Je suis désormais avocat honoraire du barreau de Paris après plus de 42 ans de barreau actif et j'exerce encore des fonctions juridictionnelles comme conseiller prud 'homme .Après 37 ans de mandats je viens de cesser d'être conseiller municipal dans une commune rurale en province.Je suis aussi auditeur de l'INHESJ et l'IHEDN. Je vais tenter de commenter l'actualité sur les points de droit ou politique ou sur tout sujet qui m'intéresse, sous forme d'articles de fond ou d' humeur.
vendredi 23 juin 2017
mardi 30 mai 2017
UN DÉPUTÉ POUR QUOI FAIRE ?
Un député pour quoi faire ?
Par Christian FREMAUX avocat
honoraire et élu local .
Plutôt que
de discuter sans fin et sans pouvoir conclure puisqu’il suffit d’attendre le 18
juin et le résultat des élections réelles
pour savoir si le président Macron aura une majorité absolue de députés
ce qui lui permettra de faire voter vite les réformes qu’il a promises, dont
certaines par voie d’ordonnances ce qui est prévu dans notre Constitution et
qui n’est donc pas un passage en force ; ou d’espérer que les républicains l’emporteront ce qui obligera
à une cohabitation constructive avec plus de personnalités de droite ce que le
président semble vouloir et qu’il faut donc satisfaire ? ; ou d’imaginer
que le front national ou les insoumis-qui veulent entrer au parlement pour
faire la loi, des règles, des normes ce qui me parait être un oxymore- auront un score qui leur permettra de
s’opposer à tout, il me parait plus important de s’interroger pour savoir à
quoi sert un député alors même que l’on proclame qu’il va falloir réformer son
statut et ses attributions, que leur nombre va être drastiquement réduit de 577
à 300 ou 400 ? ce qui laissera des circonscriptions donc des territoires
vides, alors même que l’on dénonce la désertification administrative ;
l’absence de services publics dans les zones rurales ; le regroupement déjà
fait des anciens cantons dans une entité
administrative départementale plus large et que le citoyen se plaint d’être
seul sans personne neutre de l’Etat à qui se confier, sans commerces de
proximité, de médecins, avec des forces de l’ordre et de secours disséminées et
lointaines, et qu’à part son voisin -si on le fréquente - le citoyen qui n’est
pas urbain n’a pas d’interlocuteur humain représentant le pouvoir sauf son maire et les
conseillers municipaux, bénévoles donc pas toujours disponibles. La région
s’est éloignée, le sous-préfet aux champs a disparu et on en vient à implorer un dialogue pour
avoir un minimum de contacts avec les membres de la poste ou du trésor public
s’ils n’ont pas été supprimés. Les députés ne vont pas échapper au vent de
réformes qui va souffler et masochisme compris ce sont eux qui vont voter leur
nouveau statut moins avantageux que le précédent, pour l’avenir. M. Bayrou
Garde des sceaux revenu du diable
–vauvert de son exil politique qui
aurait pu disparaitre définitivement par
un choix un peu inattendu et un salto arrière
de toute beauté s’est rétabli sur les principes qu’il prônait dans le désert
depuis des années, concocte le projet de
loi de moralisation de la vie publique que nos nouveaux députés vont voter
comme un seul homme : ils vont devenir des cadres je l’espère supérieurs
pour leurs indemnités fiscalisées, et n’auront plus aucun avantage même pas de
retraite ou celui d’avoir l’esprit familial en embauchant un proche ou en
acceptant du bout d’un costume , un
cadeau d’un ami désintéressé. Ils accepteront un C.D.D. de 5 ans renouvelable deux fois puis retourneront à
leurs chères études ou passeront des qualifications comme pour toute activité
manuelle de base et éviter ainsi pole emploi, car être député est parait-
il tout, sauf un métier ? . L’urgence
est à la pureté des comportements et des
habitudes sur le plan moral qui se confondra désormais avec ce qui est légal
tendance 2017 bien sûr car l’éthique est personnelle, à géométrie variable et l’homme a sa part d’ombre que l’on ne peut
gommer. Pour ma part je n’ai pas aimé la période Robespierre qui voyait des suspects
partout surtout chez Mirabeau et
Danton assez proches de l’argent qui
corrompt . On sait comment l’histoire se finit d’autant plus qu’avec big
brother on apprend tout ce que la presse un peu orientée, pour
la bonne cause bien sûr, relaie innocemment. La justice civile en faillite
attendra, ainsi que la justice pénale qui participe à la chaine sécuritaire
dans l’état de droit, alors même que les menaces terroristes sont critiques et
que l’état d’urgence doit être prolongé. Le ministre de la justice a d’autres
priorités : ni les justiciables, ni les magistrats qui ont besoin d’être réconfortés, ni les forces de l’ordre
ne menacent la république. Les députés, si. Est –il insolent de s’interroger sur le rôle du député
à l’heure du numérique, de la justice prédictive, des start-up de la loi et du
droit, et des nouvelles technologies de l’information. Un robot parlementaire
pourrait tourner la clé électronique sur instructions de son député sans que celui –ci doive être
physiquement présent le mardi ou le mercredi pour participer devant la télévision aux questions au gouvernement,
faire savoir de la tête ou par une mimique qu’il est d’accord ou pas avec la
réponse excédée d’un ministre ou du premier ministre, et faire claquer son
pupitre pour manifester sa mauvaise humeur. Les jeux du cirque ou de la cour de récréation ou des bavardages aux journalistes ,des
députés, qui ont tant énervés les citoyens doivent cesser. De la dignité et de
hauteur s’imposent. Le Président Macron
veut donner l’exemple. Il
parait que l’on souhaite consacrer le
travail du député surtout à la
fabrication de la loi, ce qui n’est pas donné à tout le monde. N’est pas
Cambacères, Portalis ou Tronchet, outre Michel Debré, ou Robert Badinter, qui
veut. M.Delevoye autrefois de droite ? Quand il a exercé les plus hautes
fonctions de la république, lui-même expérimenté, humaniste et compétent a sélectionné les
futurs députés 2.o de la république en
marche qui sont souvent des néophytes bien qu’enthousiastes ce qui est une
qualité puisqu’ils croient à l’intérêt
général. Sauront -ils ces jeunes parlementaires-quelques soient leur date de
naissance- avoir suffisamment de recul , de profondeur liée aux coups de la vie,
de réflexion sur les autres sans parti pris ou croyance qui réduisent, et
d’épaisseur, pour écrire des lois générales, courtes, pas bavardes, compréhensibles
par le citoyen, durables, efficaces, et qui ne clivent pas ou sont faites pour
une minorité, sans que l’on ait besoin de décrets qui les expliquent longuement, de
circulaires qui les précisent et de tribunaux qui les interprètent ? Ou faudra-
t -il que l’élaboration de la loi soit confiée à un petit nombre de
parlementaires en respectant la parité et les diverses opinions mais qui ont les compétences, ont été blanchis sous
les fourches caudines du parlement, ont exercé des fonctions publiques et
privées et sont une garantie face à la
censure du conseil constitutionnel et de la haute administration. D’autant plus
que celle-ci va devoir prendre ses responsabilités puisque il y a peu de
ministres et de secrétaires d’Etat et que les directeurs d’administration
centrale vont devoir faire travailler leurs services dans le sens des réformes
quitte à se saborder quelque peu. Le « spoil system » n’est pas loin .L ‘ENA
qui était vouée aux gémonies a repris le pouvoir et va devoir montrer ce
qu’elle sait faire, à la condition que le politique commande vraiment. Tout
ceci ne milite pas en faveur du député dont le rôle ne doit pas se
cantonner à principalement faire la loi
au détriment de son autre devoir
qui est d’être sur un territoire proche des citoyens et des élus locaux sinon
il devient hors sol. Le député doit être en même temps pour
reprendre l’expression du président à la ville et dans les centres urbains, et à la campagne, ou dans les banlieues et en
province.
Même quand
il sera élu à la proportionnelle, voire parachuté , ce qui permettra à toutes les tendances y
compris extrêmes d’être représentées, sur des listes ce qui favoriseraient les manœuvriers
ou les apparatchiks alors que la mort des partis est programmée puisqu’ils ne produisent plus d’idées mais des candidats
ou des cabales, donc pas forcément les meilleurs, le député doit être dédié à
un territoire, attaché à la terre avec de la boue, où vivent les électeurs, ceux qui
s’abstiennent, votent blanc ou contre. Le député a un mandat national, il
incarne la France. Mais il doit avoir la vocation du sacrifice car il est aussi l‘avocat de ceux qui ne font pas
retentir leur voix, travaillent, paient
leurs impôts, et supportent ce qui ne
leur plait pas, tout en restant et vivant là où ils habitent par filiation ou
choix plus ou moins imposés en espérant avoir un emploi digne pour leur famille
, et des conditions environnementales agréables au nom de l’égalité, même si le portable ne passe pas et qu’ils
sont des intermittents d’internet !. Il doit leur parler, leur répondre, nouer des liens amicaux, le
tutoiement réciproque rapproche mais n’est
pas obligatoire, leur manifester de la compassion et de la compréhension, les entendre, les défendre, les aider à titre
personnel s’il le peut, puis transmettre ce qu’on lui a dit et faire remonter
la réalité du terrain au pouvoir qui
isole à paris et que le microcosme parisien ne représente pas.
La Rotonde, le Fouquet’s et Saint germain-des-prés ne sont pas le centre de la
France. Le député doit le savoir et faire la part des choses. Il doit donc
arpenter les communes surtout les petites, discuter des dossiers avec le maire
et les conseillers municipaux ; les conseiller en droit et les tenir
informés des évolutions législatives, des normes y compris européennes ;
être un facilitateur auprès du préfet de
et l’administration locale, s’y retrouver dans les arcanes de la région et de
l’assemblée départementale. ; être un conseil financier pour boucler les
budgets et aider à trouver des financements. On doit le voir dans les manifestations
locales, les brocantes, les fêtes, les commémorations. Il doit user de sa réserve
parlementaire -qu’il ne faut pas jeter avec l’eau du bain, et que l’on peut contrôler
pour répondre au souci de transparence et de non favoritisme- car sans aide des
projets n’aboutissent pas malgré la bonne volonté des responsables. Le député
est donc vital sur un territoire et il ne peut se contenter d’être un homme d’appareil
ou qui fait carrière. Il doit mouiller sa chemise ou son chemisier, et il est
tel Janus un homme ou une femme à double face. Avec un regard tourné vers
paris pour faire de la politique et
soutenir sa majorité sans être un godillot qui marche au son du canon (
oserais-je écrire au son du Macron ?) car il est un homme ou une femme
libre d’abord et exemplaire. Il écrit la loi donc engage sa responsabilité et
le sort des citoyens. Et un autre regard que scrute sa circonscription pour
être utile, le trait d’union avec le citoyen le plus humble qui a besoin de
confiance, qu’on s’occupe de lui, enfin
que l’on privilégie l’humain. Pour la plupart c’est loin paris et
dangereux ! Amis nouveaux députés de la nouvelle génération, les B. to B.,
les modernes, ne raillez pas les plus
anciens qui seront réélus et ont de l’expérience car ils ont servis et sont encore dévoués,
même s’ils n’ont pas la même approche que vous ou une autre philosophie. Nous avons besoin de cohésion et de sérénité
par ces temps troublés. Nous devons être solidaires. Un député ça doit servir
en chair et en os à incarner l’union, le dévouement, la règle commune,
l’intérêt général et la république. Progressistes, autre nom plus «
in » des réformateurs qui allez voter la loi, ne réduisez pas
le député à un hologramme.
mercredi 10 mai 2017
Une ordonnance M. le président ?
