samedi 11 janvier 2020

Dis moi d'où tu viens je te dirai si tu as raison

    Dis moi d’où tu viens je te dirai si tu as raison.
Par Christian Fremaux avocat honoraire, élu local, et citoyen saturé.


Au commencement était le verbe on le sait en tous les cas pour ceux qui connaissent l’origine chrétienne de la fille ainée de l’église, mais pas que car certains ne croient à rien et la religion quelle qu’elle soit n’est pas leur boussole. J’aime les débats et j’ai choisi d’être avocat car l’expression des idées ou arguments est pour moi fondamentale et elle permet d’expliquer et de trouver des solutions apaisantes souvent ? Mais trop c’est trop. Trop de discussions et de polémiques tue la réflexion et on ne sait plus où on en est à force d’entendre sur les médias en continu autant de versions et d’avis qu’il y a de personnes interrogées qui se piquent d’être des experts, auto-proclamés bien sûr. 
Je dois être un citoyen à part car personnellement aucun institut de sondage ne m’a jamais demandé mon avis même sur le prix de la carotte ou les 90 kms à heure, ou l’usage du plastique. Sur des sujets fondamentaux comme la démocratie, la justice sociale, la violence, la légitimité de M.Macron ou de M.Martinez ou sur les valeurs républicaines qui incluent les devoirs et le respect des autres, encore moins. On ne m’a pas interrogé non plus sur le projet de réforme de retraite universelle avec lequel je suis pour en corrigeant l’âge pivot pour le rendre plus acceptable bien qu’il soit indispensable, mais contre le fait que l’on touche à mon régime de caisse créditrice autonome du barreau dont je profite : c’est humain.
C’est le règne de l’à peu près et /ou des affirmations péremptoires qui se veulent être indépassables et définitives. Le doute a disparu des esprits et chacun estime détenir la vérité qu’il veut imposer à l’autre. Le principe est de passer en force comme on l’entend souvent c’est-à-dire de maintenir des avantages ou de légiférer avec l’aide d’une majorité docile, inféodée à je ne sais qui et quoi et ainsi contraindre le petit peuple qui ploie sous le joug. On serait presque selon des excités dans une dictature molle qui ne dit pas son nom ! Tout ce qui est excessif est insignifiant disait le prince de Talleyrand-Périgord.
 En réalité on est cru ou non selon le camp dans lequel les autres nous rangent et surtout caricaturent. Le camp du bien est défini par ceux qui s’opposent à tout ou proposent des solutions qui décoiffent ou veulent choquer le bourgeois et qui se proclament progressistes comme si le progrès était de tout bouleverser, de dire oui à toutes minorités, de ne pas mettre de limites, de ne pas être réalistes, et de renvoyer la responsabilité sur les autres. Le camp du mal qui est honni est composé de gens raisonnables qui réfléchissent au -delà de leurs intérêts personnels, ceux qui paient, assument des responsabilités diverses, respectent le verdict des élections même si le résultat ne leur convient pas, sont pour des valeurs traditionnelles qui assurent la cohésion sociale et récusent la force ou la menace dans les rapports sociaux.   
La parole des uns est ainsi sacralisée, présumée être la vérité révélée, et celle des autres est discréditée et suspectée d’arrières pensées et de mille maux. Les médias aiment les bons clients ceux qui gueulent, sont vindicatifs, ne « lâchent rien ou iront jusqu’au bout », ont découvert leurs vocations de contestataires professionnels, ne proposent rien de concret sauf la mort du capitalisme ou de l’ultra libéralisme pour faire court et démagogique mais ils croient « défendre le peuple » : pas moi par parenthèse je n’ai pas besoin d’avocat.
Celui qui a le malheur-car il est moderne de dire que les « élites » ne représentent rien et qu’on n’a pas fait d’études car on n’en avait pas les moyens ce qui est parfois vrai d’ailleurs- d’avoir des diplômes après avoir un peu sacrifier de sa jeunesse, d’exercer une profession reconnue  avec des horaires improbables, qui ont des revenus conséquents (comme ceux de M.Martinez bien payé et on s’en réjouit) qui excédent la moyenne de ceux  de la majorité des travailleurs, n’a à être ni entendu ni écouté car il défendrait son intérêt de classe ce qui est suspect.  On n’évoque jamais le terme intérêt général, on préfère statuts qui datent de Mathusalem, ou régimes avec des spécificités qui justifient des privilèges. Bientôt chaque métier aura une pénibilité revendiquée ne serait- ce que celle de devoir travailler. Et on se moque ou on passe aux pertes ceux qui sont restés sur le carreau puisqu’il ne faudrait rien changer. Bonjour la solidarité avec les plus faibles.
  Le philosophe Michel Onfray que je lis et que j’admire généralement car il réfléchit librement sur la société et distribue ses coups à droite comme à gauche, dans son dernier livre « grandeur du petit peuple » s’est laissé aller à illustrer cette tendance d’être partial. Il rappelle que ses parents ont été ouvrier agricole et femme de ménage et que sa famille actuelle exerce des métiers de base pour faire l’éloge des gilets jaunes qui pensent -ce dont personne ne doute- et dont quelques-uns ont défendu le symbole de l’arc de triomphe et de la stèle du maréchal Juin- ce dont on les félicite. Il y a des gens biens dans tous les camps.
 En revanche il ne se gêne pas pour critiquer les bobos parisiens et on partage partiellement son analyse car ces derniers ne sont pas coupables de tout et je ne les fréquente pas. Le quidam individualiste a aussi des exigences qu’il faut satisfaire.  M.Onfray fait sincèrement l’éloge du peuple et critique vertement les élites dont il fait d’ailleurs partie : il est un exemple du mérite républicain puisque vivant en province dans un milieu défavorisé il a réussi à devenir docteur d’Etat en philosophie, à animer une université populaire, à être une grande vedette des médias, et à vendre des centaines de milliers de livres brillants. Il est lui -même un contre- exemple de ce qu’il dénonce. Comme quoi être binaire et vouloir trop démontrer ne sert à rien. Il faut la base sur laquelle s’appuie ceux qui doivent prendre les décisions pour faire grandir tout le monde.
Michel Onfray écrit : «… car les révolutions ne sont jamais que des girations(mouvements circulaires) qui reconduisent les plus modestes à leur point de départ. Une fois qu’elles ont eu lieu (les révolutions) elles remplacent une tyrannie par une autre. Elles abolissent le dictateur pour faire place à son semblable : il porte juste d’autres vêtements ».  Michel Onfray a raison et qu’on en prenne de la graine, ou du grain à moudre comme on dit en matière de conflits sociaux.
On peut cependant faire la synthèse. J’habite souvent à la campagne dans une commune rurale de 600 habitants qui est le berceau de ma famille où je suis élu ; et je vis aussi à Paris où j’exerce ma profession d’avocat et diverses activités (bénévoles). Je suis donc un rat (ou plutôt un souriceau) des champs et de ville. Comment donc me classer et comment apprécier ce que j’écris ou me critiquer en fonction de là d’où je viens.
Le mieux est donc d’écouter dans le calme et sans s’invectiver ceux qui s’expriment avec modération et raison en posant comme principe qu’ils sont de bonne foi.  Et en confrontant les arguments pour retenir ceux qui sont fondés ou peuvent s’améliorer et ceux qui sont toujours négatifs quoiqu’on dise. Ceux qui viennent aux négociations pour dire qu’il n’y a rien à négocier et qu’il faut retirer tout projet ont une conception sectaire du débat, social notamment car celui-ci ne peut qu’être le fruit de compromis. Les défilés et les blocages n’honorent pas notre pays.  Je ne dois pas être le seul à être fatigué par les dialogues de sourds. Nous devons tendre vers la tolérance, le rassemblement, la concession même si nous ne pouvons tous être d’accord. C’est de cette démocratie là que je viens.    

