vendredi 6 décembre 2024

La République aux yeux bandés

 

                               La République aux yeux bandés

                   Par Christian Fremaux avocat honoraire

Alea jacta est. M. Barnier chuta et M. Macron qui était visé, trébucha. Comme le dit Mme Hidalgo qui renonce à juste titre à un troisième mandat de maire de Paris, la ville flotte mais ne coule pas. Qu’en sera-t- il de la France ? M. Macron tiendra-t- il encore trente mois ? Cédera- t -il à la pression avec le premier ministre qu’il choisit ?

L’opinion publique qui ne doit pas entrer dans le prétoire était présente mercredi 4 décembre 2024 pour assister à l’hallali. M. Mélenchon bien que non député était dans les tribunes. C’est dire qu’il attendait un spectacle grandiose. L’hémicycle fut transformé en une cour d’assises. Le premier ministre solitaire était présent comme la corde soutient le pendu au banc des accusés.  Des procureurs vindicatifs et revanchards unis d’un soir furent acharnés à sa perte pour des raisons diamétralement divergentes, mais dans un but commun. Il y eut quelques avocats de la défense modérés et plutôt résignés. M. Barnier ne nia rien, reconnu que son budget était insuffisant mais qu’il pouvait être amélioré, appela à la raison et aux conséquences funestes de son renvoi. Et le verdict du jury composé des accusateurs tomba : la censure fut votée avec effet immédiat car dans ce cas constitutionnel il n’y a ni appel ni cassation, ni possibilité de porter un bracelet électronique civique ou avoir une deuxième chance comme n’importe quel petit voyou. La justice parlementaire n’est pas laxiste. Un ange est passé au -dessus de la tête de Mme Le Pen aussi responsable du chaos car on ne l’a pas « calculée » que les grands donneurs de leçons de LFI !  Elle a dû penser aussi au couperet judiciaire qui s’annonce, avec exécution provisoire. Ses électeurs l’approuveront- ils d’avoir dissous les futurs changements qu’ils attendaient ?

La conjuration des extrêmes et l’alliance de ceux et celles qui se détestent, remporta le scalp et réussit un « exploit ». N’est-ce pas plutôt un échec global dont le président de la République a sa part, avec le refus de tout compromis des politiques. Ce qui veut dire qu’avec la même configuration publique faute d’une autre dissolution personne ne peut jurer qu’il y aura une période stable pour faire des réformes. Bravo les artistes. Même avec un nouveau président de la République -hypothèse démentie laconiquement mais qui sait ? - si les électeurs persistent et signent et renvoient les mêmes en trois blocs au parlement, comment fait-on ?  Puisque le peuple vote contre le gouvernement Bertold Brecht  a indiqué qu’il faut  dissoudre le peuple. 

Le scrutin à la proportionnelle met la politique aux mains des partis et des apparatchiks détachés de toute obligation territoriale. Le scrutin majoritaire actuel à deux tours, perverti par le front républicain, a produit un désastre. La solution est dans le comportement et le sens des responsabilités des parlementaires. C’est un vœu. S’ils préfèrent les jeux d’appareils et considèrent que l’adversaire est un ennemi, fasciste et raciste, sans cœur et contre le progrès en général, on ne peut s’en sortir vraiment car personne n’a la vérité et l’idéologie mène dans le mur. Il appartient aux citoyens d’exiger plus de leurs mandataires.  Et de leur coller un zéro de conduite et d’intelligence même s’ils ne sont pas anti-républicains. Ils pensent n’avoir pas tort ! On meurt de tant de certitudes.  

Je souris toujours quand j’entends un élu dire : « les français veulent … ». Il veut parler de ses partisans ou des membres de son parti car à part des sondages qui interrogent les quidams, qui peut se vanter de savoir précisément ce que veut la majorité silencieuse ? Quand on assiste aux débats publics à l’Assemblée nationale on est consterné par le niveau des idées et des arguments, outre la tenue.

La solution n’est pas non plus de changer la constitution qui montre sa solidité même si elle est perfectible pour permettre plus de participation des citoyens et de respiration entre deux élections. Le référendum existe. Bâtir une nouvelle constitution prend du temps. Les besoins changent, les menaces s’accentuent, le contexte mondial est mouvant, ce qu’on n’avait pas vu venir ni anticipé exige d’agir.  Les électeurs évoluent et comprennent les nouveaux enjeux.  Ils changent d’avis aussi, ont d’autres priorités et ce qui était valable jadis est dépassé. Je crois en un régime qui s’identifie au président de la République élu au suffrage universel. Mais les parlementaires doivent bénéficier d’un rôle accru et de moyens. Un peu comme dans le système des USA, car seul un collectif peut avoir raison. On n’a pas besoin d’un sauveur, d’un Pic de la Mirandole.  La démocratie se contente de consensus après discussions et de l’intérêt général d’abord.