Une ordonnance M. le président ?
Par Christian FREMAUX avocat
honoraire et élu local.
Chaque
français qui est un bien portant en mauvaise santé qui s’ignore sait
ce qu’est une ordonnance délivrée par son médecin ce qui lui permet ensuite de
se faire rembourser par la sécurité sociale et sa mutuelle. Ce sujet a été à
l’ordre du jour de la campagne présidentielle. Les électeurs n’ont pas aimé
notamment la potion amère que le docteur
Fillon voulait imposer pour purger et guérir le malade ou l’huile de foie de morue
typiquement française que le front national voulait lui faire boire et ils ont
finalement préféré faire confiance à un jeune thérapeute qui a prétendu avoir des solutions homéopathiques, celles qui ne
tuent pas immédiatement et sont efficaces
dans la durée, plus dans l’air du temps et plus douces à avaler . M.Macron ,
triomphalement élu président de la république, a proposé de gouverner par ordonnances, car le
cas de la France est grave, pour porter
remèdes au plus vite compte tenu de
l’urgence , avant de devoir opérer à chaud. Qui est donc mal portant et que
signifie gouverner par ordonnances ? .C’est le texte de la constitution de
1958 celui de la Vème république que d’aucuns veulent jeter aux orties (autre
ponction qui soigne) qui permet de répondre.
Tout le
monde connait la loi qui est âprement
discutée par nos éminents parlementaires, qui s’invectivent au parlement,
ergotent sur les détails , y passent des heures jusqu’à ce qu’un premier
ministre excédé utilise l’article 49-3 de la constitution qui permet de faire
adopter le texte à l’arraché. Circulez ,
il n’y a plus rien à voir. La loi travail dite El khomry a ainsi amusé la galerie pendant des mois.
Mais « dura lex sed lex ». La
loi est la base de notre démocratie et la justification du salaire de nos
députés et sénateurs, car ce n’est pas un
emploi fictif que de fabriquer un
texte qui va régir les rapports entre les citoyens, fixer les règles, même
s’il faut ensuite écrire des décrets
d’application, des circulaires explicatives,
et attendre que les tribunaux l’interprètent avec leur jurisprudence. La mise en œuvre effective de la loi prend
donc un temps certain.
L’article 34
de la constitution dispose : « la loi fixe les règles concernant … les droits civiques, les libertés
publiques et fondamentales…détermine les principes fondamentaux notamment pour
la défense nationale, la libre administration des collectivités territoriales,
le régime de la propriété, le droit du
travail et syndical, la sécurité sociale… », enfin tout ce qui est
essentiel au fonctionnement du pays. Ce sont les parlementaires qui proposent
un sujet (proposition de loi) ou c’est le gouvernement pour appliquer son
programme et faire valider ses promesses (projet de loi).La loi doit faire
l’objet d’une navette entre l’assemblée nationale et le sénat qui dure plus ou
moins longtemps, l’assemblée nationale ayant le dernier mot, puis peut être
soumise à la censure du conseil constitutionnel saisi par au moins 60
parlementaires et enfin être promulguée au journal officiel. C’est donc un
parcours du combattant et on se rappelle l’année dernière les manifestations,
grèves, débats à dormir la nuit debout, négociations sans fin et surtout sans
accord final, polémiques aussi diverses
que stériles , pour aboutir à une loi vidée de sa substance. On n’avance
ainsi pas quand la politique catégorielle
des partis fait de l’obstruction au parlement, aidée par la rue, aux dépens de l’intérêt général. M.Macron qui
est jeune donc pressé comme l’a écrit Paul Morand, qui s’est usé au parlement
quand il était ministre et essayait avec constance de convaincre et ses amis et ses frondeurs,
outre l’opposition qui était dans son rôle tout en partageant certains
arguments du ministre ! ne veut pas retomber dans ces travers qui alimentent
surtout les médias et ceux qui n’exercent pas de responsabilités, mais nous rendent ridicules devant le monde
entier qui regarde médusé nos débats et nuisent aux français, a donc décidé de faire vite voter les mesures
qu’il a préconisées pendant la campagne électorale, celles qui doivent
débloquer le pays et lui permettre de redémarrer selon lui , tout en restant
attaché aux prérogatives du parlement
qu’il entend recadrer cependant un peu,
car la démocratie l’exige. S’il passe par la loi classique il lui faut une
majorité absolue et que le mouvement la république en marche gagne les élections avec ses candidats triés sur le volet d'internet-ce qui est inédit-, ce qui
n’est écrit nulle part pour l’instant, les républicains espérant être majoritaires
pour prétendre à une cohabitation avec
un premier ministre issu de leur rang ou pour au moins imposer leurs
idées. M.Macron a donc décidé de passer
par une autre méthode de droit , celle des ordonnances, ce qui est parfaitement
légal, et a déjà été utilisé par d’autres présidents. Même si on entend déjà la
voix outrée de certains- les mêmes qu’avant le 7 mai d’autant plus qu’ils ont
été battus- et le silence vigilant de tous ceux qui veillent à l’état de droit et au respect des
libertés publiques et de la démocratie. De quoi s’agit-il ?
L’article 38
de la constitution dispose : « le gouvernement peut pour
l’exécution de son programme demander au
parlement l’autorisation de prendre par ordonnances , pendant un délai limité,
des mesures qui sont normalement du domaine de la loi ». Il faut donc
réunir une majorité au parlement qui va voter ladite autorisation qui n’est pas
éternelle, rassurons les plus craintifs . D’où l’obligation pour le président
d’avoir une majorité à lui, ou d’en trouver une
d’idées ou de conjonction d’intérêts. Les élections législatives de juin
sont donc déterminantes et les extrêmes
ne devront pas perturber le jeu : c’est de la responsabilité des électeurs
qui devront faire preuve de raison et pragmatisme en votant pour les candidats les plus susceptibles de participer à un redressement
et une politique utile, et pas se faire
plaisir en éparpillant leurs votes s’ils sont cohérents avec l’élection de
M.Macron et de ses principes ,s’ils veulent la réussite de la France .Les ordonnances sont ensuite prises par le gouvernement en conseil
des ministres après avis du Conseil d’Etat ( plus haute juridiction
administrative faut –il le rappeler). Selon l’article 13 de la constitution
elles sont signées par le président de la république puis publiées et non
promulguées. Elles entrent immédiatement en vigueur.
Gouverner
par ordonnances c’est vouloir que les maux ou obstacles liés à nos mauvaises
habitudes , à nos traditions surannées syndicales ou politiques -tout ce qu’a
fait le gouvernement précédent doit être défait par exemple- qui affaiblissent
le pays, disparaissent au plus vite, et qu’un élan soit propulsé, qu’un
signal soit donné à tous :
retroussons nos manches, bousculons les conservatismes, réformons le plus
possible en dépensant moins, car il y a toujours quelqu’un qui paie, et
redevenons sérieux sans se disperser dans des combats minoritaires, des sujets
de société qui montent les uns contre les autres, et retrouvons notre identité
et nos valeurs républicaines. Quittons l’ancien régime , faisons du neuf et
« sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques» comme
l’écrivait le poète révolutionnaire André Chenier, avant qu’il ne passe à la guillotine. Notre pays est
confronté à des menaces très graves extérieures comme intérieures, notre
sécurité doit être la priorité, dans un cadre européen qui protège mais qui
doit être lui aussi réformé. Notre marché du travail doit être dépoussiéré et le mot est faible et la valeur
travail même modernisée, confirmée. Les droits dits acquis devenus obsolètes, voire
inégalitaires doivent être rénovés dans l’avenir si ce n’est
supprimés tout en préservant les garanties de ceux qui en profitent puisque c’est le contrat qu’ils ont passé avec la
nation. L’Etat doit se recentrer , gérer l’essentiel , créer le cadre qui
permet de libérer les initiatives, faciliter la solidarité et la redistribution
et ne plus se mêler de tout. La fonction publique d'Etat comme territoriale doit être revue dans ses
missions et sa dimension. Enfin car tout commence par l’éducation , il convient de se ressaisir et transmettre
les valeurs de base, celles qui parlent du récit national dont nous devons être
fiers, celui qui a permis d’assimiler tous ceux qui avaient le même but, et se
reconnaissaient dans une communauté de destin…..Et la liste des priorités n’est
pas exhaustive !
Jules Romains l’inoubliable auteur du docteur Knock posait un regard critique sur la médecine
et l’Etat et lui faisait interroger son
patient : « est-ce que ça vous chatouille ou ça vous
grattouille ? » , ce qui lui permettait de critiquer les charlatans
et les vendeurs d’espoirs.
Les
ordonnances que souhaite prendre le président de la république lui permettront , je l’espère, d’être un moyen moderne de gouverner , car on ne peut
plus attendre. La guérison doit se faire immédiatement sinon nous mourons
tous guéris, mais ce sera trop tard.
lundi 1 mai 2017
N’est pas pythonisse qui veut.
N’est pas
pythonisse qui veut.
Par
Christian FREMAUX avocat honoraire et élu local.
Je me suis
trompé sur le résultat du premier tour de l’élection présidentielle ce
qui n’étonnera pas ceux qui me connaissent
mais me stupéfie car j’ai une haute opinion de moi surtout pour parier sur ce qui est avéré et pour penser comme la majorité de ceux qui
donnent leur avis alors qu’on ne leur a rien demandé. C’est fou le nombre de
spécialistes de la science politique qui
croient détenir la vérité et pouvoir faire des pronostics qui se révèlent inexacts sur la
comète et qui concluent sérieusement que
tout est possible ! . Tout cela pour ça .J’aurai pu parvenir à cette
brillante solution tout seul. J’espère
que nos éminents savants descendront de
leur piédestal et seront désormais plus modestes. J’avais écouté
pendant des mois tous les commentateurs qui pullulaient sur les ondes et
les écrans, regardé les débats, réfléchi aux discussions sans fin sur des
sujets souvent futiles n’abordant pas les arguments de fond de l’économie avec
le marché du travail, la sécurité, la
laïcité , la nation, notre identité, l’Europe, le contexte international…, pesé les arguments filandreux ou flous
des uns et des autres, et finalement j’avais fait un choix partisan
celui qui conforte dans ses certitudes. J’ai toujours exécré les extrêmes qui
me paraissent démagogiques et qui flattent l’électeur dans ce qu’il veut
entendre-dégagez par exemple- Je pensais que le programme de la droite
républicaine, celle qui a déjà gouverné, globalement car je ne partage pas
toutes les mesures proposées, était le
plus raisonnable , le plus structuré,
nourri de ses échecs précédents, de ce qui n’avait pas été fait sous le
président Sarkozy , le plus près de la vérité et donc le meilleur. Les français,
y compris des gens de droite, ont sèchement dit non pour des raisons certes liées aux problèmes
personnels du candidat qui a déçu voire outré à titre personnel sur le plan
moral mais aussi sur les réformes à mettre en œuvre qui semblaient nécessaires
mais qui ont paru sévères , et peu humaines.
Et « la tendresse bordel » où était- elle ? On ne saura
jamais si M. Fillon aurait gagné sans ses casseroles. Mais on a la certitude
qu’il aurait du un peu infléchir son programme et ne pas rester droit dans ses
bottes. Il faut savoir naviguer à vue. La raison conduit parfois à l’échec. L’homme
est imprévisible et il a besoin de croire et d’espérer même s’il devine que le
succès n’est inscrit nulle part, et que chacun détient une part de la réussite.
