lundi 27 octobre 2025

Les armes de la Justice

 

                                       Les armes de la Justice

                   Par Christian Fremaux avocat honoraire

Après l’entrée récente à juste titre au Panthéon de Me Robert Badinter qui avait fait voter dans une polémique sévère le 9 octobre 1981 l’abolition de la peine de mort, s’est déroulé le procès de Dahbia Benkired qui a sauvagement violé, torturé et tué la petite Lola. Les Français ont été effrayés par les comptes rendus du procès où tous ceux qui y assistaient ont été glacés par ce qu’ils entendaient et la personnalité très morbide et insaisissable de l’accusée. Sous OQTF !

C’était un procès devant la cour d’assises où il y a trois magistrats professionnels et des jurés tirés au sort. Le peuple participe et peut- être guide la main qui pourrait être tremblante ou plus juridique des juges de métier que l’on accuse d’être laxistes sinon partiaux. Les fléaux de la justice semblent osciller avec la subjectivité.  

Mme Benkired a été condamnée à la prison à perpétuité incompressible, sanction introduite par la loi du premier février 1994. Texte qui a complété la loi de Me Badinter car si la société ne doit pas donner la mort ou se venger, elle a le devoir de secourir les citoyens et de punir les malfaisants.  C’est une légitime défense collective. Perpétuité incompressible ne veut pas dire perpétuité réelle donc jusqu’à ce que mort s’ensuive. Comme aux USA par exemple pays démocratique sauf erreur, quoiqu’on pense de son président actuel.

La loi de 1994 permet après 30 ans de réclusion au prisonnier-ère de solliciter sa mise en liberté. Après avis d’experts psychiatres sur sa dangerosité, la possibilité de réinsertion, la décision d’un juge ...En France on ne meurt pas en prison : le record de détention a été de 41 ans avec l’assassin libéré en 2005 du petit Luc Taron âgé de 11 ans et tué en 1964. En revanche les victimes portent leur calvaire immédiatement et pour leur famille à vie jusqu’au bout. Quand les bruits de l’horreur ont disparu et que la mémoire s’est estompée eux n’oublient pas. Qui osera contester la décision contre Mme Benkired première femme à avoir subi cette peine ?   

La société a le devoir de se protéger et de prendre des sanctions exemplaires qui réparent -le verbe est faible- les drames qui éclatent et brisent des destins d’innocents.  

L’humanisme n’est pas de s’apitoyer ou vouloir comprendre l’autre au nom des grands principes philosophiques et de l’être humain dans sa globalité avec son côté sombre sinon pervers. C’est -à -dire celui ou celle qui a franchi la barrière de la civilisation. Avec des excuses ou des explications plus ou moins pitoyables et inacceptables. Ou en soutenant qu’il ne faut pas être « normal » pour accomplir des actes d’une cruauté qui défie l’entendement ou tout simplement la conscience.  « Dérangé ou « en confusion » ce qui peut s’appliquer parfois à soi, on le vit. Mais tous ceux et celles qui le sont à des degrés divers ne commettent pas l’irréparable, heureusement. Pour Mme Benkired les experts ont noté son côté psychopathe mais l’ont déclaré entièrement responsable. Ce qui donne à réfléchir en matière de banalité du mal. Hannah Arendt a formulé des pistes dont l’impossibilité de penser.

Pour oser les actes les plus odieux il y a chez l’humain quelque chose qui ne marche pas bien, c’est du bon sens de le dire. Mais on est obligé d’admettre que le mal peut -être absolu chez un individu, que rien ne l’empêche y compris la punition, que ses besoins sont les plus forts sinon irrésistibles, que son intellect ne lui interdit rien même une injustice et que, quelles que soient une éventuelle sanction ou de la prévention, rien ne l’arrête. Ou le dissuade. Quitte à faire payer ceux qui croisent sa route et n’y peuvent mais. Il est dans la société mais évolue dans son monde.  Quand il demande pardon pendant son procès, en réalité il se lamente sur son propre sort. 