mardi 7 janvier 2020

de la relativité des soucis


                              De la relativité des soucis.
                        Par Christian fremaux avocat honoraire et élu local.
 A propos de la réforme des retraites à vocation universelle en discussion ou plutôt en dispersion façon puzzle en raison des multiples dérogations, loin de moi de nier le mécontentement d’une partie de la population  mais je n’aime pas la haine qui est inadmissible envers M.Macron  régulièrement élu et qui avait annoncé cette réforme dans son  programme, le rejet de  son gouvernement et de  ceux qu’on  appelle les « riches » pour faire court  injure que l’on accole  aux privilégiés de toute nature par exemple pour ceux qui ont une fonction à vie, ou les cadres sans oublier les patrons. On crée la jalousie et la comparaison entre classes sociales, c’est une régression. On peut ne pas être d’accord sur un changement ou une réforme, faire connaitre ses critiques de façon virile mais bloquer le pays, se servir de la violence pour faire pression et vouloir avoir absolument raison est inadmissible alors que les syndicats ne représentent qu’un infime pourcentage de ceux qui travaillent qu’ils soient salariés ou fonctionnaires ou assimilés avec la sécurité de l’emploi ce qui est un avantage considérable. Et en oubliant les commerçants, artisans, professions libérales ou autres catégories qui n’ont pas les mêmes intérêts - ou ont des régimes autonomes bénéficiaires - que les adhérents de la cgt ou des syndicats vindicatifs et en méprisant les agriculteurs, les femmes, ceux et celles  qui ont eu des carrières hâchées, ceux qui ont changé de métiers plusieurs fois et les catégories qui ne bénéficient d’aucun régime spécial. Enfin en ignorant ceux qui n’ont pas bénéficié de la mondialisation ou qui en sont protégés par un statut et qui travaillent en n’ayant aucun avantage avec des perspectives inexistantes pour leur retraite et pour qui la réforme est positive.  
Je ne dis pas que le gouvernement  a forcément la science infuse sur tout et s’y est bien pris :  pour moi il a mal vendu son projet car après plus de 18 mois de rencontre de M.Delevoye avec toutes sortes de français et de représentants syndicaux , avec en plus l’itinérance du président lui-même dans toute la France pour le grand dialogue national,  il est grave que l’exécutif  n’ait pas pu  comprendre que  la théorie du système universel était parfaite sur le papier, dans un monde non conflictuel où chacun  serait gagnant et où l’Etat ferait des économies. Il n’a pas anticipé la réalité du terrain et les intérêts individuels car personne n’a envie de se sacrifier pour les autres on s’en aperçoit dans tous les domaines.  C’est une tendance du moment qui répond à l’individualisme et le tout pour soi. Il fallait laisser tranquilles les spécificités justifiées tout en leur demandant éventuellement un peu plus de solidarité nationale, maintenir le régime des professions qui ne coûtent rien aux contribuables, et simplement corriger les inégalités de ceux qui sont en galère et méritent que la société les aide. En intégrant aussi au cas par cas la pénibilité qui permet de rétablir la justice voire l’équité. 
Bien sûr les régimes spéciaux n’ont plus de justification mais il fallait programmer leur disparition dans un temps pas trop éloigné et le rétablissement du financement-qui peut être discuté à part- mettant durablement fin aux déficits pouvait être conçu moins brutalement peut être en permettant aussi aux seniors qui ont l’expérience de rester en activité s’ils le veulent. Ce qui donne des cotisations. Car il faut bien que les déficits cessent maintenant ou un peu plus tard. On ne peut vivre dans le déni et croire que ce sont toujours les autres qui paient.  Que l’on responsabilise les partenaires sociaux et qu’on leur confie le soin de trouver des solutions financières pour éviter la faillite. Et on ne parlera plus de l’âge « pivot ou d’équilibre » qui cristallise les oppositions.  Les conseilleurs deviendront ceux qui ont choisi les payeurs. On n’est plus à quelques semaines près. C’est ce qui va peut -être advenir avec le compromis réclamé par le président de la république. Il ne faut ni gagnant ni perdant dans un tel conflit, la satisfaction de son égo et d’avoir eu le dernier mot ne rimant à rien.  Il n’y a aucune honte pour les uns à reconnaitre que l’on a imaginé un projet qui a été mal étudié, que des critiques sont positives, et admettre pour les autres qu’il y a une partie de bon dans ce qui est proposé et qu’il faut savoir abandonner ce qui est désormais reconnu comme des privilèges.  Il faut un match nul : entre les syndicats la cgt notamment qui dit non et surtout les autres syndicats qui réfléchissent avec le gouvernement ,chacun aura marqué un but. Balle au centre. Mais je crains que la facture finale soit lourde et que les économies recherchées tardent à venir.
Pour moi ce débat sur les retraites est le rejet de la valeur travail qui affranchit l’homme. Parmi les opposants au projet il y a des lycéens qui font encore leurs études et des étudiants qui n’ont pas commencé à travailler. Je m’étonne qu’à 16,18,20 ou 22 ans on songe déjà à la retraite ce qui voudrait dire que la vie idéale est celle où l’on ne fait plus rien, que l’on ne participe plus activement aux besoins de la société et à la croissance pour tous, et que le monde de la pétanque ou celui de « buller » en se repliant sur soi et ses proches est l’objectif ultime ? Je n’insiste pas chacun répondra à cette interrogation et en tirera les conclusions qui s’imposent.
L’Europe nous donne des exemples. L’âge pivot est plus proche de 65 ou 67 ans voire plus que celui proposé par le gouvernement ou les 60 ans réclamés par la cgt. Les citoyens de ces pays sont -ils plus maltraités socialement et leurs démocraties sont- elles inférieures aux autres et en particulier à la France ? Quel pays a réussi à résoudre la quadrature du cercle et à trouver des systèmes de gouvernance ou de répartition dont celui des retraites qui plaisent à tous ?  Nous n’avons pas besoin de l’exemple de la Suède ou autre. La France a longtemps été le phare de l’Europe voire du monde par sa démocratie et son système de redistribution, ses philosophes, ses droits de l’homme. A nous d’inventer notre modèle moderne dans cette nouvelle décennie. Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques.  
 Nous devons retrouver la paix intérieure et trouver une solution consensuelle qui nous fasse honneur et n’appelle pas à une guerre larvée de revanches.  Elle ne plaira pas à tout le monde mais il faut passer à d’autres sujets, comme la transition écologique et  la fin du mois et non celle du monde comme le signalent les gilets jaunes qui apparaissent plus réalistes que la cgt : c’est un comble on aura tout vu et entendu !Il faut aussi se concentrer sur le terrorisme (on a encore vécu des drames par des attentats individuels) ; la croissance ( les grèves et les manifestations coûtent des milliards que le contribuable va devoir combler  un jour ou l’autre) et le partage des richesses ; l’équilibre du monde, le niveau de vie de nos voisins notamment africains ,notre protection (nos militaires sont tués au sahel) ; la réparation des dégâts naturels liés aux inondations ou autres phénomènes : les victimes ont besoin de notre solidarité et de notre compassion ; la laïcité car le communautarisme démolit sournoisement les valeurs de la république ; nos réflexions en matière d’éthique et de bio-éthique qui vont changer l’approche de l’humain… Nous avons des choix collectifs à faire qui doivent ensuite s’imposer à ceux -les minorités - qui ne sont pas d’accord, car en démocratie c’est la majorité issue de l’élection qui est le souverain et pas les groupuscules dans la rue qui pensent détenir la vérité.   Les élections municipales de Mars 2020 ne doivent pas être polluées par ces conflits. Il nous faut des élus compétents sur le terrain, pas idéologues mais dévoués pour bâtir dans les 6 ans dans l’intérêt général et non pas en fonction de statuts ou privilèges. La république commence et finit là où les citoyens habitent. 
Mais il faut relativiser ce qui se passe. Pendant que nous sommes dans une quasi guerre de tranchée dans l’hexagone, le monde se détruit et parfois les populations survivent. La guerre est partout avec son cortège de morts et de destructions. L’escalade entre les USA et l’Iran peut conduire par le jeu des alliances et des provocations réciproques à des conséquences dramatiques. La Turquie poursuit son hégémonie. Les groupes terroristes n’ont presque plus de territoires en Orient mais ils ont conservé leur capacité de nuisance et essaient de se rétablir au sahel ou en Lybie c’est à dire à nos portes.
Les soucis doivent donc s’atténuer. Soyons responsables et devenons des adultes. La raison doit l’emporter. Tout le reste est polémiques qui ne nous grandissent pas.        

vendredi 3 janvier 2020

Billet d’humeur : « prenons le train en marche si possible ?



Billet d’humeur : « prenons le train en marche si possible ?
Par Christian Fremaux  avocat honoraire, élu local et usager à pied.
Pour une fois je ne vais pas faire un commentaire juridique ou judiciaire voire sur la sécurité et la justice ou les institutions. Je vais me risquer dans une analyse succincte du conflit social en cours car comme n’importe qui j’ai mon idée et je ne raconterai pas plus de bêtises – pas moins non plus d’ailleurs- que celles que l’on entend à longueur de déclarations. Prenons donc le train en marche ce qui n’est qu’une image et critiquons la cgt car j’aime plutôt les syndicats réformistes.   
Il est cocasse de voir dans les étranges lucarnes s’exprimer des moins ou à peine plus de trente ans membres de la cgt qui sont extrêmement virulents comme si la guerre civile était aujourd’hui déclarée pour ce qui a vocation à s’appliquer dans des années lointaines, et qui réclament le retrait du projet de réforme de retraite universelle avec des arguments pour les moins spéciaux comme les régimes de la Sncf ou de la ratp, ou historiquement curieux car tout ne se compare pas.  Ces militants ont la certitude de ce qu’ils ne connaissent pas et débitent de façon impavide les éléments de langage qui leur ont été communiqués. C’est la bonne langue de bois qui nous revient comme du temps des soviets que certains considéraient comme étant l’avant-garde du prolétariat donc des salariés selon le vocable actuel.  J’ai entendu par exemple que la cgt refusait même le simple principe d’une discussion -bonjour les démocrates- car le gouvernement ne respectait pas les principes définis par le conseil national de la résistance. On ne sait pas lesquels mais ce serait avéré ?
C’est Jean Moulin -un héros torturé et tué sauvagement- qui a fondé à la demande du général de gaulle le conseil national de la résistance mi 1943. On ne parlait pas de retraite ! sauf celle des nazis. Son programme adopté le 15 mars 1944 comportait pour après la libération du territoire une liste de réformes sociales et économiques et suivait des principes d’obédience communiste (économie planifiée notamment) avec le rétablissement du suffrage universel, les nationalisations (énergie, assurances, banques) et la création de la sécurité sociale. La constitution de 1958 marquant le retour au pouvoir du général de gaulle, a intégré dans ses préambules les grands principes de la constitution de 1946 inspirés par le conseil national de la résistance. Nous sommes donc en 2020 sous le régime constitutionnel qui respecte encore les grands principes de 1944.
Il faut donc avoir des lunettes rouge foncé ou obstruées pour ne pas lire que la réforme de retraite universelle présentée par le gouvernement du jeune Macron mais qui connait l’histoire, tournerait le dos aux principes de solidarité, redistribution, rôle incitatif et garantie de l’Etat. La cgt a peur que l’Etat joue avec la valeur du point chaque année pour la baisser et ainsi diminuer les pensions des retraités ce que l’Etat dément en proposant une mesure législative qui interdirait cette manœuvre. Tout le monde s’accorde pour relever que la réforme proposée est plutôt très sociale (je ne dis pas de gauche car celle- ci est absente du débat), qu’elle installe plus de justice et d’équité, qu’elle va favoriser des catégories sociales oubliées et méprisées comme les agriculteurs, les femmes, les travailleurs aux carrières hâchées ou qui sont au chômage  et qu’elle va pénaliser surtout les cadres et les mieux payés. Rien n’y fait la cgt considère sans rire mais avec des contradictions néanmoins que le régime actuel est le meilleur du monde - tant pis donc pour ceux qui n’en profitent pas- et que les privilèges des régimes spéciaux (dont les déficits sont pris en charge par le contribuable) doivent être maintenus, en réclamant subsidiairement la clause du grand-père c’est- à- dire le renvoi de la réforme aux calendes grecques : nos petits- enfants nous voueront aux gémonies si on fait droit à cette absurdité. La cgt campe cependant sur son refus qui devient une prise de position politique.
C’est là où le bât blesse.
Maurice Thorez puissant secrétaire général du parti communiste disait qu’il faut savoir terminer une grève. Nous étions le 11 juin 1936 avec les accords dits de Matignon du temps du front populaire. A l’époque les conditions de travail n’étaient pas comparables avec celles de 2020 et la retraite était l’objet de débats. Le conseil de la résistance n’a pas gravé dans le marbre qu’il ne pouvait y avoir pour la vie éternelle qu’un régime de répartition. D’ailleurs au fil du temps les régimes complémentaires par capitalisation ont fleuri comme Agirc-arrco pour le privé et la Préfon par exemple pour la fonction publique que gèrent les partenaires sociaux.  Des régimes autonomes qui ne coûtent pas un centime au contribuable ont été créés comme celui du barreau dont je profite.
M.Martinez dit n’avoir pas aimé Margaret Thatcher, son libéralisme ( et  surtout sa mise aux pas des syndicats britanniques ). Il confond volontairement défense légitime  de ses adhérents et des travailleurs - mais pas de tous les travailleurs ni des citoyens - et  suffrage universel qui ne le concerne pas dans le cadre d’une république aux institutions existantes pour vouloir changer de régime politique et  établir ce qui lui fait plaisir, et qui ressemble peu ou prou  à ce que M.Mélenchon propose  en encourageant à la grève générale : faire payer les riches, abattre le capitalisme ou le libéralisme ;  pouvoir à tout instant obtenir la  révocation des élus notamment le président de la république  qui ne plaisent plus ; ériger  une démocratie directe car chaque citoyen est le souverain , le peuple  qui crée les richesses-pas les patrons -dans la rue détenant la vérité .Je ne caricature même pas. J’ai entendu pire dans la bouche de grévistes ou de gilets jaunes. On a compris que la cgt voulait son record du monde : faire encore plus long qu’en 1986 ou 1995. Quelle ambition moderne ! c’est lamentable. Mais on ne peut céder à la violence ou au chantage. Que veut dire « on ira jusqu’ au bout puisqu’après un mois de grève on n’a plus rien à perdre » ? Que fera la cgt si le projet initial est adopté avec des amendements puis voté par le parlement ?  Je vis à paris : je vais avec ma famille m’acheter une nouvelle paire de chaussures très solides ce qui fera plaisir aux commerçants. 
On n’est pas obligé d’approuver aveuglément tout ce que l’exécutif imagine. Mais quel serait l’intérêt de tout gouvernement de mentir, de trafiquer et de faire perdre des droits aux français en réduisant leurs revenus pour enrichir des fonds de pension ? Politiquement ce serait un enterrement de première classe avec la fuite à Varennes et une incitation à la révolution. Mais peut être suis-je naïf. Je suis pour le débat d’idées, projet de société contre projet de société : j’entends qu’il soit tranché dans les urnes et pas par la force c’est -à- dire le blocage du pays par l’infime minorité de ceux qui ont la sécurité de l’emploi et le pouvoir de nuisance et sans responsabilité ni en droit ni électorale.  La démocratie est fragile, ne pas respecter ses règles est irresponsable et peut ouvrir la voie à toutes sortes d’aventure autoritaire en particulier. Le général de gaulle dénonçait la chienlit. Nous y sommes.  
Nous devons nous reprendre collectivement, sortir des postures, retourner à la table des négociations avec un esprit ouvert bien que ferme contre la démagogie, faire des compromis qui ne sont pas des compromissions au cas par cas, financer (le fameux âge pivot ou d’équilibre qui peut être moins drastique semble t- il) ce qui doit l’être pour que ceux qui cotiseront plus ou travailleront plus, aient leur avenir de « vieux » assuré dans la justice. C’est cela l’esprit de la résistance : vaincre collectivement sans humilier personne, et bâtir une société où tout le monde est gagnant. Encore faut-il que le train arrive à quai.       

