Au -delà de cette limite votre ticket
n’est plus valable
Par Christian Fremaux avocat
honoraire
On pourrait attribuer
cette formule de Romain Gary à beaucoup d’évènements de l’actualité qui
défraient la chronique et font douter de la raison et de la tolérance en créant
un climat d’affrontements. Chacun a au moins un exemple. Ceux qui se
croient influenceurs ou très importants parce qu’on sollicite leurs avis ou
qu’ils les donnent sans que personne n’ait rien demandé, feraient mieux de
tourner leur langue sept fois dans leurs bouches avant d’asséner des prétendues
vérités indépassables, de cibler le ou les responsables extrémistes bien sûr selon
son camp politique ou ses émotions et faire la morale qui exclut certains au
bénéfice d’autres.
La
présomption d’innocence est à géométrie variable. Comme la minute de silence
qui fait parfois un bruit assourdissant de n’avoir pas été organisée. Pour les
chouchous se sont les trompettes de Jéricho qui sonnent. On n’attend même pas
la fin des enquêtes judiciaires pour innocenter un tel et condamner tel autre.
Si l’on s’est trompé il n’y a pas d’excuse car les motifs d’indignation
effacent les précédents parfois dans la même journée, et on peut avoir la mémoire
sélective et oublieuse.
On fatigue
et même si on n’est pas germanopratin ou étudiants d’une école d’élite perclus
de wokisme et que l’on vit loin des lumières de la ville, on est capable de
comprendre ce qui arrive, de voir ce qu’on nous montre ou de deviner ce qu’on essaie
de cacher et d’entendre les gens parler surtout ceux qui étaient sur place au
mauvais moment. On n’a pas besoin d’exégètes qui ne représentent qu’eux- mêmes
et qui veulent nous faire prendre des vessies pour des lanternes.
On connait
pour les fréquenter les êtres humains surtout les citoyens de base qui paient
impôts et taxes, subissent des choix qu’on leur prescrit sans jamais les
interroger la démocratie n’ayant pas de temps à perdre et les politiques
s’inquiétant pour leurs réélections. C’est fou de compter tous ces illustres
inconnus candidats présumés compétents, courageux, impartiaux et dévoués qui se
battent pour faire notre futur bonheur. En attendant les quidams sont exposés à
de la violence physique et gratuite, à une balle perdue, puis à d’autres excès dont
les vociférations à l’assemblée nationale ou dans le moindre débat. Ce qui
accable plutôt que de donner de l’espoir. Ils s’entendent dire qu’il n’y a
qu’un sentiment d’insécurité et que les statistiques sont formelles :la
délinquance stagne en tendance corrigée des phénomènes saisonniers ! Et que
nommer les choses n’arrangent rien. Circulez, vous n’avez rien à décider on le
fait pour vous.
On ne partage
pas les vues des plus excités pour être modernes et aller dans le sens du progrès
mot magique qui d’ailleurs a tendance à régresser et peut conduire dans le mur.
Si l’indispensable éducation nationale par elle- même était la panacée,
pourquoi des enfants nés en France et ayant bu le lait républicain veulent-ils
la disparition de ce qui leur permet d’exister. Et de s’épanouir par un minimum
d’efforts. L’excuse sociale, de la discrimination et du racisme, des
riches qui se gaveraient et des pauvres qui n’en peuvent plus, n’expliquent pas
tout.
Il va
falloir et vite changer de paradigmes, revoir nos valeurs essentielles et les
bétonner, rétablir l’ordre public car fermeté et humanisme sont compatibles,
faire que la loi soit respectée et que les états d’âmes de minorités ne
démolissent pas le destin collectif. Ce n’est pas un programme extrémiste,
c’est simplement du bon sens. Où a-t-on faux ? Quand avons-nous raté un virage
? Sommes-nous dans une société de privilégiés pour une minorité qui humilie
tous les autres ? Pourquoi devrions- nous être punis pour ce qui s’est
passé il y a longtemps ou pour des combats théocratiques qui ne nous
correspondent pas ?
Nous ne
sommes responsables que de nos actes d’aujourd’hui. Certes notre démocratie n’est
pas idéale et n’a pas réussi à juguler inégalités et parfois injustices. Ni
fournir une protection en acier aux citoyens, premier devoir de la puissance
publique. Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. L’individu
doit être actif à son niveau, savoir bien choisir par son vote les promesses
n’engageant que ceux qui y croient, et ne pas se replier sur son pré- carré. Il
doit plus participer car il le vaut bien et c‘est son intérêt
Il ne faut
stigmatiser personne, donc on ne parle de rien. Il ne faut pas qu’un
forcément extrême ou pas du bon camp présupposé qui a du cœur et sait ce qui
est bénéfique pour le peuple fasse de la récupération politique : on doit attendre que la justice passe -ce
dont je suis d’accord - on commentera après. Mais quel que soit le
concerné ! Tirer la sonnette d’alarme fait de vous un pompier pyromane. On
ne se mouille pas… et on constate que l’Etat est impuissant et qu’en réalité
personne n’a de vraies solutions. C’est inquiétant.
Désormais on
s’attend à tout malheureusement puisque on n’est même pas capable de distinguer
un citoyen d’un Etat démocratique certainement critiquable, d’un terroriste. Les
agresseurs deviennent des agressés. La catégorie des anges qui n’ont pourtant pas
de sexe a considérablement augmenté. Les méchants ne sont pas ceux qu’on
pensait… Et pendant ce temps- là ils parlent c’est de la
logorrhée. Je crains que ceux qui nous gouvernent comme ceux qui aspirent
à prendre le pouvoir aient déjà leurs tickets de sortie.
Mais par qui
les remplacer ? Par des héros qui cocheraient toutes les cases :
démocrates, républicains aimant le peuple mais pas populistes au sens péjoratif
du terme, modérés, de droite et de gauche, laïques et croyants dans la sphère
privée, partisans de l’ordre sous le contrôle des juges, européens mais
pas trop… ? S’il y avait une
vague civique et qu’à chaque occasion le citoyen avide de faire connaitre son
opinion allait aux urnes et décidait un vaste changement coup de balai que se
passerait -il ?
La
démocratie est fragile et à force de polémiques on l’use. Attention donc
reprenons nos esprits. Calmons-nous. Discutons mais écoutons-nous. Quand les
bornes sont franchies il n’y a plus de limites.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire