Billet d’humeur sur l’air du
temps : les croyances, les élites
et l’argent, la politique évidemment…
Par Christian
FREMAUX avocat honoraire et élu local.
Ce sont les
vacances autorisons nous de la légèreté. On ne
fête plus la toussaint et la visite des cimetières qui ne m’a jamais
enthousiasmé , car c’est ringard sûrement
et cela rappelle trop pour certains l’église que je ne fréquente d’ailleurs
pas. Se souvenir de ceux qui ne sont plus est suspect sauf le culte pour ceux
qui témoignent de diverses révolutions
car on tuait pour la bonne cause, parait- il. On attendra donc le 11 novembre pour commémorer les morts pour la France ou ceux qui sont
tombés en combattant le terrorisme ou les
délinquants de toute nature .Le conseil d’Etat
champion de la protection des libertés publiques-après des années de
contentieux initié par la libre pensée de bretagne - vient d’ interdire de
garder une croix sur un monument construit sur le domaine public d’une commune
qui avait voulu rendre hommage à Jean-Paul
II pape catholique, un de ceux qui ont combattu le communisme et
aider à rendre la liberté à certains
peuples . Laïcité extensive et radicale oblige . Je ne défends évidemment ni la
croix, ni le croissant, ni l’étoile de David , ni autre symbole. Mais faudra-
t-il décapiter le sommet de nos églises et le mont saint Michel qui incarnent la croix ? Sans compter les cathédrales
dont la dernière à paris de l’église orthodoxe. On espère qu’il en sera de même quand des fidèles d’autres religions voudront faire connaitre
leur croyance à tout le monde, et l’afficheront sur le domaine public, dans nos
rues en particulier. Nos libres penseurs
doivent être attentifs à toute manifestation de religion sur l’espace commun,
quelle soit en béton , en vêtements ou
en psalmodie. Et surtout être tolérant s’il n’y a pas de prosélytisme. La
laïcité n’est pas faite que
d’interdictions. Elle est aussi un moyen pour conserver la paix et admettre l’histoire d’un peuple et ses
racines.
On préfère
célébrer Halloween et se faire peur, fête paienne de samain
dieu de la mort, sorte de nouvel
an celte
en vogue chez les anglo-saxons et qui sauf erreur de ma part n’a pas une
dimension spirituelle très affirmée. On mange des bonbons après avoir revêtu un
masque d’horreur, ce qui ravit nos boulangers et autres vendeurs de sucreries,
ainsi que les dentistes bien sûr.
Je préfère essayer de rire autrement dans ce monde de brutes et d’indignations pour
tout et rien comme si le ciel allait nous tomber sur la tête plusieurs fois par
jour. Puis l’écume disparait et reste la réalité. L’actualité nous donne des exemples.
Je suis
toujours étonné par les polémiques qui démarrent de façon tonitruante, qui
durent « intensément » l’espace d’un moment plus ou moins court, mais
échauffent les esprits comme s’il s’agissait d’une affaire cruciale remettant
en cause notre destin pas moins. Ainsi la
tentative d’exclusion des « traîtres » -on n’a pas peur des
mots-qui ont choisi de travailler et soutenir M.Macron tout en restant membre
du parti les républicains, et qui
contribuent à faire voter des mesures que la droite soutient depuis des années. Pour le militant qui est
le traître ? La procédure de radiation a tourné à la pitrerie, malgré la
haute qualité auto-proclamée et le souci de cohérence des dirigeants des républicains transformés en
juges et ne pensant pas à leurs propres intérêts, bien sûr. Quel est l’intérêt
des électeurs de la droite républicaine : que les mesures revendiquées depuis des années que les
gouvernements de droite n’ont pu réaliser soient prises et que la France
réussisse même si le président n’est pas membre des républicains canal historique. Ce
qui ne veut pas dire forcément approbation de tout ce que fait le chef de l’Etat
qui semble avoir un vocabulaire qui ferait pâlir de dépit Nicolas Sarkozy qui a
été vilipendé pour rien dans cette sémantique. Mais ce que l’on ne pardonne pas
à l’un, on s’en gausse avec indulgence pour l’autre.
Pour
d’autres sujets on jette des anathèmes à la figure, on cite des noms (en
faisant fi de toutes précautions, de la présomption d’innocence, et de la
réalité des faits ou non). Le dénonciateur ou la dénonciatrice ne tombons pas dans
l’exclusion et respectons la parité, a bonne conscience car il ou elle est certain de sa vérité, parce qu’il ou elle est
une victime forcément sublime aurait écrit marguerite Duras, et qu’il ou elle se bat pour les autres. Mais les autres -moi
en particulier - ne lui ont rien demandé et ne sont intéressés que de loin souvent ou pas
du tout par son malheur présumé. Autrefois on parlait de l’avant-garde du
prolétariat qui éclairait le peuple tout en lui dictant sous peine de
représailles des règles brutales. Aujourd’hui une poignée prétendent être les
porte- paroles de l’éthique, de l’anti
racisme et de la lutte contre toutes les discriminations, en montrant où est le bien et quelles sont les conduites à tenir. Non merci ! comme
disait Cyrano de Bergerac. Je n’ai pas besoin de nounous . J’agis selon ma
conscience.
M. Bruno Le
Maire sémillant ministre qui avait voulu être président des républicains de
droite et qui a été sèchement battu aux élections internes mais rattrapé au tirage
par le chef de l’Etat , est passé par
convictions sans aucun doute chez M.Macron
et vient de rétropédaler après
avoir répondu qu’il ne dénonçait pas-par haine de la dénonciation qui rappelle
de mauvais souvenirs - dans le milieu politique les harceleurs. Il a publié
immédiatement après la bronca qu’il a suscitée une vidéo pour dire que la dénonciation du harcèlement en politique
aussi -comme félicie- s’imposait en réalité mais qu’il n’avait personne à
dénoncer. Ouf ! Le politiquement correct a frappé même si la cause est
juste.
Des
dénonciations sont permanentes : on tape sur les élites et l’argent , bien
que le niveau pour être riche descende dangereusement. Personnellement je
l’avoue, ce qui devrait m’être à moitié pardonné : j’ai toujours rêvé de
faire partie de l’élite et d’être riche comme un jeune footballeur brésilien ou
français ou un adolescent qui a créé une start-up, ce qui m’aurait permis de ne
pas payer beaucoup d’impôts voire que le trésor public m’adresse un chèque
comme pour Mme Bettencourt, paix à son âme . La contribution à l’impôt est
la base de la vie en société car elle permet la redistribution donc la lutte
pour l’égalité. A la condition que chacun mette du sien, à son niveau, avec ses
moyens. Quand c’est gratuit c’est-à-dire que l’on ne participe pas même de façon symbolique, cela n’a plus de
sens et ne responsabilise personne. Cette remarque ne plaira pas à tous
puisqu’il faut faire payer les riches qu’ils le soient par leur mérite et leur
travail ou non. J’assume. Mais si je
pouvais pour des raisons de droit à ne pas confondre avec la morale être
exonéré d’impôts , tout en profitant de tous les services en France , de la
solidarité, de la protection de l’Etat et de mon confort, j’approuve. Personne ne
paie plus que le calcul et le montant qu’il
reçoit du centre des finances publiques, il y a des limites à la philanthropie. Je ne fais partie selon
moi, que de la classe moyenne devenue supérieure parce que je suis propriétaire
immobilier-merci le nouvel ISF- et j’ai toujours payé impôts et taxes sans
jamais recevoir une quelconque aide publique. Je suis donc illégitime à parler
justice sociale comme de n’avoir pas bénéficié d’une HLM avec un sur- loyer
pourtant largement inférieur au prix du marché. Je n’ai pas su faire, et donc
il est normal de me punir en me classant parmi les riches qui vont payer à leur
retraite une CSG augmentée, sans bénéficier de la disparition de la taxe
d’habitation. Dura lex sed lex qu’elle
soit injuste ou non. Cela m’apprendra à
avoir économisé et eu des ambitions.
M.Hollande n’aimait pas les riches c’était clair. M.Macron les adore et
veut qu’ils investissent. Dans les deux cas je
suis à contre courant. Cherchez l’erreur.