Cependant il faut choisir, faire un pari sur l’avenir et ne pas recommencer la
guerre si ses idées n’ont pas triomphé. M.Macron a tenu le choc et ce que je
croyais être une bulle m’a explosé au visage. Salut l’artiste. Il a le profil
du gendre idéal bien que l’on ne tarisse pas d’éloges sur son épouse, mais
surtout celui de l’énarque – que l’on dénonce dans tous les cercles comme
responsable de nos malheurs- qui a du culot, du talent et a fait la bonne
analyse politique et de droite et de gauche, et du banquier alors que la finance a été
montrée comme l’ennemi et que le
mondialisation est haïe par de nombreux citoyens qui en sont exclus. Il a eu
aussi l’effronterie de nous dire que l’Europe n’était pas coupable de tous nos
maux, et qu’il fallait cependant en rediscuter les grandes lignes pour avoir plus
de bénéfices et d’efficacité. Que l’Etat est nécessaire, redéfini dans son
périmètre et qu’il doit d’abord assurer la protection. Qu’enfin un peu moins de
fonctionnaires et une diminution des dépenses publiques ne pourraient
qu’améliorer la situation. Ce libéralisme
est prometteur. J’ai donc eu tout faux dans mon vote , bien que mes
électeurs et amis de la petite commune rurale de l’Oise où je suis élu m’aient
averti qu’ils voteraient front national ou Mélenchon pour en finir avec
cette quasi chienlit selon eux ,qu’ils ne voulaient plus ni écologistes ni
socialistes mais que la droite républicaine
au pouvoir avec l’alternance depuis des dizaines d’années avait aussi échoué,
qu’elle ne se renouvelait pas ni dans son programme ni dans ses candidats, que la division des chefs au sommet était
lamentable et qu’elle avait laissé
bâtir une société qu’ils ne comprenaient
plus et qui les isolait, et qu’après
tout le jeune Macron paraissait bien
sur lui (ils ne parlaient pas de son costume !), avait certes soutenu le
président Hollande, mais qu’un péché de jeunesse se corrige. Ils ont eu raison.
Je suis leur « chef » donc j’aurai du les suivre, et faire mon
mea culpa sur la société qui existe et que je n’ai pas su –même si j’avais de
petites responsabilités- rendre attractive et plus juste.
J’ai été élu
pour la première fois à un peu moins de 23 ans en … 1971 .Bonjour le
renouvellement même si c’est vrai les jeunes ne se précipitent pas pour prendre
actuellement les rênes pour des raisons liées à la famille, le temps, le
travail et le mauvais exemple des élus qui se chamaillent dans les médias et au
parlement sur n’importe quoi et
dramatisent tout désaccord. J’avais écris dans ma presse locale vers 1980 un
article intitulé « place aux jeunes ».Je suis toujours conseiller
municipal !. Je crois avoir été entendu en 2017, mais je suis devenu un
peu sourd de l’oreille droite celle qui enregistrait bien le programme des républicains. Une
nouvelle génération , encadrée par des anciens et notre
administration solide et remarquable doit prendre les commandes et c’est plutôt rassurant pour les jeunes qui
malgré leurs diplômes ne trouvent pas de CDI car ils n’ont pas d’expérience,
leur dit-on. En politique l’inexpérience
conduit parfois droit dans le mur, quand la crédulité et les bons
sentiments se conjuguent avec une idéologie basée sur des vies d’apparatchik.
Mais la jeunesse peut être un atout formidable si l’on reste dans le concret et
la volonté de rassembler . Il ne faut pas non plus écarter par principe ceux qui se sont dévoués pendant des années au service des citoyens et qui ont toutes les
qualités outre la connaissance des rouages et du fonctionnement des
institutions qu’il ne faut pas changer d’un trait de plume : la Vème
république a fait ses preuves. On a évité le pire de peu à savoir que l’insoumis en chef beau parleur talentueux ne soit qualifié voire élu. Comment
aurait il gouverné avec ses amis qui refusent tout , sont contre tout et son
contraire et débattent en permanence avec la vocation de désobéir pour ne se soumettre à rien et à personne ? Je me demande comment on
peut être en 2017 en France mère des arts, des armes et des lois, pays des
droits de l’homme, trotskistes ou émules de Gramcsi, révolutionnaires de droite
ou de gauche , ou nihilistes qui veulent casser la baraque ( mais pas comme
M.Fillon le proposait) en hurlant au fascisme et au racisme permanents de
surcroît. Notre démocratie peut et doit être améliorée ; il faut combattre
les injustices et les inégalités les plus criantes. Mais il faut d’abord
réformer sans retour à la lutte des classes car on ne peut redistribuer les
richesses que si on en a créées, et il faut le dire en demandant à chacun un
effort proportionné à ses moyens ne serait ce que pour ceux qui bénéficient
d’avantages d’une autre époque. Il faut aussi continuer à s’ouvrir car se
replier dans un pré-carré n’a jamais été la panacée. La France n’est prospère
que si elle produit, échange, accueille les autres tout en préservant ce qu’elle est et ses propres intérêts
matériels , humains et culturels et en ayant des valeurs universelles
.Pour reprendre une expression à la mode « en même temps » que nous
sommes de gauche ou de droite, et surtout républicains attachés à la
démocratie, soyons certes forts mais surtout fraternels. Je félicite le
vainqueur de l’élection présidentielle que je n’ai pas choisi dans un premier
vote, et j’espère qu’il sera à la hauteur de la situation et de ses promesses.
Mais par prudence et parce qu’ il me semble que les français adhèrent à une
autre philosophie plus de droite, je
souhaite que les élections législatives donnent une majorité solide et
cohérente, avec des députés blanchis sous le harnais à coté de plus novices car
comme le préconisait Montesquieu les
contre-pouvoirs sont nécessaires et le
président de la république a besoin d’être aiguillonné par une opposition de
qualité compatible avec son propre projet pour redresser le pays .Je ne me risque
pas à pronostiquer le résultat car j’ai été mauvais dans ce domaine. N’est pas
pythonisse qui veut.
jeudi 6 avril 2017
LA JUSTICE ET LA PAROLE DONNÉE
La
justice et la parole donnée.
Par Christian
FREMAUX avocat honoraire et élu local.
On a peu l’occasion de rire par ces temps indécis où la
gravité du moment et les choix à faire paraissent si importants qu’on a plutôt
envie d’aller se coucher que d’entendre que la fin du monde est proche et que
seul tel ou tel candidat à l’élection présidentielle peut être le sauveur.
C’est vrai que certains sont plus crédibles que d’autres et que même un seul
-malgré les erreurs morales qu’il a admises - a un programme complet, cohérent , de l’expérience et saura agir sur les 2200
milliards de dettes et mener les
réformes structurelles sans que cela
soit une purge même si nous allons tous payer. Soyons réalistes : nous
n’élisons pas un prix de beauté ou de vertu-qui est parfait
d’ailleurs ? Nous avons besoin
d’une personnalité forte qui n’est pas d’accord avec tout et tous, et qui
choisit l’intérêt général, qui sait
trancher, qui rétablisse l’autorité de l’Etat dans le cadre européen à
revoir-ce qui nécessite des négociations avec les autres 27 Etats moins la
Grande-Bretagne qui a rejoint le large, et qui pourra s’appuyer sur une vraie
majorité parlementaire, car un parlement soudé et non composé de bric et de
broc d’élus sélectionnés par internet est indispensable pour réussir. Mais ce
n’est pas le sujet que je veux traiter. J’ai regardé sur BFM TV le débat avec
les 11 candidats, et j’ai retenu la débauche d’engagements par milliards de
dépenses, sauf pour deux candidats qui conseillent des économies et des suppressions de coûts.
Ce fut un festival de promesses. Juridiquement que vaut une promesse
électorale ? Jusqu’à présent rien , mais si cela changeait ? La
justice si décriée- mais peut -on s’en passer
dans un état de droit et une démocratie
même s’il faut revoir le rôle des juges et définir leur indépendance une
fois pour toutes pour éviter les mises en cause et les soupçons qui ne grandissent personne -vient d’être
saisie d’un demande inédite . La démarche peut paraitre farfelue mais elle
témoigne de l’exaspération des citoyens et de la méfiance envers le personnel
politique. Le journal la Provence s’est
fait l’écho d’une plainte qui est une
première, a priori : une militante du PS de Marseille avait voté aux deux tours de la primaire de gauche,
en payant les 2 euros exigés, en fonction de l’engagement des candidats qui
avaient signé la charte éthique de soutenir ensuite le candidat désigné par les
électeurs et de voter pour lui. Elle avait cru en la parole donnée-une
promesse, et à la signature des candidats. C’était
au moins un quasi-contrat en droit .Ce fut Benoit Hamon qui gagna.
Manuel Valls qui avait promis de soutenir le vainqueur fut battu. Mais après
avoir réfléchi il a changé sa décision après certainement un combat intérieur de conscience
car il n’est pas un traitre mais un responsable aguerri qui doute , recherche
l’intérêt supérieur de la France, sans s’oublier. Seuls les imbéciles ne
changent pas d’avis . Manuel Valls pour des raisons tendant surtout à barrer la
route au FN, a décidé de ne pas soutenir
le candidat de son parti le PS et non
pas de rallier -la sémantique joue - mais de donner
sa voix à Emmanuel Macron qui s’est dispensé de participer à une quelconque
primaire, pas de gauche bien sûr mais aussi pas de droite La militante PS s’est
sentie flouée et a déposé plainte pour abus de confiance contre le PS pour
obtenir le remboursement des deux euros versés, voire la condamnation pénale
des dirigeants du PS et peut être solidairement de M.Valls pour promesse mensongère et non
respect de la parole donnée. Les policiers ont entendu la plaignante et engagé
la procédure : le procureur de la république donnera- t -il suite ?
L’avenir nous le dira. Certes on est peut-
être dans la galéjade , puisque nous sommes à Marseille, mais si cette démarche en précédait d’autres, ou
que de très nombreux citoyens engageaient
une action de groupe que Mme Taubira a
crée, pour des faits qui n’ont rien à voir avec les élections bien sûr que
ferait la justice ?Et si elle prenait tout ceci au pied de la lettre vu
l’importance d’un vote en démocratie et ouvrait une enquête préliminaire, comme
pour les costumes d’un candidat ce qui
est d’une futilité confondante? Examinons le droit à cette occasion et laissons
la justice se prononcer en fonction de la loi et pas de l’émotion. Le tribunal de l’opinion
aime juger rapidement les autres et
surtout les puissants, les citoyens exigeant que nos élus soient exemplaires.
Je suis d’accord mais je préfère des élus efficaces et réformateurs rassemblant
les français plutôt que les diviser et prenant à bras le corps les problèmes
concrets qui se posent. Car si on ne fait rien , si on ne remet jamais en cause des acquis qui posent problèmes , si
chacun garde ses petits avantages et privilèges, si on « ripoline »
au lieu de reconstruire même si c’est
douloureux , on renforce le conservatisme ,on s’enfonce encore plus et les
générations suivantes paieront. Revenons à notre sujet. En matière civile
promesse de vente vaut vente ; des pourparlers commerciaux peuvent valoir
contrat et son défaut d’exécution être
condamné ; une rupture abusive de fiançailles peut donner lieu à des
dommages intérêts…. Les tribunaux jugent régulièrement tous ces cas. Mais les
promesses électorales non tenues peuvent- elles être sanctionnées par la
justice pénale ? Examinons de façon
non exhaustive quelques infractions du droit pénal .
