jeudi 19 novembre 2015

DE L'ART DE CHANGER D'AVIS



DE L’ART DE CHANGER D’AVIS.

Par Christian FREMAUX avocat et élu local


Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis et il faut se réjouir quand c’est le cas .Le président HOLLANDE dont l’intelligence et le sens des responsabilités ne peuvent être mises en doute s’est rangé, par les circonstances du 13 novembre et par la nécessité, à changer de stratégie en matière de sécurité et à prendre les mesures -en droit notamment - qui s’imposent pour lutter contre DAECH  et toutes les menaces terroristes de commandos ou individuelles ,face à la situation inédite de français qui commettent des attentats , « chez eux » ,téléguidés de l’extérieur, puis se font exploser. Il faut féliciter le RAID, la BRI et toutes les forces de secours pour leurs interventions très efficaces. Le président de la république a pioché parmi les 77 propositions du comité présidé par M.BALLADUR, il y a quelques années,  notamment pour créer un régime civil de l’état de siège, car l’article 36 de la Constitution ne correspond pas vraiment à la situation d’aujourd’hui. Il a annoncé diverses mesures permettant aux préfets d’agir ; à la justice d’être performante (elle est très décriée actuellement) ;et pour faire condamner les candidats djihadistes surtout à leur retour en France, outre des déchéances de nationalité, des perquisitions de jour comme de nuit, des assignations à résidence… et un contrôle aux frontières avec le renégociation des accords de SCHENGEN. On doit donc être satisfaits et ne pas faire la fine bouche car, comme l’a chanté J.J.GOLDMAN « quand la musique est bonne » , avec un orchestre dirigé ,  sans notes dissonantes , on danse en rythme, et on peut atteindre une mélodie entrainante qui est le contraire d’une cacophonie (politique aussi) !Et la musique militaire, avec la marseillaise, en général galvanisent les foules. L’opposition  républicaine doit être ravie  car ses idées étaient pertinentes  (même si elles auraient pu être mises en pratique avant 2012 malgré la nécessité, en cas de modifications constitutionnelles, de passer par le congrès et sa majorité des 3/5ème),et il n’y a aucun piège politique même si je suis un grand naïf : les français échaudés par un passé récent très peu glorieux en matière de démocratie parlementaire –on s’invective plutôt que l’on débat- sont suffisamment lucides  pour comprendre que le logiciel socialiste n’était pas formaté  pour accepter une sécurité globale et était construit pour accorder toujours plus de droits aux individus, minoritaires de préférence. Les notions de devoirs, de responsabilité collective et individuelle,   de protection de la nation, d’ordre public… ont toujours été plus du vocabulaire et de la doctrine de la droite républicaine, qui aime aussi les libertés fondamentales -le « libéralisme » est décrié mais il donne du pouvoir aux individus et aux entreprises -mais pas au point d’oublier ce qui fonde la première des libertés : la sécurité. M.MELENCHON fait la tête ce qui semble être son état permanent, on le voit rarement sourire , et il a estimé  qu’il faut lutter d’abord « contre la panique ». IL doit être élève de M.DE LA PALICE.
M.LAURENT leader du parti communiste –si si , il en reste au moins un en Europe- a un peu de mal à exister , on comprend pourquoi ; les verts dispersés désormais n’ont aucune idée en la matière, même si la maison brûle et est à feu et à sang littéralement parlant ;le Front national proteste, c’est son créneau, et dénonce en vrac le laxisme, les migrants  et les frontières passoires mais on attend ses solutions contre le terrorisme, sauf à crier à la patrie en danger-ce qui est exact- et d’espérer que les élections régionales le rapprocheront du vrai pouvoir. On attendait l’union ou l’unité nationale, pour un temps bien sûr, car on sait que la lutte pour le pouvoir en 2017 ne va pas s’arrêter : et l’on a la zizanie encore un peu feutrée mais qui va reprendre son rythme de croisière d’ici peu, on peut le prévoir.
Avec ses ministres notamment de l’intérieur et de la défense -je n’ose pas évoquer Mme TAUBIRA qui tente de faire bon visage - Le Premier Ministre M.VALLS ne peut être suspecté de mollesse : on lui reproche son ton véhément, voire guerrier , les mardi et mercredi à l’assemblée pour répondre aux honorables parlementaires qui osent poser des questions et le critiquer. Que se passerait- il  s’il était « courtois « et susurrait d’un ton sucré en réponse aux questions  parfaitement légitimes mais souvent péremptoires, provocantes aussi parfois,  des députés de l’opposition : il passerait pour un chef qui suit ses troupes  et n’a aucune autorité .C’est d’ailleurs le renvoi d’ascenseur et le jeu de rôle au parlement qui devient déplacé : avant 2012  les députés socialistes tiraient au boulet rouge pour tout et rien contre le gouvernement de M.SARKOZY et refusait toute mesure sécuritaire. Ils ne peuvent donc se plaindre d’être « mitraillés » aujourd’hui, en parole bien sûr, sachant que le ridicule ou l’insuffisance n’a jamais tué un parlementaire ou un ministre. Seul le peuple subit ! Donc  un but partout et balle au centre.
