jeudi 27 octobre 2022

Cherche GPS d’urgence pour donner du sens à ma vie.

 

Cherche GPS d’urgence pour donner du sens à ma vie.

                      Par Christian FREMAUX avocat honoraire  

Je viens d’apprendre par une des saillies coutumières de Mme Sandrine Rousseau l’écologiste radicale- féministe dé constructrice- que le travail était une valeur de droite. Je finissais par en douter mais quel big bang pour les donneurs de leçons. J’étais sans le savoir un membre de droite donc de la réaction voire un néo- fasciste selon le vocabulaire à la mode ! Je crois en effet que le travail est utile pour soi et pour la société. Que c’est une valeur cardinale qui permet la libération de l’homme et de la femme dans le cadre de la parité et de l’égalité ; qui conforte le collectif et que se battre pour le plein emploi et contre les contrats précaires outre pour une juste répartition des richesses était un devoir au moins pour la justice sociale et la lutte contre la pauvreté. Mais la droite est l’ennemi pour les amies de la nature et des petits oiseaux dans l’air pur. Elle se trompe par principe. Ce qui vient de la droite est par définition mauvais. Donc le travail ?      

Si j’avais été vraiment de gauche, je veux dire social- démocrate comme un militant convaincu du parti socialiste qui luttait contre le chômage donc pour le travail mais qui a disparu avec le score lilliputien de Mme Hidalgo aux dernières présidentielles, la nouvelle m’aurait effondré. Car on continue de réclamer moins de 35 heures sur 4 jours qui permettent de partager le travail et de vivre mieux. M. Mitterrand en tenant compte du réel en 1983 avait changé de politique économique et en même temps créé le ministère du temps libre pour réfléchir et se détendre… après le travail.

Si en plus j’avais été marxiste comme les intellectuels et artistes éclairés j’aurais relu vite fait les écrits du philosophe Marx, Karl pas ceux de Groucho , qui croyait au travail  pour en dénoncer les abus. Certes le propre gendre de Karl Marx était Paul Lafargue qui prônait le droit à la paresse en 1880. Il ne s’est trompé que de plus d’1 siècle : la pensée politique est un éternel recommencement.

M. Macron s’est avancé imprudemment en disant à un jeune interlocuteur : il n’y a qu’à traverser la rue pour avoir du boulot ! Franchir une rue à Paris est déjà un exploit compte tenu des travaux notamment, mais je suis sûr que les jeunes qui veulent obtenir un travail ont fait des efforts pour obtenir une qualification et des diplômes et veulent s’en sortir. Sans être assistés. Certains ont entendu les promesses chimériques d’esprits forts qui estiment qu’un revenu minimum est dû à chacun ; que dans le terme RSA la consonne R veut dire reste au repos ; que le travail doit être évité à tout prix si on veut avoir une retraite par répartition encore jeune et en pleine forme. Et préserver la nature. Mais lesdits jeunes ne croient plus qu’en eux. Pas à l’Etat. Leur relation avec le travail n’est plus la même que les anciens. Outre la révolution numérique.

Les vieux adultes encore au pouvoir semblent n’avoir rien compris et se sont échinés sans vision de l’avenir. Ils n’ont même pas été capables de laisser une société en paix ni créer des territoires verts où l’animal, l’eau, et l’herbe ont des droits et sont les égaux de l’homme. Où nos délicieux ados adeptes parfois de la fixette mais surtout de l’écran ce qui est un vrai travail et ont pris les places ne s’enthousiasment pas pour faire comme leurs parents qui les ont fait  vivre pourtant confortablement. On a vu des pensionnés anciens salariés stressés presque se battre pour faire le plein d’essence cette énergie polluante ! Le travail conduirait-il à une impasse ?  

Ces citoyens débutants qui savent tout nous expliquent qu’il faut concilier vie privée et professionnelle, cajoler la famille, rester à la maison en télé- travail si c’est possible, et ne pas subir les managements toxiques où les patrons vous paient certes mais veulent du rendement. Le CDI ne serait plus le graal. Il parait que les démissions s’accumulent ? Des jeunes ayant des professions qui s’y prêtent aspireraient à aller vivre à la campagne car pour eux le salaire n’est plus la priorité, ni l’ambition. La solidarité ne les concernerait pas ? Pourquoi alors les syndicats s’usent-ils à demander des augmentations de salaires pour la « masse » qui pense que le travail a une utilité et qu’à défaut la vie se dégrade ? Vers le milieu du mois. Mais je peux me tromper : le travail ne sert peut-être plus à rien ? Est-ce un phénomène éphémère ou une tendance lourde ? Et si les néo-travailleurs avaient raison ?

Je n’avais pas compris que les grévistes de Total et Exxon qui se battent pour des salaires plus conformes aux efforts des producteurs qu’ils sont ne voulaient plus de travail sauf la paie basée sur l’inflation, et que les salariés qui font partie d’entreprises en liquidation ne pleuraient pas d’avoir perdu ce qui les faisait vivre et leur conservait leur dignité :  ils regrettaient en réalité le manque de revenus c’est tout ! S’ils voulaient un travail c’est qu’ils étaient des femmes et des hommes de droite. Donc avaient tort. Quel contresens de ma part.   

La vie doit pourtant avoir un sens mais lequel ? J’ai besoin d’un GPS pour m’y retrouver. Il va falloir réfléchir sérieusement à la valeur travail qui est commune et réclamée dans le monde. Plus de polémiques sur les riches par leurs talents et persévérances : à chacun selon ses besoins décrétés par l’Etat. On est euphorique !  

La philosophe de l’Institut Mme Chantal Delsol vient d’écrire que « pour les générations du millénaire la notion de « carrière » n’a plus de sens et le fait que leur grand-père parlait d’avoir une « situation » les fait éclater de rire » [le figaro du 24 octobre 2022]. Elle ajoute : « la désaffection de la valeur travail accompagne tout naturellement l’effacement du monde occidental judéo-chrétien et porteur des Lumières ». Plus rien ne vaut.

 Il est temps pour les humanistes et ceux qui croient au bon sens, à l’effort et aux mérites, de savoir par quoi remplacer le travail et en attendant de tout faire pour qu’il y en ait. C’est la moins mauvaise des solutions. Quand la république n’aura plus de valeurs universelles, elle s’effondrera d’elle-même. L’homme et l’humanité sans travail sont en péril. Redonnons une signification à la vie. Une valeur n’est pas à géométrie variable. Ni de droite ni de gauche.      

lundi 24 octobre 2022

Parler c’est bien agir c’est mieux.

 

                                Parler c’est bien agir c’est mieux.

                    Par Christian FREMAUX avocat honoraire.

L’actualité déprime car la dimension du mal est infinie. Quand elle vise des enfants avec le terrorisme cruel et idéologique ou un meurtre à froid c’est pire. Je ne veux pas parler de Lola car il y en a eu d’autres et mon avis n’a aucune importance. Mais je vais quand même m’inspirer de son martyre. Je ne crie pas avec les loups quoique je pense.  Je suis simplement triste et comme je suis un vieux citoyen je me dis que j’ai une part de responsabilité dans tout cela : je n’ai pas bien voté ou plutôt ceux que j’ai choisis n’ont pas été à la hauteur. Je voudrai être dans le camp des gagnants de la sécurité et laisser pour l’avenir une situation plus apaisée à nos enfants. Avant une planète régénérée pour que vivent mieux les humains. Les deux n’étant pas incompatibles. Je préfère Voltaire à J.J. Rousseau qui pensait que l’homme /la femme était perverti par la société. Ils peuvent se pervertir tout seuls. Hanna Arendt a dénoncé la banalité du mal.  

Ceux et celles qui actuellement sont chargés des questions régaliennes doivent éviter de se défausser et ne pas faire de la politique politicienne. Poser des questions de fond oui : désigner des coupables par inaction nominativement non. Ni vengeance ni représailles. Ni boucs émissaires. Ils doivent agir vite quitte à ce qu’on revoie nos décisions compassionnelles des trente glorieuses et celles de droit qui ont vécu et qui ne correspondent plus à la société actuelle qui a évolué et à son environnement. En maintenant fermement nos institutions et principes car on ne peut utiliser les armes de nos adversaires ou ennemis. La France ne peut jeter sa vocation universelle au feu de la répression ou du soupçon comme méthode omnisciente pour conforter les populistes à savoir les extrêmes de tous côtés. Il n’est pas interdit d’être fermes. La démocratie avec la tranquillité collective a le droit de se défendre et l’ordre public n'est pas un gros mot. La punition non plus. La sûreté fait partie des droits de l’homme. Quant à l’acte individuel criminel malheureusement il est impossible de le faire disparaitre sauf à prier voire espérer ou anticiper toute action possible en appliquant la loi. Mais avec des si ou des « faut -que » on résout tout.

On ne cesse de monter sur l’échelle de l’horreur et on découvre à chaque destin brisé que l’on est allé encore plus loin. On ne cherche plus les raisons souvent dérisoires. On est accablé. On devrait rester coi et réfléchir aux moyens pour essayer d’endiguer la nature humaine dans sa face noire. Mais on parle, parole et parole chantait Dalida. Le tribunal médiatique instruit le dossier que personne ne connait sauf l’avocat, le juge d’instruction et le procureur qui ne disent rien en général sauf ce qui sert leurs défenses ou accusations. En direct chacun y va de son avis non autorisé en rajoutant ce qu’il veut, sans faire d’amalgame selon le vocable à la mode, en piétinant les grands principes de droit même si le ou la présumé(é) innocent(e) est plutôt un réel suspect qui parfois a reconnu les faits. L’émotion et l’indignation exonèrent de toute retenue. Les français frissonnent. Moi aussi.  Cette fausse pédagogie accentue le malaise. Le citoyen doit être informé mais pas par n’importe qui avec des approximations.  

On s’invective même au parlement pour faire endosser la survenance du drame aux politiques au pouvoir qui sont forcément laxistes et ne font pas respecter la loi pour faire plaisir, mais à qui ?  La rhétorique agace et noie ce qui est arrivé. Et ressurgit l’éternel débat sur la répression et la prévention, la prison, le manque de places de psychiatrie, l’exécution des peines notamment les OQTF dont on a compris qu’elle était quasi impossible en raison des règles nationales comme internationales et de la « bonne volonté » ou non de l’intéressé ou du pays d’accueil de l’expulser ! Où est l’autorité ? On meurt de notre état de droit.

C’est tout juste si Me Badinter n’a pas joué un rôle ou si Mme Taubira n’est pas complice ! En oubliant que la situation dure depuis des années, que le peuple français a cédé aux sirènes des prétendus humanistes qui voyaient un homme /une femme et un enfant bons dans tout individu et qui posaient comme un postulat que l’immigration même irrégulière donc sans contrôle était une chance pour la France. Cela se discute. Bien qu’elle ne puisse être responsable de tout. On ajoutait que la délinquance avait aussi des causes sociales ce qui n’est pas faux. En revanche on ne s’est jamais vraiment interrogé sur la notion du bien et du mal en l’évacuant à travers la question religieuse qui nous revient avec force. Peut- être faudrait-il réaffirmer les valeurs positives de la république notamment celle de considérer l’autre et ne pas exploser à la moindre contrariété. La sécurité conditionne notre art de vivre et l’accueil des étrangers. L’origine ne fait pas le coupable. Elle ne l’exclut pas non plus. La situation régulière ou non ne change rien.  Ni le passé ni ce qu’il /elle a pu subir ou ressentir. La morale élémentaire suffit pour apprécier un geste humain.   

Le débat actuel à chaud me désole. On formule des explications psychologiques qui défient le bon sens. Et irritent le quidam. Mais comment peut-on juguler tant soit peu la violence qui monte sans arrêt et qui devient de plus en plus atroce. Outre les pulsions personnelles par coup de couteau que chacun n’importe où peut recevoir ; les bagarres ; les brutalités de toute nature et les incivilités de prétendus « sauvageons » ; les refus d’obtempérer ; les harcèlements… Comme je ne vais plus plaider à Marseille je peux échapper à une rafale de kalachnikov ! ce qui est plus qu’une balle perdue au mauvais moment.

On n’est plus dans les faits divers. On aborde un fait de société d’ordre politique. Cela n’atténue en rien la conscience individuelle du criminel mais le débat devrait être plus modéré et élevé. Sans se battre pour rendre hommage. Nos incantateurs devraient se regarder dans la glace car ils sont les héritiers politiques de ceux qui ont laissé faire ou promu les grands frères ! S’il faut prendre des mesures drastiques discutons-en. Il y a de l’insécurité. De l’ensauvagement. C’est un fait pas un sentiment. 

Albert Camus disait qu’un homme « ça s’empêche ». Une femme aussi parité oblige. Encore faut- il avoir des lettres. Quand on est brut d’éducation ou de sens moral c’est l’instinct qui fonctionne.  Ce qui n’est pas non plus une excuse sauf à être complètement fou au sens commun du terme - on dit déséquilibré désormais - avant, pendant, après l’acte commis. Les experts apprécieront.

Le philosophe Jean-Paul Sartre 1905-1980 donc notre contemporain a écrit que l’existence précède l’essence. Il voulait dire que l’homme /la femme n’est d’abord rien puis il /elle se définit par ses choix et ses actes. Il/elle est donc libre de choisir le bien. C’est sa responsabilité première. Il n’y a pas de fatalité au mal.  

 

mardi 18 octobre 2022

La grève vue par le petit bout de la lorgnette.

 

                 La grève vue par le petit bout de la lorgnette.

                     Par Christian Fremaux avocat honoraire retraité.

Avec le wokisme tout est suspect et tous sont présumés de mauvaise foi. Il est interdit de parler de ce qu’on ne vit pas dans sa chair, le racisme, la discrimination, l’inégalité. On ne peut comprendre et c’est valable pour tout sujet. Etant certainement un privilégié et n’ayant aucune raison d’être gréviste je devrai me taire pour suivre les injonctions des élites ouvrières tolérantes ! Mais comme j’ai un véhicule qui roule au gasoil et qui pour l’instant stagne dans mon garage, je m’autorise à évoquer le carburant nouveau graal de la consommation, les minorités, les libertés fondamentales, et l’abus du droit de grève surtout s’il a d’autres objectifs que la revendication salariale. On immobilise puis on voit. On doit être dans l’intersectionnalité des luttes, dans la conjonction des contraires de tous ceux et celles qui se sentent victimes de l’injustice surtout patronale et de la fin du mois, et pas de la conjoncture globale. Je voulais faire un A/R rapide dans la journée jusque ma mairie de l’Oise qui est à 90 kms de paris. N’ayant pas trouvé de liquide adéquat j’ai donc pris une bicyclette électrique et je suis parti le mercredi. Je suis tombé en panne sur place et personne n’a pu me conduire à la gare de Beauvais même en tracteur. Faute de gasoil dédié aux professionnels de l’agriculture ces nantis de la terre. J’ai pu revenir en stop le dimanche soir. Je suis donc légitime pour parler de la grève.

L’illustre Montesquieu qui a organisé la séparation des pouvoirs qui fonde notre état de droit ne pouvait deviner qu’il y aurait la Cgt avec son pouvoir… de nuisance. Alexis de Tocqueville au 19ème siècle qui a réfléchi sur le fonctionnement de la démocratie et ses rapports avec le peuple ne pouvait pas imaginer que désormais ce sont les moins nombreux qui dominent voire décident. Que chacun a des droits individuels supérieurs aux devoirs collectifs et que quelques énergumènes égoïstes se disant l’avancée des citoyens/ travailleurs bloquent le pays. On a peur de l’hégémonie de la majorité élue. Mais on est passé sous la coupe d’une minorité non élue démocratiquement. La Cgt longtemps courroie de transmission du P.C. est devenue celle de L.F.I. qui prône le chaos social à des fins politiques. Puisqu’il parait que le travail est une valeur de droite ?

La grève est un principe constitutionnel garanti par le préambule de la constitution du 27 octobre 1946 et repris dans la constitution de la 5ème république dans le cadre des lois qui le règlemente. Il n’est pas sans limites. Il est d’égale valeur avec ceux de la liberté de travailler, de se déplacer, d’entreprendre et de vivre tranquillement. Pour défendre ses intérêts catégoriels on ne peut obliger au surplace les membres des Tpe/Pme, artisans, indépendants, paysans…ou le modeste retraité qui veut bouger, et de percevoir des revenus ou pensions qui proviennent de leurs efforts actuels ou passés. Tout le monde n’est pas salarié - protégé par la loi pour les représentants syndicaux - dans de grandes entreprises bénéficiaires avec primes et intéressement sans compter les avantages des CSE bien dotés. Les grévistes ne plaident pas par procureur ni dans l’intérêt général ni pour les autres qui ne leur ont rien demandé. Et qui connaissent les mêmes difficultés que nos braillards actifs. La grève préventive s’assimile à un abus de droit si elle désorganise l’entreprise voire celles qui en dépendent. Elle peut dégénérer en faute. Les juges apprécient. 

On sait que les syndicats sont peu représentatifs et qu’aux élections professionnelles moins de 10 % des salariés votent. La Cgt est donc un groupuscule avec la possibilité inversement proportionnelle à son audience réelle de paralyser le pays. Il va bien falloir qu’un jour ou l’autre une majorité politique plus courageuse que d’autres instaure dans les entreprises du secteur privé vitales ou stratégiques le service minimum qui existe dans le public.

Car on se moque de la justice. Le tribunal administratif de Rouen statuant en référé par ordonnance du 13 octobre 2022 a validé les décisions de réquisitions chez Exxon. Cependant quelques dizaines de grévistes irréductibles ont empêché leurs camarades de rentrer dans l’usine. A quoi sert que des syndicats plus responsables - je n’écris pas raisonnables ou réalistes - se décarcassent pour signer des accords majoritaires s’ils ne sont pas appliqués sans sanctions particulières, en étant menacés au passage d’être des « sociaux-traitres » ?  Le droit peut se prononcer mais quelques centaines voire moins de salariés Cgt défient des millions de travailleurs. Est-ce vraiment la démocratie sociale ? On est fatigué de cette tradition ringarde de la lutte des classes revisitée. Où est le dialogue social d’avant conflit ?

Personne ne conteste le droit pour les salariés de se plaindre de l’inflation sur leur pouvoir d’achat, de s’indigner de l’augmentation massive de la rémunération du Pdg de Total et de vouloir une meilleure redistribution des bénéfices quand il y en a. Pour l’énergie en particulier qui sont aussi la conséquence d’évènements graves de l’extérieur. On ne profite pas d’une guerre, d’un confinement ou autres tragédies. Y compris l’Etat par ses taxes. Les torts peuvent être partagés mais la citoyenneté doit se confondre avec les intérêts matériels. On ne prend pas en otage ceux qui ne peuvent pas régler les problèmes.  Inventons un nouveau rapport social. D’autres pays y ont réussi. Par le petit bout de la lorgnette on aperçoit des types minuscules qui se prennent pour des majuscules. 

Après les élections générales d’avril et juin 2022 les citoyens se sont exprimés. La démocratie ne permet pas de remettre en cause quotidiennement les résultats. Quelques que soient le climat et les efforts pour lutter contre le réchauffement. Ne mélangeons pas tout. Il ne peut y avoir un autre tour social ou la chienlit dans la rue. La situation nous impose d’être soudés, d’être solidaires ce qui ne veut pas dire d’avaler toute mesure. On doit discuter publiquement. Le parlement sert aussi à cela et les insultes et menaces sont indignes. Allons sur les hauteurs l’air est plus pur !

 Quand M. Martinez ne sera plus à la tête de la Cgt dans un futur proche il pourrait devenir chef d’entreprise pour vivre les effets d’une grève. Ou selon un usage républicain s’il existe toujours ? inspecteur (général ?) d’une administration sociale ou des fonctions équivalentes avec le traitement (le salaire) des cadres très supérieurs hors catégories de la fonction publique. Et une bonne retraite. Pour « services rendus » aux salariés surtout ceux de la Cgt subventionnée par l’argent du contribuable. Je suis un modeste retraité encore actif et je lui demande de ne pas m’oublier. Je veux que l’on compense mon inflation par une hausse conséquente de ce que j’encaisse plus une prime de loisirs car quand on ne fait rien on dépense beaucoup. Sinon je m’auto-bloque. Merci patron comme le chantaient jadis les Charlots.  

vendredi 30 septembre 2022

justice privée ou privation de justice

 

              Justice privée ou privation de justice ?

