samedi 11 octobre 2025

Le revenant et les mêmes électeurs

 

                            Le revenant et les mêmes électeurs

                    Par Christian Fremaux avocat honoraire

Nommer un premier ministre c’est marcher sur un fil et s’exposer à être critiqué par ses amis qui ne sont pas dans le coup et ses adversaires qui voudraient l’être. La lamentable commedia Del Arte a continué. On n’a pas voulu choisir des boomers mais des expérimentés sans ambition pour 2027.C’est la rupture. Le soldat Lecornu s’est dévoué avec les mêmes électeurs.  Il revient bien qu’on ne connaisse pas son programme. L’opposition hurle à l’injustice et à la censure. On ne l’a pas retenue malgré tout ce qu’elle propose de novateur ! Le premier ministre est porté comme la corde soutient le pendu. Les coupeurs de tête vexés sont à l’affût surtout dans le même camp. Les excités antifas sont les nouveaux Savonarole car qui n’est pas progressiste est un extrémiste de droite. A quoi sert le vote des Français qu’on l’approuve ou non ? On a exclu une masse de votants de la négociation. Où est l’intérêt général ? A-t-on peur d’interroger les Français ? On reste dans du délire. On agonit ceux et celles qui auraient mal voté. Mais un gouvernement doit être une union. Clarifions des mots.    

On connait les caractéristiques de l’autoritarisme : la terreur de l’esprit notamment, l’arbitraire, la répression aveugle, les inégalités, le racisme, la régression sociale. De l’ordre. En 2025 en France l’insulte la plus grave est d’être traité de facho. Mes administrés picards proches de la terre se sentent visés car il est possible qu’ils revotent bientôt ? Ils sont aux taquets et ne veulent pas se faire avoir une seconde fois. Ils ont le sentiment d’être vilipendés par des urbains qui auraient le cœur et les bons sentiments en bandoulière ou par des intellectuels fumeux, dépassés, et insultants.  

Ils sont des millions en France à aller voter mais pas à gauche et ils ont eu des grands- parents ou parents arrêtés, déportés, résistants, fusillés. Le totalitarisme ils connaissent. Ils en ont bavé après-guerre où ce n’était pas facile pour refaire surface et pour reconstruire quoiqu’on pense avec les crises. En permettant à beaucoup de leurs enfants de réussir actuellement, même s’il faut réformer. Toute mesure envisagée fera polémique. Ce n’est aisé pour personne de nos jours. Les sectaires ne sont pas ceux que l’on croie. Ni ceux que l’on désigne en vrac car ils penseraient et voteraient avec un rétroviseur.   

 On leur dit qu’ils sont des individus dangereux car ils ne croient pas à la doxa dominante. Ils regardent entre autres C. News qui créerait l’atmosphère d’insécurité comme s’en étouffe Me Dupond- Moretti ou écoutent Europe I média dit peu objectif avec des chroniqueurs qui seraient partisans. Alors que sur le service public ce serait l’objectivité et la vérité ! Même les fâchés qui ne votent pas n’aiment pas le terme facho. Ils se sentent humiliés. Les antifas sont des pseudos tolérants mais qui cassent ou dénigrent avec jubilation.     

Avec le vocable facho qu’on assimile à populiste ce qui est péjoratif les électeurs de base seraient des intolérants barbares. Des contemporains leur reprochent ce qui serait des idées inacceptables pour les autres. Facho discrédite d’avance tout argument sensé, permet de refuser tout débat, n’oblige pas à justifier ses positions, et est par postulat le contraire du rationnel et du contradictoire. Il élimine d’office les désignés malgré eux indignes de participer au bien commun. Leurs avis ne comptent pas car ils auraient des arrières- pensées sordides. Lesquelles ? En voulant un âge de la retraite cohérent avec la concurrence. Ils sont des sous -citoyens à écarter à tout prix. Car ils veulent qu’on dépense moins. Et on les subirait même s’il y a des élus de plus en plus nombreux. On devrait réfléchir : pourquoi des honnêtes gens votent ainsi ?  

Des bonnes âmes disent qu’il faut avoir une France libérée des vilains rancis, une nation idéale où toutes les communautés s’aiment telles qu’elles sont, que la religion reste privée mais puisse être visible ce qui est une liberté, une France qui est un simple territoire écologiste où tout le monde vit quand et comme il veut et bénéficie de droits sans même avoir contribué. Et qu’on ne doit dénigrer personne y compris ceux qui ont droit à la paresse et à la solidarité avec l’argent public. Sauf les riches. Il faut faire expier ceux qui ont réussi et qui travaillent et qui réclament la stabilité comme évidence. Il faudrait rééduquer ces citoyens égoïstes, les priver d’avoir des représentants et si on pouvait les exiler on le ferait ! Le front républicain a été une tentative. Ce fut le début de la fin démocratique.   

L’idéal de quelques -uns ce serait que le peuple jamais content, suive les élites, celles qui nous ont conduit à tour de rôle depuis des années là où nous en sommes et qui ont trouvé des idées fiscales inédites bien qu’expérimentales pour poursuivre ! L’Etat est devenu obèse mais il avait fallu répondre aux attentes des Français. Ils ont voulu du compromis : ils ont eu du maquignonnage cadré et sélectionné sous menaces de censure.  Le citoyen a eu ce qu’il aurait choisi. Est- ce de la démocratie ?  J’aurais préféré une rupture avec de la responsabilité et moins d’égo. Mais je ne suis pas du petit pré- carré des élites. Et retourner aux urnes fait peur aux futurs battus. On peut dissoudre le peuple dans un marécage.    

L’électeur est libre et le souverain. Les institutions sont notre socle. Les pouvoirs sont délégués par le peuple. A la fin le citoyen doit être respecté, pas réprimandé et obéi selon les votes exprimés. Les idées se croisant on peut être de droite et humaniste. Être pétri de bons sentiments mais être réaliste et adepte de la raison. On a le droit de partager l’avis d’un socialiste M. Rocard et être d’accord pour avoir une immigration choisie. On peut vouloir de la sécurité publique et de la fermeté dans un état de droit revisité. Ceux qui créent des entreprises sans maltraiter les salariés sont à soutenir.  Et préférer ceux qui se fatiguent à ceux qui en profitent. Les hargneux sont le contraire de la démocratie.

Il faut respecter la loi qui est la règle du jeu collective et ne pas approuver les actions des désobéisseurs par principe. On peut croire que les devoirs sont aussi importants que sa liberté sans limite. On peut exiger une morale ou des principes éthiques qui font consensus et qui séparent le bien du mal. Et on n’a pas à corriger un scrutin public qui ne plait pas.   

J’ai expliqué à mes amis du peuple qu’ils n’étaient pas des fachos.  Ai-je raison ?   

jeudi 2 octobre 2025

Nuance et modération

 

                                                     Nuance et modération

                      Par Christian Fremaux avocat honoraire

On est fatigué du climat conflictuel et délétère qui règne. Je n’écris pas haineux car se serait tomber dans le superlatif qui excite. Les concernés se reconnaitront. Des indignés se sentent visés ou dénient la cause qui -selon eux - ne peut être attribuée à des personnes forcément de bonne foi ou inattaquables par définition. Et ceux qui dénoncent les abus mettent en danger l’état de droit sinon la république. Pas moins ! Toute critique ne peut s’adresser à des catégories innocentes par nature. Ou intouchables par statut. Etrange débat public ! Tout ce qui est excessif est insignifiant disait Talleyrand. On ne progresse ni dans l’anathème ni dans la flatterie. Et surtout en tordant les principes. On se dispute pour tout. On n’admet aucun tort : on veut avoir raison quelles que soient les conséquences. Mais si elles sont négatives on n’endosse pas la responsabilité.   

Il n’y a plus d’adversaires mais des ennemis à abattre. Avec du chantage en politique car si on n’accepte pas les propositions d’une opposition très minoritaire par parti elle censure. Elle exige sa victoire, ses scalps ! C’est pathétique et inquiétant. Et irresponsable pour qui veut gouverner la nation. Outre des insultes contre celui qui n’est pas progressiste donc du camp dit du bien. Certains voient des millions électeurs fachos qui l’ignorent et d’autres aperçoivent des illuminés idéologues donc dangereux qui vont casser le pays. Chacun a des opinions tranchées et les exprime. Violemment. Au nom de la liberté on veut empêcher les autres d’argumenter. On craint les idées.  Dans le pays de Voltaire qui se pique de tolérance et donne des leçons de bonne conduite et de réflexion au monde entier avec le succès que l’on connait, on devrait être plus mesuré. Mais on rejette toute contradiction.  Où sont l’union minimum et le respect ? Une des difficultés de l’époque actuelle est que beaucoup prennent leurs désirs pour la réalité et cherchent à les imposer. Prenons des exemples qui divisent.  

Dans l’audiovisuel public en déficit bien qu’alimenté par les impôts de tous, Mme Ernotte sa dirigeante indique qu’elle fait des programmes comme elle pense que la France devrait être. La nation traditionnelle telle qu’elle est selon les citoyens devient du conservatisme « nauséabond ». On apprend que la dame souhaite la suppression de médias privés au nom du pluralisme bien sûr pour que la doxa dominante règne. ORTF sort de son corps ! Deux de ses journalistes font tout pour qu’un candidat d’un parti politique arrive au pouvoir en éliminant un membre du mouvement concurrent. On attend encore les sanctions ou des excuses car sauf erreur le service public doit être neutre. Comment avoir confiance dans l’information publique officielle ?

