Désolation
Par Christian Fremaux avocat
honoraire
Je ne méprise
personne même ceux qui ne m’aiment pas ou mes adversaires et concurrents. Je ne
parle pas d’ennemis internes dans une démocratie. J’essaie de convaincre en
défendant fermement mes opinions. Je crois en la république qui débat et en ses
valeurs. Pas en la violence ou à la pression de la rue, ou aux coups de gueule et
aux ricanements morbides d’individus qui prêchent la haine de l’autre.
Je ne suis
rien et ne représente que moi, mais je m’exprime comme tous les inconnus qui
ont festoyé place de la République à Paris et ailleurs à l’annonce de la mort
de JM. LE PEN pour qui je n’ai jamais voté. Ils ont tourné un remake de danse
avec les loups sauf que Kevin Costner avait un message de paix. Il est
effectivement plus facile et sans risque de s’attaquer à un individu qui ne
peut plus se défendre. Quel héroïsme de la part des échevelés mentaux notamment
de ceux et celles qui sont étudiants de grandes écoles et veulent prendre le
pouvoir et gouverner. Le pape François devrait leur dire : « père
pardonne leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ». JM. LE PEN n’était
que le père de Marine ce qui ramène le propos à de justes proportions. Mais
comme ils sont contre les religions sauf celle qu’ils considèrent comme stigmatisée
sur notre sol et en dehors ils se contentent d’un feu de joie intellectuelle.
Ils m’inquiètent car si l’avenir est fait d’intolérance, de liberté
d’expression orientée et d’anathèmes, où se situera l’union des citoyens
indispensable pour que la société s’apaise et progresse ?
Après
presque 50 ans de barreau, d’élu local et autres responsabilités
publiques, j’ai une petite expérience de la nature humaine. Je ne partage pas
l’optimisme de JJ. Rousseau. Je préfère Voltaire. Et comme l’a dit Socrate je
sais que je ne sais rien. J’ai évidemment été jeune et confronté au principe de réalité tout en
conservant mes convictions. Comme avocat j’ai perdu autant ou un peu moins
soyons prétentieux de jugements que j’en aie gagné. J’en ai voulu aux juges et aux
confrères adverses mais pas au point de les nier ou vouloir leurs disparitions.
J’aurai dû être meilleur. En politique j’ai souvent choisi le mauvais cheval.
Certains que j’ai soutenu font face aux juges correctionnels actuellement. Mais
ils sont innocents ! Je me suis trompé et j’ai commis des erreurs que je
me suis efforcé de réparer au plus vite. C’est la vie et c’est pourquoi il ne faut
pas être excessif. On doit avoir l’esprit ouvert.
Les danseurs de ballet anti -le mort honni ont
pris le roman noir de Boris Vian « j’irai cracher sur vos tombes » au
pied de la lettre. Ils ont été indignes. Même pas méchants à la manière
satirique de Charlie Hebdo martyrisé. Ils ont montré un visage sarcastique
inadmissible qui fait douter de l’homme et d’une minorité sans foi ni loi. Ils ont déshonoré leurs causes et j’espère
qu’il y aura un effet contre -productif. Ils n’ont plus de diable vivant qui
les faisait exister. Peut-être vont- ils trouver un Dieu du bien sélectif selon
leurs critères ?
Ce n’est pas
pour autant que l’on approuve ce que JM. LE PEN a dit ou écrit comme ses
saillies inacceptables et des prises de position révoltantes. Il était son
propre défenseur provocateur avec talent oral et culture. Et abus odieux dans
le cynisme et l’interprétation de l’histoire. Les tribunaux ont tranché. Mais
l’homme est rarement tout blanc ou tout noir. M.LE PEN n’a jamais gouverné. On
ne peut donc lui reprocher des décisions concrètes qui auraient nui à tel ou
tel et créé un régime autoritaire sinon dictatorial. M. François Mitterrand
avant d’être lui -même président avec les communistes comme alliés, avait
dénoncé le coup d’Etat permanent du Général de Gaulle. Était -ce juste ?
Il ne faut
pas avoir la mémoire sélective. Si à juste titre on dénonce les nazis et la
collaboration de Pétain, il ne faut pas oublier Trotski et Staline- et leurs
compagnons de route français- avec les millions de mort plus les goulags. Ni
Mao Tse- Toung ou Pol Pot. Pour
l’Algérie on doit dénoncer ce
que M. LE PEN a ou aurait fait de mal, dans le contexte de la guerre avec les
atrocités des fellaghas, le sort des harkis et des pieds noirs, puis dans les
années 1990 la guerre civile interne dont l’écrivain Boualem Sansal est
actuellement victime. Outre le terrorisme. Et une rancune inextinguible contre la France.
Il faut réfléchir
avant de faire la fête. D’autant plus qu’au -delà des hommes les idées restent
et peuvent s’aggraver si on les exagère. Ou changer de camp. Ainsi en matière
d’antisémitisme l’extrême gauche n’est pas avare.
Sur les
champs de bataille, on enterre les morts et parfois on leur rend
hommage. C’est simplement de
l’humanité. L’écrivain BHL a écrit
« un grand cadavre à la renverse » pour constater la
quasi-disparition du parti socialiste donc de forces républicaines sociales
démocrates qui essaient aujourd’hui de survivre. On n’a pas piétiné
le moribond.
Ne faisons
pas un martyr d’un simple homme politique. Il fut patriote on dirait
souverainiste aujourd’hui. Comme un nombre croissant de citoyens de gauche
comme de droite. Est-ce une tare ? Faut-il pour autant s’essuyer les pieds
sur ce corps électoral sincère ou lui donner du cannabis pour qu’il rêve
de chimères ? Ce serait petit, mesquin et vain. L’outrance n’efface rien.
Les faits sont têtus. Les préoccupations de M. LE PEN sont au centre des débats
contemporains.
La tolérance
des tangotistes est égale à zéro. Ils ignorent ce que veut dire débat
démocratique, opinions dissidentes et pourtant ils fréquentent ceux qui mettent
le bazar à l’assemblée en contestant tout et son contraire. La fraternité
leur est un mot inconnu. Ils pensent détenir la vérité quitte à l’imposer
de force et à éliminer ceux qui résistent. Ou poser des cibles. Je les plains. Ils ne sont pas l’avant- garde
éclairée de quoi que ce soit. Ils ont fermé les lumières en révélant leurs
vrais caractères.
Ils nuisent
à la France qui veut rester ce qu’elle est : protectrice de l’humanisme et
des valeurs universelles et modèle de rapprochement entre les individus et les
peuples. Mais pas avec eux car on doit tendre vers la grandeur. Que les vivants
fassent au mieux.
Pierre
Desproges a déclaré : " quand Brassens est mort j’ai pleuré comme un
môme. Avec [la mort de] Tino Rossi j’ai repris deux fois des nouilles… ". Est-on
autorisé encore à rire ? Et blâmer ceux qui n’ont aucune limite dans
l’abjection.
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