Ils sont aussi
le peuple
Par Christian Fremaux avocat
honoraire
Les jeux
olympiques ont vu le triomphe de la France. On est 5ème au nombre de médailles
d’or obtenues sans compter celles qu’on aurait dû avoir car on a été meilleur
que le vainqueur. Cela rappelle M. Mélenchon qui était arrivé 3 ème à la
présidentielle de 2022 mais affirmait être le premier et voulait le poste de
premier ministre. Il récidive avec sa candidate. Il mérite la médaille en
chocolat du culot.
La
compétition électorale des législatives de juin n’a conclu à aucun gagnant
formel. Tous les perdants peuvent dire qu’ils ont gagné en additionnant les
choux et les carottes et en invisibilisant les millions d’électeurs qui auraient
mal voté. Alors qu’on avait appelé au moins d’abstention possible, ce qui a été
entendu. On se moque de l’électeur. C ‘est du wokisme politique dans toute
sa splendeur. Cela rappelle le non pour Maastricht en 2005 transformé en oui
par les parlementaires. Et on s’étonne que les électeurs doutent et
fassent des choix radicaux ? Le spectacle politicien actuel est navrant. Attention
pour les prochaines échéances. En 2026 avec les municipales suivies des
sénatoriales qui en dépendent. Peut -être une autre dissolution dans un an en
2025 ? Enfin la présidentielle en 2027.On ne triche pas deux fois de suite avec
les citoyens échaudés. Que fera-t -on si une majorité absolue non désirée l’emporte
largement toute seule sans discussion ? On se rappelle la formule de
Berthold Brecht : « puisque le peuple vote contre le gouvernement
il faut dissoudre le peuple ».
Les
professeurs de droit constitutionnel n’ont jamais autant réfléchi, comparé, relu
la Constitution et la jurisprudence du conseil constitutionnel. C’est la
joyeuse incertitude du droit ce qui inquiète d’ailleurs les justiciables
demandant à la justice de régler et vite leurs problèmes quotidiens. Les
spécialistes essaient de répondre aux questions de gouvernance ou parlementaire
inédites. Mais ils ne sont pas d’accord entre eux. Classique ! Montesquieu se met
à toutes les sauces mais personne n’a la solution indiscutable. Ainsi les
pouvoirs exécutif et législatif semblent se confondre. L’exécutif est
démissionnaire mais expédie les affaires courantes qui deviennent
immobiles. Aux jeux olympiques le coureur de haies passait au -dessus de
l’obstacle et ne rampait pas dessous. Sans bouger. Armand Duplantis a franchi 6,25 mètres avec sa
perche et n’a pas attendu que la barre tombe par l’effet du vent. M. Attal toujours
premier ministre donc membre de l’exécutif est aussi député et a écrit en cette
qualité à certains groupes parlementaires en écartant d’office les extrêmes donc
les représentants de millions d’électeurs qui doivent subir et accepter en disant merci
à notre sauveur qui a échoué précédemment globalement pour eux. Mais soyons
juste il a pris de bonnes initiatives en matière d’éducation et de laïcité et
de tentatives pour la sécurité et l’identité. Projets que les juges
constitutionnels ont censuré avec l’assentiment de M. Macron ? Il veut bâtir
et proposer un programme sur des thèmes ciblés et consensuels. Ce qui me parait
de la compétence du pouvoir législatif ? Je suis pour. Comme devraient
l’être les élus de droite qui prônent ces mesures depuis longtemps. M. Attal a
le don institutionnel d’ubiquité et je ne sais pas ce que les éminents experts
en pensent.
