dimanche 15 septembre 2019

2019 année judiciairement excentrique?


2019 année judiciairement excentrique ?
                   Par Christian Fremaux avocat honoraire et élu local.
Serge Gainsbourg avait chanté 1969 année érotique. 2019 sera-t-elle celle de la justice excentrique au sens du renouveau, de l’inédit, de l’extravagance ? C’est moins sexy mais plus démocratique car l’actualité judiciaire permet de croire à un nouveau départ concernant l’indépendance des juges.
Depuis la fin du 19ème siècle comme l’avait dit le chancelier Séguier premier président de la cour d’appel de paris, on a affirmé que « la justice rend des arrêts et pas des services ». On n’y a jamais cru et le français moyen a toujours été persuadé que la justice était au service du pouvoir en place et qu’il y avait deux poids et deux mesures selon la qualité de celui qui comparaissait devant les juges. Les polémiques et les scandales ont été de toutes époques et la justice a été beaucoup critiquée. Les juges ont été dans le collimateur certains d’entre eux ayant pris des positions politiques à l’encontre de telles ou telles catégories sociales et fait et cause pour des candidats aux élections présidentielles. On a eu le sentiment que certains étaient moins égaux que d’autres devant la justice ou que celle-ci interférait dans le processus démocratique ou voulait instaurer un gouvernement des juges par le droit. C’est parfois vrai il faut être honnête, mais la très grande majorité des magistrats fait son devoir qui est d’appliquer la loi comme elle existe, de l’interpréter s’il y a un vide juridique, et exerce leurs fonctions en mettant de côté leurs sentiments personnels. Nul n’est parfait dans aucun métier mais il n’est pas utile de soupçonner tous pour tout, sans aucune preuve et parce que cela nous arrange. Les juges prennent des décisions au nom du peuple français qui est actuellement divisé sur le plan philosophique, économique, social et identitaire ce qui complique la tâche de ceux qui doivent trancher parfois du sort d’un homme ou d’une femme ou d’un problème sociétal, et qui se réfèrent alors à la loi votée par les majorités politiques successives.
La loi de jadis a parfois été obscure ou floue ce qui a pu entrainer des pratiques que l’on ne supporte plus moralement aujourd’hui .Par exemple, les emplois familiaux au bénéfice des parlementaires, les fonds secrets ou les valises de billets qui alimentaient les campagnes électorales ; divers abus avec l’argent public ; des cumuls de mandat qui permettaient d’accroitre ses revenus ; de la fraude en général selon le principe que tout ce qui n’est pas formellement interdit est autorisé. Mais on avait le sentiment que les personnes éminentes les politiques en particulier étaient épargnées par la justice et qu’elles disposaient d’un traitement de faveur. D’où l’interrogation négative sur l’indépendance des juges bien qu’il y a eu de nombreuses condamnations sévères de politiques : mais on considérait qu’il y avait faute personnelle et que c’était une exception.  Depuis plusieurs années désormais le vent a tourné et les juges ont décidé d’aller au bout des dossiers quand il y a des faits avérés même si les procédures sont très lentes.
Les médias ont joué un rôle ambivalent puisque certains d’entre eux se sont lancés dans la dénonciation tout azimut en faisant leurs propres recherches sans observer la présomption d’innocence ou les droits de la défense, et en alertant le procureur- qui se sent alors obligé d’ouvrir une enquête judiciaire- de ce qu’ils avaient trouvé sans révéler leurs sources qui peuvent être aussi intéressées.  Ils sont devenus « auxiliaires de justice » sous les beaux noms auto-attribués de lanceurs d’alerte, ou de défenseurs de l’intérêt général au nom de la transparence et du devoir d’information. Le tribunal médiatique se réunit sans attendre la vérification par les juges des faits révélés et la confirmation ou non qu’il y a des infractions en droit.  C’est ainsi que l’on est arrivé au summum de la justice participative : M. De Rugy le mangeur d’homard alors qu’il n’y avait aucune poursuite judiciaire ni même de plainte sauf erreur de ma part ni préjudice exigeant une réparation, a démissionné de son poste de ministre. Il est allé de lui-même plus loin que la jurisprudence de M. Balladur qui exige qu’un ministre mis en examen démissionne. Jusqu’où ira-t-on ? On n’a pas eu besoin des juges pour faire partir illico -presto un homme politique qui est redevenu député, il ne faut quand même pas exagérer la punition !
L’indépendance de la justice est un serpent de mer, sachant par ailleurs que le statut des procureurs pose problème comme l’a indiqué la cour européenne des droits de l’homme, puisqu’ils sont nommés par le garde des sceaux dans certaines conditions. De mon point de vue un gouvernement a besoin de porte-paroles judiciaires pour faire appliquer sa politique pénale nationale, pour éviter des pratiques locales diversifiées.  
L’année 2019 semble être un bon cru pour démontrer l’indépendance des juges. M. Tapie a été relaxé, tandis que M. Balkany a été condamné avec mandat de dépôt à la barre.  M. Bayrou qui avait porté la loi de moralisation de la vie publique, et avait démissionné de ses fonctions de ministre de la justice, a été rattrapé par les mêmes faits et a été auditionné par un juge d’instruction comme son amie du modem Mme Goulard qui vient d’être nommée par le président Macron commissaire européen. M.Le Pen le père de 91 ans a été mis en examen comme M.Ferrand président de l’assemblée nationale. Aucun camp politique n’a donc été privilégié dans la quête de la vérité judiciaire des juges. Et je n’évoque que les personnalités les plus célèbres. D’autres élus grands ou petits y compris du « nouveau monde » politique sont dans les starting- blocks des juges, ou vont comparaitre devant un tribunal dans les semaines ou les mois qui viennent. L’année 2020 verra la comparution d’éminents politiques devant le tribunal correctionnel comme de vulgaires voyous : MM. Fillon et Sarkozy donneront leur version de leur innocence chacun pour des faits différents. Tout ceci donne à penser que les juges se déterminent en fonction des faits et des dossiers et non en fonction de la tendance politique de celui ou celle qui est poursuivi. On sait d’ailleurs qu’officiellement en droit le(la) garde des sceaux ne peut plus donner d’instructions individuelles dans les dossiers. Il doit rester neutre. M.Mélechon qui va s’expliquer devant le tribunal correctionnel de Bobigny à la suite de son comportement lors de la perquisition de son parti la France insoumise ne crie plus au complot du gouvernement depuis que M.Ferrand pilier du parti gouvernemental LREM a été mis en examen. Il se contente d’hurler au procès politique comme pour Lula au brésil ou d’autres dans le monde, ce qui veut dire que les juges français auraient pour mission d’éliminer judiciairement tout opposant. Tout ce qui est excessif est insignifiant disait le prince de Talleyrand- Périgord.  On a le droit de maudire ses juges quand ils rendent un jugement qui nous parait injuste mais pas de les accuser d’être partiaux ou aux ordres avant même les débats. Et que dira M.Mélenchon s’il est relaxé ou condamné à une peine minuscule, je ne dis pas  pour «  l’exemple » car le  jugement Balkany a mis en  exergue  cette  sanction discutable.
La justice doit être juste et équitable et tenir compte de la personnalité de la personne jugée avec sa part d’ombre et ce qu’elle a fait de bien.  Elle ne doit pas payer pour tous les autres qui sont passés à travers des poursuites et baliser l’avenir à titre préventif.   N’en jetons plus la cour (de justice) est pleine. L’indépendance des juges me parait avérée ce qui ne veut pas dire qu’ils ont toujours raison dans leurs jugements, et que leurs motivations en droit et en morale sont inattaquables. Chacun apprécie selon sa sensibilité.
Nous avons besoin de juges compétents, motivés et respectés dans un état de droit. La justice aura gagné quand ses décisions ne feront plus débats, et qu’on ne parlera plus de l' indépendance des magistrats.  Nous avons besoin d’une société de confiance qui sanctionne ceux qui trichent quel que soit leur position sociale ou qui abusent de leurs fonctions publiques pour s’enrichir directement ou indirectement. Vive l’indépendance des juges et que d’autorité la justice devienne pouvoir. Que 2019-2020 donne le départ d’une nouvelle considération de la justice.

samedi 7 septembre 2019

justice politique


Justice politique
      Par Christian Fremaux avocat honoraire et élu local.

