C’est celui qui dit qui l’est.
Par Christian FREMAUX avocat honoraire.
On se
demande si la politique sert à régler des comptes personnels et à discréditer
les personnes ad hominem ou si elle a vocation à traiter les problèmes de fond
des français ce qui me parait la moindre des choses. Je suis un citoyen scandalisé
sinon désabusé. Désormais dès qu’une personnalité homme et femme parité oblige
est nommée à un poste public important, surgit une accusation d’agressions
sexuelles ou de viols voire d’autres infractions considérées comme secondaires
même si elles sont graves. Mais on n’évoque essentiellement que ce qui concerne
la gent féminine. La plupart du temps pour des faits qui datent d’années antépénultièmes.
Le silence pendant longtemps vaudrait vérité et a permis d’attendre le moment
adéquat pour dénoncer : la nomination au gouvernement ou à la députation
ou à une fonction prestigieuse et de pouvoir qui permet de libérer sa douleur
et sa conscience. Je ne doute pas qu’il y ait des victimes avérées et que
de parler soit difficile. Mais je ne peux admettre qu’il faille croire sur
parole celle qui se plaint, qu’il y ait immédiatement un jugement médiatique de
condamnation souvent par le truchement de Médiapart devenu auxiliaire de
justice du procureur de la république, et que l’on ne respecte pas
la présomption d’innocence.
On ne
se pose même pas la question de savoir si la personnalité est compétente ou non
pour gouverner, pourrait apporter des actions positives dans l’intérêt général,
et si elle peut contribuer à un exécutif qui réussit non pas pour la joie des
féministes mais pour celle du citoyen de base, loin du microcosme parisien et
des combats sociétaux à la mode sans imiter ce qui vient des pays extérieurs,
et qui veut des résultats concrets. Sur le terrain. Le sort des individus
dans la lumière n’est pas du domaine du quidam qui se débat dans ses
difficultés. On ne voit du mis en cause que sa prétendue face sombre- ce qui
est le lot de tous sauf pour ce qui est qualifié crime ou délit – avec sa personnalité
cachée éventuellement perverse, et son comportement inapproprié selon ce
concept qui ne veut rien dire. Pour accéder à un poste de responsabilités va-
t-on définir un portrait type exemplaire avec des critères pré- établis on ne
sait pas par qui, sans aucun défaut ni mauvaise pensée, ni attitude qui ne plait
pas, de celui ou celle qui a le culot de vouloir exercer des fonctions
publiques, au plus haut niveau. Et dont la nomination ne pourrait se faire qu’avec
l’aval des féministes patentées ou d’autres groupes de pression « woke»,
anti tout notamment fasciste et raciste. Cela devient grotesque. Les minorités
ne sont pas exemptes de critiques et ne sont pas légitimes. Halte
à l’escalade verbale et au chantage.
Le citoyen
que je suis en a assez : il veut de l’action et pas du pugilat sur une
scène où l’on pleure sur son malheur, en direct à la télévision sans
contradicteur, et où il y aura bientôt plus de victimes que de coupables. Que
la justice passe et on verra après. Que celle ou celui qui se dit agressé
prenne ses responsabilités et dépose formellement plainte quitte à s’exposer à
de la diffamation ou à une dénonciation calomnieuse. Et se soumet
à l’enquête impartiale d’un juge d’instruction. Puis vient s’excuser dans
les médias s’il y a non- lieu ou fausseté de ses assertions. C’est cela le
courage. Le sort des concerné(e)s ne m’empêche pas de dormir. On ne va pas
parler des prétendues turpitudes de tel ou telle à longueur de temps. Débattons
politique c’est-à-dire du bien commun et des questions existentielles cela est
déjà très prenant.
Parfois
l’actualité fait sourire et donne des leçons gratuites. Le parti de M. Mélenchon
LFi est prompt à dénoncer méchamment les autres et à voir la paille dans l’œil
de ses adversaires, sans reconnaitre qu’il peut se prendre une poutre dans
le visage. Il est notamment contre le mâle blanc dominant et le patriarcat
et soutient tout ce qui est néo-féministe avec des déclarations enflammées et parfois
curieuses de Mmes Sandrine Rousseau et Autain députées et passionnarias ce qui
n'est pas incompatible même si je préfère la raison au parlement. Elles ont le
droit d’avoir des certitudes et de voir le mal partout.
M. Coquerel
trotskiste assumé bras droit de M. Mélenchon a été élu à la plus puissante
commission de l’assemblée celle des finances. Aussitôt une militante est venue
le dénoncer de comportements douteux, d’avoir des attitudes pressantes et des
mains baladeuses avec un regard glauque (on disait chez Mao de vipères
lubriques). Elle a saisi d’un signalement la commission idoine de LFi. Ce qui au
passage permet de comprendre que LFi tout progressiste que ce parti soit, est
composée d’hommes ordinaires. LFi faisait la guerre à MM. Darmanin et Damien Abad
.Ils ont obtenu par le principe de précaution le départ du ministre Abad qui
n’est à ce jour pas mis en examen. Le soupçon pénalise et la rumeur abat. C’est
d’ailleurs au gouvernement un revirement de jurisprudence puisque deux
ministres sauf erreur mis en examen en font encore partie à des fonctions régaliennes.
Mais la présomption d’innocence joue je m’en réjouis. Et je partage la nouvelle
doctrine qui veut qu’on examine et décide au cas par cas. J’espère que la 1ère
ministre que l’on dit grosse butineuse de travail ne fera pas l’objet par
un membre de son cabinet d’une plainte en harcèlement … moral, je n’ose
imaginer une autre infraction ! Le cas s’est produit récemment pour une
secrétaire d’Etat. Tout cela pour rappeler la sentence immortelle du philosophe
bien connu pour son bon sens le sapeur Camember : « Quand les bornes
sont franchies il n'y a plus de limites ».
M. Coquerel
et LFi sont les arroseurs arrosés. Il parait que des enquêtes
journalistiques ont eu lieu secrètement depuis des mois, sans que
la presse évidemment indépendante n’en ait parlé, et avec l’obligeance que
le nom de M. Coquerel n’a pas été cité ni les faits reprochés. Y -aurait- il deux poids et deux mesures
chez les journalistes ? M. Coquerel qui soutient le mouvement Me too est
exaucé au-delà de ses rêves. Je pense qu’en balayant ses écuries d’Augias
LFi va exiger la démission de son militant célèbre ? Ou va-t-on dire que pour lui c’est différent
qu’une plainte certes vient d’être déposée mais qu’il est innocent, ce qui
est possible. Comme quoi tout ce
qui est excessif est insignifiant.
Je souhaite
que l’exemple de M. Coquerel calme les unes et les autres, que l’on s’en tienne
aux principes de droit, que la communication ne l’emporte pas sur la dignité
des gens, et qu’on laisse faire la justice avant de juger et d’éliminer de la
vie publique s’il le faut. Je me félicite que des révolutionnaires soient
présents à l’assemblée nationale. Ils vont apprendre outre la courtoisie et le
style, la vie, la justice et surtout le principe de réalité. Le boomerang revient
toujours sur la tête de celui qui l’a lancé. Par ces temps de canicule une
bonne dose de fraternité, de modération, et de tolérance dans l’eau que nous
partageons, ne nuit pas.
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