Avec l’actualité judicaire on est monté sur les grands chevaux. On se méfie de la Justice ? Horreur et injustice ! La magistrature est vent debout contre les propos de M. Sarkozy prononcés à chaud en étant sonné par le verdict qui le conduit en prison. Aurait-il dû dire merci et prononcer son mea culpa avec des menottes ?  L’accusation n ‘avait pas demandé d’incarcération immédiate même un peu différée. Le tribunal est allé au- delà des réquisitions.  La magistrature a l’épiderme sensible quand on lui demande personnellement des comptes et une poigne de fer quand on souhaite de la répression pour les prétendus forts. Elle conteste l’accusation de laxisme sauf pour les personnes vulnérables dans leurs diversités. Qu’elle choisit.  On a entendu les grands mots : indépendance ; état de droit ; interdiction de mettre en cause un magistrat ad hominem et de critiquer la décision ; des années d’enquête et un jugement de 400 pages qui prouveraient que la motivation est « en béton » avec des faits avérés. Malgré les relaxes qui démolissent le fondement des poursuites ? Et justification du mandat de dépôt qui est prononcé chaque jour sans protestations contre des centaines de délinquants ...Ces explications curieuses des juges ne change pas le vide reconnu des preuves.  

Un ancien président de la République vaut donc un criminel patenté ou un trafiquant de drogue ou un OQTF qui récidive. Il est inadmissible d’appuyer sur la tête d’un homme qui a donné pour l’intérêt général et qu’on noie, serait-il coupable. La justice n’est pas une vengeance. Elle protège la collectivité et rappelle la frontière entre le bien et le mal dans la vie courante. L’humanisme ne se divise pas.

 MM. Mmes les bâtisseurs du mur des cons membres du syndicat de la magistrature admirateurs de Mediapart et de son probable faux selon les juges, en ont rajouté une couche. Ils auraient mieux fait de se taire. On est tous d’accord pour condamner fermement ceux qui ont menacé la présidente du tribunal. Ils devront être sévèrement punis. On peut faire confiance dans les magistrats pour ce dossier. Car ils appliquent la loi votée par le législateur. Si celui-ci s’est trompé qu’il rectifie. Le juge pour M. Sarkozy a usé de son pouvoir d’appréciation base de la législation pénale et de l’individualisation des peines sauf pour la liberté pour principe et la détention comme exception, valables pour tous ? L’état de droit est plus large que la Justice qui est déléguée par le peuple souverain qui décide, seul vrai pouvoir. Il faut l’entendre sinon le suivre. L’interprétation subjective des textes sans appel possible, devient problématique. On doute.    

 La polémique n’a pas porté sur l’essentiel à savoir sur la présomption d’innocence, le double degré de juridiction menacé par l’exécution provisoire, les garanties de représentation du devenu coupable, l’absence de risque de récidive ou de danger pour l’ordre public dont le contenu est à géométrie variable. Ce sont des sujets majeurs qui n’intéressent pas les médias. Ni ceux qui veulent un exemple dans l’absolu quitte à être déjugés. Ce qui compte c’est qu’un puissant qu’on déteste humainement et politiquement dorme en prison.  Aux motifs que l’on estime que des faits très anciens non commis par celui qui a incarné la France donc circonstance aggravante pour les magistrats, seraient d’une exceptionnelle gravité. N’y aurait-il eu qu’une intention ou le fait présumé d’avoir su. On n’a pas fait dans la nuance. En dépit du poids des pages.   

Malgré la tripartition au parlement on est revenu au binaire. Tout est blanc ou noir. Essayons le ternaire : thèse, antithèse et synthèse qui conduit à l’ouverture d’esprit sinon aux compromis positifs et gagnants. On pense faussement détenir la vérité qui est multiple. Que chacun se regarde dans la glace : il y reconnaitra son meilleur ennemi qui comme Janus a une face sombre. Personne n’est l’avant -garde éclairée de la morale et de la vertu. On ne doit user de ses pouvoirs que d’une main tremblante et avec modération.       

vendredi 26 septembre 2025

L’implosion de la justice pénale

 

                               L’implosion de la justice pénale

                        Par Christian Fremaux avocat honoraire

Tous ceux qui par besoin ont saisi la justice dans tous ses états sur le plan civil, social ou administratif qui sont l’essentiel des litiges du quotidien, ont compris que c’était un monument en péril et que l’aléa judiciaire n’était pas un vain mot. Les délais de jugement n’ont plus de fin, les juges se disent débordés avec un manque chronique de moyens et les appels sont lointains. L’exécution des jugements quand le greffe a envoyé la décision ce qui prend du temps, est devenu un combat. Bien sûr ce n’est la faute de personne ni des juges qui travaillent sur leurs ordinateurs et aux audiences de façon inhumaine, énormément, ni du greffe où les fonctionnaires ne se ménagent pas, ni de l’organisation judicaire ! Que des innocents. L’Etat anonyme est forcément responsable et c’est l’effronterie du justiciable qui a eu le toupet de saisir un service public à l’agonie, qui est la raison du désastre. Sur l’indice de satisfaction on est proche du zéro sur une échelle qui va de 1 à 10. La Justice est en redressement judiciaire proche de la faillite. Ceux qui veulent engager une procédure après avoir écouté les explications de leur avocat, prennent la fuite sauf nécessité absolue.

En revanche la presse et le grand public s’intéressent prioritairement à la justice pénale qui représente quelques pourcentages du contentieux général, aux affaires criminelles ou correctionnelles surtout s’il y a un mystère ou une personnalité politique qui est impliquée. Sans rien connaitre du dossier et des pièces accusatoires ou non, on prend position pour ou contre. On aime le sang surtout celui des autres et on se compare moralement : moi je suis bien car je n’aurai jamais fait ceci ou cela, ou telle personne connue a une attitude honteuse. En toute impunité et bonne conscience on crie mort aux vaincus et on se réjouit de la chute de celui qui tenait le haut du pavé ou donnait des leçons ou ne pensait pas comme vous. En direct parfois dans les médias qui comme on le sait ne rapportent que des faits et sont neutres !

 Les grands principes comme celui de la présomption d’innocence ou la liberté comme principe et la prison l’exception sont à géométrie variable et ne sont réservés qu’à ceux qui sont catalogués comme victimes par genre ou statut social. Si vous avez le malheur d’être représentatif et d’avoir quelque peu réussi vous partez avec un handicap. L’égalité réclamé à cor et à cris et la justice sont du domaine et de l’apanage d’une minorité qui est rangée par de prétendues élites ou des partisans dans le camp du bien appelé aussi l’arc républicain en politique. Il faut savoir plaire et vivre à plat ventre en adorant les idoles que l’on vous désigne. C’est de la démocratie sélectionnée. Tous les autres étant à éliminer et devant subir le sort tragique qu’ils méritent. Même si les principes ont été malmenés. La fin justifie les moyens.  C’est la justice pénale augmentée par le fait qu’elle est parfois orientée avec les magistrats du syndicat de la magistrature et ceux qui ont bâti le mur des cons, mais c’était pour la bonne cause ont-ils dit ! S’y ajoute la justice d’atmosphère qui fait de la moraline : il faut que les puissants paient judiciairement et qu’ils soient des exemples. Peu importe la loi qui s’interprète. Ou le manque de preuves.  Le juge pense être l’incarnation physique de ce que l’opinion publique est supposée vouloir quand elle est conforme à la subjectivité du magistrat. La justice se transforme en justicière. Elle se prend pour un pouvoir alors qu’elle est une autorité. Sans légitimité autre qu’un concours. L’état de droit s’en trouve affecté. Les juges ne rendent de comptes à personne et toute critique est considérée comme une agression. Une remise en cause par des tentatives de réformes consensuelles devient une blessure inadmissible de son pré-carré, de sa dignité et de son rôle. On s’attaque à l’organisation et à la procédure mais pas à ceux et celles qui sont les auteurs. Ne pourrait-on revoir leurs statuts et missions en leur donnant peut- être plus de moyens matériels ce qui est une question de budget. Mais qu’ils changent d’état d’esprit et d’idéologies et sortent de leur entre soi. Entend- on parler de sanctions pour des juges qui se trompent, qui remettent en liberté des délinquants avérés qui récidivent ou qui rendent des jugements manifestement aberrants et excessifs ou qui font connaitre publiquement leurs opinons politiques ou qui refusent d’appliquer une loi qui serait liberticide selon eux ? Le peuple au nom de qui des juges se prononcent s’en aperçoit et le malaise grandit comme la perte de confiance.

