jeudi 27 octobre 2022

Cherche GPS d’urgence pour donner du sens à ma vie.

 

Cherche GPS d’urgence pour donner du sens à ma vie.

                      Par Christian FREMAUX avocat honoraire  

Je viens d’apprendre par une des saillies coutumières de Mme Sandrine Rousseau l’écologiste radicale- féministe dé constructrice- que le travail était une valeur de droite. Je finissais par en douter mais quel big bang pour les donneurs de leçons. J’étais sans le savoir un membre de droite donc de la réaction voire un néo- fasciste selon le vocabulaire à la mode ! Je crois en effet que le travail est utile pour soi et pour la société. Que c’est une valeur cardinale qui permet la libération de l’homme et de la femme dans le cadre de la parité et de l’égalité ; qui conforte le collectif et que se battre pour le plein emploi et contre les contrats précaires outre pour une juste répartition des richesses était un devoir au moins pour la justice sociale et la lutte contre la pauvreté. Mais la droite est l’ennemi pour les amies de la nature et des petits oiseaux dans l’air pur. Elle se trompe par principe. Ce qui vient de la droite est par définition mauvais. Donc le travail ?      

Si j’avais été vraiment de gauche, je veux dire social- démocrate comme un militant convaincu du parti socialiste qui luttait contre le chômage donc pour le travail mais qui a disparu avec le score lilliputien de Mme Hidalgo aux dernières présidentielles, la nouvelle m’aurait effondré. Car on continue de réclamer moins de 35 heures sur 4 jours qui permettent de partager le travail et de vivre mieux. M. Mitterrand en tenant compte du réel en 1983 avait changé de politique économique et en même temps créé le ministère du temps libre pour réfléchir et se détendre… après le travail.

Si en plus j’avais été marxiste comme les intellectuels et artistes éclairés j’aurais relu vite fait les écrits du philosophe Marx, Karl pas ceux de Groucho , qui croyait au travail  pour en dénoncer les abus. Certes le propre gendre de Karl Marx était Paul Lafargue qui prônait le droit à la paresse en 1880. Il ne s’est trompé que de plus d’1 siècle : la pensée politique est un éternel recommencement.

M. Macron s’est avancé imprudemment en disant à un jeune interlocuteur : il n’y a qu’à traverser la rue pour avoir du boulot ! Franchir une rue à Paris est déjà un exploit compte tenu des travaux notamment, mais je suis sûr que les jeunes qui veulent obtenir un travail ont fait des efforts pour obtenir une qualification et des diplômes et veulent s’en sortir. Sans être assistés. Certains ont entendu les promesses chimériques d’esprits forts qui estiment qu’un revenu minimum est dû à chacun ; que dans le terme RSA la consonne R veut dire reste au repos ; que le travail doit être évité à tout prix si on veut avoir une retraite par répartition encore jeune et en pleine forme. Et préserver la nature. Mais lesdits jeunes ne croient plus qu’en eux. Pas à l’Etat. Leur relation avec le travail n’est plus la même que les anciens. Outre la révolution numérique.

Les vieux adultes encore au pouvoir semblent n’avoir rien compris et se sont échinés sans vision de l’avenir. Ils n’ont même pas été capables de laisser une société en paix ni créer des territoires verts où l’animal, l’eau, et l’herbe ont des droits et sont les égaux de l’homme. Où nos délicieux ados adeptes parfois de la fixette mais surtout de l’écran ce qui est un vrai travail et ont pris les places ne s’enthousiasment pas pour faire comme leurs parents qui les ont fait  vivre pourtant confortablement. On a vu des pensionnés anciens salariés stressés presque se battre pour faire le plein d’essence cette énergie polluante ! Le travail conduirait-il à une impasse ?  

Ces citoyens débutants qui savent tout nous expliquent qu’il faut concilier vie privée et professionnelle, cajoler la famille, rester à la maison en télé- travail si c’est possible, et ne pas subir les managements toxiques où les patrons vous paient certes mais veulent du rendement. Le CDI ne serait plus le graal. Il parait que les démissions s’accumulent ? Des jeunes ayant des professions qui s’y prêtent aspireraient à aller vivre à la campagne car pour eux le salaire n’est plus la priorité, ni l’ambition. La solidarité ne les concernerait pas ? Pourquoi alors les syndicats s’usent-ils à demander des augmentations de salaires pour la « masse » qui pense que le travail a une utilité et qu’à défaut la vie se dégrade ? Vers le milieu du mois. Mais je peux me tromper : le travail ne sert peut-être plus à rien ? Est-ce un phénomène éphémère ou une tendance lourde ? Et si les néo-travailleurs avaient raison ?

Je n’avais pas compris que les grévistes de Total et Exxon qui se battent pour des salaires plus conformes aux efforts des producteurs qu’ils sont ne voulaient plus de travail sauf la paie basée sur l’inflation, et que les salariés qui font partie d’entreprises en liquidation ne pleuraient pas d’avoir perdu ce qui les faisait vivre et leur conservait leur dignité :  ils regrettaient en réalité le manque de revenus c’est tout ! S’ils voulaient un travail c’est qu’ils étaient des femmes et des hommes de droite. Donc avaient tort. Quel contresens de ma part.   

La vie doit pourtant avoir un sens mais lequel ? J’ai besoin d’un GPS pour m’y retrouver. Il va falloir réfléchir sérieusement à la valeur travail qui est commune et réclamée dans le monde. Plus de polémiques sur les riches par leurs talents et persévérances : à chacun selon ses besoins décrétés par l’Etat. On est euphorique !  

La philosophe de l’Institut Mme Chantal Delsol vient d’écrire que « pour les générations du millénaire la notion de « carrière » n’a plus de sens et le fait que leur grand-père parlait d’avoir une « situation » les fait éclater de rire » [le figaro du 24 octobre 2022]. Elle ajoute : « la désaffection de la valeur travail accompagne tout naturellement l’effacement du monde occidental judéo-chrétien et porteur des Lumières ». Plus rien ne vaut.

 Il est temps pour les humanistes et ceux qui croient au bon sens, à l’effort et aux mérites, de savoir par quoi remplacer le travail et en attendant de tout faire pour qu’il y en ait. C’est la moins mauvaise des solutions. Quand la république n’aura plus de valeurs universelles, elle s’effondrera d’elle-même. L’homme et l’humanité sans travail sont en péril. Redonnons une signification à la vie. Une valeur n’est pas à géométrie variable. Ni de droite ni de gauche.      

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