Le degré zéro de la
politique : justice et démission.
Par Christian Fremaux avocat
honoraire
Dès qu’il y
a un débat délicat et une défense hésitante ou une affaire qui est sordide, ou
un soupçon qu’un politique ou l’Etat n’a pas agi à temps, on entend d’abord des
cris indignés avec les mots plaintes et procès ce qui veut dire justice hâtive.
Comme si les juges devaient remplacer les citoyens qui comprennent et sanctionner
en urgence. Sans savoir précisément. Alors qu’ils usent de la lenteur pour des
raisons diverses. Puis immédiatement après on réclame le départ sur le champ.
Honteusement.
La plupart
du temps ceux qui hurlent à mort en baissant le pouce agissent avec des fonds
publics car ils sont subventionnés. Ils attaquent l’Etat ou telle personnalité
publique qui les a nourris. Je ne suis pas d’accord qu’avec l’argent de mes
impôts certains fassent n’importe quoi en fonction de leurs convictions particulières.
Ils se donnent bonne conscience croyant sauver la planète. Et implanter un vivre-ensemble
heureux. Ou laver plus blanc ou moins noir soyons prudents sur les termes. Ils
ne doivent pas regarder les faits divers en France et ce qui se passe dans le
monde. Ils se rangent dans le camp du bien. C’est confortable sans sortir ses
sous. Et sans risques.
N’oublions pas le débat sur l’état de droit
qui nous empêcherait selon les défaitistes de tenter quoique ce soit. M. Macron
a promis un référendum mais on ne sait pas sur quel sujet. Les questions ne
manquent pas. Il parait que nous serions ligotés juridiquement par nos
engagements internationaux ; les droits de l’homme ; les dispositions
des instances européennes ; le droit humanitaire international ...
Les autres nations ont elles les mêmes scrupules ? Notre constitution peut
être revue. Des politiques refusent.
Si la jurisprudence change constamment grâce
aux juges français, nos parlementaires peuvent défaire une loi et en voter une
autre. Ce n’est pas interdit. Et après M. Fabius socialiste revendiqué, le nouveau
président du conseil constitutionnel M. Richard Ferrand validé à une voix près
bien que très proche du chef de l’Etat, peut nous étonner en devenant véritablement
indépendant de toutes influences dont son avis personnel et en entendant sans filtre
la voix du peuple qui est celle de son unique maitre. On n’est jamais
à l’abri d’une bonne surprise et de l’honneur d’un homme. Bien que non
juriste, mais ancien président de l’Assemblée nationale avec de
l’expérience.
On pourrait trouver des économies en revoyant
les critères d’attribution des recettes qui permettent les actions d’associations
ou structures opaques. Il n’y a aucun droit acquis à ses faiseurs de contentieux.
Ni à des profiteurs étatiques d’énormes fonds publics sans contrepartie. La
générosité et le respect du droit ne vont que dans un sens contre la nation française.
Le constater ce n’est pas du populisme mais du simple bon sens. Des Etats à qui
l’on donne des centaines de millions pour leurs développements nous maudissent
comme l’Algérie ou sont plus riches que nous comme la Chine. La réduction des
dépenses publiques commence par assécher des filets d’eau qui se regroupent et
forment des fleuves qui débordent.
Les plus auto -intelligents estiment
qu’il faut trouver beaucoup de dépenses à supprimer et prendre l’argent où
il est : chez les riches en général y compris les retraités. Ou les
profiteurs. Mais sans s’attaquer aux déficits structurels, comment fait-on ?
Si tout est inutile alors ne faisons jamais rien.
Et ensuite
on parle censure pour tout et rien.
C’est le
retour vers la IVème république alors que M. Mélenchon réclame une VIème
république avec un parlement élu à la proportionnelle et omniscient. Le président
de la République irait pêcher des moules et des frites au Touquet. On
supprimerait le premier ministre qui ne sert à rien et coûte cher au
profit de quelques citoyens tirés au sort qui gouverneraient l’administration.
Avec un DRH et un DAF. Et c’est le chef de la majorité composite qui coordonnerait.
Naturellement je caricature mais un peu seulement. La démocratie doit évoluer !
Tous les problèmes seraient réglés car comme on le sait seuls les extrémistes
ont la vérité.
M.
Bayrou avait anticipé. Il est resté maire de Pau. Et la justice le rattrape,
ce qui se traduit par l’injonction : démission.
Même si
elle est très ancienne autant que M. Bayrou dans la vie publique l’affaire
de l’école catholique Bétharram est grave. Il y a des victimes qui souffrent et
exigent que les coupables paient. Les tribunaux ne sont pas faits pour rendre
des services à un parti politique. Serait-il le défenseur de la laïcité ce qui
se discute vu son positionnement actuel. Les juridictions émettent des
jugements en appliquant le droit dans le contexte de l’époque qui n’excuse rien
et ses répercussions d’aujourd’hui. Les juges ne donnent pas de leçons et ne se
prononcent pas sur des pratiques prétendument religieuses sauf celles qui sont
contraires à la loi. Ils examinent aussi le comportement des hommes politiques.
Mais pas leurs paroles dans l’hémicycle sauf infractions avérées. La démission du
1er ministre acte politique de sa seule conscience ou par censure ne servirait à
rien sinon il faudrait l’actionner tous les jours sur ordres de procureurs
occasionnels avec effet boomerang pour eux. Laissons la justice faire son
travail.
Nos parlementaires n’ont- ils pas mieux à
faire qu’hurler avec les loups ? En attendant que l’affaire se
décante et que la présomption d’innocence soit une valeur réelle dans l’intérêt
de tous. Sans oublier le principe cardinal de la prescription dont
des personnalités puissantes ou proches des pouvoirs ont bénéficié. Outre le
respect du débat contradictoire. Et le fait que malgré la tendance
actuelle une parole, un ressenti, une émotion ou une certitude personnelle ne
remplacent pas des accusations vérifiées et débattues objectivement. Les
victimes n’ont pas besoin de récupération politique et de la démission du
premier ministre qui aurait menti à l’Assemblée. M. Bayrou n’est pas M.
Clinton à propos de Monica. Il va se défendre peut -être en bottant en touche,
dans le marigot ?
N'abusons
pas de la justice et de la démission. Personne n’est en état de faire la
morale.
Toujours le même sentiment d’une excellence à ciseler une réalité si complexe que tant, par facilité, réduisent à des slogans
RépondreSupprimer