vendredi 31 mai 2024

On touche le fond

 

                                        On touche le fond

                                Par Christian Fremaux avocat honoraire

Le débat sur les élections européennes ne passionne pas les foules car il est technique : plus ou moins d'Europe ou une Europe recentrée et réformée pour que chaque pays garde sa puissance et puisse prendre les lois qui défendent ses intérêts vitaux. Et que des fonctionnaires non élus cessent de se mêler de tout et imposer leur vision de notre vie. Sous l'autorité des politiques nationaux. Car il ne faut pas se tromper et être hypocrites. Les électeurs français envoient 81 élus à Bruxelles de toutes tendances droite ou gauche ou d'ailleurs. Les heureux bénéficiaires dont on ne connait que la tête de liste n'ont pas pour mandat de décider en fonction de leurs goûts et convictions personnels. L'Eurovision récente m'a un peu perturbé. Mais les débats sont nécessaires. La chaise vide est une politique ringarde. Et méprisante.

Ce qui m'intéresse au-delà de leurs partis politiques et leurs alliances avec d'autres forces en Europe est que nos député(é)s défendent la France sur le plan international sans oublier nos priorités internes. Avec sa souveraineté en permettant que l'on prenne des lois qui ne sont pas invalidées par les cours de justice. En protégeant nos producteurs et industriels sans des accords de libre-échange échevelés. En bétonnant nos valeurs républicaines et laïques comme en France même si elles ne sont pas entièrement comprises et /ou en intégrant un socle commun de principes avec lesquels nos voisins sont d'accord. En s'occupant vraiment de l'immigration. Bonne chance pour trouver l'unanimité. Chaque pays a ses coutumes et repères.

 Et sans faire de l'Europe une auberge espagnole car nous ne sommes pas responsables de tout ce qui ne va pas et le monde entier ne peut nous en vouloir pour le passé, le présent et l'avenir. Les larmes de crocrodiles versées par certains sont à géométrie variable. Ils pourraient commencer par leurs proches ce qui n'exclut pas de plaindre tous ceux qui souffrent.  Une vie est une vie. Aussi en ne se montrant pas belliqueux pour protéger les démocraties dont la nôtre. Où en voulant sauver l'Ukraine pour faire plier l'agresseur Poutine en se lançant dans une escalade militaire très dangereuse et aléatoire. En se méfiant de l'éventuel retour de D. Trump.  

Je n'aborde pas le rôle de l'Europe dans le conflit Israël/Hamas.  Je ne place pas sur un pied d'égalité un Etat démocratique dont les dirigeants rendront compte de leurs actes et excès à leur Justice et à la justice internationale si les conditions sont remplies. Avec un mouvement terroriste et criminel. Pour qu'il y ait un Etat il faut des populations soudées, un ou des territoires continus, des institutions avec des élections et des dirigeants élus. Et que ledit Etat reconnaisse celui qui le bordure et ne veut pas sa disparition. L'assemblée générale de l'Onu s'est prononcée. C'est un pas. Reste le plus dur à accomplir à savoir l'arrêt des combats. L'Europe doit contribuer à une solution à deux Etats. Pleurer à la télé ne suffit pas. S'insulter non plus. L'émotion n'est pas suffisante et crée des clivages profonds. L'empathie n'est réservée à personne.   

C'est de tout cela que nos candidats aux européennes auraient dû débattre, même dans la confusion, avec des slogans et des raccourcis, du n'importe quoi parfois. Je ne supporte pas les accusations à l'emporte-pièce par exemple héritier de Pétain ou de Staline (qui sont ces gens papi ?) sinon Napoléon l'esclavagiste ou Mao Tse Toung le massacreur au moins des libertés ! Il est ridicule que chacun dise qu'il ou elle est le sauveur et que tous les autres sont des menteurs. On sait que c'est faux, que personne n'a la vérité et que nos député(é)s se disperseront dans des groupes où il y a des représentants d'autres pays.  

L'électeur français même farouchement européen cherche dans le programme de nos candidats ce qui va profiter à la France. C'est humain.

J'ai été sidéré que M. Glucksmann candidat des auto- proclamés humanistes néanmoins de gauche comme si à droite il n'y avait que des bourreaux sans cœur ! suivi par son alliée Mme Toussaint cheffe des verts qui se revendique comme seule à détenir la solution au réchauffement climatique, refusent d'aller débattre sur C. News et Europe 1. Aux motifs supposés qu'ils considèrent que ce sont des médias "nauséabonds" droitiers malgré des centaines de milliers de téléspectateurs et auditeurs qui les accompagnent. Courage restons à la maison. Les absents ont toujours tort. C'est lamentable et je plains les supporteurs de ces candidats.

Leur conception de la démocratie me désole. Il est vrai qu'il est plus facile de parler entre soi sous les applaudissements des bien -pensants de son camp. M. Glucksmann a installé sa candidature sous l'aile de M. Delors qui avait eu le cran de refuser d'être candidat à l'élection présidentielle. Et de s'en expliquer publiquement ce qui est le simple respect dû aux électeurs. Et de se placer, ce qui est osé ,sous le patronage de Me Badinter panthéonisé qui a plaidé contre la peine de mort malgré l'opposition virile du peuple Français à l'époque. Cela c'est du courage. Mépriser un média et ses auditeurs qui ne conviennent pas c'est fuir le combat. On verra ce qu'en pensent les électeurs.

Après 45 ans de barreau je ne connais pas un avocat qui choisit son adversaire, son tribunal et ses magistrats qui seraient dévoués à sa cause. En excluant tout autre.

Avec des députés de cet acabit et de cette ouverture d'esprit le dialogue nécessaire et la réunion des bonnes volontés ne sont pas près de voir le jour. On a les élus que l'on se choisit. Il appartient à l'électeur d'aller voter en masse et de rectifier ce qui lui parait tordu. En votant pour qui il veut. On touche le fond de la liberté d'expression et du débat public contradictoire. Le seul avantage c'est qu'avec moins de débatteurs il y a eu moins de cacophonie, quoique !

Ce sont nos prétendus futurs chefs donc ils nous suivront.      

vendredi 24 mai 2024

La C.P.I. et la position française

 

                                      La C.P.I. et la position française

                        Par Christian Fremaux avocat honoraire

Guerre et Justice n'est- ce pas un oxymore comme tolérance subjective et partiale ?

La Cour Internationale de justice [C.I.J] créée en 1945 est un organe de l'Onu qui siège à La Haye. Il y a un juge français M. Ronny Abraham. Elle est compétente pour juger exclusivement les différends entre Etats qui sont le plus souvent des difficultés de frontières terrestres ou maritimes. Elle peut être saisie aussi pour apprécier l'existence d'un génocide, ou le financement du terrorisme ou de la discrimination raciale (ex. Arménie contre Azerbaïdjan). Elle se prononce au fond après une très longue procédure où chaque partie argumente. Elle peut ordonner des mesures d'urgence comme celle que la Russie cesse son action contre l'Ukraine. Mais elle ne peut forcer aucune partie à s'exécuter. On est plutôt dans de la communication. Sur requête de l'Afrique du Sud la Cour a indiqué qu'il y avait un risque génocidaire de la part d'Israël contre Gaza. Elle ne s'est pas prononcée sur la nature du mouvement terroriste du Hamas. Elle a indiqué qu'Israël avait le droit de se défendre de façon proportionnée en privilégiant le devoir humanitaire.  Elle n'a donc pas déclaré, comme le soutiennent des militants, qu'il y avait génocide avéré.  

La C.I.J. n'est pas à confondre avec une autre Cour qui défraie la chronique.

La Cour Pénale Internationale [C.P.I] qui siège aussi à La Haye a été créée en 1998. Elle ne juge que des individus pour crimes d'agression, de guerre ou contre l'humanité et génocide. M. Nicolas Guillou est le juge français. Des responsables africains pour le Rwanda ou la Côte d'Ivoire ont été poursuivis et le dirigeant Serbe Milosevic est décédé en détention.

 Pour qu'un quidam soit justiciable il faut que son Etat ait ratifié la convention. Or les USA, la Chine, la Russie, Israël notamment n'ont pas ratifiés le traité. Le procureur de la Cour M. Karim Hahn avocat écossais a osé lancer des mandats d'arrêt contre M. Netanyahou premier ministre d'Israël et son ministre de la Défense qui ont une adresse et qui sont en fonctions. Et contre trois dirigeants du Hamas qui sont sans domicile fixe dans le désert ou dans des tunnels ou dans des pays amis et qui sont injoignables surtout avec des faux noms.

 C'est un tollé et peut-être de la gesticulation car les intéressés ne vont pas se livrer à la Cour pieds et poings liés la corde au cou pour être mis en détention provisoire ! D'autant plus que le procureur propose mais seule la Cour peut ordonner l'exécution de mandats d'arrêt. Elle va y réfléchir car les bonnes intentions pour aboutir au cessez le feu peuvent être contre productives et relancer le conflit. L'annonce du procureur pose des problèmes.

Il y a deux poids deux mesures car on ne sait pas sur quels textes précis et surtout sur quels critères objectifs on poursuit tel individu plutôt qu'un autre qui a fait autant sinon pire ? Les pays du Sud global posent cette question.

Peut-on mettre sur un niveau d'équivalence les dirigeants d'un Etat démocratique reconnu et qui rendront des comptes à leurs mandants et à leur Justice, avec des fantômes fugitifs sans responsabilités, non élus, sans peuple défini qui les légitime et qui sont des terroristes. Le principe une vie est une vie semble insuffisant car l'émotion ne remplace pas le droit qui ne peut être à la remorque des opinons publiques.