L’abus de confiance visé par la militante est prévu à
l’article 314-1 du code pénal. C’est pour une personne« le fait de détourner
au préjudice d’autrui des fonds, des valeurs, ou un bien quelconque qui lui ont
été remis et qu’elle a acceptés à charge de les rendre , de les représenter ou
d’en faire un usage déterminé » .Ce délit est puni de trois ans
d’emprisonnement et de 375 .000 euros d’amende. La jurisprudence a déjà jugé
qu’il n’y avait pas besoin d’un contrat formalisé mais qu’un accord de volonté suffisait. La
primaire est- elle un contrat ou un
accord de volonté entre ceux qui l’organisent, les candidats et les électeurs ?
Je pense que oui, sinon à quoi sert-elle. ? M.Fillon a démontré malgré
tsunamis et vents contraires qu’il respectait le vote de la primaire de droite .Il
n’a pas renoncé ,n’a cédé sur rien et assumé tout. !: C’est un signal
encourageant sur sa fermeté même s’il lui arrive de céder aux douces sollicitations de ses amis et de
la loi parlementaire comme des dizaines de parlementaires de tout bord. !
Si les juges poursuivent le PS et M.Valls ils pourraient les condamner par
exemple à un travail d’intérêt général et à rembourser les deux euros
avec intérêts outre des dommages intérêts pour préjudice politique (M.TAPIE a
bien reçu des millions pour préjudice moral) et aux frais de procédure.
La militante en
furie pour impressionner les esprits aurait pu tenter de déposer plainte pour
escroquerie qui se distingue de l’abus
de confiance. Cette infraction est prévue à l’article 313-3 du code pénal. Mais
il faut caractériser des manœuvres frauduleuses : l’organisation de la
primaire de la gauche a-t-elle été montée dans le but de tromper les militants alors même que le nombre de la participation des électeurs a
fait l’objet d’un bug ? ; s’agissait-il exclusivement de récupérer
deux euros par personne ce qui avec entre 1,6 millions et 2 millions de participants
fait un joli pactole ? ; a-t-on forcé la volonté des participants
en sachant que l’engagement des
candidats de soutenir le vainqueur n’avait aucun caractère impératif ?...Seul
un tribunal correctionnel peut répondre
à ces questions après enquête d’un juge d’instruction.
Continuons à feuilleter le volumineux code pénal qui prouve que la
société aime avoir des responsables et coupables, que tout doit être judiciarisé,
et que la méfiance et la surveillance sont constantes, personne n’étant à l’abri- sauf celui qui ne fait rien et
encore , n’a pas d’activités ou de
prétentions surtout s’il réussit -d’être un jour mis en examen puisque il
s’agit d’apprécier des faits ce qui est subjectif, et d’interpréter la
loi, et malgré la présomption
d’innocence, être trainé plus bas que terre.
La militante du PS de « la bonne mère »
aurait –elle pu déposer plainte pour abus de faiblesse ? Ce délit de l’article 223-15-2 du code pénal est
« l’exploitation de la vulnérabilité , de l’ignorance ou de l’état de
sujétion psychologique ou physique d’une
personne afin de la conduire à prendre des engagements dont elle ne peut
apprécier la portée ». C’est puni de trois ans d’emprisonnement et de
375. 000 euros d’amende. Un électeur est par définition ignorant de la
réalité des dossiers, des combines, des petits arrangements entre amis, des
stratégies réelles. Il fait confiance à l’apparence, à ce que les médias
orientés souvent révèlent et à la bonne bouille du candidat : il vote au
« faciès » si je puis oser l’écrire .Il est crédule et veut croire
sur parole quand on le flatte et veut le convaincre qu’on peut travailler moins
pour gagner plus, qu’on peut recevoir un revenu universel, que le cannabis doit être légalisé pour calmer
les uns et les autres et assécher les trafics ; que l’Europe est la cause
de tous les maux, et qu’en se recroquevillant sur nous dans un monde ouvert, on
retrouvera la croissance ; qu’en dépensant toujours plus la prospérité
reviendra sans que l’on sache qui paiera ; que les 2200 milliards d’ euros
de dettes ne seront pas payés et que plus il y a d’agents publics- alors que
l’Allemagne ou d’autres pays de la zone euro diminuent la fonction publique et
fonctionnent bien- mieux c’est (ceux qui habitent en zone rurale apprécient
mais n’ont rien vu venir depuis 5 ans). Et qu’en faisant la synthèse de propositions
de droite ou de gauche, ou de l’air du temps, on gagnera collectivement. L’électeur
est en plein burn-out : il est devenu fragile donc vulnérable, et il est perdu. Il y a abus de faiblesse à
lui faire croire n’importe quoi . M.Valls en revenant sur ses engagements ,
tout en reconnaissant le sérieux de M.Fillon, a surtout démontré que les
promesses de M.Hamon engageaient les électeurs
à cautionner des idées dont ils
ne connaissent pas la portée.
Enfin évoquons la diffusion de fausse nouvelle qui est prévue par l’article
27 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881 (ce qui ne nous rajeunit pas) et
par l’article 97 du code électoral. C’est par exemple la courbe du chômage qui
s’inverse ou la reprise miraculeuse de
l’emploi par le candidat qui succède –fils présomptif- à M.Hollande., en
détaillant a minima les dépenses à supprimer et sans être clair sur
l’organisation du travail ou le code du même nom. , même si, il faut le
reconnaitre ce candidat est plus libéral que d’autres. Mais l’original vaut
toujours mieux que la copie. La fausse nouvelle s’apparente « aux fake
news » de M.Trump qui ne croit qu’en ses propres informations (on est
toujours mieux servi par soi-même) et à son combat contre les médias américains.
On constate donc que la justice dispose des moyens de
droit pour sanctionner les menteurs, ou
ceux qui ont des convictions à géométrie variable, et embarquent les électeurs
dans l’erreur, la déception et l’échec collectif. On n’est pas dans le domaine
de la morale personnelle qui est relative et dépend de chacun ou du
comportement privé .On n’a pas à entrer au domicile ni être voyeur dans la
chambre à coucher : on peut avoir commis des erreurs-qui n’a pas fait de
faute ou profité des circonstances ? – et être cependant le dirigeant
adéquat ayant les qualités pour redresser le pays et le remettre sur rails à
destination d’un objectif précis, avec des étapes et en rendant des comptes.
Avec les promesses de bateleur à qui il
faut signer un chèque en blanc, on est dans la parole publique, celle qui
engage et entraine la conviction des électeurs. Que les vertueux tous les jours
et depuis leurs débuts constituent un club ou un parti politique et présentent
un programme. Robespierre voulait le
citoyen parfait. Il a créé la terreur et a fini sur l’échafaud .M.Raymond Barre
ancien premier ministre avait déclaré que les promesses n’engagent que ceux qui
y croient. C’était plutôt cynique mais vrai à l’époque. Celle-ci est révolue .
Le citoyen navigue à vue lui qui s’était habitué à être déçu, et qui
est aussi versatile avouons le, ce qui expliquerait son attrait pour les
extrêmes ou les votes inutiles ou son désir d’abstention ce qui n’est ni raisonnable ni responsable quand
on est citoyen d’un rare pays sans guerre civile ou autre dans le monde ,où la
démocratie est réelle, vivante, et le peuple écouté, même si ce n’est jamais
assez. Il doit donc choisir avec raison et ne pas se laisser aller à son affect car le
candidat idéal à 100% dans tous les
domaines est une utopie. A l’heure du terrorisme, des menaces de toutes
natures, des difficultés économiques et sociales, ou d’identité et de culture
française, le citoyen doit se ressaisir et être responsable de lui-même et des
autres .On ne peut se permettre un pari et un vote à l’aveuglette.
SI les juges deviennent les arbitres de la vie
démocratique, et sanctionnent mensonges et contre-vérités sommes nous prêts à
ce grand chambardement ? Pourraient ils aussi sanctionner le président de
la république élu sur un programme qu’il
n’appliquerait pas, ou changerait en raison des circonstances. Le débat est
ouvert mais il faudra changer la constitution ce que proposent des candidats
qui veulent pouvoir révoquer en cours de mandat un élu, sur pétition d’un petit
pourcentage des électeurs. On va droit à l’instabilité.
Notons que les juges aussi changent souvent d’avis et de
raisonnements. Cela ne s’appelle pas des « mensonges » ou des
reniements, mais des revirements de jurisprudence. Et que se passerait-il si
c’est l’électeur qui change d’avis ? Après avoir porté un candidat au
pouvoir ,s’ il considère qu’il s’est trompé,
que l’élu fait aussi mal voire plus mal que son prédécesseur et que son programme conduit à la catastrophe,
et qu’il faut changer de président à peine installé, qu’il
« dégage » : faudra -t -il
saisir la justice ?
Si le peuple est changeant faut-il appliquer la parole de bertolt
Brecht auteur notamment de la
résistible ascension d’Arturo Uy : « puisque le peuple vote contre le
gouvernement il faut dissoudre le peuple ».
L’avenir de la justice en matière de promesses
électorales est donc grandiose si l’on considère que la parole donnée par le
politique est d’ «
évangile » c'est-à-dire vaut contrat et qu’en cas de non respect ou
d’inexécution la responsabilité du candidat élu est engagée. On peut rêver. En
attendant le 7 mai 2017, carpe diem comme l’écrivait le poète Horace (23-22 av.
JC.).
jeudi 2 mars 2017
Justice pour qui et pour quoi ?
Justice pour qui et pour quoi ?
