mardi 21 mars 2023

VICE VERSA

 

                                                  VICE VERSA

                 Par Christian Fremaux avocat honoraire

L’affrontement qui a lieu en ce moment entre la légitimité du peuple et celle du parlement me parait dangereux. Je n’évoque pas le fond de la grosse colère sur les soixante-quatre ans dans des années dont chacun est libre de penser ce qu’il veut. Je m’inquiète de l’agitation et de la haine qui règnent. On n’est plus entre adversaires sur le plan des idées et des meilleures façons de gouverner dans l’intérêt collectif. Mais entre ennemis. On a l’impression désastreuse que l’on veut la mort symbolique de l’autre au nom de la certitude que le peuple peut tout. On entend des énormités. Le président n’aurait plus qu’à démissionner car à 9 voix près il a été désavoué. En oubliant que la IIIème république est née par une seule voix d’avance en 1875 et a duré ! Ou comme louis XVI prendre le chemin de Varennes.  Les députés qui n’ont pas voté la censure sont dénoncés, bientôt caillassés ? et pourquoi pas poursuivis pour haute trahison.

 Il ne faut pas tomber dans cette ornière. On a franchi un cap. On n’est plus dans un projet de réforme controversé à tort ou raison. Tout se confond.  Chaque camp est arc-bouté sur ses positions estimant détenir la vérité et voulant faire plier l’autre. La rue affirme que le peuple s’est prononcé mais personne n’a le monopole du peuple qui est divers et n’est pas sur une ligne unique.  Comme les politiques qui dans le même camp se divisent. Les sondages et les avis de minoritaires qui n’ont pas de responsabilités pénales ou électives dans les politiques publiques ne font pas une réalité. La violence  y compris verbale n’est pas tolérable quel qu’en soit le motif et ce n’est pas par le coup de poing qu’une démocratie doit fonctionner.  La loi n’existe plus. On n’obéit plus à rien au nom de la bonne foi affirmée des combattants face à la violence étatique avérée selon les défenseurs du bitume, présumés eux honnêtes et œuvrant pour tous les français. Sauf pour ceux et celles qui auraient tiré un avantage de la réforme et tous ceux qui ne veulent plus des régimes spéciaux inégalitaires.

On entend que l’obstination du gouvernement entraine de la légitime défense sociale et on casse ou on bloque pour faire respecter le droit du peuple syndical et protestataire. Les effets secondaires sont ignorés. Les réquisitions ne peuvent être efficaces puisque d’autres grévistes empêchent leurs camarades de travailler. C’est la démocratie populaire parait-il.  On se bat contre un gouvernement qui serait passé « en force » au parlement là où on fait la loi. C’est inaudible et grotesque. Sans même attendre la décision du conseil constitutionnel. Qui peut remettre en cause tout ou partie du texte et on aura vécu tout cela pour ça. Ou déclarer la loi sous certaines réserves ou non parfaitement constitutionnelle. Sans se prononcer sur le fond car ce n’est pas son rôle. Si tel est le cas faudra -t- il brûler l’hôtel de Montpensier où siègent nos 9 sages ?  

Le gouvernement a choisi une méthode sui generis et une voie législative inédite certes mais qui est prévue par la Constitution. Sauf à soutenir que la Constitution est dictatoriale et anti-démocratique on ne peut choisir les articles qui favorisent et déclarer que ceux utilisés par l’adversaire sont inadmissibles, qu’il y a un vice démocratique. Le terme est excessif et peut conduire à de grandes difficultés si rien ne vaut, qu’il n’y a plus de hiérarchie des normes et que la légalité est une option secondaire.

  La démocratie représentative a besoin de règles, de points de repères, de contraintes librement consenties. Et de débats publics contradictoires. Puis on applique la décision finale même si elle ne plait pas à titre personnel.  Sinon il n’y a plus de nation avec des valeurs communes et encore moins de république qui se fonde sur les institutions et le suffrage universel. La rue ne peut être la norme suprême. Quel est le juge de paix ? On n’est pas chez les talibans avec un ministre du vice et de la vertu ! Le citoyen-travailleur n’a pas la science infuse. Ni nos élites dirigeantes d’ailleurs qui veulent réformer pour faire des économies, plaire à Bruxelles et aux marchés, et mettre la France en ordre de bataille dans la compétition au moins européenne. D’accord mais après vraie concertation en amont .Je suis le chef donc je les suis. La pédagogie ne suffit plus. Il faut convaincre.

Si le gouvernement a actionné l’art. 49.3 brandi des dizaines de fois par tous les gouvernements de gauche comme de droite cela a permis à l’opposition de sortir l’art. 49.2 qui peut entrainer la censure. Et la chute de l’exécutif. Donc match nul. Mais quand on est perdant après le tir aux penalties il faut être beau joueur. On ne recommence pas la compétition et on ne demande pas aux supporteurs de mettre le feu aux tribunes adverses qui sont en même temps les nôtres puisque nous payons tous. Pour que le résultat soit annulé ou le score inversé.

 Un prétendu vice peut conduire aussi à une vertu : et si cette réforme était nécessaire ? Ne serait- ce que pour éviter des déficits que chacun s’accorde à déplorer pour l’avenir. A défaut c’est l’immobilisme et on maintient les privilèges et les injustices et comme le sapeur Camember on creuse un trou - par la dette déjà colossale et l’impôt car il faut trouver les sous - pour en combler un plus grand.

On a vu deux couples : Martinez-Berger d’un côté suivi comme entraineur par M. Mélenchon. Et Macron-Borne sans préparateur physique et mental. Mais qui avait gagné le toss. Ils ont donné le coup d’envoi. François-René de Chateaubriand  voyant passer nuitamment Talleyrand et Fouché allant se prosterner devant Louis XVIII pour re- devenir ministres a eu cette formule : « [j’ai vu] le vice appuyé sur le bras du crime ». Ce qui n’a rien à voir aujourd’hui bien sûr. On peut y ajouter la cause de l’intérêt général. Dont chacun a une définition. L’aficionado qualifiera le duo selon ses convictions mais on doit poser comme postulat que chacun croit bien faire et qu’il n’y a pas d’arrière- pensées. Sinon on ira vers une dérive grave. 

Seulement il faut revenir à la raison. On ne peut continuer à vivre ensemble dans une telle intensité de conflits. On a plus besoin de calme et de sérénité que de bruit et de fureur. Sans vice-versa.    

 

dimanche 12 mars 2023

Loi et constitution pour quoi faire ?

 

                              Loi et constitution pour quoi faire ?

                        Par Christian Fremaux avocat honoraire

Avec près de 50 ans au service de la Justice tant sur le plan juridictionnel que juridique je m’interroge : à quoi servent les textes légaux de toute nature, les lois et la Constitution ?  Il y a autant d’interprétations de la loi que d’avocats. Je plaide coupable. On oppose le pays légal et ce qui serait le pays réel issu des manifestations et des sondages. Ce serait ce dernier qui doit avoir la priorité. Et on devrait s’incliner quand il s’exprime à travers les syndicats ? Pourtant très minoritaires dans le monde salarié.  

 Ce n’est même plus l’affrontement de deux légitimités puisque la seule qui compte est celle du peuple. J’en fais partie mais on ne me demande jamais mon avis. Ni pour ni contre, au contraire. Mais dans une démocratie représentative si l’avis d’un seul ou de quelques- uns seraient- ils très nombreux l’emporte pour tout et à tout moment, il n’est plus possible de gouverner, l’Etat de droit n’est qu’une fiction.

On le constate chaque jour : les arrêtés d’un maire pour la circulation ou la gestion des déchets ne sont pas respectés.  Police et gendarmerie doivent user avec modération de contraventions ou poursuites pour ne pas heurter la sensibilité des uns et des autres. Des juges prononcent des décisions qui ne plaisent pas car l’opinion publique a déjà jugé : la présomption d’innocence est un concept désuet ! L’ordre et la loi sont faits pour les autres. Chacun s’estimant victime et de bonne foi a une circonstance particulière qui l’exonère de la règle commune. Le président F. Mitterrand parlait parfois de la force injuste de la loi. C’est vrai. J’ai subi et encore maintenant de nombreuses lois que je n’approuve pas. Mais la démocratie est de vivre tous ensemble malgré nos divergences. 

Au parlement le débraillé vestimentaire et intellectuel a pris le dessus.  Une députée a même décrété que c’était une ZAD. Si des parlementaires qui fabriquent la loi considèrent qu’elle est inique voire usurpatoire les bornes sont franchies. Il est arrivé que des magistrats refusent d’appliquer une loi qui leur paraissait liberticide selon leur conscience puisque toute autorité l’est devenue comme toute contrainte dans l’intérêt collectif. Comme les désobéisseurs professionnels et rebelles de toute nature le soutiennent. Et qui s’auto- affublent du terme de pacifistes qu’ils fassent le coup de poing pour se défendre contre l’ordre établi ou qu’ils se couchent sur le périphérique ce qui empêche les gens d’aller travailler. Avant d’autres actions de sabotages ou de discriminations au détriment de certains qu’ils n’aiment pas, leurs ennemis de la république selon leur tolérance. En prétendant qu’ils le font pour les autres, pour moi. Mais je n’ai pas besoin d’avocats  les très bons sont très chers et ils n’obtiennent pas toujours satisfaction !  

La loi est la volonté de la majorité issue des élections. Et qui émane du parlement après débats publics. Encore faut-il que les citoyens se bougent et aillent faire leurs devoirs avant d’hurler qu’ils ne sont d’accord sur rien. La démocratie participative c’est le vote dans les urnes et pas dans les AG à main levée. Ni la révolte à retardement avec des idées venant de bidules sui generis et de citoyens tirés au sort, ou des comités Théodule qui n’ont aucun sens, donnent de faux espoirs et qui me rappellent les exactions de la révolution française. Ou des croyances orientées des organisations payées sur fonds publics qui font la morale et savent ce qu’il faut décider. En toute impartialité cela va de soi. Pourtant la vérité est rarement univoque. Et elle ressort souvent d’un compromis entre exigences contradictoires. Experts prétendus sans avoir de responsabilités car s’ils se trompent ils ne sont ni poursuivis ni vilipendés. Ils partent à la retraite. Ou sont promus.

