lundi 25 septembre 2023

Le syndrome de Pinocchio

 

                                        Le syndrome de Pinocchio

                     Par Christian Fremaux avocat honoraire

Est- il nécessaire de mentir ou de raconter n’importe quoi pour faire avancer la société ? Le progrès se construit- il sur du faux ? Le citoyen se laisse -t -il prendre par les billevesées qui annoncent l’apocalypse ? Tout ce qui est excessif est insignifiant disait le prince de Talleyrand.

Nous sortons d’une belle semaine. Nous avons accueilli avec ferveur le Roi Charles III qui règne mais ne gouverne pas. Cela nous plait, nous qui vivons dans une monarchie républicaine selon la formule de l’illustre professeur de droit Maurice Duverger. Les bleus ont passé un carton en rugby à la Namibie. L’équipe exprime la cohésion avec ses diverses personnalités talentueuses, sa force et sa discipline en mêlée, l’attaque incessante, sa résilience quand il le faut, donc l’image que l’on souhaite de notre nation. Surtout quand les joueurs chantent vraiment la Marseillaise et qu’on ne parle pas de mercato à plusieurs millions d’euros. Le spirituel faisant défaut dans notre vie quotidienne on s’est réjoui que le pape vienne à Marseille, en France a-t-il précisé. Certes depuis la loi de 1905 la laïcité a remplacé à juste titre l’organisation civique de la fille ainée de l’église, mais dans les communes les églises restent au centre du village. Il a indiqué que nous n’étions pas envahis mais qu’on nous demandait l’hospitalité et qu’il fallait ouvrir les bras. La France est fière de son droit d’asile à condition qu’il ne soit pas dévoyé et en pouvant choisir ceux qui deviendront des citoyens. Et qu’on ne nous accuse pas des pires sentiments négatifs. Mais sa sainteté n’a pas proposé que les migrants surtout réellement mineurs se réunissent place saint -pierre et que l’Etat du Vatican prenne sa part concrète dans la situation de migration actuelle. Jamais Dieu ne remplace César. Personne n’a le monopole de l’humanisme.

C’est le samedi 23 septembre que tout s’est gâté avec les manifestations contre les violences policières ce qui serait une priorité absolue. Avant même la lutte contre les délinquants de toute nature et l’insécurité en général. Deux tentatives d’attentats sont déjouées chaque mois ! Était- ce pour rappeler aussi que la république est supérieure à une monarchie même constitutionnelle, ou que le pape n’a qu’un pouvoir intemporel et que les êtres humains souffrent partout dans le monde y compris dans notre cher et vieux pays ?  On ne le saura pas car les gentils organisateurs pacifiques et tolérants à géométrie variable par choix, n’avoueront rien. Ils n’ont qu’une cible : la police qui tue, soyons nuancés !

Dans tout le pays il y aurait eu une vingtaine de mille manifestants. C’est peu au regard des millions de citoyens dont la majorité reconnait le rôle essentiel de protection et de secours des forces de l’ordre, et qui préfère les innocents aux voyous. Mais la minorité qui hurle est agissante et hétéroclite et use de son droit de manifester non discuté sous l’œil vigilant des policiers qui s’exposent à être pris à partie ou malmenés et qui disposent de la violence légitime parfaitement légale. Paradoxe quand tu nous tiens.

Les cortèges étaient composés de tous ceux et celles qui sont mécontents, mais pour eux leur haine vient de la faute des autres, de tous les pouvoirs, de ceux qui ne leur donnent pas raison à première revendication, et notamment des élus dont le président de la république et plus généralement de l’Etat sachant que l’Etat c’est nous tous, donc moi aussi. Le mieux serait de supprimer toutes les élections et les institutions démocratiques, puisque ce serait la rue qui dirigerait. Enfoncés la république, la monarchie, le pape, des citoyens venant de nulle part mais éclairés par leurs bougies ont la science infuse. Pour arriver à leurs fins politiques, ils sont prêts à raconter n’importe quoi, à mentir s’il le faut car leurs ambitions seraient justes, à extrapoler, à affirmer sans élément incontestable et à exacerber les tensions. L’état de droit ne les concerne que quand il est à leur avantage. La justice est partiale avec certains notamment les soi -disant racisés ou discriminés systémiques, sauf si les juges partagent leurs convictions. Ce fut le cas samedi et c’est ce qui me désole.

Dans le cortège il y avait des gilets jaunes se disant martyrs de tirs de l.b.d.et des comités de soutien à des prétendues victimes de la police qui serait le bras armé du racisme institutionnel , quelles que soient les décisions de justice rendues ; des membres de la Cgt qui sont pour la justice sociale ce qui est loin du domaine de la police ; des mécontents de tout, de l’inflation à la réforme des retraites en passant par le réchauffement climatique ou la théorie du genre ;  et enfin des membres du syndicat de la magistrature ce qui m’a choqué.

Il y a eu des heurts comme d’habitude et une voiture de police attaquée par ce qui serait une bande de black -blocs toujours présents au rendez- vous. On n’a pas vu un manifestant ou des centaines de manifestants sur place tenter de venir aux secours des policiers ! Il y a eu des interpellations et la justice va être saisie, je l’espère. Mais peut -on être partie au défilé, témoin de la scène et … juger ceux qui sont déférés ? Il va y avoir pour les parties civiles de la récusation dans l’air. Avec la présence du syndicat de la magistrature à la fête de l’humanité puis qui défile aux côtés de délinquants attendus en validant au moins implicitement les slogans anti flics, c’est le devoir d’impartialité et de réserve qui disparait. Et la distinction entre je n’ai rien contre la police mais je combats les violences policières qui sont d’ailleurs condamnées avec rigueur quand elles sont avérées est un argument byzantin et trop subtil pour moi. Je ne crois pas que la confiance dans la justice s’accroit avec ces comportements.

Immédiatement des politiques ont accusé le ministre de l’intérieur d’être responsable des débordements et exigé la suppression de l’I.g.p.n voire la police elle -même pour la remplacer par je ne sais quoi de proximité ,un peuple sélectionné ou l’opinion publique ? Des médias objectifs vérifient la réalité des images et des paroles pour savoir s’il s’agit d’intox, de fake- news ou de montages. On s’aperçoit que le mensonge ou les demi-suppositions sans preuves sinon les approximations orientées sont à tous les étages. On n‘attend pas la fin des enquêtes judiciaires pour accuser et condamner. Si le supposé et utile coupable ne l’est pas, tant pis pour lui. La cause d’abord.

Mentez, dissimulez, tronquez il en restera toujours quelque chose. La société libéro/étatique serait forcément responsable de tout ce qui ne va pas. La responsabilité individuelle se dissout dans la foule indignée et l’absence de devoirs collectifs ! A tout dramatiser on amplifie à tort les problèmes et on empêche les solutions d’émerger. 

Geppetto a perdu la maitrise de sa marionnette le pantin Pinocchio dont le nez s’allonge quand il ne dit pas la vérité. Elle est entre les mains d’une poignée d’individus qui veulent imposer leurs certitudes croyant qu’elles sont bonnes pour l’intérêt général. Ils sont dangereux et sans panache. N’a pas le nez de Cyrano de Bergerac qui veut.    

1 commentaire:

  1. Félicitations, toujours le meilleur dans la très juste expression de la réalité.

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