Mais ce qui compte pour le public c’est quand la cour d’assises ou le tribunal correctionnel se prononcent sur une affaire médiatique. On bave devant le spectacle. On a eu l’exécution provisoire du jugement contre Mme Le Pen. Ce qui m’a choqué qu’elle soit coupable ou non. Les juges ont appliqué le droit de façon extensive selon moi, avec arrière-pensées. En plusieurs décennies de barreau et ayant plaidé dans des affaires sensibles, j’ai rarement vu en matière pénale l’exécution provisoire être prononcée et ainsi entacher la présomption d’innocence et l’appel. La justice creuse sa tombe en voulant être un parangon de vertu et de transparence en s’alliant avec des lanceurs d’alerte bidons et intéressés. Qui peuvent produire des faux documents. Elle descend de son piédestal d’arbitres impartiaux.

Le jugement contre M. Sarkozy m’a consterné. Qu’on aime cette personnalité ou non. Il a fallu 400 pages de motivation pour tous les prévenus dans une très vieille affaire pour relaxer M. Sarkozy de trois délits sur quatre poursuivis dont celui de détournement de fonds publics et absence de corruption, et ne retenir que le délit d’association de malfaiteurs pour le condamner à 5 ans de prison ferme avec mandat de dépôt différé. Quel risque existait ? Heureusement on a supprimé le bagne de Cayenne. Ce qui est sinon une revanche corporatiste au moins une humiliation voulue. Dans un dossier où d’après les comptes rendus il n’y a qu’un faisceau d’indices. Je croyais qu’au pénal le doute profitait à l’accusé ?  L’individu Sarkozy n’est pas au- dessus des lois mais je supporte mal comme citoyen qu’un ancien président de la République soit considéré comme un vulgaire malfaiteur. Attention à l’effet boomerang pour les ricaneurs qui se réjouissent. La justice n’est pas gagnante même si sa cible est atteinte.

 Le tribunal en outre a reproché à M. Sarkozy de se défendre et de nier les faits ce qui devient une circonstance aggravante. Les arguments ou les négations de la défense deviennent des griefs et peuvent plomber la cause : on l’a vu dans le dossier Depardieu. L’avocat que je suis est révolté. Si la justice pénale persiste dans ces voies elle implosera.           

dimanche 21 septembre 2025

Peut-on encore parler de l’état de droit ?

 

Peut-on encore parler de l’état de droit ?

                                Par Christian Fremaux avocat honoraire

Schématiquement car cela se discute comme tout désormais et des dictatures se baptisent démocraties, on définit l’état de droit comme une nation qui a une Constitution texte suprême et indépassable, des institutions avec la séparation des pouvoirs, une justice indépendante et des élections libres. Ce n’est pas l’Etat celui qui exerce les pouvoirs publics en gérant et en dépensant à perte, et qui devenu obèse ne voit plus le bout de ses pieds. Il n’a aucun droit personnel ni raison par principe.

Le souverain est le peuple- l’Etat c’est nous- et on doit non seulement l’entendre mais gouverner selon ses directives. Pas comme en 2005 où par référendum le peuple a jeté par la fenêtre le projet concernant l’Europe. En 2008 les politiques réunis en congrès on réintroduit par la porte avec un bras d’honneur le quasi même texte sur Maastricht que celui que les citoyens n’avaient pas voulu. Ce fut le début de la méfiance entre les citoyens et les prétendues élites. On en voit le résultat en 2025 : puisque c’est la chienlit allons y à fond ! La dissolution a complexifié.

D’autant plus que nos politiciens en s’insultant vont à la soupe électorale et travaillent dans leurs intérêts pour conquérir le pouvoir. Sans globalement se remettre en cause. Et en trouvant des boucs émissaires chez les autres, les riches notamment ou ceux qui ont un petit patrimoine ou de l’épargne. Qui votent et respectent l’ordre public. Des ploucs, quoi ! Comme si nos parlementaires champions du concours Lépine de la bêtise de mauvaise foi, avaient la science infuse et que leurs solutions feront des miracles. On prend le citoyen pour un ignare crédule : les élus devraient se méfier de ne pas prendre le coup de pied de l’âne. Il appartient aux citoyens d’être plus raisonnables que leurs élus sectaires. Et de voter utile. En donnant une majorité fiable.  

La définition classique de l’état de droit est la théorie tout le monde le voit, car le peuple a été confisqué par de prétendus élites relayées par des médias qui sont « neutres » cela va de soi ! Surtout le service public payé par nos impôts qui sait ce qu’il faut faire même si le peuple rechigne. D’autant plus que quand on parle de peuple on constate que celui-ci n’est plus homogène, puisque on a saboté toutes nos valeurs républicaines universelles ; qu’il y a des clans qui font pression, des communautés, des groupes illégaux qui s’en mêlent. En exigeant des droits. C’est un peuple fracturé qui ne suit que ses émotions. Alors que la loi est censée refléter la volonté générale.

La légalité est devenue une option en France, on la suit si on veut. Elle est secondaire.  

La France s’est transformée en un melting-pot comme dirait M. Trump champion de ne pas suivre la légalité et faire fuir les juges ou ceux qui lui résistent. L’état de droit dont on se gargarise pour avoir satisfaction est moribond. La loi est acceptable si elle va dans votre sens. La justice fonctionne si vous gagnez ou si votre idéologie triomphe : comme privilégier le délinquant puisque la société est coupable et bannir la prison au détriment des victimes. Sinon c’est de l’autoritarisme et de la partialité sans cœur, donc d’extrême droite, raisonnons court. Prenons des cas que je choisis arbitrairement.

Avec le débat sur la Palestine on est dans la provocation. Malgré les interdictions des préfets validées par les tribunaux administratifs, des maires persistent à afficher le drapeau palestinien au fronton de leurs mairies. Pas l’Israélien. Uniquement le palestinien au prétexte qu’il faut être solidaire contre un génocide en cours ou avéré ?  En oubliant les massacres et le chantage du Hamas et le pogrom du 7 octobre. Et le fait contrairement au drapeau ukrainien, que le drapeau palestinien regroupe toutes les luttes y compris du genre ! au-delà de la défense de la population de Gaza.  

Or les maires sont élus par tous les électeurs de la commune même ceux qui ne soutiennent pas un mouvement terroriste. Ils sont surtout officiers de police judicaire : ils ont des missions déléguées par l’Etat qui doit être absolument neutre. Certains se moquent du ministre, des préfets, et des tribunaux. Car ils sont maîtres sur leurs territoires, disent-ils. Vont- ils être sanctionnés ? Je fais le pari que non ou que ce sera en s’excusant avec un minuscule rappel à la loi. M. Ménard maire de Béziers qui avait refusé de marier un étranger sous OQTF est lui poursuivi devant le tribunal correctionnel. Que déduire ?

On se gargarise de l’état de droit qui - par avance- interdirait un référendum sur l’immigration. Ce ne serait pas compatible avec la constitution et le conseil constitutionnel le retoquerait comme il a rejeté la loi augmentant les délais de rétention des délinquants les plus dangereux. Alors que le parlement l’avait votée. Après débats.  L’avis subjectif de 9 juges nommés et inamovibles fait la loi du pays. Notons que je suis pour des arbitres impartiaux car une démocratie ne peut vivre qu’avec une justice forte et insoupçonnable. Mais responsable et rendant des comptes.

La loi votée de M. Duplomb concernant les pesticides fait l’objet d’une pétition des verts signée par deux millions de citoyens pour qu’on la revoie. Il parait que la pétition sur l’immigration lancée par M .de Villiers qui frôle les deux millions de signataires n’a pas à être examinée car elle ne serait pas régulière et peut cliver en stigmatisant des individus ? Y-a-y-il deux poids et deux mesures ? Il y a des sujets qui dérangent.

 Des magistrats en exercice font savoir qu’ils n’appliqueront pas telle loi existante ou la videront de ses objectifs et par avance récusent un texte en préparation car cette législation leur parait liberticide. Qui donc défend l’intérêt général, et tous les magistrats jugent-ils encore au nom du peuple français, lequel d’ailleurs ? Dont les opinions sont connues sondages après sondages et votes après votes. Les élites n'ont pas à décréter ce que les citoyens devraient vouloir et approuver. Je suis leur chef donc je les suis. Interroger par les urnes les citoyens c’est démocratique.  Ce serait la loi.

Bien que non formellement inscrit dans la Constitution mais c’est un usage le président de la République a seul un domaine réservé. Ainsi veut -il faire naitre l’Etat de Palestine, a priori sans vraies conditions ? Et donner des milliards à l’Ukraine alors que l’on cherche des sous à économiser. En cas de désordre inouï et de blocage du pays et des institutions l’article 16 de la Constitution serait -il activé ? A tirer sur la corde elle casse. Serait- ce encore l’état de droit ?   

  

mercredi 10 septembre 2025

Le juge et son jardin secret

 

                                           Le juge et son jardin secret

                Par Christian Fremaux avocat honoraire

Dans un état de droit qui est encore le notre malgré l’instabilité politique et les soubresauts violents de la société et des contestations contradictoires permanentes, la Justice est au centre des institutions et tout ce qui l’affaiblit doit être combattu. Notre Constitution n’évoque qu’une autorité judiciaire. Le général De Gaulle voulait faire savoir qu’il n’y avait que deux pouvoirs : le législatif et surtout l’exécutif avec l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel. M. Macron flotte mais ne coule pas, pour l’instant. Et ne se passionne pas pour la Justice qui est un monument régalien en péril.