La loi peut venir aussi d’un pouvoir exécutif qui se croit omniscient et qui pense avoir la science infuse tirée de ses élites bureaucratiques sans expérience électorale et de la comptabilité tyrannique qui plait à la commission de Bruxelles. Les finances n’ont jamais remplacé les êtres humains avec leurs emportements et leurs bons sens. Mais des réformes sont évidemment nécessaires sinon on régresse. Le conservatisme de privilégiés mène à la ruine. Le monde change. Les conditions matérielles aussi. Le puits n’est pas sans fond. Il faut agir. Si un projet qui demande des efforts est fondamental, expliquons le bien, avec toutes les données. La loi n’est acceptée que si elle est comprise et réduit les inégalités. Sans perdant. Ou fixe les limites du bien et du mal. Ou punit celui qui a fauté contre la collectivité.

La loi est indispensable et doit être respectée dans le cadre des institutions. Il faut être constitutionnaliste chevronné pour suivre le débat sur les retraites. J’ai regretté de n’avoir pas été assez attentif quand un peu après mai 68 je suis entré en faculté de droit. 

Les articles de la Constitution sont faits pour être appliqués y compris le fameux 49.3 dont tous les gouvernements au pouvoir se sont servis sans vergogne. On ne peut soutenir «  faites ce que je dis pas ce que j’ai fait ou ce que je m’apprête à faire ». Il y a d’autres articles avec la censure,  le droit d’amendement , le vote bloqué ou le règlement des assemblées qui limite le temps des débats. Ce qui permet des manœuvres. A ce jeu de dupes on n’est pas toujours vainqueur. Ni le gouvernement, ni l’opposition, ni la rue. On le sait. Tout ceci est légal. On ne va pas discuter pendant des mois il y a d’autres priorités à envisager. Oppositions comme exécutifs ne se sont jamais gênés. Sous le regard attentif du Conseil Constitutionnel. Les cris de biche effarouchée des uns et des autres sont puérils. La Constitution ne s’use que si on s’en sert.  

Si la Constitution du général De Gaulle validée par les 14 ans de fonctions de M. Mitterrand qui depuis 65 ans montre sa solidité, est devenue dictatoriale changeons là. Mais prudence car avant de basculer dans une VI-ème république réfléchissons à ce que nous avons. Au prétexte de mieux écouter la voix du peuple qui est souvent changeante voire aphone, rajouter de l’incertitude et de l’éparpillement avec des conflits dialectiques sans fin à ce qui existe serait inconséquent. Et dangereux pour l’avenir. Par exemple avec un scrutin de proportionnelle intégrale. Outre le référendum par oui ou non (articles 11 et 89) qu’il ne faut pas rater existe déjà par la réforme de 2008 le référendum d’initiative partagée (1/5ème de parlementaires et 1/10ème du corps électoral). Il y a aussi le conseil économique, social et environnemental où l’on peut discuter. Rapprochons les départements et les régions du citoyen et soyons moins jacobin en faisant la réforme de l’Etat pour le rendre plus régalien.

Mais respectons la loi et usons de la Constitution. La démocratie se confortera.      

mercredi 22 février 2023

De quoi un agresseur est -il le nom

 

                    De quoi un agresseur est- il le nom ?

                    Par christian Fremaux avocat honoraire

 A l’occasion de l’élection présidentielle de 2022 le journaliste Gilles Bouleau avait posé à chacun des candidats la même question : M. Poutine est-il un dictateur ? comme si le vocable pouvait avoir une influence sur les combats ou expliquer la motivation de celui qui est un agresseur patenté.

Tous ont refusé de répondre à la question au prétexte principal qu’un (futur) chef d’Etat réfléchit et ne cède pas à l’émotion, n’insulte pas l’avenir, qu’il n’a pas à qualifier péjorativement un collègue Président qu’il va fréquenter et avec qui il va falloir négocier. Les candidats avaient esquivé une réponse franche et massive sauf M. Jadot leader des verts. Il avait affirmé que oui M. Poutine était un dictateur. Ce dernier en a tremblé de peur. Mais a intensifié son opération militaire spéciale contre les « nazis » d’Ukraine !

Mais qui doute que les méthodes brutales du chef de guerre russe ne respectent pas le caractère humain de la vie, ni les canons du droit international et humanitaire ni les règles du droit de la guerre sur la protection des civils notamment ? Si l’on peut admettre qu’il y a des guerres propres qui ne font qu’un minimum de dégâts ! La guerre ne se divise pas en bonnes et mauvaises actions. 

La Cour Pénale Internationale [C.P.I] de La Haye a ordonné une enquête sur les actes de M. Poutine et de ses complices qui peut être dans l’avenir seront incarcérés pour génocide, crimes contre l’humanité et de guerre et crimes dits « d’agression ». Mais observons que ni la Russie ni l’Ukraine n’ont ratifié le traité de Rome de 1998 fondateur de la C.PI. M. Poutine ne va pas se livrer et plaider coupable puisqu’il prétend se battre pour la liberté de ses compatriotes. Et la protection de la grande Russie.    

Le terme dictateur est surtout à usage interne. Ce sont les citoyens russes qui ont déjà connu l’ère soviétique et le goulag qui peuvent qualifier leur président. S’ils osent s’exprimer sans se retrouver en prison ou subir des représailles.  Il y a 50 nuances de dictature ou de totalitarisme mais le résultat est constant : le mal, l’intolérance, la volonté de puissance, la peur de disparaitre ou d’être amoindri, la certitude que sa vérité exclut toute humanité, entrainent des souffrances et des vies brisées. Tout le reste n’est que sémantique. 

Des guerres ont été déclenchées aussi par des dirigeants parfois occidentaux a priori sains de corps et d’esprit, humanistes déclarés et entourés d’hommes et de femmes raisonnables attachés aux libertés, à la démocratie et au droit. Les motifs de guerre étaient louables, d’essence humaniste et libérale vérifiés et avérés du moins en théorie. On combattait pour le bien, pour la civilisation et pour chasser du pouvoir un tyran comme dans la philosophie athénienne. Mais aussi pour défendre des intérêts matériels et stratégiques des Etats ne le rappelons pas trop fort.

Que M. Poutine soit un dictateur peu importe. On prend les faits tels qu’ils sont. Serait-il un prétendu démocrate à la mode russe ou de fer que cela ne changerait rien.  On peut y ajouter que la démocratie telle que nous la concevons est un concept à implanter et conforter en permanence avec ses qualités et ses défauts. Chaque individu a le droit de vivre en liberté sans être à la merci d’autocrates persuadés de savoir ce qui est bon pour leurs peuples ou les autres.

Alors dictateur, barbare, mégalomane, despote ou criminel ou tout autre qualification ne change pas l’action néfaste de M. Poutine. Mais il faudra bien un cessez-le-feu et une sortie de crise qui sont du domaine des diplomates et des politiques. Georges Clemenceau disait que la guerre est une chose trop sérieuse pour la confier aux militaires. Elle est aussi trop grave pour la laisser à un dirigeant totalitaire et « possédé » sauf à le convaincre que son intérêt est de lâcher du lest sans exiger l’impossible. L’Ukraine devra aussi peut être faire des concessions. Personne ne peut perdre la face il faut au moins apparemment un gagnant -gagnant. C’est cynique et injuste. Mais la morale n’intervient que très rarement dans les conflits. Une guerre finit par se terminer mais il faut s’assurer d’une paix solide et durable.

 On peut se faire plaisir par le vocabulaire mais l’essentiel est de trouver des solutions concrètes pour arrêter la lutte armée. Et on doit faciliter l’action de notre chef de l’Etat qui maintient à juste titre le dialogue et essaie de trouver des mesures justes et efficaces. Une défaite mais pas d’élimination.  Sans que la France devienne une nation co-belligérante.

L’agresseur est le nom de l’égo surdimensionné d’un puissant méconnu ou rabaissé, de la volonté d’avoir raison contre tous, de vouloir défier ceux qui ne pensent pas comme lui, d’avoir des valeurs qui ne seraient pas universelles. L’agresseur est protéiforme.

Un agresseur se suffit à lui -même. Il peut invoquer toutes sortes de raisons qu’il estime être justifiées, cela ne change rien pour les victimes.  L’agresseur est un autre nom pour la revanche historique, la peur de disparaitre, l’ambition, le sentiment de puissance ou la nécessité de se sauver soi-même. L’autre est toujours seul responsable de la situation. L’agresseur est celui qui attaque. Il en a fait le choix et a dû en mesurer les conséquences. L’agressé est celui qui résiste à l’agression. Parfois en légitime défense il peut aussi contre attaquer. Les survivants ont des droits !

L’agresseur est donc le nom de la violence illégitime. Puisque la légitimité est de régler les différends par le dialogue et la négociation. Notre époque ne manque pas d’institutions mondiales ou régionales, de conseils dédiés, de comités ad hoc, de conférences internationales et de lieux divers où l’on peut discuter même âprement. Et signer des cessez le feu, des compromis, puis des accords, avec la bénédiction des instances les plus hautes sur le plan mondial tant en droit et de sécurité qu’éthique. Pour préserver les intérêts de chacun.

Aller à Canossa c’est déjà fait et fut positif. Se rendre à Munich a entrainé des drames. Chacun doit être mis en face de ses responsabilités humaines avant d’être politiques ou souveraines.               

dimanche 12 février 2023

Et si c’était vrai

 

                                        Et si c’était vrai

               Par Christian Fremaux avocat honoraire

Seuls les masochistes aiment travailler plus longtemps pour gagner autant voire moins. On peut supposer que si on fait une réforme c’est qu’il y a un ou quelques motifs valables ? Il faudrait être fou pour un gouvernement de mettre beaucoup de monde  ulcéré dans la rue, uniquement pour enrichir des riches,  contrarier les salariés privilégiés, ou pour montrer qu’on est les meilleurs de la classe européenne, ou qu’on ne se soucie pas du peuple que sont les électeurs. Ceux qui peuvent vous dégager au prochain scrutin. Nos politiques de gauche comme de droite ne sont pas naïfs. S’agissant de conserver leurs sièges. 

