L’avenir est- il derrière nous ?
Par
Christian Fremaux avocat honoraire.
Va-t-on dans
le mur ? Voulons -nous revivre une cohabitation comme jadis qui
conduira à du surplace ou souhaitons -nous avancer ? Depuis la réélection comme
président de M. Macron aucun problème sérieux sur fond de guerre n’est
évidemment réglé mais un nouveau psychodrame se met en place : y aura-t-il
une majorité à l’assemblée permettant de réaliser des réformes ? Ou
comment faire en sorte que le chef de l’Etat renouvelé ne fasse pas ce qu’il a
annoncé et mener une offensive législative d’obstruction pour l’obliger à prendre
des mesures auxquelles il n’aurait pas pensé - ou qui ne lui plaisent pas. Décisions
qui doivent sauver la France selon les candidats battus mais satisfaits de
leurs hauts scores. Ils estiment que leurs défaites sont des victoires et
considèrent avoir gagnés de fait.
M. Macron a
reconnu que sur les 58,55 % d’électeurs qui ont voté pour lui une partie venant
des partis battus n’approuvait pas son action passée ni ses projets de
candidat, mais étant le président de tous et toutes il tiendrait compte
des critiques, colères et attentes. Cela ne veut pas dire qu’il va
appliquer les programmes de Mme Le Pen, M. Mélenchon, celui des verts ou les
demandes de M. Lassalle, y compris celles du parti communiste qui prône à juste
titre la bonne chère, la viande et le vin. Sur les 58,55 % il y a eu des électeurs
convaincus par M. Macron qui l’ont élu par adhésion et non pour faire barrage,
et pour qu’il agisse encore plus sans oublier ce qui a fait défaut selon moi, le
régalien c’est-à- dire la sécurité, la justice, les valeurs en général. Avec
une réflexion sérieuse sur le voile ou la tenue communautaire au nom de sa
liberté individuelle face à la neutralité dans l’espace public. Sont-ils
compatibles avec une société laïque par essence collective ? Notre laïcité
est- elle toujours universelle ou purement française avec ses traditions, ses mœurs,
ses principes ? Il va falloir lever les malentendus après
concertation avec les intéressés dans le cadre républicain pour que l’on trouve
un modus vivendi. Et que l’on parle de la France. Chacun a ses lubies et une
vision de sa société idéale.
L’élection
des députés en juin prochain n’est pas un 3ème tour de l’élection
présidentielle : deux ont suffi et la loi n’en évoque pas d’autre. C’est
une facilité sinon un abus de langage de faire croire que les députés ont le
pouvoir de remettre en cause la légitimité de l’élu présidentiel même si le large
taux d’abstention inquiète. La démocratie est la loi de la majorité serait-elle
composite avec des contre-pouvoirs pour que la minorité existe. Ce ne sont pas
quelques excités, les politiques désavoués, les réseaux sociaux composés
d’anonymes et les non -votants partis à la pêche qui d’un seul coup sont décideurs
et imposent leurs points de vue. Pourquoi pas un 4ème tour social et un 5ème
dans la rue !
Les députés
ont un rôle fondamental. Ils font la loi et le citoyen a intérêt à élire une
personnalité qui a un lien étroit avec son territoire, qui travaille avec les
élus locaux, les aide dans leurs dossiers, qui est de proximité, avec qui on
peut discuter, et qui a le souci des rapports humains. Un parachuté ne peut que
se crasher. Un député ne sera bon législateur que s’il connait la réalité de la
vie quotidienne, s’il a parcouru le terrain, et s’il ne se contente pas
d’être un idéologue investi avec mission principale de faire triompher des
idées et rapporter des sous dans la caisse du parti. Voire de prôner la table
rase.
Le président
de la république pour être fort a besoin d’une majorité parlementaire solide et
efficace, d’hommes et de femmes qui remontent à Paris des informations sur
l’état d’esprit et les besoins de ceux qui vivent en ruralité isolée ou en
province avec des spécificités, des élus qui placent l’intérêt des français et
de la France au-delà de considérations politiciennes. Comme l’a dit Martin
Luther King (auquel je ne me compare pas) je fais un rêve : que pour
le 2ème mandat de M. Macron qu’on aime ou pas sa manière d’être
et qui à la fin rentrera chez lui à Amiens en Picardie, il puisse réciter
le poème de Du Bellay « heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage… et
puis est retourné… » et qu’en attendant on trouve des projets qui font
consensus, sans rancœurs, qui tirent vers le haut, qui rassemblent. Et donnent
de l’espoir.
Mais
il va falloir d’abord élire les députés dont on a besoin aussi si le président
veut lancer un ou des référendums puisque selon l’article 89 de la constitution
le texte doit préalablement être voté en termes semblables par les députés et les
sénateurs. Le sénat grand conseil des sages est déjà là avec sa majorité
constructive et raisonnable et il ne faudrait pas une opposition de plus entre les
deux institutions. On a parlé d’introduire une dose de proportionnelle pour
l’élection des députés. Ce qui ravit les insoumis et le rassemblement national.
Mais ce n’est pas pour le scrutin de Juin 2022 qui reste au scrutin majoritaire
uninominal à deux tours sauf manœuvre à la Majax. Les déçus non représentés fin
juin vont râler « grave » ! surtout s’ils partaient à la reconquête.
Quel choix
avons-nous pour juin ? Soit de voter pour les candidats de M. Macron en
bloc selon l’usage ancien et la logique présidentielle mais qui ne seront peut-
être pas immuables car les français veulent de l’équilibre et pas d’hégémonie. Soit
d’élire aussi une opposition responsable, des républicains – ceux de droite et
du centre- qui complèteront la majorité au fur et à mesure sur des objectifs
définis en commun. Soit voter insoumis et consorts unis après s’être combattus
et qui pour un plat de lentilles sont allés à Canossa ou au diable vauvert dans
le but de perturber le pouvoir et pour que M. Mélenchon déjà candidat annoncé
soit 1er ministre ! Soit avoir un groupe majoritaire du rassemblement
national qui va vouloir imposer ses thèmes et va provoquer peut -être des
polémiques. Soit… ce que je ne peux deviner
car rien n’est à exclure. Le choix n’est ni dans le progrès forcené ni dans le
repli. Ni dans le statu quo. Voyons loin.
Il
appartient donc à l’électeur de prendre ses responsabilités en votant. Tout est
sur la table. Il faut choisir entre ce qui nourrira et renforcera la
nation et ce qui fait plaisir mais sera difficile à digérer. Dans un état de
droit le rôle du parlement est fondamental : ne le rabaissons pas et donnons-nous
des députés qui sont à la hauteur. Ne jouons pas notre futur à la roulette
russe ce qui est toujours risqué et en ce moment est inacceptable. Elle donne
le désastre que l’on voit sur les écrans et dans l’exil de millions de
pauvres personnes. Elle peut nous conduire au chaos. Nous avons la chance
d’être en paix, ne créons pas des querelles stériles et un imbroglio politique
qui ne réussira à personne.
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