La diplomatie française a approuvé par la doctrine du "en même temps "la décision du procureur international.  D'accord pour que le droit international s'applique et qu'une Cour de Justice se prononce si elle est compétente et reconnue. Mais pas d'accord en mettant au même niveau Israël et le Hamas. On ne peut qu’être satisfait : on soutient le droit et l'ordre et on essaie la négociation en proposant une trêve des combats pour sauver des êtres humains.

 Furieux mais "même pas peur" doivent ricaner M. Netanyahou et son ministre et les responsables en fuite permanente du Hamas comme d'autres futurs ou déjà concernés dans d'autres guerres, mais ils ne peuvent plus voyager sur le territoire d'un Etat qui est membre de la C.P.I. qui doit appliquer le mandat d'arrêt si la Cour le juge ainsi ! ça chauffe sous les crânes politiques.  Dont la France qui voudrait être le leader des pacifistes réalistes objectifs et convoquer les parties pour en discuter à Paris ! Mais voyage-t-on quand son pays est en guerre ?

 Doctrine d'ailleurs qui s'appliquerait peut- être pour nos émeutes internes dans les quartiers dits perdus ? Et comme en Nouvelle- Calédonie par exemple puisqu'on combat pour des motifs divers notamment la fin de la décolonisation et la reconnaissance d'un peuple autonome. En niant les droits de la nation française. Et des Français citoyens sur place ! Parallèle osé je l'avoue.

Le monde a besoin de principes supérieurs objectifs et universels pour progresser et donc d'arbitres neutres. Commencer par enquêter sur des criminels suspectés sous réserve de la légitime défense, est un bon début. Sinon il n'y a plus qu'à se désespérer et attendre la fin des combats avec un gagnant ou un perdant ou un match nul c'est-à- dire la mort de nombreuses victimes. L'idéologie ne peut effacer le dialogue et le compromis nécessaire. La vérité judiciaire est relative mais le droit est un moyen d'avancer. Il ne peut cependant être à la place de la volonté politique et mettre fin à la folie des hommes.  Les armes pures doivent se substituer aux armes qui tuent. Le procureur Karim Khan s'est lancé dans un pari sous un tombereau de scepticisme sinon d'injures. Il a eu le courage de prendre une initiative. Vive la C.P.I.   

dimanche 12 mai 2024

Parlez -vous européen

                          Parlez -vous européen

               Par Christian Fremaux avocat honoraire

Ce qui serait bien sinon nécessaire c'est de cesser les polémiques oiseuses qui crispent encore plus. Tout est important mais le 9 juin on va choisir l'Europe que nous voulons. Et si on en parlait au lieu de s'invectiver. Et d'exclure l'autre. 

Soit plus d'Europe, une superstructure intégrée quasi fédéraliste avec une bureaucratie pléthorique et anonyme donc avec des pouvoirs dont se délesterait notre pays. Ce qui me chiffonne. Avec 27 membres ou 36 (l'ex- Yougoslavie, la Moldavie, l'Ukraine et la Turquie qui postule depuis des années). On ne compte plus quand on aime et que l'on veut que les guerres cessent ! Mais que les démocraties paient. Il n'y aurait plus de votes à l'unanimité et seule la majorité qualifiée compterait. La France pourrait se voir imposer des mesures décidées par des minorités que l'on soutient à bras le corps. Est- ce raisonnable comme de vouloir envoyer des troupes au sol en Ukraine car le tsar reconstitué Poutine agresseur patenté ne peut pas gagner ni moralement ni juridiquement. Ou de partager notre dissuasion nucléaire tout en gardant seul le droit d'appuyer sur le bouton qui est de notre souveraineté nationale. Et si on interrogeait d'abord les Français car le moderne et fringant chef de l'Etat aussi intelligent qu'il soit peut se tromper, vouloir avoir raison pour satisfaire son ego, ou être naïf de bonne foi ? Il croit en l'Homme ce dont je le félicite, en sa raison, en la tolérance, au partage des richesses et à la concorde dans un espace structuré assez vaste pour résister aux concurrences et pouvant accueillir ceux qui en ont besoin ? On a le droit d'être sceptique. Merci chers voisins de nous autoriser à garder ce qui nous appartient. Est -ce excessif de dire que certains y compris en France ne nous aiment pas, ont des projets théocratiques et détestent nos valeurs républicaines. Hâtons-nous lentement. Avançons sans perdre notre identité ou la confondre dans un magma informe. Revoyons le projet. On a le droit de vouloir demeurer qui on est sur le plan des valeurs et de la culture et rester puissant. Une réforme des institutions et des transferts limités de souveraineté s'impose. Lançons -là. L'Europe doit être subsidiaire.

Soit de considérer que l'Europe ne sert à rien ce que les agriculteurs céréaliers notamment démentent, que l'union ne fait pas la force et que le Frexit sans le dire serait préférable pour tout. On se recroquevillerait sur nous- même. Tout individu qui s'isole sait comment cela se termine. On prendrait d'abord les lois que l'on veut contre l'immigration sauvage et l'insécurité ce qui plairait aux Français fatigués à juste titre des trafics, des règlements de comptes et des attentats à l'arme blanche et contre la Cour Européenne des droits de l'homme de Strasbourg qui bloque les volontés de sévérité nationale. Puis on choisirait à la carte ce qui est de notre intérêt, c'est simple. Cela ne résoudrait aucun problème de fond et dans la mondialisation qui existe que l'on le veuille ou non, avec la solidarité évidente entre européens, c'est compliqué ! Sinon utopique. Mais il n'est pas interdit à l'électeur de voter avec son émotion et pas sa raison. Je ne crois pas en l'arc républicain qui exclut. Mais il peut envoyer des flèches empoisonnées. Un électeur vaut un autre électeur.  

Soit on ne bouge pas c'est-à-dire que l'on ne va même pas voter. La mairie c'est loin, bourgeois et tenue par des élus racistes, post -coloniaux et neutres. Donc laïcs. Et que voter c'est un piège à cons car l'Europe c'est du pipeau et elle ne sert à rien. Dans ce cas c'est surtout une preuve d'irresponsabilités pour ceux qui s'abstiennent car il n'y aura pas un deuxième tour de rattrapage dans la rue. L'abstention est l'arme la plus redoutable qui soit. Cela permet de contester le résultat qui ne convient pas sans avoir pris ses responsabilités. Et sans faire disparaitre les défauts de l'Europe que l'on dénonce. Se priver du droit et du devoir de voter c'est insulter tous ceux qui se battent pour avoir le droit de donner leurs avis et vivre en libertés. Ce crime de civisme laisse le champ libre aux minorités de partisans ou idéologues et à ceux qui ont des idées cachées et veulent imposer un autre régime, un autre état de droit que la République et ses valeurs dans une démocratie européenne certes imparfaite mais qui permet l'expression de toutes les opinions et de vivre ensemble. Et de protéger.

Evitons de s'égarer sur d'autres sujets. Je ne suis pas propalestinien car je ne supporte pas le Hamas mouvement terroriste massacreur. Je déplore les représailles et les victimes gazaouies. Je ne suis pas non plus pro-israélien mais un Etat démocratique a le droit de se défendre. Et de n'être pas éliminé par la haine. On peut critiquer sa politique et ses moyens d'action. Comme une vie vaut une vie je pleure les victimes israéliennes. J'espère que les cours internationales de Justice retrouveront leurs petits. Je souhaite comme tout le monde je crois, la paix. Je ne soutiens pas l'autocrate V. Poutine attaquant identifié pour de bonnes raisons selon lui ou de  mauvais motifs selon tout le monde et sa volonté supposée de s'attaquer à des pays européens dont nous ou nos proches alliés ? Soyons vigilants mais pas co-belligérants d'autant plus que la France n'a que quelques jours de munitions en réserve outre la bombe atomique ! Et un tapis de dettes colossales. Mais je grimace quand j'entends le président Zelenski prétendre qu'il défend outre ses intérêts nationaux et particuliers ce qui est humain, d'abord tout l'occident et l'Europe, ses valeurs, la démocratie, les libertés. C'est de l'abus verbal. On se rappelle l'Ukraine soviétique et d'avant les accords de Minsk jamais appliqués, la corruption, les oligarques et un régime politique plutôt autoritaire. Le comédien se serait-il changé en démocrate exemplaire dans un pays pavé de roses ? Ou est-ce un rôle de composition ? Néanmoins il faut aider le peuple ukrainien sans griller toutes nos cartouches notamment diplomatiques.

L'Europe ouverte doit agir en ce sens. Il ne s'agit pas de régler nos différends et d'autres litiges franco-français sur notre territoire. Chaque  citoyen sans distinction d'origine a droit à la protection la plus absolue et au respect de ses croyances dans le cadre des lois de la République. C'est ce qui fait Nation. 

Allez voter pour l'Europe de vos souhaits puisque la perfection n'existe pas, mais votez. 

 

 

 

 

 

 

   

 

 

 

                               

                                                   

jeudi 8 février 2024

La justice fait elle son examen de conscience ?

 

                     La justice fait elle son examen de conscience ?

                 Par Christian Fremaux avocat honoraire

La justice fait feu de tout bois. C’est le réchauffement judiciaire. Quand on veut on peut. Lorsque les politiques dénoncent le gouvernement des juges et un coup d’Etat de droit à propos de la loi immigration passée au crible par le Conseil Constitutionnel, ils ont tort. On ne peut être toujours gagnant et il leur suffit de proposer des textes courageux et conformes au droit positif pour avoir raison. Sous la souveraine appréciation des magistrats qui ne sont pas des machines et ont des certitudes personnelles avec une conscience.   