Il semble que l’on s’accorde du bout des lèvres pour admettre que le système de retraite va être en déficit et qu’il faut trouver des solutions financières. En urgence selon l’exécutif et sans se presser selon les oppositions. En partant du même rapport celui du COR le conseil d’orientation des retraites que chacun lit avec ses lunettes pour en tirer des conclusions opposées. Mais on n’est plus dans le cadre strict d’une réforme des retraites puisque tous les acteurs sont d’accord pour préserver le système par répartition qui est solidaire. Tout ce qui est capitalisation sonne mal. Et qu’il ne faut pas baisser le niveau des pensions. En réalité le débat s’engage dans un autre contexte que celui qui  est purement comptable.

Le covid notamment qui a révélé le télétravail et l’évolution des esprits et de la société ont montré que désormais on s’interrogeait sur le sens de la vie, de la sienne en particulier, et de la valeur travail. Celui-ci aliénerait alors que d’autres pensent qu’il émancipe. Que l’effort est positif collectivement et que l’espérance de vie en bonne santé s’accroit. Chacun tire des conséquences. Faut-il produire toujours plus alors qu’il y a à portée de main des superdividendes qui ne demandent qu’à être taxés ? L’équilibre vie personnelle-vie professionnelle ne doit-il pas être revu en faveur de l’individu qui a droit à la paresse en partant à 60 ans en pleine forme, dans une nature menacée par le réchauffement climatique qui est le problème crucial ? En travaillant moins de 35 heures par semaine on partagerait le gâteau qui ne grandit pas certes mais on crée des cotisations et le déficit disparait ?

 Il ne peut avoir de réponse unique à ces questions car deux perceptions de la vie s’affrontent. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut entamer aucune réforme car l’immobilisme ou le retour vers le futur conduirait à la régression. On entend divers arguments qui sont en fait des réquisitoires et des mises en cause de principe. Parfois ad hominem.  Indignes dans une démocratie. Et dans un Etat de droit républicain avec des valeurs notamment le questionnement public, la raison et la tolérance. On ne s’étonne plus des invectives dans la rue mais au parlement c’est inexcusable. Le bruit et la fureur ne sont pas du niveau attendu de ceux et celles qui me représentent même si je n'ai pas voté pour tel ou telle. 

Je n’aime pas entendre le vocabulaire outrancier des syndicalistes qui représentent moins de 10% des salariés et qui affirment d’un coup de menton « on va gagner, le gouvernement va retirer son projet car il est injuste ». Notion vague et générale surtout si elle concerne les régimes spéciaux, autonomes et dérogatoires actuels ! Ou qui jugent que l’exécutif est par nature menteur et va devoir en passer par leurs propositions. Car ils ne croient pas à son affichage de corriger des inégalités. Telles qu’elles viennent d’apparaitre au grand jour.

 Mais et si MM. Martinez et Berger se trompaient ? Et si leurs analyses  n’étaient pas en phase avec la réalité économique et financière ? Et si on suivait leurs volontés et qu’on entre dans le mur en klaxonnant ? Les prétendus gagnants deviendraient alors les perdants. Les syndicats auraient obtenu une victoire à la Pyrrhus. Le peuple en son entier paierait. Un syndicaliste n’a aucune responsabilité ni en droit ni électorale. Les chefs populistes restent en place. Ils ne rendent des comptes qu’à leurs adhérents !  

Il va de soi que je ne remets pas en cause la nécessité d’avoir des corps intermédiaires pour qu’il y ait un vrai dialogue social. Mais celui-ci ne peut être un ultimatum : vous cédez  ou on bloque tout.Il est inutile de se renvoyer les responsabilités : « on met le bazar car vous ne nous entendez pas. ». Personne n’est dupe ou sourd. Le dialogue n’est pas un combat par K.O. Sinon le débat public est inutile. Et la démocratie doit trouver des compromis concrets.

Et si le gouvernement n’avait pas tout faux, que les déficits réels sont préoccupants, qu’il faut trouver des solutions vite en fonction de la pyramide des âges qui n’est pas favorable ? Et que pour préserver les générations futures il faille progressivement augmenter l’âge légal de départ ce qui est la moins mauvaise des solutions. Sauf une autre excellente et réaliste non formulée qui rééquilibre les comptes pour le futur. Sans impôts ou prélèvements divers. En accentuant les facilités et les réductions justes pour la pénibilité, les femmes qui ont élevé des enfants, les seniors, et en faveur de ceux et celles que la vie n’a pas ménagé. La solidarité est là.

Il va de soi que le gouvernement comme les syndicats n’a pas la science infuse et que son projet peut et doit  être amendé au fur et mesure que l’on s’aperçoit qu’il y a des cas particuliers. C’est le rôle du parlement avec moins de 1000,00 députés et sénateurs. Qu’il y ait un débat grotesque sur le nombre de millions de marcheurs dans la rue selon les syndicats et l’estimation de la police ne m’intéresse pas. Sauf à conclure que le projet fait peur. Comme on ne gouverne pas contre le peuple il faudra peut- être en revenir à des élections. On a connu cela dans le passé. En général le résultat n’est pas celui qu’on attend et les syndicats qui penchent plutôt d’un côté de l’hémicycle risquent d’être surpris. Il est parfois contreproductif d’être excessif. Le citoyen de base comprend les enjeux. Il n’aime pas le désordre et la démagogie. Ni d’être accusé des pires maux. La démocratie n’est pas univoque il faut accepter de  vivre avec ceux dont on ne partage pas les idées. Qui sont nos égaux. 

Le citoyen fait roi dans son individualité doit réapprendre ce qu’est l’intérêt général. Ne rien faire est facile comme l’ont montré les rois fainéants, les mérovingiens bien sûr pas nos contemporains. Il y a de vraies tragédies comme le séisme en Turquie-Syrie, la guerre en Ukraine, en Arménie et ailleurs.  Nous sommes en France dans un psychodrame. On ne peut discuter à vie d’autant plus qu’on ne parle pas de la même chose. Tranchons donc vite et passons à d’autres sujets comme l’immigration, la délinquance et encore le niveau de vie qui mettront presque les mêmes dans la rue. Avec les bien -pensants le cœur en bandoulière.  

Et si c’était vrai que la réforme des retraites doit avoir lieu.

samedi 4 février 2023

Le peuple contre le peuple

 

                        Le peuple contre le peuple

                     Par Christian Fremaux avocat honoraire

On connait la théorie de Ernst Kantorowicz sur les deux corps du roi. Elle n’est plus d’actualité pour personne sauf peut- être pour Charles III d’Angleterre qui a une famille dont on parle. Il a un corps comme un simple mortel mon égal et celui qu’il incarne comme roi représentant de dieu sur terre dans la monarchie qui se perpétue, donc comme surnaturel et immortel. En France seuls les académiciens sont des immortels. La distinction pourrait en être de même en république où le peuple tel Janus a deux visages et au moins deux corps. Et est le souverain unique en se divisant.

 Dans le cadre du projet sur la retraite je ne suis ni pour ni contre bien au contraire. Je veux une réforme forcément juste où il n’y aura que des gagnants. On s’aperçoit que le peuple a une double légitimité et un choix de société à faire. Comment voulons- nous vieillir ? Usés sans le droit à la paresse ou jeune relativement mais en pleine forme pour profiter de la vie le plus longtemps possible. L’espérance de vie qui augmente doit -elle entrainer plus de travail et de cotisations ? Plus on vit plus on coûte. Bien que les déficits soient programmés. On peut discuter. Mais pas de façon binaire ou violente. Ce qui obligerait nos successeurs les générations futures pour qui tout le monde se bat à travailler encore plus pour payer nos pensions. Alors qu’il y a une interrogation sur le sens de la vie et de la valeur travail.

La réponse est évidente. On veut tous les avantages mon capitaine : des déficits comblés en prenant l’argent chez les autres mais pas fournir plus d’efforts alors qu’il y a une grande peur pour l’avenir avec toutes les crises et guerres. Tout en conservant nos acquis voire en les améliorant. Est- ce raisonnable sans réformer ? Les autres européens qui nous regardent et qui ont pour la plupart franchi l’âge minimum de 65 ans pour quitter leurs fonctions ne comprennent pas ce psychodrame. Les irréductibles gaulois sont- ils plus malins que les autres ?

On voit marcher le corps du peuple dans la rue pour s’opposer à l’âge de la retraite à 64 ans pour tous ceux qui n’ont pas un régime spécial ou autonome ou des dérogations . La grève est un droit constitutionnel pas supérieur à celui de travailler ou de circuler librement.  Je ne doute pas que certains métiers cassent plus que d’autres et qu’il soit normal que ceux qui ont commencé avant 20 ans ne cotisent pas plus longtemps que les autres. Les français préfèreraient l’égalité à la liberté. Personnellement je n’aime pas l’égalitarisme qui rabaisse car je crois au mérite. Certains nient les difficultés budgétaires avérées que les autres devront effacer. Sans qu’il soit nécessaire de se battre sur les chiffres que chacun interprète. On n’est même pas d’accord sur le constat. Sans commentaire pour ceux qui paient impôts et taxes et qui se lèvent de bonne heure.

On voit en même temps défiler le corps du peuple au parlement où les élus le sont par la volonté populaire. La même que pour ceux qui trainent les pieds sur le bitume. Le peuple est représenté par des députés notamment qui ont été choisis à tort ou à raison c’est subjectif, et par le président de la république élu au suffrage universel, même si l’abstention a été forte. Ceux qui ne vont pas voter ont tort et ne peuvent se rattraper par un scrutin piétonnier. Il est curieux d’entendre une représentante du peuple une députée EELV dire que le palais Bourbon est une ZAD, une  zone à défendre donc l’épicentre de la désobéissance civile. Si les députés qui fabriquent la loi la contestent c’est grave ! On entend des parlementaires dire qu’il faut résister on ne sait pas bien à qui d’ailleurs qui aurait « attaqué ». Le pouvoir exécutif est le reflet de l’élection du président de la république qui comme la justice agit au nom du peuple français. Mais quel peuple ? Posons que chacun est  de bonne foi et veut le bonheur pour tous.