Le lider maximo français tendance bolivarienne M.Jean-luc Mélenchon revient d’une tournée en Amérique du sud et centrale comme une star du show business. Il faut reconnaitre l’exploit : il a réussi à rencontrer des personnalités de premier plan dont le nouveau chef d’Etat du Mexique, et il a terminé en rendant visite dans sa prison, ce qui n’est pas donné à tout le monde, à l’ancien président du Brésil que l’on appelle simplement Lula qui est détenu pour quelques années, qu’il considère comme innocent et donc un prisonnier politique ! Les tribunaux brésiliens auraient donc jugé volontairement de façon partiale et éliminé arbitrairement un candidat à une élection politique. C’est la thèse de M. Mélenchon que je ne partage pas car on ne connait pas les faits réels ni le dossier judiciaire de M. Lula et on ne peut critiquer la justice brésilienne en lui faisant un procès d’intention.
Les relations entre M. Macron et le président actuel du Brésil ne sont pas au beau fixe, mais M. Mélenchon a eu l’élégance de dénoncer les insultes à l’encontre de Brigitte Macron. Je le félicite mais ce n’est pas ce que j’ai retenu des déclarations à l’emporte pièce de notre insoumis. Ce sont ses remarques sur la justice et le parallèle qu’il a fait avec M. Lula qui m’ont chagriné. M. Mélenchon n’est pas un ancien président de la république comme Lula et son égo judiciaire devrait redescendre de plusieurs crans car n’est pas non plus le capitaine Dreyfus qui veut.
 J’avais déjà écrit sur mon blog le 23 mars 2019 un article sur les liens entre la justice et l’exécutif ou les politiques, son indépendance fragile et toujours suspecte à propos de l’affaire Benalla / Crase et de trois hauts fonctionnaires de l’Elysée quand le sénat après avoir enquêté avait transmis le dossier au procureur de la république. J’avais rappelé la présomption d’innocence notamment et que le parlement était dans son rôle de contrôle. En effet on avait crié à l’immixtion de la haute chambre dans le fonctionnement de la présidence de la république et M. Ferrand (qui doit lui- même répondre à des juges pour une affaire personnelle) président de l’assemblée nationale avait déclaré que saisir la justice était « un coup politique ». Le temps a passé, des poursuites se sont arrêtées pour les hauts fonctionnaires et les juges d’instruction font leur travail. Avant de crier au scandale ne pourrait- on pas attendre que la justice se prononce ? En réalité on veut une justice indépendante-celle qui comprend et exonère- pour soi et ses amis, mais pas pour ses adversaires.  M. Mélenchon a réouvert une fois de plus le débat.
M. Mélenchon est prévenu de divers délits et va comparaitre prochainement devant le tribunal correctionnel de Bobigny à la suite de la perquisition qui a eu lieu dans ses locaux et qui ont été filmés en direct par lui notamment. On peut dire qu’il a perdu ses nerfs selon les images qu’on a vu en boucle mais c’est humain et seul un tribunal peut dire en droit s’il a commis des infractions ou non. Une tentative de même nature a échoué chez Médiapart qui a pu s’y opposer. La police n’a pas insisté et ce média a assigné l’Etat en faute par la suite.   Une perquisition est un acte judiciaire juridiquement très encadré, et il y en a de nombreuses chaque année qui concernent toutes sortes d’individus et de dossiers plus ou moins importants. C’est une décision d’un juge d’instruction et elle est prévue à l’article 56 et suivants du code de procédure pénale. Il faut donc qu’il y ait d’abord des faits qui sont reprochés à celui qui va subir une perquisition sur lesquels un juge indépendant puisqu’il s’agit d’un juge d’instruction et non un membre du parquet, enquête. Pour M. Mélenchon et son parti, la France insoumise il s’agit de savoir si des fonds publics ont été détournés ou pas. Attendons la fin de l’enquête et revenons au scandale dénoncé par celui qui hurlait qu’il était -à lui seul- la république. 
Depuis plusieurs décennies désormais les politiques ont des ennuis judiciaires et les médias s’en délectent, ce qui renforce la méfiance entre le peuple et ceux qu’on appelle souvent abusivement des élites. On ne supporte plus les trains de vie somptuaires payés par le contribuable, les petits arrangements entre amis et leurs familles ; l’impunité qui semble régner et on veut l’application stricte du principe d’égalité bon pour les puissants aussi. Si la justice doit passer elle doit être impartiale pour tous : il n’y a pas de plus égaux que d’autres et la démocratie a besoin que ses serviteurs soient irréprochables. Mais on a la république que l’on mérite et il appartient au citoyen de savoir choisir et de ne pas en rajouter dans les divisions et les polémiques partisanes. On a besoin d’union.
Pourquoi un homme ou une femme politique (car certaines sont aussi poursuivies) auraient-ils un privilège celui de ne pas pouvoir être suspectés dans leurs activités quand elles ne se confondent pas avec l’exercice de leurs fonctions publiques, ou que dans le cadre de celles-ci si des infractions semblent exister ? On a souvent entendu que la légitimité des politiques venait de l’élection par le peuple, qui  était le vrai juge et que la justice n’avait pas à s’immiscer entre eux et les électeurs.  Avec toutes les affaires qui éclatent régulièrement cet argument est moins vivace mais il est avancé sous une autre forme. On soutient que le pouvoir se sert de la justice pour empêcher un politique d’agir ou d’être élu. M. Fillon, qui va comparaitre devant un tribunal correctionnel dans les mois qui viennent avait commencé à soutenir cette argumentation pendant la campagne présidentielle de 2017, où il a dû renoncer en raison de l’action du parquet national financier. J’admets que les magistrats ont fait fort et qu’ils auraient pu bien avant poursuivre ou attendre pour des faits très anciens qui étaient selon certains a priori un « usage familial » au parlement. La justice dira si l’usage devenu immoral est illégal, mais c’est un autre sujet. 
L’immunité parlementaire est une disposition du statut des parlementaires qui a pour objet de les protéger dans le cadre de leurs fonctions d’une mesure d’intimidation quelconque ou d’empêchement. Elle est prévue à l’article 26 alinéas 2,3,4 de la Constitution. Elle n’est pas absolue. Un parlementaire peut être poursuivi pour des activités extra -parlementaires détachables de ses fonctions. Mais une mesure « coercitive » (privation de liberté, arrestation) nécessite la mainlevée de son immunité par ses pairs. Cette protection est personnelle liée à sa seule personne et ne s’applique ni à sa famille, ni à des tiers fussent-ils complices de surcroit.  Elle ne s’étend ni à son domicile ni à son lieu de travail et une perquisition est donc légale. Un parlementaire peut aussi être entendu comme témoin ou être mis en examen par un juge d’instruction.
M. Mélenchon exagère (mais c’est consubstantiel à son tempérament) en parlant de justice politique dont le terme est l’apanage des régimes dictatoriaux.  Il n’y a en France ni police politique (comme dans certains des pays que M. Mélenchon soutient) ni justice politique, c’est à dire des juges nommés et inféodés au pouvoir en place qui ont pour unique mission systémique de condamner les opposants. Certes chez nous des juges qui sont des hommes et des femmes avec leurs défauts et leurs qualités ont des opinions partisanes mais leur seul devoir est d’appliquer le droit dans l’intérêt et au nom du peuple français. Ne pas croire en la justice, c’est menacer les institutions et affaiblir la démocratie qui ne vit bien que dans la sérénité et l’égalité et le respect des lois sans oublier la fraternité principe que le conseil constitutionnel a érigé dernièrement en valeur supérieure.
M. Mélenchon ne craint ni la prison ferme ni une peine de prison avec sursis très sévère assortie d’une inéligibilité, ramenons les faits à leur petite importance. D’ailleurs peut être sera -il   relaxé et il pourra dire que la justice est indépendante, ou sera-t-il condamné pour le principe à une peine d’amende je pense symbolique ou un petit sursis pour l’exemple. Rien ne l’empêchera de continuer à battre l’estrade.  Il verra alors ce que cela fait d’être puni comme un justiciable ordinaire et il ne manquera pas comme parlementaire de voter une réforme de la justice pour que celle ci- soit forte, dotée de vrais moyens de telle sorte que le quidam obtienne vite une décision. Une « justice politique » Mélenchoniste non, mais oui pour la justice tout court en se rappelant que la politique c’est participer à un gouvernement du peuple pour le peuple. 

mardi 3 septembre 2019

la désobeissance individuelle ou collective mâtinée de violences est un danger mortel


