Parler c’est bien agir c’est mieux.
Par Christian FREMAUX avocat
honoraire.
L’actualité
déprime car la dimension du mal est infinie. Quand elle vise des enfants avec
le terrorisme cruel et idéologique ou un meurtre à froid c’est pire. Je ne veux
pas parler de Lola car il y en a eu d’autres et mon avis n’a aucune importance.
Mais je vais quand même m’inspirer de son martyre. Je ne crie pas avec les
loups quoique je pense. Je suis
simplement triste et comme je suis un vieux citoyen je me dis que j’ai une part
de responsabilité dans tout cela : je n’ai pas bien voté ou plutôt ceux
que j’ai choisis n’ont pas été à la hauteur. Je voudrai être dans le camp des gagnants
de la sécurité et laisser pour l’avenir une situation plus apaisée à nos enfants.
Avant une planète régénérée pour que vivent mieux les humains. Les deux n’étant
pas incompatibles. Je préfère Voltaire à J.J. Rousseau qui pensait que l’homme
/la femme était perverti par la société. Ils peuvent se pervertir
tout seuls. Hanna Arendt a dénoncé la banalité du mal.
Ceux et
celles qui actuellement sont chargés des questions régaliennes doivent éviter de
se défausser et ne pas faire de la politique politicienne. Poser des questions
de fond oui : désigner des coupables par inaction nominativement non. Ni
vengeance ni représailles. Ni boucs émissaires. Ils doivent agir vite quitte à
ce qu’on revoie nos décisions compassionnelles des trente glorieuses et celles de
droit qui ont vécu et qui ne correspondent plus à la société actuelle qui a
évolué et à son environnement. En maintenant fermement nos institutions et
principes car on ne peut utiliser les armes de nos adversaires ou ennemis. La
France ne peut jeter sa vocation universelle au feu de la répression ou du
soupçon comme méthode omnisciente pour conforter les populistes à savoir les
extrêmes de tous côtés. Il n’est pas interdit d’être fermes. La démocratie
avec la tranquillité collective a le droit de se défendre et l’ordre
public n'est pas un gros mot. La punition non plus. La sûreté fait partie des
droits de l’homme. Quant à l’acte individuel criminel malheureusement
il est impossible de le faire disparaitre sauf à prier voire espérer ou anticiper
toute action possible en appliquant la loi. Mais avec des si ou des « faut
-que » on résout tout.
On ne cesse
de monter sur l’échelle de l’horreur et on découvre à chaque destin brisé que
l’on est allé encore plus loin. On ne cherche plus les raisons souvent
dérisoires. On est accablé. On devrait rester coi et réfléchir aux moyens pour essayer
d’endiguer la nature humaine dans sa face noire. Mais on parle, parole et
parole chantait Dalida. Le tribunal médiatique instruit le dossier que personne
ne connait sauf l’avocat, le juge d’instruction et le procureur qui ne
disent rien en général sauf ce qui sert leurs défenses ou accusations. En
direct chacun y va de son avis non autorisé en rajoutant ce qu’il veut, sans
faire d’amalgame selon le vocable à la mode, en piétinant les grands principes
de droit même si le ou la présumé(é) innocent(e) est plutôt un réel suspect qui
parfois a reconnu les faits. L’émotion et l’indignation exonèrent de toute retenue.
Les français frissonnent. Moi aussi. Cette
fausse pédagogie accentue le malaise. Le citoyen doit être informé mais
pas par n’importe qui avec des approximations.
On s’invective
même au parlement pour faire endosser la survenance du drame aux politiques au
pouvoir qui sont forcément laxistes et ne font pas respecter la loi pour faire
plaisir, mais à qui ? La rhétorique
agace et noie ce qui est arrivé. Et ressurgit l’éternel débat sur la répression
et la prévention, la prison, le manque de places de psychiatrie,
l’exécution des peines notamment les OQTF dont on a compris qu’elle était quasi
impossible en raison des règles nationales comme internationales et de la
« bonne volonté » ou non de l’intéressé ou du pays d’accueil de
l’expulser ! Où est l’autorité ? On meurt de notre état de droit.
C’est tout
juste si Me Badinter n’a pas joué un rôle ou si Mme Taubira n’est pas
complice ! En oubliant que la situation dure depuis des années, que
le peuple français a cédé aux sirènes des prétendus humanistes qui voyaient
un homme /une femme et un enfant bons dans tout individu et qui posaient
comme un postulat que l’immigration même irrégulière donc sans contrôle était
une chance pour la France. Cela se discute. Bien qu’elle ne puisse être responsable
de tout. On ajoutait que la délinquance avait aussi des causes sociales ce
qui n’est pas faux. En revanche on ne s’est jamais vraiment interrogé sur la
notion du bien et du mal en l’évacuant à travers la question religieuse qui nous
revient avec force. Peut- être faudrait-il réaffirmer les valeurs
positives de la république notamment celle de considérer l’autre et ne pas
exploser à la moindre contrariété. La sécurité conditionne notre art de
vivre et l’accueil des étrangers. L’origine ne fait pas le coupable. Elle
ne l’exclut pas non plus. La situation régulière ou non ne change rien. Ni le passé ni ce qu’il /elle a pu subir
ou ressentir. La morale élémentaire suffit pour apprécier un geste humain.
Le débat
actuel à chaud me désole. On formule des explications psychologiques qui
défient le bon sens. Et irritent le quidam. Mais comment peut-on juguler tant
soit peu la violence qui monte sans arrêt et qui devient de plus en plus atroce.
Outre les pulsions personnelles par coup de couteau que chacun n’importe où
peut recevoir ; les bagarres ; les brutalités de toute nature et les
incivilités de prétendus « sauvageons » ; les refus d’obtempérer ;
les harcèlements… Comme je ne vais plus plaider à Marseille je peux échapper à
une rafale de kalachnikov ! ce qui est plus qu’une balle perdue au mauvais
moment.
On n’est
plus dans les faits divers. On aborde un fait de société d’ordre politique. Cela
n’atténue en rien la conscience individuelle du criminel mais le débat devrait être
plus modéré et élevé. Sans se battre pour rendre hommage. Nos incantateurs
devraient se regarder dans la glace car ils sont les héritiers politiques de
ceux qui ont laissé faire ou promu les grands frères ! S’il faut prendre
des mesures drastiques discutons-en. Il y a de l’insécurité. De l’ensauvagement.
C’est un fait pas un sentiment.
Albert Camus
disait qu’un homme « ça s’empêche ». Une femme aussi parité oblige. Encore
faut- il avoir des lettres. Quand on est brut d’éducation ou de sens moral
c’est l’instinct qui fonctionne. Ce qui
n’est pas non plus une excuse sauf à être complètement fou au sens commun du
terme - on dit déséquilibré désormais - avant, pendant, après l’acte commis.
Les experts apprécieront.
Le
philosophe Jean-Paul Sartre 1905-1980 donc notre contemporain a écrit que
l’existence précède l’essence. Il voulait dire que l’homme /la femme n’est
d’abord rien puis il /elle se définit par ses choix et ses actes. Il/elle est
donc libre de choisir le bien. C’est sa responsabilité première. Il n’y a pas
de fatalité au mal.
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