 La Constitution devient à géométrie variable. L’opposition a le droit d’amendement qui peut conduire à de l’obstruction et la possibilité de censure, et assure la présidence de la commission essentielle des finances. Mais si le gouvernement applique l’article 49.3 comme tous ses prédécesseurs y compris de gauche, ou limite les débats à 50 jours ce qui est autorisé par le texte suprême cela devient liberticide avec un passage dit en force, mieux quasi dictatorial. On ne peut débattre cependant à vie. Cela fait des mois que les échanges ont lieu dans les médias, dans les manifestations, dans les grèves. Le peuple est un orateur volubile. Il faut trancher dans un sens ou un autre. On n’a pas besoin de vainqueur. Les victoires à la Pyrrhus conduisent souvent à des impasses.  Puis il faut passer à un autre sujet sensible. Il  n’en manque pas les circonstances et le peuple sont imaginatifs.

La démocratie est le gouvernement du peuple par et pour le peuple. Du moins tant que l’on accepte la démocratie libérale que le professeur Fukuyama croyait définitivement triomphante après la chute du mur de Berlin. Il a admis s’être trompé. Les régimes autoritaires pour ne pas dire plus reviennent. Des peuples choisissent l’illibéralisme qui porte beaucoup d’interdictions et rogne les libertés. Le populisme des extrêmes commande.

La démocratie est en danger surtout si le peuple s’en prend à lui-même, crée des clans, des catégories, des communautés et a des intérêts divergents.

Être populaire est un phénomène passager comme la mode. L’impopularité oblige à être innovant, juste et efficace, car on aurait dit-on 100 jours pour agir. Et après on dort ? Être populaire est donc mission impossible. Le peuple -donc moi - est versatile on le sait ce qui n’est pas une tare, mais aussi enthousiaste. Il se tire une balle dans le pied en n’étant pas réaliste même si l’addition à payer est douloureuse. Le statu quo entraine la régression. On recule pour mieux ou pire sauter. On ne peut pas pour chaque sujet être en « nervous breakdown » comme Audiard le faisait dire dans les Tontons flingueurs.

La démocratie doit concilier les contraires. Et démontrer l’art du compromis. Je ne sais pas quel est le meilleur système de retraite mais je devine ce qui peut advenir. La république est garante de l’Etat de droit objet non identifié dans beaucoup de pays sur la planète. Préservons nos institutions. La démocratie libérale vacille et semble devoir être révisée de fond en comble. Le peuple ne peut donner le signal de l’hallali .Détruire sans savoir quoi mettre à la place. Il doit participer à la reconstruction pour plus de libertés et de cohésion, avec la liberté d’expression. Et la redistribution.  Il ne faudrait pas que le populisme devienne sectaire et impératif et que ce soient les plus criards qui imposent leurs vues.

Attention danger. Que le peuple ne soit pas contre la démocratie.      

mercredi 11 janvier 2023

La justice en temps de guerre

 

                                  La justice en temps de guerre

                      Par Christian Fremaux avocat honoraire

Malgré les appels déchirants du président ukrainien qui dénonce les crimes qu’il attribue à l’armée russe, la justice internationale ne bouge pas. Mais peut-elle agir d’initiative sur le champ ? Doit-on s’habituer à des cris dans le désert judiciaire celui du chaos et de l’indignation ?

 La justice est traditionnellement représentée avec un bandeau sur les yeux. Serait-elle aussi sourde ? L’agressé voudrait que l’on déclenche immédiatement des poursuites pénales contre l’agresseur et ses complices, qu’on les embastille et que la justice soit plus forte que le tir des armes. Ce serait simple et expéditif mais je ne sais pas si cela supprimerait les antagonismes profonds. L’heure de la justice n’est pas encore venue. Comment organiser un procès équitable aux normes juridiques universelles alors que quotidiennement les obus et les drones détruisent sous menace nucléaire, que les soldats meurent et que les victimes directes ou collatérales sont innombrables. Sans compter qu’il faudrait peut- être y ajouter des co-belligérants supposés qui sont sur une ligne de crête même si la cause est juste.

Sauf à souhaiter que la guerre s’éternise jusqu’à une capitulation totale ou partielle de l’Ukraine ou une défaite actée de la Russie ce qui bouleverserait l’ordre du monde sous l’œil attentif de la Chine, de l’Iran, de la Corée du Nord ou d’autres nations crispées sur leurs propres différends, il va bien falloir que la diplomatie s’en mêle, vœu qui n’est ni soutenir ni lâcher une partie. Ou qu’une médiation avec des personnalités neutres et insoupçonnables soit mise sur pied. La guerre est le prolongement de la politique par d’autres moyens disait Clausewitz. Et Clemenceau estimait que la guerre est une chose trop grave pour la confier aux militaires même si ceux- ci sont indispensables pour suivre les instructions et défendre la nation et /ou sortir au moindre mal des stratégies des gouvernants civils. Les opinions publiques ont choisi leurs camps.  Il ne s’agit pas de forcer la main de son destin à tel ou tel. La communauté internationale a montré ses limites, les grands principes des droits de l’homme ne sont plus acceptés sans réserve, et les espoirs notamment « plus jamais cela » d’après la 2ème guerre mondiale ont été déçus. Une victoire à la Pyrrhus ne servirait à rien. Elle est même parfois dangereuse, on a vu avec le traité de Versailles de 1919. Les professionnels savent concilier les contraires et trouver des solutions pratiques parfois inédites. Ou que l’on croyait impossibles.  Il faut leur faire confiance.

 L’obstination parce que l’on estime avoir raison peut entrainer des escalades et encore plus de victimes. La bataille des égos qui poussent à des sacrifices humains doit s’effacer au profit de négociations concrètes. Chacun a de prétendues bonnes justifications. Mais la Russie ne peut poser des conditions préalables comme la conservation de tous les territoires annexés par les armes. L’Ukraine ne doit pas exiger avant de parlementer le retour d’un seul coup à la situation ante, avant le 24 février 2022 voire aux accords de Minsk. Et la Crimée. Sinon il y aura blocage. 

Dans ces circonstances quel rôle peut jouer la justice internationale et de quelles juridictions parle-t- on au vu des expériences passées ?

La justice internationale ne pose aucune condition préalable. Quand elle est régulièrement saisie elle répond en droit aux questions qui lui sont posées : quels sont les crimes ? qui a fait quoi ? qui est responsable ? Elle ne fait pas de politique ou de morale. La justice internationale condamne les coupables avérés, après enquête, débats contradictoires et plaidoiries. Chaque accusé peut se défendre. On se rappelle le procès de Nuremberg en 1945-46 et la condamnation (à mort) de dignitaires nazis. Mais les hostilités étaient terminées.

*La cour Internationale de justice [C.I.J] basée à La Haye est l’organe judiciaire de l’ONU où la Russie dispose au conseil de sécurité d’un droit de veto. Il faut donc passer par l’assemblée générale où des pays peuvent être réticents et s’abstenir. Elle juge les Etats. Son contentieux le plus ordinaire porte sur les conflits frontaliers. 

*La cour pénale internationale [C.P.I.]  a été créée en 1998 par le traité de Rome et a son siège aussi à la Haye. Avec un centre de détention.  Elle est saisie par un Etat signataire du texte fondateur qui a été ratifié, par son procureur, ou exceptionnellement par l’Onu dans le cadre du chapitre VII du traité. Sont dans son viseur les individus, chefs d’Etat ou de guerre, soldats de métier, mercenaires, civils… enfin tous ceux qui ont une responsabilité dans les atrocités. Sa compétence est limitée aux crimes de guerre et d’agression, aux génocides, aux crimes contre l’humanité. Elle se substitue à la justice nationale si celle-ci est défaillante. Elle peut incarcérer. 

* Des tribunaux pénaux internationaux dédiés à des conflits déterminés ont été créés. Ainsi pour le Rwanda avec le génocide des tutsis ; ou pour le Cambodge avec les khmers rouges. Pour l’ex-Yougoslavie l’ancien président Milosevic a été condamné. Il est mort en prison. 

Mais la justice internationale n’a pas le pouvoir d’arrêter un affrontement violent. Dès le début de la guerre contre l’Ukraine la C.P.I. a ouvert une enquête et a pris une ordonnance (un jugement) pour enjoindre à la Russie de cesser toutes opérations militaires. On a vu le résultat. Ces juridictions ne disposent d’aucune force coercitive. Il n’y a pas l’équivalent de casques bleus magistrats. Le glaive de la justice est le droit international public, les traités internationaux, le droit de la guerre et celui qui est humanitaire. C’est un moyen pacifique. Et symbolique.

Le principe de conviction n’exclut pas celui de réalité. Quand les bornes sont franchies il n’y a plus de limites. Mais les victimes ont un droit inaliénable et non négociable à la vérité. Et à la réparation. Malgré les raisons d’Etat. C’est souvent long mais on y arrive. Personne ne peut bénéficier d’une immunité. Ce ne serait pas juste. Plaute a déjà dit que l’homme est un loup pour l’homme. On a besoin de croire en la justice et en des exemples pour l’humanité.

vendredi 6 janvier 2023

Mes vœux pour 2023 : vivement 2024.

 

              Mes vœux pour 2023 : vivement 2024.

                   Par Christian Fremaux avocat honoraire

Le philosophe-écrivain Marek Halter a déclaré que l’on n’atteindra jamais le paradis mais en doit en rêver. Il évoquait notre vie actuelle sur terre, terrible et cruelle selon des pessimistes. En France bien sûr, pas à Kiev et Moscou, Pékin ou Pyongyang, ou en Afrique où il y a la guerre, et ailleurs où s’affrontent des ethnies, des communautés, au milieu de la misère, de la nature hostile et du manque de tout. Et sans une once de démocratie. Vérité en deçà des Pyrénées erreur au- delà.   