Mais on parle désormais de balles de guerre qui tuent  et de tirs réels, c’est la cruelle nouveauté. L’heure n’est ni aux palabres mondaines et sémantiques, ni aux polémiques subalternes sur le sexe des anges  et les extrêmes précautions juridiques (même si comme avocat je suis attentif au respect scrupuleux des lois et des droits de la défense, ainsi qu’aux libertés) : les terroristes n’ont pas en main le guide des bonnes manières, les déclarations des droits et des devoirs de l’homme, et le manuel de l’état de droit. Leurs articles sont leurs armes,   et leurs objectifs la mort, le pouce baissé comme à ROME où parfois  CESAR accordait dans sa grande bonté  la grâce à celui qui s’était vaillamment battu .Il faut « profiter » de l’état d’urgence, sans abus et sous le contrôle des tribunaux, et sans discrimination ou a apriorisme,  pour nettoyer les écuries d’AUGIAS, pour  réinvestir les territoires et les cités où les forces de l’ordre étaient persona non grata ; pour restaurer ou renforcer l’autorité dans tous les domaines (éducation nationale compris) de la cave au grenier ; pour mettre la maison en ordre et la placer au centre du village (selon une image de rugbyman).Et laisser services de renseignement, policiers et gendarmes, forces spéciales, douaniers aussi faire leur travail, en prenant des risques personnels ne l’oublions jamais, remarquables dans le cas présent. Sans oublier nos militaires sur notre territoire ou en opérations extérieures. Lorsque tout l’environnement politique, social, économique ,culturel ,administratif ,judiciaire est à sa place , avec des pouvoirs définis et respectés, chacun sait qu’il doit se couler dans le « moule »   même plastique et que les revendications personnelles, égoïstes, qui ne renforcent pas la cohésion nationale  et le vivre-ensemble, ne seront ni comprises ni satisfaites. Il faut transformer les esprits, toujours dans notre diversité et nos modes de pensée qui sont les piliers de la République, pour repartir encore plus fort, pour rebondir après tout ce malheur, ces morts et blessés innocents ,et nous reconstruire. Les terroristes ne peuvent pas gagner la bataille des idées, des valeurs républicaines,  et détruire la France qui vient de très loin avec ses traditions religieuses et sa laïcité , et qui en a vu d’autres .Notre histoire balaiera celle que les terroristes essaient d’écrire sur le sable où ils vivent et qui s’effrite tous les jours car on ne peut y construire du solide et il n’y a pas assez d’eau pour faire croitre de l’espérance. La défaite des terroristes est inscrite dans leurs gênes car ils n’ont pas le sang de la vie et d’idéaux  sur terre : sauf qu’il faut être patient et optimiste.
On entend ici et là des penseurs, des magistrats (du syndicat de la magistrature) et quelques politiques isolés qui s’inquiètent des trois mois d’état d’urgence, période qu’ils trouvent ..longue.  Ils pensent que l’exception peut devenir permanente et que nos libertés peuvent être définitivement altérées au prétexte de l’exigence de sécurité et pour satisfaire l’instinct grégaire d’un besoin de bouclier des français. Ces cassandres grincheux que je taxe de bonne foi a priori, sont doux à entendre car on aime se faire peur  et avoir raison avant tout le monde, mais qu’ils chantent faux. Les terroristes n’ont que faire de nos discussions parfois byzantines et ils doivent s’enorgueillir de leurs exploits criminels à Paris même si les « frères » kamikazes ont été tués par le RAID et la BRI : quelle est la valeur d’un terroriste aux yeux d’autres terroristes ? Elle est nulle puisque la mort est pour eux, une récompense.
Les terroristes ne changent jamais d’avis puisque ils sont imperméables à la raison. Il faut tuer et j’ajoute, comme DUPONT et DUPOND, il faut tuer encore  et toujours de façon la plus visible possible et dans la fureur.
M.PASQUA ministre de l’intérieur voulait « terroriser les terroristes ».On s’est moqué à l’époque de sa formule  mais il avait raison. Il s’agit d’un combat asymétrique,  de lutter forces (légales et morales) contre forces (autocratiques et impures).Mais on n’a pas le choix car il n’y a rien à négocier et nous ne sommes pas les agresseurs. M.HOLLANDE a changé d’avis, tant mieux. Il est désormais convaincu qu’il faut construire un Etat plus sécuritaire, c’est –à-dire recentré sur ses missions régaliennes  et protecteur ce qui ne veut pas dire tout répressif et liberticide. Les français ont suffisamment la fibre politique et d’expérience pour faire la part des choses et ils se rappellent la terreur révolutionnaire, nos batailles fraternelles de l’histoire, et nos guerres de religion,   les années 1930, la résistance aux nazis, et plus près de nous les évènements ou la «  guerre » d’Algérie. Ils ont déjà donné  et savent jusqu’où il ne faut pas aller trop loin. Pour l’instant ils acceptent  ce qui leur est proposé et ils vont juger.
M.HOLLANDE a donc changé .On ne peut que le féliciter et être rassurés. Pourvu que « ça dure » comme disait la mère de NAPOLEON. Et que les républicains (le parti de M.SARKOZY) ne fassent pas la tête. Si on leur a « piqué « leurs idées, c’est qu’elles étaient bonnes. Qu’ils continuent à faire des propositions  innovantes aussi dans le domaine économique, social, culturel, judiciaire (quelle est le rôle de la justice dans nos institutions : pouvoir ? et non simple autorité, et avec quelles garanties, et légitimité plus responsabilités,  ou non), militaire…  avec quel budget qui ne subira pas les foudres de BRUXELLES… et les portes du succès s’ouvriront, si les français le veulent.

                                                                                           Paris le 19 novembre 2015

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