Et le vainqueur est ?
Par Christian Fremaux avocat
honoraire
Ce n’est ni
le RN ni LR ni Renaissance ni M. Macron qui a gagné à propos de la nouvelle loi
sur l’immigration. Avant même qu’ait eu lieu son vote à l’arraché certains
l’ont dénoncée car elle serait un texte canada dry des idées de l’extrême
droite. Comme si une idée avait un sexe ou était nocive selon celui ou celle
qui l’émet. Les comptes et les décomptes pour savoir qui avait voté quoi ont
été surréalistes. Mais la loi est, qu’on l’approuve on non mais pas encore
définitive car les juges vont se prononcer.
On peut
noter quelques moments étonnants. Ainsi le porte -parole normalement solidaire
avec son gouvernement qui est venu s’excuser à la télévision de la nouvelle
future législation sur les étrangers et leur dire qu’on les aimait. Ce qui est
évidemment le cas mais pas dans n’importe quelles conditions. Aux nôtres
empreintes de générosité et d’empathie ce que le monde admet, mais dans un
cadre républicain avec des contraintes et réciprocités et matériellement
possible. Ensuite tout juriste a dû être circonspect d’entendre la première
ministre dire qu’il y avait certainement des articles non conformes à la
constitution alors qu’elle avait mouillé sa liquette en vapotant pour que le
texte soit voté. Il faut être polytechnicienne comme elle sinon énarque
pour y comprendre la logique. Aimerait -elle être démentie pour soulager ses
états d’âme ? C’est comme si un avocat demandait au tribunal de
condamner son client comme jadis chez Mao ou si un médecin administrait un
médicament qui va tuer son patient !
On a entendu
aussi que le Conseil Constitutionnel était une chambre d’appel ou de cassation.
Quelle erreur ! Des universitaires éminents devraient rappeler que le Conseil
Constitutionnel n’est pas une cour suprême, qu’il juge en droit et pas en morale
et n’est pas là pour se substituer aux politiques qui ne prennent pas leurs
responsabilités. Il ne donne pas des leçons de géopolitique humanitaire
mondiale.
Ce qui surprend
encore c’est que des départements ont affirmé qu’ils n’appliqueraient pas la loi
et qu’ils trouveraient des moyens pour compenser les pertes que subiraient nos
invités d’office. Au frais des contribuables locaux qui ont gagné le pompon.
Nous avons
la désobéissance civile notamment chez les prétendus lanceurs d’alerte de toutes
natures. On omet la loi si elle dérange pour des motifs divers ou si elle
heurte notre conscience. Merci pour ce moment et pour l’unité de la République qui
ne peut fonctionner que par une règle d’intérêt général, neutre et impersonnelle.
Désormais on pourra être hors la loi ce qui sera juste et équitable.
Je prends
note que l’état de droit devient à géométrie variable. Pour l’avenir je
n’accepterai donc que des élections dont le résultat me plait ; je
n’approuverai que les décisions de justice qui me sont favorables ; et je
respecterai les institutions que si elles me garantissent des droits
personnels. Le collectif sera en option. Ainsi serai-je un citoyen dans l’ère
du temps.
C’est comme
ça qu’on fait venir le populisme que l’on maudit tous les jours dont les excès
peuvent entrainer tous les dangers. La loi sur l’immigration a révélé le fond
de la pensée des uns et des autres. Si on ne retrouve pas rapidement le bon
sens et la raison, nos principes universels et la tolérance qui ne sont pas incompatibles
avec la réalité, nous prendrons le risque de fracturer la cohésion sociale et
d’aller vers des jours conflictuels entre nous. Nous n’avons pas besoin de tout
cela face à toutes les menaces.
J’ignore si
la loi dite immigration sera entérinée ou dispersée façon puzzle. Je sais
simplement que les sondages – qui ne sont pas des élections- étaient constants
depuis des mois et que personne ne veut dédaigner ce que veulent les citoyens.
Ils ne sont pas contre les autres. Ils veulent être au moins à égalité avec
ceux qui arrivent sans valise mais avec le poids de leurs malheurs. Et qu’on
exige des contreparties avant de donner. C’est de la justice sociale et ce
n’est pas être extrémiste que de vouloir être reconnu chez soi.
Les
parlementaires n’ont fait que leur devoir en votant une loi que les citoyens
réclamaient. C’est un texte de compromis qui n’est pas idéal, ni la droite ni
la gauche ne détiennent la vérité.
Le vainqueur
est le peuple. On devrait se réjouir.