C’est évidemment une infime minorité qui est coupable. Et le constater n’est pas désespérer de l’homme ou de la femme ou être un affreux sceptique ou réactionnaire.   L’humanisme n’est pas que la réponse à une émotion ou à une interrogation dans la théorie. Ou par croyance ou par partisanisme. On ne peut mettre l’individu au -dessus de tout quelles que soient les circonstances. D’autres valeurs sont légitimes. L’histoire nous l’a appris et bégaie actuellement. Le procès de Nuremberg a jugé des petits et médiocres hommes devenus bourreaux sans états d’âme, parce qu’ils avaient reçu des ordres. L’actualité nous apprend que certains obéissent à dieu ?

Malgré les grands discours et les leçons de morale parfois contre- productives, il faut déplorer que certains continuent leurs tristes parcours, soient sourds et aveugles volontaires et réalisent des actes qui donnent à méditer sur la nature humaine. L’humanisme n’est pas d’être dans le déni mais de persister avec ses propres moyens à améliorer l’homme donc soi -même et l’humanité qui n’est pas un bloc uniforme. Il faut se regarder dans le miroir puisque le principal ennemi de l’homme, c’est lui.  Rien n’est jamais acquis. C’est Sisyphe qui remonte son rocher chaque jour.  L’humanisme c’est la persévérance, d’essayer de transformer l’utopie en réalité et de croire que l’homme/la femme malgré ses défauts progressera non pas vers la vérité que personne ne connait, mais vers l’harmonie avec les autres. Et la tolérance. Sans être dupe. Ou tendre l’autre joue.   

Ce qui n’est pas incompatible avec de la fermeté et de l’autorité dans la vie quotidienne et la nécessité de dire non pour unir et de réprimer s’il le faut. L’enfer est pavé de crédulité et de bonne foi. L’humanisme n’a pas le monopole des sentiments ou du bon cœur ou du pardon quoiqu’il arrive. « Vous n’aurez pas ma haine » certes, mais d’aucuns ne supportent pas le malheur. C’est aussi humain. Je ne juge personne. Quand on n’est pas confronté au problème, on peut donner de sa petite chaire des conseils décalés ou un avis pas forcément éclairé.  

La justice est un des maillons de l’état de droit. A priori nous avons tous été Lola et satisfaits de la décision de la cour d’assises. Le débat reste ouvert : comment mettre à l’écart les plus dangereux criminels. Par la prison à vie ou autrement ? Et en même temps être solidaire des victimes. Il faudra y penser à froid surtout dans notre époque de plus en plus violente et barbare.  L’humanisme a de beaux travaux à mener devant lui.  

 La Justice dispose de deux armes symboliques et puissantes à égalité dont elle doit se servir : le glaive et la balance.  Le peuple souverain devrait s’en féliciter.       

jeudi 23 octobre 2025

Ordonnances sur canapé

 

                                           Ordonnances sur canapé

                Par Christian Fremaux avocat honoraire

Quand je suis sur mon canapé en regardant les nouvelles qui sont peut-être des fake news ou des images issues de l’intelligence artificielle je m’interroge ou je m’endors. En ce moment j’ai l’impression de n’être pas en bonne santé car on ne parle que d’ordonnances. Comme je suis retraité et probable futur très malade je me sens concerné par l’imagination féconde pour trouver des ponctions de nos parlementaires dont la plupart sont des militants professionnels très jeunes qui n’ont jamais vraiment travaillé comme tout le monde. Mais qui donnent des leçons de comportement sinon de morale. Pour pallier la mauvaise gestion tous partis confondus depuis des décennies, il n’y a pas de responsable et encore moins de coupable. Sauf moi puisque je vote à toutes les élections depuis que j’ai l’âge légal. J’ai avalisé au moins implicitement.  