               Par Christian Fremaux avocat honoraire

On apprend à l’occasion de règlement de comptes dans les couples people politiques qui divorcent ou se séparent où les insultes et les violences volent bas ou à l’occasion de diverses agressions d’ordre sexuel ou non commises par des militants, qu’il y a loin entre les discours donneurs de leçons et les attitudes personnelles y compris chez des députés dont la hauteur de vues et le comportement devraient être exemplaires. L’homme politique est-il un homme comme un autre ? Des partis politiques sans crier gare ont créé un organisme interne ad hoc, un vague comité, un ovni pour régler les litiges. Il y a désormais en plus du médiatique le tribunal sous-marin que l’on ne voit pas, sans règles publiées précises ou copiées sur ce qui existe voire une déontologie politique ce qui est un oxymore. Pourquoi ne pas faire de signalements avec l’article 40 du C.P.C.? Pourquoi les politiques qui ont un métier public s’enferment -ils dans une instance privée pour régler les différends personnels qui dégénèrent et pourraient éclabousser le parti ? Comme si l’électeur bouseux ne connaissait pas la vie. Une société de délation et de cachotteries ne peut exister.

On ne peut avoir la bouche en cœur en exigeant la rigueur et la tolérance avec le respect de la femme chez les autres,  vouloir la Justice - le juste est difficile à trouver on y ajoute l’équité et la protection de la loi - qui est une organisation publique, démocratique et légale et se revendiquer d’un bidule canada dry , obscur, au fonctionnement cloisonné et muet uniquement politique et qui décide sur des querelles voire sur des faits très graves, nuitamment sûrement, sans journalistes ou auditeurs  indiscrets, en priorité dans l’intérêt du parti  puis ensuite de ses membres s’il le faut alors que la victime remue encore et n’est pas interrogée. On ne sait même pas si une décision écrite et motivée est rédigée avec recours possible. Les pires régimes totalitaires y avaient pensé mais pas osé le faire : il y avait un semblant de débats en quelques minutes où l’accusé avouait. C’était son seul choix. Son avocat plaidait ou bredouillait que la loi de la nation forcément juste devait être ferme.  En est-on encore là en France au XXIème siècle alors qu’on se gargarise de séparation des pouvoirs, de justice irréprochable et impartiale pour tous, des droits humains, de l’égalité hommes-femmes et en droits, et de la nécessité du débat public et de la transparence, enfin de démocratie en dénonçant toute violence ?

Nos progressistes affichés font un grand bond en arrière. Bien sûr ils invoquent les grands principes humanistes, la bonne foi et la volonté de ne pas pénaliser en les dévoilant les victimes d’agressions sexuelles en particulier qui doivent être crues sur parole. Le féminisme n’est pourtant pas un postulat. C’est la tendance de ces années dans le cadre des libertés et de la reconnaissance de la femme. Sans aucune vérification matérielle, confrontation, preuves… ce qui est du domaine de l’enquête d’un juge professionnel qui est neutre, s’appuie sur les textes notamment sur les garanties de procédure, et se prononce dans l’intérêt général de la société. Mais selon le parti politique financé sur fonds publics qui d’après la constitution (article 4) participe à l’expression du suffrage donc à la démocratie, le militant doit en même temps être protégé d’accusations simplement méchantes et calomnieuses et surtout qu’il puisse conserver ses mandats publics et la rémunération qui va avec, le mouvement en ayant besoin pour faire passer ses idées merveilleuses qui vont conduire au bonheur et à la prospérité des petits, la plèbe. La justice du peuple n’est donc pas pour lui. Une petite querelle « mesquine » accompagnée de « violences légères » sur fond d’énervement surtout entre un homme et une femme ne doit pas ternir la philosophie stratosphérique globale dudit parti. Et sa réputation de probité. Cela ne mérite qu’un sous- débat, au sous- sol, sans témoins, sans public, entre gens qui devinent où est l’intérêt supérieur, au- delà du fait concret. Les victimes aussi, même non militantes.

Le garde des Sceaux ancien prestigieux avocat pénaliste et qui connait de près les conséquences d’accusations hâtives, a poussé un utile coup de gueule contre les machins créés par des partis politiques qui feraient office de justice privée. Il a raison. Il y a la justice (publique) pilier de l’état de droit et le code pénal pour les nuls. C’est tout et déjà beaucoup car la justice est décriée pour ses manques de moyens et ses longs délais. Quand elle n’est pas soupçonnée de protéger les puissants (l’actualité dément cette croyance) ou d’être parfois politisée ce qui tient à des convictions personnelles de juges, et ce qui n’est pas vrai dans l’immense majorité des cas. On n’est pas naïf on connait un peu la nature humaine. Dura lex Sed lex. Il est fondamental qu’un cadre légal contrôlé existe qui apporte des garanties contre l’arbitraire et la partialité, et que la loi votée démocratiquement soit interprétée ou discutée devant tous. Les quidams comprennent autant que les prétendues élites. Il faut que les droits immuables et sacrés de la défense s’exercent en plein jour. Les politiques n’ont pas à bénéficier comme dans l’ancien régime d’un prétendu privilège de juridiction pour des faits de droit commun, et d’un filtre interne et secret qui les déclarerait innocent car il le faut voire coupable mais « jugé » excusable dans l’intérêt dit suprême du parti intouchable qui permet quasi tout pour lui en étant intraitable avec les autres! Ses électeurs sont -ils d’accord avec les dirigeants ? Les copains et les coquins sont haïssables. Faites ce que je ne dis pas ce que je fais.   

Il faut que cesse immédiatement ce genre de méthodes. Que l’on revienne aux principes républicains sous l’égide de la place vendôme et des tribunaux partout en France rien que la justice pour tous, je le jure. La vérité étant à plusieurs faces. On n’a pas besoin de justice privée. Voire privatisée avec quels juges, quelles procédures, quelles sanctions forcément politiques : « Tu es coupable mais on ne te condamne pas car le parti va être déshonoré… Ou dégage on te retire tes mandats et va t’expliquer devant les juges… avec ta victime ».

Que l’on soit puissant ou misérable seule la justice doit se prononcer. On attendra un peu pour savoir quelle est la vérité. L’intéressé(e) prendra ou non ses responsabilités et chacun appréciera. La présomption d’innocence est la base de la justice pénale avec le respect du contradictoire, la production de preuves, les confrontations, l’audience publique. Tout le reste n’est que faux semblants, parodies et a plus d’effets négatifs que de profits. L’image de la justice en est dégradée. Les politiques apprentis sorciers hypocrites et peu démocrates doivent le savoir. Ils annoncent par leurs attitudes des jours dangereux. Qu’ils ne jouent pas avec le feu. N’ont-ils pas compris que l’entre -soi conduit aux pires dérives. Et que la confiance dans une institution fondamentale est en jeu. La justice est aussi une vertu.

Ne pas saisir la justice de la République et elle seule c’est se priver de justice. La morale est atteinte car il ne peut y avoir de plus égaux que d’autres. Politiques ou simples mortels.   

vendredi 16 septembre 2022

Le droit européen au secours des djihadistes français(es)?

 

            Le droit européen au secours des djihadistes français(es)?

               Par Christian Fremaux avocat honoraire

Le conseil de l’Europe qui siège à Strasbourg a été créé le 5 mai 1949. C’est une organisation intergouvernementale qui réunit désormais 46 Etats puisque la Russie en a été exclue le 16 mars 2022 en raison du conflit avec l’Ukraine. Et qui s’appuie sur la convention des droits de l’homme selon la déclaration universelle de l’Onu du 10 décembre 1948. La cour européenne des droits de l’homme (C.E.D.H) est une juridiction internationale basée aussi à Strasbourg. Elle a été saisie par les familles de femmes djihadistes et leurs enfants retenus en Syrie puisque l’exécutif français continue à refuser de les rapatrier en France.

Mercredi 14 septembre 2022 la cour européenne des droits de l’homme (C.E.D.H) a rendu une décision innovante voire historique concernant le rapatriement de familles de djihadistes actuellement parquées dans des conditions déplorables dans des camps kurdes de la Syrie [arrêt du 14 septembre 2022. N° 2438419.H.et F et a contre la France]. D’autres pays européens concernés par la même problématique sont des observateurs attentifs et sont intervenus à la procédure. Jusqu’à présent la France s’est hâtée lentement pour faire revenir femmes et enfants, examinant les demandes au cas par cas et sans motiver particulièrement les refus. Ce qui priverait lesdits français de toute possibilité de recours judiciaire et de la protection de l‘Etat qui est due à chacun de ses ressortissants à l’extérieur quelles que soient leurs activités criminelles ou non ou de complicité ? 

L’arrêt de la cour a électrisé le débat. La cour n’a pas reconnu un droit général au rapatriement dans n’importe quelles conditions et automatiquement. Elle n’a pas condamné sur le fond du sujet la France. Elle lui a demandé de revoir sa copie car un citoyen français malgré son comportement anti-France ne peut être privé unilatéralement du droit d’entrer sur son territoire (article 3.2 du protocole n°4). Les concernés doivent pouvoir examiner la décision du pouvoir, les motifs et les contester devant une juridiction et désormais plutôt devant une autorité indépendante de l’exécutif. C’est nouveau et pas prévu dans notre organisation diplomatique et juridictionnelle que l’on doit définir seul. La cour semble l’exiger ? Le gouvernement va y songer. 

 Certains pensent qu’ainsi la France a perdu sa souveraineté juridique et judiciaire au profit d’un gouvernement des juges internationaux qui imposent leurs visions du monde et des textes légaux y compris en matière de terrorisme. Les grands principes universels et l’humain l’emporteraient sur le droit positif actuel et le sentiment national avec les victimes françaises des attentats. Les autres se réjouissent qu’il y ait un contrôle sur les choix de l’exécutif de ne pas rapatrier des femmes et enfants de djihadistes, sans dire pourquoi, sans verser aux débats des preuves des craintes que l’on a et que l’on doit discuter contradictoirement. Ils mettent en avant le sort désastreux des présumées coupables et l’intérêt supérieur des enfants qui sont innocents et que l’on ne peut priver d’une vie et d’une éducation en France comme tous les autres. Ils savent qu’à leurs retours les mères seront incarcérées, on examinera leurs responsabilités et elles seront jugées par un tribunal français. On verra si des remords sont formulés, si l’engagement militant est abandonné ou s’il y a un risque de récidive. Ou de propagande négative insidieuse. Si le coran reste leur bible, et si la loi islamique est la règle. Enfin si la laïcité est comprise. On ne se fait aucune illusion sur l’amour retrouvé de la nation, mais pourquoi pas ! Le juridisme a dominé le bon sens et l’émotion.  