La société a beaucoup évolué. Les français n’ont plus confiance dans la classe politique qui offre un spectacle lamentable avec des arrangements divers et se défient de la Justice avec ses délais très longs, ses moyens matériels défaillants, son langage abscons, et des magistrats que l’on accuse d’être partiaux. Notamment en matière pénale. Une grosse minorité agissante comme les membres du syndicat de la magistrature qui penche à gauche, veut changer la société sans aucun mandat des citoyens et a choisi de s’intéresser plutôt aux délinquants qu’aux victimes et pas à la nation qui a le droit de se défendre. Les justiciables ne supportent pas de subir des juges qui font connaitre leurs croyances et états d’âme et qui par leurs jurisprudences veulent éduquer le peuple selon leurs principes. Ou redresser les injustices sociales.

Et ils s’indignent contre les magistrats qui commettent exceptionnellement des manquements parfois graves de procédure qui entraînent des conséquences dramatiques. Sans sanction véritable pour eux. L’erreur est humaine et les juges croient bien faire en toutes circonstances. La loi complexe peut être un couperet.   

Ou en considérant des juges comme étant laxistes pour les affaires de sang qui défraient la chronique et sont en lien avec l’insécurité et la violence exponentielles. A ces sujets je ne partage pas l’analyse de mon excellent confrère Dupond-Moretti et je ne crois pas que certains médias soient irresponsables en parlant de faits qui entrainent la peur des Français. Ils ne sont pas comptables des agissements de meurtriers endoctrinés ou non.  La plupart se disant déséquilibrés ou possédés, ce qui est une excuse fumeuse. L’homme est responsable de ses actes, sauf exception très rare.

Je n’aborde pas le contentieux civil qui concerne la plus grande partie des justiciables où l’on met rarement en cause les mêmes magistrats. En y ajoutant bientôt l’intelligence artificielle et la justice prédictive.  Je ne sais pas si l’introduction de la machine et des algorithmes sera un progrès ? Le progressisme n’apporte pas que des bienfaits. 

 Heureusement la grande majorité des juges remplit ses fonctions avec dévouement et conscience en appliquant la loi bonne ou mauvaise que les parlementaires votent. Et qu’ils n’assument pas ou rejettent si elle ne vient pas de leur camp. L’électoralisme est la priorité. Notre législation est instrumentalisée. On peut mourir de nos libertés infinies.   

M. Gérald Darmanin Garde des Sceaux le 5 septembre 2025 a fait modifier à juste titre dans le sens de la laïcité le règlement interne de l’école de la magistrature, celle qui forme les juges qui vont officier dans les décennies qui viennent. Toute une nouvelle génération qui constate tous les jours les problèmes à résoudre. Il n’y aura pas de voile possible pour une magistrate ni d’abaya pour un magistrat ni d’ailleurs de signes ostensibles de religion pour tous ou d’appartenance à telle ou telle obédience. Ou courant de pensées. La filière prépa-talent qui permet à des étudiants défavorisés ou de quartiers dits sensibles d’être admis dans les grandes écoles ne doit pas conduire à des débordements ou de l’entrisme cultuel sinon culturel particulier. La France est laïque qu’on le veuille ou non. La sphère privée doit rester à l’entrée des tribunaux. 

C’est évident sinon le justiciable va se renseigner sur les opinions de son futur juge, pourra le choisir ou le récuser et les jugements et arrêts ne seront plus rendus au nom du peuple français tout entier. Outre l’impartialité qui est demandée aux juges au -delà de leurs convictions personnelles, il y a la nécessité de la neutralité absolue du service public. Et de sa dignité attachée à l’autorité.  Aucun affichage qui heurte. Seule la robe noire est autorisée.

Je ne suis pas certain que la décision de M. Darmanin soit définitive. Je ne serai pas étonné que des futurs magistrats contestent l’interdiction et qu’une juridiction annule l’arrêté du ministre courageux. Par exemple au nom de la liberté de croire, d’une discrimination, de l’atteinte à la vie privée ou autre grand principe des droits de l’homme /de la femme ou de la jurisprudence européenne qu’on ne maitrise pas. 

Tout le monde est d’accord pour dire que la Justice est indépendante et doit le rester. On a besoin d’arbitres insoupçonnables qui participent à l’union de la société et qui la rassurent. Depuis de très nombreuses années on débat d’une réforme. Mais on ne dit pas comment on fait en pratique et selon quelle légitimité pour rendre des comptes et à qui, puisque la Justice n’est pas un pouvoir. Les politiques dans le viseur des juges n’osent pas trancher. De même pour le statut des procureurs qui sont sous la hiérarchie du ministre de la Justice. Ce qui fait douter même si les instructions individuelles n’existent plus.    

Les hauts magistrats intègres et compétents aux commandes ne sont pas responsables de l’élaboration de la loi et de l’impéritie des politiques incapables de décider. Il appartient aux promotions de jeunes magistrats qui vivent dans la société actuelle avec des problèmes existentiels nouveaux ou qui ne s’imposaient pas avec une telle intensité il y a quelques années, de bâtir une Justice moderne adaptée aux besoins des Français, sans déni, sans idéologie et dans l’intérêt général.   

Voltaire écrit dans Candide : «il faut cultiver son jardin ». Que les magistrats fassent pousser des jugements mais ne montrent pas leurs jardins secrets et qu’ils réussissent à apaiser la société. Leur devoir est de prendre de la hauteur. Sans soumission. Que leurs tenues ne soient ni voilées ni ornées de fioritures. Sauf les décorations qu’ils mériteront.      

 

mardi 2 septembre 2025

Boum cela peut faire mal

 

Boum cela peut faire mal

           Par Christian Fremaux avocat honoraire

Vu le déficit abyssal avec les perspectives de faillite et la désignation de boucs émissaires chacun défend ses acquis et pas l’intérêt général, c’est humain bien que regrettable pour le collectif. C’est une partie du blocage, outre le fait que les citoyens veulent être entendus et qu’on respecte leurs votes. On a le sentiment que nos parlementaires actuels qui veulent conserver leurs avantages et tous arriver au pouvoir, savent tout avec la science infuse. Mais sont déconnectés de leurs électorats plus raisonnables qu’eux et qui n’ont pas envie de payer une facture alourdie en supportant le désordre pour régler des problèmes d’ego et d’ambitions. Car personne n’a la vérité unique et des mesures miracles pour résoudre le problème de la dette-entre autres problèmes régaliens- ou certains bénéficiaires parmi les Français ! Il va falloir choisir entre les solutions les moins pires. Quel que soit le 1er ministre. Et être plus cool.

On ne dit pas merci aux jeux politiciens de nos élus qui prennent les citoyens pour des ignares naïfs. Les chantages des uns et des autres sont pathétiques et scandaleux. Attention au dégagisme qui balaiera les partis dits républicains car à force de tirer sur la corde elle casse.  Et en demandant toujours plus de sacrifices aux mêmes et à ceux qui ont été des fourmis, en criant au loup sans rien proposer de faisable concrètement, on est viré. Les fronts républicains mariant ceux qui se détestent sont des leurres. Pour les conséquences on appréciera. En attendant on démolit les mouvements spontanés repris en main par de vrais pros.  Il est certain que les citoyens trouveront des solutions que la masse parlementaire rejette. La république est en danger et ce sera une responsabilité partagée de nos excellences.  Ce sera trop tard pour dire « on n’y a pas cru ».

 Je suis un boomer mais pas au sens de fêtard comme ceux des raves- party qui se moquent de la loi et des gens, en malheur ou non. Ce sont des égoïstes délinquants de première catégorie : leur plaisir d’abord. D’autres pays ont choisi d’être judiciairement sévères à leur encontre. On peut y ajouter les désobéisseurs professionnels et les casseurs pour tout sujet. Être ferme et faire respecter les règles en général est un devoir personnel outre une obligation de l’Etat. Et des prétendus puissants.

Je suis un boomer classique et je connais les coupables : mes parents. Ils avaient choisi de repeupler la France, et de travailler à la reconstruire, avec un système de retraite qu’ils ont assumé. Je ne vais pas leur faire un procès post mortem en leur reprochant de m’avoir fait naitre après- guerre et de devoir assumer les conséquences de mon statut actuel. J’ai fait mon devoir : un service militaire, puis des études pas faciles et pas payées, et travailler beaucoup, casquer de trop, assurer les retraites de mes ainés, terminer les guerres de décolonisation dont on nous reproche encore aujourd’hui les effets, subir des crises graves, préparer le pays pour les actifs actuels. Eux qui se plaignent des 35 heures et de petits salaires, de ne pas avoir suffisamment de jours fériés ponts et viaducs et de vacances pour concilier ce qui est devenu un dogme : vie professionnelle et vie privée avec une préférence pour celle- ci. En pensant qu’ils n’auront pas de retraite. Et les jeunes qui viennent ? Et la solidarité ?