Désormais il faut prendre l’argent de ceux qui ont travaillé et qui ne se sont pas délocalisés pour redistribuer à la masse immense de ceux qui en ont besoin. Et ne paient pas un centime tout en touchant des aides. A tort ou raison. Mon canapé devient un toboggan. Je glisse vers le néant qui caractérise certains esprits bruyants.  Et j’écoute, ébahi, nos excellences expliquer qu’elles ont la vérité. J’ai choisi volontairement des exemples disparates qui font polémiques.

Le premier ministre M. Lecornu   pour éviter la censure s’est engagé à ne pas utiliser l’article 49.3 qui avait permis après de nombreuses manifestations et débats violents à la chaleureuse Mme Borne de faire passer la réforme des retraites jusqu’à 63 ans et non pas 64 ou 65 voire plus comme dans tous les autres pays qui nous entourent. Des « brutaux » qui n’ont pas la fibre sociale et égalitaire comme nous ! Avec l’argent qu’on n'a pas. La démographie est le juge de paix en la matière. Sans actifs point de suisse je veux dire de bons cotisants.  C’était le point de crispation et M. Lecornu a ajouté qu’il suspendait la réforme. M. Macron a aussitôt précisé ni suspension ni abrogation mais décalage. C’est la solitude de fond du premier ministre comme le goal au foot qui est le dernier rempart quand l’attaque -sur les dépenses - est nulle et la défense- impôts, taxes, justice fiscale-une passoire. La Constitution devient un texte à option.  

Le PS a crié « on a gagné » pour faire oublier qu’il avait obtenu moins de 2 % à la présidentielle. Mais c’est une victoire à la Pyrrhus car chacun sait que la réforme est indispensable : on va peut- être en profiter pour examiner une retraite à points ou par capitalisation – elle existe dans la fonction publique - en renforçant la retraite par répartition. Le même régime pour tout le monde n’a plus de sens. Et il faut aligner le privé et le public. M. Lecornu a oublié de préciser que si le parlement ne se mettait pas d’accord sur un budget, l’article 47 de la Constitution lui permettait de faire valider son projet initial : « si le parlement ne s’est pas prononcé dans un délai de 70 jours les dispositions du projet [le budget] peuvent être mises en vigueur par ordonnances ». Mais cela ne s’est jamais fait et on ne connait pas le contenu formel des ordonnances. Et si le Conseil Constitutionnel n’approuvait pas ?  On n’est pas sorti de l’hôpital. Ordonnances fait songer à maladie grave qui peut conduire à une incapacité totale. Et 2027 c’est loin il faut ramer. En prenant des vitamines sinon des calmants.

M. Sarkozy est en prison. J’ai mal qu’un ancien chef de l’Etat dans notre démocratie subisse cette infâmie. Qu’on l’aime ou le déteste n’est pas le sujet. Certains s’en réjouissent. La petitesse n’a pas de limites et est contre- productive. M. Sarkozy ressortira plus grand qu’il n’était en arrivant. Car il sera libre un jour ou l’autre.  Et je crains que la Justice indépendante- jusqu’où et avec quelles contreparties (sa responsabilité ?)- n’ait pas amélioré son image auprès du peuple français au nom duquel elle juge. Et qui ne partage pas forcément les mêmes valeurs.  M. Sarkozy est présumé innocent jusqu’à ce qu’il soit jugé coupable éventuellement de façon définitive. Je ne me prononce pas sur le fond du dossier bien que j’aie lu les 400 pages du jugement. Le faisceau d’indices apprécié subjectivement par les magistrats n’est pas une preuve.  La motivation de l’exécution provisoire pour le mandat de dépôt est confondante. Il y avait d’autres moyens techniques que l’incarcération qui est toujours l’exception même pour le pire des malfaiteurs voire terroristes ou OQTF aussi selon les bien- pensants, sauf pour leurs adversaires devenus ennemis, pour s’assurer que M. Sarkozy était bien puni et rendrait des comptes, ne s’enfuirait pas en Libye ou à Gaza pour récidiver ! ou n’achetait pas des témoins sachant que son dénonciateur M.Takkedine est décédé et que le document produit par Mediapart est un faux. Je partage l’opinion de Me Dupond-Moretti. La décision des trois juges me turlupine.

