Le revenant et les mêmes électeurs
Par Christian Fremaux avocat honoraire
Nommer un premier
ministre c’est marcher sur un fil et s’exposer à être critiqué par ses amis qui
ne sont pas dans le coup et ses adversaires qui voudraient l’être. La
lamentable commedia Del Arte a continué. On n’a pas voulu choisir des boomers
mais des expérimentés sans ambition pour 2027.C’est la rupture. Le soldat Lecornu
s’est dévoué avec les mêmes électeurs. Il revient
bien qu’on ne connaisse pas son programme. L’opposition hurle à l’injustice et à
la censure. On ne l’a pas retenue malgré tout ce qu’elle propose de novateur !
Le premier ministre est porté comme la corde soutient le pendu. Les coupeurs de
tête vexés sont à l’affût surtout dans le même camp. Les excités antifas sont
les nouveaux Savonarole car qui n’est pas progressiste est un extrémiste de
droite. A quoi sert le vote des Français qu’on l’approuve ou non ? On a
exclu une masse de votants de la négociation. Où est l’intérêt général ? A-t-on
peur d’interroger les Français ? On reste dans du délire. On agonit ceux
et celles qui auraient mal voté. Mais un gouvernement doit être une union. Clarifions
des mots.
On connait
les caractéristiques de l’autoritarisme : la terreur de l’esprit notamment,
l’arbitraire, la répression aveugle, les inégalités, le racisme, la régression
sociale. De l’ordre. En 2025 en France l’insulte la plus grave est d’être traité
de facho. Mes administrés picards proches de la terre se sentent visés car il est
possible qu’ils revotent bientôt ? Ils sont aux taquets et ne veulent pas
se faire avoir une seconde fois. Ils ont le sentiment d’être vilipendés par des
urbains qui auraient le cœur et les bons sentiments en bandoulière ou par des intellectuels
fumeux, dépassés, et insultants.
Ils sont des
millions en France à aller voter mais pas à gauche et ils ont eu des grands-
parents ou parents arrêtés, déportés, résistants, fusillés. Le totalitarisme ils
connaissent. Ils en ont bavé après-guerre où ce n’était pas facile pour refaire
surface et pour reconstruire quoiqu’on pense avec les crises. En permettant à beaucoup
de leurs enfants de réussir actuellement, même s’il faut réformer. Toute
mesure envisagée fera polémique. Ce n’est aisé pour personne de nos jours. Les
sectaires ne sont pas ceux que l’on croie. Ni ceux que l’on désigne en vrac car
ils penseraient et voteraient avec un rétroviseur.
On leur dit qu’ils sont des individus
dangereux car ils ne croient pas à la doxa dominante. Ils regardent entre
autres C. News qui créerait l’atmosphère d’insécurité comme s’en étouffe Me
Dupond- Moretti ou écoutent Europe I média dit peu objectif avec des
chroniqueurs qui seraient partisans. Alors que sur le service public ce serait
l’objectivité et la vérité ! Même les fâchés qui ne votent pas n’aiment
pas le terme facho. Ils se sentent humiliés. Les antifas sont des pseudos
tolérants mais qui cassent ou dénigrent avec jubilation.
Avec le vocable
facho qu’on assimile à populiste ce qui est péjoratif les électeurs de base seraient
des intolérants barbares. Des contemporains leur reprochent ce qui serait des idées
inacceptables pour les autres. Facho discrédite d’avance tout argument sensé,
permet de refuser tout débat, n’oblige pas à justifier ses positions, et est
par postulat le contraire du rationnel et du contradictoire. Il élimine d’office
les désignés malgré eux indignes de participer au bien commun. Leurs avis ne
comptent pas car ils auraient des arrières- pensées sordides. Lesquelles ?
En voulant un âge de la retraite cohérent avec la concurrence. Ils sont des
sous -citoyens à écarter à tout prix. Car ils veulent qu’on dépense moins. Et on
les subirait même s’il y a des élus de plus en plus nombreux. On devrait réfléchir :
pourquoi des honnêtes gens votent ainsi ?
Des bonnes
âmes disent qu’il faut avoir une France libérée des vilains rancis, une nation idéale
où toutes les communautés s’aiment telles qu’elles sont, que la religion reste
privée mais puisse être visible ce qui est une liberté, une France qui est un
simple territoire écologiste où tout le monde vit quand et comme il veut
et bénéficie de droits sans même avoir contribué. Et qu’on ne doit dénigrer
personne y compris ceux qui ont droit à la paresse et à la solidarité avec
l’argent public. Sauf les riches. Il faut faire expier ceux qui ont réussi
et qui travaillent et qui réclament la stabilité comme évidence. Il faudrait
rééduquer ces citoyens égoïstes, les priver d’avoir des représentants et si on
pouvait les exiler on le ferait ! Le front républicain a été une tentative.
Ce fut le début de la fin démocratique.
L’idéal de
quelques -uns ce serait que le peuple jamais content, suive les élites, celles
qui nous ont conduit à tour de rôle depuis des années là où nous en sommes et
qui ont trouvé des idées fiscales inédites bien qu’expérimentales pour poursuivre
! L’Etat est devenu obèse mais il avait fallu répondre aux attentes des
Français. Ils ont voulu du compromis : ils ont eu du maquignonnage cadré et
sélectionné sous menaces de censure. Le citoyen
a eu ce qu’il aurait choisi. Est- ce de la démocratie ? J’aurais préféré une rupture avec de la responsabilité
et moins d’égo. Mais je ne suis pas du petit pré- carré des élites. Et
retourner aux urnes fait peur aux futurs battus. On peut dissoudre le peuple dans
un marécage.
L’électeur est
libre et le souverain. Les institutions sont notre socle. Les pouvoirs sont délégués
par le peuple. A la fin le citoyen doit être respecté, pas réprimandé et obéi selon
les votes exprimés. Les idées se croisant on peut être de droite et humaniste. Être
pétri de bons sentiments mais être réaliste et adepte de la raison. On a le droit
de partager l’avis d’un socialiste M. Rocard et être d’accord pour avoir une
immigration choisie. On peut vouloir de la sécurité publique et de la fermeté dans
un état de droit revisité. Ceux qui créent des entreprises sans maltraiter les
salariés sont à soutenir. Et préférer
ceux qui se fatiguent à ceux qui en profitent. Les hargneux sont le contraire
de la démocratie.
Il faut respecter
la loi qui est la règle du jeu collective et ne pas approuver les actions des désobéisseurs
par principe. On peut croire que les devoirs sont aussi importants que sa liberté
sans limite. On peut exiger une morale ou des principes éthiques qui font
consensus et qui séparent le bien du mal. Et on n’a pas à corriger un scrutin
public qui ne plait pas.
J’ai expliqué
à mes amis du peuple qu’ils n’étaient pas des fachos. Ai-je raison ?
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