jeudi 5 décembre 2019

je dirai malgré tout que 2020 sera une bonne année.


Je dirai malgré tout que 2020 sera une bonne année.
Par Christian FREMAUX avocat honoraire et élu local.
Jean d’Ormesson reste vivant puisque je me suis inspiré de son œuvre pour le plagier dans mon titre  et essayer de rester optimiste malgré l’état guerrier du monde, les menaces qui pèsent sur notre pays et qui devraient nous inciter à être moins exigeant même si défendre ses intérêts est légitime,   avec le climat  qui se réchauffe en entrainant des  affrontements  entre les sceptiques et ceux qui hurlent à la fin des temps ce qui est anxiogène, et les catastrophes naturelles qui font des victimes avec le désespoir de certains qui ont besoin de la solidarité nationale. Il me semble que le débat public devrait baisser de plusieurs tons, car la vindicte n’apporte rien, les leçons de morale non plus, et lorsque on exclut ou on interdit en particulier des porteurs d’opinions même détestables ou désagréables en demandant aux tribunaux de sanctionner on ne se grandit pas. Il faut des intellectuels qui émettent des idées, qui analysent les valeurs, et qui guident la pensée qui doit être libre. Les responsables politiques perdent parfois l’occasion de se taire en voulant être opportunistes pour se rapprocher du pouvoir ou le conquérir. Une société moderne doit être tolérante, ouverte aux débats y compris sur des sujets sensibles car il ne peut y avoir de tabous ou de non-dits ce qui est la porte ouverte sinon à l’explosion. On progresse collectivement quand on décide après avoir pesé le pour et le contre d’arguments objectifs et vérifiés, entendu tous les contradicteurs et que l’on a choisi d’agir car marcher vers l’immobilisme ne fait pas faire un pas en avant si je puis m’exprimer ainsi. On a besoin de plus de compréhension et de sérénité puisque personne ne détient la vérité. On ne fait rien de sérieux sous la pression, la force.
L’actualité qui concerne la sécurité et la justice c’est d’abord la mort de héros, de militaires qui bataillent  au Mali, qui combattent pour la démocratie la nôtre et celle des africains, pour aider les peuples du sahel  qui vivent ou survivent  pétrifiés de peur , pour  nos libertés aussi  et que l’on puisse parler  en s’écharpant par exemple … de nos retraites  et s’il faut ou non appliquer la clause dite du grand-père, ce qui devient dérisoire au vu des problèmes de civilisation qui sont posés . C’est aussi la mort des serviteurs de la sécurité civile qui se battent contre les éléments naturels pour sauver des vies. On en parle quelques heures et puis on passe à autre chose comme le climat social.
Ce sont ensuite  les diverses protestations  et les défilés dans la rue avec ce qui va de pair -binôme étonnant -  l’ordre public lié aux violences de toute nature, mais aussi celles qui concernent les pompiers et les médecins : qu’ont fait ces derniers pour être attaqués ? pour être des cibles que l’on attire dans des guets apens comme les forces de l’ordre qui ne font que leur devoir et obéissent aux ordres de leur hiérarchie et celle-ci à son  ministre donc au gouvernement responsable de la stratégie et du choix des armes . La justice a jugé de nombreux gilets jaunes qui avaient confondu colères et exactions et fait des enquêtes en cas de bavures supposées ou d’interventions brutales et disproportionnées des policiers ou gendarmes, eux qui sont accusés d’être à l’origine des heurts et de faire de la provocation par leur simple présence ! La justice ne protège personne ce n’est pas son rôle quoiqu’on en pense hâtivement.
C’est aussi l’appel à la vigilance du président de la république après l’attentat à la préfecture de police. On a bien compris car on ne l’aurait pas accepté qu’il ne s’agissait pas d’aller vers une société de délation, de soupçon, de dénonciation comme on a pu la connaitre dans l’histoire récente ou pendant la terreur du grand « démocrate » Robespierre qui en a perdu la tête.  Il ne s’agit pas d’édifier une république de la méfiance, de l’exclusion, du bouc-émissaire. Nous sommes dans un état de droit avec des libertés publiques très enracinées. On ne va pas changer de mode de vie et de réflexes qui consistent à protéger les droits personnels. Chacun connait bien la formule consacrée selon laquelle la sécurité est l’affaire de tous. En matière de terrorisme, de radicalisation qui y conduit, de comportements déviants qui peuvent y mener, tout le monde s’accorde pour être attentif et faire savoir aux autorités le risque que l’on pressent. Je vais plus loin en rattachant le souhait du président à la notion de devoirs que l’on a tendance à esquiver, car sans obligations le citoyen ne l’est pas pleinement. Ce qui n’enlève aucun droit à personne, droits individuels dont les demandes exponentielles y compris pour satisfaire des caprices peuvent fracturer l’ensemble et parfois créer des tensions, ce qui pourrait être un trouble à l’ordre public ?
L’actualité c’est d’assurer le continuum du fonctionnement des institutions, des services publics qui n’appartiennent pas à ceux qui y travaillent et défendent des intérêts corporatistes, avec la justice sociale dont le contenu est à géométrie variable, et la justice tout court qui est indispensable dans un état de droit qui se respecte avec des juges qui appliquent les lois que les parlementaires qui représentent le peuple discutent et votent. La justice participe pleinement à la sécurité qui selon un autre principe vérifié en pratique est la première des libertés. J’espère au passage que les condamnations concernant les black blocks qui défient l’Etat donc nous les humbles citoyens payeurs que nos excellents services de renseignement vont retrouver, seront exemplaires. 
L’actualité c’est aussi la préparation du scrutin de mars 2020 pour les élections municipales puisque nous avons la chance de pouvoir choisir librement nos élus, ce qui nous distingue d’une grande partie des pays du monde. Que tous ceux qui critiquent ne se privent pas d’aller voter ou d’être candidats pour montrer ce qu’ils savent faire.  L’élection n’est un piège à cons que pour ceux qui ne participent pas.   La sécurité se joue aussi au quotidien et surtout peut être dans les détails je veux dire dans la plus petite des quasi 36000 communes de France souvent rurales car dans les villes et certaines banlieues (ex. Chanteloup-les- vignes récemment) les problématiques sont différentes.
 L’exécutif vient de s’apercevoir que les élus locaux servaient à quelque chose tant dans la gestion des territoires que pour le maintien de la cohésion des populations sans distinguer le citoyen des villes et celui des champs : on s’en réjouit. Mais il ne faut pas qu’il les aime comme la corde soutient le pendu. Il faut leur donner les moyens pérennes d’agir, de la considération, les protéger dans leurs fonctions, les assurer au sens propre du terme contre les velléités de certains habitants plus prompts à engager judiciairement des responsabilités que d’aller voter ou de se dévouer pour l’intérêt communal, et ne pas les cajoler uniquement jusqu’au jour des élections. Ils ont besoin aussi de stabilité et de sécurité puisqu’on leur confie le soin de protéger et de rassurer leurs concitoyens chaque jour. Des politiques vont changer d’étiquette pour suivre le vent en espérant avoir la réussite opportuniste. Mais les citoyens déjà désabusés et qui se sont habitués au dégagisme ne seront pas dupes. Pour les élections locales on vote pour le terroir, pour celui qui parait le plus disponible et le plus compétent. On veut des bâtisseurs pas des carriéristes ; des batteurs de terrain et pas des bateleurs ; des personnalités ouvertes et pas des idéologues. La gestion communale exclut la démagogie ou le communautarisme qui est l’antithèse de la république qui défend l’intérêt général et non une portion égoïste de la nation et qui se fonde sur les libertés,  l’égalité des citoyens d’où qu’ils viennent et quel que soit ce qu’ils pensent ou croient .La fraternité doit être de plus en plus renforcée autant que faire se peut sans inventer toujours des excuses sociologiques et psychologiques qui n’ont plus de fin et sans crier au racisme et à la discrimination pour tout et rien sans pour autant nier ce qui est inacceptable et que la justice doit punir fermement car on n’est pas naïf .  L’émotion ne fait pas une politique mais elle n’y est pas absente surtout en matière de violences contre les femmes et les enfants en particulier. Sujets malheureusement d’actualité.
L’actualité c’est donc d’être ferme sur les principes et valeurs républicains ; de ne pas céder aux pressions et aux sentiments et de prendre des mesures qui conduisent au progrès collectif. La sécurité avec la justice qui malmène les puissants ou se croyant tels réduits à l’état de justiciable lambda et incarcéré parfois on le voit, et on le verra peut-être encore plus bientôt, sont fondamentales. Faut- il rappeler que l’intérêt général n’est pas la somme des intérêts particuliers.
Je parie que l’année 2020 sera belle malgré les difficultés en cours. Bonne fin d’année 2019.
   