En réalité les juges ont rendu une ordonnance. M. Sarkozy a fréquenté des collaborateurs qui ont commis des faits graves. Il ne pouvait l’ignorer et il a été contaminé à l’insu de son plein gré. Il fallait donc l’écarter, le mettre en quarantaine, à l’isolement c’était un devoir d’intérêt général. De santé publique. A la maison d’arrêt de la Santé à Paris ce n’est pas un désert médical !  On y « soigne » des vraies racailles qui insultent un autre détenu : comme si M. Sarkozy était un prisonnier comme un autre ! C’est grotesque de le soutenir. Les juges qui ont estimé que M. Sarkozy avait troublé avant 2007 « l’ordre public » l’ont aggravé par leur décision. La prison de la santé n’est pas le château d’If mais M. Sarkozy relit le comte de Monte Cristo. Et attention à l’effet boomerang. Ce que l’on fait pour les puissants peut rejaillir sur les plus faibles. Ou sur ceux et celles qui hurlent au parlement. Ou dans les médias. La Justice ne se découpe pas en tranches. Et personne n’est à l’abri de l’interprétation de faits et de textes légaux parfois obscurs. L’arbitraire est pavé de bons sentiments.

Le mieux va être de n’être jamais malade, de n’être pas retraité après avoir beaucoup travaillé et payé ; de n’avoir pas trop de revenus ou de vouloir transmettre un héritage fruit de votre labeur et de vos sacrifices.  Et de ne prendre aucune responsabilité en s’engageant pour éviter d’avoir à répondre à des juges. Que de belles perspectives, que d’encouragements à construire une société meilleure !  Ou plutôt de déconstruire ce qui faisait la France dans ses valeurs républicaines, ses traditions des territoires, son art de vivre, son humanisme et son universalisme. L’ordonnance que je me prescris est de ne participer qu’à partir de mon canapé. Bonjour tristesse.      

 

samedi 11 octobre 2025

Le revenant et les mêmes électeurs

 

                            Le revenant et les mêmes électeurs

                    Par Christian Fremaux avocat honoraire

Nommer un premier ministre c’est marcher sur un fil et s’exposer à être critiqué par ses amis qui ne sont pas dans le coup et ses adversaires qui voudraient l’être. La lamentable commedia Del Arte a continué. On n’a pas voulu choisir des boomers mais des expérimentés sans ambition pour 2027.C’est la rupture. Le soldat Lecornu s’est dévoué avec les mêmes électeurs.  Il revient bien qu’on ne connaisse pas son programme. L’opposition hurle à l’injustice et à la censure. On ne l’a pas retenue malgré tout ce qu’elle propose de novateur ! Le premier ministre est porté comme la corde soutient le pendu. Les coupeurs de tête vexés sont à l’affût surtout dans le même camp. Les excités antifas sont les nouveaux Savonarole car qui n’est pas progressiste est un extrémiste de droite. A quoi sert le vote des Français qu’on l’approuve ou non ? On a exclu une masse de votants de la négociation. Où est l’intérêt général ? A-t-on peur d’interroger les Français ? On reste dans du délire. On agonit ceux et celles qui auraient mal voté. Mais un gouvernement doit être une union. Clarifions des mots.    

On connait les caractéristiques de l’autoritarisme : la terreur de l’esprit notamment, l’arbitraire, la répression aveugle, les inégalités, le racisme, la régression sociale. De l’ordre. En 2025 en France l’insulte la plus grave est d’être traité de facho. Mes administrés picards proches de la terre se sentent visés car il est possible qu’ils revotent bientôt ? Ils sont aux taquets et ne veulent pas se faire avoir une seconde fois. Ils ont le sentiment d’être vilipendés par des urbains qui auraient le cœur et les bons sentiments en bandoulière ou par des intellectuels fumeux, dépassés, et insultants.  