Le droit qui n’est pas une science exacte s’interprète et on peut poser comme acquis sociétal qu’un justiciable fût- il un homme ou une femme politique est de bonne foi. Le gouvernement vient d’indiquer que chacun avait droit à l’erreur qui pouvait être régularisée. Ils peuvent aussi être honnêtes bien que maladroits et commettre des manquements sinon des infractions qui seront sanctionnées, personne n’est parfait. Mais tout le monde et certains en particulier ne doivent pas être désignés du doigt en raison de leurs notoriétés ou de leurs fonctions. La démocratie exige beaucoup mais il ne faut pas que les électeurs disent « tous pourris » et s’abstiennent. En ne votant plus au cri de pour quoi faire ?

L’élection n’exonère de rien. Elle n’entraine pas de soupçon d’office non plus. La justice n’a pas à trier tel éventuel délinquant plutôt qu’un autre surtout quand il y a un retentissement médiatique. Par définition le juge est paré de toutes les vertus professionnelles. Mais il peut se tromper, n’est pas exempt de faiblesses sinon d’arrière- pensées les maçons du mur des cons nous l’ont appris ou le parquet national financier [P.N.F.] quand il a éliminé M. Fillon de la course à la présidentielle. Initiative validée ensuite par les juges du fond. Mais attendons la fin de tous les recours une surprise n’étant pas à exclure.

Le parquet national financier né le 1er février 2014 du temps de la présidence de M. Hollande est en pointe dans beaucoup de dossiers économiques et financiers. Au nom de la pureté et de l’honnêteté les magistrats choisissent -ils leurs cibles par eux-mêmes, selon quels critères définis par quelle entité supérieure ?  Le P.N.F veut-il laver plus blanc que blanc ce qui donne transparent comme le disait Coluche donc invisible ? Le parlement pourrait décider de la politique pénale à ce sujet. L’indépendance a un prix.  

Y a-t-il actuellement un revirement de jurisprudence ou revient-on aux principes de base ? Les juges aborderaient-ils les dossiers des politiques avec plus de mesure et bon sens ou moins de parti pris c’est à dire sans tordre le droit ou l’étendre pour créer une nouvelle société et ainsi la rendre vertueuse selon eux et sans interroger le peuple. Sans faire des intéressés naturellement des privilégiés ou des plus égaux que d’autres car le citoyen aime l’égalité de traitement et considère que l’élu ou le nommé au sommet de l’exécutif par la volonté présidentielle doit donner l’exemple. L’impunité ne doit profiter à personne.

 M. Dupond -Moretti ministre garde des sceaux en fonction a été relaxé par la Cour de Justice de la République. Les juges ont constaté que la matérialité du délit de prise illégale d’intérêts était caractérisée mais que l’intention faisait défaut. Le ministre ayant commis un délit à son insu de son plein gré a été déclaré non coupable. Le parquet général n’a exercé aucun recours. Il est donc acquis que le principe de l’intentionnalité est prépondérant. Tout justiciable va pouvoir l’invoquer. Si un jour Me Dupond-Moretti retrouve sa robe d’avocat il pourra convaincre les juges avec sa propre jurisprudence. C’est classe.

M. Dussopt alors ministre du travail en exercice a été jugé pour des faits de 2009 quand il était maire d’Annonay. On lui reprochait un délit de favoritisme pour avoir attribué un marché public de l’eau et avoir reçu en récompense quelques lithographies d’une valeur modeste. C’était faux. Le tribunal correctionnel vient de décider que l’ancien maire n’avait fourni aucune information privilégiée. Le soupçon ne valait rien. Notons le processus. Le procureur doit prouver le délit. Ce n’est pas au prévenu de faire la preuve qu’il n’est pas coupable. Qu’on se le dise et qu’on applique la règle. Le parquet a interjeté appel. Le P.N.F. ne lâche pas un client facilement.

M. Bayrou président du Modem vient d’être relaxé alors que les cadres de son parti dont M. Mercier ancien ministre de la justice ont été condamnés. On leur reprochait un détournement de fonds européens en faisant travailler les assistants parlementaires non pas à Bruxelles mais à Paris. M. Bayrou s’était insurgé. L’intérêt du jugement rendu est que M. Bayrou a été renvoyé des poursuites au bénéfice du doute. Le tribunal a estimé qu’il n’y avait pas la preuve que M. Bayrou connaissait et avait approuvé les méthodes utilisées par ses collaborateurs. Les juges ont ajouté finement qu’ils pensaient -sans pouvoir le démontrer -que néanmoins M. Bayrou ne pouvait ignorer voire avait autorisé ce qui se passait dans sa boutique. Un patron peut- il tout savoir et donner des consignes implicites en fermant les yeux ? Poser la question n’est pas déclarer la culpabilité. Le parquet a fait appel de la relaxe.

Tout le monde connait l’adage « le doute profite à l’accusé ». C’est un principe pénal fort car il y a à la clé une peine de prison, d’amende, d’inéligibilité ou autre joyeuseté. Dans d’autres domaines du droit -social notamment - le doute peut conduire à une condamnation. Je suis persuadé que ceux (comme le RN) qui comparaitront prochainement devant les mêmes juridictions quels que soient les faits se verront appliquer le même raisonnement ! Vive la justice qui  innocente. Les français vont retrouver confiance en l’institution. Il est permis d’espérer.

Encore un petit effort et on va admettre que la présomption d’innocence dont on se gargarise sans la respecter les médias s’y employant, est un fondement premier qui s’impose face à une dénonciation ou une accusation qui peut remonter à des temps prescrits mais que l’on ne pourrait opposer à une victime qui s’estime comme telle. Il y aurait contradiction de légitimité et dans ce cas celle du plus faible ou de la plus faible domine tout. Cela se discute.

Heureusement les juges savent s’écarter de l’opinion publique pour s’en remettre aux faits rien qu’aux faits. Puis au droit. Parfois on les maudit. Souvent on trouve qu’ils exagèrent. Jamais on ne les remercie. Mais s’ils n’existaient pas comment règlerait-on les conflits ? Tout le monde veut la justice et déteste l’injustice qui consiste à ne pas punir celui ou celle qu’on n’aime pas et qui nous a fait du mal. Appuyons-nous sur les principes. La souveraineté du peuple s’incarne aussi dans la justice. 

 

lundi 5 février 2024

Ne tirez pas sur les pianistes

 

                                  Ne tirez pas sur les pianistes

                  Par Christian Fremaux avocat honoraire

 La loi immigration a été votée dans des conditions rocambolesques chacun ayant suivi au jour le jour les tractations, les crises de nerf, les accusations diverses et finalement son vote. Va- t-elle modifier profondément la situation rien n’est moins sûr mais il y a eu des avancées que certains contestent et que d’autres approuvent tout en les trouvant insuffisantes. C’est le jeu gribouille devenu habituel de nos élites, pour moi indigne car le parlement a pour mission de voter des lois dans l’intérêt général et de ne pas s’entredéchirer pour des querelles politiciennes, les egos de certains, et laisser ainsi la porte ouverte à toutes les difficultés. Mais si l’assemblée nationale était un cénacle philosophique et le temple de la raison, on le saurait. Le citoyen subit. Cela ne le fait pas rire.

La loi a été soumise au Conseil Constitutionnel par le président de la république, la première ministre et les oppositions. Personne n’était donc certain que la loi votée était constitutionnelle, et sauf erreur même la première ministre savait que des dispositions qu’elle avait acceptées sinon voulues ne correspondaient pas à la légalité. Il faut oser ! Tout ça pour ça ! Est -ce que par hasard on ne se serait pas moqué du quidam à qui on avait fait miroiter des mesures efficaces, applicables et étant de vraies solutions ? Est-ce être insolent que de poser cette question ? La démocratie parlementaire ne sort pas grandie de cet épisode. Et on nous reparlera ensuite de l’abstention ! 

Bien sûr comme on s’y attendait - je n’écris pas comme on lui avait suggéré car je veux croire à l’indépendance des juges - dans sa décision 2023-863 DC du 25 janvier 2024 le Conseil Constitutionnel a censuré 32 articles sur 86 pour des motifs de procédure, les fameux cavaliers législatifs. Et a fait des réserves pour d’autres. Même si une loi n’est pas une course de haies et qu’on n’est pas au tiercé, quand un article ne se rattache pas directement ou indirectement au texte d’origine, il est annulé. Par exemple en l’espèce le conseil a estimé que réduire le regroupement familial ne se rattachait pas à l’immigration :  on peut en discuter à vie. C’est une appréciation subjective comme pour tout jugement où le droit et les principes s’interprètent et où les opinions personnelles influent en dernière analyse. Chatgpt justice et ses algorithmes ne se prononcent pas encore. L’humain le reste.

On ne sait pas ce que les juges ont voté individuellement. Il n’y a pas d’opinions dissidentes qui sont connues comme par exemple à la Cour Internationale de Justice à La Haye. Le Conseil Constitutionnel est un et seul son président en l’occurrence M. Fabius s’exprime. Il ne justifie rien : il suffit de lire les motivations des décisions. Mais il doit protéger l’institution. Le Conseil Constitutionnel a été introduit dans la Constitution de 1958 par le général De Gaulle qui ne passait pas pour un laxiste et avait mis fin au règne des partis politiques. Il avait refusé que les juges deviennent un pouvoir judiciaire. La priorité était à la politique donc à la décision publique et l’intérêt supérieur de la nation. Et à défaut au référendum.