 La société et les états d’esprit ont évolué ce qui explique les dialogues de sourds actuels. Personne ne veut être convaincu par l’autre qui doit supporter ce qui ne va pas.  Le séparatisme culturel sous toutes ses formes est le début de la désunion. Et quand ça fait boom tout le monde regrette et est ébahi. Il faut commencer par parler la même langue, avoir les mêmes valeurs républicaines et se mettre d’accord sur un socle commun, un cap et des objectifs au moins dans les grandes largeurs. Ce qui n’est pas accepter un diagnostic unique qui entraine des prises de mesures décidées dans une tour d’ivoire. Le mieux serait d’interroger officiellement les Français par un mécanisme démocratique prévu par la constitution. Ceci souderait et les vieux papys qui paient aussi pour leurs enfants et petits- enfants et les actifs actuels. Il y aurait égalité dans le constat. Et la responsabilité.

Des boomers sont réapparus eux qui ont participé activement ou par partis interposés depuis des lustres à des découverts chroniques du budget et à l’augmentation de la dette, pour de bonnes raisons disent- ils : cela se discute. Ainsi M. Barnier, puis M. Bayrou qui ainsi s’auto- accuse et joue Saint Sébastien en recevant les flèches. Avec M. Mélenchon qui persiste en faisant simple : on renverse tout, les riches paieront, les méchants disparaitront et on verra ensuite. Ils ont tous LA solution mais personne n’en veut. Il y a même M. Cohn-Bendit chantre du désordre en Mai 68 qui dans les médias nous apprend comment se calmer et être modéré. On croit au film « retour vers le futur ». M. De Villepin entre au club. Compter sur le passé n’est pas bon signe.

 Ces papy-boomers sont talonnés par des presque sexagénaires ou un peu plus, que les médias citent pour prendre la main, tels MM. Philippe en avance et Retailleau, avec Olivier Faure et Bernard Cazeneuve voire M. Hollande et Mme Royal sinon Mme Le Pen. Mme Sandrine Rousseau voulait participer mais son camp lui a demandé de ne pas insister : dommage pour le fun ! La jeunesse éternelle veut le pouvoir ! On a écarté M. Sarkozy qui ne demande rien et n’accable personne et M. Giscard d’Estaing ou M. Barre voire M. Chirac sont décédés. S’il ne l’était pas M. Mitterrand nous aurait rappelé son tournant de la rigueur en 1983 et la retraite à 60 ans.  On l’a échappé bel comme boomers !  

Boom est le bruit de l’explosion qui pulvérise, éparpille et laisse des dégâts et des victimes. Je crains que nos parlementaires actuels jouent avec le feu : eux ou rien. Juridiquement et constitutionnellement parlant il y aura un budget qui ne plaira à personne s’il n’y a pas des compromis. Il creusera encore la dette et fragilisera le pays. En fracturant la nation. On le sait mais on ne peut faire avancer les ânes qui se bloquent sur leurs pattes. Notre démocratie se déshonore. Charles Trenet chantait « quand votre cœur fait boum...c’est l’amour qui s’éveille... ». Il donnait l’espoir. Avant que mon palpitant ne cède je ne veux pas partir avec l’étiquette de celui qui a failli, qui a profité et qui laisse une situation ingérable. Je ne suis pas plus coupable qu’un autre. Je voudrai être acquitté. Dans le cadre d’une réconciliation nationale. Il est temps.              

mercredi 27 août 2025

On débloque

 

                                                    On débloque

                 Par Christian Fremaux avocat honoraire

Ce qu’il y a de positif avec toutes les péripéties institutionnelles depuis des années c’est que les citoyens sont devenus des spécialistes du droit constitutionnel, ce qui ne met pas du beurre dans les épinards mais permet de ne pas mourir idiot. Mais de faim pour les plus démunis. 

Nos étudiants qui se plaignent n’ont plus besoin d’aller trainer leur spleen sur les bancs de la faculté des sciences juridiques. Il leur suffit d’écouter les débats publics, d’ailleurs affligeants. Nos élites se surpassent dans l’indigence intellectuelle et la démagogie.

On sait tout et son contraire selon le parti pris des intervenants rarement objectifs et pédagogues sur la dissolution, le fonctionnement du parlement avec ses abus pour ne pas débattre, l’article vedette à savoir le 49.3, et les pouvoirs du chef de l’Etat que M. Mélenchon en jubilant voudrait destituer, pas moins. Ou que M. Macron démissionne en reconnaissant ses fautes. Et si on attendait le résultat des municipales proches ?  

S’y ajoute désormais l’article 49 mais alinéa premier puisque le premier ministre actuel va poser le 8 septembre la question de confiance. Mais uniquement sur le principe : sommes-nous d’accord ou non sur le diagnostic à savoir le grave surendettement de la France ? Ce qui ne peut durer sans agir fortement mais justement.  Pour les mesures à prendre, on verra ensuite. A entendre les réactions je crains que M. Bayrou ait pris un billet de sortie et que les réformes qu’il propose d’améliorer, amender, substituer par d’autres ce qui est démocratique, passent à la trappe. Alors que certaines sont intéressantes. Le débat focalisé sur les jours fériés est surréaliste. Des jeunes veulent travailler et être payés double. D’autres salariés veulent être rémunérés et ne rien perdre. C’est juste. On veut jeter l’eau du bain avec le maitre-nageur.  Mais on n’est pas à l’abri d’une bonne surprise, après discussions en coulisse et compromis divers. Député, c’est avoir un job. Payé pendant les jours fériés et les vacances.  

Pour le budget tout le monde partage plus ou moins la nécessité d’innover, vite.  Mais si les économies sont nécessaires elles doivent toucher les autres, pas soi. C’est humain. Sans oublier les symboles : faire payer les riches ; éradiquer le paupérisme en combattant le libéralisme ; accueillir sans conditions ceux qui sont persécutés ou dans le besoin ; ne pas avoir de relations avec les Etats agresseurs ou ne correspondant pas à la doxa morale ...Chacun a ses croyances. Est- ce possible de bâtir un budget idéal qui satisfait tout le monde ?  Certains ne veulent pas et préfèrent le chaos. Tout « bordéliser » devient une politique publique pour prétendre aboutir à une démocratie exemplaire, égalitaire, aimante, sans insécurité, dans un vivre ensemble absolu. Avec la justice fiscale et sociale, concept creux. Sans commentaire. Chacun appréciera.

 Il est inutile de se demander si tout ceci est bien raisonnable et si les Français approuvent, eux qu’on n’interroge pas notamment par référendum, disposition participative prévue par la constitution. Les conventions citoyennes sont comme le canada- dry.  Et nos parlementaires de tous bords n’ont pas la science infuse. Ils sont responsables des lois qu’ils ont votées et de leurs choix, même si l’Etat a assuré la protection des citoyens. Ce qui est simplement son rôle. Comme celui de tenir les cordons de la bourse et ne pas dire oui à tout, en ayant peur des réactions de groupes de pression sinon de communautés. La nation n’est pas l’addition des intérêts particuliers.  

  Les jeux politiciens fatiguent. Attention au coup de balai général et imprévu, le fameux « dégage ». On sait ce qu’on a, mais pas ce qui pourrait advenir. Ce qui ne veut pas dire que des réformes drastiques ne sont pas urgentes. L’immobilisme étouffe et crée des injustices et des frustations mais renverser la table n’apporte rien de concret. N’est pas Schumpeter et sa destruction créatrice, qui veut.

Le 10 septembre certains ont décidé de bloquer le pays. Des syndicats qui aiment bien la grève générale - principe constitutionnel bien connu - suivront mais on ne sait pas quel agrégat existe, qui est responsable, les objectifs, les moyens, les coupables...Il n’y aura peut-être plus de premier ministre et on repartira pour un tour d’incertitudes, de discours fleuves, de menaces, de conflits, donc d’arrêt. La gauche fracturée soutient à tort qu’elle a gagné les dernières élections : elle veut le poste de premier ministre, mais pour quelle personnalité en particulier ? Avec quel programme de redressement ? La rhétorique ne remplace pas le bon sens et le partage réfléchi en conservant non pas les droits acquis qui sont mortels, mais les efforts accomplis pendant des années.  

  M. Macron a dit qu’il ne prononcerait pas une nouvelle dissolution au vu de l’absence de clarification de celle de l’année précédente. Mais il peut changer d’avis et une nouvelle élection législative rendre le même résultat, voire pire.

La France est en train de se noyer et des âmes désintéressées lui appuient sur la tête.Je me demande si collectivement on ne débloque pas en perdant le sens des réalités.  Aucune commune, aucune entreprise ne peuvent se permettre de gouverner ainsi. Chaque famille a un budget pensé, rationalisé, contrôlé, demandant des efforts. Parfois des sacrifices et des décisions douloureuses.  

On ne bâtit pas un budget national avec des boucs émissaires, des plus privilégiés que d’autres, ou des responsables dénoncés pour leurs incompétences sinon leurs injustices. Il faut proposer de l’alternatif concret aux mesures critiquées, un remède qui n’est pas plus grave que le mal. Et en n’imposant pas les mêmes règles pour tous. C’est du masochisme de tout rejeter sans solutions faisables, ni souplesse de statut.