Ils sont des millions en France à aller voter mais pas à gauche et ils ont eu des grands- parents ou parents arrêtés, déportés, résistants, fusillés. Le totalitarisme ils connaissent. Ils en ont bavé après-guerre où ce n’était pas facile pour refaire surface et pour reconstruire quoiqu’on pense avec les crises. En permettant à beaucoup de leurs enfants de réussir actuellement, même s’il faut réformer. Toute mesure envisagée fera polémique. Ce n’est aisé pour personne de nos jours. Les sectaires ne sont pas ceux que l’on croie. Ni ceux que l’on désigne en vrac car ils penseraient et voteraient avec un rétroviseur.   

 On leur dit qu’ils sont des individus dangereux car ils ne croient pas à la doxa dominante. Ils regardent entre autres C. News qui créerait l’atmosphère d’insécurité comme s’en étouffe Me Dupond- Moretti ou écoutent Europe I média dit peu objectif avec des chroniqueurs qui seraient partisans. Alors que sur le service public ce serait l’objectivité et la vérité ! Même les fâchés qui ne votent pas n’aiment pas le terme facho. Ils se sentent humiliés. Les antifas sont des pseudos tolérants mais qui cassent ou dénigrent avec jubilation.     

Avec le vocable facho qu’on assimile à populiste ce qui est péjoratif les électeurs de base seraient des intolérants barbares. Des contemporains leur reprochent ce qui serait des idées inacceptables pour les autres. Facho discrédite d’avance tout argument sensé, permet de refuser tout débat, n’oblige pas à justifier ses positions, et est par postulat le contraire du rationnel et du contradictoire. Il élimine d’office les désignés malgré eux indignes de participer au bien commun. Leurs avis ne comptent pas car ils auraient des arrières- pensées sordides. Lesquelles ? En voulant un âge de la retraite cohérent avec la concurrence. Ils sont des sous -citoyens à écarter à tout prix. Car ils veulent qu’on dépense moins. Et on les subirait même s’il y a des élus de plus en plus nombreux. On devrait réfléchir : pourquoi des honnêtes gens votent ainsi ?  

Des bonnes âmes disent qu’il faut avoir une France libérée des vilains rancis, une nation idéale où toutes les communautés s’aiment telles qu’elles sont, que la religion reste privée mais puisse être visible ce qui est une liberté, une France qui est un simple territoire écologiste où tout le monde vit quand et comme il veut et bénéficie de droits sans même avoir contribué. Et qu’on ne doit dénigrer personne y compris ceux qui ont droit à la paresse et à la solidarité avec l’argent public. Sauf les riches. Il faut faire expier ceux qui ont réussi et qui travaillent et qui réclament la stabilité comme évidence. Il faudrait rééduquer ces citoyens égoïstes, les priver d’avoir des représentants et si on pouvait les exiler on le ferait ! Le front républicain a été une tentative. Ce fut le début de la fin démocratique.   

L’idéal de quelques -uns ce serait que le peuple jamais content, suive les élites, celles qui nous ont conduit à tour de rôle depuis des années là où nous en sommes et qui ont trouvé des idées fiscales inédites bien qu’expérimentales pour poursuivre ! L’Etat est devenu obèse mais il avait fallu répondre aux attentes des Français. Ils ont voulu du compromis : ils ont eu du maquignonnage cadré et sélectionné sous menaces de censure.  Le citoyen a eu ce qu’il aurait choisi. Est- ce de la démocratie ?  J’aurais préféré une rupture avec de la responsabilité et moins d’égo. Mais je ne suis pas du petit pré- carré des élites. Et retourner aux urnes fait peur aux futurs battus. On peut dissoudre le peuple dans un marécage.    

