lundi 2 mai 2022

L’avenir est- il derrière nous ?

 

                            L’avenir est- il derrière nous ?

                  Par Christian Fremaux avocat honoraire.

Va-t-on dans le mur ? Voulons -nous revivre une cohabitation comme jadis qui conduira à du surplace ou souhaitons -nous avancer ? Depuis la réélection comme président de M. Macron aucun problème sérieux sur fond de guerre n’est évidemment réglé mais un nouveau psychodrame se met en place : y aura-t-il une majorité à l’assemblée permettant de réaliser des réformes ? Ou comment faire en sorte que le chef de l’Etat renouvelé ne fasse pas ce qu’il a annoncé et mener une offensive législative d’obstruction pour l’obliger à prendre des mesures auxquelles il n’aurait pas pensé - ou qui ne lui plaisent pas. Décisions qui doivent sauver la France selon les candidats battus mais satisfaits de leurs hauts scores. Ils estiment que leurs défaites sont des victoires et considèrent avoir gagnés de fait.

M. Macron a reconnu que sur les 58,55 % d’électeurs qui ont voté pour lui une partie venant des partis battus n’approuvait pas son action passée ni ses projets de candidat, mais étant le président de tous et toutes il tiendrait compte des critiques, colères et attentes. Cela ne veut pas dire qu’il va appliquer les programmes de Mme Le Pen, M. Mélenchon, celui des verts ou les demandes de M. Lassalle, y compris celles du parti communiste qui prône à juste titre la bonne chère, la viande et le vin. Sur les 58,55 % il y a eu des électeurs convaincus par M. Macron qui l’ont élu par adhésion et non pour faire barrage, et pour qu’il agisse encore plus sans oublier ce qui a fait défaut selon moi, le régalien c’est-à- dire la sécurité, la justice, les valeurs en général. Avec une réflexion sérieuse sur le voile ou la tenue communautaire au nom de sa liberté individuelle face à la neutralité dans l’espace public. Sont-ils compatibles avec une société laïque par essence collective ? Notre laïcité est- elle toujours universelle ou purement française avec ses traditions, ses mœurs, ses principes ? Il va falloir lever les malentendus après concertation avec les intéressés dans le cadre républicain pour que l’on trouve un modus vivendi. Et que l’on parle de la France. Chacun a ses lubies et une vision de sa société idéale.

L’élection des députés en juin prochain n’est pas un 3ème tour de l’élection présidentielle : deux ont suffi et la loi n’en évoque pas d’autre. C’est une facilité sinon un abus de langage de faire croire que les députés ont le pouvoir de remettre en cause la légitimité de l’élu présidentiel même si le large taux d’abstention inquiète. La démocratie est la loi de la majorité serait-elle composite avec des contre-pouvoirs pour que la minorité existe. Ce ne sont pas quelques excités, les politiques désavoués, les réseaux sociaux composés d’anonymes et les non -votants partis à la pêche qui d’un seul coup sont décideurs et imposent leurs points de vue. Pourquoi pas un 4ème tour social et un 5ème dans la rue !

Les députés ont un rôle fondamental. Ils font la loi et le citoyen a intérêt à élire une personnalité qui a un lien étroit avec son territoire, qui travaille avec les élus locaux, les aide dans leurs dossiers, qui est de proximité, avec qui on peut discuter, et qui a le souci des rapports humains. Un parachuté ne peut que se crasher. Un député ne sera bon législateur que s’il connait la réalité de la vie quotidienne, s’il a parcouru le terrain, et s’il ne se contente pas d’être un idéologue investi avec mission principale de faire triompher des idées et rapporter des sous dans la caisse du parti. Voire de prôner la table rase.  

Le président de la république pour être fort a besoin d’une majorité parlementaire solide et efficace, d’hommes et de femmes qui remontent à Paris des informations sur l’état d’esprit et les besoins de ceux qui vivent en ruralité isolée ou en province avec des spécificités, des élus qui placent l’intérêt des français et de la France au-delà de considérations politiciennes. Comme l’a dit Martin Luther King (auquel je ne me compare pas) je fais un rêve : que pour le 2ème mandat de M. Macron qu’on aime ou pas sa manière d’être et qui à la fin rentrera chez lui à Amiens en Picardie, il puisse réciter le poème de Du Bellay « heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage… et puis est retourné… » et qu’en attendant on trouve des projets qui font consensus, sans rancœurs, qui tirent vers le haut, qui rassemblent. Et donnent de l’espoir.

 Mais il va falloir d’abord élire les députés dont on a besoin aussi si le président veut lancer un ou des référendums puisque selon l’article 89 de la constitution le texte doit préalablement être voté en termes semblables par les députés et les sénateurs. Le sénat grand conseil des sages est déjà là avec sa majorité constructive et raisonnable et il ne faudrait pas une opposition de plus entre les deux institutions. On a parlé d’introduire une dose de proportionnelle pour l’élection des députés. Ce qui ravit les insoumis et le rassemblement national. Mais ce n’est pas pour le scrutin de Juin 2022 qui reste au scrutin majoritaire uninominal à deux tours sauf manœuvre à la Majax. Les déçus non représentés fin juin vont râler « grave » ! surtout s’ils partaient à la reconquête.

Quel choix avons-nous pour juin ? Soit de voter pour les candidats de M. Macron en bloc selon l’usage ancien et la logique présidentielle mais qui ne seront peut- être pas immuables car les français veulent de l’équilibre et pas d’hégémonie. Soit d’élire aussi une opposition responsable, des républicains – ceux de droite et du centre- qui complèteront la majorité au fur et à mesure sur des objectifs définis en commun. Soit voter insoumis et consorts unis après s’être combattus et qui pour un plat de lentilles sont allés à Canossa ou au diable vauvert dans le but de perturber le pouvoir et pour que M. Mélenchon déjà candidat annoncé soit 1er ministre ! Soit avoir un groupe majoritaire du rassemblement national qui va vouloir imposer ses thèmes et va provoquer peut -être des polémiques.  Soit… ce que je ne peux deviner car rien n’est à exclure. Le choix n’est ni dans le progrès forcené ni dans le repli. Ni dans le statu quo. Voyons loin.

Il appartient donc à l’électeur de prendre ses responsabilités en votant. Tout est sur la table. Il faut choisir entre ce qui nourrira et renforcera la nation et ce qui fait plaisir mais sera difficile à digérer. Dans un état de droit le rôle du parlement est fondamental : ne le rabaissons pas et donnons-nous des députés qui sont à la hauteur. Ne jouons pas notre futur à la roulette russe ce qui est toujours risqué et en ce moment est inacceptable. Elle donne le désastre que l’on voit sur les écrans et dans l’exil de millions de pauvres personnes. Elle peut nous conduire au chaos. Nous avons la chance d’être en paix, ne créons pas des querelles stériles et un imbroglio politique qui ne réussira à personne.     

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