L’opinion publique - qui ne doit jamais entrer dans le prétoire et se transformer en tribunal médiatique pour toute polémique ou un fait divers - est archi défavorable. Ces dames qui vivent sans eau et électricité, qui sont méprisées et ont peur de la justice Syrienne ou Irakienne sont parties volontairement combattre auprès de Daesch. Il parait un peu facile voire scandaleux de réclamer de meilleures conditions de vie et l’application de textes légaux fondés sur les droits de l’homme comme le droit à une vie privée et familiale ou l’application des garanties de l’Etat qui l’on combattait et haïssait. Mais ce raisonnement serait subjectif et tout individu aurait droit à une deuxième chance même si on est dans le terrorisme ! Chacun appréciera. La veuve de Samy Amimour l’un des principaux acteurs du massacre du Bataclan a été rapatriée récemment.  

Les victimes des attentats n’aiment pas ces revendications, et les français qui craignent d’autres actes sanglants y compris par des actes individuels ne souhaitent pas que l’on soit laxiste sinon compassionnel dans le cadre de notre état de droit. Certes celui- ci prévoit des textes que l’on a ratifiés et la France doit respecter ses engagements dans la protection des français qui sont à l’étranger.  On ne peut cependant périr de nos propres principes. La loi protège mais il y a des circonstances exceptionnelles (ordre public, respect des victimes, défense préventive, menaces …) qui doivent permettre au pouvoir de dire non. Il faut simplement les expliciter noir sur blanc. Et à défaut saisir le parlement pour qu’une loi compatible avec la convention européenne fixe les conditions.  Nous devons avoir la maitrise de notre destin et le devoir de nous défendre collectivement. Notre droit national doit être déterminant quand nos intérêts vitaux sont en jeu, ce qui est une composante de notre souveraineté. La sécurité globale en fait un impératif.

 S’il faut créer une autorité administrative indépendante de plus allons- y on n’est pas à un machin près : elle sera dédiée notamment au rapatriement des terroristes. Il en resterait plus de 100. Qui ne sont pas en odeur de sainteté.  Les citoyens qui paient l’impôt et font des économies comme on leur demande seront ravis. Il faudra faire preuve d’humanisme pour les enfants qui ne sont pas comptables des actes de leurs parents.

 La justice du conseil de l’Europe ne nous a pas sanctionnés pour décision « arbitraire » contre de pauvres familles innocentes parties faire le djihad en Syrie. Elle demande que l’on démontre que les refus de rapatriement sont motivés, qu’il ne s’agit pas de positions de principe injustes. Pour complaire aux électeurs. Le gouvernement a annoncé qu’il continuait sa politique actuelle de rapatriement et qu’il allait examiner comment donner des garanties. Les autres pays européens concernés par les mêmes difficultés vont réfléchir. En attendant les requérants ont obtenu 18.000,00 euros et 13.000,00 euros au titre des frais de procédure. C’est le contribuable qui paie. Merci les djihadistes. 

mercredi 14 septembre 2022

God save the république

 

                                    God save the république

                           Par Christian Fremaux avocat honoraire

 Comme républicain ou individu modérément attiré par des dirigeants publics appartenant à l’aristocratie ou désignés par l’hérédité on peut ne pas aimer la royauté, ses fastes, et trouver désuet et un tantinet longuet le cérémonial des funérailles d’Elizabeth II. Les chaines en continu en France ne parlent que de cela : c’est beaucoup. Mais on ne peut oublier l’Histoire qui dépasse le décès d’une simple mortelle en considérant qu’il s’agit d’un évènement suivi sur la terre entière qui aura peut- être des conséquences. Au moins pour le royaume uni - qui le semble de moins en moins -ce qui peut avoir des effets sur l’Europe et le reste des continents. Le soleil qui ne se couchait jamais sur le Commonwealth a pâli.

Je m’associe donc à l’hommage rendu à sa majesté Elizabeth II aussi protectrice suprême de l’église anglicane qui régna 70 ans sans dévier de sa ligne publique élaborée à la sortie du 2 -ème conflit mondial malgré les tourments qu’elle a connus. En y ajoutant un zeste de transcendance. La reine a traversé aux 20ème et 21ème siècles les guerres d’indépendance, l’affrontement est-ouest, la menace nucléaire, le terrorisme et les guerres en cours, outre le Brexit et la mondialisation pas toujours heureuse. Elle a traversé des difficultés familiales, mais est restée digne. Elle s’est haussée à un niveau exceptionnel de devoirs qui sera peut- être inégalé dans le cadre institutionnel qui est celui de l’Angleterre berceau de la gouvernance moderne.

 Elle a incarné ce que sont les démocraties dans leurs spécificités diverses, leurs survies et la monarchie dans sa grandeur parfois surannée et aussi ses servitudes sinon son incongruité dans le siècle. Fait de bruits et de fureur, matérialiste et individualiste. N’étant pas anglais notre meilleur ennemi bien que j’aime beaucoup le thé, je ne suis pas au jour le jour les étapes de l'enterrement ni heure par heure sur les étranges lucarnes qui répètent régulièrement les mêmes informations y compris la nuit ! N’étant pas non plus journaliste à la revue « Point de vue » ou « Gala » je regarderai d’un œil distrait si je suis disponible la cérémonie finale. J’essaie de comprendre la ferveur des sujets britanniques et de ceux de l’ex-empire dont certains sont plus réservés outre ceux qui veulent devenir des citoyens totalement libres.

 Humainement je peux partager l’émotion car la perte est gigantesque sur le plan symbolique mais institutionnellement je choisis ce qui se fait en France. La reine régnait mais ne gouvernait pas sauf sûrement implicitement sans jamais exprimer son opinion publiquement. Le silence est aussi une arme redoutable. Ce qui ne veut pas dire que nous avons raison de tout annoncer avec un haut -parleur. Et que notre démocratie dite participative est meilleure où tout quidam peut s’exprimer sur ce qu’il ne connait pas. Nous avons fait perdre la tête à Louis XVI. Nous ne le regrettons pas car nous avons conservé la nôtre celle du peuple souverain. Représenté par une personnalité élue qui doit expliquer ce qu’elle décide et ce qu’elle va tenter en rendant des comptes. Je réfléchis un peu sur notre avenir. Dans les soubresauts actuels, comment diriger et convaincre ? Faut-il une clef de voûte immuable et neutre ? L’élection au suffrage universel avec la laïcité est-elle suffisante ? Cet épisode planétaire nous change du conflit Ukraine -Tsar de Russie.

Après 1792 et 1848, depuis 1870 notre république s’est installée. Nous en sommes à la 5ème c’est dire si on l’aime. Si M. Mélenchon avait été élu on serait passé à la 6ème ! Des nostalgiques rêvent à un roi /une reine car ils veulent admirer quelqu’un qui est oint par dieu, sans savoir quel dieu dans le contexte communautaire qui fait débat. Voire sans dieu.  Tout en restant en démocratie où l’on critique le responsable à peine légitimement installé où on trouve toute décision normale plutôt que de se féliciter de la politique d’un humain. On n’ose pas aimer notre élu car la nation est au -dessus de tout et tous et la rationalité est préférable. Est-ce vrai ?

Il ne s’agit pas de comparer les mérites ou les inconvénients d’un régime avec majesté ou sans. Chaque peuple a son passé et ses traditions. Avec la Constitution de 1958 nous sommes dans une monarchie républicaine comme la qualifiait le professeur de droit Maurice Duverger. Et dans un régime semi-présidentiel. Mais depuis les élections de juin 2022 Jupiter est redescendu des cieux : il doit composer avec l’opposition.  Et non content d’écarter la royauté et son aura - sauf pour les roturiers - nous y avons adjoint l’église dont la France était la fille ainée. La laïcité a permis de construire durablement la nation car la main de dieu ou de son représentant vivant parmi la plèbe n’intervient plus et la religion est du domaine privé. Même si actuellement des dévots actifs voudraient qu’ils n’en soient pas ainsi.

Notre credo est la loi votée après débats publics qui exprime la volonté générale de la majorité au pouvoir qui doit respecter les minorités. Pour éviter que Montesquieu ne se retourne dans sa tombe. Notre république est caractérisée par l’état de droit qui applique notamment les principes issus de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de notre révolution celle de 1789 certes sanglante mais fondatrice de ce que nous sommes, ce qui correspond pour le moins à l’habeas corpus anglo-saxon de 1679.

 Les citoyens sont contre un pouvoir absolu viendrait- il du ciel, et pour une république qui garantit les mêmes droits à tous, avec un contrôle des puissant(e)s qui ne sont pas décoré(e)s de l’ordre de la jarretière ou équivalent et qu’on n’ennoblit pas. Le collectif avant la parole sacrée. Ou pourquoi votre fille n’est pas muette.

La république est le bien commun du peuple qui est le souverain. On peut corriger les défauts de la démocratie ou ses effets délétères. Mais on ne peut pas se passer du cadre républicain qui ne confie pas l’avenir de tous à une autorité ex-cathedra par héritage. Même silencieuse.   

God save the king Charles III ! Nous sommes nés la même année : après un très long apprentissage il devient roi. Je reste retraité. Winston Churchill qui a formé Elizabeth II disait que la démocratie était le pire des régimes à l’exception de tous les autres. Vive la république qui fait vivre le gouvernement du peuple par et pour lui. 

mardi 6 septembre 2022

Ne nous privez pas de vie privée.

 

                     Ne nous privez pas de vie privée.

                       Par Christian FREMAUX avocat honoraire.