L’électeur est libre et le souverain. Les institutions sont notre socle. Les pouvoirs sont délégués par le peuple. A la fin le citoyen doit être respecté, pas réprimandé et obéi selon les votes exprimés. Les idées se croisant on peut être de droite et humaniste. Être pétri de bons sentiments mais être réaliste et adepte de la raison. On a le droit de partager l’avis d’un socialiste M. Rocard et être d’accord pour avoir une immigration choisie. On peut vouloir de la sécurité publique et de la fermeté dans un état de droit revisité. Ceux qui créent des entreprises sans maltraiter les salariés sont à soutenir.  Et préférer ceux qui se fatiguent à ceux qui en profitent. Les hargneux sont le contraire de la démocratie.

Il faut respecter la loi qui est la règle du jeu collective et ne pas approuver les actions des désobéisseurs par principe. On peut croire que les devoirs sont aussi importants que sa liberté sans limite. On peut exiger une morale ou des principes éthiques qui font consensus et qui séparent le bien du mal. Et on n’a pas à corriger un scrutin public qui ne plait pas.   

J’ai expliqué à mes amis du peuple qu’ils n’étaient pas des fachos.  Ai-je raison ?   

jeudi 2 octobre 2025

Nuance et modération

 

                                                     Nuance et modération

                      Par Christian Fremaux avocat honoraire

On est fatigué du climat conflictuel et délétère qui règne. Je n’écris pas haineux car se serait tomber dans le superlatif qui excite. Les concernés se reconnaitront. Des indignés se sentent visés ou dénient la cause qui -selon eux - ne peut être attribuée à des personnes forcément de bonne foi ou inattaquables par définition. Et ceux qui dénoncent les abus mettent en danger l’état de droit sinon la république. Pas moins ! Toute critique ne peut s’adresser à des catégories innocentes par nature. Ou intouchables par statut. Etrange débat public ! Tout ce qui est excessif est insignifiant disait Talleyrand. On ne progresse ni dans l’anathème ni dans la flatterie. Et surtout en tordant les principes. On se dispute pour tout. On n’admet aucun tort : on veut avoir raison quelles que soient les conséquences. Mais si elles sont négatives on n’endosse pas la responsabilité.   

Il n’y a plus d’adversaires mais des ennemis à abattre. Avec du chantage en politique car si on n’accepte pas les propositions d’une opposition très minoritaire par parti elle censure. Elle exige sa victoire, ses scalps ! C’est pathétique et inquiétant. Et irresponsable pour qui veut gouverner la nation. Outre des insultes contre celui qui n’est pas progressiste donc du camp dit du bien. Certains voient des millions électeurs fachos qui l’ignorent et d’autres aperçoivent des illuminés idéologues donc dangereux qui vont casser le pays. Chacun a des opinions tranchées et les exprime. Violemment. Au nom de la liberté on veut empêcher les autres d’argumenter. On craint les idées.  Dans le pays de Voltaire qui se pique de tolérance et donne des leçons de bonne conduite et de réflexion au monde entier avec le succès que l’on connait, on devrait être plus mesuré. Mais on rejette toute contradiction.  Où sont l’union minimum et le respect ? Une des difficultés de l’époque actuelle est que beaucoup prennent leurs désirs pour la réalité et cherchent à les imposer. Prenons des exemples qui divisent.  

Dans l’audiovisuel public en déficit bien qu’alimenté par les impôts de tous, Mme Ernotte sa dirigeante indique qu’elle fait des programmes comme elle pense que la France devrait être. La nation traditionnelle telle qu’elle est selon les citoyens devient du conservatisme « nauséabond ». On apprend que la dame souhaite la suppression de médias privés au nom du pluralisme bien sûr pour que la doxa dominante règne. ORTF sort de son corps ! Deux de ses journalistes font tout pour qu’un candidat d’un parti politique arrive au pouvoir en éliminant un membre du mouvement concurrent. On attend encore les sanctions ou des excuses car sauf erreur le service public doit être neutre. Comment avoir confiance dans l’information publique officielle ?

