Bonne fête Paulette.
Par Christian Fremaux avocat honoraire.
On est dans
une telle grisaille pas seulement climatique avec la plupart des gens énervés,
indignés et en proie à l’émotion nouveau paradigme pour tout qui prend une
ampleur démesurée, sans recul, sans indulgence, sans humour ni respect, que
l’on se demande si ce n’est pas notre fête permanente, avant d’aborder celles
de fin d’année et du 1er janvier 2022 dont on espère beaucoup
parfois pour des raisons opposées. Comme si la terre allait cesser de tourner quel
que soit le ou la candidate élu (e) à notre présidentielle. Il faudra bien
continuer à faire des efforts collectifs et le virus ne disparaitra pas en
étant mort de joie. La situation me rappelle le sketch de Guy Bedos qui
souhaite une bonne fête à sa femme Paulette qu’il déteste. Peut-on rire ou
sourire de tout ce qui est excessif ?
On peut tout
désirer ainsi que son contraire. A 13 ans Victor Hugo déclarait vouloir être
Chateaubriand ou rien. Malgré ses contorsions politiques le poète -
écrivain a réussi. L’âne de Buridan
regardait à distance égale un seau d’eau et un seau d’avoine. Pétrifié
il ne savait que choisir : il est mort de soif et de faim. Le en
même temps peut conduire à l’immobilisme voire au vide surtout si
l’opposition ne propose rien de percutant pouvant rendre confiance aux
électeurs. Des personnalités ont la répartie féroce mais en 2021 on use plus de
violence et d’outrance verbales que d’esprit. G. Clémenceau qui assistait aux
obsèques de Félix Faure (décédé avec « sa connaissance ») a dit à
propos de l’ancien président : « il est retourné au néant,
il a dû se sentir chez lui ». On aimerait rire par nos temps plutôt que
de se désoler et de ne voir que le verre à moitié vide. Comparons-nous
avec la majorité des Etats et des peuples dans le monde à feu et à sang.
Chacun
imagine qu’il détient la vérité et que l’autre est un ennemi qui va
l’empêcher d’exercer ses droits, avec ses libertés individuelles et faire ce
qu’il veut peu important le collectif. On n’évoque jamais la Nation et
pour les plus courageux la France avec les devoirs sauf pour dénoncer le voisin
qui ne les respecte pas. Il faut de temps en temps se regarder dans le miroir
et s’interroger : fais-je bien dans mon intérêt certes mais aussi
dans l’intérêt général ? Gavroche chantait « je suis tombé par terre
c’est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau c’est la faute à Rousseau ».
Voltaire nous manque pour nous apprendre la tolérance. J.J. Rousseau qui
écartait les faits pour raisonner dans l’absolu et a abandonné ses enfants a
écrit l’Emile ou de l’éducation (morale). L’école doit transmettre des
connaissances et la famille se charger de l’éducation, républicaine bien sûr.
Tout est possible.
Malgré les mesures prises pour lutter contre
les inégalités, la société est devenue une lutte d’égoïsmes, d’egos
surdimensionnés, de discriminés réels ou supposés et de victimes y compris les héritiers
de ceux qui ont souffert dans un autre temps avec d’autres valeurs. On ne bâtit
pas un avenir commun en regardant sans arrêt dans le rétroviseur. Une opinion est
parfois un délit et la justice est saisie pour départager les avis, et fixer les
limites de la liberté d’expression. On se plaint des juges mais on leur
demande de régler ce que la loi n’a pas prévu, et d’être le souverain de paix
des soubresauts de la société ou d’être laxistes pour les uns et
trop sévères pour les autres, nos amis. Il faut savoir ce que l’on
veut et le citoyen est souvent versatile et contradictoire avec lui-même. Le
vaccin de l’objectivité et de la raison devrait être obligatoire. On demande
des interdictions de paraitre ou des censures au nom de sa liberté de
protester, de son activisme naturellement de bonne foi décrétée par soi-même et
de son pacifisme dans le camp du bien auto-défini. Ce qui permet de perturber
celui ou ceux que l’on n’aime pas et qui feraient peur aux électeurs qui vont
s’abstenir. Mais les citoyens ne sont
pas dupes, ont l’expérience de la politique et savent ce qu’ils veulent. Les
faux prophètes ne les émeuvent pas. Ce raisonnement s’applique à tous et chacun
a un choix préférentiel et partisan. Ce n’est pas un argument qui permet avec
violence active ou passive de tenter d’éliminer l’autre ce qui est d’ailleurs
contreproductif. Ne fait pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l’on te
fasse (Confucius). C’est le minimum syndical de la démocratie. On ne sait
plus qui est l’agresseur et qui est l’agressé. Comme il ne faut pas
prendre position pour ne froisser personne comme d’habitude on renvoie tous les
intéressés devant le tribunal qui arbitrera.
Le genre
humain est le nouveau vocable à la mode. Autrefois il y avait dans le
débat politique ou non les ennemis présumés de classe et du genre humain, les
méchants. Ils reviennent et n’auraient pas souvenir de ce qui s’est passé le
siècle précédent et les horreurs actuelles. Seule l’élite des éveillés en a
conscience ! Paul Valery voyait dans les ennemis du genre humain la tradition
et le progrès. Je n’aborde pas la théorie du genre pour ne me fâcher avec
personne !
A vouloir
tout concilier et joindre les deux bouts de l’omelette selon l’image culinaire
de nos dirigeants de tout horizon, on risque le grand écart et une élongation.
L’ancien ministre UDR Alexandre Sanguinetti disait pour critiquer Edgar Faure
qu’à force d’avoir un pied dans la majorité et un autre dans l’opposition on
allait manquer de pieds.
Remercions
les militants violents à leur insu de leur plein gré de démontrer que la
république n’a pas besoin des extrêmes et des radicalisés, qu’elle doit être
rassemblée, et que la tolérance ne concerne pas les intolérants croyant détenir
des certitudes, intolérants qui sont d’après eux ceux qui ne pensent pas bien,
et qui ne croient pas comme eux. C’est une confusion totale de réflexion. La
République est toujours un compromis qui s’appuie sur des valeurs avérées et des
principes notamment celui de la laïcité par ces temps à vocation
transcendantale pour certains.
Les Charlots
chantaient « merci patron » en dénonçant les pratiques managériales
de certains chefs d’entreprise. On a progressé en matière de ressources humaines.
Il nous reste à faire mieux dans le débat public qui doit être plus libre, sans
tabous, plus apaisé et avec plus de hauteur tout en étant sérieux pour proposer
des solutions aux citoyens. Mes citations sont anciennes mais sur des pensers
nouveaux faisons des vers antiques comme l’a écrit le poète André Chenier avant
de perdre la tête sous la guillotine.
Bonne fête
de Noël s’il est encore possible de citer Noël sans choquer des
libres penseurs ou des adeptes d’autres croyances et sinon pour tous, joyeux 1er
de l’an qui est neutre et républicain.
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