D’après ceux qui ont la chance de savoir, les Français réclameraient en priorité la réduction drastique des dépenses et moins d’impôts : M. Trump devrait nous prêter M. Elon Musk qui a des idées. Ils veulent aussi des mesures fortes de sécurité et de lutte contre la criminalité et la délinquance y compris chez les mineurs. Que l’on réforme les soins de santé et que le travail paie. Avec un niveau de vie correct pour tous, retraités compris qui n’ont rien volé à personne et qui ont payé leurs dus pour les générations qui les ont précédées. Rien n’était plus facile avant. Tout est urgent comme le souhait de garder les valeurs républicaines et traditionnelles qui ont fait la France. Quand on est à Rome on vit comme les romains. Un tel programme devrait faire une quasi -unanimité. Pas la surenchère ou la démagogie. 

Puisque l’hémicycle s’est transformé en tribunal rappelons que la justice est représentée par une jeune fille accorte au doux nom de Thémis qui tient un glaive dans la main-elle incarne l’ordre- et une balance dans l’autre-elle défend l’équité. Mais surtout elle a les yeux bandés ce qui l’empêche de voir les accusés et lui permet de se prononcer en toute objectivité. Les faits rien que les faits. Pas les intentions réelles ou supposées. L’impartialité domine. Pas de subjectivité ou d’arrières pensées ou la volonté d’imposer sa vision de la vie.  

Les idées ne s’effacent pas par un jugement ou une manœuvre politicienne. La France en a vu d’autres et la République est suffisamment solide pour continuer son chemin en écartant ceux et celles qui ont voulu l’abattre. Elle a les yeux ouverts et jugera les responsables du désordre. Dont on n’a pas l’utilité. Les egos rentreront dans le rang. La démocratie n’a besoin que de gens responsables et mesurés.            

2 commentaires:

  1. Bravo Toujours intéressantes tes analyses.

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  2. Ma conviction profonde est que tant que la laïcité camouflera la réalité des rapports-de-forces-religio-financiers, « le peuple » si souvent convoqués, mais « aveugle » (et pas seulement la Justice), aveugle/non-instruit de cette réalité, ne cessera d’errer au gré des tromperies qu’il subit (menteurs et démagogues pointés du doigt par cet article à la logique-parfaite SAUF QUE) : la Laïcité pour organiser « la pais-Sociale » EST LÀ POUR CAMOUFLER L’ESSENTIEL sus-évoqué : la réalité des rapports-de-force-religio-financiers. Illustration parfaite, la France : 1789 à remplacé, par « la promesse démocratique » (laquelle n’est qu’une méthode de gouvernement, douce) un rapport de gouvernance par un autre, AVEC LES FORTUNES QUI ALLAIENT AVEC (dont ont été dépouillés les perdants de ce morceau d’Histoire).
    Simplement, les descendants de ce hold-up sanglant, en 2024, n’ont aucune envie de se faire braquer à leur tour et de rendre-compte/gorge des forfaitures de leurs auteurs.
    Alors, au cours des 235 ans qui viennent de passer, les nouveaux maîtres -instruits de la manière brutale mais toujours réversible m/fragile dont ont usé leurs auteurs en 1789- les successeurs via la IIIème République (pas le IIIème Internationale, qui a échoué, Trostkysme et Mélenktonisme d’aujourd’hui) ont inventé (plutôt fait aboutir) la Laïcité afin de camoufler, sous couvert de remiser une «affreuse » religion, la-nouvelle-réalité-du-pouvoir-financier émergé en 1789 (en réalité amassé/tapi depuis la première mondialisation du XVème siècle, celle des grandes-découvertes ultra-marines), pouvoir financier qui s’est épanoui/finalisé en France sous Napoléon III et la IIIème République (seconde mondialisation : celle des Colonies et des avancées technologiques).
    Aujourd’hui, les héritiers (au propre sens du terme) du braquage des fortunes de 1789/1799, constatant qu’ils sont arrivés en 2024 au bout du stratagème (la Ficelle «Laïcité» était grosse mais, / les masses biberonnées au consumérisme-0pium-du-peuple, elle a tenu bon !… jusque là), useront de tous les moyens modernes en leur pouvoir (GAFAM/épidémies/guerres locales/fagocytose des médias et de l’iA, etc) pour se maintenir aux commandes, en France, en Europe comme dans toutes les démocraties-«potemkine».
    La France, incertaine en ses convictions laïques depuis 120 ans ! (Cf. Les multiples textes/circulaires s’échevelant à faire appliquer la Loi de 1905), face au tsunami Islam («soumission à Dieu ») en gestation, son «cache-sexe laïque» n’y suffira pas.
    La G-B certes déjà communautarisée, illustre la faiblesse absolue de nos démocraties-droits-de-l’hommistes, donneuses-de-leçons et inefficaces à promouvoir leurs «Valeurs » et à défendre l’ESSENTIEL : la sécurité de leur peuple. L’Occident, borgne quant à la réalité des rapports de force religio-financières, à la démographie en berne, découragée par ces mêmes forces faustiennes, prend majoritairement le risque de devenir l’esclave de l’Islam.

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