 J’ai l’impression mais j’espère que je me trompe que l’on va insidieusement vers un contrôle de la vie privée. Au nom de l’intérêt commun naturellement. Et de la sécurité globale contre la délinquance bien sûr y compris familiale mais aussi désormais pour des motifs liés à l’énergie ou autres et à la guerre en Ukraine qui a bon dos. Sans oublier la transition énergétique et la nature à l’agonie. Le mieux serait de supprimer les hommes et les femmes baby-boomers accusés d’être responsables de la catastrophe et qui se seraient gobergés pendant les 30 glorieuses. Et de refaire la copie pour les générations futures.    

Déjà il y avait un débat sur les restrictions de liberté imposées par exemple pour la covid ou la lutte nécessaire contre le terrorisme avec des lois d’exception entrées progressivement dans le droit commun. Outre les menaces extérieures. Certains criant aux mesures liberticides en faisant prévaloir les libertés individuelles face aux devoirs et aux contraintes de sûreté collectives. Sans proposer de solutions concrètes car la défense ne s’improvise pas. La difficulté étant de savoir où placer le curseur entre la liberté et les obligations, entre la prévention et la répression, entre la morale ou les grands principes humanistes et l’amour de l ’homme et la réalité qui est cruelle. Voire pour la protection de la patrie.  

On n ‘a jamais trouvé la bonne formule car la perfection est comme l’horizon : on ne peut la saisir. Si tel avait été le cas on aurait moins de polémiques. Tout le monde serait heureux. D’autant plus que la société évolue constamment et que ce que l’on acceptait hier n’est plus toléré aujourd’hui et sera banni demain. Le terme progrès n’est pas entendu de la même manière par tous. L’homme libre décide pour lui et la collectivité mais n’est pas celui qui a choisi de se placer sous la volonté divine ou idéologique qui lui dicte son comportement où qu’il vive et quel que soit son environnement sociétal.       

Je n’ai jamais hurlé avec les prétendus éclairés qui ne veulent rien accepter, voient le mal à travers des discriminations, du racisme, des inégalités partout et savent tout. Ils crient au « fascisme » sans savoir ce qu’il fut avec d’autres doctrines totalitaires qui voulaient faire le bonheur du peuple malgré lui et qui ont conduit des millions de personnes à la mort. Ou au malheur. Mais en même temps exigent de l’Etat une protection absolue et qu’il pallie ce qui fait défaut, est dangereux, ou devient rare donc cher. Ils souhaitent que les problèmes n’arrivent qu’aux autres ce qui permet de critiquer sans risque. Et qu’ils ne subissent pas les effets secondaires des décisions prises après débats publics et parlementaires. La sécurité dans tout domaine est pourtant l’affaire de tous les citoyens qui doivent participer à leurs niveaux et moyens à sa réussite qui dépend aussi d’eux. Notre état de droit est notre bouclier : il ne faut pas qu’en dévoyant les principes républicains nos protections s’effondrent. L’intérêt général doit se confondre avec l’intérêt privé. On l’envisage.

J’essaie d’adapter ma vie privée aux préoccupations du moment : je n’allume pas de barbecue car je suis maladroit et ma femme se résigne à le faire : ouh le macho ! J’ai engagé à titre préventif un avocat pour me défendre pour le cas où le délit de non -partage des tâches ménagères serait voté. On ne résiste pas à une absurdité de plus. Mais je confirme être un garçon. Et d’être responsable tout en refusant de changer de genre et de me déconstruire. J’ai peur que l’on crée une police domestique, des inspecteurs qui viendront contrôler chez moi et me punir si j’utilise du fuel alors que l’électricité verte est la panacée, parait-il ? ; si j’ai baissé d’au moins 1 ou 2 degrés la température de ma chambre pour mieux greloter dans mon lit, cela endurcit ; et  si le soir en douce je ne mange pas un bon gros steak avec des frites, avec comme hors d’œuvre du maïs qui ne pousse qu’avec des quantités importantes d’eau ; et que je ne déguste pas des fruits qui viennent de loin en avion qui pollue ; si  enfin j’ai bien acheté ma trottinette pour aller dans ma mairie de l’Oise ce qui n’est qu’un trajet de 24 heures !…Mais si je m’éclaire à la bougie, sans prendre de bains, bravo. Cela me rappelle la Chine actuelle qui connait tout de ses citoyens au travail ou dans la rue, comme chez eux ! Si vous vivez ou traversez-en dehors des clous la sanction tombe :  X. points sociaux de moins.

Ma vie privée est à la merci de nouveaux inquisiteurs au nom de la fin de l’abondance ce que personnellement je n’ai jamais ressenti. Je n’ai pas été insouciant mais en payant largement j’ai gâché, j’ai honte. Je ne fais pas mon auto-critique publique comme du temps de Mao Tsé    Tung sur ce que j’ai consommé y compris avec des herbes aromatiques (mais pas celle des beatniks devenus bobos). Je mange, bois, me chauffe et je roule au diesel encore : est- ce être un bon citoyen ? Il y avait le contrôle fiscal. Et médiatique. On veut y ajouter la vérification sociétale.  Ma vie privée va donc être épluchée au nom de mon devoir énergétique car quand il y a pénurie le partage est d’autant plus important. Faire maigre s’impose et est une exigence civique !

Finalement la crise qui résulte d’évènements dont on n’est en rien responsable et sur lesquels on n’a pas de prise vraiment avec des sanctions qui reviennent comme un boomerang, m’oblige à modifier ma vie privée. Mais je souhaiterai que les pouvoirs publics n’en rajoutent pas et ne fassent pas peser sur moi une présomption de culpabilité.   

Je suis content : libertés individuelles martyrisées mais préservées ; égalité dans la solidarité ; fraternité avec ceux qui en ont besoin. La guerre en Ukraine et ses conséquences avec l’énergie qu’il va falloir économiser sont en fait simplement l’application de notre devise républicaine. J’offre ma vie privée un peu forcé comme gage de mon combat pour la démocratie qui serait attaquée en Europe notamment. Ma vie privée est le seul bien immatériel que l’on n’a pas taxé en tant que tel. Il m’arrive d’être sobre.

Puissants qui nous gouvernez laissez- la moi en l’état, j’en fais bon usage. Dans « 1984 » George Orwell avait décrit les méfaits de Big Brother. Il ne s’est trompé que de quelques années, je le crains. Avec le prétexte qu’on agit pour le bien de l’humanité et de la planète. Sauf sursaut de lucidité. Et de bon sens car la vie privée n’est pas une variable d’ajustement.    

vendredi 2 septembre 2022

Abondance verbale versus sobriété de se taire.

 

         Abondance verbale versus sobriété de se taire.

            Par Christian FREMAUX avocat honoraire.

Parler pour ne rien dire d’utile ou provoquer des querelles est un art. On connait la langue de bois surtout chez les responsables politiques. S’y ajoute désormais l’insignifiance des propos que ceux qui les prononcent estiment essentiels voire déterminants pour le progrès social. Les moulins à parole brassent surtout du vent et leur abondance verbale négative devrait les conduire à la sobriété de se taire. Pour éviter le ridicule et pour garder un niveau  acceptable de réflexion collective.  On ne donnera aucun nom : ils/elles sont trop nombreux.

Ne jamais douter est une force qui consiste à affirmer n’importe quoi sous couvert de la liberté d’expression. Accepter la critique mais seulement pour les autres est une curieuse ouverture d’esprit. L’humour ne peut « discriminer » certains : on ne rigole pas avec la police de la pensée. On interdit au nom de la nature qui est la priorité. L’homme serait un prédateur. Le tout crée de la confusion chez les citoyens déjà inquiets par la situation globale et sommés de choisir leurs camps, et n’apporte rien de positif. On a fait le buzz c’est l’objectif. On croit avoir un rôle majeur dans le débat public. C’est de l’illusion.

Il faut vraiment avoir du temps à perdre pour prendre au sérieux des idées lancées à la cantonade venant souvent de l’extérieur du pays comme le wokisme ou portées par quelques intellectuel(le)s dans le cadre d’une obscure recherche universitaire, en y introduisant un prétendu fondement philosophique ou sociologique sur l’homme /la femme et notre société. Par exemple actuellement : le barbecue est -il un signe de virilité ? L’homme et la femme ont -ils le même rapport à la viande ?  Le réchauffement climatique est-il de la faute des garçons ?  Mesurer ou maintenir les inégalités est -ce réprimer ? puisque tout aurait été pensé et décidé dans le cadre d’une société patriarcale et capitaliste pour maintenir la domination du mâle !...

 Mes ami(e)s de ma petite commune rurale de l’Oise se sont dit estomaqués à la fin des moissons tandis que nous prenions l’apéro selon la tradition bien française. Comme le chantait Gilbert Bécaud dans Nathalie où il évoque Moscou et les plaines d’Ukraine, on a ri, beaucoup parlé, ils voulaient tout savoir. Comme si j’étais initié et connaissais l’envers du décor ! Ils m’ont demandé à moi qui vit aussi dans la capitale comment des parlementaires- l’élite donc - peuvent se lancer dans ce genre de débats. J’ignore tout. On les a plaints de se pressurer ainsi la tête et de vivre dans l’angoisse et la méfiance envers les autres.  Je leur ai expliqué immédiatement à propos de « genre » que c’était un problème délicat mais je n’ai pas insisté je ne veux pas d’ennuis ! On ne peut ni rire ni parler de tout sauf les auto- autorisés.

 On a fêté le blé de Picardie, moins les betteraves et le maïs en manque d’eau. Ce furent des sujets de fond traités avec distance et tolérance. Délayés avec des liquides la sécheresse ayant des limites, et épongés par la charcuterie et les chips. Du classique même pas du bio.  