Des revêches et critiqueurs de tout et de rien mais systématiques attisent le feu en proclamant que nous vivons en France en enfer dirigé par un autocrate. Et une bureaucratie liberticide. En raison des lois votées certes démocratiquement mais avec l’article 49.3 de la constitution ! Autant affirmer fort cela ne coûte pas grand-chose sauf à créer un climat d’affrontements ce dont nous n’avons pas besoin. L’énergie est hors de prix. Ne la gâchons pas. Le conflit sanglant avec l’Ukraine n’a fait qu’accélérer nos défauts d’anticipation.

Je ne connais pas l’enfer décrit dans les livres, et encore moins le paradis car je ne sais pas s’il existe et si je mérite d’y aller. Mais je ne suis pas pressé de contrôler de visu. Et je ne pourrai revenir pour témoigner.

Je prends deux exemples emblématiques pour expliquer ce que je pense. 

 Chacun s’accorde à dire qu’il faut des réformes d’urgence, mais elles ne doivent pas le concerner. Lui est un cas à part. C’est l’autre qui exagère ou profite et qui doit être taxé. Pour les retraites le gouvernement qui tergiverse et recule en s’expliquant confusément n’est pas exempt de maladresse. Demander « voulez- vous travailler plus longtemps pour gagner moins à la fin » ne peut qu’aboutir à une réponse négative sauf pour les masochistes ou ceux qui ont intérêt à faire travailler les autres. Et même si sur le plan financier il est acquis que les déficits vont s’accentuer. Ce sera l’héritage des générations futures.

 On n’est pas obligé non plus de lier la délinquance automatiquement à l’immigration irrégulière. C’est possible mais pas certain. Il est préférable de prendre le problème réel avec raison et sans déni, car les citoyens ne tolèrent plus des comportements et que l’on brave la souveraineté du pays en leur reprochant un prétendu égoïsme humain. On doit trouver une solution pour une immigration choisie et contrôlée, sans tabou et dépassionnée.

Je n’aborde pas tous les autres sujets qui sont brûlants où chaque corporation ou minorités « n’en peut plus ». Ainsi des médecins libéraux malgré les déserts médicaux et les hôpitaux débordés et en manque de médicaments ; aux contrôleurs de bord dans les trains qui estiment avoir un métier pénible, plus que celui des boulangers qui se lèvent tôt et se couchent tard en ayant des factures énergétiques qui vont les ruiner ? Tant de travail et de tracas pour rien ... La liste est sans fin.

Au-delà des revenus nécessaires tous réclament plus de considération et le droit de vivre dignement. Ils ne veulent pas être assistés. Comment en est -on arrivé à cette situation ? Avons-nous trop demandé à l’Etat qui est désormais un distributeur de billets et d’aides. Plus on fait des dépenses publiques et moins cela marche. Ne faudrait-il pas commencer par la réforme essentielle de l’Etat -qui fait quoi et avec quels moyens- qui comme l’Arlésienne est annoncée depuis des années par de multiples rapports mais jamais commencée. Et débattue faute de courage politique. Car on ne peut continuer à donner des chèques pour éteindre les incendies, le feu est généralisé. Une dette se rembourse : qui paiera ? Comment sauver l’homme/la femme qui est dans le besoin. On peut discuter à vie. Je n’évoque même pas l’humanité vu ce qui se passe. On voit que l’Etat a atteint ses limites. Mais heureusement qu’il a été présent dans les crises. Il faut le conforter en l’allégeant pour qu’il se consacre aux fonctions régaliennes.  

Je vais suivre les conseils de M. Halter et rêver. Après tout  je ne suis pas moins compétent que ceux que l’on voit et entend comme  prétendus experts auto proclamés  dans les médias. Il va y avoir des polémiques et des mouvements de rue. Celle-ci ne peut gagner. J’abhorre la casse et le désordre. Les syndicats représentants entre 8 % et 10 % des salariés ont dit d’office Niet pour parler comme l’agresseur Poutine que l’on voudrait voir disparaitre. Les syndicats se substituent à la légitimité électorale. Ils ne veulent même pas discuter d’une mesurette sauf si on leur donne raison. Dont acte. Pour le projet du ministre de l’intérieur qui veut allier fermeté et justice avec l’humanisme concernant l’immigration et la délinquance les bien- pensants professionnels vont se déchainer. Et l’exécutif à tort ne m’a pas téléphoné pour me demander mon avis et pour programmer d’autres réformes : je ne peux donc rien deviner.

Pour que l’année 2023 soit sereine et efficace je propose un bref essai. On dit d’accord aux syndicats et à M. Mélenchon dont le mentor est le grand démocrate Vénézuélien Hugo Chavez pour appliquer leurs programmes et idées. On suit le RN dans son combat contre l’immigration. On interdit aux voitures diesel de rouler ce qui permettra aux jeunes rebelles qui aspergent de peinture les monuments de se coucher sans crainte sur le périphérique. On adopte le droit à la paresse prôné en 1880 par Paul Lafargue gendre de Karl Marx qui réfléchissait de son côté sur la valeur travail et le capitalisme.  On démantèle toutes les centrales nucléaires et à charbon pour que la France toute seule dans son coin règle le réchauffement climatique grâce au vent et au soleil. On enlève policiers et gendarmes des cités sensibles puisque ce sont des provocateurs. Comme les médecins et les pompiers qui sont caillassés. La justice n’a plus à punir car elle comprend les infractions et les violences liées à la société et à l’inégalité sociale outre le racisme ordinaire. Enfin on donne financièrement et généreusement ce qui est réclamé par tous. Si on peut arrêter les guerres ou le mal n’hésitons pas. Choisissons fermement le principe de conviction à celui de réalité.

 Puis on vérifie les résultats, on choisit qui paie de gré ou de force, et on fait une convention citoyenne permanente avec quelques individus tirés au sort pour tout sujet. On ne perd plus de temps avec le parlement et les discussions oiseuses. Les élus ont failli.

Enfin le rêve conduit au paradis. Composé de tolérance et à chacun selon ses besoins.  Ainsi il n’y aura plus de débats stériles et l’année 2023 permettra de préparer la suivante pour une apothéose. Si j’ai fait un cauchemar je vais m’en apercevoir rapidement ! Avec ma bougie s’il le faut. Pour 2023 je souhaite vivement que 2024 arrive.

jeudi 8 décembre 2022

humanisme et fermeté

                                     

                                      Humanisme et fermeté

                Par Christian Fremaux avocat honoraire

Je me dépêche d’écrire un article car s’il n’y a plus d’électricité je ne pourrai faire connaitre mes « lumières » ! Je plaisante bien sûr mais pas sur l’énergie. Ceux qui ont aimé l’année 2022 ne vont pas être déçus par les débuts de l’année 2023 où des projets de réformes importants pour l’avenir vont être présentés par le gouvernement, discutés et je l’espère votés. L’immobilisme et le corporatisme ne doivent pas gagner.  

Le ministre de l’intérieur va monter au créneau pour présenter la x-ième loi sur l’immigration qu’il veut à juste titre choisie et non imposée. Tout le monde suit les mouvements et les polémiques divers à ce sujet, les camps démantelés et aussitôt reconstitués un peu plus loin, de l’Ocean viking jusqu’à la place du palais royal qui abrite le conseil d’Etat un symbole qui a été envahie par des prétendus mineurs qui ne sont pas juridiquement considérés comme tels mais qui veulent « leurs droits ». Leurs accompagnants pleurent à leurs côtés ce qui fait des belles images pour le 20 h. et contrarient les « nantis égoïstes » qui dinent au chaud à ce moment.

Je n’entre pas dans la querelle que la France serait un pays d’immigration ce qui historiquement ne me parait pas exact avant le début du 20-ème siècle ou du devoir d’humanité d’accueillir tous ceux qui ont décidé à leur insu de leur plein gré de venir sur notre territoire et de bénéficier sans conditions de ce qui y existe. La nation pour ceux qui l’ont bâtie et ceux qui la poursuivent par leurs efforts devient alors secondaire voire inexistante au bénéfice de la liberté de celui qui arrive sur un lieu de la terre peu important ses motivations et ses intentions. L’humain aurait des droits partout. Il va falloir en discuter.  

On reparle de l’opposition humanisme et fermeté comme si ces deux notions étaient incompatibles. La loi en France est la traduction de la volonté générale du peuple dans un texte solennel s’appliquant à tous. Elle exprime une norme obligatoire. Elle organise un équilibre. C’est toujours un acte de compromis avec les avis qui s’affrontent entre les traditionnalistes dits conservateurs et les pseudos élites qui veulent éduquer ceux qui ne comprendraient rien et ne penseraient qu’à eux. Il n'y a ni sauveur qui a La solution ni miracle à attendre car les faits sont têtus et le déni aggrave les problèmes. Le consensus est rare surtout quand il n’y a pas de majorité absolue à l’assemblée de par les choix exprès des électeurs. Je ris - ce qui est rare par ces temps moroses- quand j’entends une personnalité dire sérieusement : « les français veulent… le peuple exige… ». Qui lui a dit ? Un sondage n’est pas une vérité établie. On ne me demande pas mon avis entre les élections tous les 5/6 ans et pas pour les priorités à résoudre. Mais c’est la démocratie. J’aimerai bien conserver l’identité et la culture de ma patrie et ses valeurs républicaines. Le multiculturalisme me parait une fausse/bonne idée. Sans oublier ceux qui croient en la France et y recherchent une vie plus paisible. C’est un projet humaniste de mon point de vue ?

La loi résulte de nombreux échanges d’arguments avant le vote, de la conjoncture qui évolue et de la nécessité ; d’une anticipation sur ce que nous sommes et voulons rester ; de l’intérêt général dans toutes ses composantes et contradictions. Ce qui était valable hier ne l’est plus aujourd’hui et encore moins demain. Les droits de l’homme interprétés façon wokisme et anti-racisme ne sont pas l’évangile. La force dite injuste de la loi est corrigée par l’équité.

