La quadrature du cercle
Par Christian Fremaux avocat honoraire
Gavroche
chantait « je suis tombé par terre c’est la faute à Voltaire, le nez dans le
ruisseau c’est la faute à Rousseau ». On ne sort pas des raisonnements binaires. L’actualité
judiciaire le prouve. Une candidate à la
présidence de la République va-t-elle faire défaut en 2027 ? S’en
remettrait- on ? Un seul être vous manque et le monde est dépeuplé.
Comment concilier
la Justice c’est -à- dire le droit sans privilégiés et la politique c’est- à-
dire le bien pour tous ? Arriverons nous à dépasser nos préjugés pour
sortir d’accusations sans fin. Peut-on aboutir à un gagnant -gagnant et ainsi
avoir une société qui ne s’émeut pas quand la justice se mêle de politique ?
Doutons-nous de nos principes suprêmes, ceux qui sont les piliers de la
République ? Peut- on débattre avec
la raison sans émotion ?
Une société
moderne qui fonctionne harmonieusement c’est comme un triangle qui devrait être
isocèle : en pointe en haut la démocratie, à une base le peuple et à
l’autre la justice. Mais des géomètres ne l’observent pas ainsi.
M. Pierre
Rosanvallon a déclaré au journal Le Monde « que les juges incarnent,
autant que les élus, le principe démocratique de la souveraineté du
peuple ». Quand il était président du conseil constitutionnel M. Fabius
avait fait savoir par avance sauf erreur, que tel référendum sur tel sujet ne
serait pas conforme au texte suprême. Sauf à réformer la constitution.
Si une autorité qui n’est pas dans le camp du
bien s’était ainsi prononcée comme ces deux intellectuels, ça hurlerait dans le
landerneau médiatique. On crierait au coup d’Etat juridique et au gouvernement
des juges outre le déni démocratique ! Et que le peuple est secondaire face à
une élite éclairée ! L’Histoire bégaie.
Je ne peux me comparer avec ces sommités
philosophique et sociologue ou juridique mais comme j’ai une voix/un bulletin
de vote comme eux je m’exprime comme électeur de base, membre du peuple d’en
bas. Je m’autorise à parler de démocratie et des juges. Je ne suis pas d’accord
avec ces personnalités qui réfléchissent subtilement. Le peuple n’a pas besoin
qu’on lui tienne la main dans l’isoloir. Ou que des juges agitent leur couperet
légal. Il est sur le terrain et y a appris la vie. Il subit depuis des années
les politiques publiques versatiles qui ont mené dans le mur sinon à la faillite,
sans oublier les menaces de toute nature. Et on lui dit que c’est sa faute !
Si désormais les juges sont à égalité avec lui voire ses supérieurs, il
désespère. Alors que les décisions sont prises au nom du peuple français
qui est donc le souverain unique. La souveraineté ne se partage pas, comme la
bombe atomique.
Les citoyens
croient trouver en la justice des arbitres impartiaux malgré tout ce qui
se colporte et des bavures conduisant au mur des cons. Et ce seraient les 9000
magistrats de France qui après avoir réussi jeunes un concours difficile, sont
nommés à vie, en gardant leurs convictions et croyances, en ne rendant
quasiment pas de comptes puisqu’ils sont indépendants -les procureurs étant un
peu à part- qui montreraient la voie à suivre à des millions d’électeurs ?
Ou qui par leurs jugements parfaitement légaux en appliquant les lois que les
parlementaires votent, pèseraient même indirectement sur un scrutin public et
ainsi orienteraient ou contrarieraient le vote des citoyens. Ou empêcheraient
telle volonté. La citoyenneté démocratique serait avant tout ou aussi
judiciaire ? J’ai dû comprendre de travers MM. Rosanvallon et Fabius en
croyant qu’il y aurait deux légitimités égales avec un penchant favorable
pour la Justice. Exit les manants.
Il ne s’agit
pas de remettre en cause l’état de droit qui se caractérise par la séparation des
pouvoirs, la hiérarchie des normes donc la constitution et la loi d’abord, et
une justice indépendante. Qui veille sur les libertés fondamentales et les
déclarations des droits. Et des devoirs qui protègent la
collectivité. Souvenons-nous qu’en 1958 la constitution a qualifié la
justice d’autorité judiciaire et non de pouvoir. Mais rien n‘interdit de
muscler le droit pour faire face à ce qu’on n’avait pas prévu dans les années
passées et à la conjoncture mondiale qui change. Au lieu de lois parfois
fumeuses et qui clivent à portée sociétale attaquons nous aux vrais problèmes
quotidiens qui engagent aussi l’avenir. Et ne voulons pas tout règlementer.
Faisons confiance à la conscience des citoyens et des professionnels en fixant
seulement des limites. Ne remettons pas toute question à la sagesse des juges.
En revanche respectons le vote des citoyens qu’il faut convaincre, pas
exclure. L’arc républicain tire des flèches empoisonnées. C’est cela la
démocratie élémentaire. Il appartient ensuite aux élus de faire taire
leurs inimitiés voire plus et certitudes dogmatiques et de trouver des solutions
consensuelles. Les donneurs de leçons n’ont pas la science infuse.
Pour résoudre la quadrature du cercle Il est
peut- être temps de revoir le rôle de la justice qui est essentielle dans un état
de droit. A la condition qu’elle ne se substitue pas au peuple au nom de qui
elle se prononce. Il y a un équilibre difficile à trouver mais on peut le
faire. Pour sortir de nos querelles et que le soupçon n’existe plus. Quand on
touche aux juges, quand on les attaque, quand on les contourne, la démocratie
vacille. Et le peuple en subit les conséquences. Mais il faut aussi que
les magistrats y mettent du leur, qu’ils ne se drapent pas dans leurs robes immaculées
et qu’ils acceptent d’être critiqués. Que leurs responsabilités puissent être
engagées comme pour tout citoyen d’une démocratie. Il n’y a pas de plus
égaux que d’autres.
Les réformes
sont connues et sont dans les tiroirs. Que nos parlementaires -forcément
courageux comme l’aurait écrit Marguerite Duras - aient la hardiesse de voter
une grande réforme urgente. Une fois n’est pas coutume ! On ne peut continuer de s’étriper à chaque
fois qu’un politique est jugé. Et ce n’est pas fini puisqu’on veut laver plus
blanc que blanc. A qui le tour M. propre ? La justice a les yeux bandés mais
porte la balance et le glaive.
Il ne peut y
avoir des juges contre la démocratie ou la démocratie contre les juges. Les
légitimités se complètent et ne se combattent pas. Ce que veut le peuple il
doit l’obtenir. Que cela plaise ou non à des minorités ou à ceux qui pensent
avoir la vérité.
Comment les juges peuvent ils se syndiquer. Je ne comprends pas
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