jeudi 11 juillet 2024

je suis content

 

                                           Je suis content

           Par Christian Fremaux avocat honoraire

La situation politique actuelle de grande confusion me rajeunit. Elle me rappelle la faculté de droit de Paris-X Nanterre après Mai 68 où j'étudiais le droit constitutionnel et les institutions de la Vème République taillées dans un bloc de granit pour un homme providentiel et des godillots donc un parlement chambre d'enregistrement d'une majorité unie. De nos jours je n'ai jamais entendu autant d'experts et de simples citoyens qui ont raté leur bac qui s'expriment doctement sur toutes les possibilités institutionnelles possibles, sinon incongrues ou improbables. Avec une volonté qui me chiffonne : pourquoi écarter des millions d'électeurs qui ont voté aux extrêmes et qui veulent un changement profond ? Ce serait un déni de démocratie un peu comme en 2005 ou le non s'est transformé en 2009 en oui par la volonté des politiques qui n'avaient pas aimé le premier vote. Si personne n'a gagné en 2024 il ne peut y avoir des perdants. Un citoyen vaut un citoyen. A défaut on prend un risque pour les prochaines élections.

Des électeurs ont voté contre leurs convictions, pour ce qu'ils détestaient car il fallait faire barrage. Edifice en béton ou en trompe l'œil qui peut fuir ou se détériorer avec des conséquences graves.  Ils doivent assumer puisque le peuple est le souverain et que la représentation nationale doit les servir dans leurs spécificités. Je me garderai bien d'affirmer que les Français ont dit ceci ou cela. Je ne confonds pas mon avis avec l'opinion publique dont personne n'a le monopole de l'exégèse.Je m'en réfère aux chiffres qui sont mauvais pour tous les partis. Mais on peut en déduire que les électeurs veulent que chacun participe à la politique de la France dans sa spécialité pour qu'on avance sur le niveau de vie, la sécurité et l'immigration. Notamment. Outre la transition énergétique. Tous les sujets sont prioritaires. Il va falloir faire des choix concrets dans l'intérêt de tous les électeurs, pas d'une fraction. La barre semble à droite mais les courants font dériver.

Nos politiques professionnels sont hagards. Ce qui ne m'étonne pas car certains dans tous les camps ont des compétences limitées sinon des cursus douteux. Mais l'électeur a voté en connaissance de cause. Il est donc responsable des dirigeants que l'on a ou aura. Personne n'a gagné selon les chiffres des élus mais il apparait que des millions de citoyens ont placé en voix un parti en tête. On ne peut décréter arbitrairement qu'il ne fait pas partie de l'arc ou du front républicain celui -ci étant d'ailleurs à géométrie variable selon les moments. Ses électeurs ne sont pas des sous-citoyens. Il en est de même des électeurs de l'autre bout de l'échiquier exclus par principe. La démocratie ne se découpe pas en tranche et les responsabilités du chaos appartiennent à ceux qui l'ont créé et qui dirigent le pays ou veulent imposer leur vérité. Ce ne peut être la faute du citoyen même s'il a poussé à des revendications démagogiques et exige toujours plus en ignorant volontairement l'intérêt général.

Heureux. Mon camp et mes idées n'ont pas triomphé mais il va falloir que les petits malins qui ont usé de tous les stratagèmes légaux sinon immoraux pour dire non, se mettent d'accord avec ceux qu'ils ont combattu et trouvent des solutions raisonnables et fiables. Il y aura forcément une solution dont celle d'expédier les affaires courantes.

  Personne ne peut donner de leçons et personnellement j'en ai assez d'être traité de raciste ou de fasciste car je crois à l'ordre public républicain qui permet l'exercice des libertés. Ou d'être suspecté peut-être d'autoritarisme alors que le non-respect des règles de l'état de droit entraine les pires difficultés. Outre de croire en la civilisation européenne et aux valeurs immémoriales devenues républicaines quant à la protection de notre identité ce qui n'est pas incompatible avec notre tradition d'accueil des réfugiés et de toute personne qui ne combat pas ce qu'est notre pays. J'ai le droit d'aimer la France telle que je l'ai reçue en héritage, ce qui fait partie de mon humanisme.

Avec de telles déclarations je viens de me barrer la route qui conduit à Matignon. Cela ne me gêne pas car elle est très encombrée par des pèlerins de diverses chapelles. Et vivant à Paris j'ai l'habitude des trous et des travaux, sans compter les interdictions diverses. Le futur premier ministre devra avoir un GPS pour conduite individuelle.

Le peuple a bien choisi et le Rubik's cube est entre les mains de nos élites auto-proclamées mais démonétisées. Et descendues de plusieurs crans dans l'estime populaire en les voyant manœuvrer de coalitions en regroupements hétéroclites pour tenter de maitriser la cohabitation. Dans l'entreprise ils seraient licenciés pour insuffisance professionnelle voire faute grave pour non- respect du règlement interne-le scrutin -et des directives du patron-le peuple. Reste le président si on veut réformer les institutions ce qui n'a pas de sens car c'est la pratique des hommes qui les pervertit. Et on ne va pas changer à chaque fois que le peuple dit le contraire de ce qu'on attend de lui ! Je ne crois pas qu'on remette en cause l'élection au suffrage universel du chef de l'Etat. Il y a de la bagarre en vue avec l'interprétation des pouvoirs résultant de la constitution, les décrets, les circulaires. Sinon l'article 49-3 ?  Et qui commande qui et quoi.

Mais il n'y a rien à craindre. La nature a horreur du vide. Chaque politique sait se sacrifier à l'appel de ses amis pour nous sauver et accepter un maroquin. Ou des fonctions prestigieuses et bien rémunérées.  Car la politique est aussi un métier avec un salaire au-delà du smic même celui proposé par le nouveau front populaire.

Patientons donc. Je suis content je vais partir en vacances alors que quelques-uns travailleront et se disputeront.  Et que peut-être M. Macron sera à Brégançon pour se baigner dans une eau plurielle ? Vivement septembre.               

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