Qui est contre l’ordre public ? Qui est pour les libertés versus devoirs ? N’a- t-on pas l’obligation de défendre la collectivité et est -il interdit au pays de prendre des mesures qui ne plaisent pas aux étrangers et qui permettent de conserver notre souveraineté ? La fermeté comme dans les familles où tout n’est pas permis et où on ne peut accueillir tous les copains, les cousins et apparentés, n’est pas un gros mot. Dire non et poser des limites est parfois utile et n’est pas liberticide ou une atteinte à la dignité ou à l’existence de l’autre.  L’humanisme n’existe pas dans le désordre ou la violence. Comment considérer l’homme/la femme/l’enfant si le chaos règne et si la règle est flexible et dépend des sentiments ?

L’humanisme date de la Renaissance. De pensée, de doctrine il est devenu une évidence. L’être humain est au centre de l’union. Cela induit altruisme et bienveillance. Une émotion est par nature instinctive, naturelle. Personnelle. Mais subjective. Elle est changeante. Elle ne fait pas avancer le monde et ne fonde pas une politique publique. Elle en est un des éléments majeurs. Sans être l’Alpha et l’Omega. L’humaniste affirme sa foi en l’être humain qu’il place au centre de tout. Comme JJ. Rousseau que Voltaire ne suivait pas entièrement ! Hanna Arendt y voyait la banalité du mal. L’être humain a droit au bonheur notion neuve en Europe comme le proclamait Saint- Just avant de connaitre la guillotine de ses frères en révolution mais la joie et le bien-être ne se décrètent pas. L’humaniste un brin utopiste veut créer une société meilleure plus morale selon ses critères, et il devrait s’appuyer sur 3 piliers : la raison, la science, et la connaissance pour faire des humains libres et responsables. On ne peut qu’être d’accord avec ces prolégomènes. Mais personne n’a le monopole de la conscience éclairée. Les limites de l’humanisme sont soit naturelles, soit socio-politiques soit métaphysiques et spirituelles.

 En 2023 et pour l’avenir ces limites existent. On doit en tenir compte. Erasme qui était le conseiller des princes le rappelle. Montaigne ne se faisait pas trop d’illusions sur l’homme. Il doutait. « Que sais- je ? » était sa devise. La vérité n’étant pas univoque, il faut donc concilier le principe de conviction avec celui de réalité. L’émotion n’est pas par essence plus légitime qu’un autre principe républicain. Le droit international d’essence humanitaire et idéaliste-« plus jamais ça»- ne peut faire obstacle à la volonté de la nation. Il l’accompagne.

Que le débat sur l’immigration ne se transforme pas en un combat entre les généreux et ceux qui seraient sans cœurs voire xénophobes. Ou matériellement intéressés. Ce n’est pas le sujet. Ni un partage de souffrance entre ceux qui subissent ce qu’ils ne veulent pas et ceux qui ne se sentent pas désirés. On doit unir et pas cliver si l’on veut une loi qui fonctionne et que les divergences et craintes soient apaisées. Chacun devra tendre la main vers l’autre.  Le manichéisme n’apporte rien. Humanisme et fermeté vont de pair.

samedi 3 décembre 2022

J’ai mal

 

                                                      J’ai mal

                Par Christian FREMAUX avocat honoraire

On a le devoir d’être heureux. Malgré les vicissitudes du quotidien car il y a pire ailleurs et pour d’autres. C’est la période de Noël -si on peut encore employer ce terme sans heurter la laïcité ou la conscience de chacun- où on doit se calmer, réfléchir, prendre des bonnes résolutions et aborder l’année nouvelle avec un autre esprit, celui de tolérance, de raison, et d’unité de la nation. Tout en conservant ses libertés y compris spirituelles qui doivent cependant se fondre dans les valeurs républicaines ou être pour le moins compatibles. Il n’est pas utile de brûler des voitures.

J’ai mal car la guerre de tranchées désormais en Ukraine va se geler. Les ukrainiens souffrent dans leur chair et nous subissons des effets secondaires matériels. Notre petit confort va être touché. Il y a de l’eau dans le gaz cher, l’électricité peut manquer alors que nous avions un parc nucléaire envié dans le monde que nos dirigeants ont démantelé par idéologie et pour faire plaisir à des minorités bruyantes. C’est pourquoi la pythie Greta Thunberg est muette. 

J’ai mal car la violence quotidienne empire. Regarder ou entendre les informations notamment en continu est un calvaire. Et je ne suis pas sur les réseaux sociaux où parait-il la polémique brutale, les menaces de mort, la mise au poteau sont banales. Dire qu’il y a un sentiment d’insécurité est un déni de réalité. On s’aperçoit de la sauvagerie parfois gratuite de jeunes que l’on dit mineurs - donc délinquants potentiels sans vraies craintes d’ordre pénal - pour qui l’autre est un ennemi sur un territoire qui ne lui appartient pas. Ou d’individus plus âgés de toute confession ou origine et niveau social qui passent à l’acte barbare et définitif. On se demande comment c’est possible malgré notre éducation nationale, nos encadrants, les aides de toutes natures, les droits de l’homme qui remplacent la morale et qui permettent à certains de confondre droits et devoirs. Jules Ferry a été gommé par les adeptes prétendument éclairés du wokisme et de la déconstruction. On s’inquiète pour soi, pour sa femme, sa fille, son petit enfant puisque la vie tient à un fil, une mauvaise rencontre, un regard, une pulsion. Les violences intrafamiliales ne cessent de progresser. J’ajoute la violence dans les relations humaines dans tous les milieux professionnels pour tout et presque rien, sans oublier les débats indignes de nos députés à l’assemblée nationale où l’invective, les injures sont monnaie courante. Ils ne sont pas loin d’en venir aux mains. On doit trancher les oreilles et la queue de la corrida parlementaire. Et l’exemplarité bordel !

J’ai mal car je suis sommé de pleurer sur la misère de ceux qui prennent des bateaux en payant fort cher des passeurs crapuleux, qu’il faut secourir en mer. J’ai déjà donné puisque j’ai compati à l’époque pour les boat-people, et par mes impôts je subventionne des ONG qui font le contraire de ce que je souhaite croyant avoir le monopole du cœur. Mais sans avoir de mandat du peuple ni aucune responsabilité d’élus, de représentants légitimes ni de comptes à rendre. Et si on n’approuve pas sous peine de passer pour un raciste pour le moins d’extrême droite accusation que l’on porte quand on ne sait pas quoi dire. Je n’aime pas, et je bénéficie de la présomption d’innocence. On ne maitrise plus rien.

J’ai mal car la planète agoniserait et je continue à rouler dans ma campagne avec mon vieux véhicule d’occasion alimenté au diesel. Je n’ai pas encore obéi aux injonctions gouvernementales en m’endettant pour acheter une voiture électrique neuve livrée dans plusieurs mois. A condition qu’il y ait de l’électricité. Et que les forçats qui travaillent pour extraire le lithium ne se mettent pas en grève à l’image de nos travailleurs. Comme d’habitude pour les fêtes et vacances pour les modestes contrôleurs Sncf qui ont un travail pénible selon eux ou d’autres maltraités des services publics. Ou comme les malheureux exploités de Total Energie. Le dialogue social est spécial dans notre démocratie.

J’ai mal de ne pas partager le postulat des biens pensants donneurs de leçons qui croient que l’homme et la femme sont naturellement bons et que le mauvais ne provient que de la société, des provocations des riches, de l’inégalité structurelle et maintenue volontairement, avec l’Etat totalitaire. Tout ceci devrait se discuter objectivement. La désobéissance civile n’est pas ma tasse de thé. Ni la civique : il faut aller voter. La rue mène à des impasses. 

J’ai mal qu’il n’y ait plus de justice efficace et rapide dont j’ai été et reste un auxiliaire depuis près d’un demi-siècle. Elle ne peut être rendue par soi-même ce n’est pas la vengeance. Je ne partage pas la harangue du magistrat Oswald Baudot qui en 1968 a écrit pour les futurs juges « soyez partiaux : examinez où sont le fort et le faible qui ne se confondent pas nécessairement avec le délinquant et sa victime. Ayez un préjugé favorable pour la femme contre le mari, pour l’enfant contre le père, pour le débiteur contre le créancier, pour l’ouvrier contre le patron… ». La justice doit être équanime et il y a l’équité s’il faut corriger les effets injustes des textes légaux. Suum cuique jus. Je préfère plutôt ce que disait le père de Lacordaire : « entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit ». Mais je suis pour les libertés dans un état de droit. Encore faut-il des tribunaux performants donc équipés et des magistrats respectés qui appliquent la loi votée sans l’interpréter selon leurs propres convictions. La justice n’est pas devenue un pouvoir à la Montesquieu. L’Etat est encore fondamental. Et défend la collectivité. 

J’ai mal d’avoir mal et de vivre dans un climat anxiogène où l’on se regarde en chien de faïence. Et où il faut se méfier de tout et tous. Le sens de la responsabilité s’érode. La fraternité est un vain mot. On pense d’abord à soi. Nos valeurs républicaines ne sont plus consensuelles et leur universalisme est remis en cause.

J’ai mal car on nous bassine que les pauvres souffrent tandis que les riches s’enrichissent. On doit renforcer la redistribution. L’affirmation est surtout un slogan. Les politiques qui le profèrent n’ont pas à le justifier ni à se l’appliquer. Je m’interroge : suis-je riche ? malgré l’inflation et ma retraite à partir de 65 ans qui est le résultat de dizaines d’années de travail avec plus de 35 heures par semaine ?

J’ai mal mais je suis toujours vivant et optimiste. Je m’en contente et espère que tout ira mieux en 2023. Je dois participer à ce renouveau. On a le devoir d’être heureux.   

vendredi 25 novembre 2022

Il est interdit d’interdire

 

                      Il est interdit d’interdire

              Par Christian Fremaux avocat honoraire

Le débat sur l’interdiction de la corrida a tourné au fiasco. Olé ! M. Aymeric Caron député du parti animaliste allié à LFI a retiré sa proposition de loi avant même le vote. C’est inédit. Le matamore a perdu symboliquement la queue et les oreilles. Comme le taureau tué dans l’arène.  Il était furieux que les méchants n’aient pas compris son extrême lucidité appuyée sur l’opinion qui lui donnerait raison et aient utilisé les amendements comme obstructions, en oubliant que cette méthode était celle habituelle de …LFI. Il a promis qu’il récidiverait et que la mort de la corrida aurait lieu. Tôt ou tard.  Mais n’est pas Me Badinter qui veut. Le parlement qui a d’autres chats à fouetter a été ridiculisé.  