Il faut travailler plus, notamment les jeunes et les seniors. C’est du domaine des partenaires sociaux qui ne doivent pas faire de l’idéologie. On doit protéger les plus fragiles notamment en matière de santé. Ce qui est de la solidarité. Et ne pas punir ceux qui ont cotisé leurs vies entières et n’ont rien volé aux actifs. On doit dépenser moins. L’Etat doit commencer par lui-même et dégraisser le mammouth en fixant le cap et les objectifs à atteindre. Et veiller sans faiblesse aux fonctions régaliennes. C’est de la politique.

Le contraire de bloquer c’est desserrer, ouvrir. Les esprits en particulier. Ordo ab chao.              

mercredi 20 août 2025

On ira jusqu’au bout

 

                                               On ira jusqu’au bout

                  Par Christian Fremaux avocat honoraire

Chacun de nous pour tout sujet d’ordre interne ou international qu’il soit majeur ou secondaire entend cette apostrophe virile : « nous irons jusqu’au bout », proclamée d’un ton martial, l’œil fixé sur la ligne bleue des Vosges ou d’autres Himalaya voire frontières à définir. Souvent avec le dos au mur pour montrer qu’on ne peut ou veut reculer, et en étant sûr de détenir la vérité. Mais sans savoir où est le bout, dans quel état on y arrive, et quelles sont les conséquences d’une obstination irrationnelle. Pourtant céder parfois c’est la raison. Ce n’est pas approuver ou trahir. C’est épargner des souffrances inutiles ce qui grandit le responsable.

 Je n’aborde pas les conflits gravissimes en cours en Ukraine, à Gaza et ailleurs en Afrique par exemple dont on ne parle pas. Nos grandes consciences sont sélectives. Et ont la vue biaisée. Je ne crois pas à la victoire d’un Etat sur un autre. La colonisation et le servage ont disparu. La liberté est la règle.  Chaque peuple a le droit de vivre comme il l’entend. Les humains sont de partout et il convient de mettre fin à la barbarie. La force ne résout rien à terme. On peut discuter à l’infini des responsabilités. Avec les propagandes qui se croisent on finit par ne plus savoir qui est l’agresseur et qui est l’agressé. Il ne faut jamais humilier l’adversaire ou l’ennemi l’histoire nous l ’a appris. On doit savoir terminer un conflit (une grève) disait Maurice Thorez ex- secrétaire général du parti communiste français au faîte de sa gloire.

Cela vaut aussi dans les relations internationales. L’ère de la diplomatie en direct à la télévision doit remplacer le fracas des armes et les insultes de toute nature. On n’aime pas untel qui est un dictateur : c’est vrai, mais on ne peut l’effacer. Les egos doivent être mis de côté et les leçons de morale sont insuffisantes. On doit jouer un donnant-donnant même si ce n’est pas juste, car il faut en finir. Jusqu’où ira – t- on dans l’aveuglement et le désir d’avoir raison et de punir ? Aller jusqu’à la paix même fragile et imparfaite me parait une solution raisonnable.  

Je me contente donc de l’aspect interne de nos problèmes. Soyons mesurés et ne demandons pas l’impossible pour être réaliste, disait-on en mai 68. Les partenaires sociaux qui clamaient qu’eux feraient mieux que l’exécutif actuel ont échoué lamentablement mais crient à la victoire du non. Cela rappelle le mot de Coluche : « la droite a gagné les élections. La gauche a gagné les élections. Quand est -ce que ce sera la France qui gagnera les élections » ? C’est tout le problème. Des affamés se battent pour le pouvoir sans fournir des solutions concrètes et mesurées viables alors que les citoyens attendent des améliorations visibles même minimes et surtout des réformes structurelles. On sait où doivent avoir lieu les coupes drastiques en commençant par la réforme de l’Etat. Et en faisant travailler tous ceux qui n’ont pas de travail volontairement ou non, jeunes comme seniors. Transiger n’est pas renoncer. Ou être vaincu.     

Avec la tripartition actuelle au parlement on y est. Personne ne veut lâcher sur rien, campe sur les refus et désigne les autres comme responsables du naufrage annoncé. On n’est plus à un nouveau premier ministre près ! On a oublié les tergiversations paralysantes de la 4-ème république et on veut une 6-ème élue à la proportionnelle, en faisant payer les riches en général y compris les retraités qui toucheraient des pensions éhontées au détriment des jeunes actifs qui travaillent 35 heures par semaine et refusent de céder un seul jour férié ce qui représente quelques minutes de plus par jour ouvré sur l’année. C’est une rupture de contrat car quand j’ai commencé à travailler dans les années 1973 j’ai payé sans rechigner pour mes prédécesseurs, et on ne m’a pas prévenu que ma retraite dépendrait de la volonté de ceux qui plus tard produiraient, même moins avec l’évolution du droit du travail. Ou d’une population qui augmente sans participer aux charges collectives, avec des droits mais pas de devoirs. Jusqu’où ira- t- on ?  L’émotion ne remplace pas les besoins. L’Etat providence a les poches percées et l’Etat régalien a disparu. Si on va jusqu’au bout ce sera le Titanic : l’orchestre jouera de l’Offenbach pendant que le navire sombrera. Les femmes et les enfants d’abord.

 On ne m’a pas dit non plus que l’Etat deviendrait obèse en disant oui à tout, sans se remettre en question et en dépensant l’argent qu’il n’avait pas gagné. On évoque l’injustice et l’inégalité avec de prétendus auto- proclamés lanceurs d’alerte qui bêlent sans s’apercevoir que dans le monde et près de chez nous il y a de vrais malheurs et des individus qui voudraient travailler seulement pour survivre. La France n’est pas une perspective d’île dirait M. Houellebecq et il y a des périls majeurs qui menacent, dont des violences protéiformes parfois créées par des idéologies en réalité totalitaires puisque sectaires, les militants pensant que ce sont les autres que leurs amis et corps électoral qui sont à éliminer. Y compris physiquement dans le pays des droits de l’Homme, de la tolérance et de la république pour tous. Sans oublier la solidarité et l’ouverture des esprits. Pour tout cela on pourrait aller au bout si nos élites médiatiques s’y investissaient.

Au moins un déséquilibré comme d’habitude, a coupé l’arbre qui symbolisait le calvaire d’Ilan Halimi planté il y a ...20 ans à la suite de son assassinat antisémite barbare, près de Paris !  N’a-t-on rien appris sur le respect, le vivre ensemble et la fraternité pendant ces années, alors que les guerres font rage, que la survie de certains dépend au moins de la nuance des autres et de l’acceptation de la différence ainsi que du partage du fardeau ? On est au bord du précipice existentiel que l’on nie, et on coupe les cheveux en quatre, disant non par avance à tout alors même que les projets de réformes ne sont pas encore définitivement élaborés et proposés au vote de nos députés notamment dont on admire les compétences pointues et la modération en oubliant les intérêts vitaux de la France et tous les Français quels qu’ils soient.  En quoi des solutions drastiques- y compris non matérielles -qui s’imposent seraient- elles un coup de force ? Le président Mitterrand avant d’arriver au pouvoir dénonçait le coup d’Etat permanent. Il s’est servi aussi des institutions de la 5-ème république au moins pour mettre en place le tournant de la rigueur en 1983.Et combattre le racisme ou toute forme d’intolérance. On a participé. Mais une « austérité » dite sociale par définition pour les plus radicaux, n’a pas la même signification et impact qu’une réalité de droite ou du bloc central. Avec le camp du bien il parait que la misère est plus supportable au soleil et à gauche. Et lui seul a le monopole de la vertu. Prenons quand même garde à la canicule. A tout brûler on vit dans des cendres.  Le phénix politique est à trouver.  

Le parlement discutera, amendera et votera ou non les propositions du gouvernement. Cela s’appelle la démocratie. Peut-être interrogera -t- on directement les citoyens par référendum : c’est de la participation. M. Macron par monts et par vaux aura- t -il le temps d’en décider ? Ira -t -il au bout de ce qu’il a dit ?

 Les électeurs ont les élus qu’ils ont choisi mais ne sont pas contents puisque le 10 septembre prochain un mot d’ordre d’arrêt général de toutes activités émanant des réseaux sociaux va peut -être avoir lieu, sans leader ni slogan  sauf « à bas tout ! ». Quid ? Jusqu’où ira -t- il ?   

Pierre Dac répondait à la question philosophique de base « qui suis-je, d’où viens-je, ou vais-je ? » qui concerne tout individu : « je suis moi ; je viens de chez moi et j’y retourne. » On ira jusqu’au bout.  

mercredi 25 juin 2025

Les arroseurs arrosés

 

                                               Les arroseurs arrosés

                  Par Christian Fremaux avocat honoraire

Je n’ai plus le mode d’emploi qui me permettait de comprendre les dilemmes, les enjeux et les paroles qui vont avec pour choisir le bon camp. Je suis ringard. Donc un ennemi du progressisme qui serait une vertu quoiqu’il arrive.