La désobéissance individuelle ou collective mâtinée de violences est un danger mortel.
Par Christian Fremaux avocat honoraire et élu local.
La violence prétendument justifiée par des motifs objectifs et recevables (ou non) s’est imposée comme une caractéristique de notre vie en société. On ne discute plus on cogne ; on ne négocie plus on détruit ; on ne respecte plus l’individu on le frappe ; tout ce qui représente l’autorité n’est plus un adversaire mais un ennemi à éliminer ou à corriger. En général ce n’est pas efficace car aucun gouvernement ne peut céder à la force dans une démocratie où il y a des instances de dialogue, des corps intermédiaires et représentatifs, dans un état de droit. Mais parfois cela paie partiellement car on a peur du peuple, des passer pour des antidémocrates qui méprisent l’expression populaire ou qui refusent la justice sociale.
 C’est ainsi que l’on a désormais les samedis des manifestations dont les slogans sont aussi contradictoires que farfelus pour certains, qu’on n’en voit pas la fin puisque le président de la république sauf surprise que je ne peux imaginer, ne va pas démissionner ; que des grèves et blocages divers vont s’y ajouter, et que la cohorte des mécontents de toute nature va former un bloc -on espère pas un black-bloc - pour s’opposer à tout ce qui les dérange personnellement et menace leurs privilèges et confort, puisqu’ ils détiennent eux seuls la vérité et les solutions pour réformer le pays sans que personne ne soit  perdant, et à moindre coût dans le cadre de la transition écologique et de la société numérique et transhumaine.  On marche à l’émotion, à la satisfaction des désirs individuels, à la tyrannie des minorités et de l’audimat, à l’urgence et à l’absence de règles puisque toute interdiction est une provocation personnelle.
 Je doute qu’une société qui doit vivre de compromis, d’équilibre entre les contradictions, et qui doit défendre l’intérêt général, puisse progresser dans ces conditions où les droits effacent les devoirs, ou toute décision publique est immédiatement contestée, où une minorité agissante ou un groupuscule défendant le bien défini par lui-même exige sa réalisation, ou la transparence anéantit jusque la vie privée, et où la morale remplace la loi ou les principes intangibles. Tout se vaut, et tout peut être remis en cause à partir de raisons personnelles.
  Une démocratie est pourtant fragile, un grain de sable peut la bloquer et la transformer en anarchie - le général de Gaulle parlait de chienlit - et aboutir à ce que l’on ne veut pas : un régime populiste, de type autoritaire. A force de tirer sur la corde elle casse, et parfois l’histoire repasse les plats. Il ne faut pas avoir la mémoire courte.  L’homme est ce qu’il est avec son côté sombre et il ne faut pas croire que le pire ne peut pas arriver.
Il faut donc réfléchir et privilégier la raison sans abandonner son intérêt personnel et la défense de ses droits dans le cadre d’une justice sociale et d’une nation solidaire. Ne jamais être satisfait et demander l’impossible n’est pas être réaliste. C’est mettre de l’huile sur le feu, créer de faux espoirs et donc décevoir. C’est négatif et dangereux.
 On a ressorti un vieux concept qui est devenu une arme de revendication et de chantage massif : la désobéissance.  On l’a entendu et vu sur un pont à Paris où des citoyens s’étaient couchés et attachés pour défendre la planète, sans déclaration préalable ni autorisation naturellement car pourquoi suivre la loi ? et ont refusé de se disperser ce qui a entrainé l’intervention que l’on a dit musclée de la police qui a utilisé du gaz pulvérisé au visage, au grand scandale des gentils écologistes et des médias pour quelques heures indignés. 
La désobéissance civile combat l’autorité de la délibération publique. Cette forme de résistance passive -que finance un milliardaire américain aux USA - consiste à refuser d’obéir aux lois délibérées et votées démocratiquement et à écarter les jugements d’ordre civil. Des citoyens mus par des motivations éthiques ou prétendues telles (que la majorité n’approuve pas de son côté ou ne connait pas) transgressent délibérément de manière publique, pacifique dans l’intention – qui se caractérise par de la violence en fin de compte - une loi en vigueur [lire John Rawls 1971 théorie de la justice]. On se rappelle les campagnes de désobéissance civile en Afrique du sud de 1949 à 1952, et de l’action aux USA de Martin Luther King (1929-1968). La situation est- elle aussi critique en France en 2019 même si le réchauffement climatique mérite qu’on agisse ? On ajoute dans cette pratique au civisme la notion de « civilité » entendue comme du savoir-vivre (ensemble).
La désobéissance civique qui est une notion quasi similaire se distingue cependant de la civile car elle se heurte à la démocratie classique représentative qui incarne la majorité du peuple. Des minorités agissantes veulent avoir raison et déstabilisent les institutions. C’est le refus de vote, le rejet de toutes directives publiques, de la loi… Sans avoir la moindre légitimité, on fait passer son avis avant celui des autres et son intérêt personnel avant l’intérêt général. On veut être aussi vigie auto-proclamée, lanceur d’alerte que d’ailleurs désormais la loi protège. Le cadre légal est abandonné.
Ce genre de désobéissance menace le système institutionnel et la confiance envers ceux qui ont été élus pour gouverner. On revient à la loi du plus fort, le faible n’est plus rien, l’élu est suspect, alors qu’il va de soi que tout abus doit être puni et que le soupçon permanent ne fait pas avancer les choses. On ne peut se contenter d’être contre. Il faut faire des propositions concrètes seule solution pour qu’il y ait du progrès et moins d’injustice ou d’anomalies.  L’individu n’est pas roi et le peuple qui a coupé la tête à Louis XVI est le souverain dans sa majorité.  Personne n’a le monopole du peuple, ou de la vérité ou du bien. On participe tous. On ne peut avoir raison sur tout et tout le temps. Pour les enfants désobéir est un vilain défaut, un manque d’éducation. Pour les adultes individuellement ou en petit nombre collectivement désobéir est mettre en danger la cohésion nationale et la nation, et est péril mortel pour la démocratie. Quant à la violence elle est inacceptable sous toutes ses formes et quel qu’en soit le motif. La fraternité, la tolérance, et le débat démocratique même incisif doivent s’imposer.   

les citoyens doivent aussi changer d'état d'esprit


Les citoyens doivent aussi changer d’état d’esprit.
Par Christian Fremaux avocat honoraire et élu local.
Quand on suit l’actualité de notre beau et vieux pays comme le dénommait le général de Gaulle on est sidéré par tant de polémiques vaines ; de discussions inutiles dont la conclusion  change au fil de la journée ou du lendemain ; de revirements spectaculaires (M.Cohn-Bendit se revendique désormais gaulliste !) ou de trahisons justifiées par des motifs aussi farfelus qu’intéressés (certains  maires prennent des étiquettes nouvelles ,celles présumées les   plus porteuses pour  gagner les futures municipales, bonjour les convictions) ; et de pertes de temps à essayer de convaincre ceux qui refusent de l’être et se méfient de tout sauf de leurs propres certitudes ; enfin de la propension à exiger par des manifestations souvent violentes des réformes nécessaires et argumentées par de multiples expertises et par la situation financière du pays,  à condition qu’elles ne les concernent pas personnellement mais qu’elles impactent les autres  qui n’ont qu’à payer ou subir.
 Que sont devenues les notions de retenue et patience, de solidarité, de partage, de tolérance, d’objectivité et d’intérêt général ? On a parfois des surprises, des changements comme M.Macron qui a choisi une autre solution pour la réforme des retraites que celle négociée depuis des mois par M.Delevoye : mais attendons le  projet définitif. Cela peut rappeler et conduire à Waterloo : la garde meurt mais ne se rend pas, et Napoléon attendait Grouchy or ce fut Blücher. Certes c’est parfois pire ailleurs. Mais notre société va mal psychologiquement : on est passé du burn- out à des crises d’épilepsie. Le citoyen se roule par terre s’il n’obtient pas tout, tout de suite.  On n’attend plus la réponse à la question qui est une injonction. On proteste par avance, on crie à l’inégalité et à l’oppression, on accuse l’autre surtout les dirigeants de vouloir tout casser pour fournir des bénéfices aux plus riches.
 On est quasiment revenu à la lutte des classes, aux intérêts des corporations ou des communautés. Il n’y a plus de ciment qui conforte, de sentiment d’appartenance à une entité soudée dans une cohésion sociale. L’émotion l’emporte sur la raison – comme pour le problème des migrants et l’islam en France qui devrait s’intégrer dans le cadre de la laïcité comme la religion catholique et les autres cultes, ce qui apaiserait déjà les esprits - et l’empathie sert de politique. On dénonce, on invective, et on cloue au pilori médiatique. Si on se trompe on ne s’excuse pas, on passe à autre chose en laissant la victime se débrouiller car il n’y a jamais de fumée sans feu.
 L’historien américain Francis Fukuyama après la chute du mur de Berlin avait prédit la fin de l’histoire et l’instauration du modèle occidental de démocratie libérale. Il s’est trompé. Les populismes règnent. Certains en France veulent une démocratie directe participative où le peuple par nature pur et compétent gouvernerait, sans se souvenir des régimes soviétiques, maoïstes ou chinois et sans compter les dictatures et les théocraties où la parole de dieu remplace la loi. On rejette tout régime représentatif, avec des élections libres au cri du tous pourris ou simplement profiteurs.  Mais on ne dit pas précisément par quoi et comment remplacer la démocratie représentative, et quelle voie économique peut produire les richesses qu’il faut redistribuer. Les économistes y compris les prix Nobel que l’on voit s’exprimer un peu partout sont perdus entre l’offre et la demande, Milton Friedmann et John keynes  (lire Alain Minc) et n’ont plus de modèle pertinent.
 Marx et le collectivisme sont morts et enterrés, et le libéralisme /capitalisme en manque de globules a besoin de vitamines et d’un profond lifting. Il faut inventer du nouveau et créer une start-up de l’économie moderne. Peut- être que Tocqueville avait des idées et à défaut   au secours trouvons le bon expert avec des idées applicables celles qui permettent de trouver l’équilibre entre les volontés contradictoires des citoyens, entre l’Etat qui garantit et favorise les initiatives et celui qui protège et dirige tout, en n’ayant pas le seul intérêt matériel comme horizon.   Comment exercer le pouvoir et avec quelles boussoles ? C’est grave docteur que nos dirigeants ne sachent plus où donner de la tête, creusent des trous comme le sapeur Camember pour combler des vides, et ne répondent qu’à l’urgence.
Quelles options choisir puisque gouverner c’est prévoir. On veut une société plus ouverte, fondée sur les technologies et le plaisir de l’individu qui comme un enfant doit obtenir ce qu’il veut, même si la majorité est réticente ou n’accepte pas. Tant pis pour ceux qui ne vivent pas en ville, roulent au diesel par nécessité, reçoivent internet par intermittence et n’ont pas de travail dans l’économie mondiale, et on exige la satisfaction de revendications humaines spécifiques dans le domaine biologique ou autre, naturellement remboursées par la sécurité sociale. On fait assumer son désir par la collectivité.  Le voisin devient suspect s’il ne partage pas les mêmes valeurs et la violence est un simple moyen de faire céder qui résiste.
Bien sûr on dénonce les violences policières, puisque celles des manifestants ou des protestataires de tout poil sont forcément justes et nécessaires. Les maires sont bons à jeter car ils empêchent de faire ce que l’on veut et ils ont le culot de vouloir faire respecter la loi et les décisions du conseil municipal. On s’étonne ensuite que les vocations pour les futures municipales soient en diminution, sauf pour les partisans politiques et ceux qui savent tout ou veulent imposer leurs principes de vie.  On va dans le mur en klaxonnant. Une fois qu’on a dit cela que faire ?
Il va bien falloir que l’on retrouve du bon sens, de l’autorité qui n’est pas de l’autoritarisme, des valeurs qui sont communes, et des règles de droit impératives. C’est comme si dans un match de foot il n’y avait pas d’arbitre ni de règlement, qu’on ne savait pas s’il y a hors-jeu, pénalty ou non, que certains joueurs s’arrêtaient pendant le match pour leurs croyances personnelles pendant un moment, qu’hommes et femmes étaient séparés dans les tribunes, et que le score était voté par référendum en direct. Il doit y avoir respect de la loi, qu’on l’approuve ou non, puisqu’elle est démocratiquement élaborée et promulguée, sous réserve de l’appréciation ferme de la justice.
 Nous sommes tous plus ou moins coupables et nous devons nous y mettre aussi à abandonner un peu de nos droits et exigences au profit des devoirs dont on ne parle jamais, de l’intérêt général et de la sécurité globale. Les menaces graves sont partout et un drame peut arriver à tout moment, par un individu, un groupe ou la nature.  Nous devons faire preuve de beaucoup plus de civisme. « Notre maison brûle » avait dit le président Chirac en parlant du climat. Le président Macron a repris la formule mais il faut l’étendre à tout ce qui ne va pas dans la société. Les pompiers qui sont scandaleusement régulièrement agressés comme les médecins et les policiers, ne peuvent être partout dans tous les secteurs de la vie. Nous devons prendre nos responsabilités car nous  avons notre destin en main et nous participerons chacun à l’échec ou à la réussite qui ne peuvent qu’être collectifs. Soyons adultes ce qui n’empêche pas de défendre ses propres intérêts et agissons. Il ne me plait pas de me faire tancer par une fillette de 16 ans la petite Greta, gamine sans savoirs ni légitimité, manipulée, et vêtue d’un manteau vert de martyr de la planète trop grand pour elle.  Va-t-on pousser le ridicule à lui donner un prix par avance puisque c’est la rentrée scolaire, comme on avait attribué le prix Nobel de la paix au président Obama deux jours après qu’il ait pris le pouvoir pour la première fois. On a vu la suite.
 Nous devons donc collectivement changer d’état d’esprit. Certes la classe politique qui se succède depuis des années, quelle que soit la politique choisie, n’a pas réussi à régler les problèmes économiques et sociaux, auxquels s’y sont ajoutés la querelle sur le climat, l’immigration sauvage et des problèmes sociétaux. D’où la vague de dégagisme, les électeurs croyant qu’en changeant les têtes tout s’améliorerait. Mais on a les dirigeants que l’on mérite et que l’on a choisi librement et si le vote des législatives de 2017 a donné quatre grandes tendances dont deux extrêmes, comment faire la synthèse ? Les citoyens ont donc une part de responsabilité dans la situation actuelle, outre leurs exigences particulières, et il faut que globalement nous nous ressaisissions. Les élus qui essaient de faire plaisir à un maximum de gens ne sont pas coupables de tout, les torts sont partagés. Il faut le reconnaitre et pour chacun d’entre nous revenir à plus de modération sachant que l’Etat n’est pas magicien ou sur- puissant et qu’il faut bien prendre l’argent chez certains si l’on veut faire des réformes efficaces puisque on ne veut pas toucher aux dépenses publiques pour ne peiner personne !  

