Chanson et politique
Par Christian FREMAUX avocat et élu
local
On a trop rapidement rendu hommage à
Guy BEART poète chantant majeur du
demi-siècle passé, écrivant et
s’exprimant dans un français classique, que les abréviations ,sigles et tweets
divers nous ont déshabitués d’entendre,
et qui a marqué son époque de sa personnalité et de sa tendance à être ouvert
aux idées y compris de droite, ce qui ne
lui paraissait pas honteux . Il n’a jamais cédé au politiquement correct .De
son côté le ministre de l’économie M.Emmanuel MACRON membre du gouvernement de
gauche de M.HOLLANDE, ne cesse d’entendre des critiques très vives car il a le
culot d’être jeune dans une majorité
d’élus de longue date braqués sur des dogmes éculés ; d’être surdiplômé ce
qui va devenir un défaut ; d’avoir été fonctionnaire et de cracher dans la
(bonne ?)soupe, et surtout de venir tout droit de la banque ROTHSCHILD qui
incarne l’ennemi intime du Président de la République : la finance. Il
aurait fallu penser plus tôt à tout ceci avant de le nommer, car on ne peut pas
imaginer que nos dirigeants politiques ne désignent que des copains ou des
incompétents. La ligne gouvernementale est difficile à suivre et plus proche
d’un zig-zag que de la ligne droite, entre mesures symboliques pour le peuple
de gauche, puis la mise en avant des nécessités de l’entreprise ; puis un
peu d’écologie ou de restriction du droit de louer des biens avec l’encadrement
des loyers à Paris, tout en demandant de construire et mettre sur le marché des
logements dans le parc privé. C’est tout et son contraire en même temps sans
repères précis et des buts définis à
atteindre ce qui donne des perspectives pour tous. Sans nier naturellement les
difficultés économiques de la conjoncture
mondiale, la géopolitique devenue compliquée, le terrorisme grandissant, et les
65 millions de sujets français ,sans
compter les sujets de mécontentements, comme l’écrivait Henri de ROCHEFORT dans
son journal LA LANTERNE .Je n’ai pas à défendre M.MACRON qui est son meilleur
avocat et qui doit réfléchir avant de
parler à voix haute. Et il n’a pas
tort : lorsqu’il déplorait l’illettrisme de certaines salariées en
chômage, il mettait l’accent sur la nécessaire formation permanente :la
reconversion d’un salarié licencié se prépare en amont et elle est très
difficile s’il n’a pas les outils culturels
et des compétences .Il s’est aussi interrogé sur la pertinence des 35
heures : il y a des rapports de toutes obédiences qui prouvent ses effets
pervers, sans partage du travail, et il est avéré que le français travaille
moins que certains de ses voisins. Les 35 heures plombent l’entreprise privée comme publique (voir dans les hôpitaux
par exemple) et privent les salariés d’augmentation de salaire. Mais silence
dans les rangs : on ne doit pas remettre en cause une réforme
symbole, fût-elle contre-productive. Le
ministre s’est enfin interrogé sur un dogme, à savoir le statut des
fonctionnaires, qui plaît à M.Hollande, lui-même membre de la cour des
comptes : l’emploi à vie devient incompréhensible sauf pour certaines
catégories (policiers et gendarmes, enseignants, magistrats, infirmiers s’ils sont en état de
supporter leur dure mission pendant des dizaines d’années… ?) et est –il encore légitime pour tous y compris
ceux qui travaillent –très bien on n’en doute pas-dans les bureaux ? Alors
que le risque premier de tous ceux qui ont un emploi, est de le perdre en
raison de la situation économique. Ce qui avait présidé au sortir de la guerre
en 1945 ;indépendance, traitement inférieur , exigence de la continuité du
service public, a-t-il encore un sens en 2015 sachant qu’il y a des
partenariats public –privé, que les
collectivités locales de toute nature, y compris les nouvelles très grandes
régions, ont des compétences élargies, que la mission de l’ETAT doit se réduire
à ce qui est régalien, et que l’emploi
avec la retraite qui va avec, est la préoccupation principale des français .
M.MACRON a donc raison de poser la question .Mais Mme AUBRY se sentant
visée ? a sonné la charge : elle en a « ras-le-bol » du
ministre de M.HOLLANDE et souhaite à l’instar de l’ex. inspecteur du travail
M.FILOCHE que le ministre retourne à ses chères études, en prenant la porte,
dans le nez si possible ou qu’il soit viré pour faute lourde pour le moins.
Ambiance…
Mais comment admettre qu’à l’ère de
la démocratie participative, ou tout quidam est interrogé sur n’importe quel
sujet y compris les plus délicats, un ministre soit censuré. Je citais un poète
au début de cet article, et la situation me rappelle le BATEAU IVRE d’ARTHUR
RIMBAUD : « comme je descendais les fleuves impassibles je ne me
sentis plus guidé par les haleurs (lire la majorité) ; des peaux rouges
criards (lire les membres de la majorité) les avaient pris pour cibles (lire
M.MACRON) les ayant cloués aux poteaux de couleur ( lire les totems de la
gauche). M.CHEVENEMENT disait poétiquement qu’un ministre, il démissionne ou il « ferme sa
gueule ». Je pense qu’un ministre doit d’abord être efficace dans le
quotidien et initier des politiques qui renforcent l’intérêt général, ni pour
un camp ni pour l’autre. Et aussi ouvrir des débats, pour envisager l’avenir et
revenir s’il le faut sur des droits acquis ou des principes dépassés. A défaut
c’est pur conservatisme qui entraine toute sorte d’inégalités, clientélisme,
caporalisme, et est indigne de notre
démocratie, ce qui peut expliquer que des électeurs ne se déplacent plus aux
élections, s’éloignent de leurs représentants et se tournent vers les
populistes .Cette constatation vaut pour tous les partis ; il doit être
permis d’avoir des opinions divergentes pour aboutir aux mêmes objectifs .Dans le débat public et quand bien
même on exerce les responsabilités , la parole doit être libre. Je fais le lien
avec Guy BEART qui a chanté la vérité : « le premier qui dit,
est toujours sacrifié .D’abord on le tue puis on s’habitue…ma chanson a dit la
vérité vous allez m’exécuter ». M.MACRON mérite d’être écouté ce qui ne
veut pas dire qu’il sera entendu. Notre avenir commun impose que l’on débatte
de tout sans tabou, pour trouver les solutions consensuelles qui coulent de
source. « Ma petite est comme
l’eau, elle est comme l’eau vive..(Guy BEART).
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