lundi 27 septembre 2021

On veut comprendre les politiques.

 

                On veut comprendre les politiques.

               Par Christian Fremaux avocat honoraire

N’est-ce pas le nœud gordien à trancher pour que les choix soient positifs, que l’abstention s’abstienne, et que le-la futur.e élu.e  présidentiel.le le soit sans  ambiguïté ? Car on s’aperçoit qu’à peine proclamé dans l’enthousiasme de ceux qui ont voté pour lui le président est contesté, et ce qu’il devait réformer n’est plus accepté voire vivement combattu dans la rue ! Y a-t-il eu maldonne ? Qui n’a pas été clair : le candidat qui est resté flou en faisant le grand écart pour plaire au plus grand nombre ? Ou les citoyens qui n’ont retenu que ce qui les arrangeait et n’ont pas tout compris des déclarations pompeuses ou des promesses subtiles ? Surtout quand il y a des crises violentes, sanitaire, économique et sociale ou autre avec des menaces qui ont tout bouleversé, des changements de valeurs, des exigences de droits nouveaux, et que la stabilité du fameux slogan fourre-tout du vivre-ensemble est un souvenir du passé. Le progrès est mis à toutes les sauces et le cuisinier en chef ne sait plus quelles recettes choisir.

Il y a manifestement un problème d’audition et de compréhension de nos hommes-femmes politiques qui sont très nombreux à vouloir faire notre bonheur. Ceux et celles qui seront rescapé.es des primaires, congrès, désignation ad hoc ou autre système de sélection par quelques milliers de militants, devront expliquer leurs programmes fruits  de négociations, de compromis, d’abandons divers, d’incohérences globales dissimulées en projets progressistes ,mélangeant la croissance et la déconstruction, l’amour de tous en désignant des méchants, des profiteurs qui s’enrichissent sur le dos des pauvres …On s’y attend mais on commence à  être fatigués  des anathèmes et injures ou exclusions dans notre bel état de droit et sa liberté d’expression à géométrie variable. On voudrait que les promesses se concrétisent rapidement en actes, que l’on fasse moins de diagnostics discutables, et que l’on dise comment on va faire, avec qui, selon quels coûts car on ne rase pas gratis, et comment on va souder la Nation dans sa diversité et ses croyances parfois antinomiques en lui donnant un destin, des objectifs et des valeurs communes. La République ne peut tout régler. On veut comprendre et ne pas être déçus. Encore faut-il parler de la même chose.  

J’illustre mon propos par des exemples concrets de l’actualité pour montrer qu’on n’arrive même pas à se mettre d’accord sur le vocabulaire et sur les faits. Ainsi dans un débat télévisé avec le vieux briscard politique professionnel J.L. Mélenchon celui-ci a admis s’être souvent trompé, mais a déclaré qu’il avait changé donc on pouvait le suivre désormais. Il est pour la créolisation de la société au sens du poète Edouard Glissant qui la définit comme la mise en contact de plusieurs éléments de culture sur un même endroit ce qui permet la cohésion sociale. Je ne sais pas si un poète peut trouver sa place dans le débat en cours mais la poésie ne nuit jamais. J’ai appris ce qu’était la créolisation, merci. C’est un fait. M. Mélenchon se dit optimiste. Son contradicteur était M. Zemmour vrai -faux candidat à la présidence de la république, avec ses références (parfois datées : qui connait bien Jacques Bainville ? je suis allé le lire, merci), confirmant fortement ce qu’on nomme comme des obsessions surtout sur l’identité qu’il ne confond pas avec la créolisation, et ses certitudes sur le déclin et un avenir incertain qui sont peut- être fondées ? M.Zemmour pense ne pas être pessimiste mais réaliste. Les mots sont donc essentiels.

 Il y avait en direct par des journalistes un contrôle des chiffres avancés par l’un et l’autre et vérifications d’éventuelles fake-news. Comment l’électeur peut- il s’y retrouver ?  Il aurait été plus rapide d’injecter aux débatteurs un sérum de vérité avant l’émission et comme je suis ancien cela m’a rappelé ce que disait M. Georges Marchais illustre secrétaire général du parti communiste au journaliste qui l’interviewait : « ce n’est peut- être pas votre question mais c’est ma réponse » ! On avait ri, mais jaune pour beaucoup d’électeurs.

Le débat continua sur la déclaration des droits de l’homme base de notre état de droit et de nos valeurs républicaines que l’on croit toujours universalistes, que chacun revendique pour en tirer des conséquences contraires. M. Mélenchon se dit républicain de 1789 et que les droits de l’homme s’adaptent en 2021-22 à tout, que l’on peut les appliquer en les étendant quasiment à l’infini. C’est un fait. M. Zemmour qui ne s’estime pas moins républicain pense que les droits de l’homme-sans les devoirs- ne peuvent pas tout résoudre. Il dénonce le gouvernement des juges qui s’immiscent dans le pouvoir exécutif ou pour les européens dans notre souveraineté, et que l’identité nationale ne permet pas de donner des droits à n’importe qui. C’est le même fait. On part du même texte.

Même réflexion avec le sentiment d’insécurité ou l’existence de violences réelles et dangers ou trafics divers ; et la justice laxiste ou non… Chacun a ses exemples et interprète les faits.    

J’espère que nous allons sortir de la confusion et de l’ambigüité. Les candidats devront parler vrai, et s’appuyer sur des faits avérés et non expliqués par l’idéologie ou vus par des lunettes déformantes pour faire plaisir à telle ou telle partie de l’électorat.

« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément » a écrit Boileau.  Si l’on veut éviter encore plus de maux que ceux qui seront vilipendés dans la campagne présidentielle, il faut que nos présumés très intelligents politiques à qui on reproche d’être loin du terrain se mettent à la portée de leurs électeurs pour certes élever le débat mais surtout pour que les citoyens comprennent les enjeux, et décident en toute connaissance de cause. Car si on choisit le mauvais candidat on en prend au moins pour 5 ans ce qui est long surtout quand on est innocent.  C’est plus facile à écrire qu’à faire car une campagne politique est souvent réductrice, quelque peu éthérée dans les positions, et parfois de qualité médiocre sinon démagogique. Le peuple n’est responsable de rien, il subit et suit les chemins qu’on lui demande d’emprunter mais qui parfois mènent à une impasse.

Les citoyens veulent comprendre les candidats. Ceux-ci veulent être compris des électeurs. Ces derniers trouveront d’autant plus facilement l’urne pour voter qu’ils seront certains de faire le bon choix en ayant approuvé par raison ce qu’on leur proposait clairement sans émotion sur-jouée qui recouvre tout.  La confiance doit donc être réciproque.

     

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire