mercredi 29 novembre 2023

Au -delà de cette limite votre ticket n’est plus valable

 

             Au -delà de cette limite votre ticket n’est plus valable

                 Par Christian Fremaux avocat honoraire

On pourrait attribuer cette formule de Romain Gary à beaucoup d’évènements de l’actualité qui défraient la chronique et font douter de la raison et de la tolérance en créant un climat d’affrontements. Chacun a au moins un exemple. Ceux qui se croient influenceurs ou très importants parce qu’on sollicite leurs avis ou qu’ils les donnent sans que personne n’ait rien demandé, feraient mieux de tourner leur langue sept fois dans leurs bouches avant d’asséner des prétendues vérités indépassables, de cibler le ou les responsables extrémistes bien sûr selon son camp politique ou ses émotions et faire la morale qui exclut certains au bénéfice d’autres.

La présomption d’innocence est à géométrie variable. Comme la minute de silence qui fait parfois un bruit assourdissant de n’avoir pas été organisée. Pour les chouchous se sont les trompettes de Jéricho qui sonnent. On n’attend même pas la fin des enquêtes judiciaires pour innocenter un tel et condamner tel autre. Si l’on s’est trompé il n’y a pas d’excuse car les motifs d’indignation effacent les précédents parfois dans la même journée, et on peut avoir la mémoire sélective et oublieuse.   

On fatigue et même si on n’est pas germanopratin ou étudiants d’une école d’élite perclus de wokisme et que l’on vit loin des lumières de la ville, on est capable de comprendre ce qui arrive, de voir ce qu’on nous montre ou de deviner ce qu’on essaie de cacher et d’entendre les gens parler surtout ceux qui étaient sur place au mauvais moment. On n’a pas besoin d’exégètes qui ne représentent qu’eux- mêmes et qui veulent nous faire prendre des vessies pour des lanternes. 

On connait pour les fréquenter les êtres humains surtout les citoyens de base qui paient impôts et taxes, subissent des choix qu’on leur prescrit sans jamais les interroger la démocratie n’ayant pas de temps à perdre et les politiques s’inquiétant pour leurs réélections. C’est fou de compter tous ces illustres inconnus candidats présumés compétents, courageux, impartiaux et dévoués qui se battent pour faire notre futur bonheur. En attendant les quidams sont exposés à de la violence physique et gratuite, à une balle perdue, puis à d’autres excès dont les vociférations à l’assemblée nationale ou dans le moindre débat. Ce qui accable plutôt que de donner de l’espoir. Ils s’entendent dire qu’il n’y a qu’un sentiment d’insécurité et que les statistiques sont formelles :la délinquance stagne en tendance corrigée des phénomènes saisonniers ! Et que nommer les choses n’arrangent rien. Circulez, vous n’avez rien à décider on le fait pour vous.

On ne partage pas les vues des plus excités pour être modernes et aller dans le sens du progrès mot magique qui d’ailleurs a tendance à régresser et peut conduire dans le mur. Si l’indispensable éducation nationale par elle- même était la panacée, pourquoi des enfants nés en France et ayant bu le lait républicain veulent-ils la disparition de ce qui leur permet d’exister. Et de s’épanouir par un minimum d’efforts. L’excuse sociale, de la discrimination et du racisme, des riches qui se gaveraient et des pauvres qui n’en peuvent plus, n’expliquent pas tout.

 Il va falloir et vite changer de paradigmes, revoir nos valeurs essentielles et les bétonner, rétablir l’ordre public car fermeté et humanisme sont compatibles, faire que la loi soit respectée et que les états d’âmes de minorités ne démolissent pas le destin collectif. Ce n’est pas un programme extrémiste, c’est simplement du bon sens. Où a-t-on faux ? Quand avons-nous raté un virage ? Sommes-nous dans une société de privilégiés pour une minorité qui humilie tous les autres ? Pourquoi devrions- nous être punis pour ce qui s’est passé il y a longtemps ou pour des combats théocratiques qui ne nous correspondent pas ?

Nous ne sommes responsables que de nos actes d’aujourd’hui. Certes notre démocratie n’est pas idéale et n’a pas réussi à juguler inégalités et parfois injustices. Ni fournir une protection en acier aux citoyens, premier devoir de la puissance publique. Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. L’individu doit être actif à son niveau, savoir bien choisir par son vote les promesses n’engageant que ceux qui y croient, et ne pas se replier sur son pré- carré. Il doit plus participer car il le vaut bien et c‘est son intérêt 

Il ne faut stigmatiser personne, donc on ne parle de rien. Il ne faut pas qu’un forcément extrême ou pas du bon camp présupposé qui a du cœur et sait ce qui est bénéfique pour le peuple fasse de la récupération politique :  on doit attendre que la justice passe -ce dont je suis d’accord - on commentera après. Mais quel que soit le concerné ! Tirer la sonnette d’alarme fait de vous un pompier pyromane. On ne se mouille pas… et on constate que l’Etat est impuissant et qu’en réalité personne n’a de vraies solutions. C’est inquiétant. 

Désormais on s’attend à tout malheureusement puisque on n’est même pas capable de distinguer un citoyen d’un Etat démocratique certainement critiquable, d’un terroriste. Les agresseurs deviennent des agressés. La catégorie des anges qui n’ont pourtant pas de sexe a considérablement augmenté. Les méchants ne sont pas ceux qu’on pensait… Et pendant ce temps- là ils parlent c’est de la logorrhée. Je crains que ceux qui nous gouvernent comme ceux qui aspirent à prendre le pouvoir aient déjà leurs tickets de sortie.

Mais par qui les remplacer ? Par des héros qui cocheraient toutes les cases : démocrates, républicains aimant le peuple mais pas populistes au sens péjoratif du terme, modérés, de droite et de gauche, laïques et croyants dans la sphère privée, partisans de l’ordre sous le contrôle des juges, européens mais pas trop… ?  S’il y avait une vague civique et qu’à chaque occasion le citoyen avide de faire connaitre son opinion allait aux urnes et décidait un vaste changement coup de balai que se passerait -il ?

La démocratie est fragile et à force de polémiques on l’use. Attention donc reprenons nos esprits. Calmons-nous. Discutons mais écoutons-nous. Quand les bornes sont franchies il n’y a plus de limites.

    

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