Avec qui voulez-vous cohabiter ?
Par Christian Fremaux avocat
honoraire
Quoiqu'on fasse les récents élus au parlement européen le resteront.
Il est possible que compte tenu de la vague populaire ou populiste selon le
vocabulaire des uns et des autres la politique européenne change et que les
défauts pointés soient corrigés ? Le message envoyé à Bruxelles portait sur
moins de bureaucratie, sur moins d'hégémonie des juridictions qui entravent
notre souveraineté en droit. Mais aussi sur plus de lutte contre l'insécurité
et la délinquance et la maitrise de l'immigration. Sans oublier le renforcement
de nos valeurs républicaines pour conserver notre identité face à l'islamisme.
En quoi ces souhaits réfléchis et pas seulement sous le coup de la colère sont-
ils extrêmes ou indignes ? Perdrons-nous notre âme - ce qui ne veut rien dire
car chacun se détermine selon ses convictions - en voulant conserver ce qui a
fait notre gloire et qui nous sommes ? Et à condition que ce principe spirituel
éthéré se substitue à de la responsabilité concrète ce qui reste à voir !
Parole verbale de politiques perdus sans conséquences.
C'est ce que m'ont dit mes amis de ma campagne rurale, pas
plus ploucs que de prétendues élites urbaines auto -proclamées. Personne n'a le
monopole du vrai et annoncer l'apocalypse est manquer de raison et de mesure
dans une démocratie. Moi ou le chaos n'a pas de sens surtout quand on est pompier
pyromane par la violence et les manifestations interdites et qui dégénèrent
pour tout et rien.
Tous les hommes et femmes politiques professionnels
prétendent qu'eux seuls peuvent redresser le pays et qu'il faut voter pour leur
parti. Cela se discute car ceux et celles qui peuvent vraiment faire quelque
chose ce sont les citoyens. Nous avons
appris à agir et à défendre nos intérêts donc celui de la France malgré la
représentation légale qui donne un spectacle désolant à l'Assemblée nationale.
Et dont certains jettent de l'huile sur le feu.
Le citoyen a compris que l'Etat était devenu impuissant, que les
paradigmes avaient changé et que les générations ne se ressemblaient pas. Quelles
que soient les politiques publiques suivies ou essayées, les pouvoirs n'arrivent
pas à régler les problèmes notamment du niveau de vie et les parlementaires
confondent l'hémicycle avec une cour d'école et la comparaison est faible. Comment respecter ceux et celles qui ont pour
fonctions de défendre l'intérêt général et qui se contentent de faire voter
leurs idées pour conserver leurs sièges ?
La démocratie est en
péril puisque les minorités ou communautés veulent l'emporter et imposer leurs
points de vue. Et que la majorité ne réagit pas suffisamment car il ne faut
faire de la peine à personne. La loi devient à option et doit s'effacer devant
l'émotion. Le gouvernement est sommé de dire oui à la moindre injonction et à
défaut il fait partie des réactionnaires. Seuls les progressistes doivent
porter la lumière. L'ordre public serait devenu fasciste, il n'y aurait qu'un
sentiment d'insécurité, les institutions seraient des obstacles pour exercer
ses libertés personnelles et le travail une exploitation. Les devoirs, la
nation, la collectivité ne sont plus admis aux débats.
On a bien compris le choix pour les législatives. On n’est
ni sourd ni aveugle. Le fort Chabrol de M.
Ciotti qui s'est enfermé dans son bureau est pitoyable. Son exclusion du mouvement
par l'interprétation du bureau politique de la lettre des statuts des républicains
aussi. C'est un peu flottant sur le plan juridique ! C'est une pantalonnade. Le tribunal tranchera peut-être et c'est remettre
un parti politique et une élection aux mains des juges, au droit. Ce qu'on a déjà connu. Dans d'autres
formations aussi où on parle de traîtres, d'illégitimités. Quel apaisement ! On prend l'électeur pour un nul. C'est
réciproque. Comment suivre les recommandations de prétendus leaders qui
agissent seuls à tort ou raison ? Dans une entreprise on est viré pour moins
que cela.
A gauche ce n'est pas mieux. Dans mes bras camarade malgré
les insultes et avoir soutenu un mouvement terroriste en mettant le bazar pour
un ou des conflits extérieurs pour récupérer un électorat. Il n'y a pas de
déshonneur à se renier ! Seule compte la
fin pas les moyens. En y ajoutant un peu de révolutionnaire anticapitaliste qui
renait de ses cendres. Comme si
l'extrême gauche était meilleure et moins dangereuse que l'extrême droite ! On
connait l'Histoire et on se souvient.
Au vu de ce qui se passe depuis des mois voire années et des
résultats électoraux avec les tambouilles politiciennes, personne n'a ni l'aura
ni l'autorité morale pour donner des conseils. Il y aura cohabitation puisque
le président de la République a dit qu'il restait jusqu'à la fin de son mandat.
Sauf ultime coup de théâtre ! Il faut donc
choisir avec qui il va gouverner puisque selon l'article 20 de la Constitution le
gouvernement détermine et conduit la politique de la nation. Ce n'est pas forcément
le leader du groupe majoritaire même si c'est la tradition. Le président peut
choisir telle personnalité.
Il n'y a jamais eu autant de candidats auto -nommés pour le
poste de premier ministre !
Je me déterminerai selon ma conscience. Heureusement pour élire
un député il n'y a pas de scrutin de liste avec d'illustres inconnus mais un
scrutin majoritaire à deux tours. On connait le sortant, ses opinions, ce qu'il
a fait ou va faire pour la circonscription donc pour ma commune et moi. Et s'il
prône la tolérance, le respect, l'union en général. On vote pour un individu de
chair et d'os. Pas pour une idée désincarnée. La nature humaine et l'ambition sont
ce qu'elles sont et expliquent des attitudes curieuses. Si un candidat nouveau
se présente j'étudierai son parcours, son comportement, son programme. Un pur
militant parachuté n'est pas ma tasse de thé. Je voterai pour celui qui sera le
plus compatible avec le président car avec la cohabitation autant avoir un minimum
d'harmonie plutôt qu'une bataille au couteau. Car c'est moi qui subis.
Comme beaucoup je suis fatigué par les invectives, les
exclusions, le bruit et la fureur. La démocratie a besoin de paix. Et que l'on
débatte sereinement et sérieusement des défis qui sont devant nous. L'avenir de
la France nous appartient.