mardi 30 mai 2017

UN DÉPUTÉ POUR QUOI FAIRE ?

Un député pour quoi faire ?
Par Christian FREMAUX avocat honoraire et élu local .

Plutôt que de discuter sans fin et sans pouvoir conclure puisqu’il suffit d’attendre le 18 juin et le résultat des élections réelles  pour savoir si le président Macron aura une majorité absolue de députés ce qui lui permettra de faire voter vite les réformes qu’il a promises, dont certaines par voie d’ordonnances ce qui est prévu dans notre Constitution et qui n’est donc pas un passage en force ; ou d’espérer que  les républicains l’emporteront ce qui obligera à une cohabitation constructive avec plus de personnalités de droite ce que le président semble vouloir et qu’il faut donc satisfaire ? ; ou d’imaginer que le front national ou les insoumis-qui veulent entrer au parlement pour faire la loi, des règles, des normes ce qui me parait être un oxymore-  auront un score qui leur permettra de s’opposer à tout, il me parait plus important de s’interroger pour savoir à quoi sert un député alors même que l’on proclame qu’il va falloir réformer son statut et ses attributions, que leur nombre va être drastiquement réduit de 577 à 300 ou 400 ? ce qui laissera des circonscriptions donc des territoires vides, alors même que l’on dénonce la désertification administrative ; l’absence de services publics dans les zones rurales ; le regroupement déjà fait des anciens  cantons dans une entité administrative départementale plus large et que le citoyen se plaint d’être seul  sans personne neutre de l’Etat  à qui se confier, sans commerces de proximité, de médecins, avec des forces de l’ordre et de secours disséminées et lointaines, et qu’à part son voisin -si on le fréquente - le citoyen qui n’est pas urbain n’a pas d’interlocuteur humain  représentant le pouvoir sauf son maire et les conseillers municipaux, bénévoles donc pas toujours disponibles. La région s’est éloignée, le sous-préfet aux champs a disparu  et on en vient à implorer un dialogue pour avoir un minimum de contacts avec les membres de la poste ou du trésor public s’ils n’ont pas été supprimés. Les députés ne vont pas échapper au vent de réformes qui va souffler et masochisme compris ce sont eux qui vont voter leur nouveau statut moins avantageux que le précédent, pour l’avenir. M. Bayrou Garde des sceaux  revenu du diable –vauvert de son exil  politique qui aurait pu disparaitre  définitivement par un choix  un peu inattendu et un salto arrière de toute beauté s’est rétabli sur les principes qu’il prônait dans le désert depuis des années,  concocte le projet de loi de moralisation de la vie publique que nos nouveaux députés vont voter comme un seul homme : ils vont devenir des cadres je l’espère supérieurs pour leurs indemnités fiscalisées, et n’auront plus aucun avantage même pas de retraite ou celui d’avoir l’esprit familial en embauchant un proche ou en acceptant du  bout d’un costume , un cadeau d’un ami désintéressé. Ils accepteront un C.D.D. de 5 ans  renouvelable deux fois puis retourneront à leurs chères études ou passeront des qualifications comme pour toute activité manuelle de base et éviter ainsi pole emploi, car être député est parait- il  tout, sauf un métier ? . L’urgence est à la pureté des comportements  et des habitudes sur le plan moral qui se confondra désormais avec ce qui est légal tendance 2017 bien sûr car l’éthique est personnelle, à géométrie variable et  l’homme a sa part d’ombre que l’on ne peut gommer. Pour ma part je n’ai pas aimé la période  Robespierre qui voyait des suspects partout  surtout chez Mirabeau et Danton  assez proches de l’argent qui corrompt . On sait comment l’histoire se finit d’autant plus qu’avec big brother on  apprend  tout ce que la presse un peu orientée, pour la bonne cause bien sûr, relaie innocemment. La justice civile en faillite attendra, ainsi que la justice pénale qui participe à la chaine sécuritaire dans l’état de droit, alors même que les menaces terroristes sont critiques et que l’état d’urgence doit être prolongé. Le ministre de la justice a d’autres priorités : ni les justiciables, ni les magistrats qui ont besoin  d’être réconfortés, ni les forces de l’ordre ne menacent la république. Les députés, si. Est –il  insolent de s’interroger sur le rôle du député à l’heure du numérique, de la justice prédictive, des start-up de la loi et du droit, et des nouvelles technologies de l’information. Un robot parlementaire pourrait tourner la clé électronique sur instructions de son  député sans que celui –ci doive être physiquement présent le mardi ou le mercredi pour participer  devant  la télévision aux questions au gouvernement, faire savoir de la tête ou par une mimique qu’il est d’accord ou pas avec la réponse excédée d’un ministre ou du premier ministre, et faire claquer son pupitre pour manifester sa mauvaise humeur. Les jeux du cirque  ou de la cour de récréation   ou des bavardages aux journalistes ,des députés, qui ont tant énervés les citoyens doivent cesser. De la dignité et de hauteur s’imposent. Le Président Macron  veut  donner l’exemple. Il parait  que l’on souhaite consacrer le travail du député surtout  à la fabrication de la loi, ce qui n’est pas donné à tout le monde. N’est pas Cambacères, Portalis ou Tronchet, outre Michel Debré, ou Robert Badinter, qui veut. M.Delevoye autrefois de droite ? Quand il a exercé les plus hautes fonctions de la république, lui-même expérimenté,  humaniste et compétent a sélectionné les futurs députés 2.o  de la république en marche qui sont souvent des néophytes bien qu’enthousiastes ce qui est une qualité puisqu’ils croient  à l’intérêt général. Sauront -ils ces jeunes parlementaires-quelques