mardi 3 septembre 2024

Appliquons la loi existante

 

                              Appliquons la loi existante

                Par Christian Fremaux avocat honoraire

J'ai une idée géniale et je me demande pourquoi nos élites n'y ont pas pensé :  et si tout simplement on appliquait la loi ? Rien que la loi mais toute la loi.

A chaque fois qu'il y a un fait très grave qui défraie la chronique on a la même discussion. Car l'émotion parfaitement légitime l'emporte. La mort d'un gendarme ou d'une fillette bouleverse tout le monde. On hurle que la loi est insuffisamment sévère ; on entend qu'il faut rétablir la peine de mort pour les barbares, les assassins. Pourquoi les juges sont-ils aussi laxistes ? Il faudrait voter d'autres lois encore plus dures et remplir les prisons. L'opinion publique est pour. Surtout le citoyen qui respecte le code de la route, paie ses contraventions et son assurance, s'arrête sur injonction d'un policier ou d'un gendarme et en général se soumet à la règlementation, aux normes enfin à tout ce qui entrave ses libertés.  D'accord et après jusqu'où ira-t-on ?

On sait que la loi est votée par les parlementaires de gauche comme de droite ou de nulle part on s'en aperçoit de nos jours et qu'elle est l'expression de la volonté générale. Elle doit poser des principes et ne pas viser telle catégorie de la population en particulier ou satisfaire une croyance ou faire plaisir à un petit groupe persuadé de détenir la vérité. Cela c'est la théorie car chaque citoyen a bien compris que le contenu et la portée des lois répondaient souvent à des soucis d'idéologie ou de captation de clientèles pour arriver au pouvoir. 

 Dans notre vie politique moderne et passée on ne vivait que par l'alternance. Le prédécesseur a tout faux et a créé désordre, discriminations, inégalités et injustices. Il faut tout changer. L'électeur à l'époque n'avait rien compris. On va lui montrer la voie à suivre pour son bien car c'est un enfant. Il faut le tenir par la main dans son intérêt. Chaque camp a des certitudes et arrivé au pouvoir il faut abroger en urgence ce que le gouvernement précédent a fait pour imposer sa vision de la vie économique comme sociale mais aussi humaine. Ce qui devient délicat et entraine des débats de société sans fin. Et des conflits. Car la vie change et le citoyen évolue parfois à rebours. 

Depuis 1958 on a eu des majorités absolues ou relatives qui permettaient de gouverner, parfois en cohabitation. On va voir ce que va donner le gouvernement qui se constitue puisqu'il y a désormais trois blocs avec des partis plus ou moins minoritaires en nombre. Avec des exclus de l'arc républicain et un accord sur rien. Les Français payeront. Ils sont eux constants sur place et semblent avoir voté pour plus de fermeté, de limitation de l'immigration qu'on leur impose ou qui s'invite comme des squatteurs, sans oublier l'identité de la France et leurs niveaux de vie avec des services publics performants et des primes au travail. Les professionnels de l'élection qui échouent retournent à leurs chères études ou se font nommer à une sinécure. Les contribuables soldent la facture.  Si la démocratie n'a pas de prix elle a un coût.

Il ne faut pas exiger de nouvelles lois à chaque fois qu'un évènement tragique survient. Appliquons sans faiblesse d'abord celles qui existent et faisons exécuter les peines y compris  des courtes qui peuvent être exemplaires sinon dissuasives.

 Ne tirons pas sur les pianistes que sont les magistrats. Certes certains se trompent comme dans toute activité humaine mais les conséquences peuvent être définitives pour les victimes directes ou indirectes. D'autres sont politisés et jugent avec leurs œillères en construisant des murs de cons. Mais ce n'est pas la majorité. Les juges en tout domaine sont tenus d'appliquer en l'état les lois qui sont votées par le parlement et qui souvent au pénal reflètent de l'indécision ou de l'utopie. Punir à bon escient peut être utile. Le faire savoir aussi. L'éducation est une solution mais par qui ? la famille est défaillante, l'école débordée et l'Etat n'est pas bon pédagogue et ne peut tout gérer. Il y a notamment en matière de délinquance un minimum et un maximum de la peine pour tenir compte de la personnalité du présumé coupable et des circonstances. Force est de constater qu'un juge qui choisirait le plus souvent le maximum aurait à s'expliquer devant sa hiérarchie ! Changeons les habitudes et les raisonnements.

 Les juges s'efforcent de suivre et d'interpréter les politiques pénales décidées par le pouvoir exécutif. Actuellement moins de détention, plus de peines de substitution car on manque de tout, de personnel, de juges et greffiers, d'éducateurs, d'établissements, de centres de rétention… Me Dupond-Moretti Garde des Sceaux démissionnaire a fait progresser considérablement le budget de la justice mais ce sera toujours insuffisant. Ce ne sera jamais assez car les individus ont changé. La violence des jeunes en particulier liée aux trafics de drogue ou à une peccadille s'est développée. Les mots autorité, obligations, solidarité, obéissance n'ont plus de sens. Y compris pour les adultes. Dire non est un casus belli, une provocation ! Chacun considère qu'il a une créance sur la société qui est là pour satisfaire ses envies et ses besoins. On n'arrive pas à trancher entre prévention car il ne faut choquer ou discriminer personne et répression qui sont pourtant des devoirs complémentaires et on se dispute sur le régalien. Ce qui est néfaste à l'ensemble de la société car on ne peut vivre et prospérer que dans la tranquillité. Sans compter les guerres extérieures qui se répercutent sur notre territoire et le terrorisme sous toutes ses formes. Les victimes subissent. En se taisant si possible car il ne faut pas d'amalgame. Sont-elles la priorité de la Justice ? 

Ajouter des lois aux lois ne donnera rien. Sauf si on aboutit à un consensus politique sans restriction sur le régalien : la sécurité, la justice, l'ordre public, le respect de la loi. Que nos éminents parlementaires donnent l'exemple et n'encouragent pas à tout décrier et à voir le mal partout surtout chez le concurrent et adversaire aussi citoyen que soi-même, aussi humaniste, aussi fraternel.

Et qu'on réapprenne la responsabilité individuelle. Ce n'est pas toujours la faute des autres ou un problème matériel ou un manque de moyens. Chacun doit se prendre en mains et répondre de ses actes.   

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