On touche le fond
Par Christian Fremaux avocat honoraire
Le débat sur les élections européennes ne passionne pas les
foules car il est technique : plus ou moins d'Europe ou une Europe recentrée et
réformée pour que chaque pays garde sa puissance et puisse prendre les lois qui
défendent ses intérêts vitaux. Et que des fonctionnaires non élus cessent de se
mêler de tout et imposer leur vision de notre vie. Sous l'autorité des politiques
nationaux. Car il ne faut pas se tromper et être hypocrites. Les électeurs
français envoient 81 élus à Bruxelles de toutes tendances droite ou gauche ou
d'ailleurs. Les heureux bénéficiaires dont on ne connait que la tête de liste n'ont
pas pour mandat de décider en fonction de leurs goûts et convictions
personnels. L'Eurovision récente m'a un peu perturbé. Mais les débats sont
nécessaires. La chaise vide est une politique ringarde. Et méprisante.
Ce qui m'intéresse au-delà de leurs partis politiques et
leurs alliances avec d'autres forces en Europe est que nos député(é)s défendent
la France sur le plan international sans oublier nos priorités internes. Avec
sa souveraineté en permettant que l'on prenne des lois qui ne sont pas
invalidées par les cours de justice. En protégeant nos producteurs et industriels
sans des accords de libre-échange échevelés. En bétonnant nos valeurs
républicaines et laïques comme en France même si elles ne sont pas entièrement
comprises et /ou en intégrant un socle commun de principes avec lesquels nos
voisins sont d'accord. En s'occupant vraiment de l'immigration. Bonne chance
pour trouver l'unanimité. Chaque pays a ses coutumes et repères.
Et sans faire de
l'Europe une auberge espagnole car nous ne sommes pas responsables de tout ce
qui ne va pas et le monde entier ne peut nous en vouloir pour le passé, le
présent et l'avenir. Les larmes de crocrodiles versées par certains sont à géométrie
variable. Ils pourraient commencer par leurs proches ce qui n'exclut pas de
plaindre tous ceux qui souffrent. Une
vie est une vie. Aussi en ne se montrant pas belliqueux pour protéger les
démocraties dont la nôtre. Où en voulant sauver l'Ukraine pour faire plier
l'agresseur Poutine en se lançant dans une escalade militaire très dangereuse
et aléatoire. En se méfiant de l'éventuel retour de D. Trump.
Je n'aborde pas le rôle de l'Europe dans le conflit Israël/Hamas. Je ne place pas sur un pied d'égalité un Etat
démocratique dont les dirigeants rendront compte de leurs actes et excès à leur
Justice et à la justice internationale si les conditions sont remplies. Avec un
mouvement terroriste et criminel. Pour qu'il y ait un Etat il faut des
populations soudées, un ou des territoires continus, des institutions avec des élections
et des dirigeants élus. Et que ledit Etat reconnaisse celui qui le bordure et
ne veut pas sa disparition. L'assemblée générale de l'Onu s'est prononcée.
C'est un pas. Reste le plus dur à accomplir à savoir l'arrêt des combats. L'Europe
doit contribuer à une solution à deux Etats. Pleurer à la télé ne suffit pas.
S'insulter non plus. L'émotion n'est pas suffisante et crée des clivages
profonds. L'empathie n'est réservée à personne.
C'est de tout cela que nos candidats aux européennes auraient
dû débattre, même dans la confusion, avec des slogans et des raccourcis, du
n'importe quoi parfois. Je ne supporte pas les accusations à l'emporte-pièce
par exemple héritier de Pétain ou de Staline (qui sont ces gens papi ?) sinon
Napoléon l'esclavagiste ou Mao Tse Toung le massacreur au moins des libertés !
Il est ridicule que chacun dise qu'il ou elle est le sauveur et que tous les
autres sont des menteurs. On sait que c'est faux, que personne n'a la vérité et
que nos député(é)s se disperseront dans des groupes où il y a des représentants
d'autres pays.
L'électeur français même farouchement européen cherche dans
le programme de nos candidats ce qui va profiter à la France. C'est humain.
J'ai été sidéré que M. Glucksmann candidat des auto-
proclamés humanistes néanmoins de gauche comme si à droite il n'y avait que des
bourreaux sans cœur ! suivi par son alliée Mme Toussaint cheffe des verts qui
se revendique comme seule à détenir la solution au réchauffement climatique,
refusent d'aller débattre sur C. News et Europe 1. Aux motifs supposés qu'ils
considèrent que ce sont des médias "nauséabonds" droitiers malgré des
centaines de milliers de téléspectateurs et auditeurs qui les accompagnent. Courage
restons à la maison. Les absents ont toujours tort. C'est lamentable et je
plains les supporteurs de ces candidats.
Leur conception de la démocratie me désole. Il est vrai
qu'il est plus facile de parler entre soi sous les applaudissements des bien
-pensants de son camp. M. Glucksmann a installé sa candidature sous l'aile de
M. Delors qui avait eu le cran de refuser d'être candidat à l'élection présidentielle.
Et de s'en expliquer publiquement ce qui est le simple respect dû aux électeurs.
Et de se placer, ce qui est osé ,sous le patronage de Me Badinter panthéonisé qui
a plaidé contre la peine de mort malgré l'opposition virile du peuple Français
à l'époque. Cela c'est du courage. Mépriser un média et ses auditeurs qui ne
conviennent pas c'est fuir le combat. On verra ce qu'en pensent les électeurs.
Après 45 ans de barreau je ne connais pas un avocat qui
choisit son adversaire, son tribunal et ses magistrats qui seraient dévoués à
sa cause. En excluant tout autre.
Avec des députés de cet acabit et de cette ouverture
d'esprit le dialogue nécessaire et la réunion des bonnes volontés ne sont pas
près de voir le jour. On a les élus que l'on se choisit. Il appartient à
l'électeur d'aller voter en masse et de rectifier ce qui lui parait tordu. En
votant pour qui il veut. On touche le fond de la liberté d'expression et du
débat public contradictoire. Le seul avantage c'est qu'avec moins de débatteurs
il y a eu moins de cacophonie, quoique !
Ce sont nos prétendus futurs chefs donc ils nous
suivront.