Encore faut -il que les élus prennent leurs responsabilités et ne laissent pas le Conseil décider à leurs places. Ou qu’ils trouvent comme excuse que le gouvernement des juges surtout européens les empêche d’agir.  Certes le Conseil a étendu d’office ses pouvoirs par sa jurisprudence et a décidé de sa seule initiative de créer des valeurs comme en promouvant la fraternité devenue principe constitutionnel à l’identique de la liberté et de l’égalité. Mais il n’est pas à opposer au peuple. Il statue en son nom et le renforce dans ses droits et libertés.  Il juge sur les hauteurs.

Le président Sarkozy a imposé la question prioritaire de constitutionnalité (Q.P.C.) qui permet à tout justiciable de faire vérifier qu’une loi est conforme à la constitution : qui s’en plaint ? Pour cela on aime le Conseil.

Que les politiques qui ne sont pas contents de la censure partielle de la loi immigration redéposent une proposition de loi à l’assemblée en tenant compte des remarques du Conseil et tentent d’obtenir une majorité. C’est cela le courage. Ce n’est pas de supprimer ou de réformer -dans quel sens ? – ledit Conseil.  Notre souveraineté dans tous les domaines doit être construite ou reconstruite par ceux qui en ont la charge et ont été choisis pour se faire. Si on veut une démocratie vivante il faut que les citoyens retrouvent de la confiance dans leurs représentants. Ils proposent et font des promesses : chiche de les tenir. On ne les essaie pas faute de mieux ou pour voir.

Le premier ministre a dit : « tu casses tu répares, tu salis tu nettoies, tu défies l’autorité tu apprends à la respecter ». On ne détruit pas le thermomètre ou l’endroit où les principes sont appliqués. Il doit rester immaculé et en ordre de marche. L’autorité de la chose jugée et de la loi est la base. On doit donner l’exemple quelle que soit notre conviction intime et respecter l’institution car si on commence à la considérer à géométrie variable selon les nominations tous les trois ans, on court à sa perte donc celle de nos garde-fous. Le président Edgar Faure disait que ce ne sont pas les girouettes qui tournent mais le vent. On ne vise personne. La loi immigration a révélé les intentions des uns et des autres et les manœuvres. Attention que la bise mauvaise n’apporte pas des menaces dont nous nous repentirions. En attendant le président de la république a promulgué les articles validés : espérons qu’ils apporteront des solutions pratiques aux problèmes conformément à nos valeurs républicaines qui ne sont pas incompatibles avec un ordre public juste et collectif.

Déjà en 1826 le premier président de la Cour d’appel de Paris Antoine Séguier avait répondu : « la Cour rend des arrêts et pas des services ». Le garde des Sceaux de l’époque M. Peyronnet lui avait demandé « d’arranger les choses » à propos d’un procès de presse contre les jésuites, qui étaient soutenus par le roi. 

Notre état de droit est un trésor que nous devons préserver.  Il se fait rare dans le monde. Le Conseil Constitutionnel est composé de neuf juges (sur 68 millions d’habitants) qui sont des virtuoses réels ou supposés du droit et des grands principes, des pianistes sans claviers. On a la liberté de contester leurs décisions mais la tendance actuelle du soupçon n’est pas de mise. Les mettre en doute rendrait l’orchestre cacophonique. Et ce n’est jamais une bonne chose pour la grande musique qui conduit nos pas et qui doit adoucir la symphonie démocratique qui parfois émet de fausses notes.  

   

jeudi 1 février 2024

Du droit en temps de guerre

 

                                 Du droit en temps de guerre

                  Par Christian Fremaux avocat honoraire

La propagande et la désinformation battent leur plein. On est donc en guerre pour ceux qui regardaient de loin et les désaccords s’exportent. Sur le plan interne c’est pareil : on s’oppose avec fermeté mais c’est de la démocratie et ce n’est pas mon sujet du moment. Je me préoccupe de toutes les victimes innocentes par définition et comment éviter qu’il y en ait plus en cas de bagarres physiques. Pendant que le canon tonne sur de nombreux champs de bataille on a fourbi les armes juridiques. Sont-elles des tigres de papier ou de paroles ?

Je n’évoque que le Proche-Orient. La Cour internationale de justice qui ne juge que les conflits entre Etats et applique la convention sur la prévention du génocide essaie de calmer le jeu mortel avec le décompte morbide des victimes et invite à la modération. Je n’écris pas à l’humanisme car avec les guerres les valeurs humaines reculent au bénéfice des ressentiments anciens et de la vengeance, et on compare les barbaries commises ou les coups bas des uns et des autres. Chacun estime être dans son droit, être légitime. L’homme n’a pas de limites dans la haine, on l’a déjà connu. On a cru qu’on avait progressé, on déchante.

L’Afrique du sud qui n’est pas partie prenante directement au litige avait saisi la cour de mesures conservatoires en accusant Israël de pratiquer un génocide sur la population palestinienne. Elle n’a pas poursuivi le Hamas. Elle a demandé un cessez- le- feu immédiat. Israël qui est un Etat s’est défendu et le Hamas qui est un groupe sui generis pour le mal et qui n’est pas soutenu par tous les palestiniens ou tous les pays arabes a été aux justiciables absents. Les terroristes ne s’incarnent pas et ne tentent pas de justifier leurs exactions. Ils détestent les juges. Et pour la paix il faut pouvoir en discuter et être a minima d’accord.

En général dans un procès il y a deux mécontents : celui qui a gagné mais pas assez car selon lui son adversaire avait tout faux. Et celui qui a perdu alors qu’il était certain d’avoir raison ce qui prouve que les juges sont incompétents et partiaux et n’ont rien compris.

La cour a rendu son verdict le 26 janvier 2024. C’est une simple ordonnance c’est- à -dire une décision qui n’aborde pas le fond des faits et qui ne juge pas des responsabilités. Aussitôt l’Afrique de sud a levé les bras au ciel en criant on est les meilleurs, Israël a échoué en justice. Cri de joie excessif donc insignifiant. 

Cette lecture n’est pas exacte et les juges ont rendu une décision nuancée. Ils ont reconnu à l’Etat d’Israël le droit de se défendre. Ils ont ordonné de prévenir -donc de stopper – toute incitation ou génocide éventuel s’il y a lieu par des mesures dont Israël devra rendre compte et qui sont en son pouvoir sans pour autant qualifier juridiquement les faits dénoncés et sans se prononcer sur la réalité ou non d’un génocide. Ils ont enjoint à Israël de faire son possible pour que l’aide humanitaire puisse arriver à Gaza ce qui implique aussi que l’Afrique du Sud y contribue comme d’autres Etats.

La cour n’a pas ordonné le cessez- le- feu ce qui aurait été d’ailleurs sans effet car la juridiction ne dispose d’aucune force contraignante pour faire appliquer ses arrêts de force ou avec des sanctions efficaces. L’Afrique du Sud dans cet épisode judiciaire a eu le mérite de faire parler le droit international. Quant à la fin des hostilités qui peut en prévoir la date et l’issue ?

Il n’y a pas eu une condamnation ferme  de culpabilité d’Israël et la confirmation de ce que l’Afrique du Sud prétendait. C’est au moins un match nul qui ne change rien sur le terrain : les arbitres n’ont pas désigné celui qui doit rentrer au vestiaire avec un carton rouge. L’Afrique du Sud ne risquait qu’un revers puisque rien ne lui était demandé ou reproché. Israël avait plus de risques au moins sur le plan de la conscience mondiale et du respect envers l’homme fût -il un ennemi qui veut sa perte. On n’est pas obligé d’utiliser les mêmes armes inhumaines que celles de celui qu’on combat ? J’admets que c’est facile à dire de loin ! 

En matière de justice internationale le droit et la diplomatie se complètent. Pour bien faire dans l’absolu il ne faut ni vainqueur ni vaincu. Il faut réserver l’avenir et humilier une partie n’est pas un gage de paix pérenne, on l’a vu notamment après la première guerre mondiale avec le traité de Versailles.

« La guerre est une poursuite de l’activité politique par d’autres moyens » a écrit Carl von Clausewitz. Il y a aussi la justice internationale avec ses règles de droit âprement débattues, et quand les temps sont venus s’impose la diplomatie car il faut bien en finir un jour et que les vivants le restent. La guerre est un acte de violence absolue. Elle ne dépend que d’un seul dans son coin. La diplomatie est l’art des subtilités, des compromis et de l’imagination constructive dans un intérêt collectif. Le droit pose des principes qui sont tous universels ou devraient l’être si on exclut la loi du plus fort ou les affirmations théocratiques.

La justice applique le droit, l’interprète, le modère s’il le faut, comble les vides qui n’appellent pas de réponse prédéterminée. Elle recherche des solutions s’il y en a en posant un cadre juridique. Elle s’efforce de promouvoir la vertu, ne donne pas de leçons de morale et répond uniquement aux questions qui lui sont posées dans la limite de ses compétences. Elle ne tranche pas des dilemmes historiques ou existentiels et laisse les responsables politiques décider du sort des peuples et donc de la paix sur la planète puisque tout se sait et que l’effet d’un vol de papillon peut déstabiliser le monde.

Souvent la vérité est à comprendre à travers ce que les juges n’ont pas dit ou écrit. Le prétendu victorieux est souvent en pratique défait. Tout homme ou femme de bonne volonté et sincère et qui croit dans le progrès de l’homme vers le bien doit s’interroger :  la violence a -t-elle un sens ? La loi du talion conduit- elle à l’harmonie ? Certes il ne s’agit pas de tendre l’autre joue quand on a pris un coup. On n’est pas naïfs ou faibles. Mais la raison doit l’emporter. Le vainqueur n’est pas toujours celui qu’on pense. Ou celui qu’on préfère et soutient. Il est plus grand de savoir se modérer et de respecter les êtres de chair et de sang.