Avec l’actualité judicaire on est monté sur les grands chevaux. On se méfie de la Justice ? Horreur et injustice ! La magistrature est vent debout contre les propos de M. Sarkozy prononcés à chaud en étant sonné par le verdict qui le conduit en prison. Aurait-il dû dire merci et prononcer son mea culpa avec des menottes ?  L’accusation n ‘avait pas demandé d’incarcération immédiate même un peu différée. Le tribunal est allé au- delà des réquisitions.  La magistrature a l’épiderme sensible quand on lui demande personnellement des comptes et une poigne de fer quand on souhaite de la répression pour les prétendus forts. Elle conteste l’accusation de laxisme sauf pour les personnes vulnérables dans leurs diversités. Qu’elle choisit.  On a entendu les grands mots : indépendance ; état de droit ; interdiction de mettre en cause un magistrat ad hominem et de critiquer la décision ; des années d’enquête et un jugement de 400 pages qui prouveraient que la motivation est « en béton » avec des faits avérés. Malgré les relaxes qui démolissent le fondement des poursuites ? Et justification du mandat de dépôt qui est prononcé chaque jour sans protestations contre des centaines de délinquants ...Ces explications curieuses des juges ne change pas le vide reconnu des preuves.  

Un ancien président de la République vaut donc un criminel patenté ou un trafiquant de drogue ou un OQTF qui récidive. Il est inadmissible d’appuyer sur la tête d’un homme qui a donné pour l’intérêt général et qu’on noie, serait-il coupable. La justice n’est pas une vengeance. Elle protège la collectivité et rappelle la frontière entre le bien et le mal dans la vie courante. L’humanisme ne se divise pas.

 MM. Mmes les bâtisseurs du mur des cons membres du syndicat de la magistrature admirateurs de Mediapart et de son probable faux selon les juges, en ont rajouté une couche. Ils auraient mieux fait de se taire. On est tous d’accord pour condamner fermement ceux qui ont menacé la présidente du tribunal. Ils devront être sévèrement punis. On peut faire confiance dans les magistrats pour ce dossier. Car ils appliquent la loi votée par le législateur. Si celui-ci s’est trompé qu’il rectifie. Le juge pour M. Sarkozy a usé de son pouvoir d’appréciation base de la législation pénale et de l’individualisation des peines sauf pour la liberté pour principe et la détention comme exception, valables pour tous ? L’état de droit est plus large que la Justice qui est déléguée par le peuple souverain qui décide, seul vrai pouvoir. Il faut l’entendre sinon le suivre. L’interprétation subjective des textes sans appel possible, devient problématique. On doute.    

 La polémique n’a pas porté sur l’essentiel à savoir sur la présomption d’innocence, le double degré de juridiction menacé par l’exécution provisoire, les garanties de représentation du devenu coupable, l’absence de risque de récidive ou de danger pour l’ordre public dont le contenu est à géométrie variable. Ce sont des sujets majeurs qui n’intéressent pas les médias. Ni ceux qui veulent un exemple dans l’absolu quitte à être déjugés. Ce qui compte c’est qu’un puissant qu’on déteste humainement et politiquement dorme en prison.  Aux motifs que l’on estime que des faits très anciens non commis par celui qui a incarné la France donc circonstance aggravante pour les magistrats, seraient d’une exceptionnelle gravité. N’y aurait-il eu qu’une intention ou le fait présumé d’avoir su. On n’a pas fait dans la nuance. En dépit du poids des pages.   

Malgré la tripartition au parlement on est revenu au binaire. Tout est blanc ou noir. Essayons le ternaire : thèse, antithèse et synthèse qui conduit à l’ouverture d’esprit sinon aux compromis positifs et gagnants. On pense faussement détenir la vérité qui est multiple. Que chacun se regarde dans la glace : il y reconnaitra son meilleur ennemi qui comme Janus a une face sombre. Personne n’est l’avant -garde éclairée de la morale et de la vertu. On ne doit user de ses pouvoirs que d’une main tremblante et avec modération.