Pour nous les parlementaires servent à « parlementer » c’est-à-dire à discuter des sujets de fond qui existent, et de l’avenir qu’il faut préparer. A venir sur le terrain rencontrer leurs électeurs au lieu de se pavaner en donnant des leçons de vivre dans les médias qui intensifient les querelles et les réduisent à un pour ou contre néfaste. Et à fabriquer des lois courtes, bien pensées, exprimées clairement et efficaces qui vont s’imposer à tous les citoyens. Dont ceux qui n’aiment pas la France mais y vivent.  Nous avons du mal à saisir pourquoi des hommes et femmes politiques ne s’occupent pas de la réalité et à quoi cela sert de lancer des polémiques futiles qui divisent l ’opinion ? Mes amis agriculteurs depuis des décennies en famille s’étonnent que des amateurs leur disent comment cultiver la terre et protéger la nature ; les éleveurs et bouchers ou nourrisseurs de la population s’inquiètent pour leur avenir ; les concessionnaires automobiles ne savent pas comment ils vont pouvoir vendre très chers des véhicules électriques, alors que dans ma campagne il faut faire des tas de kilomètres pour trouver une borne de rechargement. Sachant qu’en raison du conflit en Ukraine qui est responsable de tout ! le gaz et l’électricité vont peut -être faire défaut. Doivent-ils raser leurs maisons héritées de leurs parents et grands- parents chauffées au fuel et qui ne sont pas aux normes obligatoires dont le nombre ne cesse d’augmenter ?...  Alors les discussions byzantines sur le sexe des anges, cela nous dépasse.

On préfèrerait que nos chères têtes pensantes des assemblées et du pouvoir exécutif entouré par des conseiller(e)s bardés de diplômes et a priori à l’abri de la nécessité ou des aléas de la vie communiquent sur des solutions pertinentes qui changent le quotidien des quidams au plus vite et leur redonnent de l’espoir.  Mais il appartient aussi aux électeurs de faire les bons choix au moment venu et ne pas voter pour des marchands de rêves qui veulent se faire plaisir en ayant raison et qui pensent avoir de nouveau découvert l’eau tiède et la roue pour imposer le bonheur du monde. On est responsable on avait compris depuis longtemps les problématiques. Ce constat un rien désenchanté n’a pas changé nos volontés personnelles d’engager des actions sans attendre la béquille ou la manne de l’Etat. Et de continuer à nous prendre en mains. Dans mon café d’initiative citoyenne et amicale qui n’est pas du commerce (quoique !) nous avons repris l’ultime tournée partante en mettant de l’eau dans notre pastis pour rester sobres. A la santé de ceux qui décident pour le peuple souverain. Et nous nous sommes tus.    

En nous disant qu’il y avait d’autres chats à fouetter même si le parti animaliste collé à Lfi est contre toute « torture » ou violence. Qu’elle soit physique ou mentale. Ce qu’on approuve y compris dans le domaine public.  

   

dimanche 28 août 2022

Ceux et celles qui n’aiment rien, mais veulent tout.

 

             Ceux et celles qui n’aiment rien, mais veulent tout.  

                      Par Christian Fremaux avocat honoraire.

Pendant la campagne présidentielle on avait entendu que M. Macron avait cramé la caisse, ce qui ne va pas s’arranger selon les prévisions que l’on entend. Après un été caniculaire la rentrée est annoncée brûlante puisque le leader de Lfi a indiqué que le résultat des élections n’était pas à l’image du pays, et que la rue devait relayer l’opposition Nupes faite de bruit et de fureur. M. Mélenchon voit un nécessaire affrontement du peuple avec le pouvoir et veut mener une bataille contre M. Macron. Malgré sa défaite qu’il ne digère pas et aurait-il été nommé premier ministre, tout ne serait-il que calme, luxe et volupté ? L’aide d’Harry Potter se serait imposée ! On va devoir prendre des mesures et des réformes sévères. Personne ne s’en réjouit mais est-on disposé à réduire drastiquement spontanément nos trains de vie personnelle. L’effort ne doit-il pas être réservé aux autres ? Comment concilier égalité, justice sociale, et nécessités pour le présent et l’avenir ?

Cet été ce sont les forêts qui sont parties en fumée et certains esprits politiques se sont échauffés au point qu’ils vont finir grands brûlés de l’improvisation approximative et de la critique publique. C’est Coluche qui disait que lorsqu’on n’a rien à dire (de pertinent et utile) on la ferme !  C’est aussi valable pour moi, mais je prends quelques exemples tirés des vacances parmi lesquels on découvre que des responsables n’aiment rien de la vie. Je parle de celle du quidam qui subit et qui est culpabilisé.  

Le Garde des Sceaux n’a pas aimé cependant avec raison l’épreuve hors du code pénal du karting des prisonniers dans la cour de la prison de Fresnes. Une enquête est en cours.  Surtout quand nos pilotes émérites et souvent sans permis de conduire sont de dangereux délinquants. Les victimes n’ont pas approuvé non plus et ont du mal à accepter que la réinsertion passe par du loisir avec du buzz. Ou du copinage avec des surveillants transformés en gentils G.O. Certes les cellules de Fresnes sont exigües, sans hygiène et mal entretenues. Mais nul n’est obligé d’y prendre pension. La détention est d’abord une punition qui doit respecter la dignité humaine, mais il faut prévoir la sortie dans l’intérêt de la société et du dédommagement des victimes. La démagogie et la moraline ne doivent pas régner. On ne pourra échapper à une vraie réflexion sur la répression attendue par les honnêtes gens excédés par la délinquance quotidienne et les incivilités, les moyens à mettre en œuvre dont la sévérité de la Justice, et notre devoir qui est celui de préparer l’avenir pour tous y compris ceux qui ont fauté. Avec des limites selon les cas car l’homme n’est pas forcément bon comme le croyait J.J. Rousseau. Et il se pervertit tout seul.

La société n’est pas responsable de tout ce qui ne plait pas à des minorités violentes qui s’auto-attribuent des brevets de bonne conscience éclairée ou de vouloir refaire le monde selon leurs idées. Qui ne sont pas les miennes ou celles de la majorité. Il n’y a pas un sentiment d’insécurité mais de l’insécurité tout court. Il suffit de prendre connaissance des faits divers, des trafics de toute nature, sans compter le terrorisme qui menace et agit désormais à titre individuel pour souhaiter que les pouvoirs publics agissent vite. Concrètement. De quoi ou de qui avons-nous peur ? Qui n’aimons- nous pas ? La société a le droit et le devoir de se défendre. Et de le dire. Les voyous, les auteurs de crimes ou de faits très graves y compris pour des motifs idéologiques détestent notre mode de vie, tout en en profitant. Tirons- en les conséquences. La fermeté et l’autorité ne sont pas des gros mots. Les parlementaires doivent créer les armes légales.

Les écologistes ont été égaux à eux-mêmes. Ils n’aiment rien, voient de l’inégalité partout, savent ce qu’il faut faire dans tous les domaines et proposent surtout des interdictions. Et des impôts qui poussent même en cas de sécheresse absolue.  Je m’effraie et redoute de vivre un jour selon ce qu’ils pensent. Je n’aime aucune pensée totalitaire ou trop sûre d’elle- même. Je préfère le doute. En attendant finis les jets privés pour les riches, à bas les capitalistes, et j’espère aussi que cela concerne nos footballeurs ou autres stars sans discriminer ces jeunes besogneux ? Ils suggèrent de vider les bassins pas ceux des Ehpad ou des agriculteurs mais de supprimer les piscines privées. Pas les publiques car leurs amis sont pour le burkini. M. Macron à Brégançon avec une bouée en plastique comme protection aurait dû faire du pédalo et du paddle car le jet-ski est « criminel » selon la pittoresque et dé-constructrice Mme S. Rousseau qui ne doit pas porter dans son cœur d’artichaud tous ceux qui ne partagent pas ses réflexions échevelées quasi quotidiennes. Et donneuses de leçons. Quel talent ! 

 Notamment les chasseurs qui selon elle sont porteurs d’une violence intrinsèque et leurs fusils peuvent servir à des féminicides ! Comme elle est contre l’élevage des bêtes pour la viande qui consomme de l’eau, elle en profite pour dire que le gibier doit être protégé car il est assoiffé et desséché sur pattes y compris les sangliers qui mangent les récoltes des paysans. Et que la chasse qui serait barbare doit être bannie. Heureusement que Mme Rousseau est députée de paris avec les pigeons et les rats (dénommés désormais surmulots ce qui doit chagriner Jean de la Fontaine) car elle n’aime ni la campagne ni ceux qui y vivent.

En 2018 le suédois Jonas Jonasson a écrit « le vieux qui voulait sauver le monde ». Un homme de 100 ans fait face à des situations qu’il provoque par son incompétence et naïveté toutes les plus burlesques les unes que les autres. En croyant bien faire il initie des catastrophes. Il explique ainsi son engagement : « j’ai besoin de toi lui dit-on … Pourquoi faire ?... pour dire les choses telles qu’elles sont et indirectement comment elles devraient être. A propos de tout. D’à peu près tout… Vous savez que ça ne servira à rien n’est-ce-pas ? Je le sais… Bien je suis partant, dit le centenaire ».   

On ne fabrique pas le bonheur malgré les autres et la réalité ou les faits qui sont têtus en imposant une croyance ou ce que l’on croit bien. On ne tire pas des plans sur la comète à partir d’études théoriques et sans un consensus global fort. Dans une démocratie il ne peut y avoir des gagnants et des perdants ou des uns contre des autres et les élections servent justement à ce que la rue ne gouverne pas. L’automne sera ce qu’on en fait. La vraie guerre est proche et cruelle en Europe, les difficultés matérielles commencent pour ceux qui sont en paix. M. Mélenchon devrait modérer ses propos guerriers irresponsables. Soyons au moins plus près de la raison que de l’imprécation. Il faut nous aimer avec nos défauts et qualités car la perfection du peuple dans sa diversité n’existe pas. Personne n’a le monopole de la vérité.

jeudi 4 août 2022

Du vent dans les branches de sassafras.

 

                Du vent dans les branches de sassafras.

                  Par Christian Fremaux avocat honoraire.

Il fait très chaud c’est un fait mais je ne sais pas s’il peut être considéré comme tel puisque tout est polémique, le principal comme le dérisoire. On nie les évidences selon le camp où l’on se situe. Par principe. On ne veut pas admettre que l’adversaire interne -et pas l’ennemi- peut avoir raison. Le binaire simplifie les débats. Pour les uns tout est faux, plein d’arrières pensées en privilégiant ceux qui sont aisés voire riches, injure suprême, et qui ont forcément du mépris de classe et de la démocratie. Outre le fascisme que l’on devine dans leurs yeux ! Les autres détiennent la vérité, sont par nature de bonne foi et ne peuvent pas se tromper puisqu’ils sont le camp auto-déclaré du bien, les représentants exclusifs du peuple, notamment des minorités discriminées par définition, et ils veulent imposer des nouvelles normes notamment sociétales venant de l’extérieur en effaçant celles qui existent sous le nom de valeurs républicaines et traditions françaises de modes de vie. Ils ont leur vision du monde et leurs solutions quelle que soit la majorité qu’ils ne sont pas.Ils sont pour les interdictions, les poursuites judiciaires et les taxations diverses au nom de la liberté et de la justice.Sic !

