La grève vue par le petit bout de la
lorgnette.
Par Christian Fremaux avocat honoraire
retraité.
Avec le
wokisme tout est suspect et tous sont présumés de mauvaise foi. Il est interdit
de parler de ce qu’on ne vit pas dans sa chair, le racisme, la discrimination,
l’inégalité. On ne peut comprendre et c’est valable pour tout sujet. Etant certainement
un privilégié et n’ayant aucune raison d’être gréviste je devrai me taire pour
suivre les injonctions des élites ouvrières tolérantes ! Mais comme j’ai
un véhicule qui roule au gasoil et qui pour l’instant stagne dans mon garage,
je m’autorise à évoquer le carburant nouveau graal de la consommation, les
minorités, les libertés fondamentales, et l’abus du droit de grève surtout
s’il a d’autres objectifs que la revendication salariale. On immobilise puis on
voit. On doit être dans l’intersectionnalité des luttes, dans la conjonction
des contraires de tous ceux et celles qui se sentent victimes de l’injustice
surtout patronale et de la fin du mois, et pas de la conjoncture globale. Je
voulais faire un A/R rapide dans la journée jusque ma mairie de l’Oise qui
est à 90 kms de paris. N’ayant pas trouvé de liquide adéquat j’ai donc pris une
bicyclette électrique et je suis parti le mercredi. Je suis tombé en panne
sur place et personne n’a pu me conduire à la gare de Beauvais même en
tracteur. Faute de gasoil dédié aux professionnels de l’agriculture ces nantis
de la terre. J’ai pu revenir en stop le dimanche soir. Je suis donc légitime
pour parler de la grève.
L’illustre
Montesquieu qui a organisé la séparation des pouvoirs qui fonde notre état de
droit ne pouvait deviner qu’il y aurait la Cgt avec son pouvoir… de
nuisance. Alexis de Tocqueville au 19ème siècle qui a réfléchi sur le
fonctionnement de la démocratie et ses rapports avec le peuple ne pouvait pas
imaginer que désormais ce sont les moins nombreux qui dominent voire décident.
Que chacun a des droits individuels supérieurs aux devoirs collectifs et que
quelques énergumènes égoïstes se disant l’avancée des citoyens/ travailleurs bloquent
le pays. On a peur de l’hégémonie de la majorité élue. Mais on est passé sous
la coupe d’une minorité non élue démocratiquement. La Cgt longtemps
courroie de transmission du P.C. est devenue celle de L.F.I. qui prône le chaos
social à des fins politiques. Puisqu’il parait que le
travail est une valeur de droite ?
La grève est
un principe constitutionnel garanti par le préambule de la constitution du 27
octobre 1946 et repris dans la constitution de la 5ème république
dans le cadre des lois qui le règlemente. Il n’est pas sans limites. Il
est d’égale valeur avec ceux de la liberté de travailler, de se déplacer,
d’entreprendre et de vivre tranquillement. Pour défendre ses intérêts
catégoriels on ne peut obliger au surplace les membres des Tpe/Pme, artisans, indépendants,
paysans…ou le modeste retraité qui veut bouger, et de percevoir des revenus ou
pensions qui proviennent de leurs efforts actuels ou passés. Tout le monde
n’est pas salarié - protégé par la loi pour les représentants syndicaux - dans
de grandes entreprises bénéficiaires avec primes et intéressement sans compter
les avantages des CSE bien dotés. Les grévistes ne plaident pas par procureur
ni dans l’intérêt général ni pour les autres qui ne leur ont rien demandé. Et
qui connaissent les mêmes difficultés que nos braillards actifs. La grève
préventive s’assimile à un abus de droit si elle désorganise l’entreprise voire
celles qui en dépendent. Elle peut dégénérer en faute. Les juges
apprécient.
On sait que
les syndicats sont peu représentatifs et qu’aux élections professionnelles
moins de 10 % des salariés votent. La Cgt est donc un groupuscule avec la
possibilité inversement proportionnelle à son audience réelle de paralyser le
pays. Il va bien falloir qu’un jour ou l’autre une majorité politique
plus courageuse que d’autres instaure dans les entreprises du secteur privé
vitales ou stratégiques le service minimum qui existe dans le public.
Car on se
moque de la justice. Le tribunal administratif de Rouen statuant en référé
par ordonnance du 13 octobre 2022 a validé les décisions de réquisitions chez
Exxon. Cependant quelques dizaines de grévistes irréductibles ont empêché leurs
camarades de rentrer dans l’usine. A quoi sert que des syndicats plus responsables
- je n’écris pas raisonnables ou réalistes - se décarcassent pour signer des
accords majoritaires s’ils ne sont pas appliqués sans sanctions particulières,
en étant menacés au passage d’être des « sociaux-traitres » ? Le droit peut se prononcer mais quelques
centaines voire moins de salariés Cgt défient des millions de travailleurs.
Est-ce vraiment la démocratie sociale ? On est fatigué de cette tradition
ringarde de la lutte des classes revisitée. Où est le dialogue social d’avant
conflit ?
Personne ne
conteste le droit pour les salariés de se plaindre de l’inflation sur leur
pouvoir d’achat, de s’indigner de l’augmentation massive de la rémunération du
Pdg de Total et de vouloir une meilleure redistribution des bénéfices quand il
y en a. Pour l’énergie en particulier qui sont aussi la conséquence d’évènements
graves de l’extérieur. On ne profite pas d’une guerre, d’un confinement ou
autres tragédies. Y compris l’Etat par ses taxes. Les torts peuvent être
partagés mais la citoyenneté doit se confondre avec les intérêts matériels. On
ne prend pas en otage ceux qui ne peuvent pas régler les problèmes. Inventons un nouveau rapport
social. D’autres pays y ont réussi. Par le petit bout de la lorgnette on
aperçoit des types minuscules qui se prennent pour des majuscules.
Après les
élections générales d’avril et juin 2022 les citoyens se sont exprimés. La
démocratie ne permet pas de remettre en cause quotidiennement les résultats.
Quelques que soient le climat et les efforts pour lutter contre le
réchauffement. Ne mélangeons pas tout. Il ne peut y avoir un autre
tour social ou la chienlit dans la rue. La situation nous impose d’être
soudés, d’être solidaires ce qui ne veut pas dire d’avaler toute mesure. On
doit discuter publiquement. Le parlement sert aussi à cela et les insultes et
menaces sont indignes. Allons sur les hauteurs l’air est plus pur !
Quand M. Martinez ne sera plus à la tête de la
Cgt dans un futur proche il pourrait devenir chef d’entreprise pour vivre
les effets d’une grève. Ou selon un usage républicain s’il existe
toujours ? inspecteur (général ?) d’une administration sociale ou des
fonctions équivalentes avec le traitement (le salaire) des cadres très
supérieurs hors catégories de la fonction publique. Et une bonne retraite. Pour
« services rendus » aux salariés surtout ceux de la Cgt subventionnée
par l’argent du contribuable. Je suis un modeste retraité encore actif et je
lui demande de ne pas m’oublier. Je veux que l’on compense mon inflation par
une hausse conséquente de ce que j’encaisse plus une prime de loisirs car quand
on ne fait rien on dépense beaucoup. Sinon je m’auto-bloque. Merci patron comme
le chantaient jadis les Charlots.