 Le père d’Albert Camus disait que l’homme doit « s’empêcher », pour tout sujet selon moi. Ecoutons- le. 

mardi 23 janvier 2024

Réarmement civique

 

                                                     Réarmement civique

                       Par Christian Fremaux avocat honoraire

Le président de la république a annoncé un grand réarmement civique. Je ne sais pas exactement de quoi il s’agit mais notre talentueux premier ministre va nous l’expliquer concrètement en dévoilant sa feuille de route. J’avoue que le duo exécutif jeune et sémillant a du talent pour s’exprimer. C’est cela le début du civisme : que tout le monde comprenne. Ce n’est pas de la morale, c’est la justification de la cité. Pour l’action il faut attendre le détail. Ce débat est existentiel. 

Des humanistes détestent le mot de réarmement qui est connoté guerrier. On frôlerait l’affrontement entre les êtres. C’est donc à proscrire. Selon nos indignés professionnels on devrait rester en l’état, convaincre par l’empathie qu’il faut apprendre aux enfants. C’est vrai mais il suffit de voir les cours d’école et ce qui se passe dans nos beaux établissements d’éducation à l’intérieur ou autour ! Des professeurs y ont perdu la vie. Et ils ne peuvent plus éduquer librement c’est -à -dire transmettre des savoirs puisque certains contestent le fond de l’enseignement. Pourquoi, il faudrait le savoir précisément ? Le citoyen n’est pas qu’un être spirituel. Il faut donc faire plus, éduquer à l’intérêt général de l’enfant à l’adulte. La collectivité a aussi le droit de vivre en paix. Il faut corriger les manques donc réarmer. 

Quant aux jeunes qui sont oisifs faute d’école mais eux armés souvent, il faudrait comprendre leur colère et les émeutes contre tout ce qui est public ? J’avoue que l’hypothèse du président ne m’a pas convaincu. Personnellement je suis pour le désarmement des voyous jeunes comme vieux ! Je vais devoir rectifier ma pensée comme on le faisait chez Mao pour les nostalgiques ou actuellement avec la nouvelle vague de ceux et celles qui dénoncent, pétitionnent et demandent exclusions et démissions à tout bout de champ quel que soit le sujet. Ce sont de curieux démocrates qui devraient apprendre le civisme et la contradiction en sachant que la vérité n’est pas univoque. Jusqu’à ce que le boomerang qu’ils ont lancé leur revienne en pleine face. Il y a des armes à double tranchant lancés par des Torquemada.

 Cessons de nous flageller car d’autres pays sont moins regardants que nous même si la France pays des principes universels doit garder son aura. Et sa première place au moins dans ce domaine un brin éthéré. La compassion n’est pas encore érigée en principe constitutionnel et n’est qu’un devoir personnel. Seule la fraternité l’est par la grâce des juges du conseil constitutionnel en 2018 et pas par une délibération de l’assemblée nationale. Certes on est tous des êtres humains d’où que l’on vienne. Mais peut-on tout partager ou donner sans contreparties ? voire se sacrifier ?  Qui veut mourir actuellement pour des idées qui le dépassent ou pour soutenir par exemple la démocratie chez d’autres, ou combattre toute forme d’agression ? Le civisme a-t-il des limites ? Et à quoi sert -il ?

On sait réarmer, nos canons Caesar sont très demandés ! Mais il s’agit pour la nation non pas de se diviser ou de se confronter de l’intérieur en imposant des comportements. C’est de surmonter les épreuves à partir de valeurs communes qui font consensus. Se réarmer veut dire que l’on n’a plus d’arguments convaincants ou plus assez.

Le président a évoqué un réarmement des esprits. Celui des valeurs républicaines, celles qu’on apprenait jadis à l’école publique qui se confondaient avec la phrase journalière de morale élémentaire et qui permettaient à l’enfant de se structurer mentalement, de savoir en gros où était le bien et le mal, qui l’aidait à définir son attitude auprès de ses parents d’abord et ensuite des autres et des institutions. Et de connaitre ses obligations dans l’intérêt public. L’enfant puis l’adolescent savait qu’il y avait des autorités et un ordre républicain qui assurent les libertés donc la vie en société. Il devenait un adulte responsable, l’acceptait puisqu’il réfléchissait et doutait en faisant sa propre opinion. Il accédait ainsi au rang de citoyen avec ses devoirs. Il n’est pas question de revenir en arrière, le bon sens suffira.

 Je n’adhère pas au postulat que le « progressisme » sans borne n’apporte que des avantages et assure un avenir heureux. Si tel était le cas on n’aurait pas à devoir se réarmer, c’est à dire à consolider nos moyens de défense, et contre quelle attaque ? On s’est désarmé tout seul !  Ne pas dénommer précisément les choses ajoute au malheur du monde a écrit Albert Camus. L’homme/la femme a besoin de repères- même discutables- de points d’appui, solides et d’armes morales ou d’outils pour agir. Et de respecter des règles non écrites et la loi, la désobéissance sauvage pour une cause prétendument juste n’étant pas une option. Le civisme n’est pas l’autorisation débridée de suivre son bon plaisir.  

Mais pour quoi faire, au bénéfice de qui et comment ? Principalement il ne s’agit pas d’éradiquer le paupérisme ou mettre fin à la délinquance, ou d’instaurer de force l’égalité et l’absence de discrimination avec des libertés individuelles et collectives sans limites. Il faut préparer le terrain et fixer des buts. On évoque des droits et des devoirs tout simplement qui font parties de l’ensemble que l’on détient en copropriété. L’objectif devrait être de pacifier les relations sociales, entre majorité et minorités ou communautés ; de donner un nouvel élan à notre démocratie et que les citoyens mieux instruits y compris dans ce qui est du domaine immatériel ( à ne pas confondre avec la religion) ou philosophique prennent leurs responsabilités en étant plus éclairés sur les enjeux, aillent aux urnes (car l’abstention est un fléau qui menace toute décision publique),  et discutent raisonnablement avec l’autre qui n’est qu’un contradicteur et pas un ennemi. Un peuple a besoin d’un cadre pour vivre en sécurité, et pouvoir discuter âprement s’il le faut mais dans l’intérêt commun. L’application des droits de l’homme qui sont notre socle est remise en question. La laïcité devient une interdiction ce qui est un contre-sens majeur. Notre triptyque liberté égalité fraternité est discuté.

 Notre modèle démocratique - le pire de tous à l’exception de tous les autres - n’est plus accepté car il manque de souffle et ne fait pas suffisamment participer les citoyens qui veulent être les acteurs de leurs destins. Les individus ne sont plus en phase avec les élites auto-proclamées et mondialisées ou fédératives de l’Europe. Et qui décident à leurs places. Le réarmement civique fera progresser mais ne réglera pas tout. Il fera connaitre les réalités et les mettra en perspective. C’est un moyen pas la solution. Pas une fin en soi ou la panacée. On a besoin d’une démocratie qui a du sens, juste et forte.  Reste à trouver les professeurs ou formateurs et le programme que chacun approuve. L’Etat ne peut pas tout. Ce n’est qu’un début continuons le combat.   

dimanche 14 janvier 2024

La justice internationale un simple coup de com. ?

 

               La justice internationale un simple coup de com. ?

                Par Christian Fremaux avocat honoraire

Le désir de justice est irrépressible et la lutte contre l’injustice sous toutes ses formes est impérative. Sinon pourquoi l’honnête homme qui s’empêche comme l’a écrit A. Camus et qui respecte les règles et son prochain, se décarcasserait -il ? Le devoir nous grandit car il nous force à nous élever au -dessus de nos certitudes et à douter ce qui conduit à la tolérance qui n’est pas incompatible avec la fermeté. Ou à une autorité républicaine réfléchie qui rétablit l’ordre des choses. 

La justice est une vertu cardinale immatérielle et en même temps une organisation pratique dirigée par des hommes et des femmes avec leurs qualités et défauts, avec leurs convictions subjectives. Ils ont l’obligation de se dépasser dans un intérêt supérieur, celui de la collectivité à travers la loi débattue publiquement, fixant les principes et ayant pour vocation de réguler la vie en société. Ceux et celles qui s’en exonèrent ou désobéissent au prétexte qu’ils ont la vérité ou que la cause qu’ils défendent est juste, prennent le risque de disloquer l’ensemble. En démocratie seul le débat est acceptable, pas le coup de force. Les minorités ne doivent rien imposer, et la majorité ne doit pas abuser de son pouvoir, comme Alexis de Tocqueville l’avait fait remarquer.

En temps de guerre les grands principes prennent du plomb dans l’aile. On discute pour savoir qui est l’agresseur qui est l’agressé, même si les faits sont aveuglants. Chaque camp invoque la légitime défense. On comptabilise macabrement les victimes qui n’y sont pour rien. Alors que leurs dirigeants ont pris la décision d’utiliser les armes pour une raison qu’ils estiment légitime, mais que l’on discutera à vie. Le terrorisme frappe à l’aveugle ou sur des cibles choisies : il n’a ni adresse ni numéro de téléphone ni de visage et ce n’est pas une nation égale à une autre. En effet les démocraties ont des responsables identifiés qui doivent rendre des comptes en priorité à leurs peuples. Nous sommes dans des guerres souvent asymétriques et la justice doit y retrouver ses ouailles et ses justiciables.  Mais elle doit faire du droit.

