridictionnelle pour que chacun ait une chance égale en justice). Un travailleur est un travailleur où il exerce.  Que l’égalité dont on nous rebat les oreilles commence  dans le domaine public qui doit s’aligner sur les devoirs du privé. La nécessité d’après 1945 pour reconstruire la France et attirer des talents en les fidélisant , n’a plus lieu d’être et se revendiquer du programme  du conseil national de la résistance doit faire rire les derniers compagnons de la libération. Nos actuels  hauts fonctionnaires l’ont bien compris eux qui pantouflent après avoir constitué un carnet d’adresses et font des allers-retours public-privé dans les deux sens désormais ,au gré de leurs intérêts. Il suffit de suivre l’actualité et les plaintes de l’association anti cor pour comprendre l’enjeu.
Ce que je  n’aime pas actuellement c’est la contradiction permanente :  faites ce que je dis, et pas ce que je fais. Je choisis volontairement et arbitrairement  une star des médias,  M.Coquerel député de la France insoumise qui  a été entartré . Le parti a hurlé à une atteinte à la démocratie : halte à l’enflure ,un peu de modestie SVP et d’humour surtout de la part  d’un parti qui ne ménage pas les autres et a le verbe fielleux.  D’autant plus que M. Coquerel a défilé ce qui doit être progressiste pour un élu de toute la nation,  écharpe tricolore au vent ,avec les manifestants unis de la SNCF, des fonctionnaires et d’autres catégories sociales, en compagnie des blacks blocs et autres gentils casseurs. M.Coquerel a été gazé, et il en a  pleuré en protestant qu’on attentait à un élu de la république, et en disant peut être  que la police était répressive ( je ne sais pas s’il aurait  osé dire fasciste ?) et que ses violences étaient inacceptables. Fermez le ban , le ridicule ne tue pas… M.Coquerel n’est naturellement pas le seul à gérer ses contradictions (comme moi ou quiconque)  : le peuple politique se distingue parfois par des sorties verbales curieuses, surtout quand il travaille trop et approche le burn-out  , être député semblant  être un métier impossible, harassant , mal payé : que la CGT s’en mêle avec le soutien de la France insoumise !. Une bonne  grève  du zèle nous permettrait d’avoir moins de lois ce que tout le monde approuvera.
Enfin pour moi le progressisme ce serait de rétablir l’ordre républicain, d’appliquer la loi qui protège  (si elle est bien pensée et écrite) et  faire preuve d’autorité qui n’est ni l’autoritarisme ni la violence de l’Etat ou autres pouvoirs en action. L’autorité c’est faire respecter les décisions de justice -y compris quand l’Etat est condamné- qui sont rendues au nom du peuple français c’est-à-dire de la majorité qui ne s’exprime pas, subit parfois, et ne doit pas se laisser aller à ne voir que ses intérêts même s’il est recommandé de les défendre.  Les médias pourraient participer à créer un climat plus positif, en parlant de ce qui marche, sans négliger ce qui est l’horreur qui existe,  les meurtres ou assassinats, la violence, la barbarie des terroristes, le chômage ou les délocalisations, les menaces diverses,  leur rôle étant d’informer  c’est-à-dire rapporter des éléments vérifiés et objectifs mais pas de prendre position ou de penser pour influencer les autres ceux qui sont des présumés  ignorants,  ou de refaire le match à leur manière ou de juger à la place de ceux dont c’est le métier. La France ne peut être un gigantesque forum permanent qui décide à main levée de telle ou telle décision que l’exécutif n’a plus qu’à mettre en place, voire en ligne. Le débat démocratique oui, la dictature des bien pensants ou qui se croient modernes, non.
Le progressisme ce serait d’évoquer l’avenir de nous dire ce vers quoi nous tendons et ce que nous serons collectivement plus tard, quelles valeurs nous défendrons, quel idéal ou objectif pourront nous enthousiasmer,  et comment y parvenir. Sera -ce le paradis des droits individuels mais dans quel  cadre, et qui paiera et protégera  le collectif ? Ou au contraire  faudra- t- il limiter nos ambitions personnelles  pour que l’unité globale  se développe, qu’il y ait plus d’égalité et de solidarité, dans un monde apaisé ou  plus dangereux ? Nous avons le nez sur le guidon et nous ne réfléchissons pas à ce qui est notre destin qui d’ailleurs ne dépend pas uniquement de nous  puisque nous sommes indépendants dans l’interdépendance selon la formule ancienne d’Edgar Faure. La démocratie comme nous la vivons perdurera – t -elle ou d’autres formes de gouvernement s’imposeront- t -elles sous la poussée des populistes par exemple ou plus grave des mouvements qui prônent des régimes plus « forts » ?   Il faut y réfléchir si nous ne voulons pas de réveils douloureux ou devoir agir à chaud. Et il faut être pragmatique seule « idéologie » qui vaille la peine de s’y arrêter, sinon on est hors sol.
Le philosophe Pierre Manent ancien disciple de Raymond Aron explique que la doctrine des droits de l’homme seul principe de légitimité encore accepté en Europe, rend impossible la délibération publique et l’art de gouverner [ la loi naturelle et les droits de l’homme Ed.PUF 2018]. Il ajoute que l’on ne croit plus en un ordre collectif et on réduit la nature à l’individualité.  
Voilà à quoi je pensais  tandis qu’il pleuvait à torrents, que les inondations détruisaient tout et que des habitants dans le malheur pleuraient en direct victimes  par le coup du sort et la force impitoyable de la nature (au secours M.Hulot  le spécialiste du climat, le lanceur d’alerte en chef!) ; que la grève à la Sncf se poursuivait,  qu’un répit pour reprendre son souffle était programmé sur la ZAD de notre dame des landes avant l’évacuation définitive, on y croit ; pendant  que Donald et Kim rayonnaient ( pas par l’effet des émissions nucléaires je pense) ,   sachant que le mondial de football allait débuter  en Russie (merci Vladimir et allez les bleus) et être suivi du tour de France cycliste qui permet de faire des efforts sans bouger de son fauteuil,  avec les vacances sous le soleil on l’espère  et avec des trains pour que les cheminots en grève puissent voyager, ou des avions pour que les commandants de bord valident leurs acquis .Le progressisme a encore de bons aspects conservateurs  qui sont éternels donc modernes, tout n’est pas  encore perdu.



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