Je ne défends pas particulièrement la corrida qui est une pratique ritualisée comme d’autres. Avec son folklore. La France est une diversité de cultures qui se vivent selon les us et coutumes républicains. Une tradition n’a pas vocation à être perpétuelle par principe. On peut en discuter mais avec des nuances et des mains tremblantes car on touche aux libertés. Je pense que les aficionados du sud-ouest en particulier peuvent la théoriser et expliquer pourquoi ils l’aiment. On n’oblige personne à aller au « spectacle » et admirer le toréro qui choisit de combattre et de mettre sa vie en péril. Parfois l’animal gagne. 

Ce que je crains dans ce monde wokisé, empathique pour tout et parfois rien, dur en imposant aux hommes et aux femmes des mesures contraignantes qu’ils n’approuvent pas et qui tombent de haut de la part des élites, c’est qu’on interdise de plus en plus au nom de la conscience de ceux qui s’estiment choqués, ou qui se réfèrent à des vérités non démontrées. Et qui entendent bâtir une société parfaite exempte du mal selon leur définition sélective. Je suis naturellement pour le bien et je souhaite que toutes les violences cessent et que la paix règne. Mais je suis contre le diktat des minorités ou des prétendus bien -pensants qui ont eu la révélation sur leur chemin de Damas. Et pour qui tous ceux qui ne pensent pas comme eux sont pour le moins des fachos et/ou des racistes et surtout des sans cœurs. On n’a pas besoin de gourous. On veut des responsables réalistes.

Comme le dirait Michel Houellebecq l’extension du domaine de l’interdiction donc de l’intolérance est infinie et devient dangereuse. Big Brother n’est pas loin. Ni la Chine avec son permis de vivre à points. L’idéologie ne peut conduire qu’aux affrontements et droit dans le mur. Même en trottinette. Personnellement je n’ai pas la chance de M. Caron. Aucun animal ne m’a parlé et ne m’a livré le fond de sa pensée. Ni aucun légume ou fruit. J’aime les bêtes car elles sont douées de sensibilité. Mais mon humanisme est dédié aussi aux femmes et aux hommes, avant la nature. Cet aveu n’a rien à voir avec la corrida.

Je donne quelques exemples pour faire comprendre mon raisonnement. Si je suis contre l’interdiction de la corrida ce n’est pas que je suis pour l’affrontement homme- animal. Je laisse les intéressés qui ne sont pas des barbares en prendre la responsabilité, la limiter s’il le faut pour tenir compte de l’air du temps, la justifier. C’est une liberté.

Si je ne vote pas pour LFI élargie c’est parce que selon ma subjectivité leurs propositions sont sectaires, divisent au lieu de rassembler, que les membres donneurs de leçons font le contraire de ce qu’ils disent et qu’ils culpabilisent tout le monde. Ils préfèrent l’anathème, la dénonciation, l’émotion et la détestation à la raison. Ou à l’union.  Ce n’est pas pour autant que je suis pour l’extrême droite. Chacun complétera avec son ressenti et son expérience.

J’ai la faiblesse de considérer que le rôle d’un parlementaire qui me représente même si je n’ai pas voté pour lui est de proposer des mesures positives qui vont dans le sens de l’intérêt général et qui rassemblent en faisant taire les passions. Peu me chaut les idées personnelles de nos excellences ; leurs humeurs ; leurs préférences et leurs modes de vie. Ils doivent simplement être exemplaires pour tous les citoyens. 

Le slogan il est interdit d’interdire a fait florès en Mai 68. Puis je suis entré en faculté de droit à Paris -X Nanterre. Les étudiants révolutionnaires futurs notaires ou magistrats ou hauts fonctionnaires avaient d’abord revendiqué la liberté d’aller dans les lieux où étaient les étudiantes. Puis la révolte a pris de l’ampleur, de la casse, et s’est terminée comme on le sait : par l’ordre. Mais l’interdiction d’interdire est restée dans les têtes.

« Fichons » la paix aux gens comme le président Pompidou l’avait déclaré. Cessons au nom du bien que personne ne peut définir d’interdire ou de punir. Je continue à rouler en diesel par nécessité de la voiture dans ma petite commune rurale où les coupures d’électricité voire les pannes dues au climat du nord sont fréquentes. Vais-je devoir acheter des bougies spéciales pour recharger les batteries de mon véhicule électrique qui sera obligatoire ? N’empêchons rien au nom de la doctrine verte. Convainquons qu’il faut se remuer.

La caractéristique d’une démocratie et de son état de droit est la liberté dans le respect des règles communes. Les particularismes ont le droit d’exister mais doivent suivre le pacte républicain. Ma liberté s’arrête là où commence celle des autres et elle n’est pas sans limites. On ne peut édicter en permanence que des interdictions ou menacer de réprimandes. Le citoyen a besoin d’air, de vivre selon ses désirs et habitudes, et que l’Etat le protège sans lui nuire. Le Léviathan n’a pas le monopole du bien et du mal, du bon comportement et de celui qu’il faut bannir. Le parlement non plus. Il y a des tribunaux pour cela dans le cadre légal et non de la morale individuelle ou de l’éthique collective. L’opinion sondagière n’est pas la vérité.

Il n’est pas autorisé d’interdire des libertés contrarieraient -elles des bonnes âmes. Nos parlementaires ne sont dans la lumière que pour trouver des solutions dans les injonctions contradictoires et pour améliorer le sort de la Nation. Sinon ils ne servent à rien. Et l’image qu’ils donnent en s’invectivant ou en en venant presque aux mains est désastreuse et indigne. Les retransmissions télévisées  montrent un spectacle désolant. Contrairement à ce que je recommande je suis d’accord pour une interdiction : que les parlementaires soient interdits dans l’hémicycle de toutes outrances ou insultes ou comportements inappropriés.  La liberté d’expression n’est pas la haine à l’état libre. La démocratie en est affectée.      

lundi 14 novembre 2022

Le devoir d’humanité

 

                                            Le devoir d’humanité

                        Par Christian Fremaux avocat honoraire

La politique est un éternel recommencement et les dossiers qui concernent l’humain se règlent à marche lente voire pas du tout, les évènements décidant. Et je n’évoque pas les guerres qui sont toujours des désastres pour les hommes et les femmes sans oublier les enfants, les conflits internes entre ethnies, groupements et croyants divers. L’homme est une variable d’ajustement et les égos avant les intérêts poussent à l’inconscience. L’utopie est de croire que le mal pourra être éradiqué alors qu’il se présente sous des formes diverses, de l’autoritarisme sinon plus qui gouverne, au climat et à l’économie.  

 Après l’Aquarius en 2016-2018 immobilisé pour des raisons juridiques et politiques bis repetita en méditerranée. Son remplaçant le bateau Océan- Viking d’une ONG a créé la polémique et le gouvernement a pris - à titre exceptionnel- une décision contraire à celle des années passées avec les quasis mêmes arguments en débat : l’émotion face au droit et à la souveraineté. Seuls les imbéciles ne changent pas d’avis. M. G. Collomb ancien ministre de l’intérieur a déclaré que venait de se créer une nouvelle brèche, un précédent. En Manche plus de 140 migrants ont été secourus. Il est facile d’être bon quand on n‘a de comptes à rendre à personne. En culpabilisant les autres forcément des méchants.    

On a entendu un « nouveau » terme : le devoir d’humanité. Je connais les devoirs qui sont indissociables des droits (illimités pour certains) qui s’imposeraient. Mais les uns ne vont pas sans les autres et il n’y a pas une hiérarchie entre les principes. Ils sont au moins à égalité. C’est le père Henri de Lacordaire qui affirmait que la loi affranchit tandis que la liberté (sans bornes) opprime. Platon a écrit Criton ou le devoir après la mort de Socrate. Il s’agit de convaincre Socrate dont la condamnation était injuste de s’évader de prison. Socrate refusa de subir la pression des circonstances, le juste devant être absolu. Il préféra s’en remettre à la loi puis il but la ciguë.

Antigone au nom de sa conscience voulait faire enterrer son frère quoiqu’il ait fait. Créon le roi refusa au nom de la raison d’Etat. Chacun agit selon ce qu’il croit être le meilleur selon ses convictions ou ses responsabilités. L’individu doit s’effacer devant le collectif ou c’est l’inverse. Concilier ce qui est contradictoire aussi en nous- même est l’enjeu majeur. On n’impose pas l’humanité. 

Je ne sais pas exactement ce qu’est l’humanité qui est un concept global mais je m’en doute : aimer tous les autres comme moi-même. Et aider le prochain. Je fréquente une très très infime poignée des quelque 7 ou 8 milliards d’humains sur terre. Mon voisin m’est parfois étranger. Je ne méprise ni les cultures, ni les besoins, ni les malheurs ni les nécessités. Un humain vaut un humain et on ne peut discriminer pour des raisons bassement matérielles ni rejeter ce qu’instinctivement on n’apprécie pas. Mais on ne peut prendre ce qui m’appartient par un partage en force pour n’avoir ni regrets ni remords, et par exemple me priver de mon identité par un mélange d’apports que je n’approuve pas et de ce que mes grands -parents et parents m’ont légué sur le plan des valeurs. Outre mes intérêts car j’ai le devoir de défendre ce que j’ai construit par mes efforts. On disait sacrifices pour les plus anciens des guerres diverses du XX-ème siècle. La nature humaine ne se décrète pas. Depuis Pascal on sait qu’il y a vérité en deçà des Pyrénées et erreur au-delà. Je ne cite pas la lutte des classes qui revient sous des formes dites modernes et les guerres de religion.