Comme je suis retraité donc pas trop fatigué malgré mes multiples activités bénévoles, j’ai pris avec honte des vacances car d’autres n’en prennent pas et on nous culpabilise aussi à ce sujet. J’espère que les députés.és donneurs de leçons sont restés dans leurs circonscriptions y compris en Seine Saint -Denis. Qui est la Californie sans la mer selon M. Macron. Je suis allé en Italie sur le lac de Garde où je bénéficie de l’eau et de l’air frais qui vient des Dolomites. Avec un peu de climatisation je l’avoue car la canicule se combat. C’est le cas de Mme Sandrine Rousseau économiste universitaire et déconstructrice de l’homme, députée EELV de Paris qui est plus forte que Pic de la Mirandole.  Et a réponse à tout. Je l’ai entendu sur BFM. A un paysan de Seine et Marne qui expliquait comment il cultivait ses céréales, son maïs, ses betteraves et élevait ses bêtes dans le cadre de la canicule, elle lui a appris comment se passer d’eau en abandonnant la culture intensive qui certes nourrit les français mais c’est secondaire pour elle. L’agriculteur en est resté sec, coi. Mme Rousseau a aussi remis en place un médecin généraliste qui à titre préventif pour se prémunir contre les fortes températures recommandait parmi tous les outils et soins, un usage modéré de la climatisation. Mme Rousseau l’a critiqué en disant qu’il fallait protéger d’abord la nature et que la planète était la priorité. Qu’il y a mieux à faire que la climatisation sauf peut -être de façon homéopathique dans les Ehpad ? S’il en avait eu un sur lui le docteur aurait avalé son stéthoscope ! J’espère que Mme Rousseau explique à Mme Hidalgo maire de Paris comment cultiver le sol parisien pour qu’il n’y pousse pas que des travaux !

Je ne sais pas si Mme Rousseau est de la famille éloignée du célèbre philosophe Jean-Jacques Rousseau du temps inspiré des Lumières. Il prônait la liberté et soutenait que l’homme est né bon dans l’état de nature. Cela se discute ! Qu’il faut un pacte social avec une organisation fondée sur la loi, le peuple étant le souverain. Pour combattre les inégalités et que la société ne corrompe pas l’homme. Qui fait revivre la nature. J.J .Rousseau raisonnait dans l’absolu et écartait les faits qui n’entraient pas dans sa logique. Ainsi a -t -il abandonné ses enfants alors qu’il écrivait l’Emile ou de l’éducation. Mais il a lucidement affirmé que « le monde de la réalité a ses limites. Le monde de l’imagination est sans frontières ».  Mme Rousseau devrait écouter son homologue et être plus modeste.  Dans ses affirmations. Et ses collègues du même cru ou tonneau avoir plus les pieds sur terre. La politique ne sert pas à faire passer ses marottes et ses espoirs personnels. En se faisant plaisir. Et en qualifiant les autres de nuls, de dangereux voire d’intéressés.  Elle doit régler les problèmes existants et anticiper l’avenir. Dans la sécurité tous azimuts. Qui ne peut dépendre d’une idéologie ou de croyances.

J’ai peu souri à propos du droit de critiquer et de s’exprimer qui est sous liberté surveillée par de nouveaux inquisiteurs, fixant les limites de ce qui peut être dit ou non, que la formulation soit juste mais pas appréciée, maladroite, ou humoristique si on peut essayer de rire de tout ce qui n’est plus juridiquement le cas. Va -t -on vers un bracelet électronique pour les idées ? Pourquoi se précipiter pour déposer plainte et déléguer aux médias qui se transforment en tribunaux et font pression, et aux juges professionnels le soin de fixer la norme ou la pensée acceptables selon le droit. Les magistrats ont leurs opinions personnelles et des défauts et des qualités comme toute personne responsable. Mais il appartient aux politiques d’assumer leurs responsabilités et de débattre même âprement de sujets de fond historiques ou sociétaux, et de ne pas réclamer avec des groupements divers sans aucune légitimité une démission sur le champ qui ne fait pas avancer la cause ou solliciter une condamnation pénale qui ne change rien aux opinions et qui parfois les confortent. Il faut convaincre pas stigmatiser. Qui peut se vanter d’être parfait dans son expression et son comportement ? Qui n’a jamais fauté ? On a le droit d’avoir pensé et d’avoir évolué. Ou d’avoir des convictions solides. Même si elles sont considérées comme ringardes ce qui n’est pas un signe de culpabilité. Ce que l’on loue pour les uns dans leurs diversités et parfois rejet des règles républicaines vaut pour tout le monde. Le respect de la loi est la frontière.  Personne ne détient la vérité, seule l’égalité en droits et devoirs se revendique. Cessons de crier au racisme et à la discrimination. Combattons -les par l’exemple et non par la victimisation. J’essaie d’être comptable de mes actes présents et je m’efforce de réfléchir. Le progrès n’est pas de tout accepter surtout si c’est une minorité qui le propose. Celui qui n’est pas comme moi n’a pas forcément tort. Mais il ne peut m’imposer ses idées et sa façon de vivre. J’ai le droit de n’être pas d’accord.  Ce qui n’est ni une attaque ni du mépris. Il ne faut pas que la tolérance devienne le respect pointilleux de la doxa dominante. Par essence changeante et souvent totalitaire. Sous des prétextes vertueux. Soyons ternaire et abordons la nuance et le doute et une expression publique débarrassée de toute menace. Prenons de la hauteur l’air y est plus pur.

La présomption d’innocence ne peut être à géométrie variable. Alexis de Tocqueville au 19ème siècle dont on a retenu les principes pour la grande loi sur la presse de 1881 avait en son temps dénoncé la tyrannie de l’individualisme et pressenti la police de la pensée. Les imprécateurs sont de sortie et guettent. L’exception veut devenir la règle. L’intolérance règne. Les extrêmes veulent prendre tous les pouvoirs. Notamment celui qui est culturel et diffuse la bonne parole. La liberté en général se dessèche. Un peu de fraicheur ferait du bien. « Le vent se lève il faut tenter de vivre » a écrit Paul Valery. René de Obaldia lui a répondu en soufflant dans les branches de sassafras. 

lundi 4 juillet 2022

C’est celui qui dit qui l’est.

 

                        C’est celui qui dit qui l’est.

                   Par Christian FREMAUX avocat honoraire.

On se demande si la politique sert à régler des comptes personnels et à discréditer les personnes ad hominem ou si elle a vocation à traiter les problèmes de fond des français ce qui me parait la moindre des choses. Je suis un citoyen scandalisé sinon désabusé. Désormais dès qu’une personnalité homme et femme parité oblige est nommée à un poste public important, surgit une accusation d’agressions sexuelles ou de viols voire d’autres infractions considérées comme secondaires même si elles sont graves. Mais on n’évoque essentiellement que ce qui concerne la gent féminine. La plupart du temps pour des faits qui datent d’années antépénultièmes. Le silence pendant longtemps vaudrait vérité et a permis d’attendre le moment adéquat pour dénoncer : la nomination au gouvernement ou à la députation ou à une fonction prestigieuse et de pouvoir qui permet de libérer sa douleur et sa conscience. Je ne doute pas qu’il y ait des victimes avérées et que de parler soit difficile. Mais je ne peux admettre qu’il faille croire sur parole celle qui se plaint, qu’il y ait immédiatement un jugement médiatique de condamnation souvent par le truchement de Médiapart devenu auxiliaire de justice du procureur de la république, et que l’on ne respecte pas la présomption d’innocence.

 On ne se pose même pas la question de savoir si la personnalité est compétente ou non pour gouverner, pourrait apporter des actions positives dans l’intérêt général, et si elle peut contribuer à un exécutif qui réussit non pas pour la joie des féministes mais pour celle du citoyen de base, loin du microcosme parisien et des combats sociétaux à la mode sans imiter ce qui vient des pays extérieurs, et qui veut des résultats concrets. Sur le terrain. Le sort des individus dans la lumière n’est pas du domaine du quidam qui se débat dans ses difficultés. On ne voit du mis en cause que sa prétendue face sombre- ce qui est le lot de tous sauf pour ce qui est qualifié crime ou délit – avec sa personnalité cachée éventuellement perverse, et son comportement inapproprié selon ce concept qui ne veut rien dire. Pour accéder à un poste de responsabilités va- t-on définir un portrait type exemplaire avec des critères pré- établis on ne sait pas par qui, sans aucun défaut ni mauvaise pensée, ni attitude qui ne plait pas, de celui ou celle qui a le culot de vouloir exercer des fonctions publiques, au plus haut niveau. Et dont la nomination ne pourrait se faire qu’avec l’aval des féministes patentées ou d’autres groupes de pression « woke», anti tout notamment fasciste et raciste. Cela devient grotesque. Les minorités ne sont pas exemptes de critiques et ne sont pas légitimes. Halte à l’escalade verbale et au chantage.  

Le citoyen que je suis en a assez : il veut de l’action et pas du pugilat sur une scène où l’on pleure sur son malheur, en direct à la télévision sans contradicteur, et où il y aura bientôt plus de victimes que de coupables. Que la justice passe et on verra après. Que celle ou celui qui se dit agressé prenne ses responsabilités et dépose formellement plainte quitte à s’exposer à de la diffamation ou à une dénonciation calomnieuse. Et se soumet à l’enquête impartiale d’un juge d’instruction. Puis vient s’excuser dans les médias s’il y a non- lieu ou fausseté de ses assertions. C’est cela le courage. Le sort des concerné(e)s ne m’empêche pas de dormir. On ne va pas parler des prétendues turpitudes de tel ou telle à longueur de temps. Débattons politique c’est-à-dire du bien commun et des questions existentielles cela est déjà très prenant. 