mardi 19 novembre 2019

la violence destructrice du pacte social


              La violence destructrice du pacte social.
         Par Christian Fremaux avocat honoraire et élu local
Je n’arrive pas à m’habituer à la violence de toute nature ni à ceux qui estiment que seule la force est légitime et efficace pour obtenir des résultats et permet de faire céder les gouvernements c’est-à-dire moi puisque le pouvoir exécutif résulte d’élections libres donc de la volonté des citoyens. Je conçois la démocratie non dans la fureur mais dans le dialogue même âpre. Le pacte social résulte de compromis et de la certitude qu’il y a un destin commun, des devoirs qui s’imposent aux droits, et la nécessité d’accepter des contraintes collectives qui permettent d’exercer ses libertés. Les minorités doivent se fondre dans le contrat républicain et adopter ses valeurs. 
 Si des réformes sont proposées c’est parce qu’elles sont utiles sinon indispensables dans l’intérêt de tous pour éviter la faillite ou la paralysie du pays. Si tout allait bien, s’il n’y avait pas de privilégiés, pas d’injustices, que l’harmonie régnait entre les uns et les autres quelques soient leurs modes de vie, leurs croyances, leurs besoins, dans un cadre champêtre sans pollution ni menaces - ce qu’on appelle l’utopie - l’immobilisme serait justifié (bien que critiqué avec hargne) et il n’y aurait pas de violences pour s’opposer à tout et son contraire. Que l’on me désigne le pays qui réunit tous ces critères dans un monde parfait.
 Je fatigue d’entendre tous les jours ceux qui ont été battus aux élections mais qui donnent des leçons virulentes et de gouvernance et de morale, qui monopolisent les médias et qui savent ce qu’il aurait fallu faire pour obtenir un pays apaisé et prospère. Que n’y ont-ils pensé plus tôt quand ils étaient aux affaires pour les plus démocrates, et pour les plus radicaux aux idées simples voire simplistes de gauche ou de droite qu’ils se fassent élire par les urnes et pas par la rue pour que l’on voit ce qu’ils sont capables de conclure dans un consensus et le calme.   
La violence s’entend principalement d’exactions physiques ce qui est le plus spectaculaire et surtout de destructions, mais elle s’exerce aussi dans l’expression orale brutale avec le rejet de l’autre, la suspicion envers telle catégorie sociale ou la dénonciation par ceux qui croient détenir la vérité.  Chacun a pu remarquer qu’au mépris de  toute certitude il suffit de s’attaquer à un individu et de l’accuser sans preuve concrète sur des intentions supposées ou pour des faits d’il y a parfois des dizaines d’années prescrits ou non, pour qu’aussitôt la personne visée soit considérée comme coupable et mise au ban de son métier, de sa famille et proches et doive se défendre sans même connaitre précisément ce dont on l’accuse .La justice s’auto- saisit vite de peur qu’on l’accuse de couvrir telles turpitudes ou infractions !  C’est du terrorisme intellectuel, le règne de la colère ou de la réaction sensible, et on ne prend pas la peine d’attendre un peu que les éléments matériels soient avérés : on cloue d’abord au pilori et on avise ensuite. C’est aussi de la violence à l’état pur. Il ne s’agit pas d’excuser des faits graves ou de soutenir une personnalité qui a mal agi ou s’est rendue coupable d’actes inqualifiables puisqu’on n’en sait rien. On n’est pas obligé de croire sur parole tous ceux et celles qui s’estiment victimes. Je dénonce l’émotion, l’à peu près, le non -respect de la présomption d’innocence, l’absence de tout débat contradictoire et le lynchage médiatique. Quand une société se laisse aller à ce genre d’emportements c’est grave et la porte ouverte au pire, à une ère du soupçon, du règlement de compte, et à une justice expéditive. Nous vivons une approche subjective de la violence qui serait justifiée par des considérations aussi multiples qu’irrationnelles.
 Nous sommes à fronts renversés. Il y a le camp des bons ceux qui luttent, ceux qui détruisent pour imposer leurs idées, ceux qui prétendent se battre pour les autres la majorité silencieuse, ceux qui cassent pour tenter de bâtir un autre monde ou simplement parce qu’ils ne supportent aucun ordre fût -il public, ni aucune autorité à part la leur et sont contre l’Etat et ses représentants forcément racistes, discriminatoires et injustes.  Et il y a le camp des méchants auto- qualifiés par ses adversaires ceux qui sont responsables, attachés aux principes républicains et à notre art de vie, qui prônent la raison même si certaines décisions leur sont défavorables et qui soutiennent l’Etat qui est le garant des libertés et du fonctionnement des institutions, en croyant aux élections qui  ne sont des pièges à cons que  pour ceux qui  ne participent pas ou qui ne peuvent se faire élire. 
A ce sujet je suis toujours stupéfait d’entendre des députés nationaux ou européens qui sont des élus de la France entière au-delà de leurs positions partisanes, appeler à manifester et soutenir certains qui méprisent la France et veulent la faire céder, ou inciter à de la désobeïssance civile et civique, voire s’associer aux grèves qui paralysent le pays, et contester les lois qui ont été votées au parlement dont ils sont membres.  C’est de la violence parlementaire qui va bien au -delà de la légitime critique et lutte politique pour conquérir le pouvoir.
Après les dernières violences du 16 novembre 2019 et la destruction notamment de la stèle du maréchal Juin héros de la bataille d’Italie, j’ai entendu des personnalités ou journalistes dirent que les black blocks étaient acculturés (la conjuration des imbéciles comme on l’a dit pour les violences de Chanteloup-les-vignes) et qu’ils n’avaient voulu que se procurer des projectiles en marbre. Je réfute cette analyse. Je pense que les black blocks qui sont quelques centaines agissant sous les caméras des médias et quasiment à visage découvert devraient pouvoir être retrouvés par nos excellents services de renseignement et jugés car ce sont des professionnels de la violence. Je crois qu’ils sont plus intelligents qu’on le dit, qu’ils ont une idéologie au moins anti- capitaliste ou anti -libérale, qu’ils veulent abattre un Etat dit bourgeois, n’ont pas de revendications sociales précises, détestent l’ordre ou l’autorité, et qu’ils veulent instaurer un chaos sans pour autant aboutir à une démocratie participative ou rénovée.
On verra lors de la grande manifestation prévue pour le 5 décembre comment réagissent les syndicats qui devraient avoir un service d’ordre musclé empêchant les black blocs de leur voler leur grève, sinon ce serait une complicité passive car l’Etat avec ses forces de l’ordre ne peut tout faire d’autant plus que toute prétendue ou avérée bavure est vilipendée et fait scandale  .La violence est aussi  de fermer les yeux ou de s’estimer non responsable  des conséquences  de la liberté de manifester. C’est trop facile. Il faut arrêter l’escalade de la violence qui menace notre unité. Tout le monde doit s’y mettre à son niveau. On a le droit d’être mécontent, de se sentir victime, de vouloir plus, d’être considéré.  Mais on ne peut accepter que la violence l’emporte.   