lundi 2 septembre 2019

réflexions pour la rentrée


Réflexions pour la rentrée.
Par Christian Fremaux avocat honoraire et élu local.
Quand on suit l’actualité de notre beau et vieux pays comme le dénommait le général de Gaulle on est sidéré par tant de polémiques vaines ; de discussions inutiles dont la conclusion  change au fil de la journée ou du lendemain ; de revirements spectaculaires (M.Cohn-Bendit se revendique désormais gaulliste !) ou de trahisons justifiées par des motifs aussi farfelus qu’intéressés (certains  maires prennent des étiquettes nouvelles ,celles présumées les   plus porteuses pour  gagner les futures municipales, bonjour les convictions) ; et de pertes de temps à essayer de convaincre ceux qui refusent de l’être et se méfient de tout sauf de leurs propres certitudes ; enfin de la propension à exiger par des manifestations souvent violentes des réformes nécessaires et argumentées par de multiples expertises et par la situation financière du pays,  à condition qu’elles ne les concernent pas personnellement mais qu’elles impactent les autres  qui n’ont qu’à payer ou subir. Que sont devenues les notions de retenue et patience, de solidarité, de partage, de tolérance, d’objectivité et d’intérêt général ? On a parfois des surprises, des changements comme M.Macron qui a choisi une autre solution pour la réforme des retraites que celle négociée depuis des mois par M.Delevoye : mais attendons le  projet définitif. Cela peut rappeler et conduire à Waterloo : la garde meurt mais ne se rend pas ,et Napoléon attendait Grouchy  or ce fut Blücher. Certes c’est parfois pire ailleurs. Mais notre société va mal psychologiquement : on est passé du burn- out à des crises d’épilepsie . Le citoyen se roule par terre s’il n’obtient pas tout, tout de suite.  On n’attend plus la réponse à la question qui est une injonction. On proteste par avance, on crie à l’inégalité et à l’oppression , on accuse l’autre surtout les dirigeants de vouloir tout casser pour fournir  des bénéfices aux plus riches. On est quasiment revenu à la lutte des classes, aux intérêts des corporations ou des communautés. Il n’y a plus de ciment  qui conforte , de sentiment d’appartenance à une entité soudée dans une cohésion sociale. L’émotion l’emporte sur la raison – comme pour le problème des migrants et l’islam en France qui devrait s’intégrer dans le cadre de la laïcité comme la religion catholique et les autres cultes, ce qui apaiserait déjà les esprits - et l’empathie sert de politique. On dénonce, on invective, et on cloue au pilori médiatique. Si on se trompe on ne s’excuse pas, on passe à autre chose en laissant la victime se débrouiller car il n’y a jamais de fumée sans feu. L’historien américain Francis Fukuyama  après la chute du mur de Berlin avait prédit la fin de l’histoire et l’instauration du modèle  occidental de démocratie libérale. Il s’est trompé. Les populismes règnent. Certains en France veulent une démocratie directe participative où le peuple par nature pur et compétent gouvernerait, sans se souvenir des régimes soviétiques, maoïstes ou chinois et  sans compter les dictatures et les théocraties où la parole de dieu remplace la loi. On rejette tout régime représentatif , avec des élections libres au cri du tous pourris ou simplement profiteurs.  Mais on ne dit pas précisément  par quoi et comment remplacer la démocratie représentative, et quelle voie économique peut produire les richesses qu’il faut redistribuer. Les économistes  y compris  les prix Nobel que l’on voit s’exprimer un peu partout sont perdus entre l’offre et la demande, Milton Friedmann et John keynes  (lire Alain Minc) et n’ont plus de modèle pertinent. Marx et le collectivisme sont morts et enterrés, et le libéralisme /capitalisme  en manque de globules a besoin de vitamines et d’un profond lifting. Il faut inventer du nouveau et créer une start-up de l’économie moderne. Peut- être que Tocqueville avait des idées et à défaut   au secours trouvons le bon expert avec des idées applicables celles  qui permettent  de trouver l’équilibre entre les volontés contradictoires des citoyens , entre l’Etat qui garantit et favorise les initiatives  et celui qui protège et dirige tout ,en n’ayant pas le seul intérêt matériel comme horizon.   Comment exercer le pouvoir  et avec quelles boussoles? C’est grave docteur que nos dirigeants ne sachent plus où donner de la tête, creusent des trous comme le sapeur Camember pour combler des vides, et ne répondent qu’à l’urgence. Quelles options choisir puisque gouverner c’est prévoir. On veut une société plus ouverte, fondée sur les technologies et le plaisir de l’individu qui comme un enfant doit obtenir ce qu’il veut , même si la majorité est réticente ou n’accepte pas. Tant pis pour ceux qui ne vivent pas en ville, roulent au diesel par nécessité, reçoivent internet par intermittence et n’ont pas de travail dans l’économie mondiale ,et on  exige la satisfaction de revendications humaines spécifiques dans le domaine biologique ou autre, naturellement remboursée par la sécurité sociale. On fait assumer son désir par la collectivité.  Le voisin devient suspect s’il ne partage pas les mêmes valeurs et la violence est un simple moyen de faire céder qui résiste. Bien sûr on dénonce les violences policières , puisque  celles des manifestants ou des protestataires de tout poil  sont forcément  justes et nécessaires. Les maires sont bons à jeter car ils empêchent de faire ce que l’on veut et ils ont le culot de vouloir faire respecter la loi et les décisions du conseil municipal. On s’étonne ensuite que les vocations pour les futures municipales soient en diminution , sauf pour les partisans politiques et ceux qui savent tout ou veulent imposer leurs principes de vie.  On va dans le mur en klaxonnant. Une fois qu’on a dit cela que faire ? Il va bien falloir que l’on retrouve du bon sens, de l’autorité qui n’est pas de l’autoritarisme, des valeurs qui sont communes, et des règles de droit impératives. C’est comme si dans un match de foot il n’y avait pas d’arbitre ni de règlement,  qu’on ne savait pas s’il y a hors jeu , pénalty ou non, que certains joueurs s’arrêtaient pendant le match pour leurs croyances personnelles pendant un  moment,    qu’hommes et femmes étaient séparés dans les tribunes, et que le score était voté par référendum en direct. Il doit y avoir respect de la loi, qu’on l’approuve ou non, puisqu’elle est démocratiquement élaborée et promulguée, sous réserve de l’appréciation  ferme de la justice. Nous sommes tous plus ou moins coupables  et nous devons nous y mettre aussi à abandonner un peu de nos droits et exigences au profit de l’intérêt général et de la sécurité globale. Les menaces graves sont partout et un drame peut arriver à tout moment, par un individu, un groupe ou la nature. Nous avons des devoirs et nous devons faire preuve de beaucoup de civisme. « Notre maison brûle » avait dit le président Chirac en parlant du climat. Le président Macron a repris la formule mais il faut l’étendre à tout ce qui ne va pas dans la société. Les pompiers qui sont scandaleusement  régulièrement agressés comme les médecins et les policiers, ne peuvent être partout dans tous les secteurs de la vie. Nous devons prendre nos responsabilités car nous  avons notre destin en main et nous participerons chacun à l’échec ou à la réussite qui ne peuvent qu’être collectifs. Soyons adultes ce qui n’empêche pas de défendre ses propres intérêts et agissons. Il ne me plait pas de me faire tancer par une fillette de 16 ans  la petite Greta, gamine sans savoirs ni légitimité, manipulée, et vêtue d’un manteau vert de martyr de la planète trop grand pour elle.  Va-t-on pousser le ridicule à lui donner un prix par avance  puisque c’est la rentrée scolaire, comme on avait attribué le prix Nobel de la paix au président Obama deux jours après qu’il ait pris le pouvoir pour la première fois. On a vu la suite.

dimanche 1 septembre 2019

Les constitutions sont elles des chiffons de papier ?


Les constitutions sont elles des chiffons de papier ?
Par Christian Fremaux avocat honoraire et élu local.
Le nouveau premier ministre anglais Mister Boris Johnson que l’on connaissait pour son look atypique et son caractère surprenant n’a pas tardé à faire des siennes alors que le brexit se rapproche, et que personne ne sait ce qui va se passer. Les économistes sont en transe mais pas qu’eux. Les juristes s’y mettent. Alors que l’Angleterre est l’exemple moderne de la démocratie née à Athènes et pensée par Périclès dans l’antiquité, avec ses règles de droit, son sens du débat,  avec le parlement qui est la clef de voûte des institutions, M.Johnson vient de décider seul de suspendre les réunions dudit parlement pendant quelques semaines, ce qui lui permettra de manœuvrer sans répondre aux objections de l’opposition politique voire à ses adversaires conservateurs et d’ atteindre le 31 octobre date limite pour le brexit avec un deal ou non avec l’union européenne. Coup de génie ou pas de clerc l’avenir nous le dira. On crie au scandale, au quasi coup d’Etat ou pour le moins à une grave dérive constitutionnelle et des anglais légalistes et attachés à la démocratie ont saisi les tribunaux pour faire annuler le diktat de Boris. Je ne crois pas que les magistrats anglais pourront annuler ladite décision qui , si elle n’est pas formellement interdite peut être considérée comme pratiquement autorisée. Mais soyons prudent dans le pronostic : les juges qu’ils soient anglais ou français savent parfois surprendre et aller au-delà de leurs missions. Personne ne juge les juges… Il n’y a pas de constitution écrite en Angleterre. La nation du Commonwealth où le soleil ne se couchait jamais, du Royaume-Uni, de Churchill qui a incarné le droit donc le juste , le courage de défendre les libertés, et le sacrifice,  a l’habeas corpus depuis 1679 qui protège contre l’arbitraire et nous sommes dans le droit coutumier. Par exemple le premier ministre peut décider de dissoudre la chambre des communes ou de présenter la démission de son cabinet si sa politique est trop contestée. L’Angleterre vit avec des lois, des usages constitutionnels, de la jurisprudence celle qui se nourrit de précédents : c’est une « constitution non codifiée ». M.Johnson s’est contenté si l’on peut dire  de saisir une opportunité qui repose sur un vide juridique semble- t- il en suspendant jusque milieu octobre les réunions du parlement. La reine a validé la demande sans faire le moindre commentaire puisque elle règne mais ne gouverne pas. M.Johnson a joué un coup de poker menteur politique pour réfléchir en paix à la sortie du brexit  ce qui est peu démocratique  c’est certain voire un peu autoritaire mais reposant… pour lui. Avait- il le droit  de le faire ou non , that is the question.  C’est l’absence de constitution écrite qui lui a permis «  d’innover ». En France ce genre de manœuvre ne pourrait pas exister et MM. Macron et Philippe devraient se contenter de ronger leurs freins car nous avons une constitution  écrite qui jusqu’à présent nous a épargné toute aventure ou des expériences malheureuses, et  a garanti le fonctionnement du pays malgré les crises de toute nature avec des règles du jeu précises  sous le contrôle du conseil constitutionnel notamment.  
Une constitution est un texte fondamental, supérieur à toutes  les lois , fondateur du régime politique dans lequel le peuple va vivre, qui fixe les principes  juridiques écrits applicables, organise la séparation des pouvoirs entre le pouvoir exécutif et le parlement, l’indépendance de la justice ( simple autorité et non pouvoir  dans notre constitution de la Vème république du 4 octobre 1958 voulue par le général de Gaulle), détermine les modalités électorales et essaie de fixer  des valeurs  tout en répondant aux grands défis qui émergent ( la décentralisation ou l’écologie) ,et ce qui est immuable. L’article 1er de notre constitution  stipule : « la France est une république indivisible, laïque, démocratique et sociale… ».Son élaboration répond à des consultations tout azimut. On peut créer une assemblée constituante spécialement dédiée au sujet ou le gouvernement peut proposer un projet qui sera ensuite soumis à l’approbation ou non du suffrage universel. La constitution peut évoluer selon les nécessités, dans des conditions et une procédure drastiques, mais il ne faut modifier le texte   que d’une main tremblante  car on sait ce qui fonctionne et doit être amélioré, et  il ne s’agit pas de suivre une démarche expérimentale  car l’inconnu peut être dangereux. La raison doit l’emporter sur l’émotion ou la pression de lobbys et de minorités.
Les constitutions sont ce que la pratique du pouvoir en fait. En Russie  ou en Chine la constitution est écrite et contient à peu près en théorie  tout ce qui aurait plu à Montesquieu. Mais entre les droits formels et ceux que l’on peut exercer dans la réalité, il y a un grand fossé. Les pays africains apprennent la démocratie et font des efforts, et leurs constitutions en général répondent aux canons « occidentaux » avec des spécificités locales. Cela n’empêchent pas les dirigeants de triturer les textes pour se maintenir au pouvoir pendant des années, tandis que l’opposition se prépare à gouverner depuis la prison ou l’exil. Ils peuvent mieux faire. J’évoque pour mémoire les pays théocratiques où la parole supposée de dieu se substitue au droit, ou encore les endroits où le fusil ou la force barbare font office de texte suprême .Et sous réserve des conflits armés où c’est la loi du plus fort qui s’impose.
M.Johnson espère tirer bénéfice de son tour de passe-passe constitutionnel.  Mais parfois l’homme trop malin se plante. En Italie M.Salvini qui se voyait déjà vainqueur dans les urnes et quasi premier ministre, a négligé que la constitution italienne donnait le pouvoir de dissolution au président de la république à condition qu’on ne trouve pas une  autre majorité pour gouverner. L‘improbable a eu lieu. Les ennemis jurés qu’étaient le mouvement 5 étoiles de M.Di Maio, et le parti démocrate du revenant  M. Renzi ont trouvé une plate forme de gouvernement commune a minima, et M.Conté comme ancien-nouveau premier ministre, pour gouverner le pays et surtout éliminer M.Salvini. Qui est pris qui croyait prendre. Ce n’est pas glorieux mais c’est… constitutionnel !   Comme quoi une constitution est comme la langue d’Esope : on peut en tirer le pire comme le meilleur. M.Johnson nous donne en direct une leçon de choses constitutionnelles dans la grande démocratie qu’est l’Angleterre : god save the queen, for ever.
La leçon à retenir est que les constitutions ne s’usent que si on ne s’en sert pas, et  qu’il est préférable d’avoir un écrit plutôt que rien du tout. L’expression chiffon de papier a été rendue célèbre par le chancelier allemand Théobald Bethmann Hollweig qui l’a employée pour la première fois le 4 août 1914. Il ne croyait pas à la bonne foi des Etats même par écrit, ni à leur neutralité alors que l’ambassadeur britannique le conjurait de signer un accord. On connait la suite de l’histoire. On va voir comment nos amis britanniques vont rétablir la raison et rendre sa voix au speaker du parlement, avant que le brexit ait lieu .   


samedi 27 juillet 2019

La canicule pour les nuls.


                     
                    
