Abondance verbale versus sobriété de se
taire.
Par Christian FREMAUX avocat
honoraire.
Parler pour
ne rien dire d’utile ou provoquer des querelles est un art. On connait la
langue de bois surtout chez les responsables politiques. S’y ajoute désormais l’insignifiance
des propos que ceux qui les prononcent estiment essentiels voire déterminants
pour le progrès social. Les moulins à parole brassent surtout du vent et leur
abondance verbale négative devrait les conduire à la sobriété de se taire. Pour
éviter le ridicule et pour garder un niveau
acceptable de réflexion collective. On ne donnera aucun nom : ils/elles sont
trop nombreux.
Ne jamais
douter est une force qui consiste à affirmer n’importe quoi sous couvert de la
liberté d’expression. Accepter la critique mais seulement pour les autres est
une curieuse ouverture d’esprit. L’humour ne peut « discriminer »
certains : on ne rigole pas avec la police de la pensée. On interdit
au nom de la nature qui est la priorité. L’homme serait un prédateur. Le tout
crée de la confusion chez les citoyens déjà inquiets par la situation globale
et sommés de choisir leurs camps, et n’apporte rien de positif. On a fait le
buzz c’est l’objectif. On croit avoir un rôle majeur dans le débat public. C’est
de l’illusion.
Il faut
vraiment avoir du temps à perdre pour prendre au sérieux des idées lancées à la
cantonade venant souvent de l’extérieur du pays comme le wokisme ou portées par
quelques intellectuel(le)s dans le cadre d’une obscure recherche universitaire,
en y introduisant un prétendu fondement philosophique ou sociologique sur
l’homme /la femme et notre société. Par exemple actuellement : le barbecue
est -il un signe de virilité ? L’homme et la femme ont -ils le même rapport
à la viande ? Le réchauffement
climatique est-il de la faute des garçons ? Mesurer ou maintenir les inégalités est -ce
réprimer ? puisque tout aurait été pensé et décidé dans le cadre d’une
société patriarcale et capitaliste pour maintenir la domination du mâle !...
Mes ami(e)s de ma petite commune rurale de
l’Oise se sont dit estomaqués à la fin des moissons tandis que nous prenions
l’apéro selon la tradition bien française. Comme le chantait Gilbert Bécaud
dans Nathalie où il évoque Moscou et les plaines d’Ukraine, on a ri,
beaucoup parlé, ils voulaient tout savoir. Comme si j’étais initié et
connaissais l’envers du décor ! Ils m’ont demandé à moi qui vit aussi dans
la capitale comment des parlementaires- l’élite donc - peuvent se lancer dans
ce genre de débats. J’ignore tout. On les a plaints de se pressurer ainsi la
tête et de vivre dans l’angoisse et la méfiance envers les autres. Je leur ai expliqué immédiatement à propos
de « genre » que c’était un problème délicat mais je n’ai pas insisté
je ne veux pas d’ennuis ! On ne peut ni rire ni parler de tout sauf les auto-
autorisés.
On a fêté le blé de Picardie, moins les
betteraves et le maïs en manque d’eau. Ce furent des sujets de fond traités
avec distance et tolérance. Délayés avec des liquides la sécheresse ayant des
limites, et épongés par la charcuterie et les chips. Du classique même pas du
bio.
Pour nous
les parlementaires servent à « parlementer » c’est-à-dire à discuter des
sujets de fond qui existent, et de l’avenir qu’il faut préparer. A venir
sur le terrain rencontrer leurs électeurs au lieu de se pavaner en donnant des
leçons de vivre dans les médias qui intensifient les querelles et les réduisent
à un pour ou contre néfaste. Et à fabriquer des lois courtes, bien pensées,
exprimées clairement et efficaces qui vont s’imposer à tous les citoyens. Dont
ceux qui n’aiment pas la France mais y vivent. Nous avons du mal à saisir pourquoi des hommes
et femmes politiques ne s’occupent pas de la réalité et à quoi cela sert de
lancer des polémiques futiles qui divisent l ’opinion ? Mes amis
agriculteurs depuis des décennies en famille s’étonnent que des amateurs leur
disent comment cultiver la terre et protéger la nature ; les éleveurs et
bouchers ou nourrisseurs de la population s’inquiètent pour leur
avenir ; les concessionnaires automobiles ne savent pas comment ils vont
pouvoir vendre très chers des véhicules électriques, alors que dans ma campagne
il faut faire des tas de kilomètres pour trouver une borne de rechargement. Sachant
qu’en raison du conflit en Ukraine qui est responsable de tout ! le gaz et
l’électricité vont peut -être faire défaut. Doivent-ils raser leurs maisons
héritées de leurs parents et grands- parents chauffées au fuel et qui ne sont
pas aux normes obligatoires dont le nombre ne cesse d’augmenter ?... Alors les discussions byzantines sur le sexe
des anges, cela nous dépasse.
On préfèrerait
que nos chères têtes pensantes des assemblées et du pouvoir exécutif entouré
par des conseiller(e)s bardés de diplômes et a priori à l’abri de la nécessité
ou des aléas de la vie communiquent sur des solutions pertinentes qui changent
le quotidien des quidams au plus vite et leur redonnent de l’espoir. Mais il appartient aussi aux électeurs
de faire les bons choix au moment venu et ne pas voter pour des marchands de
rêves qui veulent se faire plaisir en ayant raison et qui pensent avoir de
nouveau découvert l’eau tiède et la roue pour imposer le bonheur du monde. On
est responsable on avait compris depuis longtemps les problématiques. Ce
constat un rien désenchanté n’a pas changé nos volontés personnelles d’engager
des actions sans attendre la béquille ou la manne de l’Etat. Et de continuer à nous
prendre en mains. Dans mon café d’initiative citoyenne et amicale qui n’est pas
du commerce (quoique !) nous avons repris l’ultime tournée partante en
mettant de l’eau dans notre pastis pour rester sobres. A la santé de ceux qui
décident pour le peuple souverain. Et nous nous sommes tus.
En nous
disant qu’il y avait d’autres chats à fouetter même si le parti animaliste
collé à Lfi est contre toute « torture » ou violence. Qu’elle soit
physique ou mentale. Ce qu’on approuve y compris dans le domaine public.