Personnellement
je ne vote que pour le bloc central auto-défini comme républicain, tolérant et
nuancé. Adepte de la raison pas de l’émotion qui submerge et fait perdre de vue
toute réalité et contre les affirmations gratuites. Ce qui n’est pas très
joyeux comme perspective je l’avoue ! En alliant fermeté et
humanisme ; générosité et récompensant le mérite. Qui n’est l’apanage de
personne et pas donné en héritage. Je n’accepte aucune leçon de
comportement. Les J.O. ont montré que la
sécurité forte entraine des aspects positifs. Et que les lois temporaires qui
ont été prises ont été utiles de manière préventive. Gardons cet acquis. En le
redimensionnant. Pour temps ordinaire bien que menaçant. Le bloc central n’a
cependant pas reçu mandat d’éliminer tel ou tel courant de réflexions et
d’actions.
Exclure des
responsabilités des millions de citoyens me pose problème comme tenant
radical de la démocratie. Sinon pourquoi voter ? Dans les milliers de
communes le maire élu quelle que soit son étiquette gouverne pour tous les
administrés. Même pour ceux qui se sont abstenus. Le nouveau gouvernement devra tenir compte des
votes émis, de tous les votes. La vérité et le progrès n’appartiennent pas à une
clique de prétendus éclairés. L’électeur se moque des querelles
d’apothicaire ou de coiffeur qui coupe les cheveux en huit : il veut du
concret. Dans des pays proches, civilisés, démocrates et avancés il n’y a pas
eu de gouvernement pendant des semaines sinon des mois : tout fonctionnait
à merveille ! Naturellement je souhaite le rétablissement des institutions
au plus vite mais si c’est pour retourner à la 4ème république non
merci. Car il y a des dossiers urgents à prendre au corps. Les français ont
donné un message clair aux européennes et au premier tour
des législatives : plus d’autorité et de respect y compris dans les débats
à l’assemblée ; une lutte féroce contre toutes les formes de délinquance
avec des lois qui donnent des armes légales aux magistrats. La prospérité ne
peut vivre que dans le calme et la stabilité. Un état de droit fort avec une
puissance publique réduite à ses fonctions régaliennes, des institutions de proximité
,les grandes régions et regroupements divers doivent être revus. De vrais
services publics en province. Qui veut pouvoir rester traditionnellement
simplement et culturellement française avec ses valeurs en conservant son
identité et ses modes de vie. On ne change pas un peuple contre ses intérêts. Ni
ses principes et croyances profondes. Seraient-ils considérés comme ringards. La
start -up nation doit se conformer à la réalité du terrain et le métavers n’est
pas un concept compris. S’y ajoutent le niveau de vie et que le
travail paie. Je ne doute pas que nos dirigeants ont des idées fortes sur
tous ces sujets. Mais pour que cela réussisse il faut que le peuple soit uni et
que personne ne soit banni de chez lui.
L’article 1
de la constitution est clair : « la France est une République indivisible,
laïque, démocratique et sociale ». Il n’y a qu’un peuple quels que soient
ses convictions, ses votes, ses pensées. Pas de plus égaux ou entendus que d’autres.
Pas des communautés ou des groupuscules. Voltaire disait : « je
ne partage pas vos idées mais je me battrai pour que vous puissiez les
exprimer ».
Téméraire
mais pas courageux et pas philosophe je n’irai pas jusque me faire mal mais je
voudrai au moins convaincre. Je préfère construire des ponts plutôt que des
barrages. C’est déjà pas mal par ces périodes d’engagements rares au profit de
l’individualisme égoïste ou la défense d’intérêts particuliers. Dans ma région
et ma commune de Picardie qui a voté massivement RN alors que c’était des
terres de droite et un peu de gauche républicaines, je serre la main aux gens, amis,
voisins, rencontres, étrangers comme à ceux qui ne jugent pas comme moi :
on se connait ou non. Mon hémicycle est la salle du bistrot. Et la mairie ou
pendant les fêtes. On parle. Ils ont le droit de vouloir vivre dans la France
qui leur a été transmise. Ils méritent tous d’être inclus dans les programmes
politiques puisque ce sont eux qui les vivent et les paient. Ils ne bénéficient
d’aucune combine ou privilèges. Ils sont aussi le peuple.