mardi 1 octobre 2024

Sortons du déni

 

                                                   Sortons du déni

                     Par Christian Fremaux avocat honoraire

 C’est dire si j’en ai connu des personnalités qui voulaient changer notre vie et qui rasaient gratis. Je suis dans le milieu politique local et par capillarité nationale depuis 1971 lorsqu’à 22 ans et quelques mois j’ai été élu dans ma commune rurale de l’Oise. Place aux jeunes disais-je ce qui n’est pas une garantie de réussite je le constate des décennies plus tard ! Mon député était le grand Marcel Dassault. Pendant des années j’ai donc connu les différents partis au pouvoir. Avec leurs promesses. J’ai fréquenté des ministres de l’Intérieur de droite blanchis par le terrain comme de gauche qui étaient fermes et respectueux des droits personnels et de ceux de la collectivité. Ce n’est pas incompatible.

J’ai participé dans la limite de mes modestes compétences d’avocat depuis 1974 aux actions de ministres de la Justice qui ont eu une conscience solide, se souciaient par fonctions constitutionnelles des libertés publiques et étaient fiers de ce supplément d’âme qu’ils s’accordent car il est toujours préférable de se grandir soi-même. Ils voyaient de haut et tardivement. Ils enrobaient aussi un minimum de mesures qu’on ne peut différer mais qui fâchent dans l’enveloppe des droits de l’Homme et des principes universels. L’émotion d’abord. Pourtant l’Homme est comme Janus avec une face sombre, quels que soient les efforts que la nation fait pour lui. Ce n’est jamais assez. 

Personne n’a le monopole du bien, de l’efficacité et l’ouverture aux autres. Mais on a le droit de penser aussi à soi, à son entourage. Des gens aveuglés à notre époque pensent que la droite moderne et républicaine est fasciste et raciste, égoïste et violente et en veut au genre humain. Notamment aux pauvres, aux étrangers et aux délinquants victimes d’eux- mêmes et de leurs démons dont la drogue ou le refus instinctif de l’obéissance, ou de la société qu’ils détestent ou de pulsions qu’ils ne maitrisent pas. Qu’il faut donc comprendre voire minimiser. Le mort ou la morte sont la conséquence d’un malheureux concours de circonstances. Cette fatalité est une posture intolérable.

On n’a pas à opposer le ministre de l’Intérieur et celui de la Justice qui sont complémentaires. Ce sont des citoyens, de simples êtres humains qui font le même constat et ont une fibre semblable. Ils divergent sur les solutions, c’est tout. C’est plus facile d’être d’accord quand dans le cadre du scrutin majoritaire il y a un groupe incontestable qui permet des gouvernements homogènes au moins dans la philosophie car on ne peut empêcher des individus de vouloir se distinguer. La politique politicienne conduit dans le mur et on est pressé de sortir du marasme et des drames.  Les piques perpétuelles et les contestations à fleurets mouchetés fatiguent. Le débat faits divers versus faits de société est débile. La cible abattue n’en a cure !

 Pour paraphraser le philosophe Jean-Paul Sartre qui s’est beaucoup trompé sur le plan politique et dont l’environnement social et de la lutte des classes est dépassé il ne faut pas désespérer Boulogne c’est- à-dire les forces de l ’ordre qui font leur travail dans l’urgence et le concret, ont des résultats, prennent le risque de se faire tuer ou blesser et veillent à notre tranquillité quotidienne. En attendant que les jugés coupables soient punis vraiment et qu’ils ne viennent pas les narguer ou récidivent. J’ai toujours préféré les gendarmes aux délinquants.  L’actualité criminelle permanente fait peur. Ce n’est pas un sentiment. Et il y a des causes identifiées. En parler n’est pas instrumentaliser. C’est le fait qui compte, pas les commentaires. Le chagrin est à vie. Le silence est irresponsable.  

Il ne faut pas non plus désespérer Billancourt en accablant les magistrats. Qui sont plus dans la réflexion et le temps long. Sauf le parquet, ils sont indépendants ce que personne ne remet en cause et ne reçoivent pas d’instructions individuelles. Ils appliquent la politique pénale serait-elle insuffisante ou discutable. Ils doivent aussi ne pas contourner les textes ou les édulcorer par une jurisprudence personnelle. Ils jugent au nom du peuple français dans toutes ses composantes. Ils ne sont pas laxistes dans leurs jugements. Il suffit d’aller à une audience correctionnelle pour s’en apercevoir. Ils suivent la loi que nos élus fabriquent et les circulaires interprétatives. Si on a choisi la liberté et la bienveillance sinon l’excuse comme sanction principale et la détention comme l’exception il faut s’en prendre aux responsables politiques qui font de l’idéologie. Et à leurs électeurs. Le citoyen ne comprend pas les remises de temps de prison, les libertés anticipées et les divers aménagements ou distractions. Les modalités de libération et de réinsertion doivent être revues. Outre la Justice des mineurs. Français ou non ce n’est pas le problème.  

L’autorité judicaire ne retrouvera son lustre que si les juges sont aussi individuellement et professionnellement responsables de leurs décisions en cas de faute avérée ou de répercussions fatales et que si la bureaucratie anonyme ne l’emporte pas. On doit se préoccuper plus des victimes que des détenus ou coupables présomptifs. Tout évolue et le mal surtout. On doit avoir la Justice qui résulte du vote des citoyens et de la conjoncture -mauvaise -de nos jours.

 L’état de droit après un débat public n’interdit pas que l’on s’arme plus légalement et démocratiquement en conservant nos valeurs. On ne peut faire du en même temps avec la sécurité et les libertés. Il faut choisir. Un ministre ne peut imposer sa vision pour que la France soit telle qu’il la rêve. Les cris d’orfraie n’arrêtent pas un assassin.   

Actuellement les Français veulent de l’ordre en général, de la fermeté, la punition des délinquants, des peines accomplies jusqu’au bout, et de la sécurité en protégeant les policiers et les gendarmes ou les pompiers, voire les médecins enfin tous ceux qui se dévouent pour les autres. Le déni est mortifère comme l’immobilisme.   

Il faut que les citoyens obligent leurs députés à passer à une vitesse supérieure sans querelles picrocholines. On est leur chef et leur souverain donc ils doivent nous suivre. On ne va pas continuer ce qui a échoué depuis des années. On le droit d’exiger que cela réussisse. Par un changement de législation. Le citoyen de gauche pense comme celui de droite. Il veut être rassuré et défendu. Ministre de l’Intérieur et ministre de la Justice même combat. Il doit être possible de trouver des moyens de consensus.    

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