Cherche
GPS d’urgence pour donner du sens à ma vie.
Par Christian FREMAUX
avocat honoraire
Je viens
d’apprendre par une des saillies coutumières de Mme Sandrine Rousseau
l’écologiste radicale- féministe dé constructrice- que le travail était
une valeur de droite. Je finissais par en douter mais quel big bang pour les
donneurs de leçons. J’étais sans le savoir un membre de droite donc de la
réaction voire un néo- fasciste selon le vocabulaire à la mode ! Je crois
en effet que le travail est utile pour soi et pour la société. Que c’est une
valeur cardinale qui permet la libération de l’homme et de la femme dans le
cadre de la parité et de l’égalité ; qui conforte le collectif et que se
battre pour le plein emploi et contre les contrats précaires outre pour une
juste répartition des richesses était un devoir au moins pour la justice
sociale et la lutte contre la pauvreté. Mais la droite est l’ennemi pour
les amies de la nature et des petits oiseaux dans l’air pur. Elle se trompe par
principe. Ce qui vient de la droite est par définition mauvais. Donc le travail ?
Si j’avais
été vraiment de gauche, je veux dire social- démocrate comme un militant
convaincu du parti socialiste qui luttait contre le chômage donc pour le
travail mais qui a disparu avec le score lilliputien de Mme Hidalgo aux dernières
présidentielles, la nouvelle m’aurait effondré. Car on continue de réclamer moins
de 35 heures sur 4 jours qui permettent de partager le travail et de vivre
mieux. M. Mitterrand en tenant compte du réel en 1983 avait changé de politique
économique et en même temps créé le ministère du temps libre pour réfléchir et se
détendre… après le travail.
Si en plus
j’avais été marxiste comme les intellectuels et artistes éclairés j’aurais relu
vite fait les écrits du philosophe Marx, Karl pas ceux de Groucho , qui
croyait au travail pour en dénoncer les abus. Certes le propre
gendre de Karl Marx était Paul Lafargue qui prônait le droit à la paresse en
1880. Il ne s’est trompé que de plus d’1 siècle : la pensée politique est
un éternel recommencement.
M. Macron
s’est avancé imprudemment en disant à un jeune interlocuteur : il n’y a
qu’à traverser la rue pour avoir du boulot ! Franchir une rue à Paris est
déjà un exploit compte tenu des travaux notamment, mais je suis sûr que les
jeunes qui veulent obtenir un travail ont fait des efforts pour obtenir une
qualification et des diplômes et veulent s’en sortir. Sans être assistés. Certains
ont entendu les promesses chimériques d’esprits forts qui estiment qu’un revenu
minimum est dû à chacun ; que dans le terme RSA la consonne R veut dire reste
au repos ; que le travail doit être évité à tout prix si on veut avoir une
retraite par répartition encore jeune et en pleine forme. Et préserver la
nature. Mais lesdits jeunes ne croient plus qu’en eux. Pas à l’Etat. Leur
relation avec le travail n’est plus la même que les anciens. Outre
la révolution numérique.
Les vieux
adultes encore au pouvoir semblent n’avoir rien compris et se sont échinés
sans vision de l’avenir. Ils n’ont même pas été capables de laisser une société
en paix ni créer des territoires verts où l’animal, l’eau, et l’herbe ont des
droits et sont les égaux de l’homme. Où nos délicieux ados adeptes parfois de
la fixette mais surtout de l’écran ce qui est un vrai travail et ont pris les
places ne s’enthousiasment pas pour faire comme leurs parents qui les ont fait vivre pourtant confortablement. On a vu des pensionnés
anciens salariés stressés presque se battre pour faire le plein d’essence cette
énergie polluante ! Le travail conduirait-il à une impasse ?
Ces citoyens
débutants qui savent tout nous expliquent qu’il faut concilier vie privée et professionnelle,
cajoler la famille, rester à la maison en télé- travail si c’est possible, et ne
pas subir les managements toxiques où les patrons vous paient certes mais veulent
du rendement. Le CDI ne serait plus le graal. Il parait que les
démissions s’accumulent ? Des jeunes ayant des professions qui s’y prêtent
aspireraient à aller vivre à la campagne car pour eux le salaire n’est plus la priorité,
ni l’ambition. La solidarité ne les concernerait pas ? Pourquoi alors les
syndicats s’usent-ils à demander des augmentations de salaires pour la « masse »
qui pense que le travail a une utilité et qu’à défaut la vie se
dégrade ? Vers le milieu du mois. Mais je peux me tromper : le
travail ne sert peut-être plus à rien ? Est-ce un phénomène éphémère ou
une tendance lourde ? Et si les néo-travailleurs avaient raison ?
Je n’avais
pas compris que les grévistes de Total et Exxon qui se battent pour des
salaires plus conformes aux efforts des producteurs qu’ils sont ne voulaient
plus de travail sauf la paie basée sur l’inflation, et que les salariés qui
font partie d’entreprises en liquidation ne pleuraient pas d’avoir perdu ce qui
les faisait vivre et leur conservait leur dignité : ils regrettaient en réalité le manque de
revenus c’est tout ! S’ils voulaient un travail c’est qu’ils étaient des
femmes et des hommes de droite. Donc avaient tort. Quel contresens de ma part.
La vie doit
pourtant avoir un sens mais lequel ? J’ai besoin d’un GPS pour m’y
retrouver. Il va falloir réfléchir sérieusement à la valeur travail qui
est commune et réclamée dans le monde. Plus de polémiques sur les riches par
leurs talents et persévérances : à chacun selon ses besoins décrétés par
l’Etat. On est euphorique !
La
philosophe de l’Institut Mme Chantal Delsol vient d’écrire que « pour les
générations du millénaire la notion de « carrière » n’a plus de
sens et le fait que leur grand-père parlait d’avoir une « situation » les
fait éclater de rire » [le figaro du 24 octobre 2022]. Elle
ajoute : « la désaffection de la valeur travail accompagne tout
naturellement l’effacement du monde occidental judéo-chrétien et porteur des
Lumières ». Plus rien ne vaut.
Il est temps pour les humanistes et ceux
qui croient au bon sens, à l’effort et aux mérites, de savoir par quoi
remplacer le travail et en attendant de tout faire pour qu’il y en
ait. C’est la moins mauvaise des solutions. Quand la république n’aura plus de
valeurs universelles, elle s’effondrera d’elle-même. L’homme et l’humanité sans
travail sont en péril. Redonnons une signification à la vie. Une valeur n’est
pas à géométrie variable. Ni de droite ni de gauche.