                        La canicule pour les nuls.
        Par Christian Fremaux avocat honoraire et élu local .
Les vacances n’empêchent rien et il est préférable de rire de certaines péripéties en les reliant de façon improbable avant d’aborder à la rentrée la réforme des retraites ou d’autres sujets plus explosifs. Il semble que la canicule assèche les esprits  ou les ramollit car on entend des raisonnements curieux, on assiste médusé à des comportements peu banals, et on se fait tancer par une gamine.
 Tandis que les coureurs du tour de France cycliste, notamment nos valeureux français car le multiculturalisme du peloton de la pédale n’écarte pas le chauvinisme, ont sué sang et eau pour franchir les cols, et qu’il a fallu interrompre la course car la neige était tombée et n’avait pu être déblayée à temps – bonjour le réchauffement climatique -  la vie politique  ne suivait pas un long fleuve tranquille alors que tous les cours d’eau sont à sec, au grand dam de nos viticulteurs et paysans qui après avoir essuyé les orages et la grêle il y a quelques semaines et leurs dégâts doivent désormais  affronter le feu du ciel, ce qui met leur travail donc leurs revenus en danger. Je n’ai pas entendu les écologistes qui ont des indignations sélectives demander de l’aide d’urgence et de la solidarité pour ceux qui structurent nos territoires ? Mais vivre en ruralité est déjà de mauvais goût pour les auto proclamées vigies qui veulent la transition écologique à marche forcée et qui ont la ville connectée comme horizon indépassable. L’homme  comme la femme qui ne suivent  pas deviennent une variable d’ajustement.
 Mediapart qui a fait du scandale et de la rancune  contre les puissants son fonds de commerce au nom de la transparence qui doit irriguer l’intérêt général dont la  bonne définition n’appartient qu’à M.Plenel et ses amis, qui sont certainement exemplaires avec le fisc, dans l’entreprise, avec le droit social et qui n’ont jamais bénéficié pour eux ou leurs proches  d’un petit avantage (ce dont  je les plains) , a récidivé en faisant démissionner illico M.de Rugy ministre d’Etat chargé de l’écologie  le domaine vital et exclusif pour certains,  pour des libations - et non des costumes - dont certaines ont été payées avec  de l’argent public. Dis moi ce que tu manges et bois et je te dirai si tu es digne de me représenter.  Hou le vilain, le prévaricateur, le bouffeur provocateur, le profiteur. Sous Robespierre il aurait été conduit à la guillotine pour complot contre le peuple, pour affameur public au moins : à notre époque le ministre va rembourser quelques repas, va redevenir député et va passer son temps à s’expliquer pour démontrer son innocence en raison de textes imprécis. Nos prétendues élites manqueraient- elles du simple bon sens ? Tout ce qui n’est pas formellement interdit n’est pas pour autant autorisé  et en période d’austérité mieux vaut être exemplaire et modeste, l’image faisant l’homme ou la femme (le sèche- cheveux de la femme du ministre  en prétendu or !) - notions que chacun apprécie à son aune personnelle. Nos excellences vivent dans des palais luxueux dits logements de fonction, avec chauffeurs et  serviteurs, et ils devraient se contenter du minimum  dévolu au quidam du peuple? N’y a-t-il pas comme une contradiction ?  Mais c’est sur le prétexte de la transparence que je tique car elle permet de tout dire et de tout dénoncer puisque si on (le dénonciateur qui reste au chaud) se trompe on s’excuse et on enchaine mais le mal est fait, et poussée à l’extrême la transparence devient du totalitarisme. Je n’ai pas pour intention de défendre M.de Rugy qui est assez grand pour se faire, d’autant plus que je n’ai pas beaucoup apprécié ses explications pour avoir payé ses cotisations à son parti avec l’indemnité de frais de mandat, ce qui était interdit dès 2013 par l’assemblée nationale , et ainsi par ses « dons » de n’avoir pas payé d’impôts ce qui pour un parlementaire me chagrine. Cette remarque est populiste mais j’y crois ! M.de Rugy a remboursé à première demande et considère être blanchi. Mais en théorie l’infraction demeure (voir le cas de M.Sarkozy pour ses comptes de campagne : il   a remboursé le dépassement  mais il est quand même poursuivi ) bien que je ne souhaite pas que la justice s’en mêle ,les citoyens sont assez grands pour se faire une opinion.  Ce que je déteste ce sont les méthodes trotskistes familières à M.Plenel, voire staliennes ou peut être coréennes du nord pour faire référence sans preuve à  l’actualité  qui sont utilisées pour s’en prendre à quelqu’un  qui ne bénéficie même pas de la présomption d’innocence dont on se gargarise , ou d’une enquête contradictoire, et qui est sommé  de se défendre dans l’heure ou de céder.  Il y avait eu Omar m’a «  tuer » dans le domaine criminel. Il y aura dans le domaine politique pour M.de Rugy : les crustacés dont je suis allergique  et les grands vins m’ont rendu gravement  malade et conduit à rentrer dans mon deux pièces à Nantes  qui n’est d’ailleurs pas un logement social ! Grandeur et servitude vont de pair comme l’a écrit Alfred de Vigny. Que nos dirigeants  dans tout palais de la république, en passant par les préfectures ou autre symbole de l’Etat  ou des collectivités décentralisées  car on connait des élus  locaux qui exagèrent, licencient sur le champ leurs chefs de cuisine, liquident leurs caves, et achètent des biscottes et du jambon , de l’eau plate, troquent le champagne par du kir ou du mousseux, et vivent comme le français moins que moyen, car le français moyen même s’il n‘est pas riche sait recevoir ses amis et sa famille, peut inviter son patron ou des relations à la maison, ne paie  évidemment pas ses dépenses avec de l’argent public, et connait l’art culinaire et les traditions bien de chez nous sans en faire de trop.  
J’écris bien de chez nous car la plaisanterie a persisté. Notre excellente porte -parole du gouvernement dont on a le droit  de préférer à ce poste en vue qu’elle défende le classicisme et l’élégance de nos grands couturiers qui font  partie de l’art de vivre à la française ( comme madame Macron)  et  de ne pas apprécier son bon goût personnel vestimentaire- même si à l’Elysée on peut  suivre la tradition de chez Médrano et ses habits de lumière ce qui n’est pas  péjoratif selon moi ni raciste cela va sans dire au pays de Voltaire  et qu’il  faut penser aux  jeunes modernes et branchés- s’est exprimée  pour ne pas soutenir son collègue et je suppose ami, l’avaleur avec réticence  de homards et le buveur de grands bordeaux  pour faire plaisir à nos viticulteurs et parce que la cave à l’assemblée n’a pas de Corbière (et je ne pense pas au député de la France insoumise) ou de Sidi-Brahim.   Elle a dit, sauf si j’ai mal lu ou  entendu, que les français mangeaient plus de kebab que de homard. C’est complètement faux car personnellement je n’aime pas trop de homard ou de caviar à la louche avec du champagne millésimé même gratuit, et je préfère la pizza complète avec du chianti ou la galette bretonne  avec du cidre , au kébab- frite qui est un plat que l’on ne trouve pas dans tous les quartiers, qui nous vient de loin, et qui est certes bon mais difficile à digérer.  La porte-parole du gouvernement aurait dû évoquer au lieu du kebab,  le sandwich jambon-beurre,  le beefsteak , la salade y compris niçoise, les pommes de terre voire les pâtes. Ceux qui se nourrissent aux restos du cœur sont plus fiers et intelligents que cela, et ne mangent pas pour se faire plaisir, mais pour vivre. Que la porte- parole du gouvernement visite la cantine de la présidence de la république puis compare avec le panier moyen de la ménagère de 50 ans - selon la formule plutôt méprisante - ou les repas de certains anciens ou abandonnés. Elle ne parlera plus de kebab ni d’ailleurs de homard . Cet épisode fut nul , mais je ne peux m’empêcher de rappeler en plus pour être complet dans le débilisme les propos de madame Schiappa volubile Secrétaire d’Etat qui a le féminisme  à géométrie variable et qui a donné le coup de pied de l’âne à son collègue et ami M.de Rugy, elle qui avait fait le show chez M.Hanouna (elle y est rejointe par Mme Laurence Sailliet qui  passe de la politique au cirque sans états d’âme et qui  était une des porte- paroles des républicains qui se sont effondrés aux élections européennes : ceci explique peut être cela,  ce parti méritait mieux !). Madame Schiappa a priori  pour ne pas accabler M.de Rugy  a déclaré qu’elle venait d’un milieu modeste et corse ( ce qui est compatible) qu’elle voulait garder la tête haute -ce que personne ne lui dénie- et que l’argent public devait être dépensé avec parcimonie (bravo elle a raison).Certes son père n’est qu’un docteur en histoire  spécialiste de Gracchus Babeuf et de la conjuration des égaux  ce qui fait de lui sinon une élite du moins un citoyen éclairé, qu’il est aussi  militant de la France insoumise ce qui est son droit le plus strict, et les retrouvailles familiales  autour d’un plat doivent être  intéressantes. Félicitations madame, mais c’est votre déclaration qui m’a interloqué. Vous avez dit que pour vos réunions de travail au ministère vous n’aviez  à boire que des carafes d’eau ( pas de la Seine j’espère) , et que  vous mangiez des nouilles chinoises au prix de 1,73 euros le paquet.  Il n’y a pas que les pâtes qui sont des nouilles. Plus misérabiliste que moi tu meurs. Quelle démagogie ! Les français sont contre les gâchis avec leur argent, et ne supportent pas les abus et les privilèges alors qu’on leur demande toujours des efforts et de se serrer la ceinture. Mais ils comprennent les nécessités du pouvoir et du travail et ne confondent pas la vie quotidienne avec des parties de plaisir et d’égo. Où sont nos banquets républicains où des milliers d’élus locaux étaient régalés aux frais de la princesse ?  Il faudra ajouter aux contrôles sur l’enrichissement personnel et le patrimoine quand on est aux affaires, la vérification du mauvais cholestérol et des gamma. Si le coupable rate son examen de sortie médicale, il devra rembourser ! Je ne sais qui désormais acceptera d’exercer des fonctions publiques de haut niveau, sauf les célibataires plutôt  riches, sans famille et amis, buvant de l’eau et mangeant des pommes tout en roulant en trottinette.
Par ailleurs le réchauffement climatique a continué à assécher les esprits c’est-à-dire à évacuer la raison au profit de l’émotion.
M.Hulot a fait une brève apparition  presque en maillot de bain en sortant de sa belle villa avec vue sur mer de Saint- lunaire, pour inciter les députés à ne pas ratifier le C.e.t.a cet accord de libre échange avec le Canada qui doit créer des emplois mais malmènerait  des filières agro-alimentaires et  qui  serait favorable aux grandes industries, donc défavorable aux  travailleurs en général ? Cet accord européen  a été négocié sous les règnes de MM . Sarkozy et Hollande puis par M.Macron avec son ministre M.Hulot qui a donc eu le temps d’y réfléchir quand il était  au pouvoir d’agir en responsabilité. Son cri d’orfraie n’a donc aucun sens et tout donneur de leçons vit aux dépens de celui qui le subit. M.Hulot  a été renvoyé dans les profondeurs marines  et à faire des pâtés de sable, ce qui pour un écologiste adulte n’est pas humiliant . Se taire fait parfois plus de bruit qu’une intervention maladroite. Puis on est passé sur les bancs de l’école bien que ce soient les vacances scolaires. Une partie de nos députés a invité la jeune fille suédoise Greta Thunberg devenue l’icône  de la dénonciation écologique à venir à l’assemblée nous engueuler et à nous dire que nous étions des incapables de faire nos devoirs et beaucoup  de nos responsables élus pour cela ont applaudi c’est à dire se sont flagellés tout seuls .Mais à quoi servent nos députés s’ils acceptent d’ être traités de nuls par une enfant qui fait l’école buissonnière, suscite des grèves scolaires , lit un texte manifestement préparé par des adultes, et ne propose aucune vraie solution concrète ? Elle a raison seulement  sur ce dernier  point puisque les spécialistes s’accordent uniquement pour dire que les diagnostics sont divers ,que  les  solutions ne sont pas scientifiquement  indiscutables  et techniquement très difficiles, contradictoires dans leurs effets, et que la transition écologique ne pourra pas se faire rapidement en raison des conséquences humaines, industrielles donc sociales.  La demoiselle Greta est la Bernadette Soubirous ( pardon aux croyants de cette comparaison) du grand nord qui a vu apparaitre dans sa grotte la fin du monde et il faut …y  croire ? Elle ne voyage qu’en train et il va lui falloir beaucoup de temps pour visiter la Chine et l’Inde qui sont les plus grands pollueurs de la planète et les convaincre de changer de méthodes en les critiquant. Je ne sais pas si les pays illibéraux de l’Est ou autoritaires ou théocratiques, ou sur le continent africain qui se bat pour sa survie vont lui dérouler le tapis rouge ou cramoisi. Que propose -t- elle  pour lutter contre la faim, pour le partage équitable de l’eau, pour l’énergie, pour l’emploi, pour le développement y compris dans la gouvernance ?…Rien, du vent . Les démocraties , la nôtre en particulier, adorent recevoir des injonctions qui les  rassurent sur leurs bonnes intentions,  voire s’inventer des obstacles ou des objections moralisantes et en réalité ne s’aiment pas ,quand elles ne sont pas dans la repentance pour leurs actions passées ou la culpabilité d’être soi avec leurs valeurs républicaines ou traditionnelles et protectrices des libertés individuelles comme la laïcité. Mais on n’est pas dans «  la ville dont le prince est un enfant » (titre  de 1951 de Henri de Montherlant sur un sujet très décrié et très suspect) et l’écolière n’est pas la maitresse. Les adultes sont parfois de grands enfants crédules et généreux, ce qui pour la classe politique ne devrait pas être au programme. Le jeunisme n’est pas forcément seul l’avenir : l’expérience et la connaissance avec le sens des responsabilités sont aussi des atouts majeurs.  Disons que la canicule a fait chauffer les esprits et souhaitons qu’ils refroidissent au plus vite.
Le football  a aussi subi les effets de la canicule en échauffant les esprits des supporteurs de l’équipe d’Algérie en France qui a gagné la CAN ce qui n’est quand même pas la coupe du monde. J’aime la joie mais pas les débordements ou que l’on en profite pour critiquer la France tout en bénéficiant des droits de chaque citoyen. Que ce serait- il passé si l’Algérie avait perdu la finale ? Je n’ai pas vu de partisans en France  de l’équipe  du  Sénégal pourtant défaite, manifester et tout casser. C’est comme pour nos irréductibles  gilets jaunes que l’on décrit bons enfants et  pacifiques et qui dénoncent les violences exclusivement policières puisque les leurs sont légitimes !
Enfin je danse tous les jours comme les indiens autour de mon barbecue indispensable en été (vive les pompiers) et de ma piscinette (malgré des restrictions d’eau mais pour moi c’est mon droit) pour que l’eau revienne sur nos territoires desséchés. On devrait apprendre la canicule pour les nuls car si le réchauffement climatique est avéré et que l’on ne trouve pas de solutions viables, il va falloir apprendre à gérer la pénurie  c’est-à-dire à modifier nos comportements  individuels et renoncer à l’exclusivité pour soi, voire le gâchis. Il parait qu’on n’a jamais monté autant d’appareils de climatisation et de  vraies piscines chez les particuliers  qui privilégient  leur confort payé de leurs sous. Qu’en pensent nos écologistes : faudra- t- il limiter le nombre de bains  et exiger l’égalité pour la fraîcheur ?  
Je termine ces élucubrations car il faut savoir mettre un point final à tout, à la violence de toute nature, à l’envie, à la critique , à l’individualisme  et aussi au brexit désormais piloté par le flamboyant mister Boris Johnson. Bonnes vacances et à bientôt car les affaires vont revenir très vite. 



mardi 18 juin 2019

Passer le bac ? à mon âge j’échouerai !


                                 Passer le bac ? à mon âge j’échouerai !
                     Par Christian Fremaux avocat honoraire  et élu local.
Je viens de lire dans la presse du 17 juin 2019 les sujets proposés aux élèves qui passent le bac et je constate qu’en philosophie c’est difficile. Je me réjouis que nos jeunes réfléchissent de manière générale sur les valeurs, les concepts, et sortent intellectuellement de la machine électronique, des algorithmes , de l’intelligence artificielle et du business  .  L’avenir leur appartient et ils doivent s’échapper de la lutte matérielle ou plutôt l’alimenter par l’humanisme. Nous avons besoin d’une nouvelle génération qui s’engage partout en ayant en tête que l’homme est l’alpha et l’oméga, que la vie n’est pas faite que de statistiques et de courbes (sauf celles des femmes si je puis dire sans  que les féministes me poursuivent), qu’il n’y a pas que l’avantage matériel  comme but ultime, et que la vie en société repose aussi sur de l’éthique, des règles collectives librement acceptées, de la tolérance, de la discussion plutôt que de la violence, et de la recherche d’une finalité commune. Bien sûr c’est facile à dire quand comme moi on est arrivé non pas à la fin du parcours car je reste optimiste sur ce point, mais qu’on en a vu beaucoup, que l’on a connu échecs et quelques réussites, que l’on s’est fait une sorte de philosophie personnelle de la vie et de la nature humaine avec son côté sombre aussi,  que l’on est moins agressif ou ardent et que l’on relativise. Quand on a 20 ans on en veut toujours plus, on bataille, on clive, on polémique, on pense  avoir raison, on trouve les vieux ringards, les parents dépassés, et on fonce car on y croit.  Cependant c’est Paul Nizan qui disait : « J’avais 20 ans.  Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. Tout menace de ruine un jeune homme, l’amour, les idées, la perte de sa famille, l’entrée parmi les grandes personnes…». En justice devant la cour d’assises quand il y a un crime passionnel on dit qu’on a toujours 20 ans. 
Parmi les sujets proposés à nos apprentis philosophes - je n’en menais pas large quand j’ai été à leur place -certains m’ont intéressé car ils vont conditionner les comportements dans  les futures années. On leur a demandé : « reconnaître ses devoirs est -ce renoncer à sa liberté » ? ou «  les lois peuvent -elles faire notre bonheur » ? ou encore  « la morale est-elle la meilleure des politiques ? ». Je me garderai bien de répondre directement à ces questions, car je n’ai pas la culture qui est ce qui reste quand on a tout oublié de nos garçons et filles qui ont bûché toute l’année et peuvent citer les grands auteurs à l’appui de leur raisonnement. Je ne suis personne pour donner des conseils et produire un corrigé qui fasse autorité. Simplement après 45 ans de barreau , de  nombreux mandats municipaux, et de vie personnelle et professionnelle où j’ai croisé beaucoup de gens de toute confession,  des quidams, des engagés, des politiques, des importants par leurs fonctions,  des modestes y compris exerçant des postes à responsabilités, des bandits, des escrocs intellectuels, des utopiques…  j’ai quelques idées de base pour tenter de vivre dans l’union sans avoir une  logique  binaire et croire que tout est blanc ou noir, voire simple ou imaginer que les faits qui sont têtus doivent se plier à la théorie.
La vie en société repose sur le rassemblement des bonnes volontés, de l’enthousiasme, de l’effort, de la reconnaissance du mérite, de l’exemplarité, de la certitude  de participer à un destin commun, et de savoir limiter ses exigences. Il ne peut y avoir de réussite collective sans quelques sacrifices, et même si l’idéal de perfection reste à atteindre  la grandeur de l’individu est d’essayer et d’apporter sa pierre à l’édifice. Notre société est actuellement fracturée, et ceux qui ont été au pouvoir ou l’ont approché depuis des dizaines d’années, ont  la responsabilité de l’échec.  J’y prends ma part.
 On déplore l’individualisme forcené  et on se demande comment y remédier alors que l’on a voté de bonne foi  des lois  qui peuvent le renforcer et on continue  pour donner toujours plus de droits pour éviter du prétendu racisme ou de la discrimination que l’on voit partout, à des minorités agissantes ou à des groupes de pression de toute nature (religieuse ou  diverse) ou dans une idéologie quelconque telle  l’écologie plus politique que verte dont on ne sait pas comment les intégrer pour que la majorité silencieuse de la nation les accepte. Cela conduit au règne des droits personnels et au communautarisme, à la dictature de l’émotion  et à la mise au ban par les bien-pensants auto-déclarés si on n’est pas d’accord avec des affirmations non démontrées et des pétitions de principe. Au nom de la liberté et de l’égalité on interdit la contradiction et on s’offusque que l’on puisse résister à ce qui serait le progrès, comme si toute mesure nouvelle était un progrès donc tendait vers le bien. L’individu n’accepte plus que l’on ne satisfasse pas immédiatement ce qu’il veut , son caprice, son ambition personnelle ( on le voit en bioéthique) sans se demander si son désir ne va pas à l’encontre de la construction de notre société qui vient de loin avec ses valeurs, ses traditions, ses lois, ses coutumes. On ne parle que de droits de l’homme dits désormais droits humains pour ne pas oublier la femme, parité oblige !  en niant  les obligations  du citoyen qui sont des devoirs. Je ne sais pas comme on l’a demandé à nos futurs bacheliers s’il faut « reconnaître » ses devoirs : ils sont c’est tout et il faut les exercer. Les devoirs ne sont pas une matière inactive, théorique que l’on connait sans plus, le pendant des droits qui eux sont positifs et doivent être appliqués pour exister. Le devoir est une obligation particulière et concrète ce à quoi on est tenu par respect d’un texte, d’une loi, de la raison ou de la morale , de sa profession ,de ses responsabilités. Comme l’a écrit Platon  dans le dialogue entre Socrate et  Criton sur la justice et l’injustice, le devoir d’obeïssance aux lois de la cité interdit par la raison  à Socrate de s’évader puisque il a été mis en prison . On lui conseille de fuir avec des arguments pertinents. Il résiste et affirme : « peu importe l’opinion publique…la seule question qui vaille est celle de savoir s’il serait juste ou non de s’enfuir (alors qu’il y a eu une décision de justice)». On connait la réponse  : on ne  se résoud pas à l’injustice par une autre injustice . Socrate ne s’évada pas et  avala la ciguë.  On parle peu des devoirs à notre époque , à peine pour aller voter et éviter de l’abstention massive ce qui met notre démocratie en danger. On ne peut vivre avec des mouvements de foules permanents, une contestation de la représentation par du vide, de l’opposition du peuple et des prétendues élites, et du dégagisme dans tous les domaines.
Liberté et  devoir sont -ils antinomiques ?
La liberté c’est l’absence de contraintes alors que le devoir s’impose à nous, avec une obligation d’agir.  Reconnaître c’est identifier ou distinguer ou admettre. Nos devoirs sont connus, on nous les a enseignés  ou transmis par nos parents, et on ne peut les ignorer dans la république. Reconnaître ses devoirs , c’est avant tout les accepter en ce qu’ils sont et en leurs dimensions,  et considérer qu’ils sont à égales valeurs avec nos droits. Les uns ne vont pas sans les autres, sinon c’est le déséquilibre qui conduit au désordre. Ce n’est en rien amoindrir voire effacer notre liberté car il ne peut y avoir  l’existence de libertés individuelles comme publiques que dans un état de droit où il y a des règles à suivre obligatoirement qu’on le veuille ou non. Et des contraintes collectives. Si l’on prend la sécurité première des libertés dit -on , avec le terrorisme, n’est-il pas naturel de limiter même à la marge nos droits dans l’intérêt de tous ; d’accepter de respecter des règles votées  démocratiquement par le parlement pour  que d’éventuelles victimes  – des morts ou blessés -soient épargnées.  Etre un sujet libre exige d’être aussi un citoyen lucide et responsable soucieux du collectif. La liberté s’arrête là où commence celle des autres. A défaut c’est le chaos dont il faut tirer un ordre public juste pour éviter l’état sauvage ou la loi du plus fort. On ne renonce donc pas à la liberté en respectant son ou ses devoirs. On la renforce. C’est le sens de l’engagement volontaire.
En matière de lois nous ne sommes plus dans un choix personnel.  Selon les principes de Montesquieu et de la séparation des pouvoirs, ce sont nos parlementaires, assemblée nationale et sénat, qui fabriquent la loi qui est l’ émanation de la volonté générale et de la majorité du peuple, en théorie. J’écris en théorie car la loi est la résultante de ce que le président de la république élu a promis pendant sa campagne électorale et que les parlementaires élus  à sa suite ont proposé comme programme. Mais on s’aperçoit désormais qu’appliquer ses promesses pose problème, y compris parfois dans la majorité.  On voit que le président élu a un socle électoral très faible de l’ordre du quart des électeurs qui ont adhéré au premier tour, et est élu au deuxième tour par des coalitions hétéroclites qui font surtout barrage à un candidat. La loi devient donc la conséquence de cette fausse union, et il s’agit de textes de compromis où il faut fâcher le moins de citoyens possible. On assiste à l’élaboration de lois  nécessaires mais curieuses après débats comme par exemple la loi anticasseur votée récemment que l’on a qualifié de « liberticide » pas moins.  La droite républicaine- qui faisait illusion avant le résultat désastreux  des européennes-  n’a pas vraiment soutenu le texte qu’elle avait elle- même initiée, et la majorité au pouvoir n’a pas fait le plein de ses voix sur ce texte qui touchait aux libertés fondamentales, dans l’intérêt de la sécurité. Et c’est le président Macron qui a saisi lui- même le conseil constitutionnel qui a annulé la disposition phare, celle de permettre aux préfets d’empêcher à titre préventif  un individu de manifester. La loi n’est plus ce qu’elle était ou devrait être surtout quand on fait des lois sur mesure pour accéder aux desiderata de petites parties de la population ( par exemple pour des lois bioéthiques ou le port du voile pour les mères accompagnatrices des écoliers).  La loi est devenue particulière visant un groupe déterminé et n’est plus l’expression de la volonté générale. C’est un moyen parmi d’autres- comme celui de donner mauvaise conscience- d’imposer des règles de vie à ceux qui ne comprendraient  pas ce qu’est le « progrès » ou qui ne veulent pas que le pays se transforme malgré eux ou contre eux. L’Etat est désormais le médium orienté du vivre- ensemble, de la liberté d’expression que l’on limite ou sanctionne si elle n’est pas politiquement correcte pour ne heurter personne, et il devient le garant des droits individuels. La liberté n’est plus un encouragement , elle devient un obstacle car on veut créer une nouvelle société exempte de haine, de discrimination , d’injustices réelles ou supposées, sans affrontements où tout le monde respecte l’autre. Cela part d’un bon sentiment collectif mais je ne crois pas que ce soit par la loi que l’on transforme les mentalités et je pense qu’il faut d’abord convaincre le citoyen lui qui a besoin d’espace et ne peut se contenter de punitions même vertueuses. L’Etat qui n’est plus providence et dont il faut revoir le périmètre est fait pour permettre l’expression de tous, pour construire un environnement  favorable et apaisé, pour choisir entre les contraires , et pour laisser les initiatives prospérer. Pas pour substituer des libertés à d’autres au moyen de la loi qui doit préciser aussi et surtout les devoirs. C’est aussi cela la démocratie.
Les lois ne sont pas faites pour faire notre bonheur ou satisfaire un petit nombre, mais pour organiser la société, la structurer,  délimiter les droits et fixer les devoirs, permettre aux libertés de vivre, ne pas mélanger les intérêts particuliers et l’intérêt général, en un mot pour conforter un état de droit ce qui n’est pas un supplément de droits pour l’Etat,  dans le cadre de la république qui doit apporter la paix , la concorde et la cohésion.   C’est Saint-Just qui pourtant a aidé à couper des têtes, qui déclarait que le bonheur est une idée neuve en Europe. Le bonheur est une idée personnelle et relative, et ce n’est pas à l’Etat de le décréter et à la loi encore moins.  En outre des lois opportunistes, bavardes, rédigées à la hâte pour satisfaire une minorité peuvent créer des conflits que la justice devra arbitrer et qui peuvent révolter le peuple. On ne touche aux lois qu’avec une main tremblante et on ne les écrit qu’après en avoir vérifié l’impact et ses conséquences dans un consensus réel.    
La politique étant ce qu’elle est dans le grand chambardement actuel, où tout le monde veut s’exprimer et donner son avis même s’il est illégitime,  nul ou peu argumenté, devient aléatoire et surtout communicative. Faut -il dire la vérité  sur l’état du pays, ses caisses à sec,  les avantages de certains, l’abandon des autres, les menaces… Les rapports  sont connus, les experts ont tout dit mais le politique (de tous bords) doit-il prendre le risque de l’avouer s’il veut être réélu, ou éviter des manifestations de plus en plus violentes, ou revendiquer  la vérité mais quelle est -elle sachant qu’il n’y en a pas qu’une ? Chacun a ses  connaissances et certitudes qu’il estime justes avec  sa morale, et ce que les uns acceptent les autres sont contre. La meilleure des politiques est celle qui à partir de faits établis contradictoirement donc un diagnostic partagé, privilégie la majorité, qui défend l’intérêt général et qui corrige les injustices et les inégalités. Vaste programme, et on se demande en sortant des choix partisans qui  a la stature et la légitimité pour ce faire,  et comment on pourra le mettre en oeuvre.  Si la politique recouvre la morale il faut être prudent , car comment définir un contenu commun et des valeurs consensuelles ? La morale est un ensemble de principes, de jugements, de règles ou de conduites relatives au bien et au mal, et qui dépendent de la conscience individuelle comme collective. Barbey d’Aurevilly a  écrit dans les demoiselles de bien- Filâtre que du point  de vue des faits le bien et le mal sont une question de latitude. Ce que l’on admet ici est considéré comme inacceptable là- bas. Il en est de même pour l’homme. La « morale » est à utiliser avec parcimonie et donner des leçons n’est pas de bonne politique. La meilleure politique qui soit est celle qui donne des résultats mesurables, sonnants et trébuchants en matière économique, sociale et de justice. Si de surcroît elle est irriguée par  des grands principes d’essence supérieure, des valeurs et de la hauteur , c’est parfait.
Je demande à ceux qui viennent de passer le bac de pardonner mes insuffisances et mes affirmations, et aux professeurs de ne pas me noter. Je ne voudrai pas entamer ma retraite par une humiliation pour avoir été  mauvais et pour le moins hors sujet !. L’âge ne fait rien à l’affaire « tous les jeunes blancs- becs prennent les vieux mecs pour des cons… » comme le chantait Georges Brassens.