Par Christian FREMAUX avocat
honoraire et élu local
Chacun
d’entre nous entend régulièrement des cris pour que la justice passe, pour
théo, pour traoré , pour tel ou telle, évidemment victimes lors d’un évènement grave, qui scandalise le
public, soulève l’émotion avant la raison,
et qui nécessiterait une réponse judiciaire dans l’immédiat. On n’attend
même pas que l’enquête ait lieu, qu’elle apporte des éléments avérés puisque on a des images soit filmées par un
passant ou un observateur quelconque a priori neutre ? soit par un
participant des faits, et qui sont relayées en boucle par les médias qui
sélectionnent les actes les plus frappants, si je puis dire ! On accuse
sur le champ , on désigne le coupable et on somme la justice de se saisir et de
sanctionner au plus vite car les faits ne seraient pas discutables. Lorsqu’il
s’agit le plus souvent, d’arrestations par la police dans une cité, d’un
contrôle d’identité qui tourne mal, on crie aussitôt à la bavure policière et
pour faire encore plus pression sur les juges on organise des marches dites
blanches alors même que les faits ne sont pas vérifiés, comme si la répétition
de l’indignation et de l’émotion valait preuve. Bien sûr quand lesdits
policiers sont victimes de tentative d’assassinat ou d’agression, la compassion ne se fait pas
entendre car après tout pour certains ce sont les risques du métier et un
policier est forcément « coupable » de quelque chose ne serait ce que
de porter l’uniforme donc de provoquer, et faire respecter la loi. D’ailleurs au plus
haut niveau de l’Etat on le voit : on rend visite à la victime - citoyen par définition innocent, et on
ignore les policiers qui n’ont pas
besoin d’être encouragés et protégés. Et après on ne comprend pas les mouvements
d’humeur des policiers qui globalement se sentent délaissés et pas soutenus par
les politiques, l’ensemble des citoyens et leur hiérarchie ! La balance
aurait besoin d’être rééquilibrée, au moins sur le plan moral car la responsabilité ne se découpe pas en
parts inégales. Bien sûr quand il y a bavure avérée, ou abus de pouvoir
flagrant, ou discrimination au faciès, les policiers doivent être poursuivis
par les tribunaux et condamnés si leur culpabilité est reconnue. D’ailleurs
l’inspection interne est sans complaisance et un policier suspecté est immédiatement suspendu. Je compatis avec toutes
les victimes réelles car rien ne justifie la violence, même si elle est souvent réciproque et qu’une interpellation se passe rarement
dans le calme et la bonne volonté. La justice est donc au centre des débats et
parfois on a des surprises : par exemple la victime est compromise avec sa
famille dans un trafic, ou une infraction quelconque ,est déjà poursuivie par ailleurs et n’est pas
l’ange que l’on a décrit .Cela n’excuse pas la violence qu’il a subie, mais
atténue l’image idyllique de l’individu
que l’on a encensé quelques jours plus tôt. Le rôle de la justice est
donc essentiel car il ne faut jamais s’enflammer et il est préférable
d’attendre un peu que les juges aient fait leur métier et aient donné des
conclusions , avant de crier au scandale, à la bavure , et à la sanction forcément exemplaire du ou des coupables sur la place publique, et à
la télévision transformée en salle d’audience permanente avec des procureurs
auto-proclamés qui ne s’excusent pas et n’ont aucune responsabilité si le
prétendu coupable ne l’est plus ou pas comme
il avait été annoncé. La présomption d’innocence semble être un mot
grossier car on veut que le coupable désigné reconnaisse spontanément les faits, s’excuse en public, et paie la
corde qui servira à le pendre, je veux dire l’envoyer derrière les barreaux
pour le moins. Quand la personne poursuivie avance des arguments de droit ou
conteste les faits, donc se défend avec son avocat, ce qui dans un état de
droit est le minimum dont tout un chacun
profite, on s’indigne ; comment ose- t -il
gagner du temps, comment ose -t -il nier ce que l’on a vu à la
télé ; comment ose –t- il nuancer les faits, ou les expliquer, ou montrer
qu’il n’y avait pas d’intention volontaire ?… Quand certains réclament
justice, il faut donc entendre l’exigence de la condamnation urgente de celui qui est
poursuivi, sans même respecter les règles de procédure qui ne serviraient à rien sauf à retarder l’échéance, ou vérifier
que les éléments constitutifs de l’infraction sont réunis, ou démontrer que tel
acte était volontaire ou non, sans tenir compte non plus de l’ambiance
générale, du contexte, des menaces diverses ou autre circonstance qui peut devenir atténuante .Pour
les plus excités ou exigeants il s’agit de rendre une justice expéditive pour
leur faire plaisir, prouver qu’ils ont raison en dénonçant un racisme permanent[sic] d’Etat représenté par
les forces de l’ordre, ou des discriminations qui les empêchent de réussir dans
la vie, et déplorer des territoires oubliés par la république –malgré les milliards de la politique de la
ville –et ainsi de justifier le sac des
boutiques du quartier, leur pillage, la destruction d’immobilier public,
violence inadmissible qui doit être fermement condamnée .La douleur ou le
sentiment d’injustice ne peuvent légitimer toute réaction destructrice. Alors
que d’autres pensent au bien comme ce jeune qui a sorti d’une voiture en flamme
un enfant et l’a sauvé, ce qui mérite une récompense pour cet acte positif de
courage et permet de ne pas douter de la nature humaine.
Mais la justice n’est pas faite pour calmer les plus
radicaux dans l’immédiateté des faits , dans les heures qui suivent.Il lui faut du
temps pour ses enquêtes et dire le
droit et donc désigner les coupables que le tribunal va juger, mais aussi reconnaître les innocents car le
juge d’instruction instruit à charge et décharge ce qu’il ne faut pas
oublier .La justice est rendue au nom du peuple français par des
magistrats dits du siège , (car ils sont
assis) qui sont indépendants de tout
pouvoir notamment le pouvoir exécutif. Elle ne
se prononce pas pour donner raison à
tel ou tel groupe social ,telle communauté, telle fraction du peuple.
Elle applique le droit c’est-à-dire les lois votées par les parlementaires qui se déterminent en fonction de l’intérêt
général. Dans une démocratie la place de la justice est fondamentale et il faut
que l’on cesse de remettre en cause et son utilité et sa légitimité en fonction
de nos choix partisans. Les magistrats qui sont des citoyens ont le droit
d’avoir des convictions .Il leur est demandé seulement d’être impartiaux dans
leurs décisions et de ne pas y introduire
des avis moraux ou politiques personnels. La justice ne s’oppose pas au pouvoir politique et il ne doit
pas y avoir la confrontation de deux légitimités : celle du suffrage
universel et celle des juges. Ce débat dure depuis très longtemps et aucun
parti politique de droite , de gauche, ou du centre, a voulu le régler. Le
conflit justice-politique s’est exacerbé au fil du temps, et de la mise en
examen de plus en plus de responsables,
des puissants comme pense le quidam. Certains
estiment que la justice est noyautée par des juges politisés à
l’extrême-dits rouges-, qui prennent en otage la vie sociale, les élections et veulent influer sur le
pouvoir exécutif en imposant leur vision de la société et ce qui doit être le
bien. C’est certainement vrai pour une
infime minorité des magistrats mais on doit faire confiance à tous les autres
juges qui sont républicains, politiquement neutres, appliquent
la loi, et ne cherchent pas à modifier le cours de la vie démocratique.
Il ne peut y avoir compétition entre le pouvoir exécutif et l’autorité judiciaire,
même si par ses décisions elle peut
faire de la politique comme M.Jourdain faisait de la prose sans le
savoir . Le but de la justice est de faire respecter la loi et quand celle
–ci est peu claire ou qu’il y a un vide
juridique de l’interpréter ou de combler les manques, par la jurisprudence qui
peut être certes quelque peu orientée. Mais comment faire puisque les
magistrats sont des hommes et des femmes qui ont une conscience, des
responsabilités et réfléchissent ? L’application de la loi concerne tout
le monde le citoyen de base comme l’élu et il ne peut y avoir deux poids et
deux mesures. Le débat sur la suspension des poursuites ou non pendant la campagne présidentielle est significatif. Certes il n’y a pas de
texte légal à ce sujet, mais on s’était
habitué à un usage républicain selon
lequel la justice suspend ses investigations pendant le temps réservé au débat
démocratique. Il semble qu’avec le dossier Fillon en accord avec l’opinion qui
rejette toutes les élites et les privilèges, les juges ne soient plus d’accord pour s’effacer et qu’ils considèrent que la justice doit passer quelque soit le
moment. Cela se discute même si cette
innovation correspond à un mouvement de fond selon moi, et la précipitation des
juges d’instruction à vouloir, semble-t -il,
mettre en examen M .Fillon (
peut être car ce n’est pas joué juridiquement d’avance le statut de témoin
assisté existant ) , après une saisine ultra rapide du parquet financier
national et une enquête flash, ne parait
pas être un gage de sérénité pour apprécier des faits qui sont légaux, anciens, usuels au
parlement, même si moralement M.Fillon a admis qu’il n’aurait pas du le faire.
Le juge peut il apprécier le travail d’un assistant qui relève pour moi uniquement de
l’employeur. ? Pourra - t -on étendre ce genre d’enquête à des employeurs
privés ( La patron de la revue des deux mondes est poursuivi pour abus de bien
social) voire au niveau de rémunérations parfois extravagant de quelques grands
patrons du CAC.40 . ce qui serait une immixtion dans l’entreprise et une
nouveauté juridique inquiétante en matière de propriété et de direction
de sociétés? M.Fillon a déclaré qu’il se rendrait à la convocation des juges
d’instruction. C’est normal dira-t-on car il est un justiciable comme un autre,
mais une fois n’est pas coutume tandis
qu’une représentante d’un parti politique qui s’estime aux bords de la prise du
pouvoir refuse de se déplacer ne
serait-ce qu’à la police. On peut aussi
se réjouir qu’un homme politique éminent prenne ses responsabilités sans faire
état de son immunité parlementaire et
accepte de répondre aux questions des
juges dans une période décisive pour lui et la démocratie pour faire reconnaitre qu’il n’a
commis aucune infraction .M.Fillon s’il
est élu président de la république , sera garant de
l’indépendance des magistrats et des institutions dont la justice .Il vient de
faire la preuve qu’il est un homme
d’Etat renforcé par l’épreuve personnelle qu’il traverse puisqu’il se rendra
à la convocation des magistrats instructeurs qui sont indépendants, ont lu le
dossier avec une célérité dont il faut se féliciter, semble s’être tous les
trois fait une opinion provisoire et peuvent mettre M .Fillon ou non en
examen ce qui ne veut pas dire culpabilité . On doit au moins mettre ce courage à son crédit qui est
le respect de la justice bien qu’il conteste divers point fondamentaux de droit
et toute irrégularité.
On ne pourra
donc plus faire l’économie d’un grand débat sur la place de la justice dans les
institutions et il faudra revoir le
schéma sur la séparation des pouvoirs
qui date de 1958 : doit -elle
devenir un pouvoir, et ne plus être une
simple autorité ? comment garantir l’indépendance des juges et leur
impartialité ? qui contrôlera ou non les juges ? et pour les magistrats du parquet (les
procureurs) qui ne sont pas des magistrats comme leurs collègues du siège selon
les rappels fréquents de la cour
européenne des droits de l’homme de Strasbourg, quel statut leur donner pour couper le lien
avec le garde des sceaux donc le pouvoir exécutif ? comment empêcher le
conflit de légitimité avec les élus… ? Ceci nécessitera une réforme
constitutionnelle après des
discussions entre toutes les parties
concernées, y compris les représentants du peuple premier concerné par la
justice de tous les jours . Il faudra aussi donner plus de moyens matériels et humains aux juges car
le budget de la justice est notoirement insuffisant et indigne de la 6ème
puissance du monde. Tout particulier qui a saisi la justice ou qui se défend a
du déplorer les délais trop longs, la complexité, le coût…
En attendant
la suite des feuilletons judiciaires en
cours, espérons que la campagne des idées , projet contre projet, ne soit pas
éclipsée par le sort d’un candidat et que les médias ne se focalisent pas sur
un dossier judiciaire parmi d’autres, beaucoup plus importants. Certes il y a
une manœuvre évidente pour écarter un candidat mais Il n’y a pas de complot des
juges selon moi : il y a des questions de droit à résoudre, d’ailleurs
peut être en faveur de M.Fillon car on
n’est jamais à l’abri d’une bonne
surprise et d’une appréciation favorable. Il est inutile de se mettre à la place des juges d’instruction qui peuvent
après avoir entendu M.Fillon estimer qu’il n’y a pas lieu à poursuites ou
mise en examen, car les indices graves
et concordants exigés par les textes
n’existent finalement pas ou ne sont pas suffisants en l’espèce .Et
finalement plus tard, quand ils veulent, prononcer un non lieu. Mais c’est la
coïncidence entre le calendrier électoral
qui obéit à un temps court qu’on
ne peut modifier et le calendrier judiciaire qui peut être accéléré ou non
selon la seule volonté des juges qui pose problèmes. Une candidature à
l’élection majeure démocratique ne peut dépendre des juges qui ont décidé de
raccourcir de façon inédite-même si c’est évidemment légal-les délais de comparution, toutes autres affaires cessantes comme si il n’y avait pas de dossiers plus graves
, contrairement à la pratique
journalière et faire ainsi une exception –défavorable- pour M. Fillon. Le soupçon
de partialité et de vouloir peser sur la présidentielle ne peut ainsi
pas être écarté , ce qui n’améliorera pas l’image de la justice. Ce qui
compte pour les 5 ans qui viennent
c’est que l’élection présidentielle de 2017 ne soit pas faussée, que le
représentant de millions de citoyens qui veulent le changement puisse s’imposer
en convaincant, et qu’il n’y ait pas un élu par défaut ou par rejet des autres. On
doit élire un candidat par choix et conviction et non par désespoir. Il
y aura ensuite les élections législatives et quelque soit le président élu il
lui faudra une majorité solide s’il veut réussir par des réformes structurelles et donc améliorer le destin des français. Car n’oublions pas qu’au-delà de la
personnalité élue qui naturellement doit être légalement irréprochable, nous
devons avoir un président qui fait
bien « le job » sans être forcément un paragon de vertu –même
si c’est cynique de l’écrire ainsi. On est déjà désabusé car on a eu un président
« normal » et il y a beaucoup
à dire. On veut un président qui annonce
la couleur, applique son programme qui doit être pragmatique et ne pas essayer
de réenchanter nos rêves, qui assure la
sécurité ce qui implique que la justice fonctionne parfaitement, qui prend les mesures urgentes de redressement
économique et social et de remise
générale en ordre, y compris sur les
valeurs républicaines classiques, dont la laïcité qui peut éviter le
fractionnement de la nation en communautés. La justice passe toujours pour
tracer les limites pour tous de ce qui est interdit ou non, pour sanctionner ceux qui ne respectent pas
la règle commune ou qui attentent aux intérêts supérieurs de la nation. Elle
doit être aussi exemplaire et ne pas participer même en respectant ses pouvoirs
à ce qui apparait comme un parti pris. S’il se faisait que l’élection
présidentielle a été viciée par l’irruption provoquée -je ne sais pas par qui - des juges , certains
ne manqueraient pas de les accuser d’avoir « manipulé » les
électeurs. N’ajoutons pas à ce qui est la confusion politique actuelle, dans
tous les camps d’ailleurs, un désastre
judiciaire. La justice comme la femme de césar doit être insoupçonnable. Nous
sommes dans une crise de défiance généralisée. Il faut bâtir une société de
confiance et de respect de l’autre.