Tout le monde a remarqué que les mots n’avaient plus de sens voire étaient à compréhension variable selon d’où ils venaient et à qui ils s’adressaient. On ne sait plus qui est la victime et qui est le coupable présumé innocent même si on a vu son geste en direct. L’état de droit est devenu un cache- sexe. Quand il y a un acte odieux avec victimes sanglantes commis par un adulte ou un mineur de plus en plus jeune, il ne faut pas hurler d’effroi ou avec les loups extrémistes. Il ne faut pas donner un nom ou un prénom qui peut stigmatiser. Il n’y a que des faits divers pas des tendances de société. Il faut s’indigner en silence et si possible faire preuve de compassion en ne donnant pas sa haine. Bien vu l’aveugle comme disait mon sergent pendant mon service militaire ! Mais à force de nier la réalité, le boomerang revient à la face des plus crédules ou militants sectaires (pléonasme) qui croient arriver au pouvoir en reculant sur tout. Et en diluant les responsabilités.

Chacun choisit son qualificatif dont la gravité et l’indignation sont répétitives : inacceptable, intolérable, inadmissible, barbare, plus jamais cela... et tout continue comme avant puisque nos courageux parlementaires visent 2027 et ne votent aucune des mesures drastiques qui s’imposent , sous des prétextes divers .Dont le rôle néfaste de l ’Etat et des institutions ; celui  des privilégiés ; l’injustice et le racisme à tous les étages ; la misère sociale et le déracinement puisqu’on accueille mal ... et j’en passe. Paroles, paroles chantait Dalida. Sans incriminer le responsable qui ne l’est plus ou moins car c’est un frustré ayant besoin d’argent ou un déséquilibré à la santé mentale déficiente. Pour la victime du hasard c’est définitivement terminé, bien qu’elle fût en pleine santé, respectait la loi et toutes les contraintes collectives, ne détestait personne et avait de la famille. Mais pas de chance.

Les minutes de silence qui deviennent la norme ou les marches blanches systématiques sont normales pour les victimes innocentes. Mais sont parfois assourdissantes sinon incongrues pour les individus qui ont participé à leur propre malheur. Même si une vie en vaut une autre. Certains devraient réfléchir avant de pouvoir résister à leurs pulsions. Et des slogans entendus sont hallucinants de bêtise et de mauvaise foi.

On ne sait plus ce qu’est le bien et le mal et les grands principes républicains avec notre devise française sont contestés. Y compris l’usage de notre langue qui n’est pas notre monopole pour M. Mélenchon qui veut créoliser. Là les bras m’en tombent ! Notre langue porte nos valeurs et notre culture. Elle n’est pas un « gloubi-boulga ».  

Ce n’est pas en donnant des cours d’empathie en maternelle ou de vivre ensemble plus tard malgré ce qui se passe dans les collèges, qu’on arrivera à éradiquer la violence qui trouve des sources extérieures et avoir un minimum d’union sur les valeurs. Beaucoup qui vivent en France ne l’aiment pas et tirent des balles dans le pied. On exige toujours plus et de la repentance ce que je n’approuve pas. Je ne sais pas jusqu’où ira l’escalade, personne ne maitrise plus rien. On accuse pour tous les sujets. On devrait se regarder dans le miroir et se demander si on n’a pas une part personnelle et égoïste même involontaire de responsabilité dans l’effondrement. Sans introspection profonde il n’y aura pas de solutions viables. Nous sommes des arroseurs-arrosés.

En matière internationale aussi, on ne sait plus où on en est. Barbey d’Aurevilly disait que « le bien et le mal sont une question de latitude ».

C’est un sac de nœud généralisé partout sur la planète. Tous les belligérants accusent leurs adversaires d’avoir violé le droit public international sans citer un texte. Seuls les professeurs de droit spécialisés, des diplomates et des experts militaires notamment connaissent la matière avec les règles de la guerre ou du commerce, ou la protection des frontières et des territoires et des civils. Les chefs d’Etat avant tout politiques se font conseiller pour savoir qui peut faire quoi, comment et dans quelles conditions sans risque pour eux.  

On parle sur tous les médias pour déplorer et faire des hypothèses mais ne rien dire au fond.  Les journalistes ne peuvent se mettre dans le cerveau et à la place de ceux qui sont aux manettes. Ils informent de ce qu’ils savent et commentent. Qui s’y connait vraiment concernant la non-prolifération des armes nucléaires et leur éventuelle utilisation ?  On fait peur. Et tout s’embrouille.

Comment reconnaitre l’agresseur et l’agressé ? Celui qui attaque car il protège ses intérêts ou a subi de graves préjudices et drames, et celui qui se défend alors qu’il dénonçait en provoquant et considère qu’il a le droit légitime de répondre, donc d’attaquer. C’est l’éternelle question de l’œuf et de la poule. Qui a commencé ?  Il y a aussi ceux qui s’invitent dans la guerre par un soutien idéologique ou religieux sinon intéressé ou pour défendre la démocratie en général avec ses valeurs universelles. Ou pour écarter un danger de façon préventive. Dont un envahissement brutal.

Il faut bien que les guerres cessent sans faire perdre la face à personne et que les diplomates trouvent des compromis. La cour internationale de Justice qui juge les Etats se prononcera et la Cour pénale internationale née à Rome en 1998 qui est compétente pour les personnes de tout niveau hiérarchique soupçonnées d’être coupables de crimes de guerre et contre l’humanité, de génocides, de guerres de conquête, enquêtera et incarcérera s’il le faut. Le combat contre Dieu est asymétrique mais il doit vouloir la paix c’est sa mission. Quand la guerre est existentielle pour un Etat que l’on veut rayer de la carte, on sait qu’il ira jusqu’au bout et que la communauté internationale devra prendre des décisions fortes pour l’arrêter. On apprend que la guerre Israël versus USA contre l’Iran serait quasi achevée ? Avec uniquement des vainqueurs et aucun perdant ?

 L’ordre public international d’après 1945 n’est plus. L’ONU est en coma dépassé. Les pays émergents ne veulent plus de la domination occidentale. Les arrosés sont peut- être les futurs arroseurs.

 

mercredi 11 juin 2025

Est-ce bien démocratique ?

 

                                         Est-ce bien démocratique ?

                   Par Christian Fremaux avocat honoraire

On vit une époque curieuse quel que soit le sujet ou le domaine. Ça ne va jamais. Après l’annonce de la décision prise ou envisagée, on proteste, on polémique, on s’indigne, on crie à l ’atteinte aux libertés, à la démocratie, à la faiblesse pas à la hauteur des enjeux ou à une dureté contre-productive. On voit ou imagine des intentions perverses sur tout, on veut immédiatement saisir la justice comme si les juges étaient des magicien(ne)s et trouvaient des solutions là où les responsables se sont défilés.

 Chacun détient la vérité. L’autre est soit un barbare soit un inconscient. A force de tirer sur la corde ne va -t-on pas aboutir à un vrai régime autoritaire ou illibéral que tout le monde dénoncera après en avoir fait le lit ! Les juges ont essayé de redresser les votes en Roumanie, en Géorgie, peut être en Hongrie et demain en Pologne ? Attention à la dérive judiciaire. En France on fait confiance à notre magistrature qui ne peut être soupçonnée. Et on écarte les algorithmes délinquants.  

Je suis pour l’état de droit dont on se gargarise pour tout et son contraire tel que la Constitution de 1958 l’a établi. Avec des élections libres dont on doit respecter l’expression qu’elle plaise ou non, sans manœuvre ; la hiérarchie des normes qui signifie que l’avis de quelques individus ou groupe d’activistes ne peut être à égalité avec la loi ou les décisions de justice. On a le droit de manifester son opposition mais on n’ouvre pas les hostilités qui cassent le bien des autres quand on n’est pas d’accord.

Est- ce bien démocratique que la violence se substitue au dialogue et à ce qui a été voté ?

Avec deux pouvoirs : l’exécutif qui est nommé par le président de la République élu au suffrage universel. Et le législatif avec les députés de l’Assemblée nationale que le peuple a choisis quitte à ce qu’aucune réforme ne puisse être votée faute de majorité ; et le Sénat Grand Conseil des communes de France dont les sénateurs sont élus par les représentants des collectivités territoriales. C’est bien démocratique.

Il faut y ajouter l’autorité judiciaire dont les procureurs qui ont un lien avec le ministre de la Justice et les juges du siège totalement indépendants. Ce qui devient malheureusement une question : en quoi sont-ils légitimes alors qu’ils se prononcent au nom du peuple français donc de l’intérêt général et à qui rendent -ils des comptes ? On ne leur demande pas de changer la société selon leurs critères ou d’être l’avant- garde du progressisme. Ou d’être conservateurs et de suivre l’opinion publique. Ou de rendre des services à je ne sais pas qui. Mission délicate il faut l’admettre.

La Bruyère a écrit : « le devoir des juges est de rendre la justice. Leur métier est de la différer. Quelques-uns savent leur devoir et font leur métier ».

Les Français ont choisi trois blocs avec l’arc républicain et ont le résultat de leurs votes.  Le Président a voulu les punir par la dissolution.

 Est-ce bien démocratique ? Comme le référendum annoncé devenu l’Arlésienne.  

Les parlementaires qui ont entendu le cri des gueux viennent de supprimer les Z.F.E. M. Lombard ministre des Finances qui a du mal à trouver 40 milliards d’économies sans s’attaquer au mammouth de l’Etat a dit que c’était une erreur écologique et qu’il faudrait les rétablir, Paris et la santé le valant bien. 

Est-ce bien démocratique que le ministre issu de la caisse des dépôts, avec chauffeur, s’oppose à la volonté du peuple ?

M. Darmanin quand il était ministre de l’Intérieur ne croyait pas à juste titre au sentiment d’insécurité. Comme Garde des sceaux il a proposé des mesures plutôt drastiques comme des courtes peines vraiment exécutées, la suppression du sursis, des peines planchers ou minimales et de revoir l’ordonnance de 1945 réformée encore récemment sur les mineurs et d’emprisonner. C’est un tollé.

 Les magistrats qui ont le droit de s’exprimer au-delà de leur devoir de réserve sont montés à la barre. Ils sont aussi citoyens et défendent leurs fonctions. Le 1er président de la Cour de cassation a dénoncé du populisme anti-judiciaire. Mais c’est quoi le contraire de populisme ? De l’élitisme par un petit milieu se sentant éclairé qui prétendrait avoir les solutions s’il avait des moyens ?  Le procureur général de la Cour de cassation a contesté l’accusation de laxisme judiciaire au prétexte que les juges appliquent la loi fabriquée par les parlementaires ou l’Europe.  C’est vrai, mais rien n’interdit aux magistrats de faire des revirements de jurisprudence puisque la loi s’interprète et d’aller au quasi maximum des textes existants, dans certains cas.  

Est- ce bien démocratique de ne choisir que ce qui déplait aux victimes et au peuple ?

Le terme prison est le repoussoir pour les bonnes âmes qui rejettent les difficultés sur la société qui serait structurellement raciste, discriminatoire et socialement inégalitaire.  C’est globalement faux même si rien n’est parfait et qu’il peut y avoir des bavures et des injustices. La société idéale n’existe pas. Eurêka, en ne bâtissant pas des prisons on ferait des économies !   

Il ne s’agit pas de rejeter la prévention au profit du tout répressif. Les deux se complètent. Les politiques pénales de Mesdames Taubira et Belloubet basées bien avant elles sur une idéologie Rousseauiste erronée en la croyance d’un homme né bon ou d’une femme née bonne ne sont plus adaptées à l’époque et ont échoué. L’ordre puis la punition génèreraient de la délinquance ? Le président méprise les problèmes régaliens dont la sûreté première des libertés. Est -ce bien démocratique ?

Pourquoi ne pas essayer d’autres méthodes en conservant nos grands principes et nos valeurs républicaines. Désormais la vie ne tient qu’à un fil, l’exaspération, le ressentiment ou la haine d’un autre. L’autorité est un gros mot. Obéir est déshonorant. La règle nuirait.

Est-ce bien démocratique de ne pas s’adapter au monde devenu plus menaçant et à l’individu qui ne tolère plus de limites à ses frustrations et à sa violence ?

vendredi 16 mai 2025

Revenons aux fondamentaux de la justice

 

                          Revenons aux fondamentaux de la justice

                    Par Christian Fremaux avocat honoraire

En ce moment je suis un peu désespéré par la justice sous toutes ses formes. Je m’inquiète car je sens une dérive dangereuse. J’ai entendu des personnalités politiques dire qu’un non- lieu ou une relaxe ne changeaient rien aux faits qui étaient reprochés et que ce n’était pas la preuve d’une innocence ! Mao Tse Toung ou Trotski sortez de ces esprits. Je cite en vrac quelques interrogations.  

 L’émotion est la base de tout. Les faits deviennent secondaires. L’honneur des uns et des autres est bouleversé sur une simple affirmation. Tout le monde s’en mêle et l’indignation vaut réalité. Attention ce qui arrive à des personnalités peut un jour concerner le quidam puisqu’on ne veut plus de prescription. On pourrait accuser à vie. Naturellement les coupables avérés doivent payer. Les victimes ont droit à réparation ou d’avoir l’esprit libre. Avec des souvenirs qui se révèlent tardivement. Elles n’y sont pour rien. Mais ne cherchons pas des coupables quoiqu’il arrive avec des raisonnements contemporains. La justice n’est ni la vengeance ni la condamnation d’une faute globale ou par inaction. Ni la volonté de créer une société pure et sans tâche. Sinon on ne cessera de sortir du placard les cadavres coupables ou non de l’histoire et on installera la désunion. Ou la repentance perpétuelle.

Quand le parlementaire enquête et enlève son écharpe pour revêtir le costume du juge on est dans la confusion. Si ce n’est dans l’arbitraire puisqu’on veut une Justice indépendante de toute pression. Qu’il s’occupe de contrôler nos finances et de bâtir un budget en équilibre ; qu’il vérifie le fonctionnement des institutions ; qu’il fasse tout pour participer à des débats dignes qui renforcent la nation... Mais qu’il laisse de côté son aspect justicier surtout quand le présumé suspect est un adversaire politique. Et je n’évoque même pas les qualités nécessaires juridiques et judiciaires, le sens du débat contradictoire, des droits de la défense, de la présomption d’innocence et sans juridiction d’appel.  Outre la neutralité et l’impartialité c’est à dire les qualités que l’on exige des magistrats professionnels. Diffamez, insinuez, il en restera toujours quelque chose. On n’est pas dans une instruction judiciaire à charge et à décharge d’où rien ne doit filtrer sous peine de délit !  L’élection ne confère ni compétences ni hauteur. S’il y a eu jadis des manquements collectifs ou des insuffisances voire des « protections » pour ne pas faire savoir, qui sera condamné ?

J’ai écouté M. Bayrou1er ministre mais surtout parent d’élève donc intimement concerné pour le scandale de Betharram interrogé par M. Vannier de LFI plus proche de Fouquier-Tinville que d’un simple procureur membre du syndicat de la magistrature.  M. Vannier a décrété que M. Bayrou avait menti sous serment quelles que soient ses explications et preuves. Il ne cherchait pas la vérité des faits. Il a instruit à charge politique exclusivement.  La commission d’enquête n’en sort pas grandie. Il va falloir revoir ses compétences et sa procédure.

C’est le président Mitterrand qui avait parlé de la force injuste de la loi. Le juge doit naturellement appliquer la légalité, quand il ne l’interprète pas.Il doit mesurer les effets pratiques de sa décision sur les citoyens, sur la démocratie ou sur une future élection. Il ne peut se substituer au peuple. Ou vouloir privilégier telle ou telle victime même si on est d’accord avec lui que le délit ou le crime est odieux. Sinon l’unité de la nation est ébranlée. Le doute s’installe.

On n’ose pas critiquer les juges sauf à être taxé de populiste voire d’extrême. Mais ils n’ont pas toujours raison. Au procès Depardieu ils ont condamné plus sévèrement sous le curieux concept de victimisation secondaire à l’audience parce que l’avocat du prévenu que je ne défends pas particulièrement, aurait eu un comportement outrancier et méprisant pour les parties civiles. Mais on peut tout dire à condition d’avoir du talent. Y compris contester des accusations. Outre que le président du tribunal a la police de l’audience et peut demander à un avocat de se modérer, sous l’autorité du bâtonnier. L’avocat peut et doit être libre de choisir sa stratégie et son expression de défense qu’il pense utiles à son client. Quitte à être contre -productif.

Après 1981 j’ai eu modestement l’occasion de plaider notamment avec ou contre Mes Jacques Vergès ou Thierry Levy pénalistes ténors qui s’attaquaient aux puissants et à l’Etat et prononçaient des plaidoiries de rupture. Féroces et parfois très blessantes pour leurs adversaires, avocats compris. Personne ne les a condamnés pour leurs propos parfois insupportables. Leurs victimes ont encaissé. A l’époque le combat judiciaire n’était pas uniquement émotionnel.   

Les parties civiles ne subissent pas une deuxième victimisation à l’audience car un tribunal juge des faits qui doivent être prouvés, les personnalités et en droit. S’il faut demander pardon et aller à Canossa en ménageant les parties civiles ou les opposants en croyant aveuglement à leurs paroles, la défense ne sera plus ce qu’elle devrait être. Elle doit être ferme et incisive et sans haine. Et subtile envers le malheur réel ou exagéré ou non démontré des plaignants. Les avocats des parties civiles peuvent redresser la barre au lieu de se plaindre de la méchanceté du confrère et remettre en place l’insolent ou l’insultant. On juge le prévenu pas son conseil. Le tribunal n’est pas l’arbitre des élégances et du bon goût ou de la compassion. La défense ne peut être censurée sinon c’est l’Etat de droit qui vacille. La vérité n’est pas univoque.

Dans les affaires sensibles l’avocat est souvent seul contre tous, contre la société, contre la doxa. Faisons en sorte que la défense puisse toujours être présente et s’exprimer. Tout le reste est polémiques stériles.   

Revenons aux fondamentaux. Aux parlementaires la loi et la politique. A la justice neutre et impartiale l’examen de la culpabilité ou de l’innocence. Et le devoir de trancher les litiges qui lui sont soumis. Pas de bâtir une société idéale socialement ou par les mœurs qui d’ailleurs évoluent. Ou politiquement.  Aux avocats la lourde responsabilité de défendre tous ceux qui font appel à eux. Et de choisir leurs arguments.

 C’est ainsi que la confiance reviendra.