mardi 19 novembre 2019

la violence destructrice du pacte social


              La violence destructrice du pacte social.
         Par Christian Fremaux avocat honoraire et élu local
Je n’arrive pas à m’habituer à la violence de toute nature ni à ceux qui estiment que seule la force est légitime et efficace pour obtenir des résultats et permet de faire céder les gouvernements c’est-à-dire moi puisque le pouvoir exécutif résulte d’élections libres donc de la volonté des citoyens. Je conçois la démocratie non dans la fureur mais dans le dialogue même âpre. Le pacte social résulte de compromis et de la certitude qu’il y a un destin commun, des devoirs qui s’imposent aux droits, et la nécessité d’accepter des contraintes collectives qui permettent d’exercer ses libertés. Les minorités doivent se fondre dans le contrat républicain et adopter ses valeurs. 
 Si des réformes sont proposées c’est parce qu’elles sont utiles sinon indispensables dans l’intérêt de tous pour éviter la faillite ou la paralysie du pays. Si tout allait bien, s’il n’y avait pas de privilégiés, pas d’injustices, que l’harmonie régnait entre les uns et les autres quelques soient leurs modes de vie, leurs croyances, leurs besoins, dans un cadre champêtre sans pollution ni menaces - ce qu’on appelle l’utopie - l’immobilisme serait justifié (bien que critiqué avec hargne) et il n’y aurait pas de violences pour s’opposer à tout et son contraire. Que l’on me désigne le pays qui réunit tous ces critères dans un monde parfait.
 Je fatigue d’entendre tous les jours ceux qui ont été battus aux élections mais qui donnent des leçons virulentes et de gouvernance et de morale, qui monopolisent les médias et qui savent ce qu’il aurait fallu faire pour obtenir un pays apaisé et prospère. Que n’y ont-ils pensé plus tôt quand ils étaient aux affaires pour les plus démocrates, et pour les plus radicaux aux idées simples voire simplistes de gauche ou de droite qu’ils se fassent élire par les urnes et pas par la rue pour que l’on voit ce qu’ils sont capables de conclure dans un consensus et le calme.   
La violence s’entend principalement d’exactions physiques ce qui est le plus spectaculaire et surtout de destructions, mais elle s’exerce aussi dans l’expression orale brutale avec le rejet de l’autre, la suspicion envers telle catégorie sociale ou la dénonciation par ceux qui croient détenir la vérité.  Chacun a pu remarquer qu’au mépris de  toute certitude il suffit de s’attaquer à un individu et de l’accuser sans preuve concrète sur des intentions supposées ou pour des faits d’il y a parfois des dizaines d’années prescrits ou non, pour qu’aussitôt la personne visée soit considérée comme coupable et mise au ban de son métier, de sa famille et proches et doive se défendre sans même connaitre précisément ce dont on l’accuse .La justice s’auto- saisit vite de peur qu’on l’accuse de couvrir telles turpitudes ou infractions !  C’est du terrorisme intellectuel, le règne de la colère ou de la réaction sensible, et on ne prend pas la peine d’attendre un peu que les éléments matériels soient avérés : on cloue d’abord au pilori et on avise ensuite. C’est aussi de la violence à l’état pur. Il ne s’agit pas d’excuser des faits graves ou de soutenir une personnalité qui a mal agi ou s’est rendue coupable d’actes inqualifiables puisqu’on n’en sait rien. On n’est pas obligé de croire sur parole tous ceux et celles qui s’estiment victimes. Je dénonce l’émotion, l’à peu près, le non -respect de la présomption d’innocence, l’absence de tout débat contradictoire et le lynchage médiatique. Quand une société se laisse aller à ce genre d’emportements c’est grave et la porte ouverte au pire, à une ère du soupçon, du règlement de compte, et à une justice expéditive. Nous vivons une approche subjective de la violence qui serait justifiée par des considérations aussi multiples qu’irrationnelles.
 Nous sommes à fronts renversés. Il y a le camp des bons ceux qui luttent, ceux qui détruisent pour imposer leurs idées, ceux qui prétendent se battre pour les autres la majorité silencieuse, ceux qui cassent pour tenter de bâtir un autre monde ou simplement parce qu’ils ne supportent aucun ordre fût -il public, ni aucune autorité à part la leur et sont contre l’Etat et ses représentants forcément racistes, discriminatoires et injustes.  Et il y a le camp des méchants auto- qualifiés par ses adversaires ceux qui sont responsables, attachés aux principes républicains et à notre art de vie, qui prônent la raison même si certaines décisions leur sont défavorables et qui soutiennent l’Etat qui est le garant des libertés et du fonctionnement des institutions, en croyant aux élections qui  ne sont des pièges à cons que  pour ceux qui  ne participent pas ou qui ne peuvent se faire élire. 
A ce sujet je suis toujours stupéfait d’entendre des députés nationaux ou européens qui sont des élus de la France entière au-delà de leurs positions partisanes, appeler à manifester et soutenir certains qui méprisent la France et veulent la faire céder, ou inciter à de la désobeïssance civile et civique, voire s’associer aux grèves qui paralysent le pays, et contester les lois qui ont été votées au parlement dont ils sont membres.  C’est de la violence parlementaire qui va bien au -delà de la légitime critique et lutte politique pour conquérir le pouvoir.
Après les dernières violences du 16 novembre 2019 et la destruction notamment de la stèle du maréchal Juin héros de la bataille d’Italie, j’ai entendu des personnalités ou journalistes dirent que les black blocks étaient acculturés (la conjuration des imbéciles comme on l’a dit pour les violences de Chanteloup-les-vignes) et qu’ils n’avaient voulu que se procurer des projectiles en marbre. Je réfute cette analyse. Je pense que les black blocks qui sont quelques centaines agissant sous les caméras des médias et quasiment à visage découvert devraient pouvoir être retrouvés par nos excellents services de renseignement et jugés car ce sont des professionnels de la violence. Je crois qu’ils sont plus intelligents qu’on le dit, qu’ils ont une idéologie au moins anti- capitaliste ou anti -libérale, qu’ils veulent abattre un Etat dit bourgeois, n’ont pas de revendications sociales précises, détestent l’ordre ou l’autorité, et qu’ils veulent instaurer un chaos sans pour autant aboutir à une démocratie participative ou rénovée.
On verra lors de la grande manifestation prévue pour le 5 décembre comment réagissent les syndicats qui devraient avoir un service d’ordre musclé empêchant les black blocs de leur voler leur grève, sinon ce serait une complicité passive car l’Etat avec ses forces de l’ordre ne peut tout faire d’autant plus que toute prétendue ou avérée bavure est vilipendée et fait scandale  .La violence est aussi  de fermer les yeux ou de s’estimer non responsable  des conséquences  de la liberté de manifester. C’est trop facile. Il faut arrêter l’escalade de la violence qui menace notre unité. Tout le monde doit s’y mettre à son niveau. On a le droit d’être mécontent, de se sentir victime, de vouloir plus, d’être considéré.  Mais on ne peut accepter que la violence l’emporte.   

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