jeudi 21 décembre 2023

Et le vainqueur est ?

 

                                       Et le vainqueur est ?

              Par Christian Fremaux avocat honoraire

Ce n’est ni le RN ni LR ni Renaissance ni M. Macron qui a gagné à propos de la nouvelle loi sur l’immigration. Avant même qu’ait eu lieu son vote à l’arraché certains l’ont dénoncée car elle serait un texte canada dry des idées de l’extrême droite. Comme si une idée avait un sexe ou était nocive selon celui ou celle qui l’émet. Les comptes et les décomptes pour savoir qui avait voté quoi ont été surréalistes. Mais la loi est, qu’on l’approuve on non mais pas encore définitive car les juges vont se prononcer.

On peut noter quelques moments étonnants. Ainsi le porte -parole normalement solidaire avec son gouvernement qui est venu s’excuser à la télévision de la nouvelle future législation sur les étrangers et leur dire qu’on les aimait. Ce qui est évidemment le cas mais pas dans n’importe quelles conditions. Aux nôtres empreintes de générosité et d’empathie ce que le monde admet, mais dans un cadre républicain avec des contraintes et réciprocités et matériellement possible. Ensuite tout juriste a dû être circonspect d’entendre la première ministre dire qu’il y avait certainement des articles non conformes à la constitution alors qu’elle avait mouillé sa liquette en vapotant pour que le texte soit voté. Il faut être polytechnicienne comme elle sinon énarque pour y comprendre la logique. Aimerait -elle être démentie pour soulager ses états d’âme ? C’est comme si un avocat demandait au tribunal de condamner son client comme jadis chez Mao ou si un médecin administrait un médicament qui va tuer son patient !

On a entendu aussi que le Conseil Constitutionnel était une chambre d’appel ou de cassation. Quelle erreur ! Des universitaires éminents devraient rappeler que le Conseil Constitutionnel n’est pas une cour suprême, qu’il juge en droit et pas en morale et n’est pas là pour se substituer aux politiques qui ne prennent pas leurs responsabilités. Il ne donne pas des leçons de géopolitique humanitaire mondiale.

Ce qui surprend encore c’est que des départements ont affirmé qu’ils n’appliqueraient pas la loi et qu’ils trouveraient des moyens pour compenser les pertes que subiraient nos invités d’office. Au frais des contribuables locaux qui ont gagné le pompon.

Nous avons la désobéissance civile notamment chez les prétendus lanceurs d’alerte de toutes natures. On omet la loi si elle dérange pour des motifs divers ou si elle heurte notre conscience. Merci pour ce moment et pour l’unité de la République qui ne peut fonctionner que par une règle d’intérêt général, neutre et impersonnelle. Désormais on pourra être hors la loi ce qui sera juste et équitable.

Je prends note que l’état de droit devient à géométrie variable. Pour l’avenir je n’accepterai donc que des élections dont le résultat me plait ; je n’approuverai que les décisions de justice qui me sont favorables ; et je respecterai les institutions que si elles me garantissent des droits personnels. Le collectif sera en option. Ainsi serai-je un citoyen dans l’ère du temps.

C’est comme ça qu’on fait venir le populisme que l’on maudit tous les jours dont les excès peuvent entrainer tous les dangers. La loi sur l’immigration a révélé le fond de la pensée des uns et des autres. Si on ne retrouve pas rapidement le bon sens et la raison, nos principes universels et la tolérance qui ne sont pas incompatibles avec la réalité, nous prendrons le risque de fracturer la cohésion sociale et d’aller vers des jours conflictuels entre nous. Nous n’avons pas besoin de tout cela face à toutes les menaces.

J’ignore si la loi dite immigration sera entérinée ou dispersée façon puzzle. Je sais simplement que les sondages – qui ne sont pas des élections- étaient constants depuis des mois et que personne ne veut dédaigner ce que veulent les citoyens. Ils ne sont pas contre les autres. Ils veulent être au moins à égalité avec ceux qui arrivent sans valise mais avec le poids de leurs malheurs. Et qu’on exige des contreparties avant de donner. C’est de la justice sociale et ce n’est pas être extrémiste que de vouloir être reconnu chez soi.

Les parlementaires n’ont fait que leur devoir en votant une loi que les citoyens réclamaient. C’est un texte de compromis qui n’est pas idéal, ni la droite ni la gauche ne détiennent la vérité.

Le vainqueur est le peuple. On devrait se réjouir.

 

 

1 commentaire:

  1. Merci Christian mais dans cette remise en cause du processus démocratique et de l’état de droit, il est probable que le peuple ait atteint le summum du niveau de défiance à l’égard du système politique qui soutient notre République et surtout une partie de ceux qui sont supposés les représenter !

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