dimanche 10 novembre 2019

la clause du grand-père et du père, des enfants et petits-enfants


La clause du grand-père et du père, des enfants et petits-                enfants.
            Par Christian FREMAUX avocat honoraire et élu local.
 Depuis environ 18 mois M.Delevoye nommé haut- commissaire aux retraites bat l’estrade pour expliquer ce que sera la réforme que M.Macron a promise. Il s’agit d’instaurer à la place des régimes spéciaux qui apparaissent donner des privilèges d’une autre époque à ceux qui en bénéficient et de coûter cher à l’Etat donc aux contribuables, un régime dit universel qui sera plus juste et peut être plus profitable à la majorité des futurs retraités. Cela se discute naturellement et toutes les corporations sont montées au créneau de la ratp en passant par la Sncf et autres professions qui veulent que le contrat d’origine soit respecté (on gagne peu mais la retraite est bonne) et de tous ceux qui ont des régimes autonomes - donc non spéciaux - rentables pour maintenant et l’avenir comme les professions libérales telles les avocats par exemple. Chacun défend ses intérêts ce qui est humain mais ce qui pose des problèmes s’agissant d’une réforme systémique. On est d’accord pour la réforme à la condition qu’elle ne nous impacte pas personnellement. Mais si on crée des exceptions il n’y a plus d’équité. Comment faire ?
 M.Delevoye après avoir beaucoup écouté notamment le président de la république à l’occasion du grand débat suite à la crise des gilets jaunes, a discuté avec les syndicats et les personnes concernées de leurs spécificités, a accepté des compromis puis a déposé officiellement son rapport avec plusieurs pistes auprès du gouvernement.
M.Delevoye a été intégré comme ministre (ce doit être une promotion ?) toujours avec son unique mission, et vient de se poser la bonne question sur la transition nécessaire avant application réelle de la réforme : si elle est votée quand entrera-t-elle en vigueur ? D’ici 2025 car il y aura à cette date un déficit de plusieurs milliards à combler quoiqu’il arrive ; ou plus tard et seulement pour ceux qui sont nés après 1963 ? ou aux calendes grecques le temps que les jeunes de 20 ans entrent sur le marché du travail et qu’ils prennent leurs retraites après 43 ans d’activités ce qui reporte l’effet de la retraite vers les années 2060/2063 ?  
Cette dernière solution dite clause du grand-père est envisagée pour éviter un conflit social majeur tel qu’il a été annoncé par la grève générale et illimitée prévue pour le 5 décembre prochain. La grande crise de 1995 avec les projets sociaux de M.Juppé - désormais à l’abri comme membre du conseil constitutionnel ! - n’est pas oubliée. Mais peut- être avait- il eu raison trop tôt ? MM.Macron et Philippe veulent s’épargner un autre conflit peu avant les municipales, car celui des gilets jaunes n’est pas totalement soldé, et la réforme des retraites inquiète aussi ceux qui y sont déjà car on ne sait jamais ; ceux qui vont y être prochainement ; et ceux … qui n’ont pas commencé à travailler : cela fait du monde même si l’on s’accorde pour dire qu’il faut réformer ne serait- ce que pour des raisons budgétaires  pour maintenir l’équilibre des dépenses publiques et le niveau avec la garantie de percevoir sa retraite. 
La clause du grand-père est d’origine américaine et vient de la période de ségrégation. La loi visait à exclure les noirs récemment émancipés du droit de vote dans les Etats du sud au 19ème siècle sauf ceux qui avaient ou leurs aïeux le droit de vote avant le début de la guerre de sécession. Cette clause fut déclarée anticonstitutionnelle en 1915.
C’est désormais une clause d’antériorité dite de droits acquis notion que l’on comprend bien en France.  Elle permet de dispenser d’un nouveau régime ceux qui ont des droits acquis avant le vote de la loi. Par extension cette clause permet une application différenciée de la loi. Ainsi en 2018 pour la réforme du statut des cheminots, ou pour des privatisations d’entreprises publiques.
Le débat est ouvert. M.Delevoye a fait savoir qu’il était contre le fait d’appliquer la clause du grand-père ce qui reviendrait en pratique à ce qu’il n’y ait plus de réforme avant des dizaines d’années et que nous n’ayons pas les moyens de combler les déficits prochains. Mais il a été recadré par le président de la république et le 1er ministre et il a dit qu’il serait solidaire des décisions du gouvernement quelqu’elles soient. Je ne sais si c’est courageux ou une retraite en rase campagne ?
De mon point de vue M.Delevoye a raison : pour moi né en 1948 je ne m’interroge pas pour savoir comment je serai  et où en 2060 ! J’ai déjà réservé le lieu paisible et campagnard. Mais pour ma fille de presque 40 ans qui travaille depuis des années et ma petite fille de 9 ans je me demande en quel état physique et mental elles seront, dans quelle société elles vivront, quelles seront les contraintes politiques, économiques et sociales outre culturelles voire religieuses dans plus de 40 ans, et quel sera l’état du monde ou celui de la France. Et l’on ne peut avoir des français qui avancent à vitesses différentes ou qui ne sont pas sur un pied d’égalité.  
La question est de savoir s’il faut céder ou non aux syndicats qui ne détiennent pas la vérité, qui sont les rois des droits acquis et des régimes spéciaux et se sont arrogés le droit de bloquer le pays en prétendant défendre le service public et les intérêts des français à travers leurs propres revendications catégorielles. Dans d’autres pays les syndicats ont un rôle réformiste et ne veulent pas changer la vie selon leurs visions plus ou moins politiques. De même je n’apprécierai pas que des politiques opportunistes de tous bords pour essayer de récupérer des voix s’associent aux grèves pour que l’on renonce à améliorer ce qui existe mais est défaillant. S’il le faut interrogeons les français par référendum.
 Le constat d’une indispensable réforme est acté de façon factuelle mais on a le droit d’en contester la méthode et de ne pas vouloir d’un régime où un sou payé vaut un sou de retraite sans connaitre le calcul de la valeur du point ce qui s’approche de la capitalisation et n’est plus de la répartition. Sur ce point le gouvernement est flou, qu’on lui fasse préciser les choses. Mais que l’on propose mieux.
 Si le pays ne se transforme pas on ira dans le mur. Il sera alors bien temps de dire on s’est trompé et on aurait dû accepter la réforme. Que l’on discute d’un échéancier raisonnable je suis pour. Mais au nom du père et du grand-père que je suis je l’espère responsable et objectif que l’on agisse et que l’on ne se ridiculise pas en renonçant de fait.   Que l’on ne défile pas pour se faire plaisir et gagner, contre qui d’ailleurs ? Sinon à quoi ça sert que Ducros (lire Delevoye) se soit décarcassé si c’est pour aboutir à rien ? Nos enfants et petits-enfants seraient fondés à refuser notre héritage.

