vendredi 10 décembre 2021

Violence verbale versus violence physique.

 

                      Violence verbale versus violence physique.

                    Par Christian Fremaux avocat honoraire.

 Des gentils jeunes militants s’auto- déclarant pacifistes, anti-fa et anti -racistes détestant M. Zemmour ce qui n’est pas encore interdit, se sont invités à son meeting de Villepinte pour le perturber. Une bagarre a éclaté avec ceux qui étaient venus pour écouter le candidat qu’ils le soutiennent ou veulent s’informer et voir la vedette des médias et de la littérature en chair et en os. Il y a eu de la casse et des blessés légers.  La justice est saisie et la polémique enfle. Le Ministre de la justice devant le Sénat a eu cette parole historique familiale et touchante : « ma grand-mère me disait de commencer par ranger ma chambre avant de ranger la rue ». Autrement dit M. Zemmour est victime de n’avoir pas fait le ménage et de n’avoir pas assuré sa propre sécurité puisqu’il a été agressé et que les spectateurs innocents aussi. On n’a pas entendu des tonnerres d’indignations pour condamner cette attaque en règle à la liberté d’expression. On verra ce que diront nos excellences si le toujours président de la République mais en même temps candidat voit ses meetings chahutés ce que je ne souhaite pas.

On en déduit que le ministre met sur le même plan violence verbale et violence physique et que les propos tenus s’ils sont considérés comme inacceptables et provocateurs sont une excuse absolutoire pour ceux qui agissent. C’est une réflexion de droit et morale que je ne partage pas. Chacun a sa conception subjective de ce qui est mal ou non. La liberté de se rassembler en paix est fondamentale et protégée dans une démocratie car on ne trie pas ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Au nom de quelle légitimité pourrait-on séparer le bon grain de l’ivraie ? Les citoyens sont assez avertis et responsables pour aller où ils veulent et entendre tels propos plutôt que d’autres. Ils ne sont pas dupes et n’ont pas besoin que des exaltés de tout bord souvent sans aucune expérience humaine, professionnelle ou politique les guident et leur désignent où est le bonheur avec la lumière qui l’incarne, en rejetant dans les ténèbres ceux qui ne répondent pas à leur profil.

Notre société est violente c’est un fait que le ministre a rappelé. Dont acte après sa déclaration sur le sentiment d’insécurité. L’exercice du pouvoir est salutaire.  La violence est aussi dans les esprits. Les prétendus éveillés ne veulent pas que certaines personnalités politiques, philosophes ou penseurs voire penseuses interviennent dans des colloques, des conférences, à l’université ou à Sciences-po. pourtant censés former intellectuellement et civiquement ceux et celles qui prétendent vouloir diriger le pays dans l’avenir.  C’est consternant. Le débat d’idées est rabougri et strictement encadré et délimité à ce que des minorités pensent en éliminant tout ce qui les gêne, et contre lequel ils sont les muets du sérail faute d’arguments motivés et objectifs. Ainsi au nom de leur liberté d’être activiste, ils interdisent aux autres d’exister par le coup de poing s’il le faut.

On entretient la confusion pour savoir qui est l’agresseur -qui a pris des baffes et des coups tout en en donnant pour se défendre selon lui - et l’agressé dont on a troublé le meeting et ses militants qui ont le droit de se défendre. Seules les âmes bien nées et charitables tendent l’autre joue quand elles prennent un coup sur l’autre. Pour faire plaisir aux manifestants-par exemple des blacks blocks sinon des brebis sur le sentier du bien- faudrait-il les accueillir avec des roses en les laissant accomplir dans la joie et l’immobilisme leur mission préméditée et organisée : détruire celui ou celle qu’ils n’aiment pas ?

On a connu la violence de la lutte des classes, celle de l’Etat, l’exigence de se lever contre le tyran, la résistance à des totalitarismes ou des génocidaires.  Mais notre démocratie française ne mérite pas cette violence et que l’on place sur un pied d’égalité comme semble le suggérer le ministre, la violence verbale -réelle ou supposée- et la violence physique inacceptable quels qu’en soient les motifs. Un ministre qui a naturellement le droit d’avoir ses opinions et de combattre tel ou tel adversaire politique a le devoir de ne pas jeter de l’huile sur le feu, d’être plus prudent dans ses remarques ou bons mots et « ne devrait pas dire  ça », car sans le vouloir il encourage les moins démocrates à agir et à passer à l’acte pensant qu’ils seront compris sinon excusés car ils œuvrent pour le Bien. Avec les idées au bout des doigts et par la force, cela peut déraper.

Comme avocat de la gendarmerie j’étais partie civile devant la cour d’assises anti-terroriste suite à l’assassinat du Préfet Erignac par le commando corse dont M.Yvan Colonna. Celui-ci était assisté notamment par Eric Dupond-Moretti avocat. L’avocat-ministre sait donc que l’on peut passer rapidement du monde des idées à la violence extrême jusqu’à tuer.

Cette modeste réflexion concerne tous les candidats celui ou celle pour qui on va voter et ceux qu’on ne veut pas. La démocratie est la confrontation verbale par la raison, sans utiliser les méthodes parfois de nervis ou d’haineux que l’on dénonce. Dans un état de droit il faut savoir balayer devant sa porte me disaient mon père et grand -père par ailleurs policiers de profession ceci expliquant peut- être cela. Avant de donner des leçons réfléchissons et choisissons la tolérance  qui permet d’entendre tout y compris ce que l’on rejette, même s’il n’y a pas de libertés pour les ennemis de la liberté comme disaient certainement en Mai 68 les parents des militants pacifistes d’aujourd’hui.  

      

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