L’ère des co-.
Par Christian Fremaux avocat
honoraire.
On a pris
l’habitude de vivre avec des co-. sans oublier le fameux .co-m qui se perd dans
la co-mmunication. On ne cesse de parler
de co-location pour le logement des jeunes ; de co-voiturage pour limiter
la pollution ; de co-working pour l’organisation du travail ; de
co-mmunautés pour dénoncer le séparatisme ; de co-production de sécurité
en matière de délinquance ; de co-existence de cultures, d’identités ;
de co-développement avec les pays qui en ont besoin… Chacun ajoutera son propre
co-.
Les sondages
nous disent que la France s’est droitisée, mais qu’en même temps M. Macron qui
n’est ni de droite ni de gauche ni d’ailleurs a de grandes chances d’être
réélu. Attendons cependant le sondage réel à savoir le verdict des urnes en
milieu avril 2022, le 1er avril et ses blagues étant passé. En
matière politique va-t-on vers la co-habitation avec un président de la
république de nulle part qui devrait composer avec une majorité parlementaire
qui n’est pas la sienne ? Ce serait co-casse.
Les français
vont choisir car ils ne se laissent pas abuser par les belles déclarations des
candidats avérés ou virtuels à ce jour et ils ont de l’expérience en matière de
combinaisons et de la mémoire. Ceux que je rencontre car je ne parle pas au nom
du peuple comme prétendent le faire certaines élites auto-proclamées, sont fatigués
des polémiques, de la violence, des indignations permanentes, et ils ont perdu
confiance dans les décideurs publics. Ils ne se laisseront pas impressionner
par tous ceux qui veulent leur donner mauvaise conscience avec le wokisme
venant des universités américaines, le féminisme outrancier, la repentance pour
tout et rien à propos de l’histoire de la France, avec le prétendu progrès au
bénéfice de toutes petites minorités alors que les problèmes de fond qui
intéressent la majorité des citoyens ne sont pas réglés. Dans leur vie de tous les jours ils se
confrontent à du concret, à leurs budgets, à leur environnement, à leur
travail, à leur famille : on est loin des donneurs de leçons. Ils veulent une nation apaisée, pas en
burn-out et énervée, et être en tranquillité avec leurs traditions et art de
vivre.
La
cohabitation désigne la fréquentation institutionnelle entre le chef de l’Etat
et un chef de gouvernement issu de la majorité parlementaire et qui sont
antagonistes dans les idées, dans les projets, dans la pratique du pouvoir.
Cela peut conduire à des blocages. On se rappelle du duo François
Mitterrand-Jacques Chirac. La Constitution de la Vème République permet de
partager le pouvoir exécutif par ses articles 5, 20 et 21. Des spécialistes estiment
que c’était alors le septennat, et que puisque désormais nous sommes en
quinquennat une co-habitation n’est pas envisageable car les électeurs ont
toujours donné une majorité parlementaire au président de la république élu. On
a cependant connu des majorités faibles ou frondeuses dont une récente qui a
empêché un président de se représenter. Et si les pronostics étaient déjoués
puisqu’en politique il ne faut rien exclure, les ambitions des uns ne s’opposant
pas à des revirements sur l’aile des autres, dans l’intérêt général cela va de
soi ?
Il se dit
dans les cercles autorisés dont je ne fais pas partie, que les français ne seraient pas hostiles à
un gouvernement d’unité nationale en prenant les meilleurs dans chaque camp,
pour mettre en œuvre enfin les réformes
tant annoncées comme rétablir l’autorité et l’ordre avec une justice qui joue
son rôle et prendre les mesures qui s’imposent dans le domaine économique et
social dont celui de la fin du mois - il y a déjà des multitudes de rapports
qui pointent ce qu’il faut faire - et lutter contre toutes les menaces internes
comme extérieures, y compris climatiques, en rappelant les devoirs de chacun
au- delà de ses droits individuels et des libertés publiques qui ne peuvent
être infinies. Assez de choix binaire et de devoir dire oui ou non, le citoyen
qui paie ses impôts réfléchit aussi. Il se co-ncerte avec lui-même.
La pratique de l’exercice du pouvoir avec le
quinquennat a changé : nous sommes dans un régime semi-présidentiel avec
l’élection du Président de la République au suffrage universel. Jupiter décide
de tout, son gouvernement suit, et les parlementaires approuvent. Que fait- on
si on s’est trompé par idéologie ou mauvaise analyse et si le peuple n’est
pas d’accord : faut-il attendre 5 ans, ou un éventuel référendum, ou
le combat dans la rue pour faire pression ?
Il n’est
donc pas impossible que le peuple plus intelligent que toutes les élites réunies
décide de ne pas mettre ses œufs dans le même panier et qu’après avoir élu un président
de la république qui incarnerait telle tendance politique, il lui adjoigne
des responsables d’une autre tendance pour trouver un équilibre et forcer l’exécutif
à l’entendre en prenant les décisions qu’il attend. Le peuple
souverain retrouverait un ordre naturel : il choisit et il commande,
et ils exécutent ? Fantaisie, mais
pourquoi pas ? Quand j’énonce cette hypothèse auprès de dirigeants au
pouvoir que je rencontre, ils restent souvent cois. Cela pourrait aussi advenir
constitutionnellement parlant en cas de dissolution de l’assemblée nationale (que
l’on a connue dans le passé) ou un empêchement du président de la république (ce
que je ne souhaite pas mais qui a existé). Ce serait une première sous le
quinquennat donc très moderne en matière de régime représentatif et
participatif ! L’union fait la force chacun en a co-nscience. (Avec cet article
on voit l’absurdité de l’écriture inclusive en outre dévoyée).
Il y aurait
ainsi co-opération et co-résultats. On ne pourrait que s’en réjouir et pousser
le cri de joie du coq français vainqueur : co-corico.