mardi 5 novembre 2019

sémantique inutile ou parler pour nerien dire


             Sémantique inutile ou parler pour ne rien dire.
                       Par Christian Fremaux avocat honoraire et élu local.
Maintenant que je suis à la retraite je peux avouer tout en demandant à mes confrères qui n’ont jamais fait comme moi de me pardonner : j’ai parfois parlé comme avocat pendant 42 ans d’exercice quotidien devant les tribunaux de France et de Navarre pour ne rien dire quand le cas que j’avais à défendre était délicat voire controversé. Je ne faisais en réalité que de copier les politiques qui s’indignent à la moindre étincelle surtout quand ils ne sont pas aux affaires, ont un avis péremptoire pour contrer l’adversaire et qui varie selon le camp où il se situe et pour exiger la démission du ministre en général.  C’est grotesque, irresponsable et contre-productif mais on n’arrive pas à sortir des vieux réflexes de l’ancien monde, comme les cheminots ou autres corporations bénéficiaires des régimes spéciaux qui font grève avant même de discuter alors que la proposition de réforme a été retirée !  Le nouveau monde a du mal à transformer les habitudes ce qui ne calme pas notre démocratie déjà contestée de l’intérieur.  Evidemment si la critique est facile, les propositions concrètes pour trouver des solutions consensuelles sont rarissimes voire inexistantes.
Dans le débat public à chaque fois qu’il y a un acte grave qui scandalise - ce qui est le cas pratiquement tous les jours désormais - on se gargarise de mots, on se lance des invectives au visage, on se traite de moins que rien, de légers voire d’incompétents, de laxistes ou d’affidés à telle ou telle catégorie dans un but purement électoraliste, puis on passe à autre chose, un évènement chassant l’autre. C’est le cas pour ce qui arrive dans toujours les mêmes quartiers de banlieue ( mais il ne faut pas stigmatiser des endroits et tous ses habitants dont la majorité subit les violences diverses ), avec la même catégorie de personnes  sans foi ni loi concernées contre toujours les mêmes victimes celles  qui représentent l’autorité  donc les forces de l’ordre plus les pompiers (qui incarnent le secours mais allez comprendre pourquoi eux ?), en y ajoutant aussi  les maires taxés de corruption ou de clientélisme ou de défendre leurs intérêts personnels,  et sans oublier les médecins qui sauvent mais doivent refuser de délivrer des ordonnances pour se «  booster » ou qui  ne croient pas aux remèdes divers et non  scientifiques... ? Mais sans autorité, sans sécurité comment exercer ses libertés et vivre en harmonie ?
Samedi 2 novembre la ville de Chanteloup-les vignes s’est distinguée : une bande de « petits jeunes » mineurs ou majeurs – a priori car on n’a pas formellement identifié tous ceux qui portent foulards et cagoules- ont incendié une structure toute neuve dédiée aux enfants qui aiment le cirque, et ont attaqué des forces de l’ordre attirées dans un véritable guet- apens. Ce fut prémédité, organisé pour tuer ou blesser, et casser. Dans un pays qui n’applique pas l’état de droit et les droits de l’homme comme chez nous ce qui fait notre grandeur et en même temps notre incapacité à trouver des solutions fiables et solides car on déteste ce qui est autoritaire et répressif, et une cause commune à combattre, la mobilisation aurait été générale et le diagnostic partagé, pour retrouver au plus vite les coupables et les faire comparaitre en justice que l’on espère forte sur ses sujets.  Il y aurait l’union pour se défendre. En France on commence par se battre sur les mots. Et on annonce que l’on va reconstruire au plus vite jusqu’au prochain incident ! La finance d’abord car il ne faut pas pénaliser les honnêtes gens ce qui est très bien, car les faits sont graves pour eux. Puis les coupables viennent ensuite.
Depuis plusieurs semaines dans toute la France avec des procédés similaires et la volonté de nuire il y a des violences urbaines. Il n’y a donc rien de spontané et de soudain.  A chaque fois on s’indigne, on dit que c’est inadmissible, que la loi doit passer avec la justice et … c’est tout.  Les paroles « verbales » flottent au vent.
Déjà la fête d’halloween avant la toussaint avait donné lieu à des débordements graves avec feux de poubelles, voitures incendiées, guet-apens divers, écoles incendiées, assaut contre un commissariat (à la Courneuve) qui témoignent plus de haine contre les institutions et leurs représentants que de revendications précises ou de manifestations pour améliorer l’existant. Et ce alors qu’actuellement la cour d’assises à Evry juge à huis clos (on a eu peur d’une audience publique ?) ceux qui ont agressé les policiers à Viry- Chatillon en 2016 dans leur voiture et ont voulu les faire brûler, policiers qui protégeaient (on en est là) des caméras de vidéo- surveillance qui perturbaient le trafic de drogue à proximité. Les avocats de la défense ont taxé leurs clients de « jeunes cons » c’est tout, et on verra qui sera condamné et à combien, et qui sera acquitté.  On n’a évidemment pas entendu un mot de regret surtout chez les mineurs qui ont un sentiment d’impunité et on constate que ces nouveaux délinquants n’ont peur de rien, ni des policiers qu’ils attaquent, ni des juges puisqu’ils se prétendent innocents et ont mille excuses de n’importe quelle nature à opposer sur leur comportement déviant, et ni de l’opinion qui leur en voudrait. Ce sont des victimes du système et de la société forcément raciste et injuste ! …
 On est passé de l’autre côté du miroir qui ne reflète plus rien, et on ne sait plus dans quel monde on vit, ou ce que certains veulent obtenir, quelle société, selon quels codes, avec quelles règles ou valeurs, quel genre de démocratie ? On s’engage dans le cycle vicieux et ancien de la provocation -répression, de la perte de sens, de l’absence de toute cohésion sociale et du respect de l’autre surtout si son mode de vie ne ressemble pas au sien tout en s’inscrivant dans les principes de la république, de l’impossibilité de construire dans l’intérêt général, qui permet à chacun d’avoir sa chance conformément à ses efforts et son mérite, d’où qu’il vienne.  Je plaide donc pour la modération dans l’expression, l’absence de polémique pour les sujets régaliens, et une tentative d’union sacrée, car la lutte pour arriver ou se maintenir au pouvoir exige des principes de responsabilité. Personne n’a la vérité infuse, et les polémiques font le jeu des délinquants qui se moquent de ce qu’ils appellent nos faiblesses et notre manque de certitudes en ce qui nous structure, à savoir les valeurs de la république ce qui leur donne un sentiment de triomphe et la croyance qu’ils vont réussir à changer notre mode de vie.  La bataille des mots ne mène nulle part, elle crée des maux.
J’illustre ce qui précède par la cacophonie entendue lundi 4 novembre. Devant les journalistes qui exigent des réponses immédiates sans prendre le moindre recul  et contribuent à l’émotion au prétexte de l’information même quand on ignore tout ,  Le premier ministre qui s’est rendu sur place à Chanteloup ce qui ne sert à rien mais un politique doit se déplacer à chaque évènement grave pour se «  faire engueuler » , montrer sa compassion et dénoncer ce qui est inacceptable  sinon il est accusé d’indifférence voire pire, a traité les « coupables » (présumés comme l’exige la loi !) de bandes «  d’imbéciles irresponsables » raccourci a minima je le concède, mais je pense qu’il a voulu être  responsable et  apaiser ce qui est son rôle plutôt que d’exacerber les passions et les  rancœurs. Mais M.Philippe a eu tort de dire que ces  supposés  imbéciles étaient irresponsables car ils doivent assumer ce qu’ils ont fait volontairement , qu’ils aient mesuré les conséquences ou non. N’importe qui y compris un jeune mineur se doute que quand on tire sur des policiers avec toute sorte de projectile la cour d’assises se rapproche et qu’un incendie volontaire est pénalement un crime car il y aura des dégâts et peut être des victimes. Il ne faut pas prendre ces délinquants pour plus demeurés qu’ils le sont et des canards sauvages pour des enfants du bon dieu (lequel d’ailleurs ?)
Le premier ministre s’est fait aussitôt tacler par plus radical que lui.  M.Ciotti député de Nice s’est fendu d’un tweet - peut-être se prend -t- il pour le président Trump ? - accusant M.Philippe de banaliser les faits et de mollesse dans l’expression : il aurait dû dire criminel ! M.Ciotti a raté sa vocation de procureur et de juge sans preuve même s’il peut avoir raison sur le fond l’enquête le dira.   Je ne sais pas si ce tweet aura fait émerger une solution et grandir son auteur ou redorer le blason du parti les républicains, et si les coupables ont peur d’être traités de criminels. Cela me rappelle Charles Pasqua qui voulait terroriser les terroristes. Puis on a entendu M.Bédier président du conseil départemental des Yvelines parler de crétins et de voyous ce qui me semble être un tandem exact .Mais les politiques ont surtout perdu une occasion de se taire  et de ne pas en rajouter.  Chacun pense ce qu’il veut de la qualification retenue qui me parait secondaire car tout le monde a sa petite idée sur les coupables, leur sort  éventuel via  la justice qui devra être très sévère  si on les juge , et les mesures à prendre pour que les quartiers que M.Valls alors premier ministre avait identifié comme des terres de reconquête ce dont la police s’occupe avec courage tous les jours, redeviennent des lieux où l’on peut vivre paisiblement , sans craindre  les exactions et les menaces des gangs .Les citoyens où qu’ils soient ont droit à la sécurité . La réponse n’est plus dans le verbe puisque les constats sont accablants et cernés ni dans une répression qui bien que fondamentale ne peut tout résoudre, sauf à faire des « martyrs » qui n’ont plus rien à perdre. Elle est dans l’action.
 Il y a deux situations différentes à ne pas confondre : en premier lieu les bandes de délinquants qui sont des trafiquants professionnels au sein d’organisations criminelles qui défendent leurs pré-carrés en faisant tout pour que les pouvoirs publics ne reprennent pas le contrôle de ce qu’ils considèrent être leurs propriétés, et qui doivent être combattues comme si elles étaient des armées ennemies de l’intérieur avec de gros moyens car il n’y a pas à hésiter. Et sans considérations morales. Il n’est pas interdit d’espérer que les habitants honnêtes desdits quartiers forment la société de vigilance que le président Macron souhaite.
 En second lieu pour ceux qui participent par opportunité, pour les plus jeunes pas encore totalement et définitivement pervertis qui ne sont pas à l’origine des trafics et ne les pensent pas mais sans qui les commerces ne pourraient pas se développer, il faut naturellement sévir mais aussi essayer de les sortir de l’engrenage fatal bien qu’ils soient entièrement responsables de leurs actes.   La solution est dans la tentative de bien comprendre pour trouver des remèdes qui ne soient pas de la poudre aux yeux, je veux dire une solution uniquement matérielle en déversant toujours plus d’argent sachant que les politiques de la ville n’ont pas donné les résultats escomptés , ont poussé à de la surenchère et que cela ne va pas quand même.
 L’Etat naturellement doit faire son devoir et comme l’a annoncé le premier ministre   pour le « 9.3 » innover plus qu’ailleurs à certains endroits, même si le monde rural que je fréquente et qui ne casse pas et n’attaque personne a besoin aussi qu’on l’aide. Mais il y a des urgences et pour avoir une relative paix sociale- qu’il ne faut pas présumer ni acheter- pour parvenir à terme à un destin commun peut être faut- il faire sans le dire une sorte de « discrimination positive », ce que je dénonce dans d’autres domaines ou par exemple la réussite aux concours auprès des grandes écoles dépendrait d’où vous habitez et de votre famille, ou de vos revenus : c’est la négation du mérite. Il faut aussi que les territoires soient attractifs et que chacun puisse croire que son avenir est possible là où il vit.  Mais soyons sincère : Il ne faut pas tout attendre de l’Etat et nos citoyens doivent se prendre en mains dans tous les domaines. D’autant plus que l’Etat ne se dérobe pas, ne se désengage pas, et que c’est en raison de l’action de la police dans les nombreux quartiers avec trafics qu’il y a des représailles.  
Les questions plus philosophiques sont : pourquoi des bandes d’individus au-delà de protéger leurs trafics ont-elles la haine de l’autre, de l’autorité, de l’Etat qui protège et veulent tout casser, ce qui est payé par leurs voisins ou familles ? Que pensent-ils obtenir ? Sont-ils pour la violence même si on leur donne ce qu’ils revendiquent à condition de savoir quoi ? A -t -on une chance de les raisonner, de les convaincre qu’il y a un destin commun à partager, de leur donner des pistes à suivre sur place là où ils vivent en aidant les élus de leur commune (faisons de la vraie décentralisation comme M. Jourdain taquinait la prose), de les former, et de les encourager surtout ceux qui n’y arrivent pas ou sont en situation d’échec, de leur procurer une chance pour qu’ils réussissent ? Y a-t-il une solution culturelle, religieuse, économique et sociale ? Pourquoi se sentent-ils abandonnés ? Ou toutes ces questions ne servent- elles à rien, et on a affaire à du nihilisme voire une rébellion sans raison contre tout et tous, sans employer le terme anarchiste ou révolutionnaire pour ne pas faire peur ? On ne peut continuer dans cette escalade qui va se terminer dans l’affrontement (il y a plus de 100 agressions de force de l’ordre… par jour et des populations sont montées contre d’autres) et la partition des territoires : le communautarisme et le séparatisme territorial auront gagné au détriment de l’union et l’égalité dans la république. Il faut changer de paradigme, et de vocabulaire.
 La sémantique a atteint ses limites on veut des actes. Il ne suffit donc pas de parler pour ne rien dire mais après avoir bien identifié les causes générales protéiformes, il faut prendre des mesures réalistes qui n’excluent personne en les adaptant aux territoires qui ont des besoins particuliers, en préférant les victimes aux délinquants qu’il s’agit de punir sans faux état d’âme et pour les violences  en n’inventant pas des excuses  sociologiques ou religieuses, professionnelles  ou sociales  voire politiques aussi farfelues qu’incompatibles avec les valeurs de la république. Que les politiques de tous bords soient modestes car ils n’ont pas trouvé depuis des lustres la pierre philosophale qui permet d’unir les citoyens et règle tous les problèmes de sécurité, d’injustices, de fins de mois, ou de laïcité face à toutes les menaces et actions qui détruisent. On a collectivement une envie d’être rassuré et en paix.
Parler s’apprend, parler juste nécessite de la responsabilité, parler pour rassembler exige de la retenue et de bien qualifier après vérifications. Emettre des hypothèses répond à l’urgence mais en général ajoute à la confusion.  Savoir se taire est aussi une qualité. 

mardi 22 octobre 2019

du droit de retrait dévoyé au devoir de ne pas battre en retraite.


