DE L’ART DE CHANGER D’AVIS.
Par Christian FREMAUX avocat et élu local
Il n’y a que
les imbéciles qui ne changent pas d’avis et il faut se réjouir quand c’est le
cas .Le président HOLLANDE dont l’intelligence et le sens des responsabilités
ne peuvent être mises en doute s’est rangé, par les circonstances du 13
novembre et par la nécessité, à changer de stratégie en matière de sécurité et
à prendre les mesures -en droit notamment - qui s’imposent pour lutter contre
DAECH et toutes les menaces terroristes
de commandos ou individuelles ,face à la situation inédite de français qui
commettent des attentats , « chez eux » ,téléguidés de
l’extérieur, puis se font exploser. Il faut féliciter le RAID, la BRI et toutes
les forces de secours pour leurs interventions très efficaces. Le président de
la république a pioché parmi les 77 propositions du comité présidé par
M.BALLADUR, il y a quelques années,
notamment pour créer un régime civil de l’état de siège, car l’article
36 de la Constitution ne correspond pas vraiment à la situation d’aujourd’hui.
Il a annoncé diverses mesures permettant aux préfets d’agir ; à la justice
d’être performante (elle est très décriée actuellement) ;et pour faire
condamner les candidats djihadistes surtout à leur retour en France, outre des
déchéances de nationalité, des perquisitions de jour comme de nuit, des
assignations à résidence… et un contrôle aux frontières avec le renégociation
des accords de SCHENGEN. On doit donc être satisfaits et ne pas faire la fine
bouche car, comme l’a chanté J.J.GOLDMAN « quand la musique est bonne » ,
avec un orchestre dirigé , sans notes
dissonantes , on danse en rythme, et on peut atteindre une mélodie entrainante
qui est le contraire d’une cacophonie (politique aussi) !Et la musique
militaire, avec la marseillaise, en général galvanisent les foules.
L’opposition républicaine doit être
ravie car ses idées étaient pertinentes (même si elles auraient pu être mises en pratique
avant 2012 malgré la nécessité, en cas de modifications constitutionnelles, de
passer par le congrès et sa majorité des 3/5ème),et il n’y a aucun piège
politique même si je suis un grand naïf : les français échaudés par un
passé récent très peu glorieux en matière de démocratie parlementaire –on
s’invective plutôt que l’on débat- sont suffisamment lucides pour comprendre que le logiciel socialiste
n’était pas formaté pour accepter une
sécurité globale et était construit pour accorder toujours plus de droits aux
individus, minoritaires de préférence. Les notions de devoirs, de responsabilité
collective et individuelle, de
protection de la nation, d’ordre public… ont toujours été plus du vocabulaire
et de la doctrine de la droite républicaine, qui aime aussi les libertés
fondamentales -le « libéralisme » est décrié mais il donne du pouvoir
aux individus et aux entreprises -mais pas au point d’oublier ce qui fonde la
première des libertés : la sécurité. M.MELENCHON fait la tête ce qui semble
être son état permanent, on le voit rarement sourire , et il a estimé qu’il faut lutter d’abord « contre
la panique ». IL doit être élève de M.DE LA PALICE.
M.LAURENT
leader du parti communiste –si si , il en reste au moins un en Europe- a un peu
de mal à exister , on comprend pourquoi ; les verts dispersés
désormais n’ont aucune idée en la matière, même si la maison brûle et est à feu
et à sang littéralement parlant ;le Front national proteste, c’est son
créneau, et dénonce en vrac le laxisme, les migrants et les frontières passoires mais on attend
ses solutions contre le terrorisme, sauf à crier à la patrie en danger-ce qui
est exact- et d’espérer que les élections régionales le rapprocheront du vrai
pouvoir. On attendait l’union ou l’unité nationale, pour un temps bien sûr, car
on sait que la lutte pour le pouvoir en 2017 ne va pas s’arrêter : et l’on
a la zizanie encore un peu feutrée mais qui va reprendre son rythme de croisière
d’ici peu, on peut le prévoir.
Avec ses
ministres notamment de l’intérieur et de la défense -je n’ose pas évoquer Mme
TAUBIRA qui tente de faire bon visage - Le Premier Ministre M.VALLS ne peut
être suspecté de mollesse : on lui reproche son ton véhément, voire
guerrier , les mardi et mercredi à l’assemblée pour répondre aux honorables
parlementaires qui osent poser des questions et le critiquer. Que se passerait-
il s’il était « courtois « et
susurrait d’un ton sucré en réponse aux questions parfaitement légitimes mais souvent
péremptoires, provocantes aussi parfois,
des députés de l’opposition : il passerait pour un chef qui suit
ses troupes et n’a aucune autorité
.C’est d’ailleurs le renvoi d’ascenseur et le jeu de rôle au parlement qui
devient déplacé : avant 2012 les
députés socialistes tiraient au boulet rouge pour tout et rien contre le
gouvernement de M.SARKOZY et refusait toute mesure sécuritaire. Ils ne peuvent
donc se plaindre d’être « mitraillés » aujourd’hui, en parole bien
sûr, sachant que le ridicule ou l’insuffisance n’a jamais tué un parlementaire
ou un ministre. Seul le peuple subit ! Donc un but partout et balle au centre.