Je ne suis
pas non plus une élite, un grimpeur exemplaire, j’ai le vertige quand je monte
trop haut y compris sur un escabeau, et je fais partie de ceux qui s’accrochent
à la corde comme la corde soutient le pendu. M.Laurent Wauquiez qui est
candidat à la présidence du parti les républicains est un premier de la classe,
un premier de cordée dirait M.Macron qui en est un autre. Il est bardé de
diplômes les plus prestigieux, appartient à l’élite intellectuelle, et se dit
non héritier en politique. Il a dû oublier que c’est M.Jacques Barrot qui lui a
laissé son siège de député en haute- Loire . Pourtant M.Wauquiez devant
les militants de droite à la Napoule
vient de déclarer qu’il voulait être le
porte- parole de la majorité silencieuse-
ce qui nécessite une ouïe affûtée ou un
appareil auditif de bonne qualité - qui n’était pas
entendue: « alors le peuple vote pour les extrêmes et les élites :
pour faire taire le peuple on brandit l’étendard du populisme ». Mais qui
sont les élites si on exclut M.Mélenchon et Mme Le Pen et M.Wauquiez qui aime le peuple, lui ? Il
a évoqué « le moule [de la pensée] forgé par les grandes écoles » (dont il
est issu) .Il a dénoncé les censeurs du débat, la bien pensance de la gauche
-j’ajoute de l’ultra gauche car le parti
socialiste a disparu avec ses idées d’un autre siècle -et il a raison car les donneurs de leçons de toutes
catégories qui culpabilisent l’autre qui
ne croit pas dans leurs valeurs mais en
a des différentes, m’exaspèrent et les
débats factices d’une communauté ou d’un genre me sont insupportables. M.Wauquiez préfère la France au village
global. Mais l’un n’exclut pas l’autre et on ne peut se replier sur soi en
ignorant ce qui se passe ailleurs. Le brexit nous le démontre. C’est un grand
tort d’avoir toujours raison comme le disait Edgar Faure. La vraie catégorie
élite, celle qui éclaire sans dénoncer ou
rejeter est donc très réduite.
Il nous faut
des élites entendues comme celles qui savent , réfléchissent et proposent des
solutions d’intérêt général qui ne sont
pas dogmatiques. Celles autoproclamées
autour de saint -germain- des prés ou dans des pré-carrés résultant de
leurs statuts sociaux ne vivent que de
leurs protections, copinages , absence de prise de risque, connaissance du
système institutionnel ,renvoi d’ascenseurs, et de l’héritage culturel. L’espoir est de proposer
la même chance pour tous et de sortir par le haut. Ce n’est pas une simple question
d’argent mais de moyens mis à la disposition des plus doués d’où qu’ils
viennent et du bas en particulier et qui veulent s’intégrer dans la partie qui
réussit, en faisant sauter les barrières d’une société codifiée et construite en
silos. Le mérite comme l’effort doivent être récompensés. Et puis sortons de
notre rapport conflictuel à l’argent. Le comédien Fabrice Luchini en parle au
théâtre des bouffes parisiens. Il n’évoque pas les yachts, les voitures de
luxe, les tableaux de maître, les propriétés improbables, les lingots…tout ce
qui est vulgaire mais biens matériels détenus par les vrais riches notamment par des dirigeants de sociétés mondiales qui
créent des fondations pour devenir mécènes. M.Macron ne s’est pas encore attaqué à ces phénomènes
de nouveaux ou anciens possédants sauf pour dénoncer la jalousie à leur
encontre. Il parle d’or venant de la banque Rothschild ! M.Luchini fait parler les écrivains qui se
sont exprimés sur l’argent . Il cite notamment Sacha
Guitry : « si j’étais le gouvernement comme dirait ma concierge,
c’est sur les signes extérieurs de feinte pauvreté que je taxerais
impitoyablement les personnes qui ne dépensent par leurs revenus ». Les
élites qui écrivent ont tout dit sur l’argent.
Après Me
Raquel Garrido qui a dû quitter
son hlm alors qu’elle est une avocate pauvre selon elle qui ne paie pas -ou ne payait pas- ses cotisations à la caisse de retraite
ou à l’ordre des avocats tout en
travaillant chez T. Ardisson et est
marié ou vit avec M.Corbière député de
la France insoumise et très proche de M.Mélenchon, une élue du même
parti qui occupe légalement une hlm de la ville de paris de 80 m2 pour 1300 euros par
mois et refuse de partir a déclaré : « je ne vais pas payer un loyer
pour enrichir un propriétaire et augmenter la spéculation immobilière » (SIC)
. Les étudiants ou les familles nombreuses qui louent un studio ou une
chambrette pour à peu près le même prix apprécieront. Vivement que
M.Hulot qui protège les espèces rares
s’intéresse à ces catégories de
politiques qui se sentent discriminés !
Que
ces polémiques démagogiques cessent et que l’on s’attaque à la réalité des
dossiers. Une société apaisée doit rassembler tout le monde. Dans une équipe de foot pour que l’avant-
centre et les ailiers soient efficaces, la défense doit être solide, et les
milieux de terrain remonter inlassablement la balle pour la passer dans les
meilleures conditions possibles à ceux qui ont le talent de marquer les buts.
C’est cela une nation.
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