Du droit de retrait dévoyé au devoir de ne pas battre en retraite.
Par Christian Fremaux avocat honoraire et élu local.
A la suite d’un accident entre un train et un véhicule qui n’a fait aucun blessé grave heureusement faut-il le rappeler, une nouvelle fois les cheminots se sont distingués en bloquant tout trafic et en laissant les usagers- ces gueux qui ont le droit de payer leurs billets et qui devraient dire merci pour ce beau voyage à quai ! -se débrouiller voire annuler leurs déplacements. Ils ont inventé une nouvelle définition ébouriffante du droit de retrait qui est une disposition précise du code du travail, et s’étonnent qu’on ne partage pas leur raisonnement qui est ce que la bonne foi est à la tricherie volontaire et au bon sens qui est dans ce cas la chose au monde la moins bien partagée.  Les cheminots veulent nous faire prendre des vessies pour des lanternes, c’est-à-dire un tortillard pour un tgv ou un danger éventuel pour une menace immédiate.  Pour tenter de faire croire que leur droit de retrait était légal, Ils ont donné des justifications à géométrie variable aussi improbables que fumeuses, la plus farfelue étant celle du danger qu’il y aurait de croiser… un autre train où il n’y a pas de contrôleurs ! Heureusement qu’il y a encore des conducteurs. Félicitons d’ailleurs le conducteur du train accidenté qui bien que choqué a parcouru à pied des centaines de mètres pour donner l’alerte : qu’il soit décoré, promu et augmenté. Le mérite doit payer. Ceux qui par solidarité ont cessé de travailler alors qu’ils étaient peut- être à la maison et que ni leur sécurité ni leur santé étaient en danger, devraient se couvrir la tête de cendres. Mais il y a des lustres que le ridicule ne tue plus et que l’insolence règne.  
 Personne ne nie que la sécurité des transports et donc des voyageurs est fondamentale mais qu’il y ait ou non un homme ou une femme à casquette dans les rames, n’évitera ni incident ni accident. Des moyens de secours matériels peuvent être montés sur le train si le conducteur n’est plus en mesure d’alerter ou si les procédés techniques embarqués sont hors service.  Sans compter la réactivité des voyageurs munis de téléphone qui peuvent prévenir les autorités pour le cas où le conducteur ne peut le faire et si le contrôleur -lorsqu’il y en a un- n’est plus en état de réagir. La sécurité en général est l’affaire de tous, de l’Etat qui doit donner les moyens de l’assurer, des professionnels et des citoyens qui ne doivent pas rester bouche bée à attendre qu’on les aide.
Quitter les trains ou refuser de les faire circuler au prétexte qu’il n’y a pas suffisamment de personnel interne et accompagnateur n’arrange rien, car beaucoup de trains circulent déjà sans contrôleurs et sans incident depuis longtemps et les syndicats ont intégré cette pratique voire donné leur accord au moins tacite. S’apercevoir d’un seul coup que c’est dangereux n’est pas crédible. L’excuse donnée crée un faux problème pour punir les usagers qui ne sont pas considérés comme des clients qui méritent considération et dont on a besoin, pour à travers eux faire pression sur le gouvernement pour des revendications professionnelles parfois légitimes comme la lutte contre les agressions journalières et surtout pour éviter la perte de leur régime spécial dans le cadre de la refonte des retraites pour tous. L’ouverture à la concurrence va aussi obliger la Sncf à avoir des règles vraiment commerciales plus strictes au bénéfice de ses clients, concurrence que les cheminots redoutent.  La ruse a été grossière et le droit de retrait cache le vrai objectif : conserver les privilèges issus de l’après -guerre et devenus obsolètes et discriminatoires pour les autres non- bénéficiaires. J’espère que le gouvernement ne battra pas en retraite comme Napoléon devant la Bérézina et que comme employeur la Sncf considérera qu’il y a eu droit de retrait dévoyé donc grève sauvage donc illégale. Le problème des sanctions est du ressort de l’entreprise mais je souhaite que celle-ci aille au bout des procédures y compris judiciaires pour le principe et que le droit soit fixé pour l’avenir. En effet la sécurité au travail, avec le harcèlement, les maladies professionnelles et la pénibilité sont des sujets majeurs dans le secteur privé qui ne bénéficie pas de la protection à vie de l’emploi-autre privilège-, et il ne faudrait pas que le droit de retrait soit galvaudé. Examinons la loi pour que chacun se fasse une opinion personnelle. 
Le code du travail évoque les droits d’alerte et de retrait. L’article L.4131-1 du code du travail dispose : « le travailleur alerte IMMEDIATEMENT l’employeur de toute situation de travail dont   il a un motif RAISONNABLE de penser qu’elle présente un DANGER GRAVE ET IMMINENT pour sa vie ou sa santé ainsi que de toute défectuosité qu’il constate dans les systèmes de protection. Il peut se retirer d’une telle situation ».
N’en déplaise à quelques inspecteurs du travail qui considèrent que le droit de retrait en l’espèce était en fait une alerte il m’apparait que les conditions légales n’étaient pas réunies. Les juges du fond qui ont un pouvoir souverain d’appréciation s’ils sont saisis départageront les protagonistes [20 janvier 1993 ch. Soc. ; 23 avril 2003 n°01.44-806 dr.soc. 2003.805 note Savatier].  L’article L .4131-1 oblige le salarié à un signalement immédiat et non différé dans le temps. La difficulté est dans l’appréciation de la subjectivité : le salarié « estime » qu’il y a danger. La jurisprudence existe : « mais constitue l’exercice du droit de grève et non de retrait l’arrêt de travail décidé par les salariés qui après avoir refusé d’exécuter un ordre dangereux pour leur santé et leur vie, ont présenté une revendication professionnelle en demandant le bénéfice de la position chômeur intempéries » [Soc.26 septembre 1990 dr.soc.1991 ,60 conclusions Waquet, note Ray].
Le service public pour qu’il soit de qualité a besoin de moyens et d’agents qui ont le sens de l’intérêt général, tout en défendant leurs intérêts ce qui est légitime, mais sans profiter de l’outil de blocage dont ils disposent par délégation des citoyens. Les transports sûrs, rapides et à l’heure sont un bien commun et n’appartiennent pas à une « certaine catégorie de personnel » annonce en cas de grève subite que le transporté entend ! Le droit de retrait est une chose trop sérieuse avec des conséquences directes et indirectes qu’on ne peut laisser à l’initiative de n’importe qui avec des conditions subjectives. C’est aussi un aspect de la démocratie qui est actuellement mal en point surtout si chacun oublie ses devoirs collectifs au profit de ses droits individuels. On doit avoir confiance dans l’autre qui doit faire l’effort d’être mesuré pour ne pas fracturer la cohésion sociale car la réussite de la nation implique parfois des renoncements. Nous sommes avant d’être des professionnels d'abord  des citoyens.
Soyons cependant lucides. L’épisode que nous venons de vivre n’est qu’un échauffement pour montrer ses muscles et son pouvoir de nuisance, avant le grand round décisif de la suppression ou non des régimes spéciaux dont celui de la Sncf biberonnée à l’argent public.