Parfois l’actualité fait sourire et donne des leçons gratuites. Le parti de M. Mélenchon LFi est prompt à dénoncer méchamment les autres et à voir la paille dans l’œil de ses adversaires, sans reconnaitre qu’il peut se prendre une poutre dans le visage. Il est notamment contre le mâle blanc dominant et le patriarcat et soutient tout ce qui est néo-féministe avec des déclarations enflammées et parfois curieuses de Mmes Sandrine Rousseau et Autain députées et passionnarias ce qui n'est pas incompatible même si je préfère la raison au parlement. Elles ont le droit d’avoir des certitudes et de voir le mal partout.

M. Coquerel trotskiste assumé bras droit de M. Mélenchon a été élu à la plus puissante commission de l’assemblée celle des finances. Aussitôt une militante est venue le dénoncer de comportements douteux, d’avoir des attitudes pressantes et des mains baladeuses avec un regard glauque (on disait chez Mao de vipères lubriques). Elle a saisi d’un signalement la commission idoine de LFi. Ce qui au passage permet de comprendre que LFi tout progressiste que ce parti soit, est composée d’hommes ordinaires. LFi faisait la guerre à MM. Darmanin et Damien Abad .Ils ont obtenu par le principe de précaution le départ du ministre Abad qui n’est à ce jour pas mis en examen. Le soupçon pénalise et la rumeur abat. C’est d’ailleurs au gouvernement un revirement de jurisprudence puisque deux ministres sauf erreur mis en examen en font encore partie à des fonctions régaliennes. Mais la présomption d’innocence joue je m’en réjouis. Et je partage la nouvelle doctrine qui veut qu’on examine et décide au cas par cas. J’espère que la 1ère ministre que l’on dit grosse butineuse de travail ne fera pas l’objet par un membre de son cabinet d’une plainte en harcèlement … moral, je n’ose imaginer une autre infraction ! Le cas s’est produit récemment pour une secrétaire d’Etat. Tout cela pour rappeler la sentence immortelle du philosophe bien connu pour son bon sens le sapeur Camember : « Quand les bornes sont franchies il n'y a plus de limites ».

M. Coquerel et LFi sont les arroseurs arrosés. Il parait que des enquêtes journalistiques ont eu lieu secrètement depuis des mois, sans que la presse évidemment indépendante n’en ait parlé, et avec l’obligeance que le nom de M. Coquerel n’a pas été cité ni les faits reprochés.  Y -aurait- il deux poids et deux mesures chez les journalistes ? M. Coquerel qui soutient le mouvement Me too est exaucé au-delà de ses rêves. Je pense qu’en balayant ses écuries d’Augias LFi va exiger la démission de son militant célèbre ?  Ou va-t-on dire que pour lui c’est différent qu’une plainte certes vient d’être déposée mais qu’il est innocent, ce qui est possible.  Comme quoi tout ce qui est excessif est insignifiant.

Je souhaite que l’exemple de M. Coquerel calme les unes et les autres, que l’on s’en tienne aux principes de droit, que la communication ne l’emporte pas sur la dignité des gens, et qu’on laisse faire la justice avant de juger et d’éliminer de la vie publique s’il le faut. Je me félicite que des révolutionnaires soient présents à l’assemblée nationale. Ils vont apprendre outre la courtoisie et le style, la vie, la justice et surtout le principe de réalité. Le boomerang revient toujours sur la tête de celui qui l’a lancé. Par ces temps de canicule une bonne dose de fraternité, de modération, et de tolérance dans l’eau que nous partageons, ne nuit pas.

     

vendredi 1 juillet 2022

La poignée de main au palais Bourbon.

 

             La poignée de main au palais Bourbon.

                Par Christian Fremaux avocat honoraire.

Les citoyens ont du génie. Ceux qui n’ont pas voté ont approuvé implicitement ceux qui n’ont pas voulu donner une majorité absolue à l’assemblée nationale. On est revenu aux fondamentaux de la 5ème république version 1958 avant la réforme constitutionnelle de 1962 introduisant l’élection du président de la république au suffrage universel. Jupiter n’est plus. Le parlement est ressuscité dans ses pouvoirs et son importance dans l’équilibre des pouvoirs cher à Montesquieu. Sans même devoir passer par la 6-ème république que M.  Mélenchon exigeait. Il ne le fera plus d’ailleurs puisque ses amis de LFi bien que minoritaires en nombre et représentant une petite fraction des français ont désormais des responsabilités très importantes au sein de l’institution. En profitant de la manne financière. Le scrutin majoritaire à deux tours a eu des effets similaires à une proportionnelle réclamée à cor et à cris. Personne ne s’en plaint. Les rebelles de tout horizon vont-ils s’embourgeoiser ? On va voir ce qu’on va voir quand les maçons sont au pied du mur.

Je m’enflamme un peu hâtivement par ces temps de canicule ce qui n’est pas bon pour la nature. J’ai cru voir s’allumer un feu de brindille et je crie à l’aide des pompiers à titre préventif. C’est souvent par le petit bout de la lorgnette que l’on comprend la réalité des faits. Et des arrière-pensées. Je regardais à la télévision l’élection et l’installation du président de l’assemblée nationale qui détient le poste fondamental, comme des centaines de milliers de citoyens. Lors de cette cérémonie on demande aux plus jeunes députés d’être les secrétaires de séance et de veiller à la régularité du scrutin. Un député LFi est monté à la tribune vêtu selon les codes de ses croyances à savoir une simple chemise sans cravate et pas de veste qui doivent être les signes de la ringardise et de l’ordre établi ? C ‘est une provocation patente. Mais dérisoire. Je n’ai pas aimé car le débraillé reflète un état d’esprit, et un parlementaire représente la nation dont je fais partie et pas seulement sa circonscription ou des idées personnelles. Ce député croit- il qu’il est à l’image de l’électeur de base ce qui est un contre- sens. Et une insulte. Le citoyen mérite le mieux. Certes l’habit ne fait pas le moine, mais l’apparence souligne le respect et la dignité des fonctions publiques.

 Ledit député se tenait près de l’urne et serrait la main au passage de chaque collègue qui venait voter. Sauf pour les représentants du rassemblement national à qui il a refusé de donner une poignée de main en gardant obstinément les bras croisés. J’ai été choqué par ce que certains qualifieraient d’incident minuscule d’un idéologue qui voit du fascisme, de l’antisémitisme et du racisme partout excepté dans son camp. J’y ai vu plus que cela un symbole, avec une exclusion arbitraire notamment pour les millions de citoyens lambdas et de bonne foi qui ont voté pour ce parti légal et participant à la vie publique qu’on l’aime ou non. Et une approche du dialogue républicain très fermée. Ce député n’a pas dû trouver la clé du cadenas qui ligote l’ouverture d’esprit. Serait- ce un défaut de jeunesse ? Mon objection vaut naturellement pour toutes les composantes et membres de l’assemblée faut-il le préciser ? La démocratie a besoin de la diversité des opinions, c’est ce qui fait sa force car l’intérêt général résulte de discussions et de décisions ni technocratiques ni de principe pour une minorité donnée. Ce n’est pas la somme des intérêts partisans.

Il y a des poignées de main qui sont sans signification, mineures simplement polies, et majeures qui scellent un accord, un cessez-le feu ou la paix. Il y a celles qui réconcilient et qui permettent d’envisager un avenir plus apaisé. Donc de l’espoir. Certaines sont historiques comme avec Churchill, Truman et Staline ; ou entre Rabin et Arafat ; ou Adenauer et le Général de gaulle ; ou entre Obama et Raul Castro. C’est avant tout de la communication : on fait passer un message. Celui du député LFi est clair. Il refuse de se compromettre en serrant la main à un concurrent ou adversaire politique choisit par le peuple car ce parlementaire est un ennemi de la république. Seul le député LFi est crédible puisque le peuple c’est lui !  Cela augure mal des 5 ans qui viennent alors que le président de la république prône la main tendue. On n’a pas demandé aux députés de se serrer la main à la romaine c’est à dire jusqu’au coude. Un minimum suffira pour donner l’exemple de la civilité, de la tolérance, du respect du suffrage universel, et de la nécessité de faire des réformes qui sont urgentes selon tout le monde. Et de trouver des compromis sans compromission.

Le refus de la poignée de main ne peut devenir un geste politique sectaire : je ne salue que ceux qui pensent comme moi, les autres devant être ignorés sinon condamnés et rejetés.  Si tel était le cas notre société déjà violente et peu encline à admettre l’autre ne s’en remettrait pas. Le parlement doit être le lieu où le civisme règne et où les valeurs républicaines de liberté, égalité et fraternité s’appliquent plus largement qu’ailleurs. Dans une courtoisie élémentaire. Ce qui n’empêche pas le combat des idées. 

Dans le film « pour une poignée… de dollars » on se bat à coup de colts, mais le héros « l’étranger » rend la justice. En se battant contre le mal. Seul contre tous. A l’assemblée nationale chacun œuvre pour le bien et une poignée de main n’est ni une approbation ni une abdication. Qu’on se le dise. Pour que les séances télévisées du mardi et mercredi ne soient pas une foire d’empoigne. 

La répartition des postes et fonctions a eu lieu à l’assemblée. Les extrêmes opposants comme élus de la majorité ont été servis. Je m’en réjouis. M. Coquerel de LFi qui a lu Gramsci est devenu président de la commission des finances qui joue un rôle déterminant bien que de contrôle. Ce député répétait pendant la campagne électorale, à l’instar de son chef, « nous allons leur faire les poches ». Il parlait donc de moi aussi ! Je m’inquiète mais je table sur le sens de sa responsabilité qui comme l’innocence est présumée. Et sur son dépassement intellectuel au service de la collectivité. J’espère qu’il serrera la main des députés qui le contrediront quand il s’agira de parler de mes futurs impôts et taxes.

Je félicite Mme Yaël Braun- Pivet - par ailleurs avocate pénaliste ce qui me plait corporativement parlant ! - d’être la première femme élue au perchoir. Elle a immédiatement déclaré : « je ne ferai pas de tri entre les députés ». Que celui qui s’estime visé lève la main. Je pense qu’avec une femme à la présidence les conduites seront plus policées et les débats moins tendus. La raison doit l’emporter au- delà des egos, des postures, et des ambitions. Je me serre ma propre main pour y croire.