mercredi 8 février 2017
Et si on faisait du droit ?
Et si on
faisait du droit ?
Par Christian
Fremaux avocat honoraire et élu local.
Si l’on met
de côté l’aspect moral de ce que l’on appelle l’affaire Fillon car chacun peut
penser ce qu’il veut des conditions légales d’emploi et de rémunération de Mme Fillon
il faut s’attacher à l’autre volet du dossier celui qui concerne le droit..En
effet qui peut juger à part son patron ? N’ y -a -t -il pas du travail au noir,
des revenus en espèces et pas déclarés, quelques triches avec les notes de
frais, enfin tout ce qui fait le « charme de l’existence » et qui ne
nous parait pas être une fraude car les montants sont minimes .Certains sont
maximalistes et je ne sais pas jusqu’où il faut aller. M.Bayrou dont le
parcours sous des airs vertueux s’apparente à de l’opportunisme, est hypocrite car
il a été député, ministre et a vécu de ses mandats, sauf erreur. Il est aussi sinueux
–est-ce-bien moral de tromper ou d’abuser les électeurs -? une fois à droite
en acceptant l’aide de M.Juppé pour conquérir la mairie de Pau ,puis une fois à
gaucheen appelant à voter contre M.Sarkozy, puis désormais pour lui-même, et accuse M.Fillon d’être sous domination des
puissances d’argent pour avoir eu une société de conseil qui recevait des honoraires, conseillait une compagnie
d’assurance et des chefs d’entreprise riches. Tous les consultants professions libérales, hommes d’affaire
–y compris ceux qui sont comme M. Hollande , M.Montebourg, M.DSK et d’autres tous avocats - doivent se
retourner et bondir de leurs profonds fauteuils. Je ne parle même pas de
M.Macron conseil en fusion- acquisition de la banque Rothschild. L’argument de
M.Bayrou est nul et médiocre et peut être devrait il se regarder dans la glace
lui qui est un professionnel de la politique qui pourrait détailler son
patrimoine, composé a priori d’une maison, d’un tracteur et de bêtes ? Que
celui qui n’a jamais péché jette la première pierre, sur celui qui profite de
quelques occasions, légales de préférence bien sûr. Il serait
naturellement hautement souhaitable qu’un
candidat à une fonction publique très importante, même pas celle de président
de la république, prouve qu’il est sans tache -qu’il n’a pas hérité de fortune
ou de biens suspects par exemple- et que
son parcours a été immaculé par des fréquentations exemplaires n’attendant aucun
retour pendant des années. Il faudrait organiser les primaires de la vertu !
Car avant d’être candidat à la présidentielle il a fallu exister pendant des
dizaines d’années, aller de victoires en défaites, beaucoup investir politiquement donc dépenser, vivre professionnellement;
assurer son avenir et celui de sa famille comme tout quidam. Faudrait- il n’avoir
comme candidat qu’un « pauvre »,célibataire, sans enfant , sans animaux,
sans logement, sans voiture avec fonction , sans diplôme qui lui permet d’avoir
de confortables revenus, sans expérience parlementaire, étatique, de hauts
fonctionnaires ou d’entreprise, sans
rien connaitre du pouvoir ou des pouvoirs qu’il doit dominer. Cela n’excuse
évidemment pas tout dérapage ou abus mais dès l’instant que
c’est légal et que seules les conditions d’application sont moralement
contestables-et encore faut il le démontrer -il faut savoir ce que l’on veut ? Imagine-
t- on que l’on aura des candidats députés ou sénateurs qui répondront à un zéro
faute et à un examen d’innocence dans tous les domaines, ou a l’absence de tout reproche possible, y compris
sur les mœurs, l’origine, la religion, les idées : on ouvre la boite de
pandore si tel est le cas .La démocratie est un régime fragile et d’équilibre où l’éthique est au centre des
débats mais où l’exagération et la démagogie devraient être bannis. Que l’on se
rappelle que dans les pays où il y a une police de la pensée ou un ministère du
vice et de la vertu, ou des interdictions diverses, c’est le totalitarisme qui
règne et les libertés de tous sont en
cause. Je ne veux pas de big brother en France, ni de journalistes qui lavent
plus blanc que blanc, en étant à l’abri de toutes poursuites avec l’exigence de transparence qui conduit au
lynchage ou à la lapidation
et à la dénonciation publique .La moralité est à géométrie variable et elle est très personnelle. Ce que d’aucuns
estiment être le mal , est le bien pour l’autre ou l’acceptable. On ne vicie
pas une élection démocratique majeure à partir d’arguments filandreux qui ne
correspondent d’ailleurs pas au droit qu’il va bien falloir aborder. Et on ne
doit pas instrumentaliser la justice pour éliminer un candidat qui représente
l’espoir de millions de français. L’erreur de M.Fillon et il s’en est excusé-même
si cela peut sembler court- mais il ne va pas se pendre en direct à la
télévision alors qu’il sait avoir
respecté la loi- est d’avoir cru que puisqu’il avait le droit d’employer ses
proches (hautement diplômés ) le niveau de rémunération – certes élevé par
rapport aux normes des travailleurs actuels- était de sa responsabilité,
d’autant plus qu’il ne dépensait pas toute l’enveloppe qu’il recevait comme les
autres parlementaires. Bien sur chacun d’entre nous souhaiterait pouvoir
employer son fils ou sa fille comme stagiaire en étant très bien payé ou sa femme
comme collaboratrice avec un salaire conséquent. Certains peuvent le faire (par
exemple dans leur entreprise) mais ce n’est pas une raison pour accabler
M.Fillon . La comparaison n’est pas un
délit et regretter ce qui est légal non plus. En revanche si la loi est injuste
et conduit à des excès il faut la changer , et peut être ne pas demander
aux parlementaires d’être juges et parties. La cour des comptes qui vient encore
de dénoncer diverses anomalies d’utilisation légale de l’argent public, pourrait être compétente à ce sujet ?
Sortons donc du feuilleton (la méthode du canard enchainé consistant à publier du
« nouveau » chaque semaine est- elle morale, alors que la justice devrait
tout avoir ?) de l’indignation , de l’émotion , de pseudos révélations qui
n’ont qu’un but, empêcher M.Fillon d’être candidat à l’élection présidentielle
et examinons le droit qui est neutre,
avec des règles objectives pour tous, sauf si des juges l’interprètent
dans un sens orienté ce que je ne peux imaginer ! même s’il ne faut jamais
être naïf. Faisons maintenant du droit.
Je suis
conseiller prud’homme depuis des années dans la section encadrement et je juge
fréquemment des conséquences d’un licenciement c'est-à-dire la fin d’un contrat
de travail de droit privé, ce qui est le cas pour Mme Fillon même si elle a été
payée par des fonds publics. Puisqu’il n’y a pas de convention collective nationale du travail à l’assemblée
c’est le droit du travail qui s’applique : le salarié en fin de contrat (
un CDI par exemple ) sauf faute grave ou lourde a droit à des indemnités de
préavis, congés payés, ancienneté qui sont variables en fonction du salaire.
Plus celui-ci est élevé plus le total est lourd .C’est un calcul
mathématique fait par l’employeur en l’espèce l’assemblée nationale. Il n’y a
pas de triche, c’est le droit. Quand il
y a un procès et que le conseil de prud’homme
juge qu’il n’y a pas de cause réelle et sérieuse il accorde en plus des
dommages intérêts qui peuvent être conséquents, (tous les employeurs le
déplorent) même si le salarié a retrouvé un travail dès le lendemain de son
licenciement y compris avec un nouveau travail mieux payé. C’est la jurisprudence
de la cour de cassation. Que Mme Fillon ait reçu des indemnités de licenciement
est la simple application du droit. Les journalistes qui bénéficient en matière
de travail d’un statut favorable, et dérogatoire avec une clause de conscience (article
L.7112-15 du code du travail) qui leur permet de démissionner en touchant des
indemnités devraient être plus justes et modestes en rappelant ces faits. Que
par ailleurs Mme Fillon ait « cumulé »parait –il quelques mois
deux emplois est une question d’organisation, car le travail intellectuel et de
conseil n’est pas la mine ou la chaine et de nombreuses personnalités comme des
ministres y compris actuels le sont à
100% jour et nuit et y ajoutent leur
présence dans leur circonscription dans la semaine et le week-end. Qui le leur
reproche ? Imposer la durée maximale de 48 heures par semaine ne correspond à rien dans certaines
activités. Seul M.Hamon qui propose les 32 heures et le revenu universel
pourrait émettre cette critique. Je plaisante bien sûr s’il est permis de sourire tant les
reproches contre M.Fillon sont détachés de toute réalité.