mardi 15 octobre 2019

le devoir de vigilance face au droit individuel

Le devoir de vigilance face au droit individuel.  
Par Christian Fremaux avocat honoraire et élu local.
On oppose les devoirs collectifs que tout citoyen doit à la nation aux droits personnels et exclusifs qu’exige chaque individu qui considère que ses désirs sont des ordres et que rien ni personne pas même l’Etat ne peut réduire ou s’y opposer seraient -ils contraires à l’intérêt de tous.   On a perdu pour la majorité des gens le sens du sacrifice qui nous dépasse et on estime que ce qui compte c’est notre bonheur personnel et qu’il appartient aux autres donc l’Etat de nous le garantir.  Les circonstances font que parfois l’histoire nous rattrape et qu’il faut accepter de limiter nos libertés individuelles et nos réactions habituelles pour que nous puissions conserver ce que nous sommes collectivement. La question est de savoir où nous plaçons le curseur entre ce que nous possédons à savoir nos usages, nos traditions, notre ordre juridique, nos droits, et ce que nous devons abandonner ou changer de méthodes pour garder notre art de vivre en harmonie sans tomber dans l’excès ou ce qui pourrait être autoritaire.
 Le président de la république a nommé l’ennemi : « l’hydre islamiste » c’est-à-dire non pas les musulmans qui vivent en paix en respectant les lois de la république mais ceux qui signent des crimes  au nom d’une prétendue idéologie qu’eux seuls interprètent. Et le président a invité tout le monde à se déculpabiliser- comme si on était coupables ? - et faire remonter les informations sur les menaces. La définition de l’état (avec un petit é) de droit est que c’est un système institutionnel dans lequel la puissance publique est soumise au droit. Le droit ce sont aussi des obligations.
A la suite de l’assassinat début octobre 2019 de quatre fonctionnaires de police au sein même du service de renseignement de la préfecture de police de paris censé être le cœur de la sécurité par un autre fonctionnaire dénommé Harpon qui prônait et vivait un islamisme radical (ce qui pour moi est un pléonasme) -un harpon est un crochet de fer et est connu comme le trident qui est utilisé pour la pêche sous-marine-on est resté sidéré. On n’aurait jamais imaginé qu’un tel attentat puisse arriver dans un des lieux les mieux sécurisés de France, là où les mesures de sécurité et les précautions doivent être les plus rigoureuses, et que l’agresseur soit issu du milieu policier où l’on recrute après moultes vérifications et où le personnel doit être insoupçonnable.
 On se dit que si le pire peut survenir à cet endroit tout peut arriver ailleurs et que la seule solution puisque l’Etat ne peut tout faire est de concourir individuellement à sa propre protection mais comment ? Sauf naïveté de ma part, je ne pense pas qu’un tel attentat puisse recommencer demain car je veux croire que ceux qui travaillent pour les pouvoirs publics en général sont avant tout des républicains et respectent le principe de laïcité, quelques soient leurs opinions personnelles et leurs modes de vie et croyances ce qui est de leurs libertés. Je fais confiance aux fonctionnaires de toutes catégories et grades et je suis certain qu’ils accomplissent leurs devoirs avec zèle et dévouement.  Mais il suffit d’un seul raté, d’un cas que l’on espère unique pour que l’on s’inquiète à juste titre. Je n’accable pas le ministre de l’intérieur qui a de grandes qualités mais pas celle de l’expression en général qui est toujours approximative voire inexacte et qui n’est pas souvent dans le bon tempo. Mais lui demander sa démission ne rime à rien car je ne sais pas si un autre ministre de l’intérieur à sa place ferait mieux, et si le ministre est responsable de ses services il n’est pas coupable des manquements ou fautes individuelles, selon la formule immortelle de Mme Dufoix jadis ministre au moment du scandale du sang contaminé.
Attendons cependant la fin de l’enquête pour savoir avec certitude qui était réellement ce M. Harpon, comment et avec qui  il s’est radicalisé, ses mentors et complices éventuels,  pourquoi il y a eu des failles administratives et comment malgré des actes  manifestes et des signaux significatifs pour ses fréquentations extérieures et ses comportements au travail  il n’a pas fait l’objet d’un signalement , pour quelles raisons  ses collègues n’ont pas voulu ou pas  pu saisir officiellement la hiérarchie qui aurait sévi du moins on l’imagine et même si M.Harpon avait saisi la justice  en prétendant à l’arbitraire, à la discrimination , à l’atteinte à la vie privée  et à la laïcité outre l’absence de faute professionnelle. Mieux vaut prendre le risque de perdre un procès et éliminer un danger potentiel   que d’attendre en tremblant que l’on passe à l’acte.
En effet un des moindres paradoxes est  que  les terroristes ou apparentés  même simplement soupçonnés (le fameux fichier S  ) n’hésitent pas à se servir des moyens de droit et des avocats qui font leur travail, que notre démocratie met à la disposition de ceux qui veulent la détruire : c’est un principe  qui fait notre gloire mais qui est  contesté par les victimes et par ceux qui ne croient qu’au principe de réalité ce qui entraine des polémiques au sein de notre société ce dont se délectent ceux que l’on veut  éliminer à juste titre le principe de précaution ayant enfin un vrai sens. On a ainsi appris que des fonctionnaires écartés, mutés ou révoqués pour radicalisation avaient obtenu des tribunaux l’annulation de la décision et leur réintégration dans le service. On a crié au scandale mais nous sommes dans un Etat de droit et les juges doivent respecter la loi et les grands principes qui fondent notre justice. Cela peut paraitre angélique, trop humaniste, mais nous ne pouvons combattre l’ennemi intérieur en particulier qu’avec des armes légales et démocratiques. S’il s’agit de rapatrier lentement soyons francs des théâtres de guerre ceux qui se sont battus pour Daech et qui sont français notre devoir est similaire même si on n’en a pas envie et qu’il y a des femmes (dont le rôle actif sur place dans le soutien voire l’action a été parfois majeur et que nos féministes ne soutiennent pas !) et des enfants qui n’ont rien demandé. La majorité des français est contre on le sait mais l’opinion publique ne peut conduire à prendre des décisions qu’elle regrettera ensuite en raison des conséquences.  Notre justice examinera chaque cas, les sanctionnera après un débat contradictoire et l’exercice des droits de la défense, avec la difficulté qu’un jour ils sortiront de prison. Mais on ne peut pas s’asseoir sur les principes sinon ils finissent par céder disait le prince de Talleyrand-Périgord et alors ensuite tout est possible : quand les bornes sont franchies il n’y a plus de limites et le quidam peut subir ce que le criminel exceptionnel mérite. L’histoire relativement récente nous a appris ce qu’était la justice d’exception.  
Le président de la république a appelé à une société de vigilance face à l’islam radical qui est selon lui « un islam dévoyé et porteur de mort qu’il nous revient d’éradiquer ». Il a raison, et nous avons été trop indulgent depuis des dizaines d’années sur les atteintes à la laïcité dans tous les domaines comme les écoles, les activités sportives, dans les entreprises privées, voire dans les services publics (lire le rapport sénatorial de MM. Diard et Pouillat de juin 2019) ou assimilés comme dans les transports et qui ont ouvert la porte à un entrisme forcené et à des demandes toujours nouvelles et sans fin. La politique des petits pas a payé, a grignoté la laïcité et les responsables politiques ou autres n’ont pas su y mettre un terme pour ne pas faire de vagues considérées comme de la provocation (sic). Pour paraphraser Winston Churchill on a voulu éviter la guerre au prix du déshonneur c’est -à -dire à la renonciation à nos valeurs ou leurs transformations pour ne pas apparaitre conservateur ou fermé aux autres ce qui veut dire sectaire. Mais on a la guerre directe de l’extérieur et désormais de l’intérieur et on se dirige vers le déshonneur si on renonce. Les politiques de la ville malgré les mannes d’argent déversées n’ont rien donné de vraiment positif et les efforts des élus des collectivités locales avec l’aide de l’Etat n’ont réglé aucun problème de fond. On a assisté impuissant aux actes de barbarie d’individus que nous avons éduqués et considérés comme des citoyens comme les autres.  On s’est concentré dans l’actualité sur le sort misérable des migrants qui sont un « leurre » certes très important, mais en réalité des trompe- l’œil car la vraie question est l’intégration de ceux qui vivent sur notre territoire avec l’acceptation des valeurs républicaines ou non et personne ne remet en cause le statut des réfugiés décrétés comme tels. Les français sont généreux, accueillants, ouverts à condition qu’on les respecte eux aussi.  Mais c’est un autre sujet. L’urgence est de se protéger aussi de ceux qui sont près de nous. D’où l’exhortation du président de la république pour éviter toute partition et un affrontement qui ne pourra que dégénérer. Une petite minorité est dangereuse contre laquelle il faut agir. C’est un devoir pour tous. 
 On ne peut pas dire que nous ne savions pas il y a des dizaines de rapports officiels depuis des années sur tous les sujets qui ont été écrits. Les collectivités locales ont dû s’adapter, sont devenues pour certaines les territoires perdus de la république, et il ne se passe pas un jour sans qu’un fait divers sanglant défraye la chronique ou qu’un acte plus ou moins grave révulse ou inquiète.  Certes ce n’est pas la religion musulmane qui est en cause car il y a   d’autres sources du mal « bien de chez nous » si je puis dire comme l’esprit criminel, l’appât du gain ou ce que la nature humaine dans son côté sombre invente.   Comme toute religion qui est du domaine de la sphère privée chacun doit la vivre comme il l’entend, à la condition -ce qui est du simple bon sens et pas la volonté d’imposer des normes occidentales ou chrétiennes-- que les règles légales et nos traditions de vivre-ensemble soient respectées d’autant plus qu’il y en a qui ne croient pas en un dieu, sont libres-penseurs et veulent simplement vivre en paix.  C’est ce qu’on appelle le respect de la diversité où personne ne cherche à imposer sa manière de voir et de vivre, où la cohabitation des cultures se fond dans la nation qui exalte toutes les individualités, où l’identité a un sens, et pour ceux qui arrivent c’est le comportement normal que l’on doit avoir quand on est dans un autre pays que le sien où il ne s’agit plus de vivre comme là-bas.   
Mais il faut admettre que le terrorisme devenu individuel repose sur des motivations précises qui tournent autour de la dénonciation des mécréants, sur la nécessité de punir les infidèles et qui ont pour fondement une vision extrême d’une religion avec la violence qui vaut comme justification. Prenons- les aux mots et nous aussi « dénonçons » -on dit informons qui de droit- ce qui nous parait menaçant et si on se trompe ou que l’on fait n’importe quoi l’état de droit je veux dire notre justice, nous sanctionnera.  
Le président a demandé à chacun de savoir repérer « les relâchements, les déviations, ces petits gestes qui signalent un éloignement avec les lois et les valeurs de la république ». Il s’agit d’éléments objectifs pouvant être vérifiés.  Pour moi cette vigilance s’applique à tous les domaines et pas seulement pour une religion. La sécurité est l’affaire de tous les citoyens et je me réjouis quand dans un quartier les habitants signalent les trafiquants de drogue ou ceux qui participent aux trafics et qui sont mineurs, ou qui relatent tout comportement illégal ou potentiellement dangereux. Je me féliciterai aussi qu’une communauté chasse ses brebis galeuses et participe à l’éthique globale qui bénéficie à tous.  J’appelle cela du civisme, de l’honnêteté intellectuelle, de l’objectivité nationale, ou simplement le sens du devoir dans l’intérêt général. Le premier ministre PS Manuel Valls l’avait de son temps souhaité.  Il ne s’agit pas d’en venir à une délation généralisée favorisée par des critères flous voire non définis donc subjectifs et dangereux, ou à l’ère du soupçon comme on l’a connue notamment sous Robespierre, ou à la dénonciation du proche que l’on n’aime pas pour des raisons diverses ce qui reste dans nos mémoires ou celles de nos grands-parents qui en ont souffert.  Je n’évoque que pour mémoire les régimes dictatoriaux qui obligent les citoyens à faire leur auto-critique et à se dénoncer en famille. Nous n’en sommes pas là.  Le président de la république nous a demandé d’avoir le sens des responsabilités et de ne pas se méfier de tout comme c’est la tendance avec le complotisme ou la tentation de rejeter toute parole publique, mais d’être attentif. Dès qu’une information sort certains pensent que c’est une « fake news », destinée à cacher la vérité et que l’on protège les puissants. On ne peut vivre dans un cadre de méfiance et il faut parvenir à une société de confiance comme l’avait écrit il y a déjà des dizaines d’années Alain Peyrefitte ministre du général de Gaulle.
Pour cela il faut croire en son voisin et donc le connaitre, le fréquenter ; il faut être sûr que nous avons tous un destin commun quelques soient nos différences ; il faut faire vivre les grands principes humanistes et cesser d’opposer les communautés ou se replier vers ce que l’on croit être la vérité. Le président nous a invité à la vigilance ; écoutons- le en choisissant la raison, la tolérance, l’union, et la confiance c’est - à -dire les valeurs de la république, en éradiquant a dit le président ce qui est un terme fort signifiant supprimer totalement-vaste programme qui ne peut être cependant une chasse aux sorcières soyons prudents- tous ceux qui veulent la haine, l’affrontement et la division ou qui ne respectent pas les règles du jeu démocratique.  L’état de droit nous protège des excès et des dénonciations téméraires ou calomnieuses. A nous d’agir sans passion mais avec détermination en participant à un devoir collectif ce qui renforcera nos droits individuels qui ont besoin de sécurité pour s’épanouir.