lundi 24 octobre 2022

Parler c’est bien agir c’est mieux.

 

                                Parler c’est bien agir c’est mieux.

                    Par Christian FREMAUX avocat honoraire.

L’actualité déprime car la dimension du mal est infinie. Quand elle vise des enfants avec le terrorisme cruel et idéologique ou un meurtre à froid c’est pire. Je ne veux pas parler de Lola car il y en a eu d’autres et mon avis n’a aucune importance. Mais je vais quand même m’inspirer de son martyre. Je ne crie pas avec les loups quoique je pense.  Je suis simplement triste et comme je suis un vieux citoyen je me dis que j’ai une part de responsabilité dans tout cela : je n’ai pas bien voté ou plutôt ceux que j’ai choisis n’ont pas été à la hauteur. Je voudrai être dans le camp des gagnants de la sécurité et laisser pour l’avenir une situation plus apaisée à nos enfants. Avant une planète régénérée pour que vivent mieux les humains. Les deux n’étant pas incompatibles. Je préfère Voltaire à J.J. Rousseau qui pensait que l’homme /la femme était perverti par la société. Ils peuvent se pervertir tout seuls. Hanna Arendt a dénoncé la banalité du mal.  

Ceux et celles qui actuellement sont chargés des questions régaliennes doivent éviter de se défausser et ne pas faire de la politique politicienne. Poser des questions de fond oui : désigner des coupables par inaction nominativement non. Ni vengeance ni représailles. Ni boucs émissaires. Ils doivent agir vite quitte à ce qu’on revoie nos décisions compassionnelles des trente glorieuses et celles de droit qui ont vécu et qui ne correspondent plus à la société actuelle qui a évolué et à son environnement. En maintenant fermement nos institutions et principes car on ne peut utiliser les armes de nos adversaires ou ennemis. La France ne peut jeter sa vocation universelle au feu de la répression ou du soupçon comme méthode omnisciente pour conforter les populistes à savoir les extrêmes de tous côtés. Il n’est pas interdit d’être fermes. La démocratie avec la tranquillité collective a le droit de se défendre et l’ordre public n'est pas un gros mot. La punition non plus. La sûreté fait partie des droits de l’homme. Quant à l’acte individuel criminel malheureusement il est impossible de le faire disparaitre sauf à prier voire espérer ou anticiper toute action possible en appliquant la loi. Mais avec des si ou des « faut -que » on résout tout.

On ne cesse de monter sur l’échelle de l’horreur et on découvre à chaque destin brisé que l’on est allé encore plus loin. On ne cherche plus les raisons souvent dérisoires. On est accablé. On devrait rester coi et réfléchir aux moyens pour essayer d’endiguer la nature humaine dans sa face noire. Mais on parle, parole et parole chantait Dalida. Le tribunal médiatique instruit le dossier que personne ne connait sauf l’avocat, le juge d’instruction et le procureur qui ne disent rien en général sauf ce qui sert leurs défenses ou accusations. En direct chacun y va de son avis non autorisé en rajoutant ce qu’il veut, sans faire d’amalgame selon le vocable à la mode, en piétinant les grands principes de droit même si le ou la présumé(é) innocent(e) est plutôt un réel suspect qui parfois a reconnu les faits. L’émotion et l’indignation exonèrent de toute retenue. Les français frissonnent. Moi aussi.  Cette fausse pédagogie accentue le malaise. Le citoyen doit être informé mais pas par n’importe qui avec des approximations.  

On s’invective même au parlement pour faire endosser la survenance du drame aux politiques au pouvoir qui sont forcément laxistes et ne font pas respecter la loi pour faire plaisir, mais à qui ?  La rhétorique agace et noie ce qui est arrivé. Et ressurgit l’éternel débat sur la répression et la prévention, la prison, le manque de places de psychiatrie, l’exécution des peines notamment les OQTF dont on a compris qu’elle était quasi impossible en raison des règles nationales comme internationales et de la « bonne volonté » ou non de l’intéressé ou du pays d’accueil de l’expulser ! Où est l’autorité ? On meurt de notre état de droit.

C’est tout juste si Me Badinter n’a pas joué un rôle ou si Mme Taubira n’est pas complice ! En oubliant que la situation dure depuis des années, que le peuple français a cédé aux sirènes des prétendus humanistes qui voyaient un homme /une femme et un enfant bons dans tout individu et qui posaient comme un postulat que l’immigration même irrégulière donc sans contrôle était une chance pour la France. Cela se discute. Bien qu’elle ne puisse être responsable de tout. On ajoutait que la délinquance avait aussi des causes sociales ce qui n’est pas faux. En revanche on ne s’est jamais vraiment interrogé sur la notion du bien et du mal en l’évacuant à travers la question religieuse qui nous revient avec force. Peut- être faudrait-il réaffirmer les valeurs positives de la république notamment celle de considérer l’autre et ne pas exploser à la moindre contrariété. La sécurité conditionne notre art de vivre et l’accueil des étrangers. L’origine ne fait pas le coupable. Elle ne l’exclut pas non plus. La situation régulière ou non ne change rien.  Ni le passé ni ce qu’il /elle a pu subir ou ressentir. La morale élémentaire suffit pour apprécier un geste humain.   

Le débat actuel à chaud me désole. On formule des explications psychologiques qui défient le bon sens. Et irritent le quidam. Mais comment peut-on juguler tant soit peu la violence qui monte sans arrêt et qui devient de plus en plus atroce. Outre les pulsions personnelles par coup de couteau que chacun n’importe où peut recevoir ; les bagarres ; les brutalités de toute nature et les incivilités de prétendus « sauvageons » ; les refus d’obtempérer ; les harcèlements… Comme je ne vais plus plaider à Marseille je peux échapper à une rafale de kalachnikov ! ce qui est plus qu’une balle perdue au mauvais moment.

On n’est plus dans les faits divers. On aborde un fait de société d’ordre politique. Cela n’atténue en rien la conscience individuelle du criminel mais le débat devrait être plus modéré et élevé. Sans se battre pour rendre hommage. Nos incantateurs devraient se regarder dans la glace car ils sont les héritiers politiques de ceux qui ont laissé faire ou promu les grands frères ! S’il faut prendre des mesures drastiques discutons-en. Il y a de l’insécurité. De l’ensauvagement. C’est un fait pas un sentiment. 

Albert Camus disait qu’un homme « ça s’empêche ». Une femme aussi parité oblige. Encore faut- il avoir des lettres. Quand on est brut d’éducation ou de sens moral c’est l’instinct qui fonctionne.  Ce qui n’est pas non plus une excuse sauf à être complètement fou au sens commun du terme - on dit déséquilibré désormais - avant, pendant, après l’acte commis. Les experts apprécieront.

Le philosophe Jean-Paul Sartre 1905-1980 donc notre contemporain a écrit que l’existence précède l’essence. Il voulait dire que l’homme /la femme n’est d’abord rien puis il /elle se définit par ses choix et ses actes. Il/elle est donc libre de choisir le bien. C’est sa responsabilité première. Il n’y a pas de fatalité au mal.  

 

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