Mais on
parle désormais de balles de guerre qui tuent
et de tirs réels, c’est la cruelle nouveauté. L’heure n’est ni aux
palabres mondaines et sémantiques, ni aux polémiques subalternes sur le sexe
des anges et les extrêmes précautions
juridiques (même si comme avocat je suis attentif au respect scrupuleux des
lois et des droits de la défense, ainsi qu’aux libertés) : les terroristes
n’ont pas en main le guide des bonnes manières, les déclarations des droits et
des devoirs de l’homme, et le manuel de l’état de droit. Leurs articles sont
leurs armes, et leurs objectifs la mort,
le pouce baissé comme à ROME où parfois
CESAR accordait dans sa grande bonté
la grâce à celui qui s’était vaillamment battu .Il faut
« profiter » de l’état d’urgence, sans abus et sous le contrôle des
tribunaux, et sans discrimination ou a apriorisme, pour nettoyer les écuries d’AUGIAS, pour réinvestir les territoires et les cités où
les forces de l’ordre étaient persona non grata ; pour restaurer ou
renforcer l’autorité dans tous les domaines (éducation nationale compris) de la
cave au grenier ; pour mettre la maison en ordre et la placer au centre du
village (selon une image de rugbyman).Et laisser services de renseignement,
policiers et gendarmes, forces spéciales, douaniers aussi faire leur travail,
en prenant des risques personnels ne l’oublions jamais, remarquables dans le
cas présent. Sans oublier nos militaires sur notre territoire ou en opérations
extérieures. Lorsque tout l’environnement politique, social, économique
,culturel ,administratif ,judiciaire est à sa place , avec des pouvoirs définis
et respectés, chacun sait qu’il doit se couler dans le
« moule » même plastique et que les revendications
personnelles, égoïstes, qui ne renforcent pas la cohésion nationale et le vivre-ensemble, ne seront ni comprises
ni satisfaites. Il faut transformer les esprits, toujours dans notre diversité
et nos modes de pensée qui sont les piliers de la République, pour repartir
encore plus fort, pour rebondir après tout ce malheur, ces morts et blessés
innocents ,et nous reconstruire. Les terroristes ne peuvent pas gagner la
bataille des idées, des valeurs républicaines,
et détruire la France qui vient de très loin avec ses traditions
religieuses et sa laïcité , et qui en a vu d’autres .Notre histoire balaiera
celle que les terroristes essaient d’écrire sur le sable où ils vivent et qui
s’effrite tous les jours car on ne peut y construire du solide et il n’y a pas
assez d’eau pour faire croitre de l’espérance. La défaite des terroristes est
inscrite dans leurs gênes car ils n’ont pas le sang de la vie et d’idéaux sur terre : sauf qu’il faut être patient
et optimiste.
On entend
ici et là des penseurs, des magistrats (du syndicat de la magistrature) et
quelques politiques isolés qui s’inquiètent des trois mois d’état d’urgence,
période qu’ils trouvent ..longue. Ils pensent que l’exception peut
devenir permanente et que nos libertés peuvent être définitivement altérées au
prétexte de l’exigence de sécurité et pour satisfaire l’instinct grégaire d’un
besoin de bouclier des français. Ces cassandres grincheux que je taxe de bonne
foi a priori, sont doux à entendre car on aime se faire peur et avoir raison avant tout le monde, mais
qu’ils chantent faux. Les terroristes n’ont que faire de nos discussions
parfois byzantines et ils doivent s’enorgueillir de leurs exploits criminels à
Paris même si les « frères » kamikazes ont été tués par le RAID et la
BRI : quelle est la valeur d’un terroriste aux yeux d’autres
terroristes ? Elle est nulle puisque la mort est pour eux, une récompense.
Les
terroristes ne changent jamais d’avis puisque ils sont imperméables à la
raison. Il faut tuer et j’ajoute, comme DUPONT et DUPOND, il faut tuer encore et toujours de façon la plus visible possible
et dans la fureur.
M.PASQUA
ministre de l’intérieur voulait « terroriser les terroristes ».On
s’est moqué à l’époque de sa formule
mais il avait raison. Il s’agit d’un combat asymétrique, de lutter forces (légales et morales) contre
forces (autocratiques et impures).Mais on n’a pas le choix car il n’y a rien à
négocier et nous ne sommes pas les agresseurs. M.HOLLANDE a changé d’avis, tant
mieux. Il est désormais convaincu qu’il faut construire un Etat plus
sécuritaire, c’est –à-dire recentré sur ses missions régaliennes et protecteur ce qui ne veut pas dire tout
répressif et liberticide. Les français ont suffisamment la fibre politique et
d’expérience pour faire la part des choses et ils se rappellent la terreur
révolutionnaire, nos batailles fraternelles de l’histoire, et nos guerres de
religion, les années 1930, la
résistance aux nazis, et plus près de nous les évènements ou la «
guerre » d’Algérie. Ils ont déjà donné
et savent jusqu’où il ne faut pas aller trop loin. Pour l’instant ils
acceptent ce qui leur est proposé et ils
vont juger.
M.HOLLANDE a
donc changé .On ne peut que le féliciter et être rassurés. Pourvu que « ça
dure » comme disait la mère de NAPOLEON. Et que les républicains (le parti
de M.SARKOZY) ne fassent pas la tête. Si on leur a « piqué « leurs
idées, c’est qu’elles étaient bonnes. Qu’ils continuent à faire des
propositions innovantes aussi dans le
domaine économique, social, culturel, judiciaire (quelle est le rôle de la
justice dans nos institutions : pouvoir ? et non simple autorité, et
avec quelles garanties, et légitimité plus responsabilités, ou non), militaire… avec quel budget qui ne subira pas les
foudres de BRUXELLES… et les portes du succès s’ouvriront, si les français le
veulent.
Paris le 19 novembre 2015
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