Sortons du déni
Par Christian Fremaux avocat
honoraire
C’est dire si j’en ai connu des personnalités
qui voulaient changer notre vie et qui rasaient gratis. Je suis dans le milieu
politique local et par capillarité nationale depuis 1971 lorsqu’à 22 ans et
quelques mois j’ai été élu dans ma commune rurale de l’Oise. Place aux jeunes
disais-je ce qui n’est pas une garantie de réussite je le constate des
décennies plus tard ! Mon député était le grand Marcel Dassault. Pendant
des années j’ai donc connu les différents partis au pouvoir. Avec leurs
promesses. J’ai fréquenté des ministres de l’Intérieur de droite blanchis par
le terrain comme de gauche qui étaient fermes et respectueux des droits personnels
et de ceux de la collectivité. Ce n’est pas incompatible.
J’ai participé
dans la limite de mes modestes compétences d’avocat depuis 1974 aux actions de
ministres de la Justice qui ont eu une conscience solide, se souciaient par
fonctions constitutionnelles des libertés publiques et étaient fiers de ce
supplément d’âme qu’ils s’accordent car il est toujours préférable de se grandir
soi-même. Ils voyaient de haut et tardivement. Ils enrobaient aussi un minimum de
mesures qu’on ne peut différer mais qui fâchent dans l’enveloppe des droits de
l’Homme et des principes universels. L’émotion d’abord. Pourtant l’Homme est
comme Janus avec une face sombre, quels que soient les efforts que la nation
fait pour lui. Ce n’est jamais assez.
Personne n’a
le monopole du bien, de l’efficacité et l’ouverture aux autres. Mais on a le
droit de penser aussi à soi, à son entourage. Des gens aveuglés à notre époque
pensent que la droite moderne et républicaine est fasciste et raciste, égoïste
et violente et en veut au genre humain. Notamment aux pauvres, aux étrangers et
aux délinquants victimes d’eux- mêmes et de leurs démons dont la drogue ou
le refus instinctif de l’obéissance, ou de la société qu’ils détestent ou de pulsions
qu’ils ne maitrisent pas. Qu’il faut donc comprendre voire minimiser. Le mort
ou la morte sont la conséquence d’un malheureux concours de circonstances. Cette
fatalité est une posture intolérable.
On n’a pas à
opposer le ministre de l’Intérieur et celui de la Justice qui sont complémentaires.
Ce sont des citoyens, de simples êtres humains qui font le même constat et ont une
fibre semblable. Ils divergent sur les solutions, c’est tout. C’est plus facile
d’être d’accord quand dans le cadre du scrutin majoritaire il y a un groupe incontestable
qui permet des gouvernements homogènes au moins dans la philosophie car on ne
peut empêcher des individus de vouloir se distinguer. La politique politicienne
conduit dans le mur et on est pressé de sortir du marasme et des drames. Les piques perpétuelles et les contestations à
fleurets mouchetés fatiguent. Le débat faits divers versus faits de société est
débile. La cible abattue n’en a cure !
Pour paraphraser le philosophe Jean-Paul Sartre
qui s’est beaucoup trompé sur le plan politique et dont l’environnement
social et de la lutte des classes est dépassé il ne faut pas désespérer Boulogne
c’est- à-dire les forces de l ’ordre qui font leur travail dans l’urgence
et le concret, ont des résultats, prennent le risque de se faire tuer ou
blesser et veillent à notre tranquillité quotidienne. En attendant que les jugés
coupables soient punis vraiment et qu’ils ne viennent pas les narguer ou récidivent.
J’ai toujours préféré les gendarmes aux délinquants. L’actualité criminelle permanente fait peur.
Ce n’est pas un sentiment. Et il y a des causes identifiées. En parler n’est
pas instrumentaliser. C’est le fait qui compte, pas les commentaires. Le
chagrin est à vie. Le silence est irresponsable.
Il ne faut
pas non plus désespérer Billancourt en accablant les magistrats. Qui sont plus
dans la réflexion et le temps long. Sauf le parquet, ils sont indépendants ce
que personne ne remet en cause et ne reçoivent pas d’instructions individuelles.
Ils appliquent la politique pénale serait-elle insuffisante ou discutable.
Ils doivent aussi ne pas contourner les textes ou les édulcorer par une
jurisprudence personnelle. Ils jugent au nom du peuple français dans toutes ses
composantes. Ils ne sont pas laxistes dans leurs jugements. Il suffit
d’aller à une audience correctionnelle pour s’en apercevoir. Ils suivent la loi
que nos élus fabriquent et les circulaires interprétatives. Si on a choisi la
liberté et la bienveillance sinon l’excuse comme sanction principale et la détention
comme l’exception il faut s’en prendre aux responsables politiques qui
font de l’idéologie. Et à leurs électeurs. Le citoyen ne comprend pas les
remises de temps de prison, les libertés anticipées et les divers aménagements
ou distractions. Les modalités de libération et de réinsertion doivent être revues.
Outre la Justice des mineurs. Français ou non ce n’est pas le problème.
L’autorité
judicaire ne retrouvera son lustre que si les juges sont aussi individuellement
et professionnellement responsables de leurs décisions en cas de faute avérée
ou de répercussions fatales et que si la bureaucratie anonyme ne l’emporte pas.
On doit se préoccuper plus des victimes que des détenus ou coupables
présomptifs. Tout évolue et le mal surtout. On doit avoir la Justice qui résulte
du vote des citoyens et de la conjoncture -mauvaise -de nos jours.
L’état de droit après un débat public
n’interdit pas que l’on s’arme plus légalement et démocratiquement en
conservant nos valeurs. On ne peut faire du en même temps avec la sécurité et
les libertés. Il faut choisir. Un ministre ne peut imposer sa vision pour
que la France soit telle qu’il la rêve. Les cris d’orfraie n’arrêtent pas
un assassin.
Actuellement
les Français veulent de l’ordre en général, de la fermeté, la punition des délinquants,
des peines accomplies jusqu’au bout, et de la sécurité en protégeant les
policiers et les gendarmes ou les pompiers, voire les médecins enfin tous ceux
qui se dévouent pour les autres. Le déni est mortifère comme l’immobilisme.
Il faut que
les citoyens obligent leurs députés à passer à une vitesse supérieure sans
querelles picrocholines. On est leur chef et leur souverain donc ils doivent nous
suivre. On ne va pas continuer ce qui a échoué depuis des années. On le droit d’exiger
que cela réussisse. Par un changement de législation. Le citoyen de gauche
pense comme celui de droite. Il veut être rassuré et défendu. Ministre de
l’Intérieur et ministre de la Justice même combat. Il doit être possible
de trouver des moyens de consensus.
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