Après un
moment de sidération où M.Fillon a été sonné par l’attaque brutale du canard enchainé et la curée médiatique, ce que l’on comprend
,et a répondu évasivement car il ne comprenait pas le
procès en sorcellerie qui lui était intenté et la distinction entre le
légal et la décence c’est-à-dire le
niveau des salaires versés dans un pays qui souffre du manque de travail et de
salaires trop bas pour la plupart des travailleurs –travailleuses comme le
disait Arlette Laguiller, ainsi que le rapport ambigu que les français ont avec
l’argent des autres , M.Hollande ayant décrété que l’ennemi c’est la finance !,
il a réagi et ne s’est pas résigné car il
a estimé que l’attaque était injuste.Il a décidé par ses brillants avocats de s’intéresser à la compétence du
parquet financier national qui avait été plus rapide que l’éclair à s’autosaisir
à partir d’une simple publication de
presse, sans plainte de qui conque, sans que l’assemblée nationale ne réagisse,
sans que le fisc prétende que les impôts sur salaires n’avaient pas été payés
ou qu’on suggère que les organismes
sociaux avaient été floués .Il est possible que l’assemblée ou son bureau
auraient dû être préalablement saisis pour une enquête interne, une décision de
déposer plainte pour emploi fictif, et qu’ensuite et seulement ensuite le
parquet national financier soit saisi et
ouvre une enquête ? Ce serait un cas de nullité de l’enquête .On peut
envisager aussi que le délit de détournement de fonds publics ne s’applique
pas à un parlementaire, comme certains professeurs de droit pénal le
soutiennent .On entend des détracteurs dirent que puisque M.Fillon commence à « ergoter » en droit , sur la
procédure et les éléments constitutifs des délits visés , c’est qu’il est coupable ! Et la présomption
d’innocence ? C’est un comble car chaque individu dans notre état de droit pour
un litige banal, peut contester devant
les juridictions compétentes les incriminations qui lui sont faites et obtenir
satisfaction : il ne suffit pas de prétendre, d’accuser, de fournir des
éléments orientés pour avoir raison et de se laisser condamner pour faire
profil bas. L’accusation doit prouver les délits c’est une règle de droit pénal
de base, et le justiciable n’est pas là pour faire plaisir aux juges, même
s’ils les respectent cela va sans dire. Le combat judiciaire commence donc et sauf éléments que je ne connais pas
–puisque comme beaucoup je commente sans avoir accès au dossier et je ne suis
informé que par les déclarations des uns et des autres- Je ne pense pas que M.Fillon puisse être mis en examen avant
l’élection présidentielle. D’abord il serait anti- démocrate de saisir maintenant dans le contexte
électoral un juge d’instruction qui se précipiterait pour mettre en examen
M.Fillon pour l’éliminer d’office car il tiendrait sa parole ! Ce serait
suspect et une véritable immixtion de l’autorité judiciaire dans un scrutin majeur
démocratique. D’autant plus qu’il n’ y a aucune urgence puisque les faits sont
anciens, voire prescrits, n’ont jamais été contestés par aucune autorité à ce
jour, posent des problèmes de droit puisque la légalité a été respectée.
M.Fillon pourrait exercer des recours en appel et en cassation on ne peut lui
retirer les droits de la défense . Ensuite je crois qu’il doit y avoir un
classement sans suite puisqu’il ne suffit pas non plus de « démontrer »
, comment d’ailleurs ? qu’il n’y a eu aucun travail tangible de Mme
Fillon ; seul son employeur le sait et peut s’en plaindre puisqu’il est le donneur d’ordre
et peut le prouver, et un travail auprès de
M.Fillon qui est un homme politique par
son épouse et ses enfants ne se mesure pas comme pour un salarié classique. On
l’a assez dit, surtout ses
collègues parlementaires-y compris de
gauche- qui ont utilisé la même méthode et les mêmes opportunités. S’il faut
changer la loi faisons le mais que les parlementaires ne soient pas juges et
parties. Qu’un corps, indépendant des assemblées vérifie les contrats , la réalité
du travail et lève toute incertitude. Je ne doute pas que M.FILLON élu
président s’attachera à cette réforme qui rassurera les français.
Se pose
aussi le problème des médias. J’ai entendu sur BFM mardi 7 février mon excellent et talentueux confrère Dupond Moretti –qui
n’est pas l’avocat de la famille Fillon- rappeler des évidences en droit,
accuser des journalistes du Monde d’avoir reçu des PV de l’enquête pénale et
s’interroger pour savoir qui les leur
avait remis ; les enquêteurs, le parquet , un fantôme, qui ?
sachant qu’à ce stade de la procédure les avocats de M.Fillon ne possèdent pas
de copies pénales. Certes les journalistes bénéficient de la protection des
sources et peuvent attaquer ou dénoncer ce qu’ils veulent selon leurs opinions ou convictions en nouveaux justiciers ou
procureurs que certains sont devenus, en toute impunité. Mais ils doivent être
aussi irréprochables puisqu’ils font la leçon aux autres. Le parquet ouvrira
peut être une information pour violation du secret de l’enquête et savoir d’où
vient la fuite. Tout ceci ne crédibilise pas l’accusation.
Si on
raisonne en droit il n’y a rien à voir ni à attendre. M.Fillon est le candidat légitime
de la droite républicaine qui triomphera
en mai , je l’espère.
Cessons la
chasse à l’homme qui devient indécente et retrouvons notre sérénité. Nous avons
besoin d’un vrai débat d’idées, d’explications –je récuse le terme promesses
qui ne sont pas souvent tenues ou alors pour notre malheur-pour bâtir une
France qui gagne pour tous, pour sortir de cette défiance généralisée , pour
unir tous ceux qui veulent s’en sortir, faire la grandeur de la France et lui rendre sa fierté , et ne pas
laisser à nos enfants des dettes encore plus importantes. Abordons donc la
politique, du choix entre les hommes et les programmes pour notre avenir commun
qui n’est pas fictif. Seule cette exigence démocratique compte. Profitons en
pour parler de la justice, de sa place , de ses moyens, pour qu’elle devienne
insoupçonnable. Mais qu’elle ne soit pas
dans l’histoire, à partir d’un dossier monté de toutes pièces bancal et inconsistant
en droit ,celle qui aura fait manquer son destin aux français. Son aura ne
sortirait pas grandie. J’ai confiance
dans les juges qui sont républicains et
ont le sens de leur responsabilité. Il sera temps après l’élection si c’est
nécessaire, de revenir sur des règles
devenues obsolètes et qui ne sont plus
acceptées. Mais que la morale pèse de ce qu’elle représente : une théorie
de l’action humaine en tant qu’elle est soumise au devoir et a pour but le
bien. Ce n’est pas un bulletin de vote stricto sensu, sinon on a des surprises.
mercredi 1 février 2017
De la nécessité d’une justice insoupçonnable
De la
nécessité d’une justice insoupçonnable
Par
christian FREMAUX avocat honoraire et élu local.
Plus on
parle de la justice et plus je me réjouis car il va bien falloir qu’un jour on engage
un vaste débat de fond sur ses moyens, sa légitimité, et sa place dans un état
de droit. On sait que la justice est en faillite , qu’elle est critiquée de
toutes parts, qu’on la croie politisée à outrance, et qu’on ne lui fait pas
confiance surtout si l’on a perdu un procès ou qu’un ami (politique ) est mis
en cause. Mais on a la justice que l’on mérite et si on ne veut pas la réformer
et lui donner des moyens modernes et conséquents de fonctionner il y aura
toujours des insatisfactions et toutes
les lois que l’on vote si elles ne sont pas appliquées et arbitrées ne serviront
à rien .Le dossier de M.Fillon illustre mon propos. C’est Guy Mardel qui
chantait avec grand succès, jadis, « n’avoue jamais » ce que parfois
les avocats conseillent à leurs clients. Mais faute avouée est à moitié
pardonnée, parait-il, et je le confesse : je voterai en mai pour le candidat
de la droite républicaine libérale et conservatrice ce qui est compatible (lire
mon blog : fremauxchristian.blogspot.com du
4 /12/2016 : « to be or not to be libéral et
conservateur »). Je suis donc partial et partisan. Cela n’empêche pas de
réfléchir en morale comme en droit à ce qui est, aux procédures en cours, en
toute objectivité, du moins je le pense. Je m’étais interrogé dans un article de
mon blog du 5 septembre 2016, donc bien avant ce qui défraie la chronique pour
savoir si « la justice pénale fait-[elle ]l’élection » donc du
rapport entre la justice et la politique, ou l’opposition entre les juges et
les citoyens (surtout les militants). J’avais conclu que « comme
l’hirondelle la justice ne fera pas le printemps en mai 2017. Mais elle peut
couvrir d’un manteau d’hiver divers postulants à la présidence de la
république, ce qui les entravera dans
leurs envolées pour nous convaincre ». A l’époque j’avais réfléchi à
partir des cas judiciaires de MM.Cahuzac
et Sarkozy. J’ai été rattrapé par l’actualité avec M.Fillon qui me
paraissait être à l’abri de toute investigation des juges ! et ayant gagné haut la main la primaire de la
droite avec un programme de réformes audacieux et la volonté de bousculer les
acquis, les privilèges (tous y compris ceux des parlementaires) et les
habitudes .Comme quoi on peut se tromper
sur les hommes même si j’espère que la dénonciation est calomnieuse et que M.Fillon
sortira de cette épreuve encore plus fort, ce qui lui permettra de se pencher
aussi sur le sort de la justice puisqu’il
en aura apprécié les fourches caudines .La réalité dépasse toujours la
fiction, et la présomption d’innocence est
piétinée par une information inattendue
tirée d’un organe de presse, qui vaut « preuve » selon le
tribunal de l’opinion - un journaliste n’ayant pas à dévoiler ses sources ce qui est fondamental -
presse qui est moins rapide à s’excuser et à réparer les dégâts lorsqu’il y a
un non-lieu ou un classement sans suite. Personne n’est dupe de la manœuvre
politique à trois mois de l’élection. Mais s’il n’y avait pas eu des faits même
très anciens peut être prescrits d’ailleurs ? datant pour les premiers de
1988 d’après ce que je lis, la justice n’aurait pas réagi .Il n’y a pas de
complot mais une volonté politique de ne pas faire élire le candidat désigné en
lui renvoyant la monnaie de sa pièce : l’honnêteté concerne tout le monde
et quand on parle de morale, il faut être irréprochable, ce dont –comme
militant-je ne doute pas pour M.Fillon. N’accablons donc pas les juges(ceux du
parquet seulement en l’espèce)de faire leur travail et examinons les questions
en jeu à savoir : qu’est une enquête préliminaire, et peut on commettre
une infraction ( le détournement de fonds publics par un travail fictif) alors
que l’emploi d’un assistant parlementaire
est légalement discrétionnaire,
contrôlé par le parlementaire exclusivement et même pas par l’assemblée
qui est le payeur? .Si la loi est floue
il n’y a pas forcément un loup, et des dizaines de parlementaires de toute
tendance politique vont devoir se justifier. Quel séisme dans les familles et
dans l’antre de la fabrication de la loi et des « privilèges » des
parlementaires, qu’il va falloir modifier … pour l’avenir. En lavant plus blanc
que blanc , le linge devient -il gris ou incolore comme le disait à peu près
Coluche pour les lessives ?.
Une enquête
préliminaire est prévue aux articles 75 et suivants du code de procédure pénale.
Elle résulte le plus souvent d’une dénonciation formelle, d’une plainte d’une
victime qui prétend avoir subi un préjudice ou que l’on a voulu lui nuire ,ou
elle est ouverte d’office par le parquet qui se trouve dans chaque TGI. sur le
territoire. Elle est confiée à la police et a pour but d’éclairer le ministère
public (les procureurs, magistrats chargés de faire respecter la loi au nom de
la société) sur le bien fondé d’une poursuite, ou non. On est dans le soupçon.
Chacun connait aussi le flagrant délit, ou le crime flagrant. Le délai de
l’enquête doit être raisonnable : de 6 à 12 mois selon l’article 77-2 du
code de procédure pénale. La garde à vue est possible, avec recours à un avocat
dans ce cas. Mais on a créé spécialement
un parquet financier national pour les infractions d’envergure plutôt complexes
, comme les affaires de corruption, de marchés publics frauduleux, de fraudes
fiscales, de blanchiment et en l’occurrence de détournements d’argent public.
Le parquet financier national n’a pas à justifier de ses saisines d’office,
plusieurs dizaines d’enquête étant en cours actuellement .C’est Mme Éliane
Houlette qui est la cheffe depuis 2014 du parquet national financier, sous l’autorité du procureur général de paris. Laissons donc faire la justice
qui prendra ses responsabilités et qui, quelle que soit sa décision sera
critiquée ; si elle classe sans suite le dossier de M.Fillon la droite
exultera mais on accusera la justice de n‘être pas courageuse voire
instrumentalisée ou servile en réservant
l’avenir. Si la justice estime qu’il y a des éléments permettant soit de
renvoyer M.Fillon directement par citation directe devant un tribunal
correctionnel, soit de soumettre le
dossier à un juge d’instruction (donc
avec un temps long et une possible mise en examen) la droite criera à la machination
et au gouvernement des juges qui pèseront sur le résultat de la future
élection. Les juges peuvent aussi
estimer que le détournement de fonds publics n’est pas démontré et donc
exonérer M.Fillon, et ne s’intéresser
qu’au travail de Madame Fillon à la revue des deux mondes en estimant que
M.Ladreit de la charrière son propriétaire ne peut utiliser son propre argent
comme il le souhaite et que c’est un abus social de rémunérer cher, une dame
qui collabore occasionnellement et donc de juger ce qu’un employeur doit faire…
dans son entreprise ! Dans ce cas seuls le patron de la revue et sa collaboratrice
Mme Fillon (pour recel) seraient renvoyés devant le tribunal correctionnel. Que
ferait M.Fillon ? Je ne doute pas que naturellement il défendrait sa femme
puisque cette situation est de sa responsabilité, mais n’étant pas lui-même mis
en examen il ne renierait pas sa parole et son honneur ne serait pas atteint.
Je galège bien sûr, car le pire n’est jamais certain et les magistrats sont
suffisamment juristes, diplomates et citoyens pour mesurer leur responsabilité
et choisir la solution qui correspond au droit et à l’éthique. Les justiciables
-citoyens ne comprendraient pas qu’il n’y ait pas égalité devant la loi et il
ne faut pas ajouter à la confusion politique qui rejaillit sur la démocratie un désastre judiciaire qui discréditerait la
justice en plus. Mais le plus simple et le plus satisfaisant est que
M .Fillon justifie du travail de son épouse que l’on n’est pas obligé de
mesurer selon les critères classiques du temps passé, des courriels envoyés,
des cérémonies, des réceptions diverses dans la sarthe, à l’assemblée ou
ailleurs… .Toute personne élue même à
un plus petit niveau localement comme moi ( maire, conseiller départemental ou
régional…) sait combien l’épouse ou la compagne voire les enfants jouent un
rôle important pour les concitoyens
auprès des candidats, des élus , à toute heure, à la maison ou ailleurs, comme
conseil , soutien moral ,familial, politique voire plus et sacrifient leur
propre carrière . Il est donc normal de les rémunérer.
L’opposition
est coite et rase les murs car les élus
de gauche, extrême aussi ou du front national sont dans la même
situation : à compétences égales voire supérieures, puis qu’il n’est pas
formellement interdit d’employer un membre de la famille au sens large, un
neveu ,un cousin, un ami, un copain d’un ami.. .pourquoi vouloir faire un cas
particulier ?. Que pense- t- on des cadres autonomes qui ne font pas les
35 heures(mais beaucoup plus sans remarques) et n’ont pas à justifier de leur
travail, dès l’instant que l’employeur est satisfait ; ou du
télé-travail ; ou de celui qui
voyage en avion ou dans les trains ou sur
la route tout le temps, ou du haut fonctionnaire qui dépend seulement de son
ministre ou de l’Etat même quand il se fait cirer les pompes à l’Elysée… …Ne
commençons pas à être poujadiste et à accabler l’autre payé sur des fonds
privés ou publics même si pour ce dernier cas il faut être encore plus strict .Additionner comme le fait le canard enchaîné les sommes
reçues sur 20 ou 25 années pour obtenir
un total gigantesque et marquer faussement les esprits n’est pas pertinent et
est d’une particulière mauvaise foi : si on cumule les salaires de chacun (notamment
les cadres supérieurs) sur une période aussi longue cela fait des sommes
considérables, toutes proportions gardées, mais ne correspond pas à un abus. On
est dans le registre de la démagogie et
on dénonce les prétendus riches aux smicards. Ce n’est pas un argument de droit
et de haute politique ! Attendons la fin de l’enquête avant de se
féliciter ou de se désespérer et ayons confiance. M . Fillon vaincra. Si
l’on voulait rire on ajouterait que M .Hamon par son revenu universel veut
payer par fonds publics tous les citoyens du pauvre au milliardaire sans aucune
obligation de travailler : serait ce une proposition de loi pour rendre le
travail fictif légal et … encouragé ?
Le droit
français permet de répondre à une autre question : comment ce qui est
légal (faire rémunérer par le parlement un travail d’assistant, sans contrôle
sur ledit travail de l’assemblée ou de la cour des comptes ou de tout organisme
financier public) peut il se transformer en
ce qui serait une infraction pénale ? On a le droit ou non dit le
quidam qui a du bon sens. En France on n’a pas de pétrole mais on a des idées
et les juristes ont l’imagination fertile, surtout ceux qui travaillent à
Bercy. En droit fiscal il y a la notion d’abus de droit que l’administration
invoque quand la légalité a été respectée, mais qu’il y a eu des montages
prouvant que l’on a voulu éluder le paiement de l’impôt. Avec M.Fillon cet
argument ne tient pas. Il est de bonne foi : il a appliqué les règles et
la pratique du parlement. Il est l’employeur et n’a évidemment rien à reprocher
au travail de sa femme (avocate de formation
et spécialiste littéraire), mais surtout partageant tous ses combats et
ses difficultés ou de ses enfants étudiants en droit (comme nombre
d’assistants parlementaires en
fonction) compétents puisque devenus
avocats. Il n’y a donc pas eu d’abus de droit. Rappelons que l’on reproche à
M.Fillon une infraction pénale. Le droit pénal est autonome et d’application
stricte. Le doute profite à l’accusé ; ce sont des principes de base dont
M.Fillon comme tout citoyen doit bénéficier. On peut être tenu pour responsable
financièrement sur le plan civil sans que cela soit une infraction pénale. Et
on peut être condamné pénalement sans avoir de sanction civile et devoir payer
quoique ce soit. Ce sont des constantes de la loi et de la jurisprudence. Tout
juriste sait cela. Tout avocat les invoque. Tout juge doit les appliquer .Quant
à l’argument émotionnel consistant à dire que M.Fillon a fait le contraire de
ce qu’il demande aux autres, chacun l’appréciera s’il est avéré qu’il est
coupable, ce qui ne me parait pas être le cas. En droit civil encore il y a une
disposition qui dit qu’un texte dont la signification
est confuse s’interprète contre celui qui l’a émis. En l’occurrence le
parlement doit balayer devant sa porte : si ses règles appliquées par
beaucoup de parlementaires sont obsolètes compte tenu de l’évolution des moeurs
qui veut la transparence et que les puissants n’aient pas de privilèges et
rendent des comptes, ce qui est légitime pour être exemplaires, il faut les
changer et en voter d’autres, claires, courtes, précises surtout en matière
répressive. Les régimes dits spéciaux (comme les diverses indemnités
parlementaires à usage discrétionnaire)) doivent être supprimés… La réforme en tous
ses états est donc indispensable.
A propos de
changement je reviens à mes propos
d’origine sur la nécessité de rénover la maison justice, civile comme pénale de fond en comble. Dire
que les juges sont indépendants n’a plus de signification réelle .Par
rapport à qui ou à quoi doivent -ils être indépendants ? Faut-il les élire
comme aux USA ?. On se rassure et on veut y croire et ce n’est pas les
juges qui sont en question mais le système. La cour européenne des droits de
l’homme de Strasbourg considère que les procureurs, les membres du parquet,
ceux qui poursuivent, ceux qui enquêtent sur M.Fillon ne sont pas des
magistrats au sens commun du terme,
puisque leur hiérarchie remonte jusqu’au ministre de la justice ? Pourquoi
ne pas en faire un corps « d’accusateurs
ou d’enquêteurs publics » ? sous l’autorité d’une
personnalité qui doit obtenir l’approbation des 3 /5 ème du
parlement ? et qui transmettent les dossiers-après enquête non publique pour
protéger la présomption d’innocence, que la presse doit respecter-seulement
quand les faits sont établis aux magistrats du siège. Certes il n’y a plus
actuellement d’instructions données dans les dossiers individuels mais on
s’interroge toujours en ayant en outre le sentiment faux-mais parfois vérifié il
faut l’admettre- que des juges syndiqués qui s’expriment publiquement et politisés –dits rouges -pullulent dans les
juridictions. Quelle est la vraie légitimité des juges qui ont passé jeunes un
concours très difficile, qui sont payés par l’Etat et qui défendent l’intérêt
général incarné par la loi. ? Indépendance ne veut pas dire impunité. L’intérêt
général est aussi de la compétence du privé. Le justiciable ne sait pas quoi penser et il s’imagine n’importe quoi. En
quoi la légitimité d’un élu doit-elle s’effacer devant celle des juges, sauf
infraction démontrée ce qui est un cas devenu relativement moins rare. Le général de Gaulle
a voulu dans la constitution de 1958 une simple autorité judiciaire face au
pouvoir exécutif et au pouvoir législatif. N’est il pas temps de revenir
vraiment à Montesquieu et de créer un
véritable pouvoir judiciaire, avec des garanties certes, des contrôles
démocratiques pour éviter tout dérapage, sans pour autant constituer un gouvernement des juges qui fait peur à
beaucoup de monde ? L’indépendance des juges ceux qui sont assis, qui
siègent en tranchant les litiges doit être confortée réellement en leur
garantissant leur carrière , des traitements augmentés car ils ont le sort d’individus entre leurs mains et
doivent prendre des décisions graves concernant la société en tous les domaines
, et peut être en pouvant engager leurs
propres responsabilités en cas de fautes avérées , d’erreurs ayant de graves
conséquences…L’égalité est pour tous. Enfin il ne faut pas
« mégoter » et être pingre : la justice a besoin d’un vrai
budget avec plus de moyens matériels et
humains (juges, greffiers, assistants…) pour qu’elle puisse être moderne et rapide dans la prise de
décisions et être un arbitre impartial
des conflits puisqu’il est acquis que chacun veut que l’on tranche ses litiges objectivement ,
sachant que celui qui perd son procès
maudira toujours son juge. C’est humain. Une justice forte obligera à
l’exemplarité ce qui est aussi le but
recherché.
Comme la
femme de César la justice et les magistrats doivent être insoupçonnables :
ils ne doivent rouler pour personne, et ne servir que la loi (qui est objective
et neutre) qui quand elle se confond avec la morale (qui est subjective)
satisfait les citoyens. Le premier
président Séguier, déclarait il y a longtemps, que la justice rend des arrêts et pas des
services. Justice et politique ne sont pas des adversaires. Il faut cesser de
les opposer. Chacun doit rester dans son
domaine et collaborer dans l’intérêt supérieur de la nation donc des citoyens.
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