soient leur date de naissance- avoir suffisamment de recul , de profondeur liée aux coups de la vie, de réflexion sur les autres sans parti pris ou croyance  qui réduisent,   et d’épaisseur, pour écrire des lois générales, courtes, pas bavardes, compréhensibles par le citoyen, durables, efficaces, et qui ne clivent pas ou sont faites pour une minorité,  sans que l’on ait besoin  de décrets qui les expliquent longuement, de circulaires qui les précisent et de tribunaux qui les interprètent ? Ou faudra- t -il que l’élaboration de la loi soit confiée à un petit nombre de parlementaires en respectant la parité et les diverses opinions mais  qui ont les compétences, ont été blanchis sous les fourches caudines du parlement, ont exercé des fonctions publiques et privées et sont une garantie  face à la censure du conseil constitutionnel et de la haute administration. D’autant plus que celle-ci va devoir prendre ses responsabilités puisque il y a peu de ministres et de secrétaires d’Etat et que les directeurs d’administration centrale vont devoir faire travailler leurs services dans le sens des réformes quitte à se saborder quelque peu. Le « spoil system » n’est pas loin .L ‘ENA qui était vouée aux gémonies a repris le pouvoir et va devoir montrer ce qu’elle sait faire, à la condition que le politique commande vraiment. Tout ceci ne milite pas en faveur du député dont le rôle ne doit pas se cantonner à principalement faire la loi  au détriment  de son autre devoir qui est d’être sur un territoire proche des citoyens et des élus locaux sinon il devient hors sol.    Le député doit être en même temps pour reprendre l’expression du président à la ville et dans les centres urbains,  et à la campagne, ou dans les banlieues et en province.
Même quand il sera élu à la proportionnelle, voire parachuté ,  ce qui permettra à toutes les tendances y compris extrêmes d’être représentées, sur des listes ce qui favoriseraient les manœuvriers ou les apparatchiks alors que la mort des partis est programmée puisqu’ils  ne produisent plus d’idées mais des candidats ou des cabales, donc pas forcément les meilleurs, le député doit être dédié à un territoire,  attaché à la  terre  avec de la boue,  où vivent les électeurs, ceux qui s’abstiennent, votent blanc ou contre. Le député a un mandat national, il incarne la France. Mais il doit avoir la vocation du sacrifice car  il est aussi l‘avocat de ceux qui ne font pas retentir  leur voix, travaillent, paient leurs impôts, et supportent  ce qui ne leur plait pas, tout en restant et vivant là où ils habitent par filiation ou choix plus ou moins imposés en espérant avoir un emploi digne pour leur famille , et des conditions environnementales agréables au nom de l’égalité,  même si le portable ne passe pas et qu’ils sont des intermittents d’internet !. Il doit leur parler,  leur répondre, nouer des liens amicaux, le tutoiement réciproque rapproche  mais n’est pas obligatoire, leur manifester de la compassion et de la compréhension,  les entendre, les défendre, les aider à titre personnel s’il le peut, puis transmettre ce qu’on lui a dit et faire remonter la réalité du terrain  au pouvoir qui isole à paris  et  que le microcosme parisien ne représente pas. La Rotonde, le Fouquet’s et Saint germain-des-prés ne sont pas le centre de la France. Le député doit le savoir et faire la part des choses. Il doit donc arpenter les communes surtout les petites, discuter des dossiers avec le maire et les conseillers municipaux ; les conseiller en droit et les tenir informés des évolutions législatives, des normes y compris européennes ; être un facilitateur  auprès du préfet de et l’administration locale, s’y retrouver dans les arcanes de la région et de l’assemblée départementale. ; être un conseil financier pour boucler les budgets et aider à trouver des financements. On doit le voir dans les manifestations locales, les brocantes, les fêtes, les commémorations. Il doit user de sa réserve parlementaire -qu’il ne faut pas jeter avec l’eau du bain, et que l’on peut contrôler pour répondre au souci de transparence et de non favoritisme- car sans aide des projets n’aboutissent pas malgré la bonne volonté des responsables. Le député est donc vital sur un territoire et il ne peut se contenter d’être un homme d’appareil ou qui fait carrière. Il doit mouiller sa chemise ou son chemisier, et il est tel Janus un homme ou une femme à double face. Avec un regard tourné vers paris  pour faire de la politique et soutenir sa majorité sans être un godillot qui marche au son du canon ( oserais-je écrire au son du Macron ?) car il est un homme ou une femme libre d’abord et exemplaire. Il écrit la loi donc engage sa responsabilité et le sort des citoyens. Et un autre regard que scrute sa circonscription pour être utile, le trait d’union avec le citoyen le plus humble qui a besoin de confiance, qu’on s’occupe de lui, enfin  que l’on privilégie l’humain. Pour la plupart c’est loin paris et dangereux ! Amis nouveaux députés de la nouvelle génération, les B. to B., les modernes, ne raillez pas  les plus anciens qui  seront  réélus et ont de l’expérience  car ils ont servis et sont encore dévoués, même s’ils n’ont pas la même approche que vous ou une autre philosophie.  Nous avons besoin de cohésion et de sérénité par ces temps troublés. Nous devons être solidaires. Un député ça doit servir en chair et en os à incarner l’union, le dévouement, la règle commune, l’intérêt général et la république. Progressistes, autre nom plus «  in  »   des réformateurs qui allez voter la loi, ne réduisez pas le député à un hologramme.
























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