jeudi 8 octobre 2015

Chanson et politique

Chanson et politique

Par Christian FREMAUX avocat et élu local

On a trop rapidement rendu hommage à Guy BEART poète chantant majeur  du demi-siècle passé,  écrivant et s’exprimant dans un français classique, que les abréviations ,sigles et tweets divers  nous ont déshabitués d’entendre, et qui a marqué son époque de sa personnalité et de sa tendance à être ouvert aux idées y compris de droite, ce qui  ne lui paraissait pas honteux . Il n’a jamais cédé au politiquement correct .De son côté le ministre de l’économie M.Emmanuel MACRON membre du gouvernement de gauche de M.HOLLANDE, ne cesse d’entendre des critiques très vives car il a le culot d’être jeune  dans une majorité d’élus de longue date braqués sur des dogmes éculés ; d’être surdiplômé ce qui va devenir un défaut ; d’avoir été fonctionnaire et de cracher dans la (bonne ?)soupe, et surtout de venir tout droit de la banque ROTHSCHILD qui incarne l’ennemi intime du Président de la République : la finance. Il aurait fallu penser plus tôt à tout ceci avant de le nommer, car on ne peut pas imaginer que nos dirigeants politiques ne désignent que des copains ou des incompétents. La ligne gouvernementale est difficile à suivre et plus proche d’un zig-zag que de la ligne droite, entre mesures symboliques pour le peuple de gauche, puis  la mise en avant  des nécessités de l’entreprise ; puis un peu d’écologie ou de restriction du droit de louer des biens avec l’encadrement des loyers à Paris, tout en demandant de construire et mettre sur le marché des logements dans le parc privé. C’est tout et son contraire en même temps sans repères précis et des buts  définis à atteindre ce qui donne des perspectives pour tous. Sans nier naturellement les difficultés économiques de la  conjoncture mondiale, la géopolitique devenue compliquée, le terrorisme grandissant, et les 65 millions de sujets français  ,sans compter les sujets de mécontentements, comme l’écrivait Henri de ROCHEFORT dans son journal LA LANTERNE .Je n’ai pas à défendre M.MACRON qui est son meilleur avocat  et qui doit réfléchir avant de parler à voix haute. Et  il n’a pas tort : lorsqu’il déplorait l’illettrisme de certaines salariées en chômage, il mettait l’accent sur la nécessaire formation permanente :la reconversion d’un salarié licencié se prépare en amont et elle est très difficile s’il n’a pas les outils culturels  et des compétences .Il s’est aussi interrogé sur la pertinence des 35 heures : il y a des rapports de toutes obédiences qui prouvent ses effets pervers, sans partage du travail, et il est avéré que le français travaille moins que certains de ses voisins. Les 35 heures plombent l’entreprise  privée comme publique (voir dans les hôpitaux par exemple) et privent les salariés d’augmentation de salaire. Mais silence dans les rangs : on ne doit pas remettre en cause une réforme symbole,  fût-elle contre-productive. Le ministre s’est enfin interrogé sur un dogme, à savoir le statut des fonctionnaires, qui plaît à M.Hollande, lui-même membre de la cour des comptes : l’emploi à vie devient incompréhensible sauf pour certaines catégories (policiers et gendarmes, enseignants,  magistrats, infirmiers s’ils sont en état de supporter leur dure mission pendant des dizaines d’années… ?) et  est –il encore légitime pour tous y compris ceux qui travaillent –très bien on n’en doute pas-dans les bureaux ? Alors que le risque premier de tous ceux qui ont un emploi, est de le perdre en raison de la situation économique. Ce qui avait présidé au sortir de la guerre en 1945 ;indépendance, traitement inférieur , exigence de la continuité du service public, a-t-il encore un sens en 2015 sachant qu’il y a des partenariats  public –privé, que les collectivités locales de toute nature, y compris les nouvelles très grandes régions, ont des compétences élargies, que la mission de l’ETAT doit se réduire à ce qui est régalien,  et que l’emploi avec la retraite qui va avec, est la préoccupation principale des français . M.MACRON a donc raison de poser la question .Mais Mme AUBRY se sentant visée ? a sonné la charge : elle en a « ras-le-bol » du ministre de M.HOLLANDE et souhaite à l’instar de l’ex. inspecteur du travail M.FILOCHE que le ministre retourne à ses chères études, en prenant la porte, dans le nez si possible ou qu’il soit viré pour faute lourde pour le moins.
Ambiance…
Mais comment admettre qu’à l’ère de la démocratie participative, ou tout quidam est interrogé sur n’importe quel sujet y compris les plus délicats, un ministre soit censuré. Je citais un poète au début de cet article, et la situation me rappelle le BATEAU IVRE d’ARTHUR RIMBAUD : « comme je descendais les fleuves impassibles je ne me sentis plus guidé par les haleurs (lire la majorité) ; des peaux rouges criards (lire les membres de la majorité) les avaient pris pour cibles (lire M.MACRON) les ayant cloués aux poteaux de couleur ( lire les totems de la gauche). M.CHEVENEMENT disait poétiquement qu’un ministre,  il démissionne ou il «  ferme sa gueule ». Je pense qu’un ministre doit d’abord être efficace dans le quotidien et initier des politiques qui renforcent l’intérêt général, ni pour un camp ni pour l’autre. Et aussi ouvrir des débats, pour envisager l’avenir et revenir s’il le faut sur des droits acquis ou des principes dépassés. A défaut c’est pur conservatisme qui entraine toute sorte d’inégalités, clientélisme, caporalisme, et  est indigne de notre démocratie, ce qui peut expliquer que  des électeurs ne se déplacent plus aux élections, s’éloignent de leurs représentants et se tournent vers les populistes .Cette constatation vaut pour tous les partis ; il doit être permis d’avoir des opinions divergentes pour aboutir aux mêmes  objectifs .Dans le débat public et quand bien même on exerce les responsabilités , la parole doit être libre. Je fais le lien avec Guy BEART qui a chanté la vérité : « le premier qui dit, est toujours sacrifié .D’abord on le tue puis on s’habitue…ma chanson a dit la vérité vous allez m’exécuter ». M.MACRON mérite d’être écouté ce qui ne veut pas dire qu’il sera entendu. Notre avenir commun impose que l’on débatte de tout sans tabou, pour trouver les solutions consensuelles qui coulent de source.  « Ma petite est comme l’eau, elle est comme l’eau vive..(Guy BEART).


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