La communauté internationale s’est dotée de deux cours de justice principales qu’il ne faut pas confondre. Les médias parfois s’emmêlent.  

La cour internationale de justice [C.I.J.] a été créée en 1945.Elle siège à La Haye et est composée de 15 juges. Sa compétence concerne essentiellement les conflits entre Etats par exemple pour des problèmes d’espaces terrestres ou maritimes et de frontières. Au début de la guerre Russie-Ukraine, celle- ci avait demandé à la cour d’ordonner à la Russie de cesser de continuer ses actions et de revenir aux frontières existantes. La cour a pris une décision en ce sens que M. Poutine a ignorée. La C.I.J. ne dispose d’aucun moyen coercitif pour faire respecter ses jugements, c’est le problème.

L’Afrique du Sud qui a vaincu l’apartheid vient de saisir la C.I.J. à propos du conflit Israël-Hamas. Elle considère que l’Etat hébreu a pour objectif le génocide des palestiniens et qu’il poursuit une politique d’apartheid. L’Afrique du Sud qui n’est pas partie prenante directement aux combats s’appuie sur la convention pour la répression du crime génocidaire qui est prévue à l’article 30 du statut de la cour et à l’article IX de la convention. Elle souhaite qu’un cessez- le -feu soit ordonné. Israël a comparu pour donner des explications. Mais le Hamas est naturellement aux abonnés absents. Toute décision de cette cour ne peut donc qu’avoir une portée médiatique, symbolique. On ne va pas juger qui est le bon et qui est le truand. Sans compter qu’on ne sait pas qui est la brute, chacun accusant l’autre.  

Par ailleurs a été créée par le traité de Rome de 1998 la Cour Pénale Internationale [C.P.I.] qui siège aussi à La Haye. L’Etat intéressé doit signer le traité puis le faire ratifier par ses instances parlementaires. Ni Israël, ni les USA ni la Russie n’ont fait ratifier le traité. Sans commentaires sur ce qui se passe actuellement.  

On se rappelle le procès de Nuremberg en 1946 qui a condamné des dignitaires nazis. L’évolution du monde a été telle qu’il a fallu envisager de faire des procès publics aux dirigeants politiques, militaires, administratifs ou autres pour qu’ils ne se retranchent plus derrière des ordres reçus ou des idéologies mortifères et ne seraient ainsi pas responsables personnellement de leurs actes. La C.P.I a pour compétences  l’examen des crimes d’agression et de guerre ; les crimes contre l’humanité ; les génocides. Elle juge l’individu pas son Etat ou son groupement qui est impersonnel. A condition de pouvoir l’arrêter s’il ne comparait pas volontairement. On n’est pas près d’avoir l’extradition d’un chef terroriste ! Reconnu coupable l’individu est soumis à une peine de prison. Puis libéré il peut retourner dans son pays. La justice internationale comme les justices internes, n’est pas parfaite. Mais elle existe. Continuons le combat pour lui donner de la force et de la reconnaissance. L’impunité ne peut passer. On a créé aussi des tribunaux internationaux ad hoc pour des conflits internes comme au Cambodge ou au Rwanda. Les massacres ne peuvent être impunis.  

Le droit international celui de la guerre ou humanitaire reflète un rapport de forces. Les pays dits du sud global remettent en cause les valeurs des droits de l’homme ou des républiques réelles et la domination occidentale sur le monde qui selon eux n’aurait que trop duré. Cela se discute mais surtout se négocie. La justice internationale est une caisse de résonance, une justice médiatique avec tous ses défauts. On veut mobiliser les consciences des opinions publiques pour qu’on n’oublie pas les victimes quelles qu’elles soient, que parfois des dirigeants sont enclins à sacrifier jusqu’au dernier pour avoir raison, pour être un héros quand ils se regardent dans le miroir. Mais elle ne peut arrêter une guerre ni contraindre à un cessez-le feu. C’est sa limite en droit puisqu’elle ne fait pas de morale et ne donne pas de leçons. Elle est la préparation de la diplomatie et/ou son complément qui doit aboutir à une paix durable si personne ne perd la face. L’Histoire nous l’a appris.   

Respecter le droit public international est la caractéristique d’une démocratie. L’ignorer est le signe des dictatures ou des régimes pour le moins autoritaires. La justice internationale ne peut être simplement de la communication.

L’être humain dans sa diversité qui subit l’idéologie des uns et des autres mérite une meilleure considération car il est le seul combat qui vaille. La justice doit l’aider.     

jeudi 21 décembre 2023

Et le vainqueur est ?

 

                                       Et le vainqueur est ?

              Par Christian Fremaux avocat honoraire

Ce n’est ni le RN ni LR ni Renaissance ni M. Macron qui a gagné à propos de la nouvelle loi sur l’immigration. Avant même qu’ait eu lieu son vote à l’arraché certains l’ont dénoncée car elle serait un texte canada dry des idées de l’extrême droite. Comme si une idée avait un sexe ou était nocive selon celui ou celle qui l’émet. Les comptes et les décomptes pour savoir qui avait voté quoi ont été surréalistes. Mais la loi est, qu’on l’approuve on non mais pas encore définitive car les juges vont se prononcer.

On peut noter quelques moments étonnants. Ainsi le porte -parole normalement solidaire avec son gouvernement qui est venu s’excuser à la télévision de la nouvelle future législation sur les étrangers et leur dire qu’on les aimait. Ce qui est évidemment le cas mais pas dans n’importe quelles conditions. Aux nôtres empreintes de générosité et d’empathie ce que le monde admet, mais dans un cadre républicain avec des contraintes et réciprocités et matériellement possible. Ensuite tout juriste a dû être circonspect d’entendre la première ministre dire qu’il y avait certainement des articles non conformes à la constitution alors qu’elle avait mouillé sa liquette en vapotant pour que le texte soit voté. Il faut être polytechnicienne comme elle sinon énarque pour y comprendre la logique. Aimerait -elle être démentie pour soulager ses états d’âme ? C’est comme si un avocat demandait au tribunal de condamner son client comme jadis chez Mao ou si un médecin administrait un médicament qui va tuer son patient !

On a entendu aussi que le Conseil Constitutionnel était une chambre d’appel ou de cassation. Quelle erreur ! Des universitaires éminents devraient rappeler que le Conseil Constitutionnel n’est pas une cour suprême, qu’il juge en droit et pas en morale et n’est pas là pour se substituer aux politiques qui ne prennent pas leurs responsabilités. Il ne donne pas des leçons de géopolitique humanitaire mondiale.

Ce qui surprend encore c’est que des départements ont affirmé qu’ils n’appliqueraient pas la loi et qu’ils trouveraient des moyens pour compenser les pertes que subiraient nos invités d’office. Au frais des contribuables locaux qui ont gagné le pompon.

Nous avons la désobéissance civile notamment chez les prétendus lanceurs d’alerte de toutes natures. On omet la loi si elle dérange pour des motifs divers ou si elle heurte notre conscience. Merci pour ce moment et pour l’unité de la République qui ne peut fonctionner que par une règle d’intérêt général, neutre et impersonnelle. Désormais on pourra être hors la loi ce qui sera juste et équitable.

Je prends note que l’état de droit devient à géométrie variable. Pour l’avenir je n’accepterai donc que des élections dont le résultat me plait ; je n’approuverai que les décisions de justice qui me sont favorables ; et je respecterai les institutions que si elles me garantissent des droits personnels. Le collectif sera en option. Ainsi serai-je un citoyen dans l’ère du temps.

C’est comme ça qu’on fait venir le populisme que l’on maudit tous les jours dont les excès peuvent entrainer tous les dangers. La loi sur l’immigration a révélé le fond de la pensée des uns et des autres. Si on ne retrouve pas rapidement le bon sens et la raison, nos principes universels et la tolérance qui ne sont pas incompatibles avec la réalité, nous prendrons le risque de fracturer la cohésion sociale et d’aller vers des jours conflictuels entre nous. Nous n’avons pas besoin de tout cela face à toutes les menaces.

J’ignore si la loi dite immigration sera entérinée ou dispersée façon puzzle. Je sais simplement que les sondages – qui ne sont pas des élections- étaient constants depuis des mois et que personne ne veut dédaigner ce que veulent les citoyens. Ils ne sont pas contre les autres. Ils veulent être au moins à égalité avec ceux qui arrivent sans valise mais avec le poids de leurs malheurs. Et qu’on exige des contreparties avant de donner. C’est de la justice sociale et ce n’est pas être extrémiste que de vouloir être reconnu chez soi.

Les parlementaires n’ont fait que leur devoir en votant une loi que les citoyens réclamaient. C’est un texte de compromis qui n’est pas idéal, ni la droite ni la gauche ne détiennent la vérité.

Le vainqueur est le peuple. On devrait se réjouir.

 

 

mardi 19 décembre 2023

L’espoir pour tout bagage

 

               

                        

                               L’espoir pour tout bagage

               Par Christian Fremaux avocat honoraire

Cachez ce sein que je ne saurai voir. Noël a disparu au profit des vacances d’hiver car il ne faut heurter aucune conscience. Comme si le vieux père Noël en rouge avec son traineau apportait le mal à ceux qui croient à des ciels différents ou à ceux qui pensent que l’azur est vide. Avec le même enthousiasme on devrait gommer ce qui fait la France, ses racines spirituelles, culturelles, son Histoire, son esprit, sa grandeur, et le fait qu’elle n’est pas un simple territoire où l’on plante sa tente et où on exige de l’aide sans aucune contrepartie. J’ai du mal à comprendre nos concitoyens qui sont contre tout qu’ils appellent de la répression, qui dénoncent l’Etat alors que ce dernier a pour mission première de préserver nos libertés pour lesquelles nos prédécesseurs se sont sacrifiés. Et de nous protéger contre ce qui nous défait et menace. Pour tout individu perdre son identité et ses repères est un drame : ne pourrait -on appliquer ce principe aux français ? Doit – on tout accepter au nom de la misère du monde ? N’a-t-on pas le droit de défendre nos intérêts vitaux ?