 En 1979 le philosophe et académicien français JF. Revel a créé la notion de devoir ou de droit d’ingérence. En 1990 l’ONU a adopté le droit d’ingérence humanitaire par une résolution sur initiative de la France. C’est la possibilité pour des acteurs d’intervenir dans un Etat en cas de violation massive des droits de l’homme. Il allie morale à usage de la force pour des motifs humanitaires. On viole la souveraineté nationale. On se rappelle le bon docteur Kouchner qui, le sac de riz à l’épaule, accueillait les milliers de boat-people. Qui fuyaient le régime communiste.  Devenu ministre des affaires étrangères il n’a rien réglé car s’il ne faut pas entretenir des relations diplomatiques avec les régimes politiques qui ne correspondent pas aux canons et à l’éthique occidentaux, en ignorant les dirigeants corrompus, tyrans journaliers, mégalomanes, on n’a plus de contact avec personne sauf peut -être avec le Vatican, et encore ?  Et les peuples de ces pays qui font partie de l’humanité disparaissent des radars. Mais on doit parler d’Etat à Etat. Le devoir d’humanité est donc à géométrie variable, des causes étant moins égales que d’autres.

La vague venant des pays du soleil dont sont originaires les migrants est devenue tsunami et risque de submerger ceux qui sont à l’abri et plutôt privilégiés. L’absence de soleil sur les lieux tempérés n’apporte pas automatiquement la prospérité et le bonheur. Avec le ventre plein on peut se sentir en même temps malheureux. Faute de considération et d’être admis pour ce qu’on est. La vague peut aussi fracturer l’unité nationale toujours fragile et rendre tout le monde plus ou moins perdant : ceux qui ont l’espoir d’une vie meilleure et ceux qui voudraient consolider ce qui existe malgré ce qui pénalise. Et manque. Ne faisons pas des drames un clivage politique. Encore faut-il que nos excellences qui ont le poids de la collectivité sur leurs frêles épaules et qui oscillent selon le vent populaire pour ne pas avoir de mouvements agités, fassent preuve de courage. La politique migratoire et ses conséquences parfois sécuritaires doit faire l’objet d’un consensus y compris par le référendum et ne peut être un fonds de commerce pour prendre le pouvoir. A nous de légiférer pour retrouver notre souveraineté et convaincre que c’est l’intérêt de la communauté internationale. Donc de l’humanité. C’est un devoir. Je suis innocent de l’exigence des autres.  

 L’union européenne avec une politique ferme et claire qui fixe les règles du jeu et qui doit combattre opiniâtrement les passeurs qui s’enrichissent, pourra peut- être résoudre les difficultés. J’aime l’Italie et je ne voudrai être fâché avec mes amis transalpins. Ni barbares ni fascistes comme l’a dit honteusement M. Mélenchon qui doit aimer les pizzas et les pâtes. 

Le cœur et la raison ne peuvent être dissociés. Entre le blanc et le noir il y a la justice et l’équité. Paul Nizan [1905-1940] a écrit : « nous rejetons toute mythologie humaniste qui parle d’un homme abstrait et néglige les conditions réelles de vie » (pour une nouvelle culture). Le principe de réalité doit triompher.   
   

samedi 12 novembre 2022

La haine à l’état brut

 

                       La haine à l’état brut

                  Par Christian Fremaux avocat honoraire

On vit une époque paradoxale. Il n’y a jamais eu autant de livres et de coaches pour nous révéler à être nous- même et tendre vers le bonheur donc l’absence de conflit, de détestations et de rancœur qui minent la vie. La doxa dominante depuis des années repose sur la moraline, sur l’opinion des donneurs tous azimuts de leçons d’humanité et d’amour, en accusant celui qui ne participe pas à la grand-messe officielle de tous les maux dont celui de sans -cœur, d’égoïste, et de capitaliste attaché aux choses matérielles qui broient l’humain. La France devrait donc vivre dans un état d’euphorie, s’aimer les uns les autres, sans violence, dans la paix et la bonne humeur. Et puisque nous sommes riches nous devons être généreux et ne voir dans l’étranger qu’une chance pour la collectivité. Le siècle sera humanitaire ou pas pour paraphraser Malraux qui parlait de religion. Tel n’est pas le cas.

Pourquoi, qu’avons-nous raté ? Est- ce de notre faute ? Par nous je veux dire moi le citoyen lambda, élevé au lait sous la mère de l’école républicaine, respectueux de la loi même si elle ne me convient pas, pratiquant par l’impôt la solidarité et de temps en temps la charité, étant tolérant mais pas pour tout, étant intégré depuis des générations dans la république en croyant à ses valeurs dont la laïcité et dans la nation. Et en participant aux grands débats qui sont essentiels pour notre identité et notre mode de vie, sans croire à des pseudos vérités révélées seraient- elles scientifiques, ni aux apôtres qui savent tout notamment de ce qui se passera dans des dizaines d’années. De mon petit lopin de terre dans le cimetière anonyme de ma commune rurale de l’Oise je vérifierai et m’exprimerai car le progrès permettra de communiquer de l’au- delà !

En 1995 Mathieu Kassovitz avait produit un film intitulé la haine. L’action se passait dans une banlieue où il y avait de la violence, un manque de respect de tous et pour tout notamment les institutions, et la croyance que certains étaient méprisés et moins égaux que d’autres. Ce fut un choc mais c’était du cinéma. Aujourd’hui la haine est dans la vraie vie et concerne les élites et ceux qui sont selon eux, les damnés de la terre, des persécutés puisqu’on ne les laisse pas s’habiller comme ils /elles veulent, puisqu’on les bride dans leurs croyances et qu’il y a du racisme et de la discrimination structurelles que l’Etat organiserait ! Le wokisme qui sévit dans nos universités et chez les « éveillés » dénonce le patriarcat de l’homme blanc, son attitude post coloniale, son mépris pour les autres notamment les femmes. Mais on ne va pas payer à vie des reproches datés et sans fondement. Je n’y suis pour rien.

De nos jours il faut renoncer à tel projet ou propos s’il dérange ne serait- ce qu’un seul individu ou une minorité. Pour ma part je n’exige ni démission immédiate des orateurs ni qu’ils soient cloués nus aux poteaux de couleurs comme en parlait Arthur Rimbaud quand j’entends des personnalités dépasser les bornes ce qui me perturbe. La liberté d’expression mérite mieux que la mort théorique du pécheur ce qui ne fait pas disparaitre la question posée. Il est préférable d’argumenter et d’expliquer par la raison. Je choisis partialement un exemple concret parmi de nombreux autres journaliers.  On a entendu qu’un très jeune militant et responsable du RN venait de mourir suite à une longue maladie. L’assistant parlementaire d’un député LFI a déclaré qu’il s’en réjouissait, que ledit jeune allait brûler dans les flammes de l’enfer avec les waffen- SS. qui s’y trouvent ! On est confondu par tant de haine et de bêtise. A l’assemblée nationale les débats sont tendus et on s’y apostrophe au lieu de faire des propositions réalistes qui pourraient résoudre partiellement les difficultés ce pourquoi les électeurs défraient les intéressés. Qui ne sont plus des partisans. Jadis on disait je préfère avoir tort avec JP Sartre (de gauche) plutôt que d’avoir raison avec R.Aron (conservateur libéral). La bêtise intellectuelle à front de bœuf persiste. Et je n’ai rien contre les animaux. On se lâche. L’idéologie est mortifère et nous citoyens qui faisons tourner le pays pour produire de la richesse, nous subissons. Et encaissons les vilenies.

 Le climat délétère est produit par ceux / celles (je déteste l’écriture inclusive) qui se croient nos élites et parce qu’ils ont été élus pour nous représenter tous (avec une tenue correcte et non débraillée pour faire peuple) dans l’intérêt général. Ils se croient autorisés par l’immunité du parlementaire à tout dire et à démolir celui /celle qui n’est plus un concurrent-adversaire mais un dangereux ennemi. Sûrement fasciste et raciste. La haine est à tous les niveaux même là où on devrait donner l’exemple. Dans la rue tout peut donc arriver. J’ai du mal à m’y faire et comprendre comment des hommes et des femmes éduquées- on le croit-et héritiers des valeurs républicaines universelles peuvent mépriser l’autre ardemment.

 L’éducation n’est pas la panacée surtout si les religions s’en mêlent. Il faut convaincre que nos valeurs peuvent faire gagner concrètement tout le monde. Tout le reste n’est que bavardage. Des citoyens dégoûtés de ces débats indignes et qui ne font pas avancer le pays ont lâché l’affaire et ne vont plus voter. Je pense qu’il faut faire le contraire puisque nous sommes dans un pays démocratique où le bulletin de vote est une arme. La haine ne peut crier victoire. La force n’aboutit à rien. L’émotion non plus. L’autorité est nécessaire pour remettre de l’ordre dans l’intérêt des libertés et du climat sociétal.

Avec la nouvelle affaire de bateaux de migrants on s’est fait plaisir. Un député RN a été sanctionné car quelle que soit l’interprétation de ses propos on ne dit pas du mal du genre humain à l’assemblée nationale même si le débat de fond est légitime. LFI a surjoué l’indignation. On est toujours pris dans ses contradictions et la patrouille veille. M. Darmanin a mangé son chapeau sur la fermeté pour les migrants, le gouvernement ayant accepté que le navire accoste à Toulon. Le droit international et celui de la mer n’ont servi à rien. Tout ceci dans un climat de violence verbale et de dénonciation de ceux qui n’auraient pas d’empathie. Faut -il rappeler que déjà il y longtemps M. Giscard d’Estaing avait dit à M. Mitterrand : « vous n’avez pas le monopole du cœur ». Rien n’a changé. Sauf dans la formulation. Nos jeunes ambitieux bavasseurs ont moins de vocabulaire et pas le sens de la mesure. Ils manquent de hauteur de vues. La haine devient vigilante et coupeuse de têtes.

La seule religion qui vaille est celle de l’homme. L’humanisme est la solution puisqu’il se préoccupe des personnes quelles que soient leurs couleurs, leurs confessions, leurs valeurs. La nation a besoin de cohérence et de grandeur et d’un destin commun avec des objectifs acceptables par tous. On a crié jadis à bas la calotte. Hurlons à bas la violence et la malveillance. J’ai la haine de la haine sans tomber dans les sentiments lyophilisés qui font pleurer mais ne font ni de la bonne littérature ni une politique efficace. Puisqu’on vient de commémorer le 11 novembre 1918 décrétons l’armistice.