Le débat qui oppose des citoyens qui seraient fermés et xénophobes à ceux qui portent leur générosité en bandoulière sans expliquer comment faire, avec quels budgets et en quoi c’est bénéfique pour la collectivité, est confondant de mauvaise foi. Personne n’a le monopole du cœur. Les pseudos humanistes disent que puisque les exils sont inéluctables et nous dépassent feignons d’organiser leur accueil sans limites et demandons ou exigeons des braves citoyens qu’ils fassent une place et paient les frais. C’est une solution simpliste, démagogique et défaitiste : on capitule avant le combat.

Plutôt que de faire comprendre que la laïcité-notion quasi unique au monde-est la liberté d’exercer son culte dans la sphère privée et n’est donc ni une interdiction ni une discrimination, certains préfèrent flatter les plus extrêmes d’une communauté que l’on désigne comme victime notamment de notre passé et de l’histoire en général. Mais je ne suis pas responsable de ce que mes ancêtres ont fait de pas glorieux. En revanche je les soutiens quand ils ont risqué leurs peaux pour que nous puissions dire que nous ne sommes pas d’accord et pour maintenir nos valeurs.  En travaillant beaucoup pour que nous puissions redistribuer. Je suis fatigué d’entendre qu’il y aurait du racisme d’Etat- je fais partie de l’Etat comme citoyen-que les nantis sont égoïstes malgré tous les impôts et taxes qu’ils paient, et que la France devrait être une auberge espagnole où chacun peut s’attabler, être servi sans payer. C’est ringard mais je crois que tout se mérite avec ses moyens et compétences. Tout donner ne fera progresser ni la société ni les individus car ce ne sera jamais assez, la démographie s’imposant.   

Faisons encore plaisir à ceux qui voient la perversion partout. Il faudra songer à supprimer le 14 juillet qui symbolise certes la perte des privilèges mais surtout la terreur. Nos indignés permanents n’ont que les droits de l’homme aux lèvres pour accuser ceux qui ne pensent pas comme eux qui détiendraient la vérité. Personnellement je retiens du 14 juillet l’instauration de la République qui est attaquée actuellement de toutes parts comme n’étant pas assez participative alors que les électeurs dédaignent les urnes. Faut-il s’en étonner quand on voit le spectacle au parlement, les psychodrames sans cesse et les « combinazioni » dignes de la 4ème République. Avec l’impuissance de l’Etat à régler les problèmes de délinquance grave que même les mal voyants aperçoivent outre le terrorisme local par des gens bien de chez nous, forcément déséquilibrés et loups solitaires, ce qui est démenti  à chaque fois. Nos prétendues élites éclairées veulent elles nous faire prendre des vessies pour des lanternes ? Dans quel but ? Le fumeux vivre ensemble est mort et enterré.

 Il faut supprimer aussi le 11 novembre sinon la Marseillaise qui rappelle trop le combat des hommes et des femmes contre des frères et des sœurs. Hissons le drapeau blanc à la place du tricolore. Selon nos bien -pensants le pacifisme et la fraternité seraient la seule voie possible - y compris en France ? D’accord pour la fraternité avec réciprocité. Qu’on nous aime comme on nous demande l’équivalent pour les autres. Avec les citoyens qui vivent chez nous depuis des générations. Mais pour les relations pacifiées jocker, on s’en rend bien compte avec les guerres en cours dans le monde ! Ne choquons personne : vive la paix. Et n’honorons plus ceux qui ont fait la nation ! J’exagère bien sûr mais pas ceux qui tiennent le haut du pavé médiatique, les minorités qui dominent la majorité silencieuse et qui veulent imposer leurs grilles de lecture. Les donneurs de leçons se seraient-ils précipités à Valmy ?

Le wokisme, avec la repentance « no pasaran» . Il détruit l’union et crée des clans haineux et des groupes distincts. La démocratie n’est pas la possibilité de prescrire ce qui nous fait plaisir à titre personnel. Les malheureux qui ont quitté volontairement ou par nécessité leurs pays d’origine pour se réfugier en France ne veulent certainement pas que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Ils sont venus pour vivre dans une nation qui a des valeurs républicaines, des armes, des arts et des lois. Si c’est pour leur construire une vie à l’identique de ce qu’ils ont fui, ils seraient fondés à déposer plainte pour abus de confiance et tromperie sur la marchandise .Les responsables s’excuseront -ils ?

Notre modèle n’est pas parfait à l’exception de tous les autres. Préservons-le car il demeure un exemple. Luttons contre la délinquance et l’insécurité qui ne sont pas qu’un sentiment et contre toutes les tentations de faire table rase sans savoir ce qui sera mieux. L’utopie est souvent utile et fait rêver mais peut être dangereuse. Le bonheur comme la paix ne se décrète pas. L’homme/la femme reste ce qu’il est avec ses qualités mais surtout ses défauts.

Les citoyens ne vont plus voter se lamente-t-on. Mais pourquoi si on leur impose un cadre qui ne leur convient pas et des cohabitations qui leur font peur. L’humanisme n’est pas le laisser faire -laisser aller. Il doit y avoir des règles. Je ne supporte plus d’être traité de sectaire non inclusif, de dominant abominable et d’héritier de bourreaux. Qui vivrait en harmonie avec les nouveaux venus ? Ils ne m’ont pas mérité. Et n 'ont pas à me subir. Halte au feu. 

Mon espoir pour 2024 est que l’on retrouve le bon sens et la lucidité sans idéologie ou conquête du pouvoir. Que l ’on s’intéresse à l’intérêt général qui n’est pas la somme d’intérêts particuliers. Que l’on restaure dans les têtes le cadre et les valeurs universelles mais réalistes. Voyageons léger : on n’est pas Atlas. Ne demandons pas l’impossible Mai 68 nous a vaccinés. Le père Noël ne sera pas venu clandestinement et honteusement pour rien. Bonne année à tous.

 

vendredi 8 décembre 2023

De quoi l’état de droit est-il le nom ?

 

                            De quoi l’état de droit est-il le nom ?

                    Par Christian Fremaux avocat honoraire

Avec de l’autorité on peut dire non, si je l’affirme et c’est un devoir parfois. Il ne faut pas la confondre avec l’autoritarisme qui peut conduire à des extrémités que l’on regrette. C’est l’excès égoïste et individuel de liberté et l’absence de règles collectives qui suscitent le malaise et permettent toute dérive. On ne peut vivre en déplorant les faits odieux en attendant le suivant toujours plus barbare en courbant le dos et en polémiquant sans fin. 

En premier lieu l’homme est responsable de ses actes. L’état psychique ou social ou religieux ne justifie pas le geste volontaire et n’efface pas l’agression car la victime est définitivement supprimée ou marquée dans sa chair. En second lieu la société n’est pas coupable systématiquement sauf à avoir commis des erreurs professionnelles ou avoir pêché par naïveté ou idéologie. Enfin il ne faut pas débiter toujours le même refrain : c’est complexe et on ne peut rien faire car les juges vont s’opposer à des mesures qu’ils considéreront comme liberticides et la jurisprudence européenne est contre les décisions drastiques que l’on pourrait prendre. Autrement dit c’est la faute à l’état de droit. « Fatalitas » comme le disait Chéri-Bibi.

 Et si on essayait de changer et cessait de se culpabiliser ? La seule certitude est que le mal existe puisque le bien n’est pas partout. Le vivre ensemble radieux est utopique. Je connais l’opinion des justiciables en puissance sur l’état de droit qu’ils confondent avec les juges qu’ils estiment laxistes et partiaux. Mais si les procureurs dépendent de leur ministre, les juges qui rendent les jugements et arrêts sont indépendants. C’est le terme indépendant qui pose problème : par rapport à qui et à quoi puisque toutes les décisions judiciaires sont rendues au nom du peuple français ? Des magistrats peuvent perturber une élection présidentielle on l’a vu, ou choisir comme priorités les cols blancs et le monde politique. Mais il appartient aux pouvoirs publics de fixer les objectifs dont la sécurité principalement qui n’est pas un sentiment subjectif et de rappeler au corps judiciaire que par la Constitution ils sont une autorité et non un pouvoir.

Les juges appliquent la loi telle qu’elle résulte du vote de nos parlementaires. S’il y a un vide juridique ils essaient de trouver une formule conforme à nos grands principes que l’on peut discuter, mais avant tout ce sont nos politiques qui doivent agir en prenant leurs responsabilités au-delà de leurs motivations personnelles ou de conscience et profits électoraux. L’intérêt général n’est pas la somme des intérêts particuliers.

On ne demande pas à nos élus de changer la vie et la civilisation des lumières selon leur propre vision mais de permettre au pays de vivre en harmonie, de progresser par des réformes en conservant ce qui a fait notre nation. Et de donner des armes légales à ceux qui sont chargés de nous protéger en faisant en sorte que pour des centaines voire milliers d’ennemis aveuglés qui ont choisi le terrorisme ou la violence extrême une législation en béton soit prise. Avec les dispositions matérielles qui vont avec pour qu’on évite les failles prétendues ou les manquements avérés. Et que l’on agisse de façon préventive. J’ai choisi le camp des innocents et que l’on torde le bras des tueurs de toute nature – y compris à cause de la drogue ou de croyances - peu me chaut. Je n’accepte pas les leçons de morale. Je suis aussi sensible que les belles âmes mais je préfère la collectivité à un individu déviant. Et je ne crois pas qu’une liberté absolue pour un quidam soit profitable à la société. Ni que l’émotion domine la raison. 

L’état de droit a une définition un peu éthérée sachant que l’Etat c’est nous. C’est un concept juridique, philosophique et politique qui assure la prééminence du droit sur le pouvoir politique avec des élections libres et des institutions séparées. Aristote l’a évoqué. John Locke aussi et Montesquieu. L’individu peut faire valoir ses droits contre l’Etat s’il le faut grâce aux tribunaux. Aux lois nationales s’est ajoutée la jurisprudence de la Cour de Justice de l’Union Européenne de Luxembourg et celle de la Cour Européenne des Droits de l’Homme à Strasbourg. Mais si la France doit respecter sa signature dans les traités internationaux il ne lui est pas interdit de les renégocier compte tenu de l’évolution négative de certaines populations mues par des rancœurs diverses. Et de parfois y déroger ce qui est prévu et possible en droit. D’éminents juristes le démontrent. Notre souveraineté est à ce prix. Le droit n’est pas un pistolet braqué sur notre tempe. On n’est pas lié ad vitam aeternam à la résignation et à l’immobilisme quelles que soient les circonstances et surtout si on est attaqué. 

Bien sûr que c’est complexe mais si tel n’était pas le cas pourquoi élire des candidats qui se disent compétents et vouloir aller jusqu’au bout pour notre bonheur ? Qu’ils élaborent des lois non bavardes, pragmatiques et applicables sans faiblir. Les querelles politiciennes lassent. Ce n’est pas faire le jeu des extrêmes que de montrer de la détermination.

L’état de droit ne peut être le cache- sexe de l’impuissance des pouvoirs publics et un prétexte pour ne pas bouger. C’est au contraire la garantie que l’on peut définir des lois qui fixeront la nouvelle règle du jeu. Ceux et celles qui veulent s’en affranchir seront avertis et ils pourront tenter de faire valoir leurs arguments devant les juges qui connaitront la solution voulue par le peuple. C’est cela la démocratie qui n’a pas vocation à être forcément permissive. La tolérance n’est pas l’abandon. La République doit se défendre.

Il faut que le risque change de camp. Le citoyen ne doit plus avoir peur en permanence où qu’il soit et quoiqu’il fasse. On sait que le risque zéro n’existe pas surtout dans ce monde en guerre et menaçant. Mais le particulier doit savoir que l’Etat a construit des barrières de protection. Et en même temps selon la formule consacrée et inadaptée aux problèmes de sécurité, le délinquant potentiel y compris mineur pour des infractions graves doit être sûr que la main de l’Etat ne tremblera pas et qu’il prend son risque en toute connaissance de cause. Les excuses à l’infini ne satisfont personne.

 L’état de droit est le nom du peuple et de la paix. Aucun pays démocratique au monde n’a trouvé le remède idéal pour juguler la violence meurtrière. Que la France donne l’exemple en conjuguant fermeté et humanisme. Elle n’est pas qu’un territoire et une distributrice de droits et avantages. Il en va de notre avenir.

mercredi 29 novembre 2023

Au -delà de cette limite votre ticket n’est plus valable

 

             Au -delà de cette limite votre ticket n’est plus valable

                 Par Christian Fremaux avocat honoraire

On pourrait attribuer cette formule de Romain Gary à beaucoup d’évènements de l’actualité qui défraient la chronique et font douter de la raison et de la tolérance en créant un climat d’affrontements. Chacun a au moins un exemple. Ceux qui se croient influenceurs ou très importants parce qu’on sollicite leurs avis ou qu’ils les donnent sans que personne n’ait rien demandé, feraient mieux de tourner leur langue sept fois dans leurs bouches avant d’asséner des prétendues vérités indépassables, de cibler le ou les responsables extrémistes bien sûr selon son camp politique ou ses émotions et faire la morale qui exclut certains au bénéfice d’autres.

La présomption d’innocence est à géométrie variable. Comme la minute de silence qui fait parfois un bruit assourdissant de n’avoir pas été organisée. Pour les chouchous se sont les trompettes de Jéricho qui sonnent. On n’attend même pas la fin des enquêtes judiciaires pour innocenter un tel et condamner tel autre. Si l’on s’est trompé il n’y a pas d’excuse car les motifs d’indignation effacent les précédents parfois dans la même journée, et on peut avoir la mémoire sélective et oublieuse.   

On fatigue et même si on n’est pas germanopratin ou étudiants d’une école d’élite perclus de wokisme et que l’on vit loin des lumières de la ville, on est capable de comprendre ce qui arrive, de voir ce qu’on nous montre ou de deviner ce qu’on essaie de cacher et d’entendre les gens parler surtout ceux qui étaient sur place au mauvais moment. On n’a pas besoin d’exégètes qui ne représentent qu’eux- mêmes et qui veulent nous faire prendre des vessies pour des lanternes. 

On connait pour les fréquenter les êtres humains surtout les citoyens de base qui paient impôts et taxes, subissent des choix qu’on leur prescrit sans jamais les interroger la démocratie n’ayant pas de temps à perdre et les politiques s’inquiétant pour leurs réélections. C’est fou de compter tous ces illustres inconnus candidats présumés compétents, courageux, impartiaux et dévoués qui se battent pour faire notre futur bonheur. En attendant les quidams sont exposés à de la violence physique et gratuite, à une balle perdue, puis à d’autres excès dont les vociférations à l’assemblée nationale ou dans le moindre débat. Ce qui accable plutôt que de donner de l’espoir. Ils s’entendent dire qu’il n’y a qu’un sentiment d’insécurité et que les statistiques sont formelles :la délinquance stagne en tendance corrigée des phénomènes saisonniers ! Et que nommer les choses n’arrangent rien. Circulez, vous n’avez rien à décider on le fait pour vous.

On ne partage pas les vues des plus excités pour être modernes et aller dans le sens du progrès mot magique qui d’ailleurs a tendance à régresser et peut conduire dans le mur. Si l’indispensable éducation nationale par elle- même était la panacée, pourquoi des enfants nés en France et ayant bu le lait républicain veulent-ils la disparition de ce qui leur permet d’exister. Et de s’épanouir par un minimum d’efforts. L’excuse sociale, de la discrimination et du racisme, des riches qui se gaveraient et des pauvres qui n’en peuvent plus, n’expliquent pas tout.

 Il va falloir et vite changer de paradigmes, revoir nos valeurs essentielles et les bétonner, rétablir l’ordre public car fermeté et humanisme sont compatibles, faire que la loi soit respectée et que les états d’âmes de minorités ne démolissent pas le destin collectif. Ce n’est pas un programme extrémiste, c’est simplement du bon sens. Où a-t-on faux ? Quand avons-nous raté un virage ? Sommes-nous dans une société de privilégiés pour une minorité qui humilie tous les autres ? Pourquoi devrions- nous être punis pour ce qui s’est passé il y a longtemps ou pour des combats théocratiques qui ne nous correspondent pas ?

Nous ne sommes responsables que de nos actes d’aujourd’hui. Certes notre démocratie n’est pas idéale et n’a pas réussi à juguler inégalités et parfois injustices. Ni fournir une protection en acier aux citoyens, premier devoir de la puissance publique. Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. L’individu doit être actif à son niveau, savoir bien choisir par son vote les promesses n’engageant que ceux qui y croient, et ne pas se replier sur son pré- carré. Il doit plus participer car il le vaut bien et c‘est son intérêt 

Il ne faut stigmatiser personne, donc on ne parle de rien. Il ne faut pas qu’un forcément extrême ou pas du bon camp présupposé qui a du cœur et sait ce qui est bénéfique pour le peuple fasse de la récupération politique :  on doit attendre que la justice passe -ce dont je suis d’accord - on commentera après. Mais quel que soit le concerné ! Tirer la sonnette d’alarme fait de vous un pompier pyromane. On ne se mouille pas… et on constate que l’Etat est impuissant et qu’en réalité personne n’a de vraies solutions. C’est inquiétant. 

Désormais on s’attend à tout malheureusement puisque on n’est même pas capable de distinguer un citoyen d’un Etat démocratique certainement critiquable, d’un terroriste. Les agresseurs deviennent des agressés. La catégorie des anges qui n’ont pourtant pas de sexe a considérablement augmenté. Les méchants ne sont pas ceux qu’on pensait… Et pendant ce temps- là ils parlent c’est de la logorrhée. Je crains que ceux qui nous gouvernent comme ceux qui aspirent à prendre le pouvoir aient déjà leurs tickets de sortie.

Mais par qui les remplacer ? Par des héros qui cocheraient toutes les cases : démocrates, républicains aimant le peuple mais pas populistes au sens péjoratif du terme, modérés, de droite et de gauche, laïques et croyants dans la sphère privée, partisans de l’ordre sous le contrôle des juges, européens mais pas trop… ?  S’il y avait une vague civique et qu’à chaque occasion le citoyen avide de faire connaitre son opinion allait aux urnes et décidait un vaste changement coup de balai que se passerait -il ?

La démocratie est fragile et à force de polémiques on l’use. Attention donc reprenons nos esprits. Calmons-nous. Discutons mais écoutons-